Mouvement contre réforme des retraites 2010

Re: Le 7 septembre, et après ?

Messagede kuhing » 02 Nov 2010, 10:36

Un mail reçu de Pierre des "Continental " qu'il demande de faire tourner :

Pour une bonne nouvelle c'est une bonne nouvelle !

Au moment de la contre-réforme des retraites, et en ce jour de manifestation, certains n'ont pas à se faire de soucis !

Le groupe LVMH dirigé par Bernard Arnaud, grand ami de notre président, accueille deux petites nouvelles au sein de son conseil d'administration :> - Mme Bernadette Chirac , jeune espoir de la finance française, grande spécialiste du luxe à travers le monde (!), est nommée au conseil d'administration de LVMH.


> - Mme Florence Woerth , femme du ministre du budget est nommée au conseil de surveillance de la société Hermès, filiale de LVMH.

Gageons que ces nominations assureront à leurs maris une partie de leur retraite et ne les obligeront pas à travailler jusqu'à 63 ans.

Mme Woerth était déjà en charge de la gestion du patrimoine de Liliane Bettancourt, 1ère fortune de France !!!

Petit détail : la participation au conseil d'administration d'une entreprise donne droit à des "jetons de présence" venant rémunérer ce pénible travail !!!


> Ainsi, Mme Chirac recevra 650 000 Euros par an en juste retour de son dévouement à la cause du luxe français et Mme Woerth 400 000 Euros !
> Calmez-vous ! Tout est en règle, tout est légal.

C'est simplement la vie normale de gens qui "se lèvent tôt" et qui "travaillent plus pour gagner plus"
>
> Et puis, c'est rassurant de voir que l'on s'occupe de l'emploi des seniors !!!
> Faites suivre la bonne nouvelle.


kuhing
 

Re: Le 7 septembre, et après ?

Messagede leo » 02 Nov 2010, 11:22

Compte rendu et analyse de la coordination des AG interpros d’Île-de-France du 30 octobre

La coordination des AG interpros d’Île-de-France s’est tenue à la bource du travail de Paris samedi 30 octobre. 86 personnes étaient présentes lors du décompte représentant des AG-interpros (St-Denis, 92, Montreuil et la coordination se réunissant dans le même temps à la CIP), des AG de secteur ou d’entreprise (Cheminots de Mantes la Jolie, enseignants de Paris XX°, postiers de Gennevilliers, étudiants de Nanterre, personnel et étudiants de l’ENS, personnel de l’Hôpital Tenon, lycéen de Courbevoie et de Saint-Denis, animateurs de St-Ouen), des associations ou collectifs (CIP, collectif unitaire de Montreuil) et quelques personnes isolées.

La réunion a duré un peu plus de trois heures. Les débats ont tourné autour de trois thèmes principaux :
- Etat de la mobilisation et perspectives du mouvement.
- Les interpros, spécificité, organisation et perspectives de coordination régionale et nationale.
- Des propositions d’actions collectives.

1) Etat de la mobilisation et perspectives du mouvement.

Les postiers, cheminots, enseignants présents ont reconnus la difficulté de maintenir une logique de grève reconductible dans la situation actuelle mais affirme leur volonté de maintenir la mobilisation en ayant recours à de fréquents débrayages de 59 minutes ou plus pouvant jouer un rôle de désorganisation important (SNCF, colis postaux) ou en maintenant un calendrier de journées de mobilisation régulières. Certains ont proposé des grèves tournantes (par poste, par secteur professionnels, par région…). Les colis postaux de Gennevilliers réduisent leur productivité. L’idée est d’adopter une tactique de guérilla pouvant être menée longtemps et s’amplifier ou permettre de revenir plus facilement à une logique d’affrontement direct (grève générale reconductible) si le mouvement arrive à entraîner de nouveaux secteurs d’activité ayant peu participé jusqu’alors. A Paris, les fossoyeurs sont entrés en grève mais n’étaient pas représenté à la coordination.

Les représentants étudiants (St-Denis, Nanterre) ont signalé l’importance de la mobilisation dans leur université : ag regroupant plusieurs centaines de personnes à St-Denis, extension prévue des blocages à Nanterre. L’ENS est aussi fortement mobilisé et à mis en place une caisse de grève efficace. Les lycéens présents sont revenus sur l’importance du mouvement avant les vacances, les efforts d’organisation (mise en place de coordinations, création de journaux) et de convergence avec d’autres secteurs en lutte (manifestations de soutien, participation à des interpros). Ils sont confiants et pensent pouvoir relancer le mouvement à la rentrée. Ils signalent l’importance de la répression aussi bien policière qu’administrative (conseil de discipline contre un leader du mouvement au lycée Jacques Feyder mercredi 8 novembre à 18h) et craignent, rejoint en cela par un certain nombre de professeurs, un durcissement de cette répression à la rentrée pour briser dès le départ la contestation.

Les participants se sont accordés pour considérer la mobilisation du 28 octobre comme un succès (historique en période de vacance scolaire) et voir dans la convergence des luttes une des grandes forces du mouvement actuel et son caractère le plus innovant. Le fort développement des caisses de grèves, manifestations de soutien et des AG interpros ouvre des perspectives de lutte au-delà du recul actuel des grèves reconductibles. Ce recul renforce l’importance des formes alternatives de lutte permettant de combattre dans la durée et d’être rejoint par des gens ne pouvant pas (chômeurs, retraités…) ou difficilement (précaires, employés de PMI…) débrayer. Le mouvement des AG interpros doit jouer un rôle central pour développer ce type d’action ou mettre en place des techniques plus élaborées de grève ou maintenir la mobilisation dans la perspective d’une grève générale. Il doit donc poursuivre ses efforts de développement au niveau local et de coordination au niveau régional et national.

2) Les AG interpros, spécificité, organisation et perspectives de coordination régionale et nationale.

Les participants ont souligné l’ampleur des résultats obtenus du point de vue de la convergence des luttes sans omettre de signaler les difficultés rencontrées (réticence des personnels hospitaliers face à cette démarche, existence d’une deuxième coordination IdF…). Cette convergence est multiforme et fait de la coordination un lieu de concertation des AG interpros locales mais aussi de construction d’une logique interprofessionnelle pour les nombreux participants non organisés en interpro (AG d’entreprise, d’établissement, catégorielle, démarche individuelle de participation). L’hétérogénéité de statut des intervenants (représentant de divers types d’AG ou d’eux mêmes, dument mandatés ou observateurs) pose un problème évident de légitimité qui ne peut que croître avec le développement des coordinations et l’élargissement de leur horizon (passage à une coordination nationale ?). A mon sens, le renforcement des coordinations, unanimement souhaité par les participants, suppose un effort de structuration démocratique à tous les niveaux.

Un premier pas important à été fait dans ce sens par la coordination en adoptant un texte de tract permettant de mieux définir le rôle de la coordination (et potentiellement, des interpros), le sens et les modalités de la lutte menée.

« Ils ont voté la loi, nous on continuera ! »

Appel de la coordination du 30/10/10

« Nous, salarié (e)s de l'Education nationale, de La Poste, du Rail, les territoriaux, lycéens, étudiants, du 92 et du 93 réunis en coordination à Paris le 30 octobre 2010, sommes toujours convaincus de la possibilité aujourd'hui d'infliger une défaite au gouvernement sur la réforme des retraites. Défaite qui peut faire avancer nos revendications sur l'emploi, les salaires et les minima sociaux.
Nous pensons que la convergence de tous les salariés, chômeurs, précaires dans la lutte est une condition indispensable pour gagner. Ce qui permettra d'élargir le mouvement et de bloquer l'économie. En ce sens, nous soutenons les piquets de grève et les opérations de blocage et nous appelons tout particulièrment à la solidarité contre la répression qui touche les jeunes et les salariés mobilisés. Au contraire de certains dirigeants syndicaux, nous ne voulons ni « passer à autre chose », ni « changer de mode d’action ». Nous restons fermes sur l’objectif de la grève générale jusqu’au retrait de la loi. »



La coordination a décidé de ce réunir à nouveau le dimanche 7 novembre. Elle a demandé, d’autre part, à l’interpro de Tours de reporter au 7 son initiative de coordination nationale pour permettre au différentes AG de s’organiser et de mieux définir leur positions. Elle a voté quelques initiatives communes…

3) Des propositions d’actions collectives.

La réunion a aussi permis de connaître de nombreuses initiatives locales passées ou à venir et d’en proposer de nouvelles. L’AG interpro de (St-Denis ? 92 ?) a adopté quatre critères lui permettant de reconnaître une action menée localement :

1- Visibilité
2- Permettre d’alimenter les caisses de grève
3- Générer la paralysie, bloquer.
4- Permettre l’extension du mouvement.

Cette approche permet de libérer les initiatives. Toute action pouvant se faire au nom de l’AG et bénéficier de son soutien à partir du moment où elle est reconnue pertinente politiquement et tactiquement. Les différences de pratiques politique deviennent dès lors une richesse permettant une grande diversité d’intervention et non une cause de blocage. Blocage évident lorsque ne peuvent être reconnues que les actions auxquelles tous les membres d’une AG ont envie de participer.

Cette proposition peut faciliter les débats, elle ne les supprime pas, en particulier au niveau d’une coordination régionale dont le rôle est de proposer de larges initiatives communes ou coordonnées. Certaines questions divisent :

- Relation à l’intersyndicale : faut-il l’ignorer, la contourner ou, au contraire, chercher à faire pression sur elle pour l’amener à revoir ses positions ?

- Faut-il privilégier la visibilité et diriger, par exemple, les manifestations vers des lieux symboliques –Assemblée Nationale, Medef- ou médiatiques –siège de TF1, des journaux- ? L’extension du mouvement et se diriger plutôt vers les lieux en lutte et les quartiers populaires ou nous pouvons nous faire des amis ? Les actions de blocage, général (nœud de circulation, plateforme d’échanges…) ou ciblé (la Défense, Neuilly…) ?

- A quel point faut-il se concentrer sur la question des retraites ou élargir le débat sur l’évolution générale de la société ? Privilégier une victoire ponctuelle permettant de relancer la contestation ou développer, plutôt, une contestation plus large permettant d’espérer des victoires ponctuelles ? Quelle place donner aux revendications spécifiques des différentes catégories de travailleurs en lutte ?

- Quelle place donner à la lutte contre la répression ?

La coordination n’a pas été en mesure d’apporter des réponses à ces questions. Et pour cause, il n’en existe pas d’entièrement satisfaisantes, aucune susceptible de faire l’unanimité. Le risque est de se condamner à ne pouvoir coordonner que des actions évitant de prendre position sur ces questions centrales (manifestations classiques, distribution de tracts d’approche généraliste…). Ne doit-on pas chercher à expérimenter successivement ou conjointement les différents modalités d’action de la façon la plus déterminée et organisée possible chacun restant libre d’y participer ou pas ?

En attendant, la coordination à décidé de…

1/ Participer le jeudi 4 novembre à la manif étudiante dans un cortège commun avec banderolles AG interpros IDF.

2/ Participer selon les mêmes modalités à la manif du 6 novembre

3/ Appeler à une nouvelle journée de grève et de manifestation le 9 novembre.

S, syndiqué SUD éducation 93, participant à l’AG interpro de Montreuil

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Re: Le 7 septembre, et après ?

Messagede Nico37 » 02 Nov 2010, 22:01

2 novembre :
- Nord : blocage d’une énorme plateforme logistique à Dourges (300 hectares)
- Saint-Denis : blocage du dépôt Veolia
- Dijon : barrages filtrants près du dépôt de carburant exploité par Total et Avia
- Tours : blocage de la plateforme Auchan
- Lisieux : rassemblement à 8h parc des expositions
- Montivilliers : blocage de l’accès à un hypermarché Auchan de 8h à 11h
- Genevilliers : blocage de l’entreprise Schvab (pour que les revendications des travailleurs de cette entreprise soient satisfaites)
- AG étudiants – personnel de l’université de Paris 4 à 11h
- AG étudiante à Toulouse Le Mirail à 12h30
- Narbonne : manif’ « les flambeaux de la retraite » à 18h30 Halles de narbonne
- Nantes : AG étudiante à 10h (amphi E fac de droit) + AG interpro à 12h
- Nantes: action de blocage à 18h (rdv piéton devant le château)
- Nantes – CGT : 17h : opération parking gratuit
- Ivry : blocage de l’usine de traitement des déchets
- Montreuil : « cantine de mouvement » à 19h
- Grenoble : 2 bâtiments de l’université bloqués (BSHM et ARSH) – AG à 10h qui a voté le blocage jusqu’à demain midi
- Sorbonne : blocage étudiant à 8h (débloqué en partie par les vigiles)
- ...


3 novembre :
- Caen : blocage à 6h d’un centre routier (periph)
- 92 : AG interpro à 11h
- Montivilliers : blocage de la zone industrielle de 9h à 16h
- Paris : manif devant le siège du Medef à 12h (Paris 7e)
- Neuilly : rassemblement devant le bureau de poste à 7h30 (appel de l’AG interpro)
- Sorbonne : AG commune Paris 1 et Paris 4
- Tours : AG interpro à 18h
- Nantes : blocage à 6h30, rdv St-Etienne de Montluc
- Amiens : action prévue
- ...

4 novembre :
- Besançon : Rassemblement devant le Medef
- Caen : rassemblement place du théâtre de 12h à 14h
- Nantes : blocage de l’aeroport à 5h
- Nantes : AG inter-tous à 18h (fac de lettres)
- Rentrée de lycéens : journée de grève et manif à l’appel de la coord’ nationale étudiante
- ...
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Re: Le 7 septembre, et après ?

Messagede Karima » 02 Nov 2010, 23:33

En interprofessionnel : blocage contre les licenciements et la répression antisyndicale à Gennevilliers (92) le 2 novembre :

http://sudeducation92.ouvaton.org/spip.php?article341

Appel de la coordination interprofessionnelle de la Région Parisienne du 30/10/10 :

http://sudeducation92.ouvaton.org/spip.php?article340

Rendez-vous- Assemblées Générales de mobilisation et manifestations (qui concernent le 92) :

http://sudeducation92.ouvaton.org/spip.php?article301
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Re: Le 7 septembre, et après ?

Messagede Nico37 » 03 Nov 2010, 10:12

Compte-rendu de l'Assemblée générale interpro (AGI Rennes) Mardi 2 novembre

> Rendez-vous et actions

Mercredi 3

- 7h : rdv à la maison de la grève pour départ en action (durée courte) ou tractage dans les lycées rennais.

- 9h : deuxième rendez-vous pour tractage dans les lycées rennais

- 10h : Réunion cantine, maison de la grève

- 12h : Place du parlement : Rassemblement de soutien pour Jérôme (en procès pour sa participation au mouvement à Saint-Nazaire), départ en action à l'issue.

- 12H30 : AG de Rennes 2 à Villejean

Jeudi 4

- 6h30 : Rendez-vous à la maison de la grève pour départ en action

- 18h : AGI à la maison de la grève

Vendredi 5

- 19h : cantine populaire à la maison de la grève

- 22h : Départ en action

Samedi 6

- 11h : place de la gare : départ de la manifestation nationale.

- Fin de manif : action de soutien aux éboueurs

- 18h : maison de la grève : Accueil des participants à la coordination régionale des AGI

- Soirée : Interverto projection, chant autour de la période révolutionnaire en Italie des années 70 ( le mai rampant )


Dimanche 7

- 10h30 : maison de la grève : Coordination régionale des AGI


Maison de la grève rue de la Barbotière, arrêt de bus Paul Bert, lignes 4, 6 et 11 contact : 07 86 14 88 22



> Coordinations

Une coordination nationale aura lieu à Tours le 6 & 7.
Une coordination régionale aura lieu à la maison de la grève dimanche 7 novembre à 10h30. Tout le monde est convié, pas de mandat.

> Répartition de la caisse de grève

Il semblerait que la cgt de Donges souhaite verser les fonds uniquement aux grévistes syndiqués. refus de l'agi.
Pour les autres grévistes : un quart sera attribué à des personnes en difficulté et dont les jours de grève sont déjà décomptés.
L'agi souhaite visibiliser à nouveau la caisse de grève et les fonds qui ont déjà été donnés aux grévistes, en particulier lors de la prochaine manifestation du 6.

> DAL35

DAL35 demande de soutien bruyant de l'agi lors du conseil municipal de lundi 8 novembre 19h à la mairie de Rennes.

L'agi décide d'étudier la possibilité d'apporter une aide matérielle à des personnes en difficulté de logement en coopération avec le DAL35.
Une discutions aura lieu sur ce sujet mercredi 3 à 18h à la maison de la grève.

La discussion a été ouverte sur la question de la présence des organisations politiques, syndicales, les associations... à la maison de la grève. Il semble évident que les réunions peuvent s'y tenir, sans que pour l'instant des locaux soient "attribués".
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Re: Le 7 septembre, et après ?

Messagede Nico37 » 03 Nov 2010, 22:01

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Re: Le 7 septembre, et après ?

Messagede Karima » 04 Nov 2010, 02:58

Tract de SUD Education 92 sur la mobilisation en cours :


http://sudeducation92.ouvaton.org/spip.php?article342






« Ils ont voté la loi mais nous, on continuera ! »

Appel interpro 92 du 3 novembre



http://sudeducation92.ouvaton.org/spip.php?article343






Ci-dessous le lien vers la page mise à jour des AG et manifestations qui concernent le 92 :


http://sudeducation92.ouvaton.org/spip.php?article301




Toute la presse est aux ordre des capitalistes… Toute ? Non ! Car un petit bulletin quotidien sur LA GREVE publié par d'irréductibles SOLIDAIRES (SUD Education en fait parti) résiste encore et toujours aux capitalistes. Voici le numéro 19, celui d'aujourd'hui (3 novembre) :



http://sudeducation92.ouvaton.org/spip.php?article344
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Re: Le 7 septembre, et après ?

Messagede Nico37 » 04 Nov 2010, 08:34

Quelqu'un a des nouvelles :?:

Campement de nuit décidé à la tiru dechetterie de St Ouen.

L'usine TIRU, Usine d'incinération de déchets est bloquée depuis ce matin par les travailleurs de Saint-Ouen (93).

C'est vers cette usine qu'étaient renvoyés la plupart des déchets qui ne peuvent plus être incinérés par l'usine d'Ivry-Paris XIII occupée par ses salariés depuis plusieurs semaines.

Amenez tentes, duvets, café, ... Besoin de monde pour aujourd'hui cette nuit et demain au petit matin

22 Rue Ardoin (Z.I. des Docks) - la déchetterie est au bout de la rue Ardoin

M° mairie de St ouen (13) - Prendre av Victor Hugo en direction de conforama - La rue Ardoin est avant le Confo RER C - Saint-OUen - Prendre av Victor Hugo en direction de la Mairie

Actuellement tout se passe bien
Renfort et soutien à l'appel des communaux de St ouen en grève reconductible.


Blocage de l’incinérateur de Saint Ouen en cours — besoin de monde au matin
mercredi 3 novembre 2010 (23h56)

Depuis aujourd’hui mercredi 3 midi trente, les entrées de l’incinérateur de Saint Ouen sont bloquées. Cette initiative a été décidée par l’AG des communaux de Saint Ouen. Les salariés de l’incinérateur ne sont pas en grève mais certains sont présents sur le piquet et soutiennent l’action.
Aucun camion ne peut rentrer sur le site pour décharger, mais l’incinérateur tourne encore sur ses stocks de déchets, qui pourraient durer encore quelques jours. Comme à Ivry (toujours bloqué), si l’incinérateur s’arrête, il faudrait plusieurs jours pour le remettre en marche. Les communaux de Saint Ouen sont décidés à bloquer le site pendant au moins 8 jours. Ils appellent un maximum de monde à les rejoindre, de jour et surtout de nuit, et à ramener de quoi tenir le coup (bouffe, tente, couverture...). Besoin en particulier de monde tôt le matin pour tenir et relever.
Ils appellent à une AG ouverte demain à 10h30 devant l’incinérateur.
Pour y aller, descendre au Métro Mairie de Saint Ouen, prendre l’avenue Victor Hugo (on y croise un Leroy Merlin), puis la 2e à droite, rue Ardoin. L’incinérateur et sa grande cheminée se trouvent tout au bout de cette rue.
ou bien : rer C Saint-Ouen, à gauche en sortant, c’est la rue à gauche après Confo ; ou bus 173 Capitaine Garner, ou bus 139.
Sauf erreur, Issy-les-Moules reste seul incinérateur pour tout Paris et couronne…


La guérilla sociale


Chaque mouvement social d’envergure crée des formes d’actions originales et il semble que celui en cours est en train d’inventer spontanément celui de «guérilla sociale».

À travers tout le territoire s’organisent des groupes de taille plus ou moins importante autour d’un même mot d’ordre : «On continue». La première stratégie, traditionnelle, de manifestations et de grèves répondant aux mots d’ordre syndicaux, a échoué — même si ce terme est relatif puisque cet «échec» à faire reculer le gouvernement n’a pas entraîné un terme définitif à la résistance. (J’emploie ce terme à propos.)

Sans doute, les manifestants ne se faisaient-ils pas beaucoup d’illusions sur les chances de réussite de cette méthode, alors même que les organisations politiques et syndicales affichaient (hypocritement) une confiance aussi déplacée que de façade.

Chacun savait qu’il aurait fallu monter le niveau de la lutte d’un cran et déclencher une grève générale pour instaurer un réel rapport de force capable d’emporter le morceau. Pour différentes raisons, cela n’a pas eu lieu.

La loi est aujourd’hui votée et va être promulguée. En d’autres temps, le mouvement se serait effondré. Cela n’est pas le cas, pour plusieurs raisons :
— Le symbole des retraites est fort. Ce n’est pas un hasard si cette réforme a focalisé le mécontentement.
— La lutte est conduite par la base et bénéficie d’un soutien populaire. Les ordres de «démobilisation» n’ont pas d’effet, d’où qu’ils proviennent. La suite et les formes du mouvement sont décidés de façon décentralisées et «dé-hiérarchisées».

Nous assistons donc à une poursuite du mouvement de «basse intensité», accentuée par les vacances scolaires. Des dizaines d’assemblées générales ont lieu presque quotidiennement, la plupart du temps suivies d’actions «coups de poing», à l’initiative de groupes ad hoc, rassemblant diverses sensibilités politiques et milieux professionnels. L’esprit de résistance est entretenu, le discours défaitiste et fataliste est contredit, les règles du jeu sont changées.

Cette forme d’action ouvre des perspectives considérables non seulement pour la survie du mouvement, mais aussi pour son développement. Chaque jour, nous (ré)apprenons à débattre, à communiquer, à décider, à agir. La guérilla sociale a l’initiative. C’est elle qui décide «où», «quand» et «comment», et non plus les «faiseurs d’opinion». Elle a la légitimité suprême de réelle représentativité du peuple, qu’elle doit revendiquer et sauvegarder. Elle est garante d’un contrat social, dernière digue contre la déferlante du néo-libéralisme. Elle est indépendante de par son hétérogénéité. Elle a son réseau d’information. Elle doit le développer.

Elle peut être invincible.
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Re: Le 7 septembre, et après ?

Messagede Nico37 » 04 Nov 2010, 22:25

automne 2010 : anatomie d'un grand mouvement social

Chercheurs en sciences politiques, Sophie Beroud et Karel Yon analysent à chaud, dans cet entretien, le grand mouvement social de l' automne 2010. Ils décrivent les principales caractéristiques de ces mobilisations, la manière dont elles s'articulent à un processus de transformation du champ syndical et pointent les questions stratégiques mises à l'ordre du jour par ces semaines de luttes.

ContreTemps - Le mouvement contre la réforme des retraites lancé au printemps dernier s'inscrit une lignée de grands conflit sociaux...

La puissance du conflit, son contenu politique et la dramaturgie même de cette opposition massive de la rue au pouvoir contribuent à inscrire ce mouvement comme un moment aigu des luttes de classes en France.

Il s’inscrit d’abord, bien évidemment, dans la filiation directe des mouvements de 1995 et 2003, qui avaient vu des centaines de milliers de salariés descendre dans la rue et certains secteurs se mettre en grève sur le même thème : l’opposition à la réforme des retraites, celle des régimes spéciaux en 1995, celle du régime général en 2003. La question des retraites produit toujours de grands conflits sociaux. Il s’agit, en effet, d’un élément qui a joué un rôle central tant dans la stabilisation de la condition salariale que dans l’ancrage, via leur participation à la gestion des institutions du salariat, du pouvoir des organisations syndicales.

Par sa durée, par l’ampleur des manifestations, par le blocage quasi total de certains secteurs d’activité, le mouvement présente, en outre, des traits comparables à d’autres grandes séquences de conflictualité sociale. Il s’inscrit dans la lignée des conflits sociaux de l’automne 1995, mais aussi de l’hiver 1986 en raison de sa dynamique d’élargissement progressif et du soutien qu’il a reçu dans la population. La mobilisation s’est étendue des salariés vers une partie de la jeunesse, avec les lycéens et dans une bien moindre mesure les étudiants. En 1986 et 1995, la dynamique était cependant inverse : les mobilisations de la jeunesse scolarisée avaient préfiguré celles des salariés. Au printemps 2006 également, c’est la crainte d’une entrée massive des salariés dans un conflit centré sur le monde éducatif qui avait conduit le Président de la République à céder sur le CPE. Le rôle moteur joué par le front uni des organisations syndicales rappelle bien sûr cette mobilisation contre le CPE de 2006, mais aussi celle de 2009 contre la crise.

Enfin, et là le lien est direct avec la séquence antérieure du printemps 2009, le mouvement s’est certes construit sur la contestation de la réforme des retraites, mais il a été en même temps irrigué par un rejet beaucoup plus large de la politique sarkozienne. De ce point de vue, le contenu politique de la mobilisation actuelle est nettement plus explicite, plus tangible que par exemple en 2003, alors même que Jacques Chirac venait d’être élu, par défaut, face à Jean-Marie Le Pen. La dimension de crise politique est indéniablement plus forte, ce qui explique les références marquées à Mai-juin 68. Elle résulte d’une délégitimation importante du pouvoir politique, qui a été particulièrement mise en lumière par deux événements : l’affaire Woerth-Bettencourt, et la construction d’un « problème Rom » par le gouvernement, ce second événement ayant été assez largement interprété comme une scandaleuse diversion destinée à faire oublier le premier. Plus profondément, il faut noter que ce mouvement s’inscrit après la séquence du printemps 2009, marquée par d’importantes mobilisations contre la crise. La combinaison de ces éléments engendre un profond sentiment d’injustice. L’image d’un pouvoir qui gouverne pour les milieux d’affaires, qui invite toujours les mêmes à faire des sacrifices s’est imposée. Les contradictions résumées dans la personnalité de Sarkozy, qui se voulait tout à la fois héraut du pouvoir d’achat et président « bling-bling » – le « président des riches », comme disent les Pinçon – ont éclaté à l’occasion de ce conflit.

CTPS - Cette mobilisation semble, en effet, se distinguer fortement des mobilisations précédentes. D'abord, peut-être, par la durabilité de l'intersyndicale. Comment analysez-vous la tactique syndicale : la situation actuelle en est-elle la conséquence logique vu l'attitude du pouvoir ou, s'agit-il plutôt de la poursuite d'un processus ouvert dont l'évolution a largement pris de court les directions syndicales ? Dans quelle mesure, en particulier dans le cas de la CGT, est-il important d'avoir à l'esprit les contradictions internes à l'organisation pour comprendre l'attitude de la direction dans le mouvement ? Quelles sont les difficultés face auxquelles se trouve aujourd'hui cette structure intersyndicale et quel rôle peut-elle encore jouer ?

On a vu émerger cette intersyndicale à l’occasion du mouvement contre le Contrat première embauche, mais ce sont surtout les manifestations contre la crise qui lui ont donné sa légitimité. C’est une nouveauté dans le paysage syndical français, marqué par les rivalités organisationnelles, que de voir se pérenniser une structure qui reconnaisse le pluralisme du mouvement syndical – y compris jusqu’à ses composantes habituellement maintenues à l’écart – tout en essayant de fabriquer une cohérence.

On peut même noter que le mouvement n’a pas été marqué, jusqu'au vote de la loi en tous cas, par un décrochage entre les équipes syndicales à la base et les directions fédérales ou confédérales. Cela avait été le cas en 2009, où de vifs débats avaient notamment traversé la CGT et Solidaires au sujet d’un cadre intersyndical accusé d’avoir épuisé le mouvement faute de stratégie alternative aux journées d’action « saute-mouton ». Cette année, la construction progressive du mouvement et le succès qu’il n’a cessé de rencontrer, sur le plan de la participation, n’ont pas placé des équipes militantes en position d’affrontement avec leur propre organisation. Nous sommes donc très loin d’une configuration comme celle de 1986 où les coordinations apparaissaient comme l’outil indispensable aux militants pour maîtriser leurs luttes.

Le fait que le cadre de l’intersyndicale ne soit que peu contesté ne veut pas dire qu’il ne fasse pas l’objet de critiques. Les journées d’action ont pu paraître trop espacées au début, l’appel à la grève reconductible dans tous les secteurs n’a jamais été formulé et le fait de revendiquer l’ouverture de négociations, soit une autre réforme, a empêché l’accord sur le mot d’ordre clair du retrait du projet de loi. Mais la dynamique créée par l’intersyndicale et le fait que rien n’est venu s’y substituer a renforcé le rôle central des syndicats. Il aurait pu y avoir un mouvement citoyen à partir des comités unitaires comme sur le TCE par exemple. Or, les comités unitaires pour la retraite à 60 ans, qui ont initialement contribué à labourer le terrain idéologique, ont vite été éclipsés par la mobilisation syndicale et n’ont pas réussi à se développer en lien avec celle-ci. L’acceptation du pluralisme des options syndicales, et le choix fait par Solidaires et FO d’un côté, la CGC et l’UNSA de l’autre, d’assumer publiquement leurs désaccords à diverses occasions, a permis à l’intersyndicale de se présenter comme un cadre démocratique. Il ne s’agit pas d’un état-major syndical qui s’impose en écartant les opinions dissidentes, mais d’un cadre de coordination dont la diversité interne entre en résonance avec la pluralité des options auxquelles les salariés sont confrontés localement. De la sorte, l’intersyndicale s’est présentée comme un cadre souple qui n’empêchait pas d’autres formes d’action, plus radicales, dès lors qu’elles étaient décidées localement. Mais la logique même du cadre l’empêchait d’être la caisse de résonance de ces stratégies. On l’a vu dans l’attitude de l’intersyndicale, face à la dynamique de radicalisation – ancrage de la grève dans certains secteurs, actions de blocage et affrontements en marges des manifestations lycéennes. Si le communiqué du 21 octobre évoque la responsabilité du mouvement syndical, le soutien de l’opinion publique et « le respect des biens et des personnes », aucun soutien explicite n’est donné aux mouvements de grève en cours, comme si ces derniers n’avaient pas droit de cité dans ce cadre.

La ligne est donc ténue et maintenant que nous entrons dans une phase perçue comme étant celle de la décrue du mouvement, on voit bien qu’on pourrait rapidement connaître une dynamique de dissensions quant à la suite des actions à entreprendre. Le lien entre les équipes syndicales et les salariés mobilisés localement avec les porte-parole syndicaux nationaux est strictement représentatif. Le contrôle sur les orientations nationales est renvoyé aux mécanismes démocratiques internes à chaque organisation. Les responsables de la CGT ont ainsi investi beaucoup de temps dans la fabrication de « choix partagés » au sein de la confédération, à travers des réunions des fédérations notamment, mais aussi des unions territoriales, tout au long du mouvement.

Ce qui est donc clair, c’est que les formes prises par les dernières mobilisations ont remis les organisations syndicales au centre du jeu, et que le cadre de l’intersyndicale a beaucoup contribué à cela. Deux faits majeurs expliquent ce phénomène de l’intersyndicale : la réforme de la représentativité syndicale qui se déploie depuis 2008 et la réorientation stratégique de la CGT, entamée dans les années 1990.

En faisant de la représentativité syndicale un droit ascendant et évolutif, qui se conquiert à partir des résultats recueillis dans les élections d’entreprise, la réforme de 2008 a rendue obsolète la frontière qui opposait les cinq confédérations bénéficiant d’une représentativité « irréfragable » – CGT, CFDT, FO, CFTC, CGC – aux autres organisations – UNSA, Solidaires, FSU. On saura en 2013 quelles organisations sont représentatives au plan national interprofessionnel. En attendant, il n’y a plus d’enjeu à plus ou moins fermer ou ouvrir le jeu. Cet aplanissement des conditions de la concurrence syndicale se manifeste déjà dans l’accès de Solidaires aux subventions prud’homales ou à certaines instances du « dialogue social » comme les conseils économiques, sociaux et environnementaux national et régionaux. Le mort saisissait le vif en 2009, et c’est au regard de rationalités antérieures qu’il devenait possible d’intégrer les organisations syndicales « non-représentatives » à l’intersyndicale. Ces dernières - la FSU, Solidaires, l’Unsa - étaient elles-mêmes soucieuses de ne pas se couper du cadre unitaire. En 2010, on assiste à une reconfiguration : le champ ne se partage plus entre organisations représentatives et non-représentatives, mais entre dominants et dominés dans le jeu syndical. Le changement de logique de représentativité est intégré et les organisations syndicales dominées s’accordent plus de liberté, celle-ci pouvant devenir une position distinctive. On le voit bien en particulier avec FO, dont la position est déstabilisée par la réforme – qui met fin à l’image des « trois grandes confédérations » – mais qui a les moyens de tenir une position autonome. Solidaires a de même pu s’autoriser une plus grande liberté en décidant de signer au coup par coup les déclarations de l’intersyndicale.

Mais pour que l’intersyndicale existe, il fallait aussi que les organisations syndicales dominantes dans le champ en décident ainsi. La CFDT, après l’épisode traumatique de 2003, avait tout intérêt à éviter le cavalier seul. Mais c’est indéniablement la CGT qui porte avec le plus de volontarisme ce cadre unitaire. Elle l’inscrit en effet dans la perspective stratégique de ce que ses dirigeants appellent le « syndicalisme rassemblé » depuis maintenant la fin des années 1990. C’est le choix d’un cadre unitaire sans exclusive, mais dont l’axe privilégié repose sur la relation avec sa principale rivale, la CFDT. Cette stratégie semble ici porter ses fruits, avec une fragilité intrinsèque liée évidemment au positionnement de la CFDT. Quelque part, le pari fait par la direction de la CGT semble donc gagné : celui d’adopter une posture ouverte, d’appel à la négociation, pour faire porter la responsabilité de la radicalisation du mouvement au gouvernement et « gagner l’opinion publique » ; celui de laisser les salariés « acteurs » décider de leurs façons d’entrer dans le mouvement et de leurs modes d’action ; celui de miser sur une intersyndicale incluant des organisations comme la CFDT, la CFTC et la CFE-CGC. Ce pari semble aussi bien engagé du côté de la démarche de syndicalisation : les équipes CGT réalisent actuellement, dans différents secteurs du privé, un gros travail de distribution de tracts et de prise de contacts avec les salariés dans des entreprises sans présence syndicale. Les résultats concrets de ce travail de sensibilisation se voient bien d’ailleurs dans la participation aux manifestations, avec un renouvellement permanent des cortèges (du point de vue des entreprises, mais aussi des manifestants isolés, plus jeunes, du nombre de femmes qui suivent les banderoles CGT). De même, les cortèges Solidaires, notamment à Paris, sont impressionnants pour ce qu’ils disent de cette capacité à attirer des sympathisants, des salariés pas nécessairement organisés. Quelque chose est bien en train de se jouer, sans qu’on puisse être certain pour autant que cela débouche vraiment sur de la syndicalisation et la création de nouvelles bases syndicales durables.

Si la force du mouvement conforte la direction de la CGT dans ses choix – et la conforte sans doute auprès d’une large partie de ses adhérents –, elle n’enlève rien à l’ambiguïté de ces derniers. L’idée que c’est aux salariés de décider par eux-mêmes, par respect des pratiques démocratiques – dimension qui est effectivement très importante – masque aussi une forme de retrait syndical : on ne veut pas que ce soient les équipes les plus militantes, celles prêtes à entrer en grève reconductible, à bloquer l’appareil de production qui portent le mouvement afin de mieux élargir celui-ci, de toucher d’autres salariés. Le point de vue s’entend, mais il n’empêche que cela n’annule pas la question de la construction d’un rapport de force réel. On peut légitimement s’interroger sur ce qu’aurait été le mouvement sans le blocage des raffineries ! L’idée de parler en priorité à l’opinion publique, dans un rapport le plus souvent acritique à cette notion et aux instruments de sondage, constitue une étrange intériorisation de la faiblesse structurelle du syndicalisme français. L’opinion publique est saisie comme un tout flottant et cela conduit à évincer un discours qui prendrait appui sur une analyse en termes de classes sociales. Il s’agit d’appréhender comme une finalité décisive l’image du syndicalisme auprès de la population, cette bonne image – le syndicat comme un interlocuteur social légitime, responsable – étant posée comme une condition pour gagner des adhérents. Mais à l’opposé, ce discours conduit à fuir toute projection trop politique où il s’agirait de dire le « nous » mobilisé, à représenter le salariat dressé contre la politique menée en faveur des classes dominantes.

Au regard de ces deux points, il ne semble pas que les directions syndicales « aient été prises de court ». Le cadre intersyndical ne leur est pas imposé par la base, c’est bien elles qui l’ont créé et qui se l’imposent comme une condition sine qua non de la réussite de toute mobilisation. En revanche, la participation massive des salariés – c’est-à-dire aussi l’ampleur de la contestation du gouvernement actuel et de la politique menée par N. Sarkozy – a servi cette intersyndicale en lui permettant de dépasser ses tensions internes, sa faiblesse structurelle liée aux profondes divergences existant au sein de l’arc syndical, de Solidaires à la CFE-CGC. Savoir s’il était possible de faire autre chose de ce potentiel exceptionnel de contestation renvoie à un débat important, mais ce débat n’a pas réellement pris en raison de la mobilisation.

CTPS -Un autre fait marquant est que, contrairement aux grandes mobilisations des deux dernières décennies, la locomotive du mouvement ne vienne cette fois-ci ni de l'enseignement, ni des transports – bien que les grèves aient été dans ces deux secteurs importantes- mais du secteur privé avec les salariés des raffineries. Comment expliquer cela ? Plus largement, comment analysez-vous, au niveau sectoriel, la diversité des dynamiques de la mobilisation en cours et, l'articulation entre luttes de salariés et luttes de la jeunesse ?

En raison de la présence plus relative, dans les grèves, des salariés du public qui ont pourtant été les principaux moteurs des luttes interprofessionnelles depuis 1995 (SNCF et éducation nationale, mais aussi La Poste, EDF-GDF…), ce mouvement a plutôt pris la configuration de manifestations massives avec une forte présence de salariés du public mais aussi de salariés de multiples entreprises du privé, combinées à des mouvements de grèves – parfois minoritaires – dans différents secteurs : les cantines scolaires, le transport routier, les convoyeurs de fond, le ramassage des ordures, et bien sûr les raffineries…

Il faut à la fois penser les conditions qui ont pu entraver la mobilisation des secteurs habituellement les plus mobilisés, et celles qui ont favorisé l’émergence de nouveaux fronts de mobilisation. Du côté des obstacles à la mobilisations des cheminots ou des enseignants, on les trouve facilement : dans l’échec de leurs mobilisations précédentes ! Depuis 2003, ces deux secteurs ont été le fer de lance de nombreuses luttes qui ont globalement débouché sur des échecs. Cette situation explique à la fois la difficulté à mobiliser largement les salariés de ces secteurs et la persistance d’une contestation menée par une minorité radicalisée : la faiblesse des taux de grévistes et leur persistance dans le temps. Plus largement, il ne faut pas oublier que l’impact économique et symbolique d’un arrêt des transports urbains et ferroviaires a été considérablement amoindri avec la loi du 21 août 2007 sur le service minimum. Si les militants syndicaux parviennent à contourner, via des grèves tournantes notamment, les nouvelles contraintes liées à l’obligation de continuité du service public, ce dispositif, avec l’obligation individuelle de se déclarer en grève 48h à l’avance, n’en a pas moins les effets attendus en termes d’obstacles supplémentaires à l’action collective.

Ça aura été de ce point de vue une surprise de voir les salariés des raffineries – et, dans une moindre mesure, les transporteurs routiers – prendre le relais des cheminots et des chauffeurs de bus. Si la pointe de la mobilisation était cette année, fait rare, dans le secteur privé, il s’agit cependant d’un secteur que les conditions et la rémunération du travail rapprochent des entreprises publiques. En outre, le rôle joué par les raffineries est très certainement à rechercher du côté des dynamiques propres à ce secteur où plane la menace d’une désindustrialisation de plus, avec la délocalisation du raffinage au plus près des activités d’extraction pétrolière. La lutte pour le maintien de la raffinerie Total de Dunkerque, au cours du premier semestre 2010, a constitué une répétition permettant aux salariés de faire l’expérience de l’efficacité de certains registres d’action. Il faut sans doute également prendre en compte les problématiques internes à la CGT, sa fédération des industries chimiques étant parmi les critiques de la ligne du « syndicalisme rassemblé ».

De même, on doit noter l’ancrage territorial des mobilisations, comme l’illustre la force et l’étendue du mouvement à Marseille et dans les Bouches du Rhône. Le fait qu’il y ait des grèves reconductibles lancées début octobre dans les Monoprix ne peut pas se comprendre sans faire référence à une participation beaucoup plus importante et régulière de salariés du secteur privé à Marseille lors des mobilisations de 2003, 2006 ou 2009. La configuration marseillaise renvoie à la fois à la situation de l’emploi, à l’histoire sociale locale et au travail militant réalisé depuis des années du côté des chômeurs et des précaires.

Dans le commentaire d’un article que nous avions précédemment publié sur contretemps, à propos des mobilisations du printemps 2009 contre la crise, un internaute évoquait une hypothèse. Les mobilisations contre la crise auraient constitué un tournant dans les formes de mobilisation. On passerait de mouvements tirés par des secteurs en lutte, souvent du secteur public, à des formes de mobilisation plus hétérogènes, davantage structurées sur un plan territorial, impliquant davantage d’entreprises du secteur privé… interdisant dans tous les cas de penser les dynamiques de mobilisation comme la résultante de l’action d’un secteur professionnel se plaçant en avant-garde. Cette réflexion est pertinente dans le cadre d’une pensée stratégique orientée par l’objectif d’un « Tous Ensemble ». Elle renvoie à un équilibre qui évolue entre secteurs public et privé : la puissance du public est entamée, de nouvelles forces émergent dans le privé, parfois issues du public, et la précarité se diffuse partout. Elle tient au renouvellement du salariat et aux politiques managériales qui entament les cultures professionnelles et militantes, qui étaient souvent imbriquées… Cette réflexion invite ainsi à repenser les dynamiques de mobilisation, et en particulier à dépasser l’opposition entre partisans de la grève générale et partisans des manifestations le samedi pour réfléchir à l’articulation de ces formes d’action, en essayant de retourner l’obstacle que constitue l’hétérogénéité croissante du salariat en un atout (voir ce qu’écrit à ce sujet Philippe Corcuff dans Mediapart). La réalité du mouvement syndical aujourd’hui est cependant marquée par l’absence d’une telle pensée stratégique. Si l’on peut rationnellement considérer que seule une dynamique de généralisation du mouvement, de blocage effectif de l’économie permettrait de faire plier le gouvernement, une grande majorité des syndicalistes partent aujourd’hui du principe, soit qu’une telle dynamique est impossible, soit qu’elle n’est pas souhaitable.

CTPS -Ce mouvement fait apparaître à nouveau un phénomène souvent considéré comme paradoxal : d'un côté, la mobilisation est extrêmement forte si l'on considère la participation aux manifestations et la popularité dont la crédite les sondages, y compris dans son durcissement ; d'un autre côté, les grèves reconductibles, n'ont pas véritablement pris. Ce type de phénomène avait déjà été évoqué en 1995 avec l'idée de « grève par procuration », cette logique est explicite lorsque les salariés des raffineries en lutte déclarent : «On bloque pour ceux qui ne peuvent pas faire grève» . Cette fois, cependant, la multiplication des actions de blocage ( routes, flux de combustibles, déchetteries..) mises en oeuvre par des collectifs interprofessionnels semble esquisser un nouveau modèle : on fait la grève si l'on peut, on s'arrange pour participer aux manifestations mais l'inscription dans la mobilisation implique aussi une recherche d'effets économiques concrets.. Une telle dynamique n'est pas sans rappeler le rôle crucial des barrages routiers dans les lutte des piqueteros en Argentine en 2002-2003 ou, plus encore dans le cycle de mobilisations qui dans la première moitié des années 2000 a précédé l'accession au pouvoir du MAS d'Evo Morales en Bolivie.. En bref, la dégradation de la position de nombre de salariés sur leur lieu de travail aurait donc bien pour effet de rendre extrêmement difficile une généralisation des grèves mais, par contre, elle pourrait laisser la place à une plus grande diversité d'expression de la conflictualité qui n'exclue pas des processus de radicalisation. Que pensez-vous d'une telle lecture ? Et si on la suit, dans quelle mesure peut-on considérer que cette mobilisation marquerait l'entrée, pour la France, dans un nouveau modèle de grand conflit social ?

Le printemps 2003 avait été marqué par des tentatives, portées par les enseignants, de porter leur lutte auprès des salariés du privé. Le CPE, en 2006, avait marqué plus nettement cette volonté de jonction entre le monde éducatif entendu au sens large et le « monde salarial» (bien entendu, l’éducation est aussi un monde du travail !), à travers l’organisation d’assemblée générales interprofessionnelles, mais aussi à travers beaucoup d’actions coup de poing, tout à la fois censées frapper l’opinion et entraver le fonctionnement normal de l’économie. On retrouve ces formes aujourd’hui, et ce qui est peut-être intéressant c’est de voir que la logique des actions coup de poing, des blocages, qui était initialement surtout portée par les franges les plus radicales, est aujourd’hui largement reprise au sein des organisations syndicales elles-mêmes. La diffusion de ces pratiques, parce qu’elle engage des acteurs divers, participe de la recomposition d’une identité collective dont les « grèves par procuration » constituent un autre symptôme. Ce phénomène a été particulièrement visible pendant le mouvement, avec une multitude de soutiens spontanés en faveur des grévistes, la multiplication des caisses de grève et des actions de solidarité, d’habitants, de citoyens, d’enseignants. Certains médias, comme Mediapart, ont joué un rôle important dans la construction de ce mouvement de solidarité. Les cortèges des manifestations, s’ils étaient structurés par les délégués syndicaux, se sont avérés plutôt hétéroclites. L’alignement du privé et du public a effacé le passif de 1993. Le mouvement contre le CPE a révélé l’imbrication désormais étroite entre le monde du travail et celui de l’école. Le mouvement a développé une conscience de sa propre légitimité qui lui a permis de ne pas tomber dans le piège de la stigmatisation des casseurs. Autant d’éléments qui participent de la reconstitution d’une identité commune.

Mais il serait à notre avis erroné de trop insister sur la nouveauté d’un modèle de mobilisation qui, de fait, supposerait que les anciens sont dépassés. Il est d’abord très risqué d’aller au-delà des analogies formelles avec l’Amérique latine dont les structures sociales sont très différentes. Par exemple, le phénomène argentin des piqueteros, sa nature de mouvement de privés d’emplois, son inscription territoriale renvoient à une liquidation des institutions de l’Etat-providence et du salariat sans commune mesure avec ce que connaît la « vieille Europe ». En outre, le « vieux » conflit industriel, fondé sur la grève et sur l’entreprise comme champ de bataille, reste central. Les derniers développements du mouvement l’illustrent bien : la reprise du travail dans les raffineries a été vécue comme la fin de la mobilisation. Le registre de la grève reste central pour ancrer l’action dans la durée et le choix de blocages « de l’extérieur » est souvent un aveu de faiblesse quant aux possibilités de peser de l’intérieur même des entreprises.

Plutôt que de modèle de mobilisation, il serait sans doute plus heureux d’appréhender ces phénomènes avec la notion plus souple de « répertoires d’action collective ». Il y a indéniablement des formes nouvelles de mobilisation qui renvoient aux transformations du capitalisme et de l’organisation du travail. Dans un monde salarial de plus en plus éclaté, où le collectif de travail est désormais moins unifié par sa concentration spatiale que façonné par un ensemble de flux – de travailleurs, de produits, de communications – le blocage de stocks de produits, de carrefours industriels ou de voies d’échanges est un moyen d’atteindre les salariés et de peser réellement sur le fonctionnement de l’économie. Indéniablement, le répertoire d’action s’enrichit, car les registres d’action collective s’ajustent aux modes de domination. Mais derrière l’image du capitalisme en réseau, on assiste dans les entreprises à des phénomènes de concentration financière (par la constitution de groupes toujours plus importants) et de recentralisation du pouvoir stratégique – que N. Lichtenstein décrit bien à travers le modèle managérial de Wal-Mart. Si les entreprises sont de plus en plus interdépendantes, il n’est pas certain que cette interdépendance se traduise par une dilution du pouvoir.

En outre, un risque important pèse, qui fut particulièrement visible dans les mouvements universitaires, du CPE à la LRU : les pratiques de blocage et l’échappée hors des lieux de travail (salarié ou scolaire) peuvent conduire à la fuite en avant, en creusant la coupure entre les secteurs les plus radicalisés et le plus grand nombre moins impliqué.

Enfin, si l’on doit souligner des nouveautés, il faudrait évoquer d’autres éléments, comme le recours au suffrage : la mobilisation collective, parfois la grève, ont pu s’appuyer sur le recours aux urnes présentées comme une garantie de transparence démocratique. Cela témoigne de fluctuations intéressantes, dans l’histoire du mouvement ouvrier, quant aux conceptions et pratiques légitimes la de la démocratie ouvrière. Quand des organisations de la CGT proposent le vote à bulletin secret, on est loin d’un élément (le vote à main levée par ceux qui sont engagés dans la lutte) qui a longtemps été perçu comme identitaire : il avait d’ailleurs été au principe de la scission de FO au moment des grèves insurrectionnelles de 1947 ! Longtemps, en effet, le recours au vote secret fut dénoncé comme une manœuvre de démobilisation, désagrégeant le collectif mobilisé au profit des rationalités individuelles.

Mais ces évolutions renvoient aussi à la façon dont les pratiques démocratiques sont investies et mises en œuvre par des individus qui n’ont plus la même socialisation politique. Les assemblées étudiantes durant le CPE ont été des lieux d’intenses débats, notamment sur l’organisation des votes, sur les conditions de légitimité de ceux-ci par rapport aux blocages. Dans une autre optique, le fait d’organiser une votation citoyenne sur le devenir de la Poste ou de demander un référendum sur celui d’EDF sont vus comme des moyens d’élargir la mobilisation au-delà des salariés de ces entreprises, d’impliquer la population en s’appuyant sur le statut d’usager. De telles démarches illustrent là encore la recomposition d’un répertoire d’action qui mobilise à la fois les registres syndicaux traditionnels tout en s’inspirant d’autres mouvements (on peut penser au mouvement féministe ou à la défense des droits des immigrés pour l’usage des urnes et des votations citoyennes).

CTPS – Ce mouvement est une mobilisation sur la réforme des retraites. Mais, c'est sans doute beaucoup plus que ça : la question des retraite semble avoir été prise comme un casus belli pour rejeter, plus largement, ce pouvoir et sa politique. Comment appréhendez-vous cette dimension systémique du mouvement et quelles sont ses implications, la victoire ne pouvant être que politique ?

Sans qu’il y ait nécessairement de hiérarchie entre eux, il nous semble possible de lister un certain nombre de points, partiellement imbriqués, permettant de réfléchir à cette dimension politique :

1- La centralité incontestée des organisations syndicales dans le mouvement est allée de pair avec une faible visibilité des partis de l’opposition. Le PS s’est affiché contre la réforme menée par le gouvernement Fillon, mais en partage les prémisses économiques libérales. A la gauche de la gauche, les diverses organisations ont plutôt privilégié leur apparition propre dans le cours du mouvement au détriment d’une intervention politique commune : on est loin ici de la coordination souple dont nous parlions avec l’intersyndicale (sans idéaliser pour autant celle-ci !). C’est la division qui l’emporte, de telle sorte que les partis n’ont pas été en capacité d’être les catalyseurs d’un ras le bol qui dépasse effectivement le cas des retraites, qui renvoie au sentiment d’immoralité et d’illégitimité du pouvoir, de violence et d’injustice de sa politique.

2- Mais les organisations syndicales ne jouent pas davantage ce rôle, car elles ne souhaitent pas l’endosser pour la plupart d’entre elles. Déjà en 2009, Bernard Thibaut insistait sur le fait que la métropole n’était pas la Guadeloupe et qu’une stratégie de type LKP serait une erreur. De fait, il est clair que l’institutionnalisation du champ syndical en France se traduit, dans la façon dont les acteurs conçoivent leur possibilité d’action et leur légitimité, par l’acceptation d’un cloisonnement fort entre les sphères associative, syndicale et politique. Le registre d’argumentation que mettent en œuvre les organisations dominantes dans le champ syndical est celui du dialogue social. Elles n’envisagent pas la construction d’un front large, socio-culturel, permettant la contestation la plus large possible du pouvoir, car elles considèrent que ce n’est pas leur rôle.

3- De ce point de vue, le dossier des retraites révèle la part de mythe qui structure les discours sur le dialogue social, sur une démocratie sociale qui pourrait tranquillement s’épanouir, avec ses règles et sa temporalité propres, à l’écart de la démocratie politique. L’idée d’une subordination consentie des acteurs syndicaux face au pouvoir politique a montré ses implications pratiques : un gouvernement qui oublie, quand il a décrété l’urgence de réformer, toute procédure de négociation préalable. Au final, aucun responsable syndical n’aura d’ailleurs consenti à s’autodésarmer en partant du principe qu’une fois la loi votée, la contestation devait quitter le terrain de la rue. Seule une minorité d’organisations a maintenu ce discours (UNSA, CFE-CGC), mais tout en restant dans le cadre de l’intersyndicale.

4- Si les organisations syndicales acceptent aujourd’hui une part de responsabilité politique, celle-ci est le plus souvent transfigurée sur le mode de l’expertise. Il s’agit de convaincre de la crédibilité de ses propositions, en argumentant sur des points internes à la réforme comme dans le cas de la CFDT ou en proposant, comme le font la CGT, la FSU et Solidaires une autre réforme, en lien avec des économistes et des organisations telle ATTAC. Il s’agit ici évidemment d’un travail extrêmement précieux dans la mesure où il arme le syndicalisme, permet dans une certaine mesure de se faire entendre des médias et crée des liens avec d’autres secteurs. Mais pour que ce réalisme technique ne perde pas de vue ses objectifs stratégiques, il lui reste à s’articuler à une pensée « chaude », à des valeurs, à l’affirmation pratique de la vision du monde que servirait un réel projet de sauvegarde des retraites par répartition.

5- Ce qui conduit à un dernier point de réflexion : les meilleurs projets du monde n’ont aucune portée s’ils ne sont pas sous-tendus par un enthousiasme populaire, s’ils ne s’indexent pas à des images de la société désirée, s’ils ne s’inscrivent pas dans une histoire collective. Le mouvement peut être l’occasion pour les responsables syndicaux de prendre conscience de cette responsabilité qui leur incombe et qui renvoie aux plus grandes heures du mouvement ouvrier – quand les propositions des organisations syndicales irriguaient le débat politique, du planisme cégétiste des années 1930 aux nationalisation et à la sécurité sociale à la Libération, jusqu’au socialisme autogestionnaire dans les années 1970. Alors que la gauche est atone et divisée, il serait possible que d’importante fractions du mouvement syndical servent de catalyseur à l’élaboration d’un véritable agenda de transformation sociale. Une élaboration qui ne résulte pas de « l’audition » des organisations syndicales par les dirigeants politiques, mais d’une dynamique autonome permettant aux syndicalistes de tisser des liens durables entre eux et avec tous ceux, citoyens, associations, mouvements sociaux qui ont contribué à nourrir la contestation des dernières semaines.

Un tel processus supposerait que se mettent en place des structures ad hoc, car bien évidemment le cadre de l’intersyndicale, dont l’intérêt n’est pas en cause, revêt une autre fonction. Entre une intersyndicale qui tient par la recherche du consensus et la guerre de tous contre tous que se livrent les organisations confrontées à la conquête de leur représentativité dans les entreprises, il existe un espace intermédiaire à occuper, celui d’une coopérative d’élaboration stratégique.
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Re: Le 7 septembre, et après ?

Messagede Pïérô » 05 Nov 2010, 01:29

Journal de la coord lycéenne du 93, qui me semble bien fait, tant niveau forme que contenu, il y est exprimée la volonté de lien par exemple avec les étudiants et l'AG interpro de Saint-Denis :

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Re: Le 7 septembre, et après ?

Messagede Nico37 » 05 Nov 2010, 08:08

Aujourd'hui, jeudi 4 novembre 2010, a eu lieu une action intersyndicale au ministère de la Culture, à la fois pour dénoncer la contre-réforme du gouvernement qui attaque le système de retraites et pour protester contre les problèmes qui se posent au ministère de la Culture, en ce qui concerne la précarité, les suppressions de postes, l'attaque contre les missions du ministère, les privatisations rampantes (externalisations) et le blocage des salaires (ainsi que la suppression de la prime de fin d'année).

En particulier, il s'agissait de mettre en lumière la situation désastreuse des agents de l'INRAP (archéologie préventive), embauchés sur des contrats précaires de type Contrat D'Activité, qui peuvent être licenciés à tout moment, n'ont pas de date de fin de contrat et ont des problèmes pour toucher leurs salaires.

Pour cela, 80 agents du ministère de la Culture, dont des CDA de l'INRAP venus de différentes régions et des syndicalistes de la CFDT, de la CGT, de la FSU, de l'UNSA et de SUD Culture, ont bloqué les caisses de l'exposition Monet au Grand Palais de 12h à 16h30, permettant ainsi à des dizaines, voir centaines, de personnes de visités gratuitement cette exposition. Un bon exemple de l'accès de toutes et tous à la Culture, sans la barrière de l'argent.

Le fait de faire cette action au Grand Palais, établissement du ministère de la Culture dont les agents sont de droit privé, permettait aussi de dénoncer le processus de privatisation rampante de notre ministère et de réclamer au contraire le renforcement d'un véritable service public de la Culture.

Ce blocage et sa visibilité, entre autre dans les médias (voir ci-joint un article du site internet de Libération), a permis d'obtenir un rendez-vous avec le directeur de la Direction du Patrimoine du ministère de la Culture et des représentants du cabinet du ministre, sur ces sujets.

Mais avant de nous y rendre, puisque la direction du Grand Palais préférait faire entrer les visiteurs ayant acheté leurs billets à l'avance plutôt que ceux n'ayant pas de billets, les agents en lutte ont organisé une manifestation au sein de l'exposition, afin de faire entendre clairement notre colère.

Puis, nous nous sommes rendus en groupe au siège de l'administration centrale du ministère de la Culture, devant pour cela traverser le dispositif de sécurité mis en place pour la visite du président chinois, responsable dans son pays de la répression contre les grévistes, les militants syndicaux et de l'exploitation de millions de travailleurs. Nous étions donc en "bonne compagnie".

Au moment de notre arrivée devant les Bons-Enfants, siège de l'administration centrale, la direction de celle-ci a refusé l'entrée à notre groupe d'agents en lutte, ne voulant recevoir qu'une délégation. Nous avons alors dû bloquer la circulation dans la rue des Bons-Enfants, afin que tous les agents présents, dont ceux concernés encore plus directement comme les CDA de l'INRAP, puissent rentrer dans la salle de réunion.

Un compte-rendu de cette réunion sera fait ultérieurement.

Mais à travers cette action, les agents du ministère de la Culture ont montré qu'ils restent mobilisés et déterminé, à la fois à faire aboutir leurs revendications, mais aussi à participer à la lutte pour défendre les retraites.

Ce matin, des actions de blocage ont eu lieu sur plusieurs aéroports : Bordeaux, Nantes, Toulouse, Roissy, Orly, Clermont-Ferrand. Dans le même temps, des incinérateurs continuent à être bloqués par des piquets de grève en région parisienne.

La lutte est donc loin d'être finie.
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Vers une coordination nationale interpro, 6 novembre Tours

Messagede JPD » 05 Nov 2010, 12:27

Où l'on voit que Solidaire réintègre le giron.... quand même propose le 17 au lieu du... 23 !

compte-rendu de la réunion intersyndicale nationale du 4 novembre

administration forum (Pïérô) : ce type de compte rendu circule en interne aux niveau des militant-es, et ne doit pes être rendu public. J'invite celles et ceux qui sont intéressé-es à envoyer un MP à JPD pour qu'il leur envoie en privé.
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Re: Le 7 septembre, et après ?

Messagede Pïérô » 05 Nov 2010, 13:37

Communiqué de l'intersyndicale du 4 novembre :

CFDT – CFE-CGC – CFTC – CGT – FSU – SOLIDAIRES - UNSA

Les organisations syndicales se félicitent du succès de la mobilisation des salariés du privé, du public et des jeunes le 28 octobre dernier alors que nous étions en pleine période de vacances scolaires et après le vote définitif de la loi sur les retraites au parlement.

La détermination des salariés qui ne faiblit pas depuis des mois, appuyée par l’opinion publique, démontre qu’il y a de nombreuses inquiétudes sociales, un refus de cette réforme des retraites et un profond mécontentement face à un gouvernement qui a choisi le passage en force.

Les organisations syndicales réaffirment leur détermination face à une réforme gouvernementale qui demeure injuste, inefficace, inacceptable et qui ne répond pas aux enjeux actuels. Elles confirment leur appel à une mobilisation massive samedi 6 novembre 2010 partout en France. Le gouvernement porte seul la responsabilité de la situation actuelle. Il doit entendre qu’un véritable débat sur le devenir des retraites reste indispensable.

Les organisations syndicales, comme les salariés, sont attachées au travail intersyndical qui perdure depuis deux ans et aux actions unitaires. Elles décident de poursuivre le travail commun sur l’emploi, les salaires, le pouvoir d’achat et les conditions de travail en actualisant leur déclaration commune du 29 janvier 2009.

En écho aux préoccupations des salariés, les organisations syndicales appellent d’ores et déjà à un nouveau rendez-vous national de mobilisation dans la semaine du 22 au 26 novembre dont les modalités et le contenu seront déterminés lors de la réunion du 8 novembre prochain.


bon, çà laissera encore la place à un super "temps fort" avant les vacances de noël. Rien de bien surprenant d'ailleurs, puisque çà fait des mois que l'intersyndicale nous ballade de cette façon. Et en effet Solidaires réintègre le giron malgré cela, ce qui évidemment soulève chez moi, et je pense beaucoup d'autres syndiqués rattaché-es à cette Union syndicale que réprobation et condamnation.
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Re: Le 7 septembre, et après ?

Messagede leo » 05 Nov 2010, 15:15

administration forum (Pïérô) : ce type de compte rendu circule en interne aux niveau des militant-es, et ne doit pes être rendu public. J'invite celles et ceux qui sont intéressé-es à envoyer un MP à JPD pour qu'il leur envoie en privé.



ou bien, qu'ils/elles aillent le lire sur un autre forum, où il y a moins de censure !
http://forum.anarchiste.free.fr/viewtop ... 251#p80251
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Re: Le 7 septembre, et après ?

Messagede JPD » 05 Nov 2010, 15:23

Où l'on voit que Solidaire réintègre le giron.... quand même propose le 17 au lieu du... 23 !

compte-rendu de la réunion intersyndicale nationale du 4 novembre

administration forum (Pïérô) : ce type de compte rendu circule en interne aux niveau des militant-es, et ne doit pes être rendu public. J'invite celles et ceux qui sont intéressé-es à envoyer un MP à JPD pour qu'il leur envoie en privé.


Et moi j invite celles et ceux qui sont intéressés à) aller le voir sur le forum anarchiste.

Piero c'est lamentable cette conception du rendu public. De tel compte rendu DOIVENT être rendus publics ! Si des militants décident de le faire ce ne sont pas quelques permanents qui les en empêcheront. Si ça ne devait pas être rendu public pourquoi l'ai-je ?
Solidaire a peur d'être exclu de l'intersyndicale comme tu le prétendais ? Allons donc, sornettes.
les tripatouillages entre bureaucrates doivent être rendu publics. Il va donc falloir aller plus loin ! tant pis !

Qui a décidé ça sur ce forum ?
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