J'avoue que j'ai bien du mal à comprendre cette coupure totalement artificielle entre "énergie militante" (les militants ?) et "mouvement social".
Je suis militant et je suis une partie du mouvement social. Et toute personne qui est dans le mouvement social en ce moment est militante (qu'elle soit syndiquée ou pas, encartée ou pas).
Et il y a un mouvement social en ce moment, multiforme, peut-être pas assez généralisé dans le blocage de l'économie, mais il est loin d'être "absent".
La coupure, c’est celle entre le volontarisme porté par des militants (sur des actions de blocage symbolique) et par exemple le mouvement gréviste des raffineries et des dépôts (et d’autres entreprises) qui n’est ni symbolique ni ponctuel et est un mouvement social.
Le mot “absent” est fort, je le concède. Je voulais dire “très insuffisant globalement”, même si dans des tas de départements, il n’y a pratiquement rien en terme de lutte sociale et on peut dire qu’il est “absent”.
- on dirait une vision extérieure. Comme s'il était ailleurs ou autre chose que l'ensemble de ceux qui luttent.
- il enterre le mouvement un peu vite : "Je maintiens que le mouvement de protestation a subi une défaite sur ses revendications."
On enterrera les morts en temps voulu. Pour l'instant ça bouge encore.
Je ne vois pas en quoi un point de vue critique est « extérieur » ! Par contre je t’accorde que je suis, comme tout un chacun, « ailleurs ou autre chose que l'ensemble de ceux qui luttent. » Je suis uniquement, et ponctuellement et modestement, avec ceux et celles avec qui j’ai pu participer à cette protestation. Mais certainement pas avec « l’ensemble », c’est absurde !
Tout va bien, le mouvement continue. Il ne faut pas désespérer Billancourt ?
Je pense effectivement qu’aujourd’hui, ce mouvement a perdu. Que dans la phase qui a duré jusqu’au vote formel de la loi, il ne s’est pas étendu suffisamment pour bloquer ce vote.
Il me semble avoir dit aussi que « Nul ne peut savoir maintenant ce qui va se passer »
Et aussi que localement, la lutte peut se poursuivre « sur les retraites ou sur d’autres terrains de l’antagonisme social » et que donc la situation reste ouverte.
Au fond, en lisant Léo, j'ai l'impression d'entendre les militants de LO : on a perdu, le mouvement s'essouffle, ne donnons pas d'illusions aux travailleurs (comme si nous n'étions pas nous-mêmes des travailleurs ou des chômeurs et comme si on avait besoin de quelqu'un pour nous "protéger" de nos illusions), passons à autre chose, tirons le bilan, préparons la suite...
Argh ! LO ! Non, pas ça !
Ça fait au moins 10 ans que j’ai pas croisé un militant de cette organisation et je ne m’en porte pas plus mal.
Personne n’a besoin de personne. Chacun assume ses positions, ses certitudes, ses interrogations, ses doutes, ses illusions et ses erreurs.
Mais simplement quand le mouvement commence à refluer et que je voie passer des textes disant que la victoire est proche, ça me fait bondir (et un peu rigoler, c’est déjà ça). C’est aussi un point de vue. Mais on peut lui préférer la méthode Coué.
D’expérience je sais que vers la fin des mouvements, il y a des moments difficiles à admettre parce qu’ils démentent l’euphorie, l’optimisme, l’espoir que ces mouvements ont fait naître.
Sinon, je n’ai pas de « débouché politique » à proposer, ni de cartes d’adhésion à vendre.
Simplement l’envie de discuter politiquement d’une situation politique.
Pour le reste du post, je ne suis pas en vrai désaccord.
Sur les « militants » indispensables.
Ils sont parfois ou souvent nécessaires pour démarrer des mouvements, je suis bien s’accord.
Mais ces mouvements n’ont aucune chance d’exister si un nombre significatif de personnes, salariés, chômeurs, etc. n’y prennent pas part. Ce sont les gens qui font les mouvements : s’ils ne sont pas là, il n’y pas de mouvement.
C’est exactement ce que je dis : le mouvement social (grèves/occupations/blocages) ne s’est pas étendu (et encore moins généralisé) suffisamment pour inquiéter le pouvoir. C’est tout.
La lutte continue.
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A Voline : J'ai du temps (un petit peu) et j'arrive assez souvent à écrire assez vite.