L'anarchisme en entreprise

Re: L'anarchisme en entreprise

Messagede croquemitaine » 01 Juil 2008, 00:53

Une question qui est un peu en rapport avec le fil et que je me suis toujours posée : Quel intérêt pour les étudiants de se syndiquer ? J'ai beau me poser la question, je n'entrevoit aucune réponse...


Aucune idée :mrgreen: pour ma part je suis syndiqué à syndicat de l'éduc ... meme si plus spécifiquement organisé en section universitaire :roll: . A la CNT on fonctionne en fédération d'industrie ce qui veut dire que les lycéens et étudiants militent dans le meme syndicat que leur prof, les ouvriers d'entretiens et autres personnels. Concrètement ça sert à casser les corporatismes.
Bon concretement qui chez les étudiants à part des syndicalistes qui va travailler sur les prochaines réformes qu'on va se prendre dans la gueule ?
Après je vais pas te faire une défense en règle du syndicalisme, mais comme d'habitude la question qui revient est celle de l'organisation. Et de la forme de celle-ci. Roro pour ma part je trouve que tu défends un "syndicalisme de service" (j'en rajoute un peu mais bon) lorsque tu dis :
Je ne bosse pas encore, mais quand je bosserai, crois-moi que j'attendrai pas d'être nommé "chef", ce dont je n'ai d'ailleurs rien à foutre, pour rejoindre un syndicat, la CNT si possible, autrement SUD.


Pou moi c'est une démarche contradictoire quand on se dit libertaire. Quand on est libertaire le but n'est-il pas de contruire ses outils de luttes ? Tout en essayant de faire coincider ceux-ci avec ses idées. Quand on est libertaire n'est ce pas parce qu'on refuse une séparation formelle praxis / idée ?
Où alors c'est que les anarchistes ont la meme conception du syndicalisme que les marxistes. Un simple outil pour l'organe politique qui est le décideur ... c'est la vision que défendent les gens de la FA et d'AL sur Rennes qui se félicitent publiquement de tenir respectivement FO et Solidaires. Ne me sentant pas d'humeur très sympathoche ce soir je vais m'arreter là.
Je peux comprendre les postions de certains camarades, de retenu ou de méfiance très nette envers les orgas syndicales pas ce genre de comportement.
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Re: L'anarchisme en entreprise

Messagede Roro » 01 Juil 2008, 01:09

Un syndicalisme de service ? Comment ça ?

Je n'adhère à aucun syndicat pour le moment simplement car pour moi, en tant qu'individu et en tant qu'étudiant, je ne vois pas pour moi l'intérêt d'adhérer à un syndicat. A moins que tu n'es un argumentaire en leur faveur, que je suis prêt à prendre en considération... Je ne crache pas pour autant sur les camarades de la CNT-FAU, ou de la CNT d'une manière générale, SUD ça dépend de la section et de l'idéologie de celle-ci. Un exemple : rien qu'à Bordeaux, Sud-Educ' est plutôt anar alors que à Sud-Etudiant, ils/elles sont quasiment tous-toutes à la LCR...

Et franchement, le coup de me faire traiter de marxiste (oui, pour moi c'est une insulte) je trouve ça gonflé ! A moins que les cénétistes soient habitués au procès politique pour deux phrases pas développer...
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Messagede Vilaine bureaucrate » 01 Juil 2008, 01:28

ah mais doit y'avoir un écurie pas loin.. il est pas seul.. Bah un syndicat ça sert a informer des reformes, désolé mais a chaque loi que pond le gouvernement, je ne les lis pas dans le texte. (ceci ne veut pas dire que je suis comme un mouton, mais bon dans une fac, une AG organisé par un comité de mob' (par des syndiqués en majorité) et ben c'est bien..Euh d'autant plus que les première années sont perdus, (j'étais perdu en premiere année moi), ça aide, agitation, appel a la greve, blocage.. Pour le CPE, ça a commencé avec les memes que toute les luttes qui ont suivies.. il faut une base, et la majorité suit ou pas (LRU)...Les syndicats c'est pas ça marche ou pas, lorsqu'une mobilisation rate bah c'est pas toujours la faute des syndicats, meme si l'UNEF aide a ça.. :roll: , pour la LRU, la repression tant de l'administration que des gardes mobiles, vigiles, a la fac était terrible.. le mépris de la presse énorme..Lors du CPE on faisait ce qu'on voulait ce temps la est terminé..
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Messagede Roro » 01 Juil 2008, 01:56

Vilaine bureaucrate a écrit:ah mais doit y'avoir un écurie pas loin.. il est pas seul.. Bah un syndicat ça sert a informer des reformes, désolé mais a chaque loi que pond le gouvernement, je ne les lis pas dans le texte. (ceci ne veut pas dire que je suis comme un mouton, mais bon dans une fac, une AG organisé par un comité de mob' (par des syndiqués en majorité) et ben c'est bien..Euh d'autant plus que les première années sont perdus, (j'étais perdu en premiere année moi), ça aide, agitation, appel a la greve, blocage.. Pour le CPE, ça a commencé avec les memes que toute les luttes qui ont suivies.. il faut une base, et la majorité suit ou pas (LRU)...Les syndicats c'est pas ça marche ou pas, lorsqu'une mobilisation rate bah c'est pas toujours la faute des syndicats, meme si l'UNEF aide a ça.. :roll: , pour la LRU, la repression tant de l'administration que des gardes mobiles, vigiles, a la fac était terrible.. le mépris de la presse énorme..Lors du CPE on faisait ce qu'on voulait ce temps la est terminé..


Je ne partage pas du tout tes opinions sur ces 2 luttes.

Déjà, tant pour le CPE que pour la LRU, le contexte politique n'était pas du tout le même. Le CPE, on arrivait en milieu/fin du mandat de Chichi, LRU, début du mandat de Sarko.

Après, je peux te parler que de Bordeaux, je ne sait pas comment ça s'est déroulé exactement dans les autres facs. Pour le CPE (j'étais aux Jeunes Libertaires à l'époque, où l'on avait une vision proche de celle de la CNT-AIT et, il faut bien l'avouer on était franchement sectaire...), c'est l'UNEF qui a dirigé de bout en bout la lutte, avec SUD et la CNT je suppose (je n'allais pas à Bx-3 pour voir ce qu'il s'y passait, on se cantonnait à Bx-2 et bx-1). Mais le fait est qu'ils ont été plus habiles que nous par rapport à la LRU. Ils ont d'abord lancé des appels aux manifs AVANT les blocages et avait un comité de mob' très solide avant même le blocage. Du coup, le blocage, quand il a été proposé en AG, a largement été suivi par les étudiants, face à la surdité du gouvernement. L'ennui, c'est que le seul mot d'ordre était le retrait du CPE et que, durant les AG, noyautées largement par l'UNEF (j'y reviendrai dans une autre réponse), il était impossible de pousser plus loin les discussions : pas de critique du capitalisme possible, encore moins de l'état.

Pour la LRU, à Bordeaux-3, il me parait clair qu'on a été trop rapide pour le blocage. On aurait dût faire des manifs plus conséquentes en premier lieu. J'ai d'ailleurs en tête l'idée d'une camarade de la CNT-FAU, qui m'avait dit lors d'une discussion, que ce qu'on aurait dût faire c'était appeller les étudiants à la grève et faire des AG de luttes tous les matins à 8h, avec ceux qui voulaient lutter, avant de proposer le blocage. Du coup, et ça a été flagrant lors de la fin du blocage, lorsque les étudiants voyaient la table du comité de mob' ils nous disaient "mais comment vous comptez lutter ? C'est plus bloqué". Je pense que c'est symptomatique des étudiants et des modes de lutte. Pour les étudiants, la lutte, c'est le blocage... Et quand on est minoritaire à VOULOIR LUTTER (une grande majorité d'étudiant(e)s étaient contre la LRU) et ben on se casse les dents sur les moutons de panurge qui ne veulent pas lutter... On a été trop vite en besogne, en notre incapacité à trouver de nouveaux modes de lutte nous a été fatale.
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Re: L'anarchisme en entreprise

Messagede kuhing » 01 Juil 2008, 08:59

willio a écrit:
kuhing a écrit:Moi j'étais à l'Unef :oops:


Faut du courage pour l'avouer dis donc. :prier: :mrgreen:

Et on a gagné :v:
Le syndicat étudiant a vachement servi pour faire ça.
Comme quoi un syndicat bien utilisé, ça sert bien.


Juste une réflexion générale :
Il faudrait pas non plus en conclure trop vite que les syndicats sont utiles puisqu'ils ont connus des victoires. Qui nous dit qu'une autre forme de lutte n'est pas meilleure encore. :wink:


Je précise que j'étais à l'Unef unité syndicale dans les années 75-80.
A part elle t'avais l'unef renouveau ( tenue par les stals de choc) l'UNI ( tenue par les fafs) et les corpos (tenues par les cons)
ensuite t'as eu le MAS ephémère tenu par la LCR mais la petite dizaine qui était la dedans avaient les cheveux trop long :mrgreen: et d'ailleurs ils sont rentrés dans l'unef us au congres de réunification auquel j'ai participé d'ailleurs .

Circonstance atténuante tout de même !

Sinon oui je pense qu'un syndicat même étudiant bien utilisé peut-être un outil pour arriver à gagner sur les revendications.
On avait un petit local sur la fac pour confectionner nos affiches, on fonctionnait selon le principe des assemblées générales souveraines et on a mener une grève de plus d'un mois qui a abouti.
Faut dire que le syndicat était bien orienté :v:

Je vous rassure si j'étais étudiant aujiourd'hui, je ne serais pas à l'Unef :non:
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Re: L'anarchisme en entreprise

Messagede Vilaine bureaucrate » 02 Juil 2008, 00:14

@RORO oui c'est ce que je disais pas le meme contexte, dutrant le CPE du moins a Paris on faisait ce qu'on voulait, ça a duré des mois de blocage chez nous aussi, on a pas vu le profil d'un vigile, d'un garde mobil, ni de fermeture administrative.. ni un vote electronique.. Je te rejoins sur ce que tu as dit, le probleme de la LRU a aussi été qu'une bonne minorité attendait n'importe quoi pour bloquer la fac pour des revandications plus large.
Apres l'election de Sarkozy ma fac a été bloqué.. La LRU a été la suite de ça..

@Kuhing: ce que l'on pense a vraiment une grande importance, je ne vois pas prquoi tu te justifies. ça n'a echappé a personne, que tu étais un désagréable Cénétiste. ih ih ih ih ih
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Re: L'anarchisme en entreprise

Messagede croquemitaine » 02 Juil 2008, 19:01

Roro : Je t'ai vexé je crois :roll: (dsl) bon la comparaison avec les marxistes c'éatit pas pour toi mais plutot ceux que je cite dans mon dernier commentaire. Pour eux le syndicat c'est un lieu à prendre et ils sont donc dans une logique que je trouve pour le moins douteuse, de controle des "postes" syndicaux, ils se situent clairement dans un jeux de conquete de pouvoir au sein des syndicats, c'est le grand jeux des tendances. Enfin bref ... tout ça pour dire que je ne te visais pas là dessus.

Pour ce qui est de ma critique d'un "syndicalisme de service" elle vise un certains nombres de choses.
Avant d'y passer je vais défendre "ma vision" du syndicalisme pour essayer de clarifier la 'virulence' de mes positions.
Pour moi le syndicat a pour but de préparer la reprise en main de l'économie par les travailleurs lorsque la révolution sociale triomphera, il a vocation , et ce au meme titre que les orgas politique anar, et que les anars en tant qu' individus aussi je pense, a éduquer ceux qui la réaliseront (la sociale). Par éducation j'entends transmission et partage d'expériences, de savoir, mise en oeuvre de solidarités intercorporatives (je vais repréciser cela tout à l'heure), dotation de moyens matériels et intectuels a fin de l'émancipation de chacun.
Le syndicat a aussi pour but, et comme moyen, une construction intercorporative et industrielle, c'est à dire faire front ensemble. Se regrouper quand on cherche à nous diviser, quelque soit son statut et sa place dans l'appareil de production du moment qu'elle n'est pas celle des patrons, des technocrates, et des forces de répression de l'Etat. Le 'levier ultime' étant la grève générale expropriatrice. La grève générale est la fille de implantations anarchistes dans les syndicats (enfin c'est ma lecture) attention je ne dis pas qu'elle est une arme exclusive du syndicat, mais pour moi elle découle de l'utilisation révolutionnaire de celui-ci. Intercorporatif car il s'agit de partager le plus possible et contre une vision du syndicalisme qui serait celle du syndicalisme de la section syndicale d' entreprise. (le reproche du syndicalism de service vient nottament de là, ce syndiquer cela ne veut pas dire pour moi se contenter de militer, faire du taff sur son lieu de travail).

Bon je fais une pause je reviens.
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Re: L'anarchisme en entreprise

Messagede Ady » 02 Juil 2008, 20:28

Vilaine bureaucrate a écrit:IMPRATICABLE! IMPRATICABLE! dans l'entreprise COMME MOYEN DE LUTTE.
Roro a été tres clair dans "POLITIQUE GENERAL" alleluia qq1 m'a répondu...


Et les expériences anarcho-syndicalistes de la CNT en Espagne en 1936 ?
Comme moyen de lutte, ça développe inéluctablement l'esprit de liberté, de non-soumission, l'autonomie. C'est de la très bonne propagande à mon sens.
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Re: L'anarchisme en entreprise

Messagede Roro » 02 Juil 2008, 23:49

croquemitaine a écrit:Roro : Je t'ai vexé je crois :roll: (dsl) bon la comparaison avec les marxistes c'éatit pas pour toi mais plutot ceux que je cite dans mon dernier commentaire. Pour eux le syndicat c'est un lieu à prendre et ils sont donc dans une logique que je trouve pour le moins douteuse, de controle des "postes" syndicaux, ils se situent clairement dans un jeux de conquete de pouvoir au sein des syndicats, c'est le grand jeux des tendances. Enfin bref ... tout ça pour dire que je ne te visais pas là dessus.

Pour ce qui est de ma critique d'un "syndicalisme de service" elle vise un certains nombres de choses.
Avant d'y passer je vais défendre "ma vision" du syndicalisme pour essayer de clarifier la 'virulence' de mes positions.
Pour moi le syndicat a pour but de préparer la reprise en main de l'économie par les travailleurs lorsque la révolution sociale triomphera, il a vocation , et ce au meme titre que les orgas politique anar, et que les anars en tant qu' individus aussi je pense, a éduquer ceux qui la réaliseront (la sociale). Par éducation j'entends transmission et partage d'expériences, de savoir, mise en oeuvre de solidarités intercorporatives (je vais repréciser cela tout à l'heure), dotation de moyens matériels et intectuels a fin de l'émancipation de chacun.
Le syndicat a aussi pour but, et comme moyen, une construction intercorporative et industrielle, c'est à dire faire front ensemble. Se regrouper quand on cherche à nous diviser, quelque soit son statut et sa place dans l'appareil de production du moment qu'elle n'est pas celle des patrons, des technocrates, et des forces de répression de l'Etat. Le 'levier ultime' étant la grève générale expropriatrice. La grève générale est la fille de implantations anarchistes dans les syndicats (enfin c'est ma lecture) attention je ne dis pas qu'elle est une arme exclusive du syndicat, mais pour moi elle découle de l'utilisation révolutionnaire de celui-ci. Intercorporatif car il s'agit de partager le plus possible et contre une vision du syndicalisme qui serait celle du syndicalisme de la section syndicale d' entreprise. (le reproche du syndicalism de service vient nottament de là, ce syndiquer cela ne veut pas dire pour moi se contenter de militer, faire du taff sur son lieu de travail).


Je t'ai envoyé un message à ce sujet. Je pense la même chose que toi là-dessus.
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Re: L'anarchisme en entreprise

Messagede Vilaine bureaucrate » 07 Juil 2008, 14:45

Ady a écrit: C'est de la très bonne propagande à mon sens.


La propagande ne suffit pas. Si tu n'as pas les moyens d'appeler a la grève. Une grève en entreprise c'est pas comme dans une université ou un lycée, ça se fait pas sur le champs.
!!

Merci l'arguement de 36, deja lu, pas remis en cause.
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Re: L'anarchisme en entreprise

Messagede Berckman » 07 Juil 2008, 15:06

Sans reprendre tout ce qui a été dit, l'anarchisme est un courant issu du mouvement ouvrier, et à ce titre il n'est pas étranger au monde du travail, aux luttes en entreprises, pas plus sur le plan des conceptions de l'organisations de la production que sur celui des méthodes utilisées en entreprise pour lutter contre le patronat, contester la hiérararchie, arracher des concessions au patron (bref, la lutte des classes, quoi...:)
Je ne comprends pas bien sur quels fondements s'appuient ton affirmation, vilaine bureaucrate..
1/ Une grande partie des militant-e-s libertaires qui travaillent (même précaires) intervient en entreprise, sont impliqués dans des grèves (comme participants ou organisateurs), militent dans des organisations syndicales.... Ils ne sont pas schizo et ils y développent justement la déclinaison du projet libertaire dans les luttes sociales : combat contre les manipulations politiciennes, combat contre la bureaucratie syndicale, défense d'une conception fédéraliste du syndicalisme, auto-organisation dans les mouvements de grève (AG souveraines, coordinations, comités de grève...), organisation interprofessionnelles (militantisme dans les unions locales ou au sein de comité interprofessionnels et intesyndicaux), défense de l'idée de mandats impératifs et révocables (les grèvistes doivent avoir le contrôle de leur lutte), défense de revendications rupturistes et unifiantes (ex : revendication d'augmentation de salaires générales, mais plus fortes pour les bas salaires (par ex inversement proportionnel au niveau de salaire) afin d'avancer vers l'égalité salariale, lutte contre la précarité...)

2/ La méthode d'action anarchiste en entreprise, c'est l'action directe, telle qu'Emile Pouget (militant anbarchiste, et militant syndicaliste, ancien secrétaire confédéral de la CGT) la définit :

« L’action directe, manifestation de la force et de la volonté ouvrière, se matérialise, suivant les circonstances et le milieu, par des actes qui peuvent être très anodins, comme aussi ils peuvent être très violents. C’est une question de nécessité, simplement. Il n’y a donc pas de forme spécifique à l’action directe. » (L'Action Directe, 1910)

Texte complet : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k84028z

L'action directe, c'est la grève, le boycott, le sabotage (à mauvaise paye mauvais travail)... bref, c'est l'action sans intermédiaire des travailleuses et des travailleurs, contre le patronat, et notamment l'usage de la pression économique (taper au portefeuille du patron et/ou des actionnaires) pour reprendre tout ou partie de ce que le patron et les actionnaires volent. Aujourdhui comme précédemment, c'est au contraire ce mode d'action qui a permis et qui permet d'arracher des améliorations immédiates au patronat et/ou à l'état, et justement pas l'action indirecte (appel à l'opinion, grève visant à "interpeller le gouvernement, etc...).
Le mouvement libertaire a précisémment développé une conception des luttes qui insiste sur le rapport de force matériel, réel, au coeur de l'appareil de production, qui s'attaque à la production (occupation, blocage, grève, grève perlée, sabotage,...) au contraire du rapport de force virtuel (électoralisme, appel à l'opinion...)

3/ Le mouvement anarchiste a joué un grand rôle dans l'émergence du syndicalisme, et particulièrement du syndicalisme d'action directe, en en identifiant les principes (indépendance, autonomie, lutte de classe, organisation interprofessionnelle). Il affirme le principe selon lequel ce n'est pas l'électoralisme qui permet d'arracher des conquètes sociales et de transformer la société, mais l'action directe (sans intermédiaire, politiciens et élus) des exploités.

Peut être me trompé-je, mais ton affirmation semble basé sur le fait que tu n'ai rencontré des libertaires que dans le milieu étudiant, et que donc tu semble supposer à partir de là que les libertaires sont absents ou se désintéressent du monde du travail. Si ma supposition est exact, je pense que c'est regrettable, parce que cela signifierait que tu passes à côté d'une partie significative du mouvement libertaire, lié au mouvement ouvrier.
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Re: L'anarchisme en entreprise

Messagede kuhing » 07 Juil 2008, 15:09

Vilaine bureaucrate a écrit:
Ady a écrit: C'est de la très bonne propagande à mon sens.

La propagande ne suffit pas. Si tu n'as pas les moyens d'appeler a la grève. Une grève en entreprise c'est pas comme dans une université ou un lycée, ça se fait pas sur le champs.
.

?
comment ça ?
Bien sur que ça se décide rapidement quand les travailleurs peuvent prendre les choses en mains eux-mêmes.
Quand les directions syndicales appellent à la grève (je parle de CGT, FO et autre CFDT) c'est qu'elles n'ont pas d'autres choix et quand elles le font ce sont en général des journées d'action sans lendemain pour bien monter une partie de la population contre une autre et décourager les grévistes avant d'aller faire leur sauce avec les patrons ou le gouvernement.
Donc je ne vois pas où est le problème concernant la stratégie des anarchistes dans les entreprises.
Le seul problème est qu'ils soient assez nombreux pour aider à ce que ce soit les assemblées générales qui soient décisionnelles afin de ne pas se faire avoir par les dirigeants syndicaux et essayer autant que possible d'organiser le lien avec les autres entreprises et la population dans son ensemble.
kuhing
 

Re: L'anarchisme en entreprise

Messagede Berckman » 07 Juil 2008, 15:16

Un petit rajout : il est évident que la repression patronale en entreprise impose une plus grande prudence, et le fait de préparer le plus possible les actions entreprises, afin de maximiser l'effet et de minimiser la répression.
C'est à mon sens l'intérêt de s'organiser syndicalement, même si d'autres modes d'organisations sont possibles (collectifs de salariés, etc...).

Cela suppose par exemple si c'est possible, de préparer la grève, en mettant en oeuvre les bonnes vieilles recettes du mouvement ouvrier : une caisse de grève. Mais aussi de choisir par exemple si on le peut la date du début de grève au moment où l'impact est le plus fort, par exemple dans les périodes où l'activité économique est la plus intense (ex : pendant les fêtes dans le secteur du commerce, les jours de départ en vacances dans les transports,...)
Berckman
 


Re: L'anarchisme en entreprise

Messagede Berckman » 07 Juil 2008, 15:51

Autre aspect : qu'est-ce qui fait le lien entre les luttes actuelles en entreprise et le projet libertaire ?
Justement les principes :
_ Auto-organisation, c'est à dire le refus de la division dirigeant-e-s dirigés : Les décisions se prennent en AG de grèvistes, les militants libertaires soutiennent l'auto-organisation des luttes, c'est à dire la prise de décision collective, par les syndiqué-e-s et les non syndiqué-e-s grévistes, et combattent les logiques dirigiste. Intéret : met en oeuvre les modes de fonctionnement libertaires dès maintenant, donc crédibilise le projet. Intérêt pur la lutte : plus les travailleuses et travailleurs en luttent ont le contrôle de leur grève, moins les magouilles politiciennes ou bureaucratiques sont possible, moins le patronat peut acheter ou faire pression sur des militant-e-s syndicalistes isolés, plus la lutte est forte car il y a plus de gens qui militent pour la grève
_ Fédéralisme : si la lutte dépasse le cadre de l'établissement, de l'entreprise ou du secteur, il faut la coordonner. Les libertaires disposent d'un outil, le fédéralisme : chaque AG de site désigne des mandatés révocables, qui portent les décisions de la base dans les assemblées de mandatés de différents sites. Ils n'ont pas un rôle dirigeant (ils doivent porter les décisions de la base et non prendre les décisions eux-memes). Cela permet la coordination des luttes. C'est ce pourquoi dans les mouvements de grève les libertaires luttent pour des AG interpro qui réunissent des mandatés de boites (pour éviter le bourage d'AG politicien), mandatés révocables, et qu'ils lutten pour la convergence, la fédération des luttes. Intérêt : idem que précédent : crédibilisation de modes de fonctionnements non dirigistes, expérimentation d'une autre manière de fonctionner. Intérêt pour la lutte : élargissement, convergence interpro et contrôle de la lutte par ls personnes en luttes (vise à neutraliser les détournements bureaucratiques ou politiciens de la lutte)
_ Action directe : romp l'attentisme, fait des personnes en luttes les acteurs et actrices du changement, de leur vie, leur fait prendre conscience de la force collective (en s(associant, en s'organisant on est plus fort), romp la logique de délégation de pouvoir, de consommation. Intérêt pour la lutte : une lutte est plus forte quand plus de monde y est actif (il faut donc travailler sur des situations qui favorise cette implication directe, cela veut dire partir de nos aspirations quotidienne et pas de grandes théories), mais aussi quand elle agit sur le rapport de force réel (marche du profit, marche de la production, impact économique) plutot que sur le virtuel (appel aux élus, aux politiciens, à l'opinion publique...)
_ Rupturisme : les libertaires favorisent dans les luttes les revendications qui se placent en rupture avec le capitalisme et l'état, c'est à dire qu'elles font le lien entre les luttes actuelles et le projet de société libertaire.


Cf
Cf l'anarchisme aujourd'hui : http://www.subsociety.org/anarchisme_au ... s+sociales

La politisation des revendications



Les anarchistes apparaissent parfois tellement radicaux que certains les imaginent indifférents aux luttes sociales; plus exactement, une logique du “tout ou rien” les éloignerait des combats de “terrain”. C’est là bien méconnaître l’histoire et l’actualité du mouvement! En décidant d’entrer dans les syndicats dans les années 1890, les anarchistes marquèrent profondément le syndicalisme ouvrier pour en faire, dans les années qui précédèrent la Grande Guerre, en France comme dans les autres pays latins, une puissance avec laquelle durent compter la bourgeoisie, les gouvernements et les politiciens sociaux-démocrates.

Aujourd’hui, nous ne concevons pas notre militantisme sans un investissement dans les luttes quotidiennes. Ceux ou celles qui se contenteraient de prêcher “la bonne parole” sont bien éloigné(e)s de notre anarchisme social.

Ceci étant réaffirmé, il faut comprendre sur quelles bases politiques nous nous impliquons dans les luttes revendicatives. Quand nous réagissons contre les conditions de vie qui nous sont faites, contre les actes d’oppression de l’État et les conséquences de l’exploitation du capitalisme, nous sommes amenés, disons de manière “spontanée”, à revendiquer.

Mais la question des revendications est plus complexe qu’elle n’y parait. Nous voyons, dans un premier temps, que nombre d’entre elles sont autant de “réactions” immédiates, émanant de refus élémentaires.

La première chose à faire si l’on veut s’opposer à l’exploitation d’un patron, c’est bien évidemment d’exiger des augmentations de salaires, de meilleures conditions de travail et la réduction du temps de travail. Alors que l’intérêt du patronat est de nous payer toujours moins en nous obligeant à travailler toujours plus vite et/ou plus longtemps, ces luttes peuvent s’inscrire dans une dynamique de contestation globale du système. Nous disons “elles peuvent”, car cela n’a rien d’automatique. Et l’on comprend ici que les revendications, en elles-mêmes, ont des implications politiques bien différentes selon le sens qu’on leur donne et les buts qu’on leur associe.

Expliquons-nous: si l’on reprend l’exemple de l’augmentation de salaire, deux types de discours (au moins) sont possibles.

Les grandes centrales syndicales réformistes dénoncent en permanence (et encore!) l’insuffisance des revenus, affirment qu’il faut limiter les inégalités, mettre en oeuvre une politique économique plus juste. etc. Dans le même temps, elles feront tout pour vous empêcher d’aller plus loin. Pour elles, il ne peut pas être question de vouloir s’attaquer à l’existence même du patronat. Le but associé à la revendication reste un simple aménagement du salariat et donc du capitalisme. Dans les faits, nous savons que ce réformisme a mené à de continuels replis et à de perpétuels désenchantements.

L’autre discours, celui dont nous sommes partisans, consiste à dire, chaque fois que l’occasion nous en est donnée: “Effectivement. nous devons contrer, dans l’immédiat, les intérêts des patrons. Revendiquer l’amélioration constante des conditions de travail, agir autant de fois que possible pour augmenter le prix de notre travail, c’est maintenir la pression contre nos exploiteurs, c’est lutter pied à pied contre eux. Mais le but que nous poursuivons n’est pas le “compromis ”. Tant que le salariat existera, il y aura exploitation et inégalités. Notre but est donc que les salariés s’organisent pour abolir ce système “. À nous ensuite d’expliquer notre projet sociétaire. Telle est la façon dont nous concevons la politisation d’une revendication “immédiate”.






Pour finir, voilà comment nous concevons cette articulation à la CGA (sans prétendre donc définir la position de l'ensemble du mouvement libertaire sur la manière d'articuler les unes et les autres, on retrouve justement sur ce point des différences d'appréciation selon les tendances ou courants au sein du moiuvement libertaire :

Chacune des luttes engagées pour en finir avec la société d'exploitation et d'aliénation est pour nous une étape favorisant la prise de conscience des individus et des masses dans la capacité qui est la nôtre à faire reculer les systèmes, à les vaincre et à gérer la société sans aucun intermédiaire...

La CGA s'inscrit donc dans les actions et les luttes qui apportent des éléments de rupture avec le fonctionnement sociétaire établi.
Ce type d'actions est, dans son contenu même, porteur d'avancées révolutionnaires car il n'est pas susceptible d'être récupéré par les systèmes en place.
(extrait des statuts de la CGA)


Dans ce contexte où l'Anarchisme organisé ne doit pas se laisser enfermer dans les logiques de marginalisation et de répression, l'action de la CGA s'articule autour de deux axes:
* Un axe revendicatif visant à favoriser partout où nous sommes présents l’émergence de luttes ayant pour objectif la défense de nos conditions de vie et de travail mais aussi de renouer avec la voie des conquêtes sociales. Conquêtes sociales qui permettent d'aiguiser et consolider les tendances égalitaires et la conscience de classe.
* Un axe d’alternative sociale visant à favoriser d’une part l’émergence d’espaces et de pratiques d’auto-organisation et de démocratie directe mais aussi la valorisation d’un projet de rupture avec le capitalisme et l'État. Pour ce faire, nous devons diffuser nos idées porteuses du projet libertaire en opposition avec l’idéologie dominante.
Des interventions de ce type doivent favoriser les dynamiques d’autonomie du mouvement social par rapport à toute représentation et instrumentalisation politique en même temps que faire émerger un projet anticapitaliste à caractère libertaire.
(Extrait de la motion d'analyse sur la situation sociale et politique, mars 2008)
Berckman
 

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