Parti de Gauche - Front de gauche (2013)

Parti de Gauche - Front de gauche (2013)

Messagede Nico37 » 01 Jan 2013, 23:02

Du coup, à Béziers, il y avait même des « envoyés spéciaux » pour assister à la « percée annoncée » du Front national.

De nombreux « coups de projecteurs » complaisant avaient été donnés au fil des jours ! Dans ces élections partielles c’était le sujet susceptible de créer de l’excitation entre les temps de cerveaux disponibles pour la publicité. Le résultat est à l’inverse des annonces ! S’indigner ? Pourquoi faire. Est-ce que nous ne sommes pas bien informés sur qui sont nos informateurs ? Une nouvelle fois ils se sont déshonorés. La percée de Le Pen n’était qu’un spasme de ce rêve de petit bourgeois médiatique émoustillé par la beauté du mal. Dans la réalité, à Béziers le Front national a perdu un terrain considérable. Non seulement il n’a pas percé, il est même arrivé derrière le député socialiste. Et celui-ci a été écrabouillé par la droite pourtant elle-même divisée. La percée ? Un naufrage ! Les envoyés spéciaux avaient l’air si visiblement déçus ! Quelle rigolade ! En revanche, dans les Hauts-de-Seine et dans le Val-de-Marne il n’y avait pas d’envoyés spéciaux. Pourtant là encore, depuis le début de la campagne, dans les rares articles et reportages qui se firent, il n’était question que de la percée ou non du Front National, « arbitre du match », comme le disait finement « Le Parisien ». Bonjour les connaisseurs de leur terrain ! Dans les deux cas, il n’y a eu aucune vague bleue marine. Même pas une vaguelette ! Au mieux un maintien laborieux. Ils s’étaient donné du mal pourtant ! Face à Pascale Le Néouannic, dans les Hauts-de-Seine, le Front national avait même fait du zèle dans les provocations. Des violences avaient eu lieu. Et les Lepénistes, sous l’œil complaisant de la droite et du PS en avaient accusé le Front de Gauche. Le grand jeu ! Résultat ? La « vague bleue marine » n’a pas fait cinq pour cent, loin derrière Pascale Le Néouannic et notre Front de Gauche ! Mais dans les deux cas, les campagnes épuisantes de nos candidats Front de Gauche ont été souverainement ignorées au profit de publi-reportage sur « la bête qui monte, qui monte… » Une obsession telle qu’il était encore également très difficile de connaître nos résultats après le dépouillement. Pourtant nos deux candidats ont progressé en pourcentage. D’un point. On aurait voulu beaucoup mieux, c’est certain. Surtout après tant d’effort.

Mais qui progresse, à part nous ? Surtout en terre de droite ! En tous cas certainement pas la majorité gouvernementale. Car les candidats cette fois-ci étaient des candidats communs PS–Verts. Ce qui est rarement souligné. Le recul ne s’estime donc pas par rapport au score du seul candidat PS en juin ! Mais pas rapport aux scores cumulés des candidats Vert et socialiste. C’est alors un recul tout à fait considérable ! Cet effondrement donne un effet d’optique : on a l’impression d’une « victoire écrasante » de la droite. En réalité, celle-ci ramasse poussivement la mise faute de combattant côté PS-Vert. D’autant que les trois circonscriptions en cause dimanche 9 novembre sont traditionnellement orientées à droite. Celle de Béziers n’était à gauche que depuis juin dernier.

Certes, il ne faut pas extrapoler ces trois résultats à la volée. Trois circonscriptions de droite, une élection partielle, une couverture médiatique absurde, ne permettent pas de dégager des tendances valables pour tout le pays. Mais les faits avérés ont une leçon. Face à la droite, le tandem PS-EELV ne contient aucune dynamique. Même pas un vote légitimiste de soutien. Six mois après l’arrivée au pouvoir de Hollande, au contraire, la base sociale qui a chassé Nicolas Sarkozy est profondément démotivée. Tout cela se combine à une abstention abyssale dans un paysage de dislocation des partis dits « de gouvernement ». Le processus de volatilisation du champ politique se poursuit. Nous ne parvenons pas encore à incarner politiquement l’alternative vers laquelle se tournent les désemparés. Il ne faut pas croire que ce soit faute de s’y être employés. J’ai vu la campagne des Hauts-de-Seine ! J’atteste que rien n’a été laissé de côté alors même qu’on aurait pu se désoler d’avance dans une telle circonscription de droite. J’ai participé à un meeting de quatre cent personnes, ce qui ne s’était jamais vu à Bourg-la-Reine, ville à droite depuis la révolution de 1789 ! Si nous ne parvenons pas encore à accrocher c’est qu’il n’y aura jamais de raccourci pour nous. Il faut s’accrocher et reprendre l’ouvrage sans jamais céder le pas. Nos difficultés ne doivent pas être le prétexte à l’une de ces auto-flagellations démoralisantes qui sont si souvent le réflexe de notre gauche. Il nous faut bien mesurer le chemin à parcourir. Et le commencer ! Pour cela nous avons le recours des moyens qui ont fait leurs preuves et le devoir de laisser de côté ceux qui n’ont rien donné. Le candidat PCF de Béziers a rejeté publiquement le Front de Gauche. Il est le seul à avoir reculé.

L'affaire de Béziers n'est pas isolée. En matière de lepénisme médiatique, « Libération » fait de la multi-récidive. J'ai déjà signalé le publi-reportage nauséabond publié par ce journal sur le FN à Hénin-Beaumont où Jean-Marie Le Pen était présenté comme « le grand père qu'on aimerait avoir ». Le sensationnalisme se doublait ici d'une solide haine de classe pour les habitants du Pas-de-Calais, tous assignés au lepénisme alors que justement ils sont nombreux à y résister. « Libération » a été suivi quelques jours plus tard par « Le Monde ». Le grand quotidien du centre droit libéral a en effet publié le 7 décembre un véritable publi-reportage sur le FN à Hénin-Beaumont. Tous les arguments du FN y sont en effet complaisamment relayés. Tout est fait pour présenter le FN comme étant « le seul présent sur le terrain ». Et de citer la présence de Marine Le Pen sur le marché d'Hénin-Beaumont et d’Oignies depuis la rentrée. Pour bien sûr passer sous silence, ma propre présence sur les marchés de la circonscription comme le 6 septembre à Libercourt ou le 7 novembre à Evin-Malmaison. Sur ces deux marchés, personne n'y a vu de militants FN depuis la rentrée. Sans parler des autres marchés du bassin minier où personne n'a jamais vu non plus un militant FN depuis les élections. Mais par contre les militants du Front de Gauche y sont présents, comme à Courrières, à Carvin ou à Courcelles-lès-Lens. Tout cela en supposant que la présence sur le terrain puisse se résumer aux marchés. Mais « Le Monde » ne le dira pas, lui qui suit le FN à la trace. C’est-à-dire ni dans les syndicats, ni dans les associations, ou sont par dizaines les militants du Front de Gauche. Ou alors ? Et comment ? Secret des sources, pas vrai les héros ? Pas difficile à percer. Notre présence sur le terrain nous permet de savoir comment tout ça s’organise.
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Re: Parti de Gauche

Messagede Nico37 » 03 Jan 2013, 00:27

Congrès : le Parti de gauche a passé la première étape

Le conseil national du PG a adopté, le week-end dernier, « la plate-forme de synthèse » qui sera en discussion lors de son prochain congrès, en mars, à Bordeaux. Écosocialisme et stratégie pour l’alternative devraient être au cœur des débats.

L’année 2013 sera une année de congrès pour le Front de gauche. Ce week-end, alors que les communistes choisissaient leur « base commune » en vue du leur, le Parti de gauche (PG) a officiellement lancé les travaux du sien. Les 400 conseillers nationaux du PG réunis à Bagnolet ont adopté le texte qui servira de support aux discussions, du 22 au 24 mars prochain, à Bordeaux.

Stratégie et programme

Alors qu’elle fête ses quatre ans et qu’elle a déjà deux congrès à son actif – celui, fondateur, de 2009 et celui du Mans, en 2010 –, la formation de Jean-Luc Mélenchon aborde ce rendez-vous avec « l’ambition d’en faire un grand moment démocratique d’appropriation par les militants de (notre) stratégie et de (notre) programme », explique Éric Coquerel, secrétaire national, rappelant que son parti est passé, en quelques années, de 4 000 à 12 000 adhérents « venus de divers horizons politiques ». Mais ce sera aussi « un grand moment de débats dans le parti », note le dirigeant « pégiste », avec en son cœur deux questions : celle de la stratégie pour « permettre que l’alternative face à la politique sociale-libérale du gouvernement ne soit pas la droite ou l’extrême droite », et celle de l’écosocialisme.

Plate-forme de synthèse

Des débats qui ont démarré dès le début du week-end dernier, avec cinq textes, dont celui du bureau national, soumis à la discussion du conseil national (CN). Après une série d’ateliers samedi, une synthèse a réuni 4 de ces 5 propositions, les auteurs d’une seule d’entre ellles ayant souhaité soumettre au vote des militants leur texte alternatif. « Le résultat est sans appel », note l’un des participants rapportant la répartition des votes : « 388 voix pour la plate-forme de synthèse, 5 abstentions et 8 voix pour la plate-forme alternative », écrit-il sur son blog. « Ce texte était centré sur une vision de la décroissance qui ne correspond pas à une sensibilité de notre parti », renchérit Éric Coquerel. Outre le départ de leur parlementaire Marc Dolez, c’est donc un visage d’unité qu’entend présenter le PG avec une synthèse qui a raflé 97 % des suffrages et qui devrait être dorénavant amendée dans les comités locaux.

Intitulée « Osons ! », elle décline les orientations du parti en trois volets : « Vite, une issue gouvernementale face à l’impasse du système » ; « Une révolution citoyenne pour l’écosocialisme », et « Le Front de gauche au cœur d’une majorité alternative ». « “Osons” résume l’esprit du texte, assure Éric Coquerel. Osons, par exemple, assumer que le Parti de gauche reste l’outil de la construction d’un Front de gauche qui lui-même doit assumer d’être le moteur d’une majorité alternative et non pas un aiguillon du Parti socialiste. » Ou encore : « Osons prendre les problèmes à bras-le-corps en continuant de populariser les principaux piliers du programme l’Humain d’abord. » Et de citer : « Une constituante pour la VIe République, le partage des richesses, le refus de la désindustrialisation y compris avec le protectionnisme social ou écologique… » Le PG entend cependant retravailler son propre programme au-delà du « compromis » que constitue celui du Front de gauche.

Passer devant le PS

Quant aux échéances électorales, « nous estimons que les municipales et les européennes de 2014 doivent nous permettre de passer devant le PS pour inverser le rapport de forces et montrer qu’il existe d’autres possibilités pour gouverner », explique encore le secrétaire national. Une « autonomie politique » qui devrait susciter le débat au Front de gauche, le PCF affichant, lui, l’ambition d’un « large rassemblement » aux municipales, sans exclusive préalable.

L’écosocialisme en région. Si le manifeste des assises de l’écosocialisme, organisées par le Parti de gauche début décembre et ouvertes à d’autres forces politiques, devrait être adopté par ses instances à l’occasion de son congrès en mars à Bordeaux, le PG ne compte pas en rester là. Sont annoncées la tenue en 2013 d’au moins une dizaine d’assises régionales conclues par un nouveau rendez-vous national à l’automne prochain et la mise en place d’un conseil d’orientation de l’éco-socialisme ouvert à des personnalités et d’autres organisations. « Nous comptons donner une dimension d’ampleur à l’écosocialisme à l’échelle nationale comme internationale », explique le secrétaire national, Éric Coquerel.
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Re: Parti de Gauche

Messagede Nico37 » 04 Jan 2013, 01:25

L'OPA rouge-verte de Jean-Luc Mélenchon THOMAS VAMPOUILLE 21/12

La nouvelle ligne du Parti de gauche prend sa source dans la gauche altermondialiste pour tenter de rallier une partie des écologistes.
Jean-Luc Mélenchon creuse la veine écosociale de la gauche.

Une alliance rouge-verte pour remplacer la coalition rose-verte au pouvoir depuis juin. Telle est l'ambition déclarée de Jean-Luc Mélenchon qui lance ce mois-ci les Assises pour l'écosocialisme et fait paraître La règle verte, un recueil de ses discours sur l'écologie

"Je crois que la France peut être la première nation écologique du monde", écrit le président du Parti de gauche. "La question que je considère comme la plus brûlante, poursuit-il, c'est [celle] de la transition du modèle énergétique." Et de se prononcer, pour commencer, en faveur d'une sortie du nucléaire. Autant de propos qu'on croirait tout droit sortis d'un manifeste d'Europe Écologie-Les Verts (EELV). Mais si Jean-Luc Mélenchon reconnaît que l'écologie politique a ouvert la voie qu'il emprunte désormais, les fondements de l'écosocialisme ne sont pas à chercher de ce côté-là. La ligne verte que le candidat du Front de gauche a commencé de tracer durant sa campagne pour la présidentielle trouve son origine dans une relecture de Marx. "La dialectique de la nature et des relations des êtres humains à leur écosystème est très présente dans le marxisme initial", rappelle-t-il.

"Ripolinage" (NPA)

"L'idée d'un socialisme écologique - ou d'une écologie socialiste - ne commence vraiment à se développer qu'à partir des années 1970", écrit Michael Löwy dans Écosocialisme, référence française en la matière. C'est le fruit d'une aspiration à faire rencontrer la critique du capitalisme et celle du productivisme. Décliné par différents penseurs de l'altermondialisme, de Guy Debord à André Gorz, en passant par Serge Latouche et Jacques Ellul, l'écosocialisme ne prend son nom qu'au tournant des années 2000.

"Bienvenue au club, Jean-Luc !" lance aujourd'hui Christine Poupin, porte-parole du NPA, en relevant que le Parti de gauche "valide" les thèses de son parti, qui manie le concept d'écosocialisme depuis sa création : "Cette double critique fait partie de nos gènes." Le problème, souligne-t-elle, c'est qu'au sein du Front de gauche Jean-Luc Mélenchon est allié aux communistes qui, eux, "n'ont pas renoncé à leur foi dans le progrès technique". Une foi historique, qui a notamment porté le PCF à participer à la création, aux côtés du général de Gaulle dans l'après-guerre, de la filière nucléaire. Une filière que soutiennent toujours les communistes. "Tant que le Front de gauche n'aura pas résolu cette contradiction, pointe Christine Poupin, l'écosocialisme risque de rester pour eux un ripolinage en vert."

Référendum

Le Front de gauche est-il soluble dans l'écosocialisme ? "Le désaccord sur le nucléaire n'est pas nouveau, il est acté depuis le début de l'alliance", précise Hervé Bramy, chargé des questions environnementales au PCF, qui ne veut pas croire à une scission du Front sur ce point. Pour tenter de le transcender, les deux alliés prônent ensemble un débat public sanctionné par un référendum. "Il va tout de même bien falloir qu'ils éclaircissent leurs positions sur ce sujet, comme sur celui de Notre-Dame-des-Landes", insiste Jean-Philippe Magnen, porte-parole d'EELV. "En attendant, nous, nous avons fait le choix de gouverner, de mettre en oeuvre concrètement la transformation sociale et écologique."

Faisant fi des oiseaux de mauvais augure, le Parti de gauche organisera des forums sur l'écosocialisme jusqu'à la fin du premier trimestre 2013, avec l'idée d'aboutir à un manifeste qui servira de texte de référence au jeune parti - et de programme pour les élections de 2014. À ce moment-là, EELV aura à son actif deux années de coalition avec les socialistes. Les militants écologistes pourront juger si leur stratégie a été la bonne ou s'il faut en changer. Jean-Luc Mélenchon parie sur leur échec.
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Re: Parti de Gauche

Messagede Nico37 » 06 Jan 2013, 20:20

Il jouait du violon debout 02/01, François Delapierre

Il a fait son discours debout ! Cette nouveauté fulgurante, relevée le soir même par les commentateurs experts en posture politique, constitue le principal changement du discours de vœux de François Hollande. Il se trouve même qu’elle fut la seule.

La « crise qui passera grâce aux efforts de tous », l’insubmersible taxe sur les transactions financières « pour l’année prochaine », l’hommage creux au « talent de nos entrepreneurs », financier vautour et esclave de la sous-traitance dans le même sac, tout ceci gâtait déjà les précédents millésimes. Nous avons même dû subir en 2012 une dose de bobards identique à celle dont nous accablait déjà Sarkozy. Malgré les fêtes, les citoyens ne sont pas retombés en enfance ! Pourtant Hollande n’a pas hésité à prétendre que le capital serait désormais taxé comme le travail, ce qui est faux, ce dernier échappant notamment à la fameuse taxation provisoire à 75%. Il a fanfaronné que l’Union Européenne s’était dotée des instruments de stabilité et de croissance qui lui manquaient, « un résultat qui semblait il y a six mois hors de portée » alors qu’il s’est contenté de confirmer la signature de Sarkozy sur les dispositifs négociés par ce dernier. Il s’est même permis de prétendre que la nouvelle loi bancaire nous préserverait de la spéculation dès 2013 ! Et les banquiers n’y trouvent pourtant rien à redire ! Faut-il vraiment qu’il nous prenne pour des imbéciles ?

Il faut dire que François Hollande ne pouvait guère parler de la hausse du SMIC entrée en vigueur dès le lendemain. À 2,50 centimes de l’heure, cela aurait fait pingre à l’heure d’entamer le réveillon. De plus, le gouvernement n’est pour rien dans cette augmentation limitée à la progression automatique imposée par la loi. Quant aux victimes de cette « crise » par laquelle le « président du changement » a ouvert son discours, il les a charitablement cités au milieu d’une curieuse énumération, « les plus fragiles, les malades, les personnes isolées, celles en situation de handicap ou qui connaissent la précarité ou la solitude ». Vibrez violons ! Pour eux, il a eu des pensées à défaut de mesures. Eh oui, la caisse du Père Noël est vide. Gallois et le Medef l’ont dévalisée. L’Europe austéritaire veille à ce que les cadeaux aillent toujours aux mêmes. Pour le peuple, à part l’austérité, il ne reste donc que les vœux. En espérant que la grâce suive la pénitence.

2013 commence donc comme 2012. Avec néanmoins une différence de taille. Rien ne change, certes. Mais le peuple vient de voter pour le changement. Cela change tout ! Car du coup les rites les plus assurés perdent leur sens. Le moment censément rassembleur des vœux est vécu par une part croissance de la population comme une insulte à son intelligence et une négation de sa souveraineté. À quoi servent ces présidents interchangeables ? S’ils disent tous la même chose, qu’ils s’en aillent tous ! Sous le couvercle, la marmite monte de quelques degrés. François Hollande y a fait écho d’une certaine mesure en annonçant qu’il maintiendrait son cap contre « vents et marées ». Derrière le violon, le capitaine de pédalo entend déjà tumulte et fracas en 2013. Il a raison. Le peuple risque de ne pas se contenter de changement de posture. Son problème n’est pas les apparences. Souris François, l’année prochaine tu ne seras pas obligé de faire tes vœux à plat ventre.
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Messagede Nico37 » 08 Jan 2013, 01:18

Le Parti de Gauche de Saône et Loire présente ses vœux pour cette nouvelle année 2013 à tous et toutes et particulièrement à ceux et celles qui souffrent dans leurs conditions de vie détériorées par la mondialisation et le monde de la finance, sous quelque forme que ce soit.

Un petit retour sur cette année 2012 qui a démontré que le Parti de Gauche pouvait être une alternative aux politiques libérales du président sortant Nicolas Sarkosy, et malheureusement en grande partie reprises par son successeur à l’Élysée François Hollande.

Le Parti de Gauche 71 a durant ces 2 campagnes électorales fait preuve d'une dynamique exceptionnelle en insufflant une énergie festive, en s'impliquant joyeusement dans les mouvements nationaux (la reprise de la Bastille, le déplacement sur la plage du Prado à Marseille etc,), et locaux (participation et organisation des meetings dans le cadre du Front de Gauche, participations aux collectifs locaux ) et en allant à la rencontre des habitant-e-s de notre département et des salarié-e-s dans les entreprises.

Notre détermination politique ne diminue pas après ces échéances électorales. Cette année 2013 ne connaîtra pas d'élections, nous aurons donc tout notre temps pour accompagner les salarié-e-s en lutte (les femmes de Sodimédical, les salarié-e-s de Florange, de Sanofi, de Thalès, les Fralib et plus près de nous les « Doux », les « Eon », les Schneider Electric et tous celles et ceux qui craignent pour leur emploi, ou la dégradation de leurs conditions de travail, mais également les oubliè-e-s de notre société. Tous ceux et celles qui vont pâtir des choix de l'actuel gouvernement qui cède facilement aux Pigeons ou à Mittal, qui faire sourire le Médéf et pleurer les syndicalistes ! Ce gouvernement Ayrault qui fait des cadeaux de 20 milliards d’euros aux grandes entreprises et dans le même temps augmente la TVA.

Pour 2013 le Parti de Gauche vous propose de lutter ensemble contre les mesures d’austérité et pour la relance de l’activité. Ce sera le fil rouge d’une campagne nationale populaire, lancée par un grand meeting à Metz le 23 janvier à quelques kilomètres de l’usine de Florange. Avec tous les militants du Front de Gauche, nous vous proposons de participer activement à cette campagne de terrain. Nous souhaitons que cette année soit celle d'une prise de conscience de tous et toutes, car oui les mauvais jours peuvent finir, il peut revenir le temps des cerises et des jours heureux, il nous faut avoir confiance en nous et en notre pouvoir d'imposer le changement ! A nous de faire la révolution citoyenne et écologique, de faire appliquer les propositions du programme du Front de Gauche : l'humain d'abord ! Et n'oubliez pas : on ne lâche rien !

Belle année de luttes à tous et toutes.

Patricia Baci secrétaire du Parti de Gauche
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Re: Parti de Gauche

Messagede Nico37 » 09 Jan 2013, 01:37

Rétro politique 2012 : le jour où Mélenchon a pris une douche électorale Tugdual Denis, 27/12

En cette fin 2012, L'Express, et ses journalistes, vous font revivre 7 jours déterminants dans l'année politique écoulée. Aujourd'hui, le 10 juin 2012. A Hénin-Beaumont, Jean-Luc Mélenchon a été éliminé dès le premier tour des élections législatives. Le début d'une longue descente politique?

Le 10 juin 2012, L'Express n'était pas à Hénin-Beaumont pour couvrir la défaite de Jean-Luc Mélenchon aux élections législatives. Quatorze jours plus tôt, l'ex candidat à l'élection présidentielle avait ordonné de cesser de le suivre, qualifiant au passage l'hebdomadaire de "journal fasciste". Tension puis dépression: le Mélenchon de l'estrade du Nord-Pas-de-Calais n'a plus rien à voir avec l'orateur de la tribune de Marseille, lors d'un mémorable meeting tenu en bord de mer le 14 avril.

Lui qui a soigné sa com' pendant toute la campagne présidentielle la bazarde totalement le jour des résultats du premier tour des élections législatives. Pour annoncer qu'il ne sera même pas présent au second tour, il se pose devant un supermarché de hard-discount, lit son petit papier pour prononcer son petit texte, et parle dans un micro mal réglé qui renvoie des larsens.

Le Mélenchon de l'estrade du Nord-Pas-de-Calais n'a plus rien à voir avec l'orateur de la tribune de Marseille

Mélenchon le drogué de la politique est en pleine descente. Il évoque son "bonheur" d'avoir mené. campagne au côté de son "camarade" Hervé Poly, le communiste local qui faisait office de suppléant? C'est fait avec autant de conviction qu'un végétarien qui vanterait les mérites du bifteck.

Que sont-ils devenus?

Il a ensuite été question que cette élection se rejoue: Marine Le Pen avait déposé un recours devant le Conseil constitutionnel. Dans le cas où les Sages accèderaient à cette demande, Poly le communiste avait lancé un appel à une candidature unique de la gauche. Qui n'aurait pas pu être incarnée par Jean-Luc Mélenchon.

Les deux anciens "camarades" se sont revus une fois, sur un marché de la circonscription il y a deux mois et demi. Ils ne s'appellent presque pas. "Les rapports se sont tendus", selon le suppléant communiste. Mélenchon a demandé en décembre aux deux élus de son parti, le PG, de quitter le groupe Front de gauche à la région Nord-Pas-de-Calais. Le Front de gauche, c'est l'alliance du PC et du PG. "Faire ça à nous qui l'avons accueilli, je trouve ça déloyal", dit aujourd'hui Poly. Un "nous" pas anodin: "La présidente du groupe que les deux élus PG ont quitté, c'est ma femme", explique Poly.

Le 7 décembre, le Conseil constitutionnel a rejeté la requête de Marine Le Pen. Pas de deuxième round. Pas de nouveau carnage. Pour autant, la présidente du FN n'a jamais cru en la disparition de Jean-Luc Mélenchon. "Bien sûr qu'il n'est pas mort!" balayait-elle, un midi d'octobre, avant d'avaler son poisson.
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Re: Parti de Gauche

Messagede Nico37 » 10 Jan 2013, 01:27

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Re: Parti de Gauche

Messagede Nico37 » 12 Jan 2013, 00:36

TOUT VA TRES BIEN MADAME LA MARQUISE

Il se passe de drôles de choses au Front de Gauche.

On aimerait savoir plus sur ce qui ressemble beaucoup à une recomposition à gauche : pas la peine de chercher un commentaire dans le blog de Mélenchon, dans celui de Martine Billard, ou sur le site du Parti de Gauche. C’est motus et bouche cousue. Comme ce fut le cas lors de la constitution des groupes au Conseil régional d’Ile de France, où l’on a connu une situation analogue. Pour ceux qui ne le sauraient pas, il y a au Conseil régional Ile-de-France deux groupes "Front de gauche" [1]. Un groupe "Front de Gauche - Parti communiste et gauche unitaire" et l’autre "Front de Gauche et alternatifs" [2] sans qu’aucune explication politique n’ait été donnée à ce jour. Et maintenant, cela recommence en région Nord-Pas-de-Calais avec, circonstance aggravante, la constitution d’un groupe commun avec des socialistes, certes démissionnaires de leur parti, mais très bien insérés dans la "cosa nostra" nordiste. A part ça, tout le monde s’adore au Front de Gauche et personne n’oserait - quelle horreur ! - mettre des basses considérations de carrière devant le bien commun.

Tout ça n’arrive pas par hasard. Le Front de Gauche est un bateau de cabotage, pas un navire capable de faire le tour du monde. Il a été constitué en réponse à une préoccupation - ou plutôt à plusieurs préoccupations - électorales.. A entendre les dirigeants du PCF tout va très bien. Le Front de Gauche est un succès. Tout se passe bien avec les alliés. Les nouveaux adhérents se précipitent pour prendre leur carte. Le PGE est l’avenir de l’homme, et on va bientôt "allumer les étoiles". Une autocritique ? Un retour sur ce qui n’a pas marché en 2012 ? Vous n’y pensez pas...

Ce n’est guère mieux au PG. L’échec relatif de la présidentielle n’a pas permis à Mélenchon de se positionner en leader incontesté et donc de pouvoir faire une OPA sur ses alliés. Sa conduite - désastreuse - de la campagne législative l’a encore affaibli. Et il se trouve maintenant dans la situation peu enviable du général qui, après avoir tenté un assaut et avoir été repoussé, doit entamer un siège long alors que son armée a été dimensionnée pour la guerre de mouvement. Le problème de Mélenchon est celui du cycliste : s’il s’arrête, il tombe. Pour garder une présence sur la scène médiatique, il est obligé donc de tenir un discours qui mélange la surenchère permanente, l’agression, la dénonciation. Un discours qui commence à fatiguer tout le monde, y compris ses propres amis.

Car le PG, malgré les communiqués triomphalistes et les chiffrages fantaisistes, a lui aussi un problème d’effectifs. Sans compter qu’il continue à perdre un à un ses dirigeants, et pas les moindres. On se souvient de la démission de l’économiste Christophe Ramaux, qui avait dénoncé le fonctionnement dictatorial du PG et l’incapacité de son Petit Timonier à écouter un autre discours que le sien. On se souvient aussi du départ de Claude Debons, pour des raisons analogues. Aujourd’hui, c’est Marc Dolez, le co-fondateur du Parti, qui part. Il n’est pas inutile de se pencher sur la manière dont ces départs ont été à chaque fois gérés. La chorégraphie est immuable : d’abord, le silence officiel, car on ne fera pas au partant l’honneur de faire comme s’il existait. Le Petit Timonier ne s’abaissera pas à un débat public avec le traître : on laissera les porte-flingue (Billard, Coquerel...) s’en occuper. Il y aura même des cas où le Dirigeant Suprême déclarera avec tristesse que "X reste un camarade" tout en laissant ses thuriféraires se déchaîner [4]. Et puis... rien. On continuera comme d’habitude.

Car c’est cela qui est le plus inquiétant chez Mélenchon et ceux qui l’entourent : ils sont incapables de tirer des leçons de leurs erreurs. Ils sont d’ailleurs tellement persuadés de l’infaillibilité de leur Chef qu’il ré-interprètent les erreurs pour en faire des triomphes. Et ceux qui le critiquent ne peuvent être que des traîtres mus par les motifs les plus bas et les intentions les plus méprisables.

Le Front de Gauche semble incapable du moindre retour critique sur son propre parcours. Lorsqu’on se réunit, c’est pour s’émerveiller ensemble que tout aille si bien. Lorsque quelqu’un exprime une critique, il est immédiatement rangé parmi les "ringards", les "passéistes" quand ce n’est pas parmi les traîtres. C’est cette fermeture qui, plus qu’autre chose, fait du Front de Gauche une organisation gauchiste.
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Re: Parti de Gauche

Messagede Nico37 » 13 Jan 2013, 14:55

Le Front de Gauche appelle à manifester massivement les 19 et 27 janvier 2013 en faveur du droit au mariage et à l’adoption pour toutes et tous et du recours à la PMA pour les couples de femmes.

Ce dimanche 13 janvier, une nouvelle manifestation est prévue par les mouvements politiques et sociaux opposés au mariage, à l’adoption, à la filiation et à la PMA pour tou-te-s. Depuis plusieurs mois, ces secteurs, enhardis par la frilosité du gouvernement et de la majorité parlementaire, mènent une importante offensive idéologique pour empêcher l’avancée politique et sociale majeure que représente l’adoption d’une telle loi.

Les débats sur la « loi ouvrant le mariage aux couples de même sexe » offrent en effet l’occasion historique de supprimer les inégalités en droits qui légitiment les discriminations envers les personnes LGBT. C’est l’honneur et la responsabilité de toute la gauche non seulement d’assumer fièrement les valeurs égalitaires et progressistes inhérentes à ce combat mais aussi de mener bataille pour faire avancer toute la société dans cette voie. Telle est en tous les cas la position que nous défendons au Front de gauche. Comme l’affirme notre programme partagé L’Humain d’abord : « Nous adopterons une loi pour l’égalité qui éradiquera toute discrimination. Les droits du PACS seront renforcés. Le droit au mariage et à l’adoption sera reconnu aux couples homosexuels. Les femmes lesbiennes auront accès à la procréation médicalement assistée. » C’est le sens et le contenu de la proposition de loi N°119 déposée notamment par Marie-George Buffet « tendant à lever les discriminations reposant sur le sexe, le genre et l’orientation sexuelle en matière de filiation ».

Nous défendons le droit au mariage pour toutes et tous par conviction raisonnée que la liberté de choix est essentielle à chacune et chacun, et que l’égalité devant la loi, comme norme de la société, est porteuse d’un message sans équivoque qui délégitime les discriminations.

Nous défendons le droit à l’adoption parce que nous pensons que les personnes LGBT ne forment pas de moins bons parents que les autres et qu’ils ont autant d’amour à transmettre à des enfants.

Nous défendons aussi l’intégration du droit à la procréation médicalement assistée pour les femmes lesbiennes car, une fois évacuée la conception qui assigne une valeur inférieure à celles et ceux qui s’écartent d’une soi-disant norme hétérosexuelle, le cœur du débat est la filiation fondée sur l’engagement parental. Les lois de bioéthique ont consacré la valeur de l’engagement du compagnon stérile lors d’une PMA avec don de sperme : le compagnon de la mère a accès aux mêmes facilités pour faire reconnaitre sa filiation qu’un père biologique. Cette vérité selon laquelle ce sont l’amour et l’engagement parental qui fondent la filiation doit nécessairement s’appliquer pour les couples de femmes lesbiens. Dans un couple de femmes, aussi bien la parturiente que celle qui l’accompagne sont mères toutes deux. Par ailleurs, une femme seule recourant à la PMA a un projet parental tout aussi cohérent qu’une personne seule qui adopte.

C’est pourquoi, le Front de Gauche exige du gouvernement qu’il s’engage fermement et publiquement sur ces trois revendications légitimes et demande à la majorité parlementaire de les voter.

Dans le même temps, le Front de Gauche regrette la gestion calamiteuse de ce dossier par le gouvernement et ses continuelles hésitations, retours en arrière qui ont aboutit à affaiblir le soutien populaire largement majoritaire il y a encore quelques mois à cette loi. S’ajoutent à ces revirements le fait que le Gouvernement, en plein débat sur l’égalité des droits, a annoncé son renoncement à lever l’interdiction systématique du don du sang pour tout homme ayant des rapports sexuels avec des hommes, qui était un autre engagement de campagne de François Hollande ainsi que de toute la gauche.

Après la manifestation pour l’Egalité du 16 décembre à Paris, le Front de Gauche sera de nouveau présent sur les prochaines mobilisations début 2013, afin de réclamer une grande loi d’égalité et non une loi « à minima »: le 19 janvier sur les mobilisations décentralisées partout en France et le 27 janvier lors de la grande manifestation nationale à Paris.
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Re: Parti de Gauche

Messagede Nico37 » 14 Jan 2013, 21:48

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Re: Parti de Gauche

Messagede Nico37 » 16 Jan 2013, 01:49

FACE AU GOUVERNEMENT, OÙ VA LE FRONT DE GAUCHE ? Revue Tout est à nous ! 38 (décembre 2012)

Le Front de Gauche et notamment le PCF ont décidé d’adopter, face au gouvernement Ayrault, une attitude critique mais constructive. Une position ambiguë, source de tiraillements internes, qui vise à préserver les intérêts des élus locaux mais réduit d’autant la capacité de cette gauche antilibérale à s’opposer frontalement à la politique d’austérité menée par le PS.

Le Front de gauche a remporté d’indéniables succès au printemps dernier. Des dizaines de milliers de personnes ont afflué à ses meetings de la présidentielle. Il a accru son influence dans les milieux syndicaux. Il continue semble-t-il d’enregistrer des adhésions nouvelles, notamment le PCF. Celui-ci se vante ainsi d’avoir accueilli quelques milliers de nouveaux membres depuis la présidentielle et de compter aujourd’hui 80 000 militants, dont 8 000 élus, ce dernier chiffre ayant le mérite d’être fiable. Mais qu’est-ce que le Front de gauche compte faire de ces avancées ?

Avec ou contre le pouvoir socialiste ?

Il n’a pas rejoint le gouvernement. Heureusement. Il a préféré opter pour l’attitude adoptée par le PCF en 1984-1986 puis en 1988-1993, en évitant la participation gouvernementale suicidaire de l’époque Jospin (1997-2002). Mais il n’a pas choisi pour autant d’être dans l’opposition !

Lors des législatives, la musique parfois radicale des discours tenus par Mélenchon lors des présidentielles s’est effacée, laissant la place à la rengaine traditionnelle des notables de la « vraie gauche »… qui ne veulent pas casser la baraque ! C’était le produit d’un deal. A Mélenchon, le tribun tonitruant dénonçant en abondance « Hollandréou » alias « le capitaine de pédalo », la candidature à la présidentielle. Au PCF, le quasi-monopole des candidatures dans des circonscriptions gagnables. Les candidats du Front de gauche – pour l’essentiel des élus locaux PG et PCF associés à des exécutifs municipaux, départementaux, régionaux à dominante socialiste – proposaient alors de « faire réussir la gauche », de « colorer » la nouvelle majorité parlementaire, pour « gauchir » les décisions du nouveau pouvoir. Un pied dedans, un pied dehors… Ce qui imposait de mettre une sourdine aux dénonciations de la politique socialiste.

Le PCF détient aujourd’hui l’essentiel des sièges de députés et de sénateurs du Front de gauche et la présidence des groupes du Sénat et de l’Assemblée nationale. Sur les questions parlementaires, c’est donc lui qui donne le ton. Or, si Mélenchon prônait en juin le « ni-ni », « ni dans la majorité ni dans l’opposition », le PCF se veut semble-t-il encore plus conciliant avec les socialistes, sans d’ailleurs s’attirer les foudres de ses alliés.

Il y a pourtant déjà un bilan du gouvernement Ayrault-Hollande : l’austérité menée est d’une brutalité inouïe. L’Humanité informe d’ailleurs fort bien de cela. En septembre, le Front de gauche a mis le paquet à la rentrée sur la mobilisation contre le traité d’austérité européen, reprochant à juste titre à Hollande de se rallier à la politique de Merkozy. Mais dans l’ambiguïté. Pour Mélenchon, la manifestation du 30 septembre n’était pas pour autant une manifestation « contre le gouvernement ».

Le vote du budget comme épreuve de vérité

Or, traité ou pas, l’austérité se concrétise par un budget, l’augmentation des impôts pour les classes populaires, des attaques contre les services publics et la Sécurité sociale. A l’Assemblée nationale, les députés Front de gauche ont voté le collectif budgétaire en juillet. Mais en octobre, ils ont voté contre la partie dépenses du budget 2013, qui s’inscrivait dans la logique du traité d’austérité européen, et contre le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), puis contre la loi Brottes sur l’énergie qui va augmenter la facture des plus pauvres. En revanche, ils se sont abstenus sur le volet recettes du budget de l’Etat, car ils y voyaient des « avancées ».

Suite à ces votes négatifs, le Front de Gauche a été accusé par le PS de pactiser avec la droite. La réponse de la présidente du groupe Front de gauche au Sénat, Eliane Assasi, dans L’Humanité du 2 novembre, a été lourde de sens : « Le gouvernement veut nous présenter dans une posture d’opposition, ce qui n’est pas du tout le cas. Nous sommes dans la majorité parlementaire, pas dans l’opposition. (…) Je demande qu’on nous entende, que les élus communistes, qui ne sont pas dans l’opposition mais dans la majorité, soient entendus. » Le PCF serait donc dans la « majorité parlementaire » sans être dans la « majorité gouvernementale » ?

En novembre, les socialistes ont encore accéléré leur politique d’austérité, avec le « pacte de compétitivité ». Au pied du mur, les sénateurs Front de gauche ont eux aussi logiquement voté contre la partie dépenses du budget. Mais les communistes ont encore tenu à dire qu’ils voulaient être de la « majorité parlementaire ». Pierre Laurent et les présidents (communistes) des groupes Front de gauche du Sénat et de l’Assemblée nationale ont été reçus le 8 novembre par Ayrault. Ils lui ont répété qu’avec eux le Sénat ne serait pas une simple chambre d’enregistrement, qu’ils continueraient de défendre leurs positions, mais qu’ils tenaient à être associés au travail d’élaboration des lois en amont… Pierre Laurent s’est félicité du « rétablissement du dialogue nécessaire ».

L’axe central des législatives est ainsi maintenu : dénoncer le renoncement du parti socialiste à mener « une politique de gauche », tout en faisant croire que les élus du Front de gauche, par une attitude « constructive », pourraient « infléchir à gauche » la politique socialiste. Alors qu’elle prolonge ouvertement le sarkozysme ! Le Front de gauche renonce ainsi à la dénoncer radicalement et à faire vivre une volonté de résistance contre le gouvernement, sur sa gauche.

Ces contorsions visent à défendre les intérêts très concrets des appareils du PG et du PCF. Leurs milliers d’élus travaillent quotidiennement avec les socialistes, gèrent avec eux des exécutifs dans tout le pays, se font élire partout avec eux à la tête des villes, départements et régions, sur des listes communes de premier ou de second tour. Alors la plupart souhaitent ne pas trop « décrocher » des socialistes…

L’exercice hypocrite et démobilisateur auquel se livre le Front de gauche pourrait cependant vite s’avérer intenable, se transformant en grand écart, entre la collaboration avec les socialistes et l’opposition à l’austérité, entre les notables accros à « l’union de la gauche » et les militants qui veulent se battre.

Mélenchon, le rebelle ?

Alors le grand homme du PG s’inquiète, dans un billet récent de son blog, intitulé « Un novembre Moch » : « J’écris ces lignes depuis mon séjour de repos, à la campagne (…). Je crois que j’ai raté le meilleur de l’automne. Le ciel est bas, la lumière est pauvre, le ciel se dégorge sans grâce. » Un novembre « Moch » parce que les socialistes semblent prendre pour héros le ministre socialiste de l’intérieur de l’après-guerre, Jules Moch, qui fit écraser des grèves ouvrières ! Loin donc de reprendre les formules complaisantes des sénateurs communistes à l’égard du gouvernement Ayrault, Mélenchon affirme : « La social-démocratie est un astre mort. »

Quel destin alors pour la nouvelle étoile, le Front de gauche ? Le leader du PG se veut confiant : « La hantise que le Front de Gauche représente a été bien résumée dans un article du Monde rapportant une remarque de François Hollande selon laquelle la nouveauté de la situation à gauche vient du fait que le Front de Gauche “cherche davantage à être une alternative qu’un aiguillon de la majorité socialiste”. Le but est donc de diviser cette nouvelle force. Comment ? En isolant les “méchants PG” des “gentils PC” avec qui on peut parler. Peine perdue. »

Il propose donc l’affrontement avec les socialistes, pour devenir cette alternative visible : « Avec ce budget, un cercle vicieux infernal va être amorcé qui va enchaîner récession, endettement croissant et chômage aggravé. Selon moi, on ne peut absolument pas laisser passer sans réagir avec une extrême fermeté. Il faut voter contre, résolument. Il s’agit de cette façon de poser un acte politique qui ait un sens clair et compréhensible par tous. » Voilà qui pourrait sonner comme un désaveu pour les votes ambigus des camarades communistes… Mélenchon signale d’ailleurs à juste titre que cette ambiguïté n’est pas compatible avec la solidarité avec les luttes : « Car ce budget va déclencher des luttes et des protestations sociales en chaînes dans tous les secteurs de la société. Nous nous préparons à être solidaires des luttes et non pas du budget qui les aura déclenchées. Pas question d’être pris en otage d’un vote qui liera tous ceux qui ne s’y seront pas opposés. »

Mélenchon rappelle donc ses ambitions : « Voter contre le budget a un sens politique clair : (…) nous sommes capables de gouverner autrement le pays à gauche. Nous ne sommes pas l’aiguillon de l’actuel gouvernement. Nous sommes sa relève. » Reste à savoir avec quel programme exactement, là est aussi la question…

Laurent, le constructif ?

Une envolée lyrique qui n’a apparemment pas convaincu le secrétaire national du PCF ! Pierre Laurent, dans une interview publiée dans le Journal du Dimanche du 3 novembre, se plaint certes du gouvernement : « Il n’est pas à la hauteur. » Mais il tient à se montrer « constructif ». A la question « êtes-vous dans l’opposition au gouvernement ? », il répond : « Nous ne sommes pas une opposition de gauche. Nous sommes une force de construction. Quand les mesures proposées vont dans le bon sens, nous les votons comme nous l’avons fait pour le renforcement de la loi SRU ou pour la fin du bouclier fiscal. Mais nous refusons ce qui nous paraît contraire à l’opinion populaire. » On pourrait presque croire que la balance est égale entre le bon et le mauvais dans les « réformes » du gouvernement !

Face à la question du « bilan à tirer du gouvernement » – qu’il ne peut quand même pas juger « globalement positif » –, Pierre Laurent esquive : « La question du bilan ne m’intéresse pas beaucoup. Ce qui compte c’est le cap. Est-ce que le cap du gouvernement permet d’affronter la crise ? Non, pour le moment ce cap n’est pas le bon. Nous demandons qu’il soit corrigé. » En revanche, à la question « êtes-vous, comme le pense Jean-Luc Mélenchon, un recours à un éventuel échec de cette majorité ? », sa réponse se fait lapidaire : « L’heure n’est pas à faire des paris sur l’avenir. Je ne souhaite pas un échec de la gauche, qui servirait à l’évidence la droite de Copé et Fillon. » Bing sur la tête de l’ancien candidat commun !

A chacun sa priorité

Ce tiraillement au sein du Front de gauche est manifestement lié à une divergence de préoccupations. Le PCF a pour priorité la sauvegarde des ses positions institutionnelles, liées à « l’union de la gauche », alors que Mélenchon joue une carte plus personnelle, attendant que le peuple vienne le chercher en ultime recours… Un jour… Par les urnes… Sauf qu’il y a une urgence : résister à l’austérité concrètement, afin que des millions de gens puissent redresser la tête, avoir l’occasion de riposter, créer un nouveau rapport de forces.

Pour l’instant ni le PG ni le PCF n’invitent réellement les militants et sympathisants du Front de gauche à tenter de rendre cela possible. La lutte des classes, Mélenchon, en accord avec toute la direction du PG comme celle du PCF, en fait le domaine réservé des organisations syndicales. Comme il le disait au moment des grèves contre la réforme des retraites de l’automne 2010 : « Ma politique, c’est suivre les syndicats, suivre les syndicats, suivre les syndicats. » Or les directions des principales confédérations ont opté pour le « dialogue social » et la coopération avec Hollande. Contre la volonté de nombre de militants et de sections syndicales, elles n’impulsent pas, elles verrouillent. C’est bien pour cela que le NPA propose de s’opposer ensemble, clairement, à la politique de Hollande, et de préparer la riposte nécessaire.



[Encadré 1]

En 2014, les municipales…

Dans son blog, Jean-Luc Mélenchon fait lui-même le lien entre les hésitations politiques de son camp et les élections municipales à venir : « Avec en toile de fond les prochaines municipales, les chefs socialistes font la tournée des oreilles qui peuvent entendre. Douce musique. A condition d’être bien sages, il y aurait des récompenses en 2014. Selon moi c’est peine perdue. D’abord parce qu’en 2014, il n’est pas sûr du tout que les socialistes soient une fréquentation si populaire que ça. (…) Ensuite parce que tout le monde sait que les socialistes ne tiennent aucune parole ni aucun accord, comme l’exemple leur en vient de haut. Ils ne connaissent que les rapports de force. Bien fou donc qui se fie à leurs caresses et promesses un an et demi avant l’heure. Le plus sage est de refuser la petite musique municipale et de s’en tenir à ce budget pour ce qu’il est : la plus grande restriction de finance publique depuis le milieu du siècle dernier. »

Que penser alors de l’attitude des élus du Front de gauche à Paris ? Ils ont bien dénoncé le renvoi scandaleux de 300 contrats aidés par la Ville de Paris. Les socialistes les ont envoyés dans les cordes au conseil municipal. Mais ils ne comptent pas en faire une campagne publique d’interpellation de la population parisienne… Alors que l’une des grandes revendications du programme du Front de gauche est : « Titularisation des 800 000 précaires de la fonction publique. »

[Encadré 2]

Quelle organisation pour le Front de gauche ?

Pour l’instant, le Front de gauche reste un cartel d’organisations dominé par le PG et plus encore par le PCF. D’où un débat en son sein, animé notamment par des militants des plus petites organisations : permettre une adhésion individuelle au Front de gauche. Cela semble tomber sous le sens… Et pourtant, le PCF bloque. Cela pourrait relativiser son hégémonie, modifier un peu les rapports de forces, accentuer le débat public et militant sur la stratégie… et le rapport avec les socialistes.
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Re: Parti de Gauche

Messagede Nico37 » 17 Jan 2013, 01:08

L’alternative à l’austérité, c’est possible ! Mercredi 16 Janvier 2013

LANCEMENT DE LA CAMPAGNE DU FRONT DE GAUCHE :
L’ALTERNATIVE A L’AUSTERITE C’EST POSSIBLE !

Le Front de Gauche a contribué à la défaite de Nicolas Sarkozy. Il souhaite maintenant une politique qui réponde à la nécessité de sortir notre pays de la crise et qui réponde aux attentes nombreuses en matière d’emploi, de pouvoir d’achat, d’accès à l’éducation, aux soins, à la culture…
Depuis 6 mois, les grands axes de la politique du gouvernement ne répondent pas à ces attentes. François Hollande et le gouvernement ont d’abord fait adopter le traité européen qui impose la restriction continuelle des dépenses publiques et met en place des politiques d’austérité. Ils ont ensuite accordé un cadeau de 20 milliards aux grands patrons alors que notre économie souffre déjà des intérêts somptueux payés aux banques privées et des richesses accaparés par les actionnaires des grandes entreprises. Enfin, s’il ratifiait un accord sur l’emploi initié par le MEDEF il s’engagerait sur une voie qui, si elle devient une loi, va entrainer toujours plus de flexibilité et de nouvelles dégradations du code du travail.

Cette politique social libérale va à l’échec. Toutes les politiques du même type ont échoué en Europe où déjà 8 pays sont en récession. Nous ne voulons pas que la France suive la même voie. De juin 2011 à décembre 2012, les mesures budgétaires prises ou annoncées par le gouvernement représentent 45 milliards soit 2,25% du PIB et les experts les plus mesurés comme ceux de l’OFCE (Office français de la conjoncture économique) prévoient que cela se traduira par une baisse du PIB de 3,6%. Et ces mesures n’incluent pas le nouvel « effort » que va nécessiter le pacte de compétitivité.

Toutes ces orientations sont dans le droit fil des logiques libérales suivies par les gouvernements précédents et c’est pour cela que nos parlementaires ont refusé de voter le budget de ce gouvernement.
Le Front de Gauche s’oppose à cette politique d’austérité du gouvernement Ayrault. Il entend démontrer qu’une autre politique à gauche est possible porteuse d’une alternative globale aux politiques d’austérité. Partout en Europe, des résistances populaires se développent pour imposer une autre logique qui donne la priorité aux besoins sociaux et environnementaux. Nous voulons des politiques qui servent « l’Humain d’abord » et pas les marchés financiers : c’est une autre orientation économique, sociale et écologique dont la France a besoin.

Voilà pourquoi nous lançons une grande campagne : dans toute la France, nous allons faire connaître nos propositions alternatives à l’austérité.
Nous voulons faire entendre qu’une autre logique existe à gauche, que d’autres solutions sont possibles, sont crédibles et applicables par une majorité et un gouvernement décidé à rompre avec le libéralisme et le social libéralisme.
Nous voulons en débattre avec vous, les enrichir de votre propre expérience, agir ensemble pour imposer tout de suite des mesures vitales. Nous pensons que l’implication populaire des travailleurs, des jeunes des chômeurs est la clé pour faire prévaloir l’humain sur la dictature de l’argent.

Nous nous adressons largement au-delà des composantes du Front de Gauche à toutes celles et tous ceux qui, à gauche et dans le mouvement social, souhaitent une politique en rupture avec la financiarisation de la société et le productivisme. Nous voulons agir avec toutes celles et tous ceux qui partagent cet objectif et construire sur cette base un rassemblement majoritaire qui impose une autre politique. Face à l’arrogance du MEDEF, nous voulons faire entendre la voix de celles et ceux qui souffrent de ces politiques d’austérité et démontrer qu’une alternative existe.
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Re: Parti de Gauche

Messagede Nico37 » 18 Jan 2013, 02:02

Mélenchon : EELV s'est trompé d'allié AFP 09/01

Le leader du Front de Gauche, Jean-Luc Mélenchon, estime qu'Europe Écologie/Les Verts se fourvoie dans son alliance avec le gouvernement, dans une interview au quotidien Nice Matin publiée aujourd'hui.

Interrogé sur des écologistes qui se seraient "trompés d'alliés", J.L. Mélenchon répond "Oui je le crois. Mais comme les socialistes ils sont partagés entre deux ailes. Une aile écolo-libérale et une autre écolo-socialiste".

M. Mélenchon estime par ailleurs que c'est en se tournant vers la mer que la France renouera avec la croissance. "50 % de la population vit à moins de 100 kilomètres d’une façade maritime, il y a forcément des installations à développer partout pour le portuaire, l’aquaculture, le démantèlement des navires par exemple. C’est socialement utile et écologiquement responsable", explique-t-il.

Toujours à propos de croissance, Jean-Luc Mélenchon critique la politique menée par François Hollande, affirmant que "le budget du gouvernement est totalement faux, puisque son hypothèse de croissance ne tiendra pas". Une erreur selon lui, qui induira "encore plusieurs milliards d'euros d'économie", preuve pour M. Mélenchon que le gouvernement a "mis le doigt dans l'engrenage des politiques d’austérité".

Le co-président du Parti de gauche avait eu lundi de vifs échanges avec le ministre du budget Jerôme Cahuzac sur un plateau de télévision. "Vous allez à l'échec parce que tout le monde le sait. Vous avez déjà échoué en Grèce, en Espagne, au Portugal et en Italie", avait notamment dit Jean-Luc Mélenchon au ministre.
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Re: Parti de Gauche

Messagede Nico37 » 19 Jan 2013, 19:28

Questions de style & Si le Mali m'était conté

GQ !

Ce soir-là je suis allé au Musée d’Orsay pour la soirée de remise des oscars du magazine GQ. J’y jouais le rôle de « l’homme politique de l’année 2012 ». Pour le style. J’ai créé un style selon cette rédaction. Entre un mathématicien, un grand cuisinier, et ainsi de suite. Ainsi de suite ? C’est-à-dire, vu de ma place à table et dans la salle des « lauréats », il s’agit surtout de Fabrice Luchini, réactionnaire assumé, qui entretient avec moi un rapport du type qui unit la mangouste et le crotale. On devine la mutuelle attraction, l’assaut du jeu des cabotinages, la joute serrée des mots et des références littéraires. Luchini n’aime pas Robespierre à qui il me compare autant par jeu que pour se situer. Ce fut notre sujet. Il me promit des lectures et je fis de même. Il me demanda conseil pour lire sur la Grande Révolution parce que je crois que je la lui ai présentée sous un jour nouveau. J’hésitais. Lui proposer Jaurès, Soboul ou plus directement Hazan me sembla trop anguleux pour lui. Je suggérais Michelet quoique je ne sois pas du même angle que celui-ci, et de très loin. Mais je me suis dit qu’un acteur et un littéraire entrerait plus facilement dans la beauté de ce moment de l’histoire par une évocation fortement teintée de lyrisme comme celle-là. Le tout est de lui mettre l’eau à la bouche, en quelque sorte.

Bien sûr on parla à table du revenu maximum annuel à trois cent mille euros. « avant ou après impôt » me demande Luchini. Je lui explique que la tranche à cent pour cent est inclue dans le barème de l’impôt. Les trois cent mille euros restent acquis ! Peut-être l’ai-je rassuré ! Pourquoi cette somme, comment, et ainsi de suite. Je ne dis pas que j’ai convaincu mais je vois bien que l’idée est alors comprise dans son sens exact : ni une punition ni une aigreur sociale mais un choix de vie en société où il est mis une limite à l’accumulation et aux consommations ostentatoires. A noter : stupeur de la tablée d’apprendre que le revenu maximum fut voté la nuit du 4 aout quand furent abolis les privilèges féodaux. Le maximum à l’époque avait été fixé à 3000 livres de rente. Luchini n’a pas de raison a priori de nous être hostile. Et parmi tous ces gens que je vois là, si certains ne seront jamais de notre bord ni d’aucun appui politique, combien cependant sont venus me dire qu’ils votaient avec nous et comptaient sur nous. Mais oui ! Vous ne le croiriez pas. Moi aussi j’étais scotché. Et je ne parle pas seulement de ceux qui servent à table, ouvrent les portes, qui étaient tous, parfois imprudemment selon moi, chaleureusement heureux des salutations que nous nous fîmes contre l’usage qui fait ignorer les « petites mains » dans ces sortes de soirées. Je parle de quelques-uns des beaux messieurs et belles dames avec qui j’ai passé la soirée et partagé le repas. Quant aux autres, quoi ? Ils sont aussi notre pays. Il importe aussi qu’ils comprennent ce que nous allons faire et pourquoi nous voulons le faire. Surtout s’ils ne veulent pas en entendre parler. Et puis je suis rentré chez moi dans un Paris au froid de loup. Ce matin, au métro vers la gare de l’est où j’allais prendre mon train pour retourner à Strasbourg, un homme dormait par terre dans le hall avec son chien. Les Cendrillons d’hier savaient-ils que tous les carrosses redeviennent des citrouilles après minuit dans ce monde ci ?

Ce matin un sms de victoire. Les camarades m’apprennent que les Pilpa ont gagné au tribunal. Peut-être mes lecteurs se souviennent-ils que je m’étais rendu dans l’entreprise en décembre pour soutenir la lutte, juste avant le meeting à Toulouse contre l’austérité ! Donc voilà : le plan social est rejeté. L’employeur est condamné à payer 2500 euros de frais de justice. Ces Pilpas vont sans doute fêter ça. C’est si dur de tenir en lutte ! Tout tient à la capacité du groupe humain à rester soudé. En tenant compte des contraintes qui pèsent sur chacun, et qui ne sont pas toujours dites, car la pudeur est là aussi. Une victoire c’est comme un matin de printemps : plein de promesses. La cohésion se renforce, on prend confiance en soi. Mais je suppose qu’il faudra aussitôt penser la suite. Car les décisions de justice favorables aux travailleurs sont méprisées par les puissants. Ils comptent sur l’usure et l’angoisse du lendemain qui ronge les salariés. Ce mépris ne leur coute rien car il est rarement sanctionné. Et le nouveau gouvernement n’aide jamais. On se souvient du sort des Sodimédical et de leurs trente deux victoires judiciaires. Et on se souvient du « on ne vous oublie pas » que le président Hollande leur avait lancé quand les salariées étaient venues l’interpeller à la foire de Châlons-sur-Marne. Pour finir, on sait la suite ! Si l’accord avec le MEDEF passe, les courageux qui peuvent bloquer individuellement un « accord d’entreprise » qui diminue les salaires ou allonge la durée du travail seront réduits au silence. D’autant que le texte signé prévoit que les licenciements se feront, non plus sur des critères généraux, par exemple l’ancienneté dans l’entreprise, mais sur une évaluation des compétences professionnelles. Vague à souhait, cette disposition est faites pour pousser chacun à penser d’abord à sauver sa peau en compétition avec les autres. On devine le résultat sur l’action collective ! La lutte des classes…

Ambiance lunaire au parlement européen. Un « débat » impromptu a été décidé sur la situation au Mali. Dans cette enceinte subliminalement anti française et assez névrotiquement anglo-saxonne, la guerre du Mali a pourtant valu à notre pays beaucoup de remerciements. Comment aurait-il pu en être autrement ? Ici phosphore la plus grande concentration de bellicistes de la planète, après le parlement nord américain bien sûr. Certes, Daniel Cohn-Bendit ne put s’empêcher de dire, toute arrogance germanique bien bue, que cette guerre « dépassait peut-être les moyens des Français ». Mais il jeta pourtant le bon pavé dans la mare. En effet il dit son malaise à entendre toutes les belles déclarations guerrières qui se succédaient mais qui, au bout du compte, n’empêchaient pas que sur le terrain seuls les français se trouvaient là. Les autres parlent. Et c’est tout. En effet. Comme ce néant ambulant de baronne Ashton, sommet d’une bureaucratie diplomatique dont elle attendait que la fonction crée l’organe et qui se résume à une coûteuse nullité. Car il y a tout de même deux ans que tous les signaux d’alerte ont été donnés en Europe sur la situation au Mali. Et pas que là ! Les grands esprits et la pauvre baronne en restèrent à la seule chose qui compte à leurs yeux : l’imposition de gré ou de force d’accords commerciaux de libre-échange. Ceux-là même qui disloquent ce qui reste d’Etat après dix années de politique violente d’ajustement structurel sous la houlette du FMI et de la banque mondiale. Un train train libéral tellement aveuglé qu’il continue pendant que l’effondrement de l’état malien en signifie l’insondable cruelle stupidité. Même l’ONU a déclaré que ces accords étaient de nature à mettre en péril l’économie des Etats concernés. Mais quoi ? L’ONU, pour ces gens-là c’est pour faire la guerre avec bonne conscience. Pas pour donner un avis économique. Le jour même où ce ramassis de bavards sans consistance avait achevé leur « débat », arrivait dans les tuyaux du vote un rapport concernant l’approbation de tout le train d’accords avec les pays d’Afrique qui ont cédé aux injonctions européennes. Les récalcitrants sont en cours d’intimidation et sous le coup de diverses menaces, comme celle de se voir fermer le libre accès aux marchés européens ! Une audace protectionniste réservée à quelques-uns donc. Telle est « l’Europe qui nous protège ». Ce matin j’ai appris que l’Europe allait réfléchir aux mesures a prendre pour former l’armée malienne. Scrogneugneu, on va voir ce qu’on va voir ! La baronne peut aller piocher des idées auprès des USA qui ont déjà dépensé des millions de dollars dans cette formation pour ces officiers maliens qui sont maintenant en guerre contre l’armée régulière. Les gringos sont les rantanplans militaires de la planète.

Si le Mali m'était conté

Hollande avait à peine fini de parler quand j’ai écrit mon communiqué a propos de l’intervention au Mali. On devine que j’ai pesé mes mots. On comprend aussi après ce que je viens de raconter ce que sont devenues toutes les nuances de ce que j’ai écrit : une transcription en noir et blanc. Qui n’est pas pour sans condition, sans réserve, sans question, sans mémoire et sans prédiction défavorable est donc contre. C’est-à-dire pour laisser faire. Donc pour la prise de Bamako par les terroristes, pour la charia, les supplices publics et l’asservissement des femmes. A moins qu’étant opposé à tout cela, mais sans me mettre au garde à vous, je sois seulement un inconscient des réalités de notre temps « dans-le-monde-qui-change-et-où-il-faut-defendre-les-frontières-de-la-démocratie-et-des-droits-de-l’homme-et-surtout-ceux-des-femmes » devant chaque pick-up rempli de barbus. Amen !
Ceci étant mis en facteur commun contre tout ce que je vais écrire à présent, voyons ce que j’ai osé dire, dix minutes après que Hollande ait parlé. J’ai affirmé que l’intérêt d’une telle intervention pour régler le problème posé au nord de ce pays était discutable. Puis j’ai ajouté que l’intérêt de mener cette opération alors que les intérêts fondamentaux de la France ne sont pas en cause, selon le président lui-même, est très discutable, à moins de se proclamer Zorro de la planète. D’autant plus discutable qu’il y a des armées africaines très professionnelles dans le secteur. Puis j’ai conclu en notant que le fait de décider cela tout seul sans saisir le gouvernement ni le parlement est condamnable. Ce sera mon plan pour poser ici quelques arguments qui valent la peine de marquer une pause dans la marche au pas des esprits et des commentaires.
La légalité internationale de l’intervention d’abord n’est pas aussi assurée que le gouvernement veut bien le dire. Contrairement à ce qu'affirme nombre de médias sans l'avoir vérifié, cette intervention n'a été ni autorisée a priori, ni validée a posteriori par l'ONU. Les paragraphes 10 et 11 de la résolution 2085 de l’ONU, demandaient d'ailleurs expressément aux parties engagées dans la planification militaire des opérations (Cédéao, Union africaine, pays voisins du Mali, autres pays de la région, partenaires bilatéraux et organisations internationales) de retourner devant le Conseil de sécurité « avant le lancement des offensives ». Or cela n’a pas été fait. C'est même l'ambassadeur de France auprès des Nations Unies, Gérard Arnaud, qui l'a avoué. Il admet lundi 14 janvier que l’intervention est une « opération française d’urgence » et pas encore une mise en œuvre de la Résolution 2085. Et il ajoute que la question de savoir comment passer de l’une à l’autre est « une vraie question ». En effet, c’est problème sérieux de savoir comment mettre en conformité une opération militaire française avec une mission internationale dont le nom même induit un commandement africain. La seule intervention pour laquelle l'ONU a clairement donné un mandat est celle d'une mission internationale de soutien au Mali sous conduite africaine, dite MISMA. Pourtant, de l’aveu même de l’ambassadeur français à l’ONU après la réunion qui s’est tenue à huis clos lundi 14 janvier et qui n’a donné lieu à aucune nouvelle résolution, les contingents africains n’étaient toujours pas arrivés à Bamako trois jours après le début de l’intervention. Notons que, dans les premières heures, l’orchestre médiatique affirma pourtant en boucle que l’intervention se faisait avec la participation de troupes africaines. Notez : en temps de guerre les informations pipeautées circulent vite et beaucoup par le biais des réseaux d’intoxication communicationels, de la flemme, du panurgisme et de « l’ubris militaris ».
Les inconditionnels de l’opération « Serval » invoquent l’article 51 de la Charte des Nations Unies qui prévoit un droit de défense légitime en cas d’attaque armée d’un pays membre. Or la légitimité de l’appel des autorités provisoires du Mali à une intervention française est aussi discutable : l’actuel gouvernement du pays n’est pas un gouvernement démocratique mais le résultat d’un coup d’état mené en mars 2012 par le capitaine putschiste Sanogo. Ce dernier impose maintenant ses décisions au président par intérim Dioncounda Traoré. Pour l’heure, aucune date n’est fixée pour la tenue des élections qui devaient avoir lieu en 2012. Il nous est donc non seulement permis d’affirmer que la légalité internationale de cette intervention est discutable mais aussi que la légitimité de l’appel à l’aide du gouvernement Malien fait problème.
Mon communiqué affirmait ensuite que la décision d’intervenir alors que les intérêts fondamentaux de la France ne sont pas en cause est discutable. C’est le Chef de l’Etat lui-même qui l’a dit dans son allocution en affirmant que «la France sera toujours là lorsqu’il s’agit, non pas de ses intérêts fondamentaux, mais des droits d’une population ». J’espère bien que ce n’est pas la nouvelle doctrine diplomatique de la France. On peut d’ailleurs discuter sa thèse à plusieurs titres : de quels droits s’agit-il ? Et de quelle population ? Les groupes armés ne sont-ils pas une menace pour les intérêts fondamentaux du pays et pour les ressortissants français au Mali en particulier ? Passons la maladresse du discours du Chef de l’Etat et ses implications, n’est-il pas troublant que le Canard enchaîné suggère que le Qatar aurait pu fournir un appui financier, voire des forces spéciales, à certaines factions rebelles au Nord Mali pour former leurs recrues ? De cela au moins nous aurions aimé discuter.
Pour finir mon communiqué condamnait une décision prise par le seul Chef de l’Etat sans consultation préalable du Parlement et sans réunion du Gouvernement. Plus qu’ailleurs, ces instances doivent avoir leur mot à dire dans le domaine des interventions des forces armées à l’étranger. C’est d’ailleurs la substance d’un amendement (n°292) qu’avaient soumis les membres du groupe socialiste (signé par deux ministres actuels, Montebourg et Valls, et par l’actuel président du groupe Socialiste à l’Assemblée Nationale, Bruno Le Roux) au moment de la révision constitutionnelle de juillet 2008. Ils souhaitaient alors que « le Gouvernement informe le Parlement des interventions des forces armées à l’étranger dans les trois jours qui suivent le début de celles-ci », qu’il « précise les objectifs poursuivis et les effectifs engagés » et enfin qu’il soumette «ses propositions au vote des deux assemblées dans les deux semaines qui suivent leur information ». Ils motivaient cet amendement en expliquant que « dans une logique démocratique avancée, il est nécessaire que le Parlement se prononce par un vote ». Les socialistes ont peut-être changé d’avis, moi pas.
En décidant seul, sur le fil de la légalité internationale, de déclencher cette opération, François Hollande expose le pays au risque d’un enlisement qu’il faut à tout prix éviter. Il est capital, au moment où nous sommes en train de partir d’Afghanistan, que les armes se taisent le plus rapidement possible et que notre pays ne soit pas engagé dans une nouvelle « guerre contre le terrorisme ». Les Bush, père et fils, leurs faucons, l’intervention menée par l’OTAN en Libye, nous ont appris qu’une guerre menée contre un concept relevait d’une illusion impériale qui ne conduisait jamais qu’au malheur.
Nico37
 
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Re: Parti de Gauche

Messagede Nico37 » 20 Jan 2013, 14:31

MALI: position des députés du Front de Gauche

Lors du débat organisé à l’Assemblée nationale, le 16 janvier 2013 François ASENSI a donné la position des députés Front de gauche sur l’intervention militaire au Mali :

ASSEMBLEE NATIONALE
INTERVENTION MILITAIRE AU MALI

Mercredi 16 janvier 2013 – 1ère séance Député François ASENSI (Front de gauche, Seine-Saint-Denis)
Monsieur le Président,
Monsieur le ministre,
Chers collègues,

La situation malienne, aussi urgente soit elle, n’est pas un fait nouveau. Depuis un an maintenant, l’avancée des sécessionnistes de l’AZAWAD et l’instabilité liée au coup d’Etat menacent l’intégrité du pays.
J’ai une pensée forte pour le peuple malien, ce peuple ami, otage de la terreur imposée depuis des mois par les fondamentalistes islamistes. On décompte plus de 230 000 personnes déplacées.
Les ressortissants maliens, nombreux en France, sont inquiets et réclament une intervention internationale pour rétablir la paix et la démocratie. Nous sommes à leurs côtés.
J’ai également une pensée forte pour nos soldats, engagés sur un terrain périlleux. Je pense à la douleur des familles de nos otages. Que devait faire la France face à l’offensive des troupes djihadistes lancée jeudi dernier ?
La position des députés du Front de gauche, communistes et républicains, est claire : abandonner le peuple malien à la barbarie des fanatiques aurait été une erreur politique et une faute morale. La non-intervention aurait été la pire des lâchetés. Une action militaire internationale était nécessaire pour éviter l’installation d’un Etat terroriste.
Les djihadistes du Nord Mali et leurs affidés d’Al-Qaida n’ont qu’un but : imposer à l’échelle de la planète des régimes despotiques, sanguinaires et moyenâgeux.
Leur fondamentalisme constitue une forme nouvelle du fascisme. Ils n’ont qu’une méthode : instrumentaliser l’Islam, religion de paix pour l’immense majorité des musulmans, afin de justifier leurs combats contre la démocratie et les droits des femmes. Ils masquent ainsi le caractère mafieux de leurs organisations, basées sur le trafic d’armes et de drogues, comme au Sahel. Les démocraties ne peuvent baisser les bras. Elles doivent soutenir les efforts des progressistes qui en expriment le souhait, comme aujourd’hui au Mali.
Pour autant, nous émettons des réserves sur l’opération militaire déclenchée, sur sa forme, ses conditions, ses objectifs. Soyons lucides : cette intervention n’apportera pas un Etat malien stable, pas plus que la démocratie, elle n’en est qu’un préalable. La guerre est toujours la pire des solutions, la plus incertaine. Rien ne nous assure que cette intervention ne se termine par un échec, de lourdes pertes humaines et des déflagrations en cascade dans l’ensemble du monde musulman.
Ne nous laissons pas bercer d’illusions par un consensus rassurant, et par l’enthousiasme des va-t-en guerre !
Je parlais de réserves sur la forme.
Notre Parlement n’a pas été consulté au préalable, nous le déplorons. L’urgence existait, certes, mais le scénario d’une offensive vers le sud malien était prévisible.
Comment croire que cette colonne armée se soit constituée en seulement 48h ?
Nous avons également des interrogations sur nos objectifs. Monsieur le ministre, il est impératif de clarifier les buts de cette guerre pour éviter un enlisement, comme peut le laisser présager l’engagement de nos troupes au sol.
Ces objectifs sont pour l’heure confus. Assurer la sécurité de nos ressortissants ? Lutter contre le terrorisme ? Assurer l’intégrité du Mali ?
Le Président de la République a déclaré que l’intervention durerait "le temps nécessaire", avant de concéder qu’elle serait limitée dans le temps.
Quand considèrera-t-on que la mission de la France est terminée ?
Gardons à l’esprit les enseignements de la guerre contre le terrorisme lancée après les attentats terrifiants du 11 septembre. Nos troupes reviennent à peine d’Afghanistan, tirant les leçons de cette impasse. La lutte sans faille des Nations libres contre le terrorisme est vitale. Mais si cette lutte devient une guerre armée ! Où et quand s’arrêtera-t-elle ?
Saurons-nous y mettre un terme avant qu’elle devienne contreproductive, en nourrissant l’idée funeste du choc des civilisations et en renforçant les ferments d’union de groupes très divers sous la bannière d’Al Qaida ?
Saurons-nous prendre le dessus sur les troupes djihadistes sans provoquer leur repli au Niger, en Mauritanie, en Algérie, avec une potentielle déstabilisation de ces pays ?
L’acheminement de troupes françaises au sol et de blindés ces derniers jours modifie en profondeur notre engagement.
Au risque d’utilisation de boucliers humains sous les frappes aériennes s’ajoute la crainte de nouveaux déplacements de population sur un territoire démesuré.
Tout doit être mis en œuvre pour éviter une catastrophe humanitaire et protéger les civils.
Si nous partageons l’orientation de notre diplomatie, nous nous interrogeons sur ses incohérences.
La France a soutenu les printemps arabes, bien que trop tardivement, et apportée son concours à l’épanouissement des droits et des libertés, notamment pour les femmes.
Dans le même temps, notre pays entretient des relations troublantes avec certaines composantes du monde arabe.
Faut-il montrer tant d’indulgence envers les pétromonarchies du Moyen-Orient, au premier rang desquelles le Qatar ?
Ce pays, adversaire des droits de l’homme, joue un double jeu infernal, en attisant les divisions du monde islamique. Il n’hésite pas à déstabiliser des régions entières pour appuyer des régimes obscurantistes.
Oui, il faut rétablir la liberté en Syrie. Mais faut-il pour cela appuyer des mouvances fanatiques ? L’Occident a trop souvent joué aux apprentis sorciers.
J’en viens aux réserves sur les conditions de déclenchement de l’opération et à la position de la communauté internationale. L’option militaire n’avait rien d’inéluctable, elle n’est due qu’aux faiblesses et aux lenteurs de la communauté internationale et du pouvoir malien lui-même.
« En aucun cas, la France n’interviendra elle-même au Mali », affirmait François Hollande en novembre.
Il y a deux semaines encore, la voie politique, de la négociation, était privilégiée.
La résolution 2085 du 22 décembre, selon la lecture même de notre ambassadeur à l’ONU, « n’était pas une déclaration de guerre ». Elle posait de nombreux préalables avant tout recours à la force. D’une part, un effort du pouvoir malien pour répondre à la question touarègue et organiser de nouvelles élections.
D’autre part, une préparation militaire sérieuse de des armées malienne et africaines.
Aucune de ces conditions n’est réunie. Nous sommes donc en guerre dans la plus mauvaise des configurations, dans l’impréparation, avec les immenses périls que cela comporte.
La résolution onusienne autorisait le déploiement d’une « mission internationale sous conduite africaine », or l’opération « Serval » s’avère être d’abord une « opération franco-française ».
Cette intervention doit retrouver au plus vite le cadre onusien. Les troupes des pays africains doivent prendre le relais. Notre pays a pris ses responsabilités, mais le cavalier seul de la France est préoccupant.
En effet, il nous isole sur la scène diplomatique, nous expose en termes de sécurité et nuit à la crédibilité même de l’intervention.
La communauté internationale, nos alliés, font assaut de déclarations pour saluer notre engagement, sans apporter de solidarité en actes. Le soutien unanime masque une indifférence générale. Cet attentisme est consternant.
Où est l’Union européenne ? Son inertie illustre l’impasse actuelle de sa construction.
Notre intervention militaire dans une ancienne colonie française recueille le soutien de l’opinion africaine et de ses représentants. L’Algérie a ainsi ouvert son espace aérien et fermé ses frontières. Cette coopération relative n’était pas courue d’avance, elle est à mettre au crédit du dégel de nos relations.
Elle suscite néanmoins un certain malaise, probablement en raison du deuil inachevé de la Françafrique.
Comment ne pas percevoir le poids de la colonisation dans le conflit actuel et l’héritage de frontières tracées artificiellement ? Au Mali comme sur l’ensemble du continent, les impérialismes ont déchiré des régions, aggloméré des peuples rivaux, afin de préserver leur influence sur ses richesses.
Ce temps doit être véritablement révolu, en Centrafrique, au Gabon, au Niger, au Burkina Faso.
Des engagements ont été pris, nous attendons des gestes forts, au plus vite.
L’Afrique est la chance de notre planète, je dirais même qu’elle est son avenir.
L’objectif de la communauté internationale doit être de parvenir rapidement à la paix. La solution au chaos et à la déstabilisation du continent africain n’est pas militaire, mais politique, sociale et économique.
Les pays du Nord doivent enfin promouvoir un développement partagé de la planète. Les richesses premières de l’Afrique doivent bénéficier aux peuples, et non être pillées. Ses richesses humaines et intellectuelles, elles aussi, doivent pouvoir rester dans leur pays et participer au progrès de leur société, et non être contraintes à l’exil en Occident.
Il a beaucoup été question de l’ « homme africain ». Cet homme africain, la femme africaine, sont pleinement dans l’Histoire de notre temps. Ils sont les acteurs du monde de demain. Respectons-les, marchons à leurs côtés !
Nos amis africains attendent de la France cette relation d’égal à égal, soucieuse de leur devenir, de leur dignité, sans ingérence ni domination !
Nico37
 
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