Besancenot est devenue une vraie superstar (article du monde qui m'est envoyé par un copain du CAam )
j'ai vu ces deriners jours qu'il est à + de 60 % de popularité.
Et ça sert à quoi , à qui ?article du monde sur besancenotIl crève les audiences et les indices de popularité, et pourtant on sait peu de chose sur Olivier Besancenot. Le facteur que la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) a su mettre en scène se raconte rarement. C'est donc avec gourmandise qu'on ouvre la première biographie que lui consacre le journaliste Eric Hacquemand.
Bien documentée, précise - parfois trop -, la biographie n'élude aucun épisode de la vie militante de "Lucien", pseudonyme d'Oliver Besancenot quand il adhère à la LCR en 1989. Le livre décrit la maturation politique du lycéen à travers ses expériences à SOS Racisme, ses discussions avec son prof d'histoire, militant de la "Ligue", ses premières AG et les coups de matraque reçus lors des manifestations altermondialistes. On est alors dans l'image d'Epinal, celle du jeune homme que rien ne destinait à devenir le héros d'une nouvelle classe ouvrière.
Mais l'intérêt de l'ouvrage réside dans la description de l'ascension rapide de ce pur produit de la classe moyenne façonné par ses aînés en un personnage politique collant parfaitement à son époque : celle de la désillusion de la gauche et du déclassement social. Peu importe qu'on sente l'auteur suivre un peu trop le récit qu'ont bien voulu lui livrer le facteur et ses proches. Eric Hacquemand a su s'en accommoder en présentant d'autres éclairages.
Le passage d'Olivier Besancenot au Parlement européen en tant qu'assistant du député Alain Krivine nous montre ainsi un militant formé au syndicalisme radical de SUD-PTT qui s'ennuie ferme dans les débats de Strasbourg. Le jeune homme n'est pas un intellectuel comme la "Ligue" en a formé, mais un jeune révolté peu enclin à la lecture et qui préfère se tenir au courant de ce qui se passe dans son bureau de poste en chantant Barry White et JoeyStarr. Déjà convaincu de "ne pas associer les voix des trotskistes à celles des réformistes", il accompagnera sans sourciller la bourde des parlementaires trotskistes qui refusent de voter une étude de faisabilité de la taxe Tobin.
La construction du candidat de 2002 "Besancenot, postier, 27 ans" est aussi étudiée. Des trainings pour lui apprendre à s'exprimer comme "le candidat qui ressemble aux Français", la mise au point des gimmicks de campagne ou ses escapades en douce pour souffler avec ses copains de La Poste. Tout est raconté en détail, jusqu'aux négociations avec Jean-Christophe Cambadélis pour parvenir aux 500 signatures nécessaires à sa candidature.
Au fil des pages, on voit aussi le leader qui évolue dans un monde très masculin tant dans ses loisirs que dans le petit cercle fermé de ses conseillers politiques. En pointillé, on découvre aussi un Besancenot moins sympathique, plus sectaire que l'image qu'il véhicule. Méfiant à l'égard des tentations de ses camarades d'"ouvrir la Ligue", hostile aux discussions avec les autres courants de la gauche antilibérale pour une candidature unitaire et opposé à tout contact qui pourrait passer pour de la compromission avec le Parti socialiste.
L'épisode du soir du premier tour de la présidentielle de 2007 est très parlant : alors qu'il doit faire sa déclaration devant ses fidèles et les caméras, le candidat attend d'écouter son alter ego de Lutte ouvrière. Arlette Laguiller, évitant l'erreur de 2002, appelle à voter Royal. "Là, je tombe sur le cul. J'espérais ne pas être seul", raconte Besancenot avant de lancer sa formule ambiguë : "Battre la droite dans la rue comme dans les urnes." Au travers de cette séquence, l'auteur montre comment le candidat entend continuer à creuser le sillon de l'incompatibilité des deux gauches et du refus de tout compromis.
A la fin de l'ouvrage d'Eric Hacquemand, on reste pourtant sur sa faim. Est-ce l'impression d'un auteur qui colle trop à son personnage ? Ou simplement que Besancenot est encore bien jeune pour donner corps à une biographie politique ? Sans doute un peu des deux.
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OLIVIER BESANCENOT, L'IRRÉSISTIBLE ASCENSION DE L'ENFANT DE LA GAUCHE EXTRÊME d'Eric Hacquemand. Ed. du Rocher, 304 pages, 17 €.
Sylvia Zappi