Et l'unité anarchiste, dans tout ça ?

Et l'unité anarchiste, dans tout ça ?

Messagede Pilotigasse » 16 Avr 2013, 21:31

Voila je ne savais pas trop ou mettre ça, si un modo veux le déplacer par de soucis.
Alors, voila, je m'éterniserais pas sur un long pavé, je veux juste engager une réflexion, qui peut-être n'aboutira à rien, mais sait-on jamais !

Ces derniers temps, on parle pas mal de "front". On a eu le front de gauche, bon, ça nous concernait pas vraiment, et en ce moment les copains d'alternative libertaire montent un Front Anticapitaliste. L'idée me bottait assez, jusqu'à ce que j'apprenne que y'avait des marxistes léninistes dans le coup, ça m'a un peu refroidis.

Bon, mais il reste quand même pas mal d'anarchistes aux valeurs similaires qui sont pourtant extrêmement dispersé. Quatre ou cinq organisations d'anarchistes / communiste libertaires, et tout plein d'autonomes.
Je trouve franchement dommage d'avoir une force militante presque aussi importante que, mettons, le NPA à ces débuts mais qu'elle soit disperser à ce point...

Alors, je sais pas, pensez vous qu'il serait possible de crée une sorte de Front Libertaire regroupant diverse organisations anar et coco lib qui garderaient leurs indépendance tout en étant dans une dynamique unitaire ? Façon FdG oui, mais le coté réformard en moins et le coté libertaire en plus.
Simple question comme ça...
Avatar de l’utilisateur-trice
Pilotigasse
 
Messages: 85
Enregistré le: 07 Mai 2012, 11:16

Re: Et l'unité anarchiste, dans tout ça ?

Messagede Kzimir » 16 Avr 2013, 23:59

Perso je suis pas contre, mais à certaines conditions (notamment que ça ne se fasse pas en opposition aux fronts anticapitalistes). Mais le truc c'est qu'il y a pas mal de réalités dont il faut aussi tenir compte : Une grande partie des anars est non-organisé et rétive à toute tentative d'organisation (fût ce dans des fronts), il y a entre organisations anarchistes des guéguerres de chapelles qui remontent à longtemps et qui seront très dures à dépasser, parmi les organisations anars on compte des syndicats qui ne pourront donc pas vraiment s'inscrire dans ce type de dynamique, etc.
En plus je ne sais pas comment ça se passe en région parisienne, mais en province j'ai l'impression qu'il n'y a pas beaucoup d'endroits ou plusieurs orgas anars cohabitent. Souvent les anars du coin vont dans une orga, et celle ci se retrouve localement hégémonique. Ca complique d'autant une démarche d'unité en partant de la base, comme le sont les tentatives de front anticapitaliste.
Après c'est clair qu'il faudrait plus souvent travailler ensemble entre AL, CGA, FA, OCL, OLS, etc.
Kzimir
 
Messages: 782
Enregistré le: 13 Fév 2010, 17:15

Re: Et l'unité anarchiste, dans tout ça ?

Messagede Pilotigasse » 17 Avr 2013, 07:18

Pour te répondre Kzimir, je pense surtout que les autonomes qui sont dans le refus de s'organiser le font car ils en ont marre des gueguerres de chapelle. Du moins c'est comme ça que je le ressent pour avoir été autonome durant deux ans après ma sortie de l'OCL. Maintenant j'ai été séduit par la CGA mais je refusait d'entrer dans une orga quelconque parce que je considérait qu'il y en avait trop. (Bon cela dit, j'ai dix sept ans -dix huit dans moins d'un mois- mais je traine déjà un petit parcours militant derrière moi ^^)

Pour ce qui est du syndicat je pense pas que ce soit si grave, de toute façon on constate que beaucoup d'anars organisés sont aussi syndiqué, le syndicat et l'organisation n'ont pas le même rôle je pense.

Dans la province y a quand même pas mal d'endroit ou ça cohabite... Après ça dépend du département, souvent c'est parce qu'il y a très peu d'anars (du moins de militant).
T'sais moi, en ayant été anar à treize ans et en étant rester dans mon département jusqu'à mes seize ans ou j'ai commencer à bouger un peu, je n'avais vue en tout et pour tout qu'une quinzaine d'autres anarchistes...

Mais l'unité est franchement possible, je crois. Dans mon département, nous avons un groupe (le groupe libertaire), ou ce côtoie des membres de la FA et des autonomes. Quand j'étais à l'OCL (nous étions deux au sein du groupe libertaire à être encarté OCL) lors des actions / collage / etc le matèriel des deux organisations étaient distribué sans que ça ne pose de problème apparent à quiconque.

Maintenant je pense que cette présence d'orga unique dans chaque département est une grosse faiblesse car de fait les organisations n'ont pas pied partout sur le territoire. Un Front Libertaire qui mobiliserait encarté et groupes autonomes en les laisser parfaitement libre de leur organisation permettrait au moins de lancer des campagnes unitaires, etc.


Pour ce qui est des rancunes entre orgas, je pense (sans certitude, désolé si je dit une connerie) qu'elles ne sont existante qu'entre quelques sectos dont on ce passerait bien....
Avatar de l’utilisateur-trice
Pilotigasse
 
Messages: 85
Enregistré le: 07 Mai 2012, 11:16

Re: Et l'unité anarchiste, dans tout ça ?

Messagede Blackwater » 17 Avr 2013, 18:19

Je ne suis pas aussi optimiste que toi sur la dernière phrase... Y a pas que des querelles vaines, y aussi des différences d'approche dans la manière de faire une orga: le plate-formisme (comme Alternative Libertaire) ou le synthésisme (comme la Fédération Anarchiste)...
Avatar de l’utilisateur-trice
Blackwater
 
Messages: 334
Enregistré le: 18 Mar 2012, 13:57
Localisation: Toulouse

Re: Et l'unité anarchiste, dans tout ça ?

Messagede Kzimir » 18 Avr 2013, 11:12

Après je pense que à part une minorité, personne n'est vraiment fermé à un travail en commun. Mais un truc comme ça doit partir d'initiatives locales, de la base militante. Donc si ça te semble une bonne idée, je t'invites à contacter les différentes orgas présentes dans ton coin pour leur proposer une initiative de ce type. C'est seulement en mulitipliant à la base les initiatives communes qu'on construira une unité (c'est d'ailleurs la démarche des fronts anticapitalistes).
Après BlackBombA, je suis pas forcément d'accord non plus : souvent les divergences tiennent plus à des querelles de chapelles ou d'héritages historiques qu'à des vraies différences d'approches. Alternative Libertaire n'est pas réellement plateformiste (l'unité tactique, bofbof quoi, dans les faits on est quand même vachement fédéralistes), et la Fédération Anarchiste n'est pas non plus synthésiste (parce que le courant individualiste est quasiment mort).
Kzimir
 
Messages: 782
Enregistré le: 13 Fév 2010, 17:15

Re: Et l'unité anarchiste, dans tout ça ?

Messagede digger » 05 Mai 2013, 08:22

y aussi des différences d'approche dans la manière de faire une orga: le plate-formisme (comme Alternative Libertaire) ou le synthésisme (comme la Fédération Anarchiste)...


L’analyse de René me semble juste sur ce sujet.
http://monde-nouveau.net/IMG/pdf/A_propos_du_plateformisme.pdf

Le débat synthésisme/plateformisme est, au moins en France, totalement dépassé et ne signifie plus rien pour les jeunes générations en particulier, et c’est tant mieux. Il me semble que AL et la FA, pour ne citer que ces deux orgas, ont une position raisonnable sur la question.
Ce n’est pas le cas partout. René cite l’Amérique du Sud. Cette tendance existe aussi aux USA où l’aspect idéologique et organisationnelle est très présent et un brin surréaliste quand on connait le nombre de personnes concernées par le sujet.
Maintenant, si les orgas anarchistes en France ont comme stratégie de devenir un mouvement de masse, elles vont devoir un jour ou l’autre réfléchir à la question. Il semble aujourd’hui que cela ne soit pas le cas et que soient privilégiés des "fronts", comme l’anticapitaliste. C’est un autre sujet....

Plus complexe est la question des "inorganisé-e-s" – terme inexact selon moi – car seule une poignée d’anarchistes de salon réfutent encore la nécessité de s’organiser. Je préfère le terme non-affilié-e-s.
Je pense qu’ils/elles représentent la majorité mais aussi des approches et des sensibilités très variées qui ne pourraient pas cohabiter dans une organisation au sens traditionnel du terme , "front libertaire" ou autre.
Il y a sans doute une rupture importante, qui concerne l’idée de révolution sociale via une idéologie, le communisme, fut-il libertaire, ou une méthode, le syndicalisme, fut-il anarcho. Cette "rupture" n’est que théorique, bien souvent, parce que la méthode appliquée sera collective, les moyens anarchistes, mais ne seront pas appelées "communistes" ou "anarchistes". Par exemple, si vous allez à Notre Dame Des Landes l’organisation sociale sur la ZAD sera collective mais ce n’est pas la peine de venir prêcher au nom du NPA, du communisme libertaire, ou de tout autre sigle. La question ne se pose tout simplement pas en ces termes. Chacun-e est ce qu’il/elle est et apporte, avant que d’être un-e militant-e de l’orga ou du parti X ou Y.
Ca n’a pas empêché un syndicat, comme la Conf’ Paysanne de trouver sa place à côté de radicaux, parce qu’il y avait convergence sur l’important et le seul et réel ciment était la lutte (concrète, immédiate, pas la révolution à venir).

Cette approche comporte des forces et des faiblesses. Elle est peu visible et peu lisible encore, par sa diversité. Peut-être se structurera t’elle dans des formes à définir, mais cela ne se fera pas dans des termes plateformisme vs synthésisme ou communisme libertaire mais à partir de réseaux de groupes affinitaires, non pas autour de questions directement idéologiques mais autour de luttes et d’alternatives locales, environnementales ou autres.
digger
 
Messages: 2149
Enregistré le: 03 Juil 2011, 08:02

Re: Et l'unité anarchiste, dans tout ça ?

Messagede Pïérô » 09 Mai 2013, 01:54

Je pense que c’est mettre en valeur une forme d’agir, tout en faisant l’impasse sur d’autres, et notamment celle en terme de lutte de classes en luttes et formes d'organisations collectives dans le monde du travail et de l'expoitation qui fonde pour grande partie le système capitaliste. Car s’il y a en effet beaucoup de non affilié-es, on en trouve beaucoup dans le monde syndical, les mouvements sociaux... De fait je ne comprend pas bien cette forme de présentation qui tendrait à opposer ce qui pour moi se rejoint, et que l’on voit bien d’ailleurs se rejoindre dans la lutte autour de NDDL, car il y a là un effet catalyseur. Il en a été de même lors du mouvement social contre la réforme des retraites, et les espaces portés entres autres par les libertaires en AG interpro pour exemple, et espaces réunissant syndiqué-es et non syndiqué-es, travailleurs/précaires/chomeur-euses, des lycéens-ennes jusqu’au retraité-es, et en piste de coordination, ont été là aussi des espaces partagés comme la lutte.

En tout cas la dispersion est l’atout d’une mouvance qui est sur tout les terrains de luttes, et en même temps le point faible du mouvement anarchiste qui a du mal à construire un espace politique qui puisse être à la fois un carrefour militant, et un lieu de globalisation politique qui puisse être en mesure de capitaliser à travers les expériences multiples et construire du sens et une parole collective à même d’en faire un mouvement politique et social qui pèserait un peu plus. C’est un débat et un enjeu historique car c’est pas nouveau et cela reste un point faible de ce mouvement. Je dirais qu’il en est de même d’ailleurs en terme de projet de société, qui pour une grande partie du mouvement anarchiste reste de l’ordre de l’évaporation philosophique. L’organisation politique peut être un espace, parmi d’autres, d’élaboration collective de ce côté aussi, et un domaine que je juge indispensable si l'on veut participer à montrer et convaincre que le capitalisme n'est pas un horizon indépassable.

Construire des réseaux c’est bien, construire de l’organisation politique c’est nécessaire, et il n’y a rien là qui s’oppose mais des constructions différentes qui peuvent se compléter. Et comme je ne crois pas à la forme parti unique il reste important justement de penser en pluralité, et en même temps de réfléchir à l’articulation à trouver entre ces différents espaces de construction en terme d’organisation(s) collective(s). En tout cas "l'unité anarchiste" elle se fait à travers les luttes partagées, après je pense qu'il y a dans la pluralité des divergences qui ne permettent pas d'imaginer de manière réaliste une unité organique rassemblant tout ce monde, mais qu'il y a pourtant bien matière à renforcer les liens et en plus à construire là aussi au moins en réseau, à l'image de cet outil fédérateur qu'est cet espace forum en exemple du partager et faire ensemble.
Image------------ Demain Le Grand Soir --------- --------- C’est dans la rue qu'çà s'passe --------
Avatar de l’utilisateur-trice
Pïérô
 
Messages: 22436
Enregistré le: 12 Juil 2008, 22:43
Localisation: 37, Saint-Pierre-des-Corps


Retourner vers Organisations, partis, mouvements politiques

Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun-e utilisateur-trice enregistré-e et 12 invités