Cuisine électoraliste, guerre des chefs, etc. L'impossible front de gauche
christian picquet a écrit:Trop, c'est trop ! Le Front de gauche doit d'urgence se réorienter
Ce 1° Mai, j’ai choisi de manifester à Paris plutôt qu’à Toulouse comme je le fais d’ordinaire. Parce que le défilé prévu entre Bastille et Nation s’annonçait comme le plus important du pays, bien sûr, mais aussi parce que je savais que mes camarades de Gauche unitaire et moi-même serions l’objet de beaucoup de questions de la part de celles et ceux qui nous font l’amitié de suivre nos activités et de partager nos idées. De fait, notre « point fixe », situé à proximité de ceux de nos partenaires, aura été le théâtre de beaucoup de discussions, à travers lesquelles bien des militants ou sympathisants du Front de gauche nous auront témoigné leur soutien.
Je ne doute pas que l’annonce, par la presse, ce 29 avril, de notre décision de suspendre notre participation aux instances nationales du Front de gauche, conjuguée à celle de ne pas faire la campagne des européennes dans trois circonscriptions de France métropolitaine ait créé la surprise. Depuis le lancement de notre construction pluraliste, GU ne s’était-elle pas constamment voulu un ferment d’unité entre ses formations, une organisation s’efforçant à chaque étape de faire franchir à notre aventure collective les obstacles qui se présentaient à elle, un lanceur d’idées et de propositions pour aller ensemble de l’avant ? Chacune et chacun de vous, mes amis qui fréquentez régulièrement ce blog, comprendra donc aisément que ce n’est pas de gaieté de cœur que nous nous sommes sentis dans l’obligation de nous transformer en… lanceur d’alerte !
La genèse de cette initiative est l’élimination de notre organisation de la composition des listes pour les élections européennes dans les circonscriptions du Nord, du Centre et de l’Île-de-France. Dans la première, les fédérations concernées du Parti communiste ont, purement et simplement, décidé de s’affranchir de l’accord national signé quelques jours auparavant et attribuant à mon amie Céline Malaisé la deuxième place sur la liste conduite par Jacky Hénin. Dans le Centre, dont la tête de liste a été attribuée au Parti de gauche, les deux organisations dominantes du Front de gauche, PCF et PG, n’ont pas même pris la peine d’inviter nos représentants départementaux aux discussions de désignation des candidats. Quant à l’Île-de France, les représentants du Parti de gauche ont opposé leur veto à la proposition que je figure en troisième position sur la liste que mènera mon ami Patrick Le Hyaric : à les en croire, je suis une sorte de porte-flingue du Parti socialiste, puisque les militantes et militants de Gauche unitaire avaient décidé, à Paris, de participer à la campagne Hidalgo pour les élections municipales.
Je ne veux pas m’attarder plus que nécessaire, ici, sur les méandres de négociations ayant duré des dizaines d’heures en vue de la composition de listes censées, à l’origine, refléter la pluralité du Front de gauche. J’en connais la complexité et je n’ignore pas qu’elles doivent toujours se dénouer par des concessions des uns et des autres. Sauf que, dans les cas évoqués, il ne se sera pas agi de concessions mais de l’élimination pure et simple d’une des trois organisations ayant porté le Front de gauche sur les fonts baptismaux. Et si nous avons décidé de réagir de manière solennelle, par une lettre ouverte aux partis du Front de gauche, c’est que les méthodes imprimant leurs marques aux relations au sein de ce dernier sont révélatrices d’une crise qui vient de franchir un nouveau seuil.
SUR LE REGISTRE DU COUP DE FORCE PERMANENT...
De manière croissante, depuis la fin de la campagne de la présidentielle et des législatives, la vie interne de notre front est devenue un théâtre d’ombres. En dépit de nos demandes (on en trouvera, sur ce blog, les échos réguliers), il s’y est avéré impossible de mettre sur la table les divergences, pourtant patentes, sur la stratégie à mettre en œuvre dans une situation où un pouvoir élu avec les suffrages du peuple de gauche tournait le dos à toutes les attentes créées par son élection.
Tout y fonctionne même aujourd’hui sur le mode du coup de force permanent, les seuls échanges qui parviennent encore à être organisés ne concernant plus que les équilibres entre les deux principales composantes que sont le Parti communiste et le Parti de gauche. Et cette spirale infernale de tensions et d’affrontements à répétition, dont l’enjeu essentiel est le rapport de force entre deux organisations, se manifeste publiquement sous la forme de petites phrases dans la presse, de dénonciations assassines (telles celles qui ont visé Pierre Laurent ou son camarade Ian Brossat, puis moi-même, dans le cours de la campagne des municipales), du recours systématique au chantage (comme lors du dernier congrès du Parti de la gauche européenne, avec la suspension de la participation du Parti de gauche en raison des différences de positionnement électoral apparues à Paris). Cela ne pouvait plus durer, et c’est ce que nous avons voulu dire dans la lettre.
CE QUI NE PEUT PLUS DURER
Cela ne pouvait plus durer, tout d’abord, parce que le traitement qui a été réservé à la Gauche unitaire (la politique ayant été évacuée, et les conflits entre les deux principales composantes ayant fini par se dénouer sur le dos de la troisième des organisations fondatrices de la coalition en 2009), représente un précédent grave : si rien ne vient rapidement rétablir des relations de respect réciproque entre organisations, il est évident que le Front de gauche se prépare à connaître de nouvelles et très graves secousses.
Cela ne pouvait plus durer, non plus, parce qu’au fil des mois, l’équilibre politique sur lequel avait initialement été bâti le Front de gauche aura été rompu. De la volonté de porter une politique répondant à l’intérêt général de la gauche, que Marie-George, Jean-Luc ou moi-même exprimions à la tribune du Zénith le 8 mars 2009, nous sommes progressivement passés à un discours, porté notamment par la voix principale de notre convergence et relayé par certaines des composantes l’ayant rejointe depuis 2012, où prédominent la proclamation abstraite et impuissante d’une « opposition de gauche », la dénonciation sans perspective du Parti socialiste, les appels du pied à l’extrême gauche et singulièrement au NPA.
Cela ne pouvait plus durer, enfin, parce que cette lente mais régulière évolution rend le Front de gauche parfaitement inaudible du peuple et de la gauche. Une situation d’autant plus catastrophique que nous venons d’entrer dans un moment où, précisément, la gauche est traversée d’un débat sur la politique de François Hollande et du gouvernement (l’abstention de 41 députés socialistes, le 29 avril, sur le « programme de stabilité » en est la dernière illustration, inédite dans l’histoire du PS comme dans celle de la V° République s’agissant d’un parti aux affaires). Alors que le FDG devrait porter haut l’idée d’une nouvelle majorité, rose-vert-rouge, sur une politique alternative à l’austérité, son message n’aide en rien à la formation du front anti-austérité qui serait pourtant une urgence absolue.
Avec la publication de sa lettre, Gauche unitaire a donc voulu tirer le signal d’alarme. Elle l’a fait de manière responsable, avant que ne s’ouvre la campagne des européennes, en sa qualité de membre fondateur du Front de gauche qui lui confère – du moins lui semble-t-il – la responsabilité particulière de dire qu’il faut changer de braquet avant que notre entreprise commune ne se retrouve dans une impasse totale. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle elle a formulé, en conclusion de sa lettre, la proposition d’une grande remise à plat dès le mois de juin : sur le bilan des deux dernières séquences électorales, sur l’orientation à suivre dans le futur et pour vérifier les possibilités de sortir notre front commun de l’ornière dans la foulée des européennes.
PARLONS POLITIQUE, ENFIN !
À notre initiative, ont répondu trois sortes de réaction de la part de nos partenaires.
La première a consisté à nous dire que nous avions raison sur le fond, mais qu’il était inopportun d’exposer nos arguments maintenant. Nous ne sommes pourtant nullement responsables de la tournure des événements. Jusqu’au bout, GU a « joué le jeu », comme on dit, elle a cherché à trouver des compromis, elle a proposé à plusieurs reprises des pistes en ce sens. Elle a, par conséquent, tout tenté pour que ne fût pas anéanti ce qui restait de relations de confiance entre les organisations du Front de gauche. Cela n’a pas empêché que nous soyons éliminés sur des motifs politiques en Île-de-France, les responsables de cet oukase scandaleux n’ayant pas hésité, du même coup, à vider de toute substance le respect du pluralisme sans lequel une coalition unitaire ne peut fonctionner.
D’autres ont réagi en arguant des débats qui ont traversé Gauche unitaire à la fin de l’an passé, lesquels lui auraient fait perdre de son influence. Outre le fait qu’il n’est jamais acceptable que telle ou telle organisation se mêle de la situation interne des autres (que l’on songe au climat irrespirable qui serait créé si nous argumentions, à notre tour, sur les crises que connaissent nos partenaires en diverses régions…), ceux qui s’aventurent sur ce terrain devraient se souvenir que le recours à de tels prétextes a fini, en 2006, dans l’explosion des collectifs antilibéraux : je me souviens personnellement, pour ne prendre que cet exemple, avoir dû me battre pour faire respecter le Mars, le petit groupe animé par Éric Coquerel, dont certains voulaient parfois ignorer la place en disant qu’il comptait seulement deux ou trois dizaines dizaines de militants.
Certains se sont encore, ici ou là, crus autorisés à suggérer que la direction de GU était certainement motivée par un tropisme particulier pour le Parti socialiste. Ils ne mériteraient que mépris s’ils ne confirmaient nos analyses : ils révèlent, en effet, l’importation dans le Front de gauche des obsessions d’une certaine extrême gauche qui, restée fidèle à l’absurde théorie des « deux gauches », voit derrière toute idée de rassemblement de la gauche (même sur une politique de rupture avec le libéralisme et le productivisme !) le signe d’un ralliement à la social-démocratie…
Je vois cependant bien que d’autres secteurs du Front de gauche expriment des préoccupations proches des nôtres. C’est ainsi que, le 28 avril, veille de la publication de notre propre lettre, des responsables de premier plan du Parti communiste (dont les présidents des deux groupes parlementaires, des animateurs de fédérations importantes et des figures syndicales) auront d’exprimé, dans une tribune de l’Humanité, leur souhait d’un grand débat sur l’avenir du Front de gauche après les européennes. Je me sens, dès lors, conforté dans la démarche qui a toujours été la mienne et celle de mes camarades de GU, à savoir le souci d’être utiles à la gauche comme au Front de gauche. Puisse donc notre initiative des derniers jours avoir réintroduit, dans la vie chaotique de ce dernier, une discussion indispensable sur la question nodale des choix politiques à opérer dans le futur. Pour que chacune et chacun connaisse les termes dudit débat, je publie ci-dessous la lettre de Gauche unitaire.
LA LETTRE DE GAUCHE UNITAIRE À SES PARTENAIRES
« Chères et Chers Camarades, Les discussions nationales en vue d’aboutir à un accord équilibré pour la constitution de nos listes aux élections européennes n’auront pas simplement été sources de tensions supplémentaires dont le Front de gauche n’avait vraiment pas besoin. Elles auront ouvert entre nous une fracture posant la question de l’avenir de ce que nous avons construit au fil des cinq dernières années.
« Depuis des mois, Gauche unitaire avait dû prendre acte de l’échec de ses propositions visant à reconstituer un cadre de débat où les formations du Front de gauche auraient pu, collectivement et sereinement, traiter de leurs divergences. Le refus d’affronter les problèmes d’orientation rencontrés aura, en conséquence, profondément miné la dynamique grâce à laquelle le Front de gauche avait pu marquer la campagne de l’élection présidentielle. À la violence des attaques que les uns portaient pourtant publiquement sur les intentions supposées des autres, ne répondait généralement qu’un silence lourd de tensions contenues dans les réunions de la coordination.
« Chacun peut en faire maintenant le constat : le Front de gauche apparaît de plus en plus comme un bateau ivre que ne rassemblent ni une stratégie cohérente ni un discours audible de la gauche et du peuple. Les intentions de votes dont les sondages nous créditent pour les élections européennes en sont, hélas, une nouvelle traduction après ce qu’on pourrait appeler pudiquement la « contre-performance » des municipales.
« Dès lors qu’aucun fonctionnement consensuel ne permet plus de surmonter les problèmes importants que nous affrontons, c’est la logique du coup de force permanent et le recours systématique au chantage qui s’imposent. C’est le souci de faire prévaloir les intérêts des deux plus importantes composantes de notre coalition qui l’emportent sur toute autre considération. Et, surtout, c’est la volonté de modifier radicalement les équilibres politiques au sein de Front de gauche qui prévaut.
« Gauche unitaire vient d’en faire les frais, ce qui aboutit à la priver des positions et de la visibilité qu’elle pouvait légitimement revendiquer, en sa qualité de troisième composante fondatrice du Front de gauche et au titre de sa contribution à la vie de celui-ci depuis cinq ans.
Les accords nationaux rendus publics lors de la rencontre de Saint-Denis autour d’Alexis Tsipras ont tout d’abord été bafoués dans le Nord-Ouest, notre camarade Céline Malaisé s’étant vue privée de la deuxième place qui lui avait initialement été attribuée, à la suite de la décision unilatérale des fédérations concernées du Parti communiste français. Puis, Gauche unitaire s’est vue évincer de la liste du Centre sans même que ses représentants départementaux n’aient été conviés à une réunion de concertation. Enfin, l’impasse à laquelle ont abouti les discussions sur la composition de la liste en Ile-de-France sera venue révéler une inacceptable volonté de nier la diversité politique qui avait jusqu’alors fait la force collective du Front de gauche.
Dans ce dernier cas, les arguments de forme ont eu vite fait de s’évanouir. Le fond du problème est apparu dans un message adressé par Alexis Corbières et Clément Sénéchal, au nom du Parti de gauche, à leurs partenaires d’Ile-de-France. S’opposant à la proposition que notre camarade Christian Picquet figure à la troisième place sur la liste conduite par Patrick Le Hyaric, ils auront écrit : « Si Christian Picquet a été l’un des fondateurs du Front de gauche, il a surtout été l’un de ses plus fervents diviseurs par ses choix politiques lors de la dernière échéance électorale, n’hésitant pas à mener une campagne active à Paris en faveur du PS contre les autres composantes du FDG… »
« Passons sur la réécriture des raisons qui ont amené à la coupure en deux du Front de gauche sur Paris et dans quelques autres villes. Nous continuons à considérer que la responsabilité n’en incombe pas au tropisme des uns pour la subordination au Parti socialiste – sinon, comment expliquer que notre opposition soit identique à la politique du gouvernement ? –, mais au refus délibéré de certaines organisations de construire des listes proposant une politique pour toute la gauche dans l’objectif de barrer la route des municipalités concernées à la droite et à l’extrême droite. Là gisait le désaccord majeur, que le Front de gauche n’a pas su surmonter. Cela dit, on nous permettra de faire remarquer que, contrairement à d’autres qui n’hésitèrent pas à recourir aux techniques (d’un autre âge…) de l’invective et du procès en « déviationnisme », Gauche unitaire n’a jamais utilisé la moindre formule polémique contre l’un quelconque de ses partenaires durant cette période difficile.
« Le plus grave à nos yeux est la détermination, qui vient de s’exprimer, d’éliminer l’une des positions en présence au sein du Front de gauche, en d’autres termes l’objectif de créer au sein de celui un nouvel équilibre politique.
« Nous vous le disons franchement : il est pour nous exclu de nous incliner devant cette tentative brutale d’imposer au Front de gauche un projet contradictoire avec son objectif initial : la refondation d’ensemble de la gauche sur une nouvelle ligne directrice.
« Nous entendons continuer à défendre, en toute indépendance, l’idée qu’il ne faut en aucun cas se claquemurer dans la radicalité supposée d’une posture incantatoire. Nous considérons qu’il convient, à l’inverse, de porter en direction de toute la gauche une offre de rassemblement sur une politique alternative à celle que conduit le gouvernement. Faute de quoi, la référence qui nous était jusqu’alors commune à une autre majorité pour un autre gouvernement ne sera plus que l’alibi de la funeste théorie des « deux gauches ». C’est-à-dire du renoncement à toute politique d’unité sur une démarche de rupture avec le libéralisme et le productivisme, au profit d’une orientation qui consiste à découper la gauche et à en opposer les deux parties l’une à l’autre. Avec pour seul résultat prévisible de figer la situation, de renoncer à faire bouger les lignes à gauche, de se refuser à saisir les opportunités de construire un front anti-austérité large. Donc de priver ce pays de toute perspective d’espoir.
« Comme vous le savez, celles et ceux qui ont fondé Gauche unitaire ont rompu avec le NPA en 2009. Ce n’est pas pour reprendre à présent le discours de cette dernière organisation et d’une extrême gauche se complaisant dans son impuissance.
« Dans la situation où nous sommes rendus, nous ne sommes plus en condition de prendre toute notre place dans une bataille électorale dont nous espérions qu’elle sortirait le Front de gauche de sa crise. Nous ne pouvons, par conséquent, ni avaliser la composition des listes dans le Nord-Ouest, le Centre et l’Île-de-France, ni participer aux campagnes dans ces trois circonscriptions. Et c’est, du même coup, l’un des deux partis français restés activement membres du Parti de la gauche européenne qui se trouve mis dans l’incapacité de relayer, comme il l’aurait voulu, la bataille décidée en commun autour de la candidature d’Alexis Tsipras.
« Nous le ferons savoir publiquement dans les prochains jours.
« Notre inquiétude grandit d’autant sur l’état du Front de gauche, lequel nous apparaît maintenant d’une gravité extrême. Surtout en un moment où les conditions d’une large union à gauche commencent à se réunir sur ce qui pourrait devenir un pacte anti-austérité alternatif aux choix du gouvernement. Les débats secouant le Parti socialiste, venant après le départ des ministres d’Europe écologie ou l’opposition d’une majorité du mouvement syndical au « pacte de responsabilité », sont une chance pour commencer à conjurer le désastre dont ce pays et son peuple se trouvent menacés. Hélas, du fait des divergences le paralysant, le Front de gauche est incapable de formuler les propositions de rassemblement qui lui permettraient de retrouver un élan et d’apparaître à la hauteur d’un défi historique pour la gauche.
« Cela nous amène à demander la tenue, au lendemain de la campagne des européennes, d’un séminaire réunissant les directions des diverses composantes du Front de gauche, en présence des premiers responsables de chacune d’entre elles. Ce rendez-vous aurait pour objectif d’effectuer un bilan de l’épisode que nous venons de traverser, d’avoir un échange approfondi sur la situation du pays et de vérifier si nous pouvons ensemble surmonter la crise du Front de gauche. En l’attente, nous suspendons notre participation aux diverses instances nationales du Front de gauche. Avec nos salutations militantes. »