Note d'intention.pour un séminaire "Communisme"Écrit par Les communistes unitaires
Lundi, 03 Décembre 2012 09:51
(3 déc. 2012)
Initié par l’Association des communistes unitaires, le séminaire "Communisme" a pour objet d’être un espace de travail et de débat entre des femmes et des hommes désireux de penser et de faire vivre le communisme du 21ème siècle, ou de dialoguer avec eux.
Si la transformation révolutionnaire de la société ne s’écrit pas à l’avance dans son menu, si elle ne peut être livrée clés en mains à ceux qui n’en seraient dès lors que ses bénéficiaires, il n’empêche qu’elle ne se fera pas ni par la volonté du Saint Esprit, ni par simple coïncidence des différentes luttes populaires. Une pensée / théorie du "dépassement", en même temps que des expérimentations et des pratiques, est nécessaire.
Nous nous inscrivons dans la continuité du courant historique communiste, qui dépasse de beaucoup le champ du 20ème siècle, dans ce qu’il a porté de meilleur au cours des siècles : combat contre toutes les oppressions et toutes les aliénations, combat pour l’égalité – de la Commune aux luttes populaires contre le colonialisme, de l’exigence du droit de vote des femmes à la lutte contre tous les racismes… -, combat contre toutes les dépossessions et contre la marchandisation de tout.
Dans le même temps, nous cherchons à refonder l’engagement communiste, pour affronter les défis d’aujourd’hui : ceux de la mondialisation des relations économiques, sociales et culturelles, ceux de l’ère nouvelle ouverte par la généralisation des nouvelles technologies de l’information, ceux de l’autogestion et du pouvoir du peuple, ceux de l’épuisement de la planète et de la sauvegarde de l’espèce humaine, ceux qui associent la promotion de toutes les solidarités et le respect de l’individualité de chacun.
Nous cherchons à réfléchir à la révolution aujourd’hui nécessaire, pour dépasser le capitalisme et toutes les dominations : révolution démocratique, pour rompre avec la citoyenneté pauvre du système délégataire actuel, avec des formes de représentation qui pervertissent la démocratie ; révolution qui investisse aussi le champ du travail, de sorte que la production du « nécessaire » ne soit plus - pour les productrices et les producteurs - la négation de la « libre réalisation de soi-même ».
Nous voulons réfléchir - avec celles et ceux que ces réflexions intéressent, sans esprit de boutique et volontairement à l’écart des enjeux de pouvoir et de relations entre organisations - non pas à un programme mais à une direction à prendre. Et nous le concevons non pas en vase-clos, comme si notre culture politique ne devait pas se mêler à d’autres, mais, au contraire, de manière ouverte, en favorisant les métissages sans uniformisation. Ainsi, par exemple, nous serons en dialogue avec les militants de l’ « éco-socialisme », terme dont nous nous attacherons à souligner à la fois l’intérêt et les limites.
Nous pensons que cela peut être utile pour que les luttes les plus immédiates soient moins récupérables et plus puissantes, et que se projeter dans la perspective d’une organisation de la société – non pas une utopie-modèle prêt à l’emploi mais l’utopie – à la fois espoir et tension déterminée à changer le réel -, contribue à déterminer les vrais rapports de forces. La sécurité sociale – une avancée communiste, selon nous - aurait-elle vu le jour si ceux qui l’avaient inventée s’étaient contentés de penser dans les limites de ce qui semblait possible dans un pays alors ravagé par la guerre ?
Face à une crise globale du système capitaliste qui recouvre toutes les sphères de la vie humaine, se projeter au-delà de son horizon est devenu l’enjeu du présent. Certains ont préféré abandonner le nom communisme, entaché par le « socialisme réel » des pays de l’Est et les crimes faits en son nom. Mais existent alors le risque de jeter le bébé avec l’eau du bain, la tendance à rabougrir l’ambition et finalement la possibilité de renoncer à la radicalité nécessaire, dans un monde où l’entre-deux n’est plus crédible, ni possible.
Ainsi, on peut n’avoir aucune complaisance envers les crimes commis au nom du communisme et ne rien céder à la nécessité de cette transformation de la société dont « communisme » est le nom.
Au contraire, nous pensons que le communisme, refondé, revivifié, peut être un puissant catalyseur : non pas un parti, ni une institution mais mouvement d’idées et d’actions, dynamique politique populaire où l’appropriation du devenir commun, par chacun(E), résulte d’une élaboration collective incessante, seule susceptible de fournir des repères aux élans de spontanéité qui caractérisent toute révolution. Élaboration à laquelle des initiatives et forces politiques peuvent bien sûr contribuer, mais pas seules et sans aucune prééminence.
Cela ne nous empêche pas de « faire de la politique » avec tous les antilibéraux, les anticapitalistes, les libertaires, les socialistes, les autogestionnaires, les alternatifs, les écologistes radicaux, les postcapitalistes et beaucoup d’autres ; c’est même le contraire : avec notre boussole - notre communisme -, nous ne concevons notre action que dans la convergence avec toutes les forces et tous les citoyens qui veulent rompre avec l’ordre libéral, économique, social ou politique.
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Le séminaire "Communisme" déclinerait une série de soirées thématiques en 2013 et 2014. Une problématique serait communiquée avec l’invitation, en amont du jour J, pour que les participants puissent contribuer par écrit ou se préparer.
Chaque soirée, toutes les quatre à six semaines environ, serait introduite par deux ou trois intervenants qui présenteraient les enjeux du thème choisi et son approche. Une large place serait laissée au débat entre les participants.
Les séances seraient filmées et enregistrées : films et enregistrements seront rendus disponibles sur le Net (plusieurs sites possibles). Des synthèses des débats pourraient être réalisées et publiées. La matière ainsi formalisée pourrait nourrir la réalisation d’un ouvrage collectif.
Premières idées de thèmes :
- Séance inaugurale de problématisation concertée des thèmes proposés : l’ordre dans lequel ils seront abordés découlant de cette « problématisation ».
- Qu’est-ce que la domination ? Qu’est-ce que l’émancipation ?
- Déjà là du communisme ou communisme opérationnel, des exemples : la gratuité ? la révolution numérique ?
- En finir avec l’État ? Quoi, à la place ?
- Le "communisme municipal" n’est-il qu’un passé glorieux mais sans avenir ?
- La centralité du travail en question
- La propriété
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À noter, trois initiatives du même type existent déjà, l’une à Aubagne (coordonnée par Bernard Calabuig), une autre à Montluçon (coordonnée par Pierre Goldberg) et une à Lorient (coordonnée par Jean Le Bohec).
L’ACU est à l’origine de ce projet de séminaire ; mais nous souhaitons mettre en débat son ordre du jour même, les thématiques. Nous sollicitons votre point de vue sur cette note d’intention. Une séance de travail de cadrage sur ce projet pourrait avoir lieu en janvier pour un lancement du séminaire début février.
Contact : acu[@]plateformecitoyenne.net Objet : Note d'intention