NPA et LO : échec de l'extrême gauche électorale

NPA et LO : échec de l'extrême gauche électorale

Messagede atheus » 22 Sep 2012, 11:26

atheus, le 22/09/2012

Échec de l'extrême gauche électorale : des contradictions internes trop profondes.


Nouveau Parti Anticapitaliste, Lutte Ouvrière (union communiste trotskyste) sont aujourd’hui les deux partis qui symbolisent l'extrême gauche française. Loin d'être identiques, ces deux partis ont des scores électoraux similaires (pour le NPA un peu plus 400 000 votes en 2012 pour Philippe Poutou, pour LO environ 200 000 votes pour Nathalie Arthaud). Ces deux partis ont pourtant historiquement fait de biens meilleurs scores. Selon Nathalie Arthaud, les raisons de l'échec de l'extrême gauche vient d'une "démoralisation des travailleurs", pour le candidat du NPA, c'est à cause du manque de combattivité de la classe ouvrière. Est-ce vraiment la réalité ? Certes la combattivité des opprimés n'a jamais été aussi faible, mais si cela est évident, les causes de cette démoralisation sont moins claires. Quant au programme de ces deux partis à la gauche de la gauche, il se pourrait qu'il soit lui aussi responsable de leur échec. J'ai donc pris le temps de lire les brochures de ces deux partis, voici le lien des PDF :

Pour le programme de Lutte Ouvrière : http://www.nathalie-arthaud.info/IMG/pdf/brochure.pdf
Pour celui du NPA : http://www.npa2009.org/sites/default/fi ... 202012.pdf

Vous n'êtes pas obligés de tout lire, bien que pour rédiger cet article, j'ai moi-même lu en entier les programmes de ces deux partis, pour élucider ce qui cloche. Au-delà des causes prétendues de ces échecs électoraux se cache effectivement des contradictions profondes dans le programme et l'attitude de ces deux partis. C'est l'objet de cet article.


Commençons tout d'abord par le programme du Nouveau Parti Anticapitaliste :


"Aux capitalistes de payer leurs crises !" et " Nos vies valent plus que leurs profits ! ", telles sont les deux phrases retenues pour symboliser la campagne et le programme du NPA, et à juste titre.

Ce programme se définit comme "un programme d'urgence" et un programme "anticapitaliste". Autrement dit, il s'agit pour le NPA de faire des propositions anticapitalistes en réaction à la crise, et à la crise seulement, l'idée est simple : faire payer les capitalistes pour financer un système social pour résoudre la crise capitaliste. C'est à ce sujet que sont consacrées les 26 premières pages, expliquant l'urgence sociale et écologique et proposant des mesures économiques, sociales et écologiques sur tous ces domaines, on pourra retenir quelques idées intéressantes :

  • La sortie du nucléaire en dix ans grâce au développement des énergies renouvelables.
  • La réquisition des groupes de l’énergie et leur contrôle par les salariés et les usagers.
  • Une transition énergétique basée sur une planification des besoins socialement utiles.
  • Des élus mandatés et révocables sans possibilité d'avoir plus de deux mandats.


Pour le reste, il s'agit de mesures socialistes : augmentation des salaires à 1700€, suppression de la TVA sur les produits de première nécessité, annulation de la dette, etc... Le problème est que ces mesures sont des mesures uniquement "socialistes" et ne sont pas en soi un projet de société autre que celui de la société capitaliste. Bien sur, il n'est pas possible de dire à l'avance ce que sera la société socialiste du futur, mais là encore il aurait été possible de nous en dire un peu plus sur cette fameuse société, ce "socialisme du 21ème siècle", et pour cela, le NPA, a tout de même mis à la fin de sa brochure 2 malheureuses pages à ce sujet. Mais là encore, le NPA reste dans la critique du capitalisme, et à part quelques mots sur l'internationalisme, on ne saura rien de cette société dont ils nous font tant rêver.

Et là il y a déjà un problème. C'est sans doute le premier qui saute aux yeux, le NPA n'a pas de projet de société, son programme est un programme d'urgence mais si on analyse queqlue peu le contenu, on se rend compte qu'il ne sera jamais appliqué. Pourquoi ? Parce que ce programme ne sera jamais élu (le NPA n'a d'ailleurs pas pour vocation d'accéder au pouvoir), et que quand bien même les gens votaient massivement pour le NPA (peu probable), les capitalistes se défendraient et la seule solution pour appliquer ces mesures serait une révolution, et pas une élection. Donc là il y a un deuxième hic, c'est que s'il se produisait une révolution assez puissante pour renverser le capitalisme, pourquoi s'embarrasserait-on d'en demander tant aux capitalistes ? J'ai eu l'impression, en lisant le programme du NPA qu'il s'agissait d'une liste au père noël qu'il faudrait imposer aux patrons par des luttes. Mais si les luttes gagnaient, ce qu'il faudrait ça ne serait pas faire plier les patrons, mais les renverser purement et simplement, non ? Pourquoi donc tant leur en demander puisque nous voulons une société débarrassée des capitalistes et du capitalisme ?

Cela n'est pas un projet de société.

Là où le NPA dit : " Il faut prendre l'argent là où il est, annuler la dette et faire un monopole public bancaire. "
Nous disons : " Il faut supprimer l'argent, abolir la propriété privée et le capitalisme purement et simplement. "
Là où il dit : " Il faut faire payer les capitalistes. "
Nous disons : " Il faut renverser les capitalistes. "
Là où il dit : " Il faut augmenter les salaires. "
Nous disons " Il faut abolir le salariat. "
Là où il dit : " Nous allons sortir de la crise du capitalisme. "
Nous disons : " Nous allons sortir du capitalisme qui est une crise. "
Là où il dit : " Nous ne savons pas à quoi ressemblera la socialisme du 21ème siècle. "
Nous disons : " On a quelques idées pour commencer, il serait temps d'en parler plus sérieusement. "

En effet, les propositions du NPA ne pourraient être appliquées qu'en cas de révolution sociale, mais en cas de révolution sociale, pourquoi nous arrêterions nous là ? Pourquoi ne pas aller plus loin ? Pourquoi ne pas proposer un autre modèle de société ?

Le NPA se trompe donc sur toute la ligne : il participe à des élections bourgeoises en tant que candidature de témoignage mais refuse de rentrer dans le jeu, ce qui décrédibilise ses idées. Il veut s'affronter au capitalisme mais n'a pas de société alternative à proposer. Il veut appliquer quelques mesures dans le cadre du capitalisme mais ne fait pas de vraies proposition pour une autre société, il ne parle jamais de comment il veut y parvenir, il n'est jamais question de révolution, seulement de lutte sociale. Alors forcément, ceux qui seraient tentés par quelques idées du NPA mais qui, faute d'une volonté de ce parti de faire vaincre ces idées, se tournent vers Mélenchon, qui en plus, semble offrir une alternative institutionnelle semblable à l'intérieur du système et accessible par les moyens démocratiques, notamment avec son idée de 6ème république.

L'échec du NPA était donc inévitable, car il refuse de choisir entre lutte sociale révolutionnaire accompagnée d'un projet de société et une politique réformiste électoraliste à l'intérieure du système. C'est pourquoi il n'arrivera jamais à décoller électoralement et que sa seule solution est de rediscuter d'un projet de société, d'enlever cette bannière de l'anticapitalisme qui n'est pas un projet de société, et commencer sérieusement à réfléchir sur le socialisme du 21ème siècle plutôt que de n'y consacrer que 2 pages sur 30 dans leur programme. Et ils devraient aussi penser à changer le symbole de leur parti, parce qu'un mégaphone, moi ça ne me fait pas penser au socialisme du 21ème siècle.



Et maintenant, le programme de Lutte Ouvrière :


Le programme de Lutte Ouvrière commence avec ce slogan : "Nathalie Arthaud, une candidate communiste à l'élection présidentielle."

Alors là, on se dit "chouette", elle a autre chose que l'anticapitalisme à proposer, elle a une faucille et un marteau au lieu d'un mégaphone (c'est déjà moins pire), quelle est cette fameuse société communiste dont elle nous parle ? Eh bien là à ma grande surprise, ce projet de société est inexistant également à LO, à part une prise de contrôle des travailleurs sur la société et l'habituelle liste au père noël faite au patronat, ce programme dresse cependant une vision lucide de la société actuelle mais n'en tire aucune conclusion sur sa propre politique. On aurait pu penser que contrairement au NPA, LO avait un vrai projet de société, eh bien non. Si elle se revendique du communisme, Nathalie Arthaud ne nous montre nulle part une once de ce projet de société ; on saura seulement que ça n'est pas le stalinisme ni l'URSS, mais moi je n'aime pas jouer aux devinettes, et il aurait peut-être été judicieux de parler de cette société communiste un peu plus longuement dans son programme.

Le point positif que je trouve par rapport au NPA est l'idée d'un communisme révolutionnaire assumé, bien qu'il n'y ait aucune idée en rapport avec le communisme dans le programme de LO, on a tout de même une représentation de ce que serait la révolution, elle est explicitement évoquée, mais ce sera l'un des rares points positifs.

Le programme de Lutte ouvrière se décompose de cette façon : une définition on ne peut plus vague du communisme (on remarquera qu'avoir mis le "projet de société" au début était plus judicieux que de le mettre à la fin (en référence au NPA)). Puis une critique du capitalisme bien que moins précise, moins pertinente et moins exacte que celle du NPA. Ensuite, la liste au père des noël des choses qu'un gouvernement devrait imposer aux capitalistes, ce qui est contradictoire avec l'idée de renverser complètement le capitalisme. Et enfin, une analyse assez lucide de la situation électorale, mais les idées contradictoires que j'ai évoquées foisonnent. Cela dit, voilà comment LO résume le communisme :

Le communisme, c’est permettre à la collectivité de maîtriser son
activité économique afin que tous les êtres humains accèdent de façon
égale aux biens matériels et culturels que la société est capable de
produire en ce 21e siècle. Cette perspective ne pourra se réaliser que si
la classe ouvrière, la classe de ceux qui n’ont que leur travail pour vivre,
enlève le pouvoir à la bourgeoisie et à ses représentants pour l’exercer
elle-même, collectivement et démocratiquement.


Voilà une définition bien vague du communisme révolutionnaire, quoiqu'elle a tout de même le mérite d'être écrite noir sur blanc plutôt que d'être tout simplement omise. Seulement, pas un mot du fonctionnement théorique de cette société, de la répartition des pouvoirs, du fonctionnement de l'économie.

Et en parallèle à ce projet "communiste", le programme de LO est le même que celui du NPA : un programme socialiste (augmentation des salaires, interdiction des licenciements, etc...). Aux mêmes problèmes, les mêmes conséquences, les gens intéressés par ces idées se tourneront vers Mélenchon qui lui veut appliquer ces mesures et a plus de chance de le faire un jour démocratiquement.

Je suis tout de même surpris, car dans les interviews, lorsqu'un journaliste demande à Nathalie Arthaud la différence entre elle et Mélenchon ou entre elle et Poutou, elle répond du tac-o-tac qu'elle est communiste contrairement aux autres. Mais son programme n'a de communiste que le nom, j'ai pourtant bien cherché, à part une allusion à l'autogestion des travailleurs dans les entreprises (également reprise au NPA), une hypothétique remise en cause de la propriété privée et une gestion collective par les travailleurs de la société. Mais au-delà des mots, toutes ces idées restent très vagues et sont des incantations semblables à celles du NPA.

Un programme décevant donc, rempli de contradictions entre les réalités pourtant évoquées et la politique de LO avant-gardiste et confuse.



En conclusion, ces deux partis, par leurs contradictions internes ne peuvent et ne veulent pas être une alternative au capitalisme, ils le critiquent et parfois même très bien mais proposent en retour une société socialiste qui ne remet en cause le capitalisme que dans les mots. Les mesures proposées sont faibles et quand bien même, seule un révolution pourrait les faire appliquer, et en cas de révolution, pourquoi s'arrêter là ?
Modifié en dernier par atheus le 22 Sep 2012, 18:33, modifié 5 fois.
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Re: NPA et LO : échec de l'extrême gauche électroale

Messagede altersocial » 22 Sep 2012, 12:48

Lutte Ouvrière (union communiste trotskyste)


Erreur wikipédia : il s'agit de l'Union communiste internationaliste :wink:

Échec de l'extrême gauche électorale : des contradictions internes trop profondes.

Il est de toi le texte athéus ? En tout cas compplètement d'accord.
De plus il pose d'autres questions sur des thèmes beaucoup plus vastes que ces deux seules organisations.
Un bon texte de départ pour discussion.
Et en plus tu as eu le courage d'ingérer les 2 programmes ! (c'est de l'héroïsme là :mrgreen: )
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Re: NPA et LO : échec de l'extrême gauche électroale

Messagede atheus » 22 Sep 2012, 12:54

Erreur wikipédia : il s'agit de l'Union communiste internationaliste :wink:


oups.... :? j'avais lu "union communiste (trotskyste)" sur le site de lo : http://www.lutte-ouvriere.org/

Il est de toi le texte athéus ?


Oui, je l'ai écrit ce matin-même après avoir lu les programmes hier soir et y avoir réfléchi un bon bout de temps.

Et en plus tu as eu le courage d'ingérer les 2 programmes ! (c'est de l'héroïsme là :mrgreen: )


Oui c'est vrai, je voulais aussi lire celui du fdg, mais celui du npa m'a achevé. D'autant que le fdg se porte plutôt bien, donc lo et npa suffisaient largement pour cette analyse.
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Re: NPA et LO : échec de l'extrême gauche électroale

Messagede Kzimir » 22 Sep 2012, 13:07

Je ne suis pas forcément d'accord avec cette idée que le programme expliquerait l'échec de l'extrême gauche électorale. La plupart des gens ne lisent pas le programme, et les succès qu'on pu avoir Besancenot ou Laguiller aux précédentes présidentielles ne s'expliquaient pas par un programme plus cohérent. Par contre on peut voir plein de groupuscules qui ont choisi sans ambiguïté la voie révolutionnaire et qui restent, justement, des groupuscules.
L'idée des trotskystes, qui ne me semble pas forcément fausse, c'est que les revendications et le programme doivent incarner une dynamique de luttes bien plus qu'un programme réel. J'adhère avec cette idée du programme en tant qu'outil plus qu'en tant qu'objectif. Le problème vient plutôt du fait qu'au delà des quelques militants, cette idée de dynamique n'est pas forcément visible, et on a l'impression que le programme consiste en lui même en un projet de société, tandis que, comme tu l'as relevé, le projet communiste devient de plus en plus évanescent (ce dont je ne me plaindrais pas).
Bref, pour moi ce programme ne doit pas être jugé en soi, mais dans sa capacité à mobiliser les classes populaires et à incarner une dynamique de luttes pouvant mener à un changement de société.
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Re: NPA et LO : échec de l'extrême gauche électroale

Messagede altersocial » 22 Sep 2012, 13:13

Kzimir a écrit:Je ne suis pas forcément d'accord avec cette idée que le programme expliquerait l'échec de l'extrême gauche électorale. La plupart des gens ne lisent pas le programme, et les succès qu'on pu avoir Besancenot ou Laguiller aux précédentes présidentielles ne s'expliquaient pas par un programme plus cohérent. Par contre on peut voir plein de groupuscules qui ont choisi sans ambiguïté la voie révolutionnaire et qui restent, justement, des groupuscules.


Ils ne lisent pas forcément les programmes c'est vrai, mais les affiches, les spots télés et les tracts sont le reflet synthétisés ce ces programmes.

Une seule exception : le spot de campagne "The Anticapitalist" de Poutou, là ça a fait plaisir. :wink:
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Re: NPA et LO : échec de l'extrême gauche électroale

Messagede atheus » 22 Sep 2012, 13:22

Oui, les gens ne lisent pas nécessairement le programme en entier comme je l'ai fait, mais le programme est retranscrit en petits morceaux par les médias, les affiches, les interview, les tract, etc... et même si les médias ont tendance à mettre beaucoup plus en valeur certains partis que d'autre (c'est une évidence), cela n'a d'influence que lorsqu'il s'agit d'une concurrence entre grands partis. Regardes, mélenchon a fait autant que LO ces 4 dernières élections présidentielles réunies, et cela, ce n'est pas uniquement l’œuvre des médias (bien que mélenchon se soit appuyé sur l'appareil du PCF déjà bien rodé), la réalité est que les gens qui ont voté mélenchon ont vu en lui un mec qui allait vraiment pouvoir faire changer les choses (même si ça n'est qu'une impression), son programme étant proche de celui du NPA et de LO mais lui veut le pouvoir, et donc les gens donnent leur vote à mélenchon.

Ce que je dis c'est que LO et le NPA ont fait le choix d'être à cheval entre le système électoral bourgeois pour se faire voir et la lutte révolutionnaire qu'ils revendiquent (ou pas). Et comme mélenchon les a dépassés sur le terrain électoral, ils sont marginalisés et leur partie ancrée dans le système n'a plus lieu d'être. S'ils proposent la même chose que le fdg mais qu'ils ne veulent pas être élus, les gens vont voter pour le fdg, donc ils doivent proposer autre chose, d'où la question du programme électoral. Et cela met en évidence des contradictions internes à ces deux partis, notamment sur leur programme qui ne propose rien en terme de projet de société, c'est l'impression que j'ai après avoir lu leurs brochures.
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Re: NPA et LO : échec de l'extrême gauche électroale

Messagede altersocial » 22 Sep 2012, 13:38

atheus a écrit:Ce que je dis c'est que LO et le NPA ont fait le choix d'être à cheval entre le système électoral bourgeois pour se faire voir et la lutte révolutionnaire qu'ils revendiquent (ou pas).


LO dit participer aux élections pour s'en servir comme d'une "tribune pour la révolution". Soit. Pourquoi pas. Mais dans les textes et les discours publics de campagne ce n'est que du parasyndicalisme, terrain sur lequel le FdG/PCF est bien plus fort. LO-NPA donne l'impression de faire la voiture-balai du FDG qui lui même fait la voiture-balai du PS.
LO produit des textes révolutionnaires dans l'intimité des cercles militants, déjà convaincus. A quoi bon ?
Et ses militants (j'en connais quelques uns) de dire qu'ils collent à la conscience des masses (paradoxe quand on connait les réfléxions déplacées de Lénine à ce sujet). Qu'en savent-ils ? Le monde du travail est en partie en rupture avec le capitalisme et les programmes proposés sont considérés comme inapplicables dans un contexte capitaliste par beaucoup de salariés (fuite des capitaux, ...).
C'est la crise mondiale, le chômage de masse, ... bref le moment de produire un discours de rupture avec la capitalisme mais on en reste à "moraliser le capitalisme". A quoi bon ?
La classe ouvrière c'est 70% d'abstention aux élections.
Mais le problème n'est pas là : les résultats aux élections ne seront jamais un bon indicateur de la conscience de classe des salariés. On ne peut pas juger LO-NPA là dessus. En revanche qu'ils végètent à quelques milliers d'adhérents après des années d'exposition médiatique ça laisse à réfléchir. Sont-ils à côté de la plaque de ce besoin de rupture avec le capitalisme de beaucoup de salariés ?? le problème est-il ailleurs ??
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Re: NPA et LO : échec de l'extrême gauche électroale

Messagede atheus » 22 Sep 2012, 13:45

LO dit participer aux élections pour s'en servir comme d'une "tribune pour la révolution".


C'est déjà un problème en soi parce que participer à une élection bourgeoise, c'est montrer qu'on est dans le système. Ils le disent eux-même : le vote ne change pas nos vies, donc leur élection n'est qu'un coup de pub pour le mouvement révolutionnaire ? Ok, alors dans ce cas où est leur programme révolutionnaire ? Ils ont le même programme que le fdg, qui lui, veut vraiment le pouvoir, c'est le problème. Donc à quoi servent LO-NPA, puisque les idées de leur programme vont finalement gagner en la personne de mélenchon ?
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Re: NPA et LO : échec de l'extrême gauche électroale

Messagede altersocial » 22 Sep 2012, 14:04

atheus a écrit:
LO dit participer aux élections pour s'en servir comme d'une "tribune pour la révolution".


C'est déjà un problème en soi parce que participer à une élection bourgeoise, c'est montrer qu'on est dans le système. Ils le disent eux-même : le vote ne change pas nos vies, donc leur élection n'est qu'un coup de pub pour le mouvement révolutionnaire ? Ok, alors dans ce cas où est leur programme révolutionnaire ? Ils ont le même programme que le fdg, qui lui, veut vraiment le pouvoir, c'est le problème. Donc à quoi servent LO-NPA, puisque les idées de leur programme vont finalement gagner en la personne de mélenchon ?


On est d'accord c'est exactement ce que j'écrivais au-dessus. :wink:

Après cela amène à une autre réfléxion : une organisation révolutionnaire doit-elle avoir une expression publique révolutionnaire ou se mettre en concurrence avec le syndicalisme (même radical) avec toutes les confusions que cela suppose ? sinon à quoi bon être une organisation révolutionnaire?
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Re: NPA et LO : échec de l'extrême gauche électroale

Messagede atheus » 22 Sep 2012, 14:14

On peut être une organisation révolutionnaire sans se présenter à des élections. LO-NPA considèrent que c'est un moyen de faire connaître leurs idées. C'est selon moi une mauvais méthode qui devait inévitablement mener vers là où ils en sont car ils symbolisent le vote inutile.

Ce qu'il faut, c'est lutter d'une autre façon qu'à travers des partis institutionnels et institutionnalisés. Une des solutions peut-être un syndicalisme révolutionnaire actif totalement indépendant des bureaucraties et qui ait pour seul objectif de mener une lutte classe du côté des classes populaires. Par exemple l'un des enjeux aujourd'hui est que face à la crise et au chômage, la montée de l'individualisme fait que la pression sur les salariés est croissante par peur du chômage et que les chômeurs sont prêts à accepter n'importe quel emploi pour survivre. Ce qu'il faut, c'est monter des collectifs de résistance indépendants des circuits classiques et proposant une réponse pour résister au patronat et aux contraintes qu'il impose. L'exemple que j'ai cité est un problème parmi d'autres, ce qu'il faut c'est faire en sorte que toutes les luttes indépendantes soient coordonnées et qu'ainsi, la résistance soit plus efficace. Un parti politique ne peut pas faire ça et c'est un outil obsolète.
Une organisation révolutionnaire indépendante du circuit médiatico-politique classique doit avoir pour objectif une révolution sociale et massive.

NPA-LO ne sont pas dans cette perspective car malgré le soutien qu'ils apportent aux luttes, leurs revendications finales sont dépassées et ne répondent pas au capitalisme mais à ses crises. Leur seul argument est l'indépendance et l'opposition au PS, mais ça n'est qu'un argument politique, bref, une perte de temps.
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Re: NPA et LO : échec de l'extrême gauche électorale

Messagede altersocial » 22 Sep 2012, 15:57

Ce qu'il faut, c'est monter des collectifs de résistance indépendants des circuits classiques et proposant une réponse pour résister au patronat et aux contraintes qu'il impose.


Oui, mais résister au patronat (ce que je fais toute la semaine dans mon syndicat déjà) n'est pas construire une dénonciation de l'absurdité du capitalisme pour l'articuler avec un projet émancipateur. C'est là qu'il me semble je diverge avec la conception que tu proposes.
Bien entendu il n'y a pas de séparation entre la lutte sociale et l'émancipation sociale, la seconde pouvant être contenu en germe dans la première. Mais tu peux en rester au stade de la résistance sans jamais connaître un projet porteur d'une rupture radicale avec le capital (un projet qui trace des grandes lignes, pas qui promet le paradis dans un programme pré-établi en 20 points par des militants).

Une des solutions peut-être un syndicalisme révolutionnaire actif totalement indépendant des bureaucraties et qui ait pour seul objectif de mener une lutte classe du côté des classes populaires.

Un parti politique ne peut pas faire ça et c'est un outil obsolète.


La révolution n'est pas une affaire de parti, mais pourquoi serait-elle l'affaire d'un syndicat ?
Pourquoi "du côté des classes populaires" ? L'auto-organisation n'est elle pas l'émanation des classes populaires ? elle n'a donc pas à en être "du côté", elle en est le produit.
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Re: NPA et LO : échec de l'extrême gauche électorale

Messagede atheus » 22 Sep 2012, 16:09

mener une lutte classe du côté des classes populaires.


je disais ça parce que les syndicats actuels mènent aussi la lutte des classes, mais dans l'autre sens, c'était donc juste pour éviter toute ambiguïté.

un projet qui trace des grandes lignes, pas qui promet le paradis dans un programme pré-établi en 20 points par des militants


on est bien d'accord là-dessus. Cela dit le projet de société ne se construit pas du jour au lendemain à l'approche du grand soir, il se construit en permanence et évolue sans cesse selon le contexte, il est important de se fixer des objectifs et d'avoir une idée de ce que l'on veut atteindre. La révolution n'est pas quelque chose qui s'improvise : on ne sait pas où l'on va, mais on sait dans quelle direction aller et comment y parvenir.
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Re: NPA et LO : échec de l'extrême gauche électroale

Messagede Ian » 22 Sep 2012, 21:01

Kzimir a écrit:Je ne suis pas forcément d'accord avec cette idée que le programme expliquerait l'échec de l'extrême gauche électorale. La plupart des gens ne lisent pas le programme, et les succès qu'on pu avoir Besancenot ou Laguiller aux précédentes présidentielles ne s'expliquaient pas par un programme plus cohérent. Par contre on peut voir plein de groupuscules qui ont choisi sans ambiguïté la voie révolutionnaire et qui restent, justement, des groupuscules.
L'idée des trotskystes, qui ne me semble pas forcément fausse, c'est que les revendications et le programme doivent incarner une dynamique de luttes bien plus qu'un programme réel. J'adhère avec cette idée du programme en tant qu'outil plus qu'en tant qu'objectif. Le problème vient plutôt du fait qu'au delà des quelques militants, cette idée de dynamique n'est pas forcément visible, et on a l'impression que le programme consiste en lui même en un projet de société, tandis que, comme tu l'as relevé, le projet communiste devient de plus en plus évanescent (ce dont je ne me plaindrais pas).
Bref, pour moi ce programme ne doit pas être jugé en soi, mais dans sa capacité à mobiliser les classes populaires et à incarner une dynamique de luttes pouvant mener à un changement de société.
En effet, ni le NPA ni LO ne va aux élections pour présenter son projet de société (qui paraîtrait complètement abstrait voire lunaire). Il s'agit uniquement de présenter un programme de lutte afin de faire de l'agitation politique au service de ces luttes.

Alors par rapport au texte d'atheus, on peut discuter des revendications etc. On peut les juger inadaptées au niveau de conscience politique réel. Mais en tout cas ce n'est évidemment pas le projet politique global et final qui est présenté dans le cadre électoral. Et ce ne serait de toute façon pas possible au vu des contraintes de l'exercice imposées par la bourgeoisie.

Juger de la réussite ou de l'échec à partir du score électoral uniquement, c'est valable pour des organisations réformistes qui pensent qu'on va changer des choses dans le cadre de l’État bourgeois, mais je pense que ça l'est beaucoup moins pour des organisations révolutionnaires (même si le score est un thermomètre).

Par ailleurs, l'utilisation par le NPA ou LO de la tribune des élections bourgeoises part d'un principe assez simple : il faut utiliser toutes les tribunes à notre disposition, profiter de toutes les contradictions du système, afin de faire de l'agitation révolutionnaire. Agitation non pas abstraite mais en prise avec le mouvement réel, les luttes réelles.

Or pour prendre un seul exemple : je ne pense pas qu'il y ait de possibilité pour des luttes de masse sur le mot d'ordre "abolition de l'argent". C'est certes un objectif à atteindre dans un projet de société communiste, mais à l'instant T, ce n'est pas un programme de lutte en prise avec le mouvement réel et permettant d'envisager des luttes de masse sur la question.
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Re: NPA et LO : échec de l'extrême gauche électorale

Messagede atheus » 22 Sep 2012, 21:09

En effet, ni le NPA ni LO ne va aux élections pour présenter son projet de société (qui paraîtrait complètement abstrait voire lunaire). Il s'agit uniquement de présenter un programme de lutte afin de faire de l'agitation politique au service de ces luttes.


En connaissance de cause, puisque j'ai lu les programmes de ces partis et que j'ai lu une partie de celui du front de gauche, eh bien je peux te dire que le propositions sont grosso-modo les mêmes sur les questions principales, donc ça n'est pas un programme de lutte, non.

Mais en tout cas ce n'est évidemment pas le projet politique global et final qui est présenté dans le cadre électoral. Et ce ne serait de toute façon pas possible au vu des contraintes de l'exercice imposées par la bourgeoisie.


Ok, pour une campagne, ils ont donc selon toi modéré leur programme pour que ça soit acceptable et passable ? Mais alors pourquoi ils ne mettent pas au moins leurs vrais idées sur leur site ? J'ai été voir, rien de plus, rien de moins, donc non, c'est leur vrai programme !

Juger de la réussite ou de l'échec à partir du score électoral uniquement, c'est valable pour des organisations réformistes qui pensent qu'on va changer des choses dans le cadre de l’État bourgeois, mais je pense que ça l'est beaucoup moins pour des organisations révolutionnaires (même si le score est un thermomètre).

Par ailleurs, l'utilisation par le NPA ou LO de la tribune des élections bourgeoises part d'un principe assez simple : il faut utiliser toutes les tribunes à notre disposition, profiter de toutes les contradictions du système, afin de faire de l'agitation révolutionnaire. Agitation non pas abstraite mais en prise avec le mouvement réel, les luttes réelles.


Ça personne ne le remet en question, mais cette façon d'agir favorise un comportement avant-gardiste, or la plupart des gens, même découragés, voteraient pour LO-NPA si le programme, même inapplicable dans le cadre de la démocratie bourgeoise, était si différent de celui du FDG et plus en rupture avec le capitalisme.
atheus
 

Re: NPA et LO : échec de l'extrême gauche électorale

Messagede Ian » 22 Sep 2012, 21:25

atheus a écrit:
En effet, ni le NPA ni LO ne va aux élections pour présenter son projet de société (qui paraîtrait complètement abstrait voire lunaire). Il s'agit uniquement de présenter un programme de lutte afin de faire de l'agitation politique au service de ces luttes.
En connaissance de cause, puisque j'ai lu les programmes de ces partis et que j'ai lu une partie de celui du front de gauche, eh bien je peux te dire que le propositions sont grosso-modo les mêmes sur les questions principales, donc ça n'est pas un programme de lutte, non.
Soit tu n'as pas bien lu les programmes respectifs, soit (et c'est le plus probable) nous ne sommes pas d'accord sur ce que sont "les questions principales"! ;)

atheus a écrit:
Mais en tout cas ce n'est évidemment pas le projet politique global et final qui est présenté dans le cadre électoral. Et ce ne serait de toute façon pas possible au vu des contraintes de l'exercice imposées par la bourgeoisie.
Ok, pour une campagne, ils ont donc selon toi modéré leur programme pour que ça soit acceptable et passable ? Mais alors pourquoi ils ne mettent pas au moins leurs vrais idées sur leur site ? J'ai été voir, rien de plus, rien de moins, donc non, c'est leur vrai programme !
Ce n'est pas une question de "modération", j'expliquais justement qu'il s'agissait uniquement d'un programme de lutte et non pas d'un projet de société.
Par contre, sur le projet de société, je t'accorde que ça manque de matière et qu'il est dommage qu'il n'y ait pas de développements plus complets là-dessus (sous forme de brochures ou autre).

atheus a écrit:
Juger de la réussite ou de l'échec à partir du score électoral uniquement, c'est valable pour des organisations réformistes qui pensent qu'on va changer des choses dans le cadre de l’État bourgeois, mais je pense que ça l'est beaucoup moins pour des organisations révolutionnaires (même si le score est un thermomètre).

Par ailleurs, l'utilisation par le NPA ou LO de la tribune des élections bourgeoises part d'un principe assez simple : il faut utiliser toutes les tribunes à notre disposition, profiter de toutes les contradictions du système, afin de faire de l'agitation révolutionnaire. Agitation non pas abstraite mais en prise avec le mouvement réel, les luttes réelles.
Ça personne ne le remet en question, mais cette façon d'agir favorise un comportement avant-gardiste, or la plupart des gens, même découragés, voteraient pour LO-NPA si le programme, même inapplicable dans le cadre de la démocratie bourgeoise, était si différent de celui du FDG et plus en rupture avec le capitalisme.
Je n'ai pas la prétention de savoir ce que feraient "la plupart des gens" dans tel ou tel cas. C'est toujours difficile de savoir tant qu'on n'a pas essayé. Et quand on a essayé, on ne sait pas ce que ça aurait été autrement... :wink:
Par contre, je n'ai pas saisi ce que tu voulais dire par "cette façon d'agir favorise un comportement avant-gardiste"?
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