Eva Joly : « Une rémunération maximum de 500 000 euros »
Par Rue89 | 08/06/2011 | 20H41
Candidate à la primaire d'Europe Ecologie - Les Verts, Eva Joly a succédé à son rival Nicolas Hulot dans les locaux de Rue89. Ils se sont croisés, le temps d'une bise et d'une photo. Eva Joly n'aime pas trop l'exercice du tchat : elle préfère « quand on fait face à un journaliste ». Elle n'en a pas moins accepté de répondre aux questions des riverains.
Si Hulot est très à l'aise sur les questions environnementales, Joly est sur son terrain dès qu'il s'agit de parler d'affaires, d'équité sociale ou des institutions.
Elle a en général des réponses plus tranchées : oui, si elle est présidente, elle abolira les lois Hadopi et Loppsi, elle le « promet solennellement » ; oui elle est pour la dépénalisation du cannabis ; oui, la corrida peut être maintenue dans les régions dont c'est la tradition ; oui, il faut une VIe République, même si Joly ne sait pas si celle-ci sera obtenue par la mise en place d'une assemblée constituante ou par des réformes profondes de la constitution actuelle…
Eva Joly propose une tranche supérieure de l'impôt sur le revenu à 70% au delà de 500 000 euros, mais elle propose aussi, dans les entreprises, l'instauration d'une rémunération maximum de 500 000 euros. Elle ne rejette pas le principe des niches fiscales, à condition d'orienter celles-ci vers l'environnement ou le logement. Elle estime que l'économie verte ne doit pas être anti-industrielle, mais les énergies nouvelles doivent en être le moteur :
« Nous allons avoir une économie verte, qui n'est pas anti-industrielle. Et maintenir une toute petite croissance. »
Si les socialistes gagnent la présidentielle, elle juge que les écolos pourront demander de grands ministères, comme les Finances ou les Affaires étrangères. Le ministère de la Justice, en revanche, ne la tente pas : « J'aurais pu l'avoir il y a quinze ou vingt ans ».
Nous l'avons aussi interrogée sur la remise en cause de la binationalité : Franco-norvégienne, elle est directement concernée. Selon elle, ceux qui veulent l'abroger « ne comprennent rien à la France d'aujourd'hui ».
La binationalité est une victoire des femmes, qui peuvent garder leur nationalité d'origine quand elles se marient, juge-t-elle. Et ceux qui la remettent en cause sont les mêmes qui rêvent d'une France vieillissante et refermée sur elle même, les même qui défendent l'idée d'une « Europe forteresse ».
L'eurodéputée croit à l'Union européenne et refuse l'équivalence Europe = libéralisme. Pour changer la donne, la voie la plus simple passe selon elle par les urnes : il suffit d'envoyer au Parlement européen « une majorité qui permette une Europe moins libérale »…
Pascal Riché
et
Quelle est votre position sur les barbaries d'un autre âge que sont la chasse et la corrida ?
Par Rue89 | 08/06/2011 | 14H45
« La corrida est très populaire dans le Sud de l'Europe et il convient d'empêcher que cela se développe ailleurs que là où c'est ancré dans les traditions. Il faut limiter l'accès à ce spectacle aux adultes. »
« Je suis hésitante sur une interdiction, car en Espagne, cela fait partie vraiment de la culture. Une interdiction ne peut se faire que progressivement, en concertation avec les populations locales. »
« La chasse à courre est aussi une chasse ancestrale et très implantée dans certaines régions, et donc ma réponse est la même. Il y va du respect des cultures locales, des régions, des identités culturelles. »
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