NATHALIE ARTHAUD : « JE N’ATTENDS PAS GRAND-CHOSE DE CE GOUVERNEMENT » 31/10Nathalie Arthaud, la porte-parole de Lutte Ouvrière demande que le gouvernement « fasse payer les riches » et tienne ses promesses sur le droit de vote aux étrangers. Tout en estimant que la simplification des conditions pour obtenir la nationalité française « va dans le bon sens. »
GazetteINFO.fr : Que pensez-vous de la politique fiscale du gouvernement ?Nathalie ARTHAUD : Il me semble tout à fait normal que les plus riches payent plus d’impôts ! Mais souvent, ils ont un taux d’imposition inférieur aux autres contribuables, parce qu’ils bénéficient de nombreuses niches fiscales. Le gouvernement doit imposer plus de justice fiscale. Est-il acceptable que Total ne paye quasiment pas d’impôts en France ? C’est inacceptable.
Et du budget 2013 présenté par le gouvernement ?C’est un budget d’austérité. Qui ne diffère en rien des budgets du gouvernement Fillon. Il y a près de 8 millions de personnes qui vivent en France sous le seuil de pauvreté, et on mise sur un budget qui va un peu plus augmenter la précarité et affaiblir les services publics.
Vous êtes très critique vis-à-vis du gouvernement et de son attitude face au patronat…Ce gouvernement ne veut surtout rien imposer aux grands patrons ! Il est leur obligé. Il n’exige rien du patronat, de peur de le froisser. Il est à son service. Il se comporte exactement de la même façon que le gouvernement Fillon. Je ne vois aucune différence entre l’action de Nicolas Sarkozy et celle de François Hollande. C’est pour cela que je n’avais pas appelé à voter pour le candidat socialiste lors de la dernière élection présidentielle. Il faut interdire aux patrons de licencier.
« Le gouvernement cède sous les protestations de la droite »Se dirige-t-on vers un transfert des charges patronales et une augmentation de la CSG ?Il faut hélas le craindre. Je pense que le gouvernement va dans cette direction. Reste à savoir quand et comment. Cela fait des années que le patronat fait cette demande et vient se plaindre du poids des charges, qui nuirait à la compétitivité. Et comme le gouvernement est à sa disposition, il va sans doute s’exécuter. Cette notion de compétitivité est très à la mode. Ce que veulent les patrons, c’est faire travailler davantage les gens et faire baisser les salaires. Chez eux, c’est une seconde nature. On nous parle de mondialisation, mais avant cela, il y avait une concurrence nationale, et le discours était le même. Que vous alliez en Roumanie, à Cuba, dans le Maghreb ou n’importe où dans le monde, tous les patrons demandent aux travailleurs d’être plus compétitifs. C’est leur lutte, leur combat. Les travailleurs doivent aussi mener leur lutte…
François Hollande avait fait du droit de vote aux étrangers une des mesures phares de son quinquennat. Or, elle a été repoussée à une date ultérieure…Je ne suis pas vraiment surprise, dans la mesure où je n’attends pas grand-chose de ce gouvernement. J’ai l’impression qu’il cède sous les protestations de la droite, laquelle ne cesse de monter au créneau sur cette question.
Naturalisation : « Cela va rester un parcours du combattant » Le gouvernement n’aurait-il pas plutôt pris conscience que les Français, dans leur majorité, y étaient opposés ?Il aurait dû faire preuve de courage. François Hollande s’était pourtant engagé à tenir cette promesse électorale. Lutte Ouvrière demande que le droit de vote des étrangers soit appliqué, et même étendu à toutes les élections, locales comme nationales.
Y compris à l’élection présidentielle ?Y compris à l’élection présidentielle, oui.
Manuel Valls, le ministre de l’Intérieur, a décidé d’assouplir les conditions d’obtention de la nationalité française. Cela va plutôt dans le sens que vous souhaitiez, non ?Absolument. Il fallait en finir avec les conditions drastiques et stupides décidées par le gouvernement Fillon. Je veux parler de l’obligation d’être titulaire d’un Contrat à durée déterminée (CDI), de devoir répondre à un Questionnaire à choix multiples (QCM), ou encore de devoir justifier de dix années de résidence en France. Tout cela était parfaitement injustifié et exagéré. Donc oui, les choses semblent aller dans le bon sens, mais nous considérons qu’il faut encore assouplir les règles. Car pour de trop nombreuses personnes qui veulent obtenir la nationalité française, cela va rester un véritable parcours du combattant.