Je ne me retrouve pas dans la façon de poser et traiter ce sujet.
Tout d'abord, il faudrait replacer la phrase dans le paragraphe dont elle est extraite, et dans son contexte, parce que lu comme cela on ne comprend pas d'où çà sort
(texte : http://www.alternativelibertaire.org/sp ... rticle2111)"Il n’y a donc pas de raison tactique de privilégier l’unité avec les organisations anarchistes, et encore moins de raison stratégique, AL étant un courant politique spécifique, dont « l’effort de synthèse ne s’arrête pas aux seuls courants libertaires » et cherchant « une fusion des acquis positifs de l’ensemble des courants révolutionnaires. » (Manifeste pour une AL, p36). Les organisations anarchistes ne constituent donc pas de ce point de vue des « partenaires naturels ». Reste que l’ouverture des organisations anarchistes vers le reste de la gauche sociale serait une avancée pour le courant libertaire. Et quand ces organisations font le choix de l’ouverture partielle, nous sommes sollicités, ce qui n’était pas le cas il y a 10 ans. Il serait dommage de fermer la porte à ces signes d’ouverture. Mais participer à des initiatives unitaires avec les libertaires doit rester pour nous une tâche secondaire devant l’orientation de construction des fronts anticapitalistes, ou alors se situer clairement dans une perspective de convergence plus large, avec des courants non libertaires. Et de ce point de vue, rien n’est joué."
C'est dans la partie des motions de congrès d'Alternative Libertaire de 2008, traitant de la question de la création d'un front anticapitaliste. Et ce front anticapitaliste ne peut pas se faire qu'avec le mouvement anarchiste.
Alors, on aurait pu en rester là mais malheureusement la formulation n'est pas heureuse on va dire. Je m'y suis opposé, et ai donc fait partie de la minorité qui a voté contre au congrès. Pourquoi, parce que celà semble fermer une porte que nous devrions toujours laisser ouverte. Alors ce n'était pas forcément l'intention, mais beaucoup dans le mouvement anarchiste l'ont lu comme cela, et évidemment ce sont les plus sectaires d'entres eux qui s'en servent ajourd'hui de hochet à secouer. Et là d'ailleurs il me peine un peu d'en voir dans AL faire de même, en tout cas c'est comme cela que j'ai appréhendé ce topic.
Un élément aussi de cette partie de cette motion qui me gènait est cette histoire de «partenaires naturels» qui ne seraient pas anarchistes parce qu'AL se réclame des acquis positifs de l’ensemble des courants révolutionnaires du mouvement ouvrier. Sur les acquis c'est très bien et je me retrouve dans cette démarche qui était aussi celle du courant anarchiste, qui est né aussi au sein du courant d'idées socalistes et au sein du mouvement ouvrier qui ont émergé au 19e siècle, et qui dès Proudhon a tiré profit du brassage d'idées et d'analyses et des expériences qu'il y avait (et d'ailleurs aujourd'hui il n'y a plus vraiment ou plus beaucoup de "Proudhonniens", sensibilité déjà mise à mal dans la première internationale, et notamment par la sensibilité bakouninienne, et heureusement que çà a avancé...). Mais est-ce que cela fait d'AL une organisation hors de ce courant, je ne le pense pas, et comme une majorité de camarades me réclame du communisme-libertaire et de l'anarchisme révolutionnaire et de lutte de classes. Est-ce que tout le monde avait bien lu, car on est pas à la FA, ce ne sont pas trois bouts de courtes motions consensuelles qui sortent mais de nombreux textes longs ? Parce que moi j'y avais aussi bien vu qu'il y avait un problème qui pouvait ne pas se poser que dans la forme, et aussi à travers ceux qui ont porté ce point de vue, une frange qui se réclame d'un "marxisme libertaire" et dont j'ai toujours dénoncé le manque de corpus et un certain opportunisme, et qui désirait en tout cas prendre une revanche sur le congrès de 2004 et autres congrès précédents qui disaient bien autre chose. Il aurait fallu rebosser la question et pondre autre chose en se servant des éléments des congrès de 2004 et 2008 qui s'opposent sur cette question pour le congrès de 2010, mais je n'ai pas bossé, donc je ne ferai pas une grande leçon là dessus. D'autant, et parce qu'il faut aussi le souligner, que la priorité de l'ensemble des composantes organisées du mouvement libertaire aujourd'hui et ben c'est pas l'unité justement. Et je parle là d'une forme "d'unité par le haut", parce qu'à la base et localement les expériences sont différentes...Et c'est d'ailleurs à mon avis à partir de ces expériences, qui tiennent compte parfois aussi des libertaires non organisé-es spécifiquement, qu'il y aurait matière à faire avancer la chose.
On aura sans doute l'occasion de revenir sur cette question du "front anticapitaliste", qui pour moi serait encore à dévopper, si l'on ne veut pas rester dans l'incantation ou un opportunisme qui me gène lorsque je me prend à imaginer certains scénarios qui mettraient AL à la remorque d'une gauche de la gauche dont l'anticapitalisme me paraît factice, et qui continue à faire débat dans ses contenants et contenus. Et cette carte que l'on peut lire aussi en un certain opportunisme à été joué au moment où la LCR posait la construction du NPA. Pour moi qui ne suis pas fermé à l'unité des libertaires, je la poserais dans un premier temps en avec qui et pourquoi faire. Et au passage je trouve profondément réducteur de ne parler que des anarcho-individualistes, qui sont une minorité dans le mouvement libertaire organisé. Dans ce mouvement libertaire organisé aujourd'hui en France, on retrouve une majorité de communistes-libertaires. Si je peux voir les divergence avec l'OCL, divergences qui persistent en partie et sont celles qui avaient amené la scission en 1976 de l'Organisation Révolutionnaire Anarchiste, elle même scission de la FA, je n'ai pas l'impression d'être très éloigné des camarades de la CGA, de camarades de l'OCL, voire de certains camarades de la FA, car il reste encore quelques éléments de cette sensibilité, qui est en grande partie sortie de la FA maintenant. Et là je ne cache pas parler de recomposition possible, et donc évidemment d'unité structurelle à terme. En tout cas au moins un camarade de la CGA pense la même chose dans mon coin, cela permer de faire naître un espoir
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Au delà, et parce que la dynamique vite retombée * de "Pour une unité des libertaire" lancée en 2000, dynamique dans laquelle je me suis inscrit, et avec d'autres camarades de la région centre parce que l'on avait construit un Collectif Libertaire Régional (FA, AL, et non organisés), il y avaient quelques pistes, et à l'aide de nos outils historiques, comme le fédéralisme et l'autonomie, à ce qui pourrait être non pas une unité de structures, voire une unification en "parti unique" chose qui ne me parait pas pensable ni même souhaitable, mais en réseau. Un réseau dans lequel pourraient s'inscrire aussi des groupes libertaires locaux non fédérés, des individus, et aussi des alternatives en acte (associations diverses, culuturelles même, scops, squats, etc...).
En tout cas localement nous participons à créer du réseau, les libertaires se cotoient sur le terrain syndical, AL et la CGA bossent ensemble, et une association "les amis de Demain Le Grand Soir" s'est constituée en espace du possible. Sur le terrain d'ailleurs c'est pourtant bien avec les autres libertaires que nous constituons des cortèges communs, il y en a eu un à Tours pour le 1er mai à l'initiative d'AL37 et de l'association, comme il y en a eu d'autres dans d'autres localités, et il y a pas mal d'exemples de cet ordre.
Alors tout le monde comprendra que le titre de ce topic m'a fait profondément chier. Et lorsque l'on voit l'état du mouvement anarchiste, qu'il y a sans doute trois fois moins de libertaire organisés spécifiquement que de libertaires pratiquants, que beaucoup dans le mouvement organisé développent du nombrilisme et du sectarisme, je pense qu'il y aurait intérêt à aborder cette question en d'autres termes.
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* Au passage il me paraît important de souligner que lors de son congrès de 2001 à Besançon, il y a eu au sein de la FA des oppositions fermes à ce que la FA entre dans ce type de dynamique d'unité des libertaires, et la FA a donc repoussé ce projet, une fin de non recevoir qui allait mettre un terme à ce type d'initiative. J'étais encore à la FA à l'époque, c'est ce qui pour moi a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase déjà plein, et je suis parti pendant ce congrès. Il faut souligner aussi, et comme çà il y en aura pour tout le monde
, que certains de ces opposants très virulents de l'époque lors de ce congrès de la FA sont aujourd'hui à la CGA de Perpignan et Toulouse, que l'OCL avait pondu un texte pour démonter l'initiative, et que des membres de la cnt-ait ne voient dans les autres composantes du mouvement libertaire que des ennemis.