"Il n’y a donc pas de raison tactique de privilégier l’unité avec les organisations anarchistes, et encore moins de raison stratégique, AL étant un courant politique spécifique, dont « l’effort de synthèse ne s’arrête pas aux seuls courants libertaires » et cherchant « une fusion des acquis positifs de l’ensemble des courants révolutionnaires. » (Manifeste pour une AL, p36). Les organisations anarchistes ne constituent donc pas de ce point de vue des « partenaires naturels ». Reste que l’ouverture des organisations anarchistes vers le reste de la gauche sociale serait une avancée pour le courant libertaire. Et quand ces organisations font le choix de l’ouverture partielle, nous sommes sollicités, ce qui n’était pas le cas il y a 10 ans. Il serait dommage de fermer la porte à ces signes d’ouverture. Mais participer à des initiatives unitaires avec les libertaires doit rester pour nous une tâche secondaire devant l’orientation de construction des fronts anticapitalistes, ou alors se situer clairement dans une perspective de convergence plus large, avec des courants non libertaires. Et de ce point de vue, rien n’est joué."
RickRoll a écrit:"
Pour moi, comme pour Makhno ou d'autres figures historiques, l'unité ne peut se faire avec toutes les composantes du mouvement anarchiste. En particulier, les différences de but et de moyens d'action entre les individualistes et les courants organisés ont toujours forcé à des actions de propagande sur le peu de folklore qui nous rassemble (anticléricalisme, antiétatisme, antiélectoralisme).
Dans l'histoire, la collaboration des courants anars s'est toujours faite au profit des idées individualistes, qui profitent alors de la force des autres courants, de leur légitimité, pour se faire mousser.
Ainsi, il ne faut pas chercher l'unité des anars (qui ne résulte qu'en campagnes de propagandes indigentes) mais plutôt tourner notre énergie à renforcer un mouvement social par la base, seule façon de changer la société.
Roro a écrit:Après, j'aimerai bien savoir comment on peut dire que les fondements même de l'anarchisme sont du "folklore" (sic!)...
Dans l'histoire, la collaboration des courants anars s'est toujours faite au profit des idées individualistes, qui profitent alors de la force des autres courants, de leur légitimité, pour se faire mousser.
N'étant pas un grand lecteur, pourrais-tu être plus précis ? Je vois pas à quoi tu fais allusion.
Ainsi, il ne faut pas chercher l'unité des anars (qui ne résulte qu'en campagnes de propagandes indigentes) mais plutôt tourner notre énergie à renforcer un mouvement social par la base, seule façon de changer la société.
En quoi les deux seraient incompatibles ?
"Chaque camarade doit être conscient de ces problèmes, y penser et arriver à une conclusion et la présenter maintenant aux masses agitées. A ces questions, on ne pourra répondre qu’au moyen d’une organisation générale des forces du mouvement.
Nos camarades qui ont joué un rôle actif au cours de la révolution russe et qui sont restés fidèles à leur convictions savent de quelle manière funeste c'est fait sentir, dans notre mouvement, l'absence d'une solide organisation. Ces camarades sont bien placés pour être particulièrement utile à l'oeuvre d'union actuellement entreprise. Il n'a pas échappé à ces camarades, je le suppose, que l'anarchisme a été un facteur d'insurrection parmi les masses laborieuses révolutionnaires en Russie et en Ukraine; il les a incitées partout à la lutte. Cependant, l'absence d'une grande organisation spécifique, capable d'opposer ses forces vives aux ennemis de la révolution, l'a rendu impuissant à assumer un rôle organisationnel.
L'œuvre libertaire dans la révolution en a subi de lourdes conséquences.
S'ils prennent conscience de cette carence, les anarchistes russes et ukrainiens ne doivent pas laisser se renouveler ce phénomène. La leçon du passé est trop pénible et, en la retenant, ils doivent, les premier, donner l'exemple de la cohésion de leurs forces. Comment? En créant une organisation qui puisse accomplir les tâche de l'anarchisme, non seulement lors de la préparation de la révolution sociale, mais également à ses lendemains. Une telle organisation doit unir toutes les forces révolutionnaires de l'anarchisme et s'occuper sans hésitation de la préparation des masses à la révolution sociale et à la lutte pour la réalisation de la société anarchiste.
Bien que la majorité d'entre nous conçoivent la nécessité d'une telle organisation, il est regrettable de constater qu'il y en ait un petit nombre pour s'en préoccuper avec le sérieux et la constance indispensables."
Si les anarchistes avaient été étroitement liés sur le plan organisationnel et avaient observé, dans leurs actions, une discipline bien déterminée, ils n'auraient jamais subi une telle défaite. Mais, parce que les anarchistes de tout bord et de toutes tendances" ne représentaient pas, même dans leurs groupes spécifiques, un collectif homogène ayant une discipline d'action bien définie, pour cette raison, ces anarchistes ne purent supporter l'examen politique et stratégique que leur imposèrent les circonstances révolutionnaires. La désorganisation les conduisit à une impuissance politique, les divisant en deux catégories : la première fut ceux qui se lancèrent dans l'occupation systématiques de maisons bourgeoises, dans lesquelles ils se logeaient et vivaient pour leur bien-être. C'étaient les mêmes que ceux que j 'appellerais les "touristes", les divers anarchistes qui vont de ville en ville, dans l'espoir de trouver en route un endroit pour y demeurer quelque temps, paressant et y restant le plus longtemps possible pour vivre dans le confort et le bon plaisir.
L' autre catégorie se composa de ceux qui ont rompu tous les liens honnêtes avec l'anarchisme (bien que certains d'entre eux en URSS, se fassent passer maintenant pour les seuls représentants de 1'anarchisme révolutionnaire) et se sont jetés sur les responsabilités offertes par les bolcheviks, même lorsque le pouvoir fusillait les anarchistes restés fidèles à leur poste de révolutionnaires en dénonçant la trahison des bolcheviks.
Etant donné ces faits, on peut comprendre aisément pourquoi je ne peux rester indifférent à l'état d'insouciance et de négligence qui existent actuellement dans nos milieux.
D'une part, cela empêche la création d'un collectif libertaire cohérent, qui permettrait aux anarchiste d'occuper la place qui leur revient dans la révolution, et d'autre part, cela permet de se contenter de belles phrases et de grandes pensées, tout en se dérobant au moment de passer à l'action.
Voilà pourquoi je parle d'une organisation libertaire reposant sur le principe d'une discipline fraternelle. Une telle organisation conduirait à l'entente indispensable de toutes les forces vives de l'anarchisme révolutionnaire et l'aiderait à occuper sa place dans la lutte du Travail contre le Capital.
Par ce moyen, les idées libertaires ne peuvent que gagner les masses, et non s 'appauvrir. Il n'y a que des bavards creux et irresponsables qui peuvent fuir devant une telle structuration organisationnelle.
La responsabilité et la discipline organisationnelles ne doivent pas effrayer: elles sont les compagnes de routes de la pratique de l'anarchisme social.
Il serait peut-être temps d'en finir avec le léninisme et l'idéalisme bourgeois qui sous-tend à ces organisations en partis de cadres intellectuels, ou alors il va falloir arrêter de se demander pourquoi on en vient toujours à re-constater que le mouvement anarchiste français est presque exclusivement composé de petit-bourgeois blancs hétéros.
Retourner vers Organisations, partis, mouvements politiques
Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun-e utilisateur-trice enregistré-e et 6 invités