Unité des libertaires : à rechercher ou à fuir ?

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Messagede RickRoll » 30 Juil 2010, 11:43

"Il n’y a donc pas de raison tactique de privilégier l’unité avec les organisations anarchistes, et encore moins de raison stratégique".

C'est ce que dit le texte du IXe Congrès d'AL, en 2008. Derrière cela, le constat de l'inopportunité d'une unité des anarchistes.

Mais qu'en est-il réellement ?

Pour moi, comme pour Makhno ou d'autres figures historiques, l'unité ne peut se faire avec toutes les composantes du mouvement anarchiste. En particulier, les différences de but et de moyens d'action entre les individualistes et les courants organisés ont toujours forcé à des actions de propagande sur le peu de folklore qui nous rassemble (anticléricalisme, antiétatisme, antiélectoralisme).
Dans l'histoire, la collaboration des courants anars s'est toujours faite au profit des idées individualistes, qui profitent alors de la force des autres courants, de leur légitimité, pour se faire mousser.

Ainsi, il ne faut pas chercher l'unité des anars (qui ne résulte qu'en campagnes de propagandes indigentes) mais plutôt tourner notre énergie à renforcer un mouvement social par la base, seule façon de changer la société.

Et vous, quel est votre avis ?
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Re: Unité des libertaires : à rechercher ou à fuir ?

Messagede chaperon rouge » 30 Juil 2010, 15:16

Un petit texte écrit dernièrement à propos du sens de l'anarchisme par rapport à un blogueur anarcho-capitaliste québécois.

jeudi 29 juillet 2010
Vous avez dit "anarchiste"? http://ucl-saguenay.blogspot.com/2010/0 ... histe.html
Ces derniers temps, nous avons reçu deux commentaires de David Gendron, un blogueur prônant un libéralisme sans aucune contrainte de l'État et associant ces idées à un courant soi-disant "anarcho-pragmatique". Jugés nullement pertinents et même gravement dénigrant dans le premier cas, ces commentaires n'ont pas été inscrits sur le blog. Il me semble toutefois important d'amener une réponse à un autre élément, soit le sens de l'anarchisme.

Tout d'abord, voici l'intégral des commentaires en question:
1- À propos de sérieux problèmes de violence conjuguale et de violence sur les enfants dans l'armée canadienne:
David Gendron a écrit: "Intéressant, mais je n'ai aucune compassion pour ces femmes de criminels! Les enfants, c'est autre chose..."

2- À propos de l'outrageuse affiche homophobe placardée sur la Librairie chrétienne de La Baie:
David Gendron a écrit: "Bien dit, sauf que l'État ne doit pas intervenir pour l'interdire!"

Il ne faut pas confondre l'anarchisme avec un anti-étatisme primaire (comme quoi l'État serait source de toutes contraintes) ou un refus de toutes règles ("No rules", j'ai d'ailleurs déjà lu sur un t-shirt avec un a barré au zellers). Selon cette définition erronée, les individus prônant la prise en charge par le marché de tous les services offerts par l'État, dont apparemment ce blogueur qui nous écrit (et pourquoi pas Nathalie Elgrably tant qu'à y être!), seraient autant justifié-e-s de se qualifier d'anarchistes que nous le sommes, faisant en somme de l'anarchisme, un courant plus que flou dans ses idées.

Pourtant, l'anarchisme est un courant politique dont on peut retracer les origines dans le mouvement ouvrier de la deuxième moitié du 19ième siècle. Plutôt qu'un anti-étatisme primaire, l'anarchisme vise l'abolition de toutes formes d'oppression et d'exploitation. Cela dit, l'existence d'un anarchisme de droite et d'un anarchisme de gauche comme l'ont avancé certains théoricien-ne-s des sciences politiques apparait tout-à-fait farfelu. Le courant politique anarchiste est primordialement lié à la lutte des opprimé-e-s (que ce soit dans les rapports de genre, de classe sociale, d'ethnie, etc...), pour elles et eux et par elles et eux, contre les oppresseurs.

Pour de plus amples détails sur l'anarchisme, je ne peux que vivement recommander la lecture du récent ouvrage "Black Flame" de Michael Schmidt et Lucien van der Walt, paru aux éditions AK Press et surement commandable à La Page noire (Québec) et à L'Insoumise (Montréal) s'il ne garnit pas déjà les tablettes.
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Re: Unité des libertaires : à rechercher ou à fuir ?

Messagede flox2 » 31 Juil 2010, 14:54

Heu, à quoi servirait reelement une unité du mouvement libertaire ?

à se presenter aux presidentielles de façon unie ?
à faire la revolution de façon unie ?
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Re: Unité des libertaires : à rechercher ou à fuir ?

Messagede sebiseb » 31 Juil 2010, 16:30

RickRoll, l'unité ne signifie pas forcément l'uniformité du mouvement... Sommes nous donc perpétuellement condamnés à lutter les uns contre les autres même après une révolution sociale et libertaire ?

En fait, et ce n'est pas franchement contradictoire avec ce que tu penses, il faut rappeler que l'objectif d'une telle révolution ne peut conduire à un fonctionnement uniforme de la société, mais bien à une multiplicité de fonctionnements cohérents sur leurs bases et leurs principes auto-gestionnaires.
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Re: Unité des libertaires : à rechercher ou à fuir ?

Messagede RickRoll » 02 Aoû 2010, 08:35

Donc pour toi sebiseb, ne pas être unis c'est forcément lutter les uns contre les autres ?

Je pense effectivement, que d'une certaine manière, être unis et collaborer étroitement comme le désirent certain-es, c'est faire des compromis et uniformiser les pratiques et les buts. Le problème étant qu'historiquement, cela s'est toujours fait au profit des pratiques et des buts des individualistes, sur des bases minimales de folklore anarchiste, plutôt que sur des idées de lutte sociale révolutionnaire.

Comme flox2, je me demande quel est l'intérêt d'une telle unité, si ce n'est servir la soupe aux individualistes.
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Re: Unité des libertaires : à rechercher ou à fuir ?

Messagede sebiseb » 02 Aoû 2010, 08:50

Non, justement, ce que je dis c'est que l'on peut aboutir à une révolution sociale et libertaire - ce pourquoi j'espère nous aspirons toutes et tous ici - sans pour autant avoir les mêmes pratiques, ou même une façon identique d'y parvenir. Il me semble cependant que certains points de luttes, surtout actuellement, sont largement capables de nous unir.

Mais qu'as-tu donc contre les indiv's ?
Je ne me réclame d'aucun courant spécifique de l'anarchisme, mais je crois que l'on pourrait me classer dans cette catégorie, et je ne vois pas en quoi cela est péjoratif...
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Re: Unité des libertaires : à rechercher ou à fuir ?

Messagede Tuxanar » 02 Aoû 2010, 12:07

Avant de parler d'unité avec des libertaires, je me demanderais qui décerne le titre de "libertaire". C'est vrai, est ce que les autonomes (comme ceux venus des quatre coins de la France faire la fête à Poitiers) sont des libertaires ? Ils ont une attitude dans les actions proche des provocateurs flics venus justifier une charge sur une manif, mais se considèrent pourtant comme libertaire. Doit-on rechercher l'unité tactique avec eux ?

Une unité libertaire systématique me paraît complètement artificielle. Pourquoi s'allier en priorité avec les libertaires ? Ça ne peut dépendre que des conditions locales : nombre des militants des différentes organisations présentes, proximité dans l'analyse du rapport de force, proximité dans la tactique qui découle de l'analyse, question soulevée...

Nationalement, c'est différent, mais là encore, pourquoi est ce qu'on devrait rechercher une unité systématique ? La question de la prostitution est un bonne exemple. Certains libertaires sont pour sa légalisation tandis que d'autres sont contre, doit-on rechercher l'unité ?

Bref, essayer de théoriser l'unité libertaire, c'est rester dans l'abstraction. Pire, la brandir comme un préalable à une révolution libertaire me paraît complètement couper du terrain.
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Re: Unité des libertaires : à rechercher ou à fuir ?

Messagede Pïérô » 03 Aoû 2010, 10:55

Je ne me retrouve pas dans la façon de poser et traiter ce sujet.
Tout d'abord, il faudrait replacer la phrase dans le paragraphe dont elle est extraite, et dans son contexte, parce que lu comme cela on ne comprend pas d'où çà sort (texte : http://www.alternativelibertaire.org/sp ... rticle2111)

"Il n’y a donc pas de raison tactique de privilégier l’unité avec les organisations anarchistes, et encore moins de raison stratégique, AL étant un courant politique spécifique, dont « l’effort de synthèse ne s’arrête pas aux seuls courants libertaires » et cherchant « une fusion des acquis positifs de l’ensemble des courants révolutionnaires. » (Manifeste pour une AL, p36). Les organisations anarchistes ne constituent donc pas de ce point de vue des « partenaires naturels ». Reste que l’ouverture des organisations anarchistes vers le reste de la gauche sociale serait une avancée pour le courant libertaire. Et quand ces organisations font le choix de l’ouverture partielle, nous sommes sollicités, ce qui n’était pas le cas il y a 10 ans. Il serait dommage de fermer la porte à ces signes d’ouverture. Mais participer à des initiatives unitaires avec les libertaires doit rester pour nous une tâche secondaire devant l’orientation de construction des fronts anticapitalistes, ou alors se situer clairement dans une perspective de convergence plus large, avec des courants non libertaires. Et de ce point de vue, rien n’est joué."

C'est dans la partie des motions de congrès d'Alternative Libertaire de 2008, traitant de la question de la création d'un front anticapitaliste. Et ce front anticapitaliste ne peut pas se faire qu'avec le mouvement anarchiste.

Alors, on aurait pu en rester là mais malheureusement la formulation n'est pas heureuse on va dire. Je m'y suis opposé, et ai donc fait partie de la minorité qui a voté contre au congrès. Pourquoi, parce que celà semble fermer une porte que nous devrions toujours laisser ouverte. Alors ce n'était pas forcément l'intention, mais beaucoup dans le mouvement anarchiste l'ont lu comme cela, et évidemment ce sont les plus sectaires d'entres eux qui s'en servent ajourd'hui de hochet à secouer. Et là d'ailleurs il me peine un peu d'en voir dans AL faire de même, en tout cas c'est comme cela que j'ai appréhendé ce topic.

Un élément aussi de cette partie de cette motion qui me gènait est cette histoire de «partenaires naturels» qui ne seraient pas anarchistes parce qu'AL se réclame des acquis positifs de l’ensemble des courants révolutionnaires du mouvement ouvrier. Sur les acquis c'est très bien et je me retrouve dans cette démarche qui était aussi celle du courant anarchiste, qui est né aussi au sein du courant d'idées socalistes et au sein du mouvement ouvrier qui ont émergé au 19e siècle, et qui dès Proudhon a tiré profit du brassage d'idées et d'analyses et des expériences qu'il y avait (et d'ailleurs aujourd'hui il n'y a plus vraiment ou plus beaucoup de "Proudhonniens", sensibilité déjà mise à mal dans la première internationale, et notamment par la sensibilité bakouninienne, et heureusement que çà a avancé...). Mais est-ce que cela fait d'AL une organisation hors de ce courant, je ne le pense pas, et comme une majorité de camarades me réclame du communisme-libertaire et de l'anarchisme révolutionnaire et de lutte de classes. Est-ce que tout le monde avait bien lu, car on est pas à la FA, ce ne sont pas trois bouts de courtes motions consensuelles qui sortent mais de nombreux textes longs ? Parce que moi j'y avais aussi bien vu qu'il y avait un problème qui pouvait ne pas se poser que dans la forme, et aussi à travers ceux qui ont porté ce point de vue, une frange qui se réclame d'un "marxisme libertaire" et dont j'ai toujours dénoncé le manque de corpus et un certain opportunisme, et qui désirait en tout cas prendre une revanche sur le congrès de 2004 et autres congrès précédents qui disaient bien autre chose. Il aurait fallu rebosser la question et pondre autre chose en se servant des éléments des congrès de 2004 et 2008 qui s'opposent sur cette question pour le congrès de 2010, mais je n'ai pas bossé, donc je ne ferai pas une grande leçon là dessus. D'autant, et parce qu'il faut aussi le souligner, que la priorité de l'ensemble des composantes organisées du mouvement libertaire aujourd'hui et ben c'est pas l'unité justement. Et je parle là d'une forme "d'unité par le haut", parce qu'à la base et localement les expériences sont différentes...Et c'est d'ailleurs à mon avis à partir de ces expériences, qui tiennent compte parfois aussi des libertaires non organisé-es spécifiquement, qu'il y aurait matière à faire avancer la chose.

On aura sans doute l'occasion de revenir sur cette question du "front anticapitaliste", qui pour moi serait encore à dévopper, si l'on ne veut pas rester dans l'incantation ou un opportunisme qui me gène lorsque je me prend à imaginer certains scénarios qui mettraient AL à la remorque d'une gauche de la gauche dont l'anticapitalisme me paraît factice, et qui continue à faire débat dans ses contenants et contenus. Et cette carte que l'on peut lire aussi en un certain opportunisme à été joué au moment où la LCR posait la construction du NPA. Pour moi qui ne suis pas fermé à l'unité des libertaires, je la poserais dans un premier temps en avec qui et pourquoi faire. Et au passage je trouve profondément réducteur de ne parler que des anarcho-individualistes, qui sont une minorité dans le mouvement libertaire organisé. Dans ce mouvement libertaire organisé aujourd'hui en France, on retrouve une majorité de communistes-libertaires. Si je peux voir les divergence avec l'OCL, divergences qui persistent en partie et sont celles qui avaient amené la scission en 1976 de l'Organisation Révolutionnaire Anarchiste, elle même scission de la FA, je n'ai pas l'impression d'être très éloigné des camarades de la CGA, de camarades de l'OCL, voire de certains camarades de la FA, car il reste encore quelques éléments de cette sensibilité, qui est en grande partie sortie de la FA maintenant. Et là je ne cache pas parler de recomposition possible, et donc évidemment d'unité structurelle à terme. En tout cas au moins un camarade de la CGA pense la même chose dans mon coin, cela permer de faire naître un espoir :D.

Au delà, et parce que la dynamique vite retombée * de "Pour une unité des libertaire" lancée en 2000, dynamique dans laquelle je me suis inscrit, et avec d'autres camarades de la région centre parce que l'on avait construit un Collectif Libertaire Régional (FA, AL, et non organisés), il y avaient quelques pistes, et à l'aide de nos outils historiques, comme le fédéralisme et l'autonomie, à ce qui pourrait être non pas une unité de structures, voire une unification en "parti unique" chose qui ne me parait pas pensable ni même souhaitable, mais en réseau. Un réseau dans lequel pourraient s'inscrire aussi des groupes libertaires locaux non fédérés, des individus, et aussi des alternatives en acte (associations diverses, culuturelles même, scops, squats, etc...).

En tout cas localement nous participons à créer du réseau, les libertaires se cotoient sur le terrain syndical, AL et la CGA bossent ensemble, et une association "les amis de Demain Le Grand Soir" s'est constituée en espace du possible. Sur le terrain d'ailleurs c'est pourtant bien avec les autres libertaires que nous constituons des cortèges communs, il y en a eu un à Tours pour le 1er mai à l'initiative d'AL37 et de l'association, comme il y en a eu d'autres dans d'autres localités, et il y a pas mal d'exemples de cet ordre.


Alors tout le monde comprendra que le titre de ce topic m'a fait profondément chier. Et lorsque l'on voit l'état du mouvement anarchiste, qu'il y a sans doute trois fois moins de libertaire organisés spécifiquement que de libertaires pratiquants, que beaucoup dans le mouvement organisé développent du nombrilisme et du sectarisme, je pense qu'il y aurait intérêt à aborder cette question en d'autres termes. :wink:

.


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* Au passage il me paraît important de souligner que lors de son congrès de 2001 à Besançon, il y a eu au sein de la FA des oppositions fermes à ce que la FA entre dans ce type de dynamique d'unité des libertaires, et la FA a donc repoussé ce projet, une fin de non recevoir qui allait mettre un terme à ce type d'initiative. J'étais encore à la FA à l'époque, c'est ce qui pour moi a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase déjà plein, et je suis parti pendant ce congrès. Il faut souligner aussi, et comme çà il y en aura pour tout le monde :wink: , que certains de ces opposants très virulents de l'époque lors de ce congrès de la FA sont aujourd'hui à la CGA de Perpignan et Toulouse, que l'OCL avait pondu un texte pour démonter l'initiative, et que des membres de la cnt-ait ne voient dans les autres composantes du mouvement libertaire que des ennemis.
Image------------ Demain Le Grand Soir --------- --------- C’est dans la rue qu'çà s'passe --------
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Re: Unité des libertaires : à rechercher ou à fuir ?

Messagede Voline » 26 Aoû 2010, 12:51

En ce qui me concerne je ne vois pas trop quel objectif se fixerait une "unité des libertaires" ... sauf dans des conceptions idéalistes et avant- gardistes, au sens stricte des termes, c'est à dire :

- idéaliste parce que postulant le regroupement sur une "idée" (et elle seule) avant de passer à la pratique.
- avant- gardiste parce que postulant que c'est au groupe acquis à cet idée d'impulser le mouvement, de le guider.

Du pur léninisme non ?

Pour moi, la théorie se forge à l'occasion d'une pratique et d'une situation de lutte.
La seule "unité" qui m'intéresse serait donc celle de tous les exploités et des forces conscientes d'une lutte à mener contre une société d'oppression, et pas des "anarchistes" autoproclamés qui ont lu leur bréviaire.

Ce n'est que mon avis mais le débat est intéressant !
:gratte:
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Re: Unité des libertaires : à rechercher ou à fuir ?

Messagede Roro » 04 Sep 2010, 08:48

RickRoll a écrit:"
Pour moi, comme pour Makhno ou d'autres figures historiques, l'unité ne peut se faire avec toutes les composantes du mouvement anarchiste. En particulier, les différences de but et de moyens d'action entre les individualistes et les courants organisés ont toujours forcé à des actions de propagande sur le peu de folklore qui nous rassemble (anticléricalisme, antiétatisme, antiélectoralisme).


Si on part de ce principe (impossible d'avoir une unité quelconque), j'ai du mal à voir en ce cas pourquoi aller chercher l'unité avec d'autres groupes politiques non-anar, ou avec des gens dont il est très long et difficile (sur le plan de l'argumentaire à développer, tant on ne dira jamais la même chose selon l'individu qu'on aura face à soi) de convaincre.

En ce qui me concerne, je reste convaincu que c'est la diversité du mouvement anar qui fait sa force. Plus les stratégies employées sont variées et plus le mouvement en devient riche et impalpable pour les autorités, qui ne cherchent que de l'homogénéité pour avoir une vision nette et précise des choses. C'est bien l'imprécision des manières d'agir qui fait la force d'un mouvement, parce que cela oblige l'état à adapter ses propres stratégies et à prendre en considération le facteur médiatique (et quand je dis médiatique, je pense aussi et surtout aux vidéos amateurs qui peuvent se retrouver en moins de temps qu'il ne faut pour le dire sur le web).

Après, j'aimerai bien savoir comment on peut dire que les fondements même de l'anarchisme sont du "folklore" (sic!)...

Dans l'histoire, la collaboration des courants anars s'est toujours faite au profit des idées individualistes, qui profitent alors de la force des autres courants, de leur légitimité, pour se faire mousser.


N'étant pas un grand lecteur, pourrais-tu être plus précis ? Je vois pas à quoi tu fais allusion.

Ainsi, il ne faut pas chercher l'unité des anars (qui ne résulte qu'en campagnes de propagandes indigentes) mais plutôt tourner notre énergie à renforcer un mouvement social par la base, seule façon de changer la société.


En quoi les deux seraient incompatibles ?
La Nature n'a fait ni serviteurs ni maitres, c'est pourquoi je ne veux ni commander ni recevoir d'ordres.
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Re: Unité des libertaires : à rechercher ou à fuir ?

Messagede RickRoll » 05 Sep 2010, 13:44

Je n'ai pas la même vision que toi sur la diversité du mouvement anar, car
- à mon avis, cette diversité de tactiques et d'idées participe à un manque de lisibilité de ce qu'on fait pour les personnes extérieures au mouvement, mais qui pourraient être proches de nos idées (il n'y a pas que l'Etat qui nous regarde)
- cela provoque une dispersion des énergies, ce qui diminue l'efficacité de nos actions.

Roro a écrit:Après, j'aimerai bien savoir comment on peut dire que les fondements même de l'anarchisme sont du "folklore" (sic!)...

L'anarchisme ce n'est pas qu'une approche philosophique de la vie, ou bien une culture particulière (culture anticléricale...), c'est aussi des pratiques sociales, syndicales, la participations aux grèves et aux mouvements sociaux...
Sauf que certains courants de l'anarchisme se concentrent uniquement sur les aspects culturels de l'anarchisme, sur le côté mode de vie (bien souvent je déplore que les individualistes le fassent).

Dans l'histoire, la collaboration des courants anars s'est toujours faite au profit des idées individualistes, qui profitent alors de la force des autres courants, de leur légitimité, pour se faire mousser.

N'étant pas un grand lecteur, pourrais-tu être plus précis ? Je vois pas à quoi tu fais allusion.

Par exemple, l'analyse d'Archinov sur l'échec de l'anarchisme dans la révolution russe, dûe à la prégnance des idées individualistes au sein du mouvement anarchiste russe. Ou bien le récit de Fontenis sur la FA à la fin des années 1940 (première partie de son autobiographie, "Changer le monde"). Ou le récit de Guérin sur le milieu militant anar des années 1920-1930...

Ainsi, il ne faut pas chercher l'unité des anars (qui ne résulte qu'en campagnes de propagandes indigentes) mais plutôt tourner notre énergie à renforcer un mouvement social par la base, seule façon de changer la société.

En quoi les deux seraient incompatibles ?

C'est pas incompatible dans l'absolu, bien entendu.

Par contre, je pense que le mouvement anarchiste n'est pas très fourni (par rapport à d'autres mouvements politiques). Même si nos idées (autogestion, démocratie directe, communisme économique...) se sont toujours répandues assez vite lors des périodes révolutionnaires, nous n'avons pas la force de frappe des trotskystes par exemple. Nos forces sont bien inférieures.
Pour moi c'est gaspiller cette énergie que de vouloir l'unité des libertaires, car le peu de forces que nous avons sera accaparé par les luttes entre les courants ou bien perdues en campagnes de propagandes inefficaces.
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Re: Unité des libertaires : à rechercher ou à fuir ?

Messagede Rosa Bookchin » 07 Déc 2010, 21:52

Bonjour,

C'est mon premier post sur ce forum.
J'appartenais auparavant à AL, mais au vu du constat que vous faites aussi faible implication des anars dans les orgas libertaires (AL, FA, OCL,CGA, NO Pasaran, etc...) j'ai préféré bougé face à cette icompréhension d'une bonne parti du mouvement anarchiste.

Malgré, les leçons qu'a tiré Makhno de la révolution russe :
A lire ces passages c'est désespèrant de voir le mouvement anar dans sa position actuel.

"Chaque camarade doit être conscient de ces problèmes, y penser et arriver à une conclusion et la présenter maintenant aux masses agitées. A ces questions, on ne pourra répondre qu’au moyen d’une organisation générale des forces du mouvement.

Nos camarades qui ont joué un rôle actif au cours de la révolution russe et qui sont restés fidèles à leur convictions savent de quelle manière funeste c'est fait sentir, dans notre mouvement, l'absence d'une solide organisation. Ces camarades sont bien placés pour être particulièrement utile à l'oeuvre d'union actuellement entreprise. Il n'a pas échappé à ces camarades, je le suppose, que l'anarchisme a été un facteur d'insurrection parmi les masses laborieuses révolutionnaires en Russie et en Ukraine; il les a incitées partout à la lutte. Cependant, l'absence d'une grande organisation spécifique, capable d'opposer ses forces vives aux ennemis de la révolution, l'a rendu impuissant à assumer un rôle organisationnel.

L'œuvre libertaire dans la révolution en a subi de lourdes conséquences.

S'ils prennent conscience de cette carence, les anarchistes russes et ukrainiens ne doivent pas laisser se renouveler ce phénomène. La leçon du passé est trop pénible et, en la retenant, ils doivent, les premier, donner l'exemple de la cohésion de leurs forces. Comment? En créant une organisation qui puisse accomplir les tâche de l'anarchisme, non seulement lors de la préparation de la révolution sociale, mais également à ses lendemains. Une telle organisation doit unir toutes les forces révolutionnaires de l'anarchisme et s'occuper sans hésitation de la préparation des masses à la révolution sociale et à la lutte pour la réalisation de la société anarchiste.

Bien que la majorité d'entre nous conçoivent la nécessité d'une telle organisation, il est regrettable de constater qu'il y en ait un petit nombre pour s'en préoccuper avec le sérieux et la constance indispensables."


http://www.nestormakhno.info/french/notreorg.htm

Si les anarchistes avaient été étroitement liés sur le plan organisationnel et avaient observé, dans leurs actions, une discipline bien déterminée, ils n'auraient jamais subi une telle défaite. Mais, parce que les anarchistes de tout bord et de toutes tendances" ne représentaient pas, même dans leurs groupes spécifiques, un collectif homogène ayant une discipline d'action bien définie, pour cette raison, ces anarchistes ne purent supporter l'examen politique et stratégique que leur imposèrent les circonstances révolutionnaires. La désorganisation les conduisit à une impuissance politique, les divisant en deux catégories : la première fut ceux qui se lancèrent dans l'occupation systématiques de maisons bourgeoises, dans lesquelles ils se logeaient et vivaient pour leur bien-être. C'étaient les mêmes que ceux que j 'appellerais les "touristes", les divers anarchistes qui vont de ville en ville, dans l'espoir de trouver en route un endroit pour y demeurer quelque temps, paressant et y restant le plus longtemps possible pour vivre dans le confort et le bon plaisir.

L' autre catégorie se composa de ceux qui ont rompu tous les liens honnêtes avec l'anarchisme (bien que certains d'entre eux en URSS, se fassent passer maintenant pour les seuls représentants de 1'anarchisme révolutionnaire) et se sont jetés sur les responsabilités offertes par les bolcheviks, même lorsque le pouvoir fusillait les anarchistes restés fidèles à leur poste de révolutionnaires en dénonçant la trahison des bolcheviks.

Etant donné ces faits, on peut comprendre aisément pourquoi je ne peux rester indifférent à l'état d'insouciance et de négligence qui existent actuellement dans nos milieux.

D'une part, cela empêche la création d'un collectif libertaire cohérent, qui permettrait aux anarchiste d'occuper la place qui leur revient dans la révolution, et d'autre part, cela permet de se contenter de belles phrases et de grandes pensées, tout en se dérobant au moment de passer à l'action.

Voilà pourquoi je parle d'une organisation libertaire reposant sur le principe d'une discipline fraternelle. Une telle organisation conduirait à l'entente indispensable de toutes les forces vives de l'anarchisme révolutionnaire et l'aiderait à occuper sa place dans la lutte du Travail contre le Capital.

Par ce moyen, les idées libertaires ne peuvent que gagner les masses, et non s 'appauvrir. Il n'y a que des bavards creux et irresponsables qui peuvent fuir devant une telle structuration organisationnelle.

La responsabilité et la discipline organisationnelles ne doivent pas effrayer: elles sont les compagnes de routes de la pratique de l'anarchisme social.


http://www.nestormakhno.info/french/malutte/lutte15.htm

L'unité stratégique paraissant impossible avec une bonne parti du mouvement anar.

Pourquoi ne pas créer de l'unité mais sur des combats spécifiques entre militants de différentes organisations et des individus.

Par exemple, créer un journal d'écologie libertaire parraissant tout les 2 mois s'opposant au capitalisme vert, à lune dérive institutionnel d'une partie du mouvement de l'écologie radicale, etc...

Créer un journal feministe radicale et libertaire parraissant tout les deux mois entre militant-e-s de différentes organisations et d'individus non-organisé cela permettrait aussi de mettre en avant certains débat interne du mouvement libertaire voir même de la gauche radicale, etc...

Idem faire un journal de Solidarité internationale libertaire (une sorte de courrier internationale libertaire avec différent article de la presse libertaire internationale traduit en français)

etc..., etc...

qu'en dites vous.

Cela permettrais à différentes commissions des différentes orgas de travailler ensemble, de mieux se connaitre... sans se rassembler.

Il est vrai que chaque orga libertairee n France à sa particularité elles font chacune ce que j'appelerai des paris stratégiques différents les rassembler pourrait donner un résultats annhilateur plus que créateur. une nouvelle orga rassemblant tout les libertaires se perdrait peut-être dans des discussion byzantine et perdrait en efficacité alors qu'en tapant en même temps en semble sur des sujets précis... cela pourrait avoir un meilleur impact qu'en pensez-vous ?
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Re: Unité des libertaires : à rechercher ou à fuir ?

Messagede RickRoll » 07 Déc 2010, 23:18

Très intéressante ton idée. Comme toi je ne pense pas qu'il soit possible de mettre de côté les paris organisationnels (je reprends ton expression que je trouve super !) sur la durée.

Effectivement il serait intéressant de créer du lien "à la base" (ça fait bizarre de dire ça pour des orgas anars), de s'habituer à militer ensemble.
Par contre, tu parles de commission interorgas. Il y aura beaucoup de boulot à faire pour que ça marche.

En tous cas on voit bien le manque de visibilité des orgas libertaires et de nos idées.
J'ai l'impression que ce sont des idées que les exploité-es sont obligé-es de redécouvrir à chaque mouvement social (l'autogestion, la grève générale, la paralysie de l'économie, l'union par la base...), alors que nous devrions être prêt-es à les diffuser massivement, afin que justement on ne reparte pas de zéro à chaque fois.

Sur le mouvement des retraites récemment, les libertaires étaient extrèmement investi-es dans le mouvement (dans ma ville) et l'ont porté à bout de bras. Cependant, ce ne sont pas toujours leurs idées qui ont prévalu. C'est anormal que par rapport à d'autres, on fasse autant de boulot pour finalement que ce soient les idées des autres qui triomphent (je pense au PG de Mélenchon). On doit louper un truc quelque part.
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Re: Unité des libertaires : à rechercher ou à fuir ?

Messagede Voline » 08 Déc 2010, 17:23

Les cercles de discussions philosophiques, politiques et éthiques, et les organisations qui entendent militer sur leurs problématiques intellectuelles c'est très bien, et en faire partie pourquoi pas, mais je ne crois pas qu'il appartient à ces "partis" en tant que telle de mener le combat social.
La légitimité est, pour moi, du côté des organisations issues du mouvement social, sur des bases d'organisation de la lutte, et pas du côté d'un quelconque "parti" extérieur qui viendrait lui "insuffler" sa bonne parole et ses idées, si sympathiques soient elles.

L'unité des libertaire ne m'intéresse pas, comme je l'ai déjà dit, ce qui m'intéresse c'est l'unité des forces conscientes d'une lutte à mener, pas des diverses tendances intellectuelles des "acquis à une cause".

Il serait peut-être plutôt temps que les libertaires sortent de leurs partis ou de leurs "groupes affinitaires" (simple extension spontanéiste du léninisme libertaire) pour s'occuper d'avantage de donner des outils pratiques de lutte et d'autonomie grâce à l'éducation populaire plutôt que d'essayer de propager leur (fort belle) idée philosophique et éthique de la vie.

Il serait peut-être temps d'en finir avec le léninisme et l'idéalisme bourgeois qui sous-tend à ces organisations en partis de cadres intellectuels, ou alors il va falloir arrêter de se demander pourquoi on en vient toujours à re-constater que le mouvement anarchiste français est presque exclusivement composé de petit-bourgeois blancs hétéros.

Je dis ça sans animosité, je respecte le travail intellectuel de certains partis et reconnaît la bonne foi, la motivation et l'implication de ses militants, mais je pense qu'on a trop surestimé l'importance de l'idéologie sur les questions de structurations interne et d'organisation.
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Re: Unité des libertaires : à rechercher ou à fuir ?

Messagede Libertad » 12 Déc 2010, 19:49

Il serait peut-être temps d'en finir avec le léninisme et l'idéalisme bourgeois qui sous-tend à ces organisations en partis de cadres intellectuels, ou alors il va falloir arrêter de se demander pourquoi on en vient toujours à re-constater que le mouvement anarchiste français est presque exclusivement composé de petit-bourgeois blancs hétéros.


Tu es verbeux mec. Qu'est-ce que ça veut dire "extension sponténeiste du léninisme libertaire". Non parce que le léninisme libertaire je sais pas trop ce que c'est. AL ? En fait il existe aussi des individus qui pensent que la forme d'organisation la plus souhaitable n'est pas qu'une simple question d'éthique et de philosophie mais de pratique politique qui inclue au minimum l'autonomie des groupes (je pense à une fédération ou à une coordination, et pas forcement de type organisation centenaire schlérosée) avec une adhésion à un certain nombre de principes. En fait, et sans parler "d'unité", je vois mal comment on peut s'entendre ou lutter avec des gens sans développer une critique et un discours clair, "propre"(au sens, qui parle de soi et de SES problèmes) et définit politiquement (et pas cet espèce de gloubiboulga qu'on retrouve dans certains lieux ou moments de lutte où 100ans après l'explosion de la première internationale, il y a encore des gens pour faire semblant d'être des "amis" ou des camarades alors qu'ils ne sont absolument pas d'accord politiquement : entre ceux qui nient la lutte des classes et ceux qui ne veulent pas détruire l'Etat...). Bref, il y a un moment où "l'éducation populaire" ne suffit pas. Il faut lutter en développant des positions claires, assumées et qu'on soit près à défendre.
C'est un préalable : occuper des lieux, être en pemanence en mouvement ou sauter sur toutes les initiatives qui bougent ne remplit pas le vide, et ne construit pas l'autonomie populaire.

En définitive, il faut savoir ce qu'on entend aussi quand on parle "d'Etat", de "pouvoir" ou de "conseils".
Lénine disait bien "il faut détruire l'Etat", ou encore "Tout le pouvoir aux soviets". Ce que raconte Makhno à ce propos n'est sans doutes pas inutile à relire : peut on faire confiance aux mots ? Clairement pas. Il faut être attentif quant aux interlocuteurs qui les emploient.

En outre : est-ce que c'est seulement la police, la justice et le gouvernement qu'on voit comme "l'ennemi" ou la dernière bride du "vieux monde" ou alors aussi tout autant l'ensemble des réseaux de pouvoir ? L'Etat, c'est ton voisin qui est près à te tuer défendre sa propriété privée et ne sera pas inquiété pour ça. C'est à moindre mesure, le nombrilisme individualiste abstrait de l'anarchisme français (celui qui dit "mais enfin, sors de tes catégories pré-construites et viens chanter avec nous autour du feu"), qui méprise les luttes autonomes et spécifiques, qui se regarde les pompes, n'assume aucune conflictualité, aucun débat, aucune remise en question, et se vautre dans la plus ridicule des non-violences dès qu'il le peut. Mais c'est aussi ce carcan étouffant où -orga, squat ou groupe affinitaire- on tente de te faire croire que tu n'es ni blanc, ni noir, ni femme, ni homme, que tu n'as aucune histoire, mais est juste un "individu". Un petit flocon de neige flottant dans l'univers, sans passé : tombé du ciel.

Si ça peut répondre à ta suggestion de pourquoi on en revient toujours aux mêmes constats : c'est parce que "on" ne se pose pas les bonnes questions.


Encore une fois, l'analyse "de classe" ne suffit clairement pas à tout expliquer.
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