D'abord, je pense qu'il est nécessaire d'insister sur la confusion qui règne entre l'autonomie ouvrière et les autonomes en tant que composante de l'extrême-gauche. A ce titre, tout ceux qui se revendique de l'autonomie ouvrière ne sont pas des autonomes et aucun autonome ne se revendique de l'autonomie ouvrière.
L'autonomie ouvrière.
Aujourd'hui, lorsqu'on évoque l'autonomie ouvrière, on fait généralement référence à deux moments historiques :
_ En France, à la période qui s'étale avant et après le congrès d'Amiens de la CGT, en 1906. (Je connais presque rien, donc je vais pas m'étendre là-dessus)
_ En Italie, cela débute dans les années 1950. C'est un mouvement d'abord interne au PCI puis sous l'influence de personnes comme Mario Tronti et d'autres, qui se développe en dehors du PCI et qui va donner naissance à ce qu'on appelle l'opéraisme (operaismo en italien, cela se traduit par ouvriérisme, mais en français, c'est un mot qui a une connotation quelque peu péjorative dont on garde le terme italien). Il s'agit pour l'essentiel (je reviendrais peu être plus tard dessus) d'une volonté de replacer la classe ouvrière au centre du processus révolutionnaire, en tant que force autonome vis-à-vis des syndicats. Cela s'appuie sur une relecture de Marx mais aussi plus largement sur une analyse du processus de réflexion qui a permis à Marx d'écrire le Capital, le Manifeste, etc... Par exemple, Galvano Della Volpe va s'attacher à reconstituer la construction théorique des outils de réflexion de Marx et Engels en tentant de retrouver les livres qui constituaient leur bibliothèques et dont ils se sont servis. A la base donc, l'autonomie ouvrière italienne n'est pas sur des positions anti-parti, puisqu'elle se pense en tant que force interne au PCI, destinée bien sur, à conquérir la direction, pratiquement et/ou théoriquement. Suite au constat que l'opéraisme ne parviendra pas à prendre le contrôle du PCI, les gens regroupés autour des Quarderni Rossi (revue autour de laquelle s'est constitué le courant opéraiste) vont prendre leur distances.
Comme je l'ai dit plus haut, l'autonomie ouvrière n'apparaît donc pas en France en 1976, et en Italie, comme on peut le lire chez Schifres, en 1973. Il s'agit d'un courant de penser qui est présent depuis Marx, et même avant, si l'on considère que ce que dit Marx n'est en quelque sorte que la synthèse de ce qui se dit et se pense à son époque (c'est pas mon point de vue, mais y en a qui pense ça).
Les autonomes.
Alors là, c'est clairement plus compliquer. L'autonomie est une pratique, mais on sait pas vraiment quant doit on dater sa naissance. Certains considèrent que les illégalistes du début du siècle étaient des autonomes (Bande à Bonnot et autres), d'autres non. Certains considèrent que les conseils d'ouvriers, de soldats en 1918 en Allemagne, et 1919 et 1920 en Italie sont des groupes autonomes, d'autres pas.
En tout les cas, il convient d'insister sur le fait qu'il s'agit d'une pratique et qu'elle ne repose pas sur un corpus de textes et de dogmes. Ainsi, au sein du mouvement autonome, on peut retrouver des anarchistes, des ultra-gauches, des maoïstes, des libertaires etc... qui ont une pratique autonome. Cela explique la dimension composite du mouvement autonome qui n'est en rien une force unie sur des bases théoriques ou des bases tactiques. Certains vont jusqu'à contester le terme d'autonome, car il considère que c'est de l'idéologie...
Critiques sur certains trucs dit par Antigone
En Italie, il existe, depuis le mouvement de 69, un courant "operaiste" typiquement italien
Le courant opéraiste est né au début des années 1950, à partir des travaux de Galvano Della Volpe, Mario Tronti, Raniero Panzieri, etc... et de la revue des Quarderni Rossi. A ce moment, c'est un courant interne au PCI.
un courant "operaiste" typiquement italien (opera signifie travail en latin) pour qui la seule manière de lutter contre le capitalisme, c'est qu'il n' y ait plus d'ouvriers !
Pas du tout ! Il s'agit d'une mise en avant de ce que dit Marx : la classe ouvrière lutte pour sa propre abolition en tant que force interne au capitalisme. Je ne dis pas que c'est une position juste et tout le bazar... Pour les opéraistes, et particulièrement pour Tronti, la double nature du travail sous le capitalisme entraîne des implications politiques. Pour Marx, cette double-nature était considérée comme étant "tout le secret de la conception critique". Pour Tronti, la classe ouvrière ne représente pas une force qui vient vaincre le capitalisme de l'extérieur ; en fait la marchandise force de travail constitue "la partie vraiment active du capital, le terrain naturel de toute dynamique capitaliste" (1971, p56). Pour mettre fin à la domination de classe, "la classe ouvrière doit se découvrir comme une partie matérielle du capital, si elle veut elle-même s'opposer à tout le capital : elle doit se reconnaître comme un aspect particulier du capital, si elle veut être son antagoniste général. Ainsi, le travailleur collectif ne s'oppose pas seulement à la machinerie comme capital constant, mais à la force de travail elle-même, comme capital variable. Le travaill doit considérer la marchandise force de travail comme son propre ennemi [de manière à] décomposer le capital en ces deux parties pontetiellement antagonistes qui, réunies, le composent de façon organique.
Je vous conseille à ce titre, d'aller sur le site de Multitudes, il y a pas mal de trucs intéressant, mais surtout l'intégralité du livre de Tronti, Ouvriers et Capital, en français.
La principale organisation operaiste s'appelle Lotta Continua.
Turlututu... Lotta Continua s'est toujours revendiquée d'une sorte de mao-spontanéisme tout en mettant en avant des positions similaires à l'opéraisme, sur le modèle de la GP en France. Le problème, c'est que en Italie, les orgas d'extrême-gauche n'avait pas de dimension nationale et d'une ville à l'autre, cela changeait... Les groupes de Milan, Turin, Rome et Venise de LC ont ainsi passé leur temps à s'affronter théoriquement et quelque fois physiquement.
Tu oublis beaucoup d'autres structures comme Potere Operaio, les groupes de Via del Volsci, le parti communiste italien ML, le comité communiste marxiste-léniniste, le comité communiste pour le pouvoir ouvrier, la revue Senza Tregua, la revue Rosso, le journal Classe operaia, etc...
http://ordadoro.org/Groupes
Activiste, spontanéiste, elle intervient dans tous les mouvements de contestation qui s'expriment dans la société notamment contre les dégats causés par la morale chrétienne et pour la libération de la femme.
Mouais... t'as pas tort, mais tu simplifie... en gros la LC est aussi présente dans les luttes de quartiers, dans les lycées, les usines, les facs, contre la mafia, la drogue, même dans l'armée où ses comités de soldats n'hésitent pas à défiler en pleine rue et à participer aux affrontements du SO de LC qui était très réputé, mais la grande lutte de LC ce sera l'antifascisme avec le cassage de gueule systématique des nazillons (ces affrontements ont fait entre une dizaine et une vingtaine de morts)
Autant dire que pour une organisation dont la théorie repose sur le refus du travail, la crise économique qui va s'accompagner d'une augmentation très imprtante du nombre de chômeurs va arriver comme une bénédiction ! L'Autonomie ouvrière n'aura aucune peine à se développer contre des syndicats "à la solde du capital" qui de leur côté font leur possible pour trouver des compromis avec le patronat afin d'éviter les licenciements et les fermetures. Voila pourquoi ce mouvement sera d'une grande ampleur, sera même soutenu par grand nombre d'intellectuels.. Et Lotta Continua va se dissoudre peu à peu dans ce Movimento qui malgré tout ne sera pas aussi informel qu'il en donnera l'air.
Turlututu à nouveau... la crise économique va déboucher sur une redéfinition du sujet principal des thèses de l'opéraisme. Jusqu'à ce moment la figure centrale sur laquelle s'appuyait la pensée opéraiste était l'ouvrier-social, cantonné à l'intérieur de l'usine. Avec la crise, et l'écrasement des révoltes ouvrières, le sujet central de l'argumentaire opéraiste devient l'ouvrier-masse que l'on retrouve dans toute la société. Cela s'explique en partie par l'influence des étudiants qui travaillent et par l'émergence de revendication d'un salaire domestique chez les femmes proches ou actives au sein du courant opéraiste.
la suite, un peu plus tard, faut que j'aille à un cours...