Rupture (UCL) - Réflexion sur la Plate-forme

Re: Rupture (UCL) - Réflexion sur la Plate-forme

Messagede RickRoll » 26 Aoû 2009, 23:16

Il s'agit de l'unité théorique qui t'embête ?
Cependant, il faut bien, pour avoir une action efficace massivement, qu'il y a une unité. Si l'orga veut diffuser des idées, autant que tous les groupes diffusent les mêmes sans se tirer dans les pattes non ?
RickRoll
 

Re: Rupture (UCL) - Réflexion sur la Plate-forme

Messagede conan » 26 Aoû 2009, 23:32

Rick, je crois au contraire que la masse et l'unité sont loin d'être une panacée ; et ne sont jamais une nécessité du mouvement libertaire. Bien au contraire, c'est au nom d'elles et de leurs compromis inhérents que se dégagent bientôt des lignes, des experts pour les défendre avec brio, des bureaucraties et des compromissions tactiques puis idéologiques. Bref, au nom de l'unité qu'on est généralement écoeurés et au final perdants - masse et unité sont les refrains du PCF et de ses sbires syndicaux depuis toujours, c'est pas pour rien.
A l'unité idéologique, à l'action de masse, je préfère le fédéralisme. Je préfère qu'il y ait débat permanent autour d'une ou plusieurs stratégies possibles, et libre association des individus/groupes pour harceler librement l'adversaire.
Pour employer une métaphore militaire des luttes sociales, on sait aujourd'hui depuis belle lurette que face à une armée de masse, la guérilla est la plus à même de rejeter l'adversaire hors des cordes. Opposer en effet une armée de masse à une autre armée infiniment mieux équipée et rodée signifie invariablement échec, capitulation, ou encore corruption et récupération de la lutte. (pas pour rien que les armées du monde entier flippent et font une surenchère de formation de leurs cadres pour tenter de s'en sortir face à la guérilla... les Américains l'ont pigé après le Vietnam, en créant des réseaux en Afghanistan).
J'en suis peiné, mais je ne crois plus vraiment en l'efficacité de l'action de masse, dans le contexte actuel.
Je crois en revanche qu'il nous manque vachement un outil fédéral bien rodé pour nous permettre de communiquer en tant qu'anars, nous connaître et nous coordonner. Or sans cela, fédéralisme et libre-association restent vains mots, et la "guérilla sociale" que j'évoquai comme image ne restera qu'à l'état de quelques coups de pétards mouillés dans le décor, avec pour résultat de faire joli et de faire emprisonner quelques valeureux mais trop isolés derniers de mohicans.
J'ai encore tendance à penser qu'une initiative telle que ce forum est un outil précieux pour s'informer, discuter et ensuite s'organiser librement (ou pas) en-dehors, et puis, agir.
conan
 

Re: Rupture (UCL) - Réflexion sur la Plate-forme

Messagede Alayn » 26 Aoû 2009, 23:47

Bonsoir ! Tout à fait d'accord avec Conan ! les orgas de type Plateformiste où aucune tête doit dépasser, où aucun discours "dissident" n'est toléré, où l'autoritarisme règne, où la majorité (à 75% ! arf !) a toujours raison sur les minorités, etc... c'est bon...

Vive le fédéralisme libertaire et la liberté !
Salutations Anarchistes !
Alayn
 

Re: Rupture (UCL) - Réflexion sur la Plate-forme

Messagede conan » 27 Aoû 2009, 00:03

En même temps Alayn, n'étant pas dans ce genre d'orga je ne vois guère en quoi tu en souffres, après tout... Si des gens souhaitent y adhérer et sont prêts à mettre de côté quelques désaccords ponctuels qu'ils considèrent secondaires en regard à l'efficacité, c'est aussi à respecter. Tant, bien entendu, que rien n'est imposé au final à celles et ceux qui préfèrent une orga de type plus "fédé", ou tout autre type d'orga d'ailleurs, ou pas d'orga du tout. Puisque nous ne sommes guère encore en période prérévolutionnaire, la vigilance ne s'impose pas tant que le respect de la liberté de chacun-e de s'organiser comme il-elle l'entend, je ne sais pas ce que tu en penses mais je vois comme positif que des gens qui souhaitent s'organiser sur le mode plateformiste puissent librement le faire, sans avoir à essuyer des critiques... :wink:
conan
 

Re: Rupture (UCL) - Réflexion sur la Plate-forme

Messagede chaperon rouge » 27 Aoû 2009, 01:05

Alayn a écrit:Bonsoir ! Tout à fait d'accord avec Conan ! les orgas de type Plateformiste où aucune tête doit dépasser, où aucun discours "dissident" n'est toléré, où l'autoritarisme règne, où la majorité (à 75% ! arf !) a toujours raison sur les minorités, etc... c'est bon...

Vive le fédéralisme libertaire et la liberté !

Wôô là! L'unité théorique peut quand même pas être totale!! Par exemple, le texte que vous voyez en haut n'en fait pas parti. Il y a unité sur les buts et principes et quelques autres trucs adoptés fédéralement mais, il y a beaucoup de questions et d'analyses à débattre. Le 75% et le truc de l'intolérance ça n'a aucun rapport, tu juges à travers ton chapeau!! À quoi ça sert de mystifier les autres organisations???

L'UCL est présentement la seule fédération anarchiste au Québec, rassemblant des collectifs dans 6 villes (chose historique pour le mouvement anarchiste au Québec) mais, est très loin d'être une organisation de masse. Attention: l'extrême gauche n'est vraiment pas un phénomène aussi grand au Québec qu'en Europe!!

Dans ce contexte, l'organisation prend toute son importance.
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Re: Rupture (UCL) - Réflexion sur la Plate-forme

Messagede Bibo » 27 Aoû 2009, 09:22

Tout d'abord, merci d'avoir un ton de discussion constructif et pas polémique, car c'était pas gagné ! :trinque:

Cependant, il faut bien, pour avoir une action efficace massivement, qu'il y a une unité. Si l'orga veut diffuser des idées, autant que tous les groupes diffusent les mêmes sans se tirer dans les pattes non ?

Je ne vois pas en quoi le plateformisme a réussi, dans le passé, à mobiliser les masses.

Ensuite, actuellement, on voit que le mouvement libertaire est très "pluriel" (pour employer une référence franco-française de nos "amis" socialistes 8-) ). Cela ne veut pas dire que l'on se tire dans les pattes systématiquement, même si parfois, le fait d'être dans des orgas qui ont fait des choix différents peuvent crisper des situation, alors que les militants, sur le terrain, se connaissent et bossent ensemble.
Pour pratiquer le militantisme dans une orga qui n'est pas plateformiste, j'en tire la conclusion suivante : quand il y a des embrouilles, et il y en a régulièrement, ce ne sont pas des embrouilles de tendances politiques, mais des embrouilles liées davantage au caractère personnel des gens. Par contre, je vois des gens qui ont des divergences politiques, mais qui arrivent justement à bosser ensemble sur des projets, car, au-delà de divergences, ils se retrouvent sur des bases qui leurs semblent dépasser de loin leurs oppositions et divergences.
Dans tous les cas, je ne veut pas dénigrer le travail des copains et copines du Québec : ce qu'ils mettent en place constitue effectivement une avancée réelle. Donc bravo à eux. J'espère juste que par la suite, cette dynamique sera assez forte pour ne pas avoir peur de s'enrichir des autres composantes de l'anarchisme social.
Car c'est peut-être aussi une histoire de confiance, tout ça : "est-ce qu'on sera assez forts pour ne pas se faire briser notre élan qu'on a déjà du mal à mettre en place en pouvant intégrer des gens qui risquent de faire chier sur plein de trucs ?" (je résume, mais c'est comme ça que je le perçois). Perso, je comprends ce point, mais concrêtement, les embrouilles que j'ai vécues ne venaient pas de là.
Bon allez, bon courage à toutes et à tous, et travaillons encore et encore : il y a encore tant à faire ! :slt:
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Re: Rupture (UCL) - Réflexion sur la Plate-forme

Messagede chaperon rouge » 27 Aoû 2009, 16:19

Pour parler de situation régionale Alayn, au Saguenay-Lac-St-Jean, les militant-e-s libertaires qui militent activement: il y a un "municipaliste libertaire" qui lutte activement sur la scène municipal mais est candidat du Nouveau Parti Démocratique aux élections fédérales et qui se présente aux élections municipales comme conseillers d'une zone de ville d'arrondissement. J'ai rencontré quelques autres qui se disent anar: exemple un bourgeois du CA de l'université, un conspirationniste qui a produit plus de 15 blogs totalement ridicules, des punks chaos,... mais pas vraiment dignes de mention. Ensuite, il y a le collectif Emma Goldman (UCL) et un collectif féministe radical qui s'est formé durant les mobilisations féministes (plusieurs sont également membres du collectif EG). Le collectif EG a fait des efforts actifs pour faire connaître l'anarchisme jusqu'au nord du lac st-jean - conférence, envois, contacts. Un effort a également été fait pour réseauter tou-te-s les intéressé-e-s des idées ou des luttes dans la région(réseau libertaire large). Bref, le collectif est encore bien jeune mais il est très positif pour le mouvement libertaire d'ensemble. Vous savez, militer seul-e ça peut amener certaines victoires lors de moments de bonne mobilisation, mais dans les creux ça plante vite et l'implication en est très peu durable. Et avec des bases communes et un journal gratuit tiré au 2 mois à 4 000 exemplaires (actuellement, journal anar le plus tiré au Québec), on a des outils pour s'impliquer dans les diverses luttes sociales du milieu.

Image

D'autres ex-militant-e-s anar sont rencontré-e-s dans la région. Ex dans le sens qu'arrête de militer rendu ici. L'hiver passé j'ai par exemple rencontré un militant FA de Paris, qui m'avait promis de venir à une conférence puis que j'ai jamais recroisé. D'autres laissent de côté leurs idées anars et les luttes pour mieux s'intégrer. Avoir un collectif anar (possiblement une première dans la région), est donc un sérieux coup de pouce pour l'implication.

Alors avec les mystifications sur le communisme libertaire, comme les prétentions à l'égalité entre les sexes, ... :baille:
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Re: Rupture (UCL) - Réflexion sur la Plate-forme

Messagede Phébus » 27 Aoû 2009, 23:50

Ah, c'est triste tant de mauvaise foi! (mais c'est vrai que le texte est dur et volontairement provocateur)

Alors, les points sur les i et les barres sur les t...:

Les plateformistes modernes ont abandonné l'illusion d'une organisation hégémonique unitaire, sorte de grande maison des anars. Nos principes d'organisation ne s'appliquent qu'à ceux et celles qui veulent bien les appliquer. Z'avez rien à craindre! Si ça ne vous convient pas, rien ne vous empêche de vous organiser autrement.

Perso, c'est mon expérience militante qui m'a amené là. Je me suis rendu compte que l'action nécessitait une certaine unité théorique et tactique. Pour déployer une certaine activité militante, il faut s'entendre sur les bases de l'action et sur le but. Pour moi, l'unité est un processus organique qui se développe au fur et à mesure des expériences et des avancés. Il ne s'agit pas d'imposer un programme tout prêt mais de s'engager dans un processus de discussion permanent où les accords sont enregistré et intégré au patrimoine commun de l'organisation.

Sinon, ben ce que je constate c'est qu'il n'y a pas grand monde qui veut s'organiser au Québec. Militer, ça oui, mais construire une organisation spécifique, ça non. Trop contraignant. Alors ceux et celles qui veulent le faire doivent ramer à contre-courant. Juste la volonté de s'organiser est perçue comme une attaque. Alors on durci. On a des AG locales au quotidien. On travaille ensemble, on discute de ce qu'on fait, on s'entend sur la marche à suivre et sur la suite des choses, on construit notre unité. ...et oui, c'est fédéraliste! On se coordonne dans des conseils fédéraux. On mets nos ressources en commun, on décide de campagnes fédérales. Et vogue la galère. Sinon, bien oui, on est impliqué dans des projets plus large. Je ne vois pas de contradiction. À chaque projet ces besoins. La base d'unité n'est pas la même pour organiser une action ponctuelle que pour une organisation spécifique. Je ne vois pas pourquoi il faudrait tout tolérer et son contraire.

Ce que je trouve bizarre c'est que les critiques sont bien prêt à délimiter des frontières à l'anarchisme. Les gens s'entendent sur une unité minimale. Ex.: tout le monde est d'accord pour dire que quelqu'un qui défend la dictature du prolétariat ou le parlementarisme ne peut pas se revendiquer de l'anarchisme. C'est une unité théorique. Je ne vois pas pourquoi ça c'est correct mais qu'il n'est pas correct pour l'organisation spécifique de délimiter aussi des frontières et de dire, par exemple, qu'elle ne regroupe que des partisans du syndicalisme de combat. Je donne cet exemple parce que c'est un débat chez les anarchistes étudiants (dont certains sont membres de l'UCL). Certains sont impliqué dans le syndicalisme étudiant et d'autres sont radicalement contre et forment des comités autonomes de radicaux. Or, un moment donné tu ne pas avoir dans la même organisation des gens qui s'impliquent dans leur syndicat côte à côte avec des gens qui disent que les syndicats sont contre-révolutionnaire et que les syndicalistes sont des collabos. Je veux bien concevoir que des anarchistes ne soient pas d'accord avec moi et envisagent d'autres pratiques mais je ne crois pas que ce soit trop demander que le journal de mon orga, que je paie avec mes cotisations, ne me dénonce pas comme un bureaucrate social-traitre...

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