Le PC(MLM) incendie Le Jura Libertaire et Michéa sur mai 68

Le PC(MLM) incendie Le Jura Libertaire et Michéa sur mai 68

Messagede Nico37 » 27 Juil 2009, 19:20

Michéa et le « Jura Libertaire » contre mai 1968

La bourgeoisie craint la contestation généralisée. Les masses qui grondent s’y avancent chaque jour davantage. Partant de là, il faut pour la bourgeoisie éradiquer le patrimoine de la dernière grande expérience de contestation généralisée: mai 1968.

Le site « Jura Libertaire », en mettant en avant Michéa, contribue à cette destruction du patrimoine révolutionnaire.

Michéa est en effet une figure intellectuelle anti-mai 1968. D’abord, Michéa reprend la position de Nietzsche: la démocratisation est le mal absolu. Rien n’est pire qu’une société de masses.

C’est un discours réactionnaire, qui considère qu’« avant, c’était différent. » Jean-Claude Michéa, agrégé de philosophie (le plus jeune de France à l’époque), explique ainsi au sujet du « conseil de classe » dans les lycées:

« Autrefois c’était le lieu où les professeurs jugeaient, en toute indépendance, le travail des élèves. Le balancier est allé dans l’autre sens. Désormais le conseil de classe tend à devenir le lieu où les représentants des parents et des élèves jugent, à l’américaine, le travail des professeurs. »

Il va de soi que tel n’était pas le point de vue des lycées de mai 1968. En mai 1968, les lycées et les étudiants se sont révoltés contre toutes les institutions scolaires, et n’appréciaient certainement pas ce « conseil de classe » prétendument idéal!

Mais la position de Michéa est logique: il n’a pas fait mai 1968, il est issu du Parti « Communiste » français, qui a été farouchement opposé à mai 1968. Et paradoxalement, il critique de la même manière mai 1968 aujourd’hui, non pas par la droite… mais par la gauche!

Le Jura libertaire n’est en effet pas un site libertaire, mais un site d’ultra gauche, ce qui est bien différent. Le site « Jura libertaire » considère que mai 1968 a été le « dernier assaut révolutionnaire en France », proposant même des documents du mouvement.

Mais il résume mai 1968 à l’activité des situationnistes et des enragés, c’est-à-dire des activistes d’ultra gauche. Les masses sont expulsées de l’histoire de mai 1968. Et Michéa justement fait exactement la même chose, en faisant semblant de prendre le parti du peuple contre les étudiants – mais ce parti du peuple, c’est le parti des seuls ultra-gauchistes. Michéa dit en effet, dans le document sur le site du « Jura libertaire »:

« Pour un peu, tout le monde aurait presque oublié que les critiques les plus impitoyables de la contestation étudiante — autrement dit du «Mai 68» officiel — ont été formulées, à l’époque, par les situationnistes. »

Il faut bien comprendre que Michéa est un disciple du théoricien réactionnaire américain Lasch, l’un des principaux théoriciens anti-mouvements de jeunesse des années 1960-1970. Lasch dit au sujet des révolutionnaires de ces années que « s’ils embrassèrent la cause du radicalisme, ce ne fut pas d’abord parce qu’elle promettait des résultats pratiques, mais parce qu’elle constituait une nouvelle manière de dramatiser leur moi ».

On appréciera comme il se doit cette vision bourgeoise du Black Panther Party, du Weather Underground, de la Black Liberation Army, etc. etc.

Cette thèse de Lasch se trouve dans « La culture du narcissisme », paru en 1979, où de la même manière que les auteurs fascistes, il explique qu’en raison du libéralisme les gens ont un « vide intérieur », qu’ils sont faibles devant les épreuves, que « l’idéologie du développement personnel, optimiste à première vue, irradie résignation et désespoir profond. »

Lasch pratique ainsi l’élitisme: « avant, c’était différent. » Niant la terrible exploitation des masses populaires aux USA, il fantasme sur un âge d’or passé:

« L’éducation de masse, qui se promettait de démocratiser la culture, jadis réservée aux classes privilégiées, a fini par abrutir les privilégiés eux-mêmes. La société moderne, qui a réussi à créer un niveau sans précédent d’éducation formelle, a également produit de nouvelles formes d’ignorance. Il devient de plus en plus difficile aux gens de manier leur langue avec aisance et précision, de se rappeler les faits fondamentaux de l’histoire de leur pays, de faire de s déductions logiques, de comprendre des textes écrits autres que rudimentaires. » (Christopher Lasch, « La culture du narcissisme »).

En France, Michéa est le diffuseur de la pensée de Lasch, en laquelle il se reconnaît totalement.

Voilà le personnage que le « Jura Libertaire » soutient. Et cela n’est pas qu’une simple « erreur », mais bien une faute, car en arrière-plan, il y a toute la campagne bougeoise contre 1968.

Mai 1968 suit le putsch gaulliste de 1958, qui a instauré la cinquième république, où le président est pratiquement un roi élu, où les élections parlementaires suivant les présidentielles sont quasiment des plébiscites.

Mai 1968 a fait vaciller cette cinquième république, mai 1968 a fait vaciller l’ordre bourgeois, la classe ouvrière a réussi une grande grève générale, l’extrême-gauche s’est alors formidablement développée, la contestation des valeurs bourgeoises a pu s’élargir.

Pour la bourgeoisie aujourd’hui, qui veut une société correspondant à ses exigences, mai 1968 doit aujourd’hui être éradiqué en tant que patrimoine révolutionnaire.

On a beaucoup critiqué le caractère social-démocrate du NPA de Besancenot, mais l’une des preuves de son caractère réformiste, c’est justement l’abandon du nom de « Ligue Communiste Révolutionnaire », issue des Jeunesses Communistes Révolutionnaires, une organisation historique de mai 1968.

Et il faut bien voir que tous les auteurs d’extrême-droite justifient leurs positions soi-disant de « gauche » par rapport justement à mai 1968.

L’un des principaux intellectuels d’extrême-droite, Alain de Benoist, affirme ainsi au sujet de mai 1968 la même chose que Michéa:

« Il n’est pas exagéré de dire que c’est finalement la droite libérale qui a banalisé l’esprit « hédoniste » et « anti-autoritaire » de Mai 68. » (Mai 68).

Alain Soral ne dit lui non plus pas autre chose:

« Contrairement à l’idéologie à la fois nihiliste et ultra-libérale de la culture rap (je ne parle pas du baratin pseudo-révolutionnaire des textes, mais de la réalité du rap comme moyen d’ascension ultra-individualiste par l’inféodation au pouvoir du show-biz), la culture musulmane, elle, ne produit pas des délinquants drogués et suicidaires, mais des hommes élevés dans des valeurs. Des valeurs de dignité et de respect qui ressemblent beaucoup, finalement, à celles qu’on inculquait aux hommes de France, et à moi-même, avant la déferlante du néo-matriarcat à l’américaine importé par mai 68 » (Interview par le site Oumma.com, janvier 2004).

Le « Jura Libertaire » peut bien refuser la critique et parler de « sermon stalinien » et mettre en avant Orwell, cela n’y changera rien.

Surtout que la thèse d’Orwell – communisme = fascisme, est déjà présente dans tous les livres d’histoire des lycées français, et que ses oeuvres (« 1984 » et « La ferme des animaux ») sont régulièrement étudiée en français!

Tout cela révèle la culture universitaire, la culture bourgeoise. Se prétendre révolutionnaire et faire l’apologie d’un agrégé de philosophie encensé par le Figaro et tout un pan de l’extrême-droite, qui a rejoint le Parti « Communiste » français après mai 1968, forme une contradiction intenable pour qui s’affirme révolutionnaire!


Quand des anarchistes soutiennent la « révolte contre le monde moderne »

Exactement comme dans les années 1920, les fascistes partent à l’assaut de la démocratie et de la notion de progrès. Leur idéologie: il n’y a plus de classes sociales, mais une « société de consommation », et l’individu doit partir en révolte contre le monde moderne, se transcender, atteindre le « sacré ».

Faut-il alors être clair et précis, et rejeter les décadents, pour ne pas céder un pas au fascisme?

La réponse est oui, mais tel n’est pas le point de vue du site le « Jura Libertaire ». Critiqué sur Contre-Informations pour son apologie éhontée de Michéa, le site persiste et signe.

Ainsi donc, le « Jura libertaire » appuie l’offensive bourgeoise contre Mai 1968 et l’idée de progrès, en mettant en avant Michéa, cet intellectuel salué par le Figaro comme « anarchiste » peut-être, mais comme « conservateur » sûrement (« Anarchiste » tant qu’il voudra, Jean-Claude Michéa est bel et bien un « conservateur » au sens où l’entendra H. Arendt : un monde livré à la toute-puissance de l’idéologie comme au seul souci de l’économie est dangereux pour la liberté humaine.»).

Michéa, qui peut oser affirmer de manière la plus fantasmatique qui soit, dans « La Caillera et son intégration » (sic!), que:

« Si l’on parle en, effet, de l’intégration à une société, c’est-à-dire de la capacité pour un sujet de s’inscrire aux différentes places que prescrit l’échange symbolique, il est clair que cette fraction modernisée du Lumpen n’est pas, « intégrée », quelles que soient, par ailleurs, les raisons concrètes (familiales et autres) qui expliquent ce défaut d’intégration.

S’il s’agit, en revanche, de l’intégration au système capitaliste, il est évident que la Caillera est infiniment mieux intégrée à celui-ci (elle a parfaitement assimilé les éloges que le Spectacle en propose quotidiennement) que ne le sont les populations, indigènes et immigrées, dont elle assure le contrôle et l’exploitation à l’intérieur de ces quartiers expérimentaux que l’État lui a laissés en gérance. » (L’Enseignement de l’ignorance)

Voilà le fantasme ultra-réactionnaire de Michéa, qui est typique des réactionnaires qui se prétendent « de gauche », mais critiquent uniquement… « la gauche »! Car Michéa ne critique pas le capitalisme, mais le « libéralisme », et la cible de toutes ses critiques est non pas les fascistes, les capitalistes, la social-démocratie, etc., mais la « Gauche traditionnelle ».

Une démarche typique de l’extrême-droite, surtout quand on sait que ce qu’il lui reproche, à cette prétendue « gauche traditionnelle », c’est « sa foi simpliste dans le mythe bourgeois du « Progrès » !

Un nihilisme, un pessimisme absolument typique de tous les auteurs fascistes, dans une tradition commencée par Nietzsche et continuée par l’intégralité des auteurs fascistes.

A l’encontre de la figure de la « caillera », Michéa met d’ailleurs en avant le « bandit d’honneur », le « pirate », qui « au moins » aurait été lié à une « communauté locale » – un fantasme qui est là aussi typiquement fasciste, depuis le « projet apache » des « identitaires » parisiens jusqu’aux fascistes italiens faisant du pirate Albator leur symbole!

De la même manière, Michéa explique que la délinquance ne provient pas de la crise générale du capitalisme, de la misère vécue par les masses… Non, elle viendrait… du libéralisme, en tant qu’idéologie! Michéa n’est pas un ami des masses, mais un agrégé de philo les méprisant, elles et leurs « erreurs »…

Et évidemment mai 1968 est considéré comme symbole de tous les maux, en raison de sa « récupération » par « l’asphyxiante société de masses »… Voilà bien une position nihiliste et décadente, propre à notre époque, qui est celle de la société bourgeoise en perdition.

Les masses populaires sont appauvries chaque jour davantage, et les serviteurs de la bourgeoisie critiquent… la société de consommation! Au lieu de vouloir aujourd’hui un mai-juin 1968 qui aille jusqu’au bout, les réactionnaires ne regardent que l’aspect négatif d’hier, la récupération par le capitalisme pour se relancer, et ainsi justifier leur posture aristocratique….

Et voilà le genre de sinistre individu que met en avant le site « Jura libertaire »!

Normalement, l’anarchisme est une idéologie mettant en avant la spontanéité individuelle, et considérant avec justesse la société comme une prison. Il est un courant issu du mouvement ouvrier, et parfois lui étant encore rattaché. La défense de mai 1968 fait partie de ses meilleures traditions.

Mais là avec la crise générale du capitalisme, l’anarchisme se transforme bien souvent, par anticommunisme, en « révolte contre le monde moderne », en culte aristocratique du moi individuel.

L’appui à Michéa est un modèle du genre, et un appui suicidaire, car Michéa assume lui-même son projet de dynamiter l’identité historique du mouvement anarchiste:

« L’importance traditionnellement accordée par les anarchistes au problème de l’éducation des individus (aussi bien familiale que scolaire) – de même que leur sensibilité constante aux dimensions morales et psychologiques de l’activité politique – n’a rien qui doive étonner. Et dans la mesure où le refoulement de ces questions fondamentales est à l’origine de toutes les mésaventures du mouvement révolutionnaire, depuis la bureaucratisation inévitable de ses organisations jusqu’à ses dérives totalitaires les plus prévisibles, l’anarchisme apparaît moins comme un courant politique parmi d’autres que comme une propédeutique morale à toute révolution possible (ou, si l’on veut, comme une « métapolitique »), si du moins on entend par révolution [...] l’institution, par les classes jusque-là dominées, d’une société libre, égalitaire et décente. » (L’Empire du moindre mal).

L’anarchisme français est à la croisées des chemins, de par son incapacité à saisir la complexité du monde.

Sa seule alternative pratique semble être d’un côté une révolte romantique contre le « monde moderne », clairement poreuse avec le nihilisme fasciste toujours plus fort, et de l’autre une soumission servile au trotskysme, pour une esthétique « révolutionnaire » au service… du syndicalisme, pendant que le NPA tire les marrons politiques du feu.

Sa seule alternative théorique semble être d’un côté une apologie de l’idéologie libérale-libertaire, remettant en cause tout ce qui existe (hommes et femmes, classes sociales, crise écologique etc.) pour glorifier le moi individuel, et de l’autre un culte réactionnaire du 19ème siècle dans une version fantasmée, syndicale et clairement conservatrice.

Il faut être clairement vigilant face à cette vague anti-matérialiste, qui sous prétexte de combattre le « monde moderne », remet en cause le fait que l’histoire a un sens, et que les masses exigent le communisme!
Nico37
 
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Re: Le PC(MLM) incendie Le Jura Libertaire et Michéa sur mai 68

Messagede joe dalton » 27 Juil 2009, 21:03

c'est vraiment une critique en mode minable de michéa !
on peut critiquer beaucoup d'aspect de ses ecrits, mais cette technique qui en decontextualisant des morceaux visant a le faire passer pour un fachiste faisant feu de tout bois...
quelle malhonnêteté ! que le rois de l'embrouille soral se revaendique de lui, oui ! et alors ? il se revendique de marx aussi, le melange des genres etant son fond de commerce ! le principale étant que michéa traite cette admiration par le plus grand des mepris !
c'est la foire au amalgames !
ce texte vise plus a delivrer des anathemes, faisant feu de tout bois(michéa serait un réactionnaire, et un apotre de du libéralisme) !
il est claire que toute veilleité de questionnement autour des vérités séculaire de l'anarchie des barons doit être tuer dans l'œuf ! j'aurais bien aimer que tu indique les source nico !
joe dalton
 


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