Belgique, Alternative Libertaire Bruxelles

Belgique, Alternative Libertaire Bruxelles

Messagede bipbip » 01 Jan 2017, 16:47

Alternative Libertaire Bruxelles
Construire l’autonomie populaire

Réflexions : Construire l’autonomie populaire

Alternative Libertaire Bruxelles (AL BXL) soutient et défend depuis sa création les pratiques autogestionnaires et un syndicalisme combatif. De tels espaces existent parfois – mais rarement – au sein du syndicalisme belge. De manière générale en Belgique, les deux principaux syndicats (CSC et FGTB) ont atteint un tel niveau de bureaucratisation, de réformisme et de trahison de classe, qu’ils constituent un frein à l’auto-organisation et l’émancipation des travailleurs-euses. Leur manque de perspectives de rupture avec le capitalisme et leur rigidité organisationnelle, empêche les syndicats sociaux-démocrates de comprendre et d’anticiper le développement actuel du capitalisme. Ils délaissent et dédaignent les fractions les plus précaires du salariat, alors qu’il s’agit de secteurs qui ont pourtant une importance stratégique dans la « modernisation » néo-libérale et dans lesquels il importe dès lors de concentrer une action politique et d’ainsi s’emparer de l’initiative de lutte.

AL Bruxelles prône donc une stratégie d’autonomie populaire. C’est-à-dire l’auto-organisation politique et sociale des classes populaires, autonomes par rapports aux structures capitalistes existantes.

Parallèlement, AL BXL participe pleinement aux mouvements sociaux et développe une intervention au sein des classes populaires. Cette stratégie d’insertion sociale vise à mettre en évidence nos idées et pratiques autogestionnaires et à les rendre influentes dans des luttes sociales.

En tant qu’organisation anarchiste révolutionnaire, AL Bruxelles prône une rupture totale avec l’état capitaliste. Il n’existe aucune perspective révolutionnaire crédible au travers de la prise de pouvoir étatique. Le renforcement autoritaire et sécuritaire de l’état néo-libéral en Occident rappel à toutes et tous que l’état reste l’instrument central du système politique bourgeois et de la gestion du capitalisme.

L’histoire récente nous montre que jouer le jeu de la démocratie bourgeoise, c’est trahir et compromettre toujours plus toutes aspirations révolutionnaires. Face à la désorganisation politique des classes populaires et l’échec des mouvements sociaux devenus défensifs, Alternative Libertaire Bruxelles prône une stratégie capable de reconstruire des espaces où le pouvoir capitaliste et étatique ne peuvent s’exercer. Nous pensons que c’est dans ces espaces d’autonomie politique que nous bâtirons la solidarité, l’auto-organisation et le rapport de force seul capable de renverser le capitalisme et non dans quelques veines luttes électorales perdues d’avance.

Face à l’offensive néolibérale des classes dominantes, prétendre qu’il est possible – par les urnes et par la volonté morale (en réformant le capitalisme par exemple) – de bloquer des réformes pourtant indispensables à la survie des capitalistes eux-mêmes, est une illusion et un mensonge fait aux classes populaires. Pour AL Bxl, les trahisons de Syriza et de Podemos, montre que cette stratégie est vouée à l’échec. La vague néolibérale ne s’arrêtera pas avec des propositions réformistes qui rêvent d’un passé glorieux, celui du capitalisme social-démocrate. La seule stratégie révolutionnaire envisageable est de pousser toujours plus le capitalisme dans ses contradictions et accentuer la crise du système.

Pour AL, l’autonomie consiste également à ne rien attendre de quelques puissants. Nous ne revendiquons rien, nous prendrons ce qui nous revient. Non pour survivre mais pour vivre. D’une manière ou d’une autre, il s’agit de substituer une partie du monde au système marchand. Nourriture, vêtements, logements, savoirs, loisirs, transports, santé, contraception, etc., tout ce que la bourgeoisie nous refuse ou lui permet d’affirmer ses privilèges, nous le prendrons gratuitement, librement et le rendrons accessible à toutes et tous.


https://albruxelles.wordpress.com/2016/ ... #more-2317
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Re: Belgique, Alternative Libertaire Bruxelles

Messagede daniel » 01 Jan 2017, 21:10

Je vis en belgique, je ne fais pas partie d'al Bruxelles, mais je suis leur développement et cela se passe, plutôt, bien, bien à eux ! sm 26
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Re: Belgique, Alternative Libertaire Bruxelles

Messagede bipbip » 07 Jan 2017, 15:06

Belgique : Le mouvement libertaire doit se refonder

Belgique : Le mouvement libertaire doit se refonder (1/2)

La Belgique est un laboratoire de l’atomisation sociale et de « l’individu forteresse », complétés par une culture politique du consensus, sans véritable équivalent en France. Notre tâche est donc unique et c’est pour partager son expérience particulière et les défis spécifiques auxquels il est confronté que le collectif Alternative libertaire Bruxelles lance cet série d’articles cette série d’article destinés à ses camarades français.

L’anarchisme, en Belgique, est à l’image des milieux radicaux et révolutionnaires du pays : éclaté, géographiquement et politiquement, en mal d’une histoire à laquelle se raccrocher et meurtri par l’absence de mouvement populaire de masse.

Nos camarades français ont sans doute du mal à s’imaginer l’état de délabrement intellectuel de la Belgique ; coupée en deux par la frontière linguistique, au-dessus de laquelle Wallons et Flamands s’ignorent superbement, subdivisée en une multitude de niveaux de pouvoirs institutionnels qui la rendent incompréhensible aux yeux étrangers et qui nourrissent une cohorte de politiciens professionnels, elle n’a ni l’unité culturelle de la France, ni sa (très relative) variété médiatico­-éditoriale.

Un manque criant de médias militants

Cela peut paraître anecdotique mais ça ne l’est pas du tout. Il n’existe pas, dans l’espace francophone, de presse dite de gauche, encore moins de presse révolutionnaire. Nous comptons une seule maison d’édition alternative, d’obédience plutôt communiste, et qui frôle la faillite tous les ans. Nous ne possédons pas non plus de lieu d’échanges et de rencontres commun aux groupes radicaux.

En fait, chaque organisation possède son petit média, souvent un blog ou un web-journal, qui suit une ligne politique trop restrictive pour parler véritablement à des non-encarté.es ou même à ses allié.es objectifs. Le journalisme, chez nous, est encore plus délétère qu’en France, les deux grands quotidiens généraux, Le Soir et La Libre Belgique, adhèrent ouvertement à la « modernisation » libérale et sont devenus des agences de communication au service des politiques professionnels et des grandes entreprises.

Politiquement, l’espace de la « révolte » est occupé par un ancien parti maoïste, le Parti du travail de Belgique (PTB), qui, depuis quelques années, a réussi une reconversion dans la social-démocratie « radicale ». Plus le temps passe et plus le PTB adhère aux codes de la communication politique et entre dans le jeu parlementaire ordinaire ; sa « radicalité » va toujours décroissant. Les autres partis, des groupuscules trotskistes ou communistes vieille recette, sont complètement écrasés et demeurent dans une position ambiguë, entre présentation aux élections et appels à la révolution prolétarienne.

Notre Parti socialiste (PS) se vante d’être l’un des « plus à gauche » d’Europe – ce qui est sans doute le cas au niveau program­matique, mais le mode de gouvernement de la Belgique, où personne ne peut former de gouvernement unitaire, amène le PS à bâtir des coalitions avec les partis conservateurs ou libéraux. Ils peuvent alors se cacher, après chaque privatisation ou chaque politique répressive, derrière la nécessité de faire « des compromis », qui ne sont en réalité que des compromissions supplémentaires.

Depuis que l’émergence du PTB met en danger leurs prés carrés électoraux, les vieux dinosaures du PS ont mis la barre à gauche, en promettant une semaine de travail de quatre jours et un processus de codécision dans les entreprises ; mesures qui seront bien entendu supprimées après coup sous la double pression de la « réalité économique du marché » et le besoin de gouverner avec la droite.

Absence d’une organisation bilingue

Les seules bouffées d’air se trouvent dans quelques recoins du mouvement syndical.

Des groupes de jeunesse, nés dans les cendres des jeunes ouvriers chrétiens ou dans les milieux étudiants, pratiquent l’autogestion et occupent un rôle central dans l’organisation des actions de rue, en particulier à Bruxelles. Ces groupes, au croisement des différentes sphères radicales, voient se côtoyer des anarchistes, des écologistes radicaux, des trotskistes et tout un tas de personnes qui ne rentrent pas dans ces cases.

Malgré leur « hégémonie » sur la pratique de la radicalité politique dans l’espace public, ces groupes sont ultraminoritaires et ne réunissent, à Bruxelles, pas plus d’une ou deux centaines de militantes et de militants.

Les anarchistes sont profondément divisés, d’abord entre Wallons et Flamands, mais aussi entre les centres urbains, et il n’existe aucune organisation nationale (bilingue) ou même représentative de l’espace francophone dans son entièreté.

Les deux principaux foyers libertaires francophones se trouvent à Bruxelles et à Liège. Au sein même des villes, les militants et militantes anarchistes se subdivisent au moins en trois groupes : les organisés (collectif Alternative libertaire Bruxelles), ceux qui se fixent autour d’un lieu/projet culturel comme une librairie (Acrata) ou une bibliothèque (BibLibre), et enfin les plus autonomes dont le collectif se cristallise dans les squats et dans lesmanifestations, rassemblements, combat contre les prisons, etc.

Faible implantation populaire

Même si les personnes finissent par se connaître, à force de fréquenter les mêmes actions, les liens politiques sont inexistants et il serait difficile de parler de « mouvement anarchiste » belge ou francophone. Le projet d’un grand rassemblement, d’un congrès des anarchistes belges, est régulièrement évoqué mais demeure une arlésienne. Il est de toute façon douteux que celui-ci permette de créer une dynamique intergroupes, étant donné les différends politiques et surtout stratégiques qui opposent les libertaires entre eux.

Le principal obstacle séparant les anarchistes d’une vraie fusion avec la grogne occasionnée par les politiques libérales et autoritaires du gouvernement vient de la composition sociale de nos groupes. Les libertaires se recrutent d’abord chez les fils blancs et diplômés des classes moyennes. L’apport des classes populaires et en particulier des Belges issus de l’immigration est extrêmement marginal ; cela déconnecte l’action politique du quotidien de ceux qui subissent le plus directement les pires effets du capitalisme financiarisé.

Le processus de déclassement et de précarisation est bien enclenché en Belgique mais la pauvreté se concentre encore dans des communes-ghettos où les groupes libertaires n’ont pas d’enracinement.

L’accumulation de ces problèmes – absence quasi-totale de diffusion des positions anarchistes, propagande médiatique écrasante, division et éclatement, déconnexion avec les classes populaires – nous questionne et nous oblige à remettre en cause nos modes de pensée et d’action.

Thibault (AL Bruxelles)

http://www.alternativelibertaire.org/?A ... gique-1-Le


Belgique : Le mouvement libertaire doit se refonder (2/2)

En plus de souffrir d’un environnement politique hostile, les anarchistes belges sont confrontés à un vide mémoriel. Chaque génération doit plus ou moins recommencer à zéro, sans bénéficier des conseils et du legs des la génération précédente. Même si cette situation peut avoir des avantages, comme celui de renouveler la doctrine et de ­l’adapter aux temps présents, elle donne surtout l’impression aux militants et militantes que l’anarchisme jaillit tout à coup avant de disparaître, qu’il possède chez nous un caractère volatile et impropre à être une posture révolutionnaire stable.

On peut remonter loin pour comprendre cet état de fait. Les anarchistes belges étaient très présents dans le mouvement ouvrier à la fin du XIXe siècle et au tout début du XXe siècle. Comme en France, ils s’organisaient en particulier autour de journaux puis au sein du mouvement syndical – lors de l’exécution de Francisco Ferrer en 1909, par exemple, les maisons du peuple du bassin hennuyer se sont couvertes de drapeaux noirs. Certaines expériences de communautés alternatives ont même été tentées près de Bruxelles, mêlant autogestion, solidarité économique, végétarisme voir même nudisme. Mais déjà à l’époque, la Belgique était très dépendante de son grand voisin du sud et même du reste de l’Europe. Terre d’exil, elle accueillait de nombreux anarchistes étrangers, venus se réfugier, surtout à Bruxelles, suite à l’adoption des lois scélérates ou des diverses actions révolutionnaires menées en Espagne ou en Italie.

Des personnalités comme Élisée Reclus ou Buenaventura Durruti ont durablement influencé l’anarchisme belge ; au même titre que des centaines d’inconnus dont les noms n’ont pas été conservés mais qui ont suivi le même chemin et rompu le pain avec leurs camarades d’outre-Quiévrain. Carrefour des milieux révolutionnaires européens, Bruxelles a paradoxalement connu peu de figures marquantes, dans le sens où elles se sont perpétuées dans l’imaginaire et la mémoire belge ; on peut citer Ernestan ou encore Émile ­Chapelier. Cette « absence » s’explique aussi par la difficile transmission de la mémoire révolutionnaire dont nous souffrons de nos jours – les anarchistes belges auraient bien du mal à citer le nom de quelques-uns de leurs ancêtres.

Comme pour de nombreux autres pays européens, la Première Guerre mondiale a durablement affaibli le mouvement, faisant disparaître dans les tranchées et les prisons de nombreux anarchistes. Bien que le gouvernement belge ait toujours réprimé les mouvements révolutionnaires, la guerre lui a fourni des moyens radicaux pour affaiblir ses « ennemis de l’intérieur » – une situation que nous connaissons encore aujourd’hui avec l’état d’urgence. La génération suivante, celle de l’entre-deux-guerres, a été saignée à blanc par la Seconde Guerre mondiale et, pour des raisons évidentes, par l’occupation allemande. C’est surtout à partir de ce moment-là qu’un cycle de crue et de décrue se met en place. Même 1968, qui frappe aussi la Belgique, ne permettra pas une réimplantation durable d’un mouvement anarchiste dont les derniers représentants de l’âge d’or meurt au début des années 1970, sans avoir vraiment rencontré et transmis le flambeau aux nouveaux et nouvelles libertaires.

Jeter des passerelles vers le passé

Aujourd’hui, les anarchistes sont très majoritairement jeunes ou sont venus à l’anarchisme sur le tard. Les plus anciens, notamment les soixante-huitards, se sont enfermés dans des versions « festives » de la rébellion ou ont complètement abandonné l’idéal révolutionnaire. Nous ne pouvons pas compter sur la transmission d’une mémoire des luttes, des expériences stratégiques et théoriques qui ont été menées avant nous. Ce néant mémoriel n’est d’ailleurs pas ­l’apanage des anarchistes, la mémoire populaire, si elle existe, manque de canaux pour être diffusée et pour rester vivante à travers sa réincarnation dans le présent.

Cela nous pose justement la question de la manière dont elle se transmet : le monde de l’édition belge est moribond, mais même s’il était aussi vivant qu’en France, le livre ne semble plus être la meilleure manière de transmettre la mémoire. Nous sommes très en retard sur les médiums informatiques, comme les vidéos ou les minidocumentaires, qui se révèlent très efficaces pour toucher de nouvelles générations de militants et militantes.

Le rôle d’un collectif comme celui d’Alternative libertaire Bruxelles est donc non seulement de reconstruire un espace public de l’anarchisme belge francophone mais aussi de renouer le fil de la mémoire. Sa pérennité assurera, pour les futurs libertaires, un ancrage dans le cours de l’histoire contestataire en Belgique, une impression de participer à un élan qui transcende les années. En cherchant également à exhumer l’histoire de la tradition anarchiste belge, nous pourrons jeter des passerelles vers le passé et nous inspirer de nos prédécesseurs. Nous souhaitons que, dans le futur, l’anarchisme ne soit pas seulement une solution politique qui émerge tous les dix ou quinze ans mais bien un projet révolutionnaire de transformation de la société, présent en permanence, avec une connaissance de son passé et une perspective pour son futur.

Thibault (AL Bruxelles)

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