Les décroissants

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Messagede kuhing » 12 Fév 2009, 22:28

Je viens de voir à la télé un reportage sur des décroissants , écolos des villes et des champs qui consomment moins et mieux.
Ça rejoint le cheminement de Michel Rosell dont nous avons déjà parlé.
Ne serait-ce que pour leur participation à bloquer d’une certaine façon le système , ce mouvement décroissant me séduit de plus en plus.
Même si je pense qu'il ne faut pas s'en tenir là.
kuhing
 

Re: Les décroissants

Messagede willio » 13 Fév 2009, 00:34

J'ai aussi vu le reportage. Le message politique n'était pas très clair, c'est dommage. On parle vaguement d'écologie ou d'économie (moyen de lutte contre la crise)... alors que je suis sûr que pour les gens qui se lancent là dedans, c'est bien plus politique que ça.
Ca donne plus l'impression d'un truc marginal, système D...un truc curieux, bien marrant pour un reportage tv mais sans avenir et ne pouvant pas être généralisé.
Il y a aussi un peu amalgame entre décroissance et refus du progrès scientifique et technique et du confort. Du moins c'est l'impression que ça donne, avec des gens qui vivent "à la dure".
willio
 

Re: Les décroissants

Messagede Olé » 13 Fév 2009, 00:48

http://www.bienpublic.com/actu/region/2 ... A9551.html

Il y avait ce type qui est venu mercredi à Dijon pour une conférence, la salle était pleine à craquer, surpris de l'engouement du public.
Peux pas trop dire le contenu, j'suis arrivé à 20 mn de la fin, un peu en retard... :oops: :mrgreen:
Olé
 

Re: Les décroissants

Messagede Lsd » 13 Fév 2009, 02:04

Disons que la décroissance souffre un peu, tout comme l'anarchie, d'idées préconçues, de vernis, de croyances populaires (etc.) et que tout le monde a son avis dessus sans savoir ce que c'est vraiment (je fais large vous avez compris, je fais dans le mass média là) :lol:
Ce mouvement s'accommode parfaitement de l'anarchie et pourrait même être un des moteurs de toute entreprise d'émancipation. Pour en comprendre le principe, je vous invite à lire relire Bernard Charbonneau, Jacques Ellul, ou encore plus récemment André Gorz qui disait ceci:

L’imaginaire marchand et le règne de la marchandise empêchent d’imaginer une quelconque possibilité de sortir du capitalisme et empêchent par conséquent de vouloir en sortir. Aussi longtemps que nous restons prisonniers de l’imaginaire salarial et marchand, l’anticapitalisme et la référence à une société au-delà du capitalisme resteront abstraitement utopiques et les luttes sociales contre les politiques du capital resteront des luttes défensives qui, dans le meilleur des cas, pourront freiner un temps mais non pas empêcher l’intériorisation des conditions de vie.

La « restructuration écologique » ne peut qu’aggraver la crise du système. Il est impossible d’éviter une catastrophe climatique sans rompre radicalement avec les méthodes et la logique économique qui y mènent depuis 150 ans. Si on prolonge la tendance actuelle, le PIB mondial sera multiplié par un facteur 3 ou 4 d’ici à l’an 2050. Or selon le rapport du Conseil sur le climat de l’ONU, les émissions de CO2 devront diminuer de 85% jusqu’à cette date pour limiter le réchauffement climatique à 2°C au maximum. Au-delà de 2°, les conséquences seront irréversibles et non maîtrisables.

La décroissance est donc un impératif de survie. Mais elle suppose une autre économie, un autre style de vie, une autre civilisation, d’autres rapports sociaux. En leur absence, la décroissance risque d’être imposée à force de restrictions, rationnements, allocations de ressources caractéristiques d’un socialisme de guerre. La sortie du capitalisme s’impose donc d’une façon ou d’une autre. La reproduction du système se heurte à la fois à ses limites internes et aux limites externes engendrées par le pillage et la destruction d’une des deux « principales sources d’où jaillit toute richesse » : la terre. La sortie du capitalisme a déjà commencé sans être encore voulue consciemment. La question porte seulement sur la forme qu’elle va prendre et la cadence à laquelle elle va s’opérer.

L’instauration d’un socialisme de guerre, dictatorial, centralisateur, techno-bureautique serait la conclusion logique - on est tenté de dire « normale » - d’une civilisation capitaliste qui, dans le souci de valoriser des masses croissantes de capital, a procédé à ce que Marcuse appelle la « désublimation répressive » - c’est-à-dire la répression des « besoins supérieurs », pour créer méthodiquement des besoins croissants de consommation individuelle, sans s’occuper des conditions de leur satisfaction. Elle a éludé dès le début la question qui est à l’origine des sociétés : la question du rapport entre les besoins et les conditions qui rendent leur satisfaction possible : la question d’une façon de gérer des ressources limitées de manière qu’elles suffisent durablement à couvrir les besoins de tous ; et inversement la recherche d’un accord général sur ce qui suffira à chacun, de manière que les besoins correspondent aux ressources disponibles.

Nous sommes donc arrivés à un point où les conditions n’existent plus qui permettraient la satisfaction des besoins que le capitalisme nous a donnés, inventés, imposés, persuadé d’avoir afin d ’écouler des marchandises qu’il nous a enseigné à désirer. Pour nous enseigner à y renoncer, l’écodictature semble à beaucoup être le chemin le plus court. Elle aurait la préférence de ceux qui tiennent le capitalisme et le marché pour seuls capables de créer et de distribuer des richesses ; et qui prévoient une reconstitution du capitalisme sur de nouvelles bases après que des catastrophes écologiques auront remis les compteurs à zéro en provoquant une annulation des dettes et des créances.

Pourtant une tout autre voie de sortie s’ébauche. Elle mène à l’extinction du marché et du salariat par l’essor de l’autoproduction, de la mise en commun et de la gratuité. On trouve les explorateurs et éclaireurs de cette voie dans le mouvement des logiciels libres, du réseau libre (freenet), de la culture libre qui, avec la licence CC (creative commons) rend libre (et libre : free signifie, en anglais, à la fois librement accessible et utilisable par tous, et gratuit) de l’ensemble des biens culturels - connaissances, logiciels, textes, musique, films etc. - reproductibles en un nombre illimité de copies pour un coût négligeable. Le pas suivant serait logiquement la production « libre » de toute la vie sociale, en commençant par soustraire au capitalisme certaines branches de produits susceptibles d’être autoproduits localement par des coopératives communales.

extrait de La sortie du capitalisme a déjà commencéd' A.Gorz. Ce texte a été distribué le 16 septembre 2007 à l’université d’UTOPIA
Lsd
 

Re: Les décroissants

Messagede Ellaurenzovfoot » 13 Fév 2009, 05:34

La décroissance, la décroissance. J'ai lu avec plaisir l'hebdomadaire "la décroissance" des anti-pubs. C'est un journal intéressant. Quand j'étais en france, l'accouplé avec "cqfd", "le plan b", "le monde libertaire" et sans oublier bien sur "le canard enchainé", me paraissait être une bonne chose. Elle me le parait d'ailleurs toujours, mais je n'ai plus le pouvoir de l'acheter.

Cependant, ce qu'il faut voir avec les décroissants, tout du moins la branche anti-pub, celle qui est organisé et qui se fait voir, n'est pas forcément contre l'état. Elle est d'un côté de l'échiquier politique assez intéressant, mais elle se situe toujours dedans et prends des pincettes quand il faudrait juste gueuler et tout envoyer balader.

Dans l'anarchisme, la théorie décroissantrice, me semble importante à insérer. Je ne pourrais pas dire, comme je le voudrais, qu'elle se trouve -de facto- dans la théorie anarchiste. Car il faut voir certain anarchiste, ceux qui se trouve plus vers le communisme (aucune attaque), qui pensent d'abord au travail des ouvriers et au fonctionnement sociétal. La décroissance à cela de bien quand elle est insérer dans la théorie anarchiste. Car au lieu de seulement se réapproprier les moyens de fonctionnements et de productions, elle propose aussi de les transformation et d'avoir une harmonie plus importante avec la nature et contre le dévellopement du meilleurs à tout prix. (c'est d'ailleurs, je pense, une des grosses tares du communismes et des parties d'extrêmes gauche) J'ai discuté avec certains anars, qui justement, était contre cela, dû à l'affaiblissement des productions et des denrées que l'on pouvait avoir en moins (j'en suis resté un peu coi...)

Alors la décroissance, oui, la vision politique des décroissants, un peu moins. Cependant cela reste bien intéressant et que c'est toujours un pas, une idée, de plus vers certaines améliorations/changements de mentalité.
Ellaurenzovfoot
 

Re: Les décroissants

Messagede conan » 14 Fév 2009, 18:40

Tertrais (de la FA) a quand même pas mal contribué à faire en sorte que l'anarchisme s'approprie ces questions.
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Re: Les décroissants

Messagede Lsd » 14 Fév 2009, 19:29

exact, mais ça devrait être le fait de tous de s'approprier ces questions mais bon c'est une autre histoire :lol: :wink:
Lsd
 

Re: Les décroissants

Messagede flox2 » 15 Fév 2009, 16:41

La decroissance, c'est penser à la société durant l'autodestruction du capitalisme, non ?

Edit : Oui, c'est ce que je sous entendais par société, le mode de vie, de fonctionner.
Modifié en dernier par flox2 le 15 Fév 2009, 22:27, modifié 1 fois.
flox2
 

Re: Les décroissants

Messagede scrash » 15 Fév 2009, 20:03

non !!!!

c'est une question philosophique. C'est penser au sens avant le système.

Avec la décroissance, on en arrive à : comment définir l'utilité sociale de la production (besoins vitaux de tous avant le confort? comment choisir entre pollution/confort et inconfort/vie saine ?....) ?

Autre question importante :
Comment définir l'utilité sociale de la technologie ? Comment éviter l'utilisation négative de la technologie ? Certains pensent que la technologie permet au final la concentration du pouvoir (fichage, controle sociale, armement...).
La technologie (et la décuplation des puissances) existera aussi en anarchie, comment gérer cette démultiplication des puissances des hommes ?
on a tous une part d'ombre, mais on n'est pas que l'ombre
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Re: Les décroissants

Messagede RickRoll » 16 Fév 2009, 01:35

Les décroissants, ça ne veut rien dire. Ce n'est pas une idée politique, un projet de réorganisation de la société. Il n'y a pas d'unité politique, tout simplement car la décroissance n'est pas politique mais économique (n'en déplaise à certains).
Il existe un parti de la décroissance qui se présente aux élections européennes, par exemple.

La grosse faille que je vois dans ce mouvement qui rassemble tout et n'importe quoi, des libertaires aux monarchistes (si si, j'en connais), c'est qu'il ne pense pas en terme de rupture collective d'avec le capitalisme, mais selon la théorie des petites briques : chacun pose une petite brique et à la fin ça fait une maison comme il faut.
alors qu'en réalité il faut se coordonner, avoir une action collective.

de plus ils sont complètement dans l'illusion du pouvoir du consommateur. Comme quoi le consommateur a individuellement le pouvoir de peser sur la production.
Cet individualisme, qu'on trouve dans ce mouvement, me gêne profondément.
RickRoll
 

Re: Les décroissants

Messagede willio » 16 Fév 2009, 01:45

Oui c'est vrai qu'il n'y a pas d'unité politique dans ce "mouvement".
Je disais au départ que le reportage ne montrait pas vraiment l'aspect politique mais en fait c'est pas tellement possible, en tout cas ça peut varier fortement d'une personne à l'autre.

Mais ça n'empêche que ces idées peuvent très bien s'intégrer dans l'anarchisme.
willio
 

Re: Les décroissants

Messagede kuhing » 16 Fév 2009, 10:02

scrash a écrit:non !!!!

c'est une question philosophique. C'est penser au sens avant le système.

Avec la décroissance, on en arrive à : comment définir l'utilité sociale de la production (besoins vitaux de tous avant le confort? comment choisir entre pollution/confort et inconfort/vie saine ?....) ?

Autre question importante :
Comment définir l'utilité sociale de la technologie ? Comment éviter l'utilisation négative de la technologie ? Certains pensent que la technologie permet au final la concentration du pouvoir (fichage, controle sociale, armement...).
La technologie (et la décuplation des puissances) existera aussi en anarchie, comment gérer cette démultiplication des puissances des hommes ?


Ce qui m'intéresse le plus dans la décroissance aujourd'hui c'est sa capacité à bloquer le système si + de monde s'y met.
Il y a aussi bien sur le refus du consumérisme et tout ce que ça sous entend : produire de mauvaise qualité et polluant dans le seul but de réaliser un bénéfice financier.
Et même de cette façon, le système n'est plus capable de fonctionner.
Maintenant comme projet global à long terme, je suis + réservé parce que je crois en la technologie propre et utile et je suis pour le progrès à tous les niveaux.
Comme tu le dis, une fois libérée du carcan de la rentabilité financière, les forces productives et la technologie vont considérablement augmenter. Mais comme la société de fonctionnera pas avec une partie de l'humanité contre une autre, mais tous dans le même sens, les intérêts de chacun et de tous iront dans la même direction.
Et cette puissance dont tu parles ne sera plus pervertie en la réalisant contre l'autre mais en la développant sur soi-même.
Discussion d'ordre général que nous avons déjà eu.
kuhing
 

Re: Les décroissants

Messagede conan » 16 Fév 2009, 11:47

Un peu d'accord avec tout le monde en fait.
Tout miser sur une décroissance, même à la "anarchist way of life", ou à l'inverse tout miser sur la révolution sociale, c'est à mon humble avis sautiller sur une seule patte au lieu de marcher sur ses deux jambes. Pour ma part, je vois les deux comme nécessaires et complémentaires : savoir dire non au quotidien dans les moindres actes de sa vie quans on est confronté à l'oppression de soi ou de son voisin, conscientiser chaque geste, pas à pas, se réapproprier sa vie et en devenir maître et non plus aliéné, c'est fondamental, sinon même avec une révolution sociale, on reproduira les mêmes conneries du fait de la passivité des gens et de leurs besoins bidons.
Mais du coup, renier la révolution sociale c'est aussi se condamner à terminer un peu ermite aussi, à être l'animal de zoo que l'on visite, à s'intégrer malgré soi dans la société du spectacle. On ne peut pas faire l'impasse du combat avec les autres, y compris ceux qui n'ont pas toujours pris les mêmes voies et n'ont pas la même conscience.
Bref, je crois qu'il faut être cohérent avec soi, mais aussi avec le monde. Les deux échelles de luttes sont nécessaires. Voilà très concrètement ce qui peut faire sauter les vieux clivages entre cocos et indivs.
conan
 

Re: Les décroissants

Messagede scrash » 16 Fév 2009, 14:41

RickRoll a écrit:Les décroissants, ça ne veut rien dire.

Tu veux dire que tu ne conçoit pa la notion ...

RickRoll a écrit:Ce n'est pas une idée politique,

ah je croyais que tout ce qui concernait la société était politique

RickRoll a écrit:un projet de réorganisation de la société.

ben non

RickRoll a écrit:Il n'y a pas d'unité politique, tout simplement car la décroissance n'est pas politique mais économique (n'en déplaise à certains).
????

RickRoll a écrit:Il existe un parti de la décroissance qui se présente aux élections européennes, par exemple..

il y a un parti pour l'autogestion qui se présente aux éléctions par exemple

RickRoll a écrit:La grosse faille que je vois dans ce mouvement qui rassemble tout et n'importe quoi, .

ton arrogance m'éxaspère

RickRoll a écrit:des libertaires aux monarchistes (si si, j'en connais),

je rajouterai que finalement libertaire/décroissant et monarchiste/décroissant c'est un peu la même chose :D

RickRoll a écrit:c'est qu'il ne pense pas en terme de rupture collective d'avec le capitalisme,

Peut-être pour la majorité. Mais le questionnement de l'utilité sociale de la production conduit tôt ou tard à questionner la propriété privée des moyens de production, ainsi que le mode décision. Disons que c'est un terrain où les idées anarchistes ont le beau jeu.

RickRoll a écrit:alors qu'en réalité il faut se coordonner, avoir une action collective.

il faut ? Rien n'est obligatoire dans la vie.

RickRoll a écrit:de plus ils sont complètement dans l'illusion du pouvoir du consommateur.

Tu parles au nom de qui là ?

RickRoll a écrit:Cet individualisme, qu'on trouve dans ce mouvement, me gêne profondément.

Qu'est ce qui te gène dansd lk'individualisme ? La nécessité de se remettre en cause pour vivre l'égalité ?
on a tous une part d'ombre, mais on n'est pas que l'ombre
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Re: Les décroissants

Messagede willio » 16 Fév 2009, 14:58

scrash, le truc c'est qu'il n'y a pas d'unité politique dans ce mouvement. Ca peut très bien être politique (ça l'est sûrement pour beaucoup de gens) mais ça l'est de plusieurs manières différentes. Ce mouvement rassemble juste autour d'une idée économique et non politique (car le mouvement n'est pas unifié de ce point de vue là), c'est ce que voulait dire Rick je suppose (il rectifiera au besoin). Ca n'empêche pas bien sûr d'avoir une approche politique de la décroissance pour soi même. :)
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