Les décroissants

Re: Les décroissants

Messagede Spartakus » 16 Fév 2009, 14:53

RickRoll a écrit:c'est qu'il ne pense pas en terme de rupture collective d'avec le capitalisme,


Peut-être pour la majorité. Mais le questionnement de l'utilité sociale de la production conduit tôt ou tard à questionner la propriété privée des moyens de production, ainsi que le mode décision. Disons que c'est un terrain où les idées anarchistes ont le beau jeu.


Je penses que vous commettez tous les 2 une erreurs, certes la communisation et l'autogestion des moyens de production (nécessaire à toute rupture avec le capitalisme) n'est pas intrinsèque à l'idée de décroissance, cependant la décroissance est également un outil de rupture, puisqu'elle abandonne tout culte de la croissance, de l'expansion et du progrès qui font également parti du capitalisme (ou plus exactement de son pendant philosophique et libéral) : une société uniquement autogérée (sur le plan économique) pourrait parfaitement chercher à s'enrichir indéfiniment alors que les ressources naturels de notre monde fini, sont, par définition, limitées (principe n°2 de thermodynamique : le mouvement perpétuel n'existe pas).
De la même façon un autre outil de rupture serait de détruit l'utilitarisme et l'économisme qui triomphent à l'heure actuelle au sein de quasiment toutes les théories politiques (marxisme, libéralisme, certains anars, etc...), mais ça c'est un autre débat.
Spartakus
 

Re: Les décroissants

Messagede Lsd » 16 Fév 2009, 17:36

Je n'ai pas la prétention de mettre d'accord tout le monde, mais je vous invite à lire "L'État" de Bernard Charbonneau, livre écrit en 1950 et il faudra attendre 37 ans avant que celui-ci soit publié. Charbonneau (associé à Ellul) est un précurseur de l'écologie et de la décroissance et nous parle de liberté.

Extraits:

"Parce que le mécontentement du peuple n'est pas assez exigeant pour aller jusqu'au fond des choses, jusqu'à la volonté de ressaisir les pouvoirs qu'il avait aliénés, chaque élection ramène la même espérance : celle d'un gouvernement qui servirait enfin ceux qui l'ont désigné."

"La terrible erreur de la plupart des révolutionnaires, c'est d'avoir considéré la liberté comme une chose qui peut être fixée et donnée, d'avoir aliéné, en l'objectivant dans une forme politique, ce qui ne pouvait être que vécu par eux-mêmes. À leur tour ils ont perdu la vérité parce qu'ils l'ont placé dans l'État. À quoi bon défendre la liberté si la police la protège ? Il n'y a pas d'État libéral, mais des hommes libres. La liberté n'est pas donnée, elle se prend."

"Le progrès mécanique du XIXe siècle ne pouvait être que celui de l'État : l'organisation industrielle qui lui fournit des armes, lui propose aussi un modèle. Jusqu'où s'étend sa main, le prince règne. La puissance de ses moyens trace les frontières de son royaume, surtout dans les États impersonnels de la civilisation moderne."

"L'État c'est la Machine, ou plutôt l'État et la Machine ne sont que deux aspects d'un même devenir. Dans leur tâche unificatrice l'Industrie et l'État convergent vers un même but. Aujourd'hui, ils sont sur le point de se confondre. Dans la guerre moderne, la puissance de feu c'est la puissance industrielle. La concentration économique entraînée par le développement du machinisme impose, tôt ou tard, la centralisation politique. Le règne du grand capital ne fait que précéder celui de l'État. Parce que la même raison profonde meut leur progrès : une volonté de puissance matérielle. La machine c'est la puissance. Dictateur ou patron, c'est le puissant qu'elle sert. Réalisme, division du travail, construction rationnelle, l'organisation industrielle devient l'idéal de l'État moderne. Par nature mécanique, l'État se mécanise de plus en plus. Si la machine est une organisation concrète, l'État est une machine. Lorsqu'il est bien monté, il en a l'efficacité dans l'automatisme inhumain. Mais ce qu'il tend à mécaniser n'est pas tel processus de l'activité économique, c'est la vie sociale dans son ensemble, et la matière sur laquelle il agit c'est l'Homme. Aujourd'hui, l'État prétend diriger la Machine, mais il la sert dans l'explosion absurde de sa puissance, car il n'est lui-même que rouages. Au service de l'Humanité, il n'y aura d'économie vraiment dirigée que si l'homme dirige l'État."

"Être... libre. Celui qui lance l'appel contre l'État doit savoir toute la gravité de cet appel. Car il n'apporte pas, comme les zélateurs de l'État, le système ou la discipline qui dispense d'être. Il n'apporte que le choix dans la solitude et l'angoisse. Et son appel n'est pas si différent de celui des prophètes : réfléchis et par toi-même découvre et vis des valeurs personnelles. Ce n'est que là où commencent l'individu et le groupe vivant, que recule l'État. La liberté du peuple naît quand l'homme va vers l'homme, pour nouer de justes liens. Quand à perte de vue les flancs des vallées sont semés de richesses, de couleurs et de champs, de contes et de maisons inépuisables."

"Il nous faut retrouver par la conscience la sagesse de la nature et qu'une connaissance, guidée par l'esprit de vérité, place les bornes qu'imposait autrefois l'ignorance."

etc.


à lire et relire, on comprend mieux le sens de la décroissance ensuite :wink:
Lsd
 

Re: Les décroissants

Messagede altersocial » 30 Déc 2012, 11:55

Retour sur les Décroisssants : des divergences, mais des convergences pratiques intéressantes sur le terrain ? :

Divergence ?

une conception très brouillonne et "marcusienne" de la lutte des classes (sans classes :confus: )

:arrow: Lutte des classes et décroissance

Convergence ?

une critique de la décroissance comme austérité droitière

:arrow: Notre décroissance n’est pas de droite


Appel à projet des Amis de la terre : Agir pour un monde soutenable

Changements climatiques, épuisement des ressources, pollutions, surproductions de déchets, accroissement des inégalités, etc. Nos modes de production et de consommation menacent l’équilibre de la planète.

Image

La convergence des crises écologique et sociales appelle à la nécessité d’engager une transition vers des sociétés soutenables.

Pour que cette transition soit socialement juste, elle implique de réduire la consommation des plus riches afin que chacun puisse répondre à ses besoins fondamentaux et vivre dignement.

Les Amis de la Terre s’engagent pour les alternatives

Nous lançons cet appel à projet afin de montrer qu’il est possible de vivre bien en consommant moins.

Nous souhaitons soutenir des initiatives locales en France ayant un impact positif sur les ressources naturelles dans les pays du Sud.

Ces projets devront permettre de sensibiliser les citoyens sur le lien entre la surconsommation et le gaspillage dans les pays du Nord et le pillage des ressources dans les pays du Sud.

Et vous, quels sont vos projets pour un monde soutenable ?

Télécharger l’appel à projet complet : sur le site http://www.amisdelaterre.org/appelprojet

Envoi des candidatures avant le 15 février 2013 à Aurélie Schild : aurelie.schild@amisdelaterre.org
En savoir plus

:arrow: L’appel à projet complet ici
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Re: Les décroissants

Messagede digger » 30 Déc 2012, 18:47

Et vous, quels sont vos projets pour un monde soutenable ?

Une société libertaire, mais je sais pas si c'est finançable par les Amis de la Terre....
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Re: Les décroissants

Messagede luco » 30 Déc 2012, 19:02

Personnellement, je pense que les analyses des nuisances de la société actuelle que font les objecteurs de croissance sont très intéressantes, et qu'elles s'enracinent dans les écrits radicalement écologistes et critiques du capitalisme de Gorz, Charbonneau, Illitch (je n'ai pas lu Ellul).

Je pense aussi qu'il faut s'intéresser, participer, soutenir, tous ces embryons d'alternatives (amap, jardins collectifs, coopératives d'échanges, autre agriculture...) et campagnes de sensibilisation portées par des assos comme les Amis de la Terre.

Mais il faut aussi remarquer que la question sociale de la propriété des moyens de production et proprement politique de la stratégie pour changer de monde est sans cesse escamotée, euphémisée, sous estimée.

Du coup, le productivisme capitaliste est réduit à une question de consommation :

La convergence des crises écologique et sociales appelle à la nécessité d’engager une transition vers des sociétés soutenables.

Pour que cette transition soit socialement juste, elle implique de réduire la consommation des plus riches afin que chacun puisse répondre à ses besoins fondamentaux et vivre dignement.

Les Amis de la Terre s’engagent pour les alternatives

Nous lançons cet appel à projet afin de montrer qu’il est possible de vivre bien en consommant moins.


Or le productivisme est un sous produit du processus d'accumulation autonomisé, aliéné, du Capital. C'est un problème de rapports de production, lié à la nécessité pour les détenteurs du capital de produire sans cesse, pour vendre des marchandises (si possible jetables, consommables rapidement), faire des profits, "donner du travail" à des ouvriers qui ainsi consommeront... dans une spirale sans fin vers l'épuisement des ressources naturelles et des équilibres écologiques.

Poser un cadre culturel désirable de consommation maîtrisé, raisonnable, sobre... est très important, mais très largement insuffisant face à la problématique d'ensemble du Capitalisme.

D'où l'intérêt des initiatives de convergences et de dialogue entre mouvement ouvrier et écolos radicaux, décroissants... tels qu'on les voit s'amorcer depuis quelques années.
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Re: Les décroissants

Messagede altersocial » 05 Jan 2013, 00:17

Appel à réunion des OC, décroissants, antiproductivistes et anticapitalistes, en vue des élections de 2014


http://decroissance-elections.fr/appel- ... italistes/

Pour une écologie sociale, anti-productiviste, anti-capitaliste, anti-consumériste et décroissante

L’année 2014 sera riche en élections puisque se préparent les européennes, les municipales et peut-être celles des Conseillers territoriaux (qui remplacent les élections cantonales et régionales). Les élections sont une occasion pour les Objecteurs et Objectrices de Croissance de porter la radicalité de leurs analyses et propositions auprès de la société civile. Dans le cadre d’une participation non-électoraliste, les élections sont un outils pour un nécessaire rassemblement de l’écologie radicale, anticapitaliste, et antiproductiviste.



Une croissance illimitée dans un monde limité est une absurdité

Alors que la classe politique ne jure que par la recherche de la croissance à tout prix pour résoudre les problèmes socio-économiques, nous refusons de cautionner plus longtemps cette fuite en avant qui, sous prétexte d’« efficacité économique », accroît les inégalités, épuise les ressources, massacre le vivant, et emmène l’humanité tout droit dans le mur. Cette augmentation perpétuelle du PIB, sur laquelle repose le système actuel, est en tout état de cause illusoire de par l’épuisement des ressources, en particulier la raréfaction des sources d’énergies abondantes et bon marché, et de l’accumulation des déchets que ce système produit. La « crise » est un prétexte pour s’attaquer aux acquis sociaux et aux services publics, pour justifier des lois qui réduisent les libertés et bafouent la démocratie, pour imposer un Pacte Budgétaire funeste, et s’enfoncer toujours plus dans les mauvaises recettes marchandes de la société de croissance.

« Ni austérité, ni relance », il est aujourd’hui grand temps de construire ensemble une transition démocratique vers des sociétés soutenables et surtout souhaitables de Décroissance.



Cette remise en cause du système, c’est l’« Objection de croissance », ou « Décroissance ».

Aux côtés des mobilisations sociales et écologiques, aux côtés des expérimentations sociales et des alternatives concrètes en milieu urbain et en zone rurale, aux côtés des services publics à défendre et développer, conscients des enjeux de ces élections, nous voulons amener notre projet auprès des français.

La Décroissance est un projet politique de rupture avec le capitalisme : nous proposons un ensemble d’alternatives et d’expérimentations concrètes pour sortir de la logique économique dominante. C’est la transition volontaire vers une société écologiquement responsable, socialement juste, humainement décente et démocratique. Il s’agit de réduire et surtout modifier notre consommation et notre production afin de supprimer les inégalités dans le respect des écosystèmes.

Nos solutions sont à la fois justes socialement et soutenables écologiquement, en s’appuyant sur :

les relocalisations : habiter, se déplacer, fabriquer, distribuer, échanger, décider, pour retrouver la maîtrise de nos usages, ménager le territoire, nous réapproprier nos modes de vie et partager les biens communs ;
l’instauration d’une réelle démocratie brisant le pouvoir de l’argent et évitant la confiscation du pouvoir par une élite, en redonnant une prise directe des citoyens sur les affaires communes : démocratie directe d’initiative référendaire, combinaison élections-tirage au sort, encouragement à l’autogestion…
une société écologiquement responsable avec l’arrêt immédiat des nucléaires mais aussi une mise sous tutelle de la recherche pour la réorienter vers des objectifs écologiques et humanistes excluant les OGM, les nanotechnologies ou les agro-carburants, une révision de l’habitat pavillonnaire au profit de moyens et petits habitats groupés, la libération des territoires de l’emprise automobile, et unedécroissance des budgets militaires et publicitaires.
L’après-développement pour sortir de l’industrialisme, introduire l’agriculture paysanne, le maraîchage périurbain, la production manufacturée, le resserrement de l’urbain et développement des campagnes.
une société juste et humainement décente en refusant l’exploitation des autres peuples et de leurs ressources, la réduction du temps de travail, l’instauration d’une Dotation Inconditionnelle d’Autonomie incluant la gratuité des services publics, des usages reconnus socialement utiles et écologiquement responsables, la gratuité du bon usage écologique et modeste des ressources de première nécessité et de la terre, la réduction du temps de travail couplée à l’instauration d’un revenu maximum acceptable ;
l’émancipation de l’éducation et des cultures de la compétition, de la concurrence et de la consommation.

La plateforme commune Décroissance Elections, soutenue par les Objecteurs de Croissance du Mouvement des Objecteurs de Croissance (MOC), du Parti Pour La Décroissance (PPLD), et de bon nombre de collectifs locaux, appelle tous ceux et celles qui partageront un programme radicalement écologiste, social et anti-productiviste à s’engager dans la campagne 2014 pour faire résonner les idées et les expérimentations minoritaires sociales et écologiques.

Les différentes stratégies politiques possibles, et l’utilisation de l’Association de Financement des OC doivent s’analyser et se décider collectivement. La question est très ouverte, et toutes les possibilités sont envisageables. Cet appel a pour objectif de poser les bases d’un travail commun de deux ans… et plus. Les discussions pourraient avoir lieu lors de réunions.

Pour une réunion à Dijon en février 2013 ?

Mais avant de d’organiser quoi que ce soit, nous voudrions prendre la température, et savoir qui serait susceptible de venir et/ou d’aider à organiser. La réponse est sans engagement.
Début décembre, selon les réponses envoyées, nous prendrons la décision, 1/ soit d’organiser une réunion, 2/ soit de se contenter de soutenir les initiatives à distance.
- Pour cela, merci de remplir le formulaire en fin de l’article (même dire « non ») :
http://decroissance-elections.fr/appel- ... italistes/
- Pour toute question ou remarque écrire à :
legislatives-oc-2012@lists.riseup.net

Si cette réunion se faisait :
Celle-ci pourrait avoir lieu dans les environs de Dijon durant les vacances de février.
- Le samedi serait consacré à une formation et à la prise de décisions.
- Le dimanche matin, serait consacré à l’exécution pratique des décisions.

Nous recherchons un hébergement pour la nuit samedi soir, et pour les réunions de la journée, pouvant accueillir une cinquantaine de personnes, type maison rurale ou auberge de jeunesse, facile d’accès à partir d’une gare. Toutes les propositions sont les bienvenues.


Merci d’avoir lu et à bientôt
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Re: Les décroissants

Messagede altersocial » 12 Jan 2013, 16:41

Retour sur le "clip de campagne" du candidat décroissant Alessandro Di Giuseppe :



:shock:

A lire également :

Construire dès maintenant l’autogestion – Raoul Vanegeim

La société marchande a creusé sa tombe en faisant de la terre un cimetière. Elle offre aujourd’hui le spectacle de sa propre fin, dans le théâtre d’un monde en ruines où les masses anesthésiées semblent se résigner à disparaître avec lui.
Ceux qui se contentent d’applaudir à l’effondrement du capitalisme financier ou à opposer une violence aveugle à la violence du profit ne font qu’entretenir cette fascination de l’autodestruction et du désespoir dont les mafias affairistes, idéologiques et religieuses ont besoin pour affermir leur emprise. Si nous ne sortons pas de la réalité économique en créant une réalité humaine, nous permettrons une fois de plus à la barbarie marchande de se perpétuer.
De même que l’économie agraire de l’Ancien régime était une forme sclérosée qu’avec la révolution de 1789 l’économie de libre-échange allait briser pour prendre son essor, de même le capitalisme boursicoteur et spéculatif dont nous contemplons la débâcle s’apprête à laisser la place à un capitalisme redynamisé par la production d’énergies naturelles non polluantes, le retour à la valeur d’usage, l’agriculture biologique, un replâtrage hâtif du service public, une hypocrite moralisation du commerce.
L’avenir appartient à des collectivités autogérées mettant la production de biens et de services indispensables (énergies naturelles, biodiversité, enseignement, maisons de santé, transports, métallurgie, textiles) au service de tous. Il s’agit de produire pour nous et non plus pour commercialiser des denrées que nous devrons acheter selon les prix du marché alors que les travailleurs les ont conçues et fabriquées. Il est temps de rompre avec les lois d’un affairisme qui programme avec sa faillite celle de notre existence.
Il faut que les relations humaines supplantent les relations commerciales et les annulent.
La désobéissance civile consiste à passer outre aux décisions d’un Etat escroquant les citoyens pour renflouer les escroqueries du capitalisme financier. Pourquoi payer à l’Etat-bankster des impôts destinés vainement à combler le gouffre des malversations alors que nous pouvons les affecter dans chaque collectivité locale à l’autofinancement des énergies gratuites ?

La démocratie directe des assemblées autogérées est en droit d’ignorer les diktats de la démocratie parlementaire corrompue. Tirons parti de la mutation en cours pour constituer des collectivités où le désir de vivre l’emporte sur la tyrannie de l’argent et du pouvoir. La désobéissance civile envers un Etat qui nous escroque est un droit.

Où vont nos taxes et nos impôts ? Non au secteur public, qui se délabre au profit d’escrocs étatiques et privés. Non aux écoles, en passe de devenir un élevage concentrationnaire d’esclaves jetés sur le marché. Non aux hôpitaux, gérés comme des entreprises à rentabiliser, où les patients deviennent des clients à rentabiliser, où les soins laissent place à l’affairisme. Non aux transports et aux postes, de plus en plus chers et de plus en plus chaotiques. Non aux industries prioritaires (textile, métallurgie, matières premières), qui font, plus que les secteurs parasitaires, les frais du capitalisme spéculatif. Non à la recherche et à la propagation des énergies non polluantes. Ils servent à renflouer les malversations bancaires, à combler le gouffre sans fond d’un déficit virtuel.

J’ai conscience de l’ampleur de la tâche, mais j’aimerais attirer l’attention sur les questions suivantes, qui me paraissent prioritaires :

Comment favoriser la mise au point des formes d’énergie gratuite à usage des collectivités locales et fédérées ?
Comment constituer une coopérative d’investissement pour en financer la construction ?
Comment organiser une production locale pour une consommation locale, afin d’assurer une gratuité des biens de survie, qui rende l’argent obsolète ?
Comment généraliser l’occupation des usines, leur gestion et leur reconversion éventuelle par ceux qui y travaillent ?
Comment mettre sur pied la gestion collective d’un fonds d’investissement constitué par une participation financière qui serait rendue possible par le refus des bénéficiaires de petits et de moyens revenus d’acquitter les taxes et les impôts prélevés par l’Etat-bankster ?
La gratuité est l’arme absolue contre le système marchand. Comment en propager l’idée et la pratique ?
Je voudrais évoquer ici – non comme modèle – mais comme expérience, le cas de la Commune d’Oaxaca et de VOCAL (VOIX D’OAXACA CONSTRUISANT L’AUTONOMIE ET LA LIBERTÉ).

"« Les membres actuels de VOCAL sont des individu(e)s autonomes, des collectifs libertaires, des lieux autogérés, des antiautoritaires, des organisations magonistes1, des collectifs zapatistes, des groupes anarchistes, des barricadières et barricadiers, des membres de l’APPO et des adhérent(e)s à l’Autre Campagne. Tous et toutes participent à l’actuel mouvement social dans l’Oaxaca. VOCAL se veut un lieu de convergence et d’union des tentatives autonomes du peuple d’Oaxaca en lutte, de tous ceux qui, appartenant ou non à des regroupements tels que l’Assemblée populaire des peuples de l’Oaxaca (APPO), participent activement au mouvement social actuel et veulent que ce mouvement reste fidèle à ses principes d’autonomie et d’indépendance vis-à-vis des partis politiques, en revendiquant l’assemblée souveraine comme la manière la plus juste et la plus harmonieuse pour réussir à nous comprendre, à nous organiser de façon autonome et à nous autogouverner. Un lieu où les accords du peuple ne se fondent ni sur la prédominance de la majorité sur une minorité ni sur aucune autre façon d’imposer son point de vue comme celle communément exercée par le pouvoir de ceux d’en haut, mais sur le respect mutuel entre toutes les composantes du peuple. Dans un tel lieu, nous nous proposons donc de lutter pour construire, consolider et relier des autonomies, estimant que l’autonomie des peuples, des groupes, des collectifs, des individus, des organisations et autres, constitue une alternative réelle d’opposition au système de gouvernement autoritaire actuel. L’autonomie entendue comme la construction d’autres réalités montrant qu’il existe une autre manière de changer les choses à la source, dans laquelle les peuples décident de leurs propres modes de vie, et non au sein d’institutions qui ne font que réformer l’oppression et la répression, comme le font les partis politiques qui produisent des tyrans, homme ou femme, des caciques et un autoritarisme chez tous ceux et toutes celles qui y accèdent à travers des postes qui leur confèrent une quelconque autorité.»"
Je trouve intéressant le mode de fonctionnement des assemblées zapatistes. Celles-ci proposent à des femmes et à des hommes de se charger de certaines missions. S’ils marquent leur accord, ils deviennent des chargés de mission, des encargados, et rendent compte à l’assemblée de leurs propositions et des résultats qu’ils ont obtenus.

Comment favoriser la propagation des fermes dites biologiques et leur influence dans les villes ?
Comment multiplier de petites unités scolaires de proximité, d’où soient bannies les notions de compétition, de concurrence et de prédation ?

A San Cristobal, l’Université de la Terre propose une formation gratuite dans les domaines les plus divers (en plus des matières traditionnelles : des ateliers de cordonnerie, de mécanique, d’électronique, de ferronnerie, de physique, d’agriculture naturelle, d’art culinaire, de musique, de peinture, etc.) La seule qualité requise est le désir d’apprendre. Il n’y a pas de diplôme mais on attend de « ceux qui savent » qu’ils communiquent gratuitement et partout leurs connaissances.

Comment doter les collectivités locales de maisons de santé, où les premiers soins puissent être assurés avec l’aide des médecins de campagne et de quartiers ?
Comment organiser un réseau de transports gratuits et non polluants ?
Comment mettre en pratique une solidarité active en faveur des enfants, des vieux, des malades et handicapés, des personnes en difficultés mentales ?
Comment mettre en ouvre des ateliers de création ouverts à tous ?
Comment reconvertir les supermarchés en entrepôts où les produits utiles et agréables fassent l’objet de trocs ou d’échanges de services en vue de favoriser la disparition de l’argent et du pouvoir ?

Il est temps de prendre conscience que le vieux monde s’effondre. Si nous ne voulons pas disparaître avec lui, la tâche la plus importante est de jeter les bases d’une société nouvelle.

Raoul Vaneigem
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Re: Les décroissants

Messagede altersocial » 27 Jan 2013, 12:04

Quelle différence entre Décroissance et Objection de croissance ?

– A première vue, il n’y aurait là qu’une querelle de mots qui aurait du être depuis longtemps tranchée entre, d’un côté, l’élégance d’une expression-référence à la résistance des « objecteurs de conscience » et de l’autre un mot malheureux tant par son préfixe – « dé- » aurait une connotation seulement négative – que par sa racine – on en resterait encore à une définition-révérence par rapport à la « croissance ».

– Répondons d’abord qu’il y a de très beaux mots – et de très belles pratiques associées – qui commencent par ce préfixe : par exemple, je préfère « débattre » que me « battre ».

– Et même dans le négatif du « dé- » de décroissance, il y a l’idée que les décroissants savent plus facilement ce qu’il ne faudrait pas faire que ce qu’il faudrait faire. Et en effet, nous savons quel monde nous ne voulons pas/plus ; pour autant, pour les mondes que nous voulons, les expérimentations et les discussion sont ouvertes…

– Continuons en répondant à ceux qui jugent que le mot n’est ni « séduisant » ni « attractif » que le but des « décroissants » n’est peut-être ni la séduction ni l’attraction.

– Quant à lui ajouter un qualificatif « soutenable », « sereine », « conviviale », il n’y a là en fait qu’une astuce qui ne fait que reculer d’un pas la question. Car une fois ces adjectifs validés, il faut bien en venir à se demander à quoi ils se rapportent, bref reposer la question de la décroissance en tant que telle.

– C’est vers 1970, quand l’empreinte écologique tenait encore sur une seule planète, qu’il aurait peut-être été pertinent de refuser le terme de « décroissance ». Mais aujourd’hui les seuils sont largement dépassés et la question qu’il faut se poser, c’est bien celle de la transition vers une société dans laquelle il redeviendra possible de seulement objecter à la croissance. Si les « décroissants » veulent un retour en arrière, c’est celui-là : retrouver une époque où il redeviendra sensé d’objecter.

– En attendant, il faut bien poser la question qui fâche : celle de la transition vers une société socialement juste, écologiquement responsable, humainement décente, politiquement démocratique. A condition que cette « transition » soit « volontaire », elle est la « décroissance ».

– Au niveau mondial, la décroissance signifie très clairement une réduction de l’empreinte écologique totale (l’empreinte carbone incluse).

– Dans les pays dits « riches », où l’empreinte écologique par personne est supérieure au niveau mondial acceptable, la décroissance signifie pour les plus riches une décroissance de leurs revenus, de leur niveau de vie… Il s’agit vraiment de “décarbonner” l’économie et de réaliser la décroissance de toutes les productions et detoutes les consommations qui dépassent les seuils de soutenabilité

– Et partout où domine la pauvreté, la décroissance signifie une décroissance des inégalités. Rien qu’en « étêtant » les plus hauts revenus, il y a déjà largement de quoi assurer un revenu décent à tous.

————————-

Sur cette question du mot de “décroissance”, on peut lire, dans la revue permanente du MAUSS :

Alain Beitone et Marion Navarro, « Décroissance : le poids des mots, le choc des idées (1) », Revue du MAUSS permanente, 8 octobre 2009 [en ligne]. http://www.journaldumauss.net/spip.php?article555
La réponse de Patrice Flipo : « Décroissance : le poids des mots, le choc des idées (2) », Revue du MAUSS permanente, 8 octobre 2009 [en ligne]. http://www.journaldumauss.net/spip.php?article557
La réponse de Serge Latouche : « La Gauche peut-elle sortir de l’économie ? À propos de « Décroissance : le poids des mots, le choc des idées » (3) », Revue du MAUSS permanente, 8 octobre 2009 [en ligne]. http://www.journaldumauss.net/spip.php?article558

Et aussi le point de vue de nos amis du MpOC belge : http://www.objecteursdecroissance.be/ar ... ut2010.pdf
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Re: Les décroissants

Messagede niouze » 29 Jan 2013, 03:13

altersocial a écrit:Retour sur le "clip de campagne" du candidat décroissant Alessandro Di Giuseppe :



:shock:

bonne démonstration par l'absurde rien de choquant la dedans !a moins bien sur de le prendre au premier degré
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Re: Les décroissants

Messagede digger » 29 Jan 2013, 08:20

Je ne suis pas très branché sur les décroissants, au-delà du terme . Je ne vois pas trop ce qu’ils amènent sinon une solution fermée (la décroissance) qui me paraît être une conclusion hâtive et discutable à première vue.
Si la décroissance est synonyme de diminution de l’empreinte écologique, le terme est mal choisi. Si elle signifie moins de production, elle n’est pas la solution.
Je ne pense pas que le problème central soit la "croissance" (hausse de la production) mais le type de croissance. Que produisons-nous ? Pour répondre à quels besoins ? Comment ? (allant des conditions de travail à l’impact sur l’environnement) Et bien sûr la redistribution des biens.
C’est une des questions à laquelle le mouvement anarchiste ne s’intéresse pas assez, sinon en termes généraux ou avec une approche politique (contrôle des moyens de production, abolition du salariat,etc...). Les tendances "non-organisées" , par nature, ne proposent, et expérimentent, que des démarches micro-économiques, sur des petits territoires.
A un moment donné, la réflexion pragmatique doit préciser le projet politique. Si l’on prend l’agro-alimentaire, quelles techniques de cultures employons-nous ? Quels sont les (réels) besoins en moyens mécaniques ? Chimiques ? Quel impact sur l’humain ? (travail nécessaire,environnement..)
quelles surfaces nécessaires pour quelles production ? Etc...
Même chose pour l’énergie, l’industrie, les services....
Croissance ou décroissance n’est pas la question. C’est la réponse aux questions ci-dessus qui détermineront les besoins et les méthodes les plus respectueuses de l’humain et de son environnement.
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Re: Les décroissants

Messagede altersocial » 29 Jan 2013, 17:08

bonne démonstration par l'absurde rien de choquant la dedans !a moins bien sur de le prendre au premier degré


Non, rien de choquant, c'était à prendre au second degré!

Ils étaient présents en soutane à la manif égalitaire, entouré de flics qui, eux, n'avaient pas compris le second degré :lol: :wink: ... et les prenaient pour de vrais curés
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Re: Les décroissants

Messagede LeNouveau » 05 Aoû 2014, 09:02

trouvé ce blog sur la décroissance vue d'une perspective libertaire
http://www.blogg.org/blog-103536-billet-1524666.html
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Re: Les décroissants

Messagede Blackwater » 06 Aoû 2014, 16:43

Intéressant ce blog. Je vois qu'il est mis en lien de façon très visible, la FA, AL, l'OLS, l'OCL et la CGA. Serait-ce des militants de ces orgas qui se sont réunis pour faire ce blog, ou est-ce le fruit d'une seule personne? Je n'ai pas trouvé d'endroit style "A propos" sur ce site.
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Re: Les décroissants

Messagede Floran Palin » 05 Jan 2015, 20:07

Salut,
Je suis le rédacteur de ces deux blogs.
Je ne sais pas si le lien vers l'article est encore valide. Mieux vaut aller à celui-ci: http://decroissancecl.revolublog.com/publications-dcl-c25361606
La fiche synthèse sera mise à jour d'ici un mois, et évolue régulièrement. Quant à l'essai, un second, plus avancé est en prévision, mais je ne peux donner de date : 1 an, 2 ans ? Car une série de recherches est en cours, sur les projets&fonctionnement de société libertaire, la critique de la valeur et la communisation, et sur les question de décroissance.
Pour celles et ceux qui veulent en savoir plus sur ECR et DCL, il est possible de nous poser directement les questions via les rubriques contact.

F. ECR et DCL

Sur les décroissants :

Ce sont a peu près les seuls qui, au niveau d'une organisation, parviennent à se saisir réellement de l'ampleur du problème lié au modèle industriel actuel et des changements à apporter (Les libertaires sont aussi pas mal avancés, mais pas nécessairement à l'échelle de leurs organisations respectives, au niveau de chaque militant).

Il est a noter que le MOC et les auteurs d' "Un projet de décroissance" (dont certains sont au PPLD) font beaucoup d'efforts d'assimilation. Il sortent du cliché habituel résumant la décroissance à la seule simplicité volontaire, et développent une approche qui inclue une réflexion sur collectif, la dimension sociale, l'égalité, et le projet de société.
Il évoluent notamment sur les questions de démocratie, s'intéressant à la démocratie directe, à l'autogestion.
Ils développent plus de facilité que d'autres courants politiques à rompre avec les formes sociales-économiques de la société capitaliste : logique de création de la valeur, rapport à l'argent, modalités d'échanges. Ils sont plus critiques que les organisations marxistes, héritières de travaux conséquent à ce niveau, mais les renvoyant aux calendes grecques, ou les jetant rapidement dans les poubelles de l'histoire.
Ils diffusent notamment les thèses d'Holloway (anti-pouvoir), Castoriadis(autogestion, décolonisation de l'imaginaire), Fourrier(socialisme utopique), Bloch&Mannheim(utopie), références proches du mouvement libertaire.
Ils avaient signé une tribune commune avec AL, la FA et le NPA, à l'occasion de la conférence sociale de 2012, et lancé un appel aux antiproductivistes de gauche, libertaires et écologistes, ce qui traduit la reconnaissance d'un intérêt et d'une compatibilité de points de vue suffisante pour agir en commun.

La première limite de ce mouvement réside dans son rapport au mouvement ouvrier. Les OC s'inspirent beaucoup du socialisme utopique, ce qui n'est pas un mal en soi, mais comporte certaines limites s'il s'agit de s'en tenir exclusivement à cette approche. Il s'inscrivent davantage dans une logique de dissidence, de désertion des usines, mettant à distance la lutte syndicale et la perspective du contrôle collectif des moyens de production (cependant, la stratégie de dissidence est aussi ce que défendent certains autonomes ou libertaires proches de l'autonomie). Même si le MOC, par exemple, valide la lutte de classes ; la mise à distance du combat syndical, de la lutte de classe dans le monde du travail, les rapproche du municipalisme libertaire de Bookchin, et d'une certaine forme de citoyennisme.
Il en découle donc une seconde limite qui réside dans un rapport aux élections, qui n'y fait pas unanimité, mais gravite entre tribune d'hégémonie, travail d'opposition publique, et espérance d'une possibilité de mise en place de mesures écologiques ou de soutient des alternatives concrètes par les pouvoirs publics.
La troisième, découlant à la fois du démocratisme, du rejet de la dimension lutte au profit de l'alternative, et de la tradition des mouvements écologistes, réside dans un certain pacifisme qui perçoit dans l'affrontement social une sorte de virilisme et une héroïsation/hestétisation de la violence.
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