kuhing a écrit:A l'origine Lutte Ouvrière est issue du groupe de David Korner alias Barta qui, d'abord trotskiste depuis 36 a ensuite refusé de se rallier à la IVème internationale de Trotsky en 38.
C'est d'ailleurs suite à une engueulade avec deux autres militants sur la question d'une sortie de tract que Korner-Barta a préféré construire son groupe à part avec quelques membres , moins d'un dizaine, dont sa famille et quelques amis.
Ce groupe a été repris ensuite par Barcia alias Hardy dans les années 50 qui en a fait "lutte ouvrière" d'aujourd'hui.
LCR et lambertistes sont par contre issus de la continuité de la section française de la 4ème internationale de Trotsky, les deux courants ont scissionné en 1953 suite à la "crise" du pablisme et de l'entrisme "suis géneri" dans les PC staliniens.
Klement a écrit:Ils étaient dans la IV... ils en sont sorti pour désaccord avec la majo de la section française, et LO dans tout ses documents officiels de présentation fait référence à la Quatrième Internationale comme fondement de sa politique
Les origines exactes des orgas trotskystes semblent confuses...
Ce petit topo pour expliquer rapidement comment elles sont nées.
Quand le PCF se constitue en quittant la SFIO au Congrès de Tours de 1920, il nomme à sa direction des dirigeants (Marcel Cachin, Oscar Frossard) qui avaient fait le choix de l'Union sacrée et du patriotisme pendant la Guerre de 14. Seule une minorité (Pierre Monatte, Alfred Rosmer, Boris Souvarine) avaient défendu une position internationaliste. C'est cette minorité qui va s'opposer très tôt à l'évolution stalinienne du parti et qui sera exclue en 1924-25.
Ces militants vont d'abord s'exprimer dans différentes revues avant que paraisse en 1929 La Vérité (nom donné en réponse à la Pravda) le premier hebdo troskyste. La Ligue Communiste se constitue alors autour de cette publication.
Mais bientôt Hitler arrive au pouvoir. Staline prone l'alliance avec les nazis contre les réformistes. En 1934, Fini la Ligue Communiste, les trotskystes entrent à la SFIO qui est encore le parti où les ouvriers sont les plus nombreux. Ils y prennent le nom de Bolcheviks-Lennistes. Leurs idées ont à peine le temps de rencontrer un écho favorable dans l'aile gauche (Marceau Pivert... Daniel Guerin), que la direction les vire l'année suivante.
Ils en sortent coupés en deux.
- Le groupe "officiel", dirigé par Navile et soutenu par Trotsky, continue de faire paraitre
La Vérité. Les Jeunesses Socialistes de la Seine les rejoignent. En 1936, il prend le nom de Parti Ouvrier Internationaliste (POI).
- L'autre groupe qui est animé par Pierre Franck et Raymond Molinier et accusé de "centrisme". Trotsky lui reproche un financement "douteux". Ce groupe publie
La Commune et prend le nom de Parti Communiste Internationaliste (PCI).
En juin 1938, la SFIO exclut son aile gauche "trotskysée" qui prend le nom de Parti Socialiste Ouvrier et Paysan (PSOP). On retrouvera beaucoup des responsables de sa partie JS au PSU 30 ans plus tard.
Trotsky, tout heureux de récolter les fruits de sa stratégie "entriste". pousse alors à la fusion des trotskystes au sein du PSOP qu'il veut faire reconnaitre comme section française. La fusion fut acceptée par ceux du PCI qui voulait se débarrasser des "escrocs" (Franck et Molinier) et brièvement par la minorité du POI (Craipeau) entre février 39.
Alors que le mouvement ouvrier est défait un peu partout, l'opportunité de fonder une IVe Internationale divise. Pour forcer sa création (septembre 1038), Trotsky cite l'exemple de la conférence des internationalistes de Zimmerwald en 1915 où les participants tenaient dans 4 voitures (j'ai retenu cette anecdote !)... et 2 ans après, c'était la révolution. Il croit que ça va se répéter. Pff...
Mais l'entrée en guerre fait éclater le fragile assemblage du PSOP monté de toutes pièces par Trotsky.
- La minorité du PCI (celle des "escrocs" Franck et Molinier) va devenir le Comité Communiste Internationaliste (CCI). Dans ses rangs, un petit jeune: Pierre Lambert.
- Le groupe Craipeau (minorité du POI) quitte la PSOP en août et se constitue en Comités pour la IVe Internationale.
La majorité du POI qui n'avait pas voulu se fondre dans le PSOP, la retrouvera. Ils reprendront le nom de POI.
- De l'ancien groupe Craipeau, en sortira un petit groupe de militants autour Barta, jeune roumain imbibé de rigueur bolchevique.Ce groupe prendra le nom de Union Communiste Internationaliste (UCI), avant de devenir Voix Ouvrière et... Lutte Ouvrière.
En 1944, après s'être rangés docilement derrière la Résistance, CCI et POI fusionnent et donnent naissance au Parti Communiste Internationaliste (PCI), section française de la IV.
Devenu orphelin de Trotsky, le PCI sera à la recherche de la tactique la plus "efficace", et au lendemain de la guerre, les valeurs nationalistes font fureur. Après 1953 (comme par hasard, date de la mort de Staline), après avoir fait l'eloge de Tito, Mao, de l'entrisme dans les organisations staliniennes, franckistes et lambertistes s'écharperont sur la question algérienne en soutenant des mouvements nationalistes rivaux FLN et MNA.
Le courant de Franck creera la filiation LC, LCR et NPA, tandis que Lambert devienra le gourou de l'OCI, PCI, PT et actuel POI.
En fait, c'est plus compliqué que ça, mais j'ai simplifié.
Maintenant, vous savez d'où ils viennent.
Si jamais vous discutez avec un trot' un jour...
Modifié en dernier par Antigone le 24 Aoû 2009, 20:25, modifié 1 fois.