Il n'est quand même pas difficile de s'apercevoir que de parler de "peuple", "patrie", "nation", "langue", "culture" etc. revient à utiliser des imaginaires et des concepts bourgeois nés pour la plupart au XIXième siècle grâce à la plume des lettrés (cf : pour la Bretagne, c'est flagrant lire cet article toujours d'actualité --->
http://www.persee.fr/web/revues/home/pr ... _35_1_2099 ).
Tout ceci n'existe pas, c'est de l'ordre de
l'imaginaire institué (Cf : Castoriadis) bourgeois, commencé au XVIième avec la caractérisation des nations et qui se constitue pour "comprendre" les futurs clients. Ces recherches ont été effectuées pour que la bourgeoisie puisse ouvrir de nouveaux marchés afin de s'adapter aux clients, s'est donc constitué l'idée de populations homogènes, partageant les mêmes caractéristiques matérielles, spirituelles, etc. créant par là l'imaginaire de
peuple utilisant
UNE langue, avec
UNE culture (bretonne, français, occitane, corse, etc.).
Et malheureusement, par là même, s'est développé
réellement cette "uniformisation", cette mortification des pratiques populaires (bien démontré par Rudolf Rocker dans
Nationalisme et Culture). A partir du moment où sont institutionnalisées (muséifié) des pratiques sociales (identifiées comme "culturelles" aujourd'hui), elles se meurent et ne se développent plus "naturellement" et librement.
'fin, quid de cette "uniformisation" devenu le cheval de batailles des gauchistes identitaires, parler soit disant le même langage signifie-t-il pour autant que les locuteurs ont le même système de pensée ? Les spécificités langagières de chacun le sont en fonction de l'environnement social, or celui-ci, même s'il y a des universaux (heureusement, sinon y a plus d'interêt à être communiste), il y a aussi des particularités, non définissables et non caractérisables par le territoire.
L'hétérogénéité est à la base individuelle, elle se socialise peu à peu sans jamais devenir totalement homogène.
Les peuples, les nations n'existent pas, il s'agit de données issues de l'idéologie bourgeoise totalement en contradiction avec l'idée de révolution socialiste.
C'est aussi une idée qui me semble en totale contradiction avec l'idée libertaire qu'est la terrtorialisation des pratiques socio-langagières. Depuis quand un territoire est-il porteur d'une langue ? Depuis quand une cité existe-t-elle sans ses habitant-es ? Seul les locuteurs sont détenteurs de compétences langagières, qu'ils soient ici ou là-bas. Souhaiter territorialiser les pratiques langagières revient à vouloir voir se mettre en place un retour à une société non-urbanisée basée sur un déterminisme total : "tu es né ici, tu vas parler ceci, manger ceci, danser ceci, etc.". La dé-territorialisation est la clé de l'expension pleine et entière des capacités humaines.
Et puis il y a aussi et surtout une très mauvaise analyse du marché linguistique. En société capitaliste, à l'inverse des échanges de biens matériels, plus une langue est diffusée, plus elle a de la valeur. Or, vouloir confiner une pratique langagière à un territoire revient donc à vouloir faire en sorte de les détruire (peut-être que les partis identitaires sont tous des franchouillards en fait ?).
Un autre argument pour se méfier de tous les identitaires (à partir du moment où ils se constituent en groupe militant et politique), c'est le fait que beaucoup de langues autrefois considérées comme régionales ou en danger ont refait à leur tour acte de domination et d'hégémonie. Rien à foutre que le catalan, le breton, le basque soient des langues officielles s'il y a toujours cette idée de domination culturelle d'une certaine norme considérée comme valorisante (laissant de côté toutes les autres ne rentrant pas dans ce carcan). Et surtout aucun interêt si ce n'est pas le Capitalisme et l'Etat qui sont attaqués, quelle interêt de remplacer une domination culturelle par une autre ?
Il s'agit clairement d'une pensée conservatrice, réactionnaire de Droite. Il suffit pas de s'accoller l'étiquette "de gauche et révolutionnaire" (sic) pour que ces concepts le deviennent d'un coup de baguette magique. Relire le chapitre "La patrie" du bouquin de Jean Grave
La société mourante et l'anarchie est toujours interessant pour le coup.
Après rien n'empêche de vouloir favoriser l'expression populaire et ce, dans n'importe quelle autre pratique langagière et effectivement, aller contre le développement des langues régionales en tant que telles est assez problématique. Ce qui est problématique, c'est que les identitaires ne se soucient dans leur rhétorique, que de
leur langue, en donnant l'impression de laisser les autres de côté. Dans une société libertaire, j'espère qu'aucune pratique langagière ne sera dominante et qu'une Fédération des acteurs sociaux en parole sera présente pour faire en sorte que toutes et tous se retrouve et puisse vivre dans l'endroit où elle vit et travaille sans que sa pratique langagière l'empêche d'aller contre son idéal et de vivre "normalement".
Rester critique par rapport aux utilisations qui en sont faites est plus que nécéssaire, surtout à partir du moment où les idées identitaires pénétrent dans le mouvement ouvrier et peuvent être manier contre l'Autre.
Les textes de l'AIT sont sûrement un peu direct, peu
scientifiques et un peu premptoires, mais le fond est là, nécéssaire pour aller contre ces mystifications bourgeoises et de toutes les organisations anarchistes ouvrières, c'est la seule qui va contre. Vive l'AIT !
"Les langues ne sont pas des bébés phoques !" (Louis-Jean calvet)
PS : je n'ai pas parlé de l'identité parce que cette problématique va plus loin, même si le(s) langage(s) en est/sont partie(s) prenante(s), cela va plus loin que la seule expression langagière.