Au sujet de l'infiltration identitaire

Re: Au sujet de l'infiltration identitaire

Messagede skankerror » 15 Avr 2009, 10:47

Nico37 a écrit:Par ailleurs, quelle désinformation... : l'extrême droite parle les langues régionales et pas qu'à Nice, en Alsace ou en Bretagne :!: Les autocollants, affiches voire tracts sont rédigés en langue régionale...


Mouais à Nice, ils savent dire niça identita liberta (je l'écris volontairement avec un ç et non ss) chanter l'hymne de la ville au stade et c'est tout, leurs tracts, affiches, sites et discours sont en français. Les vrais détenteurs et défenseurs de la culture niçoise n'ont jamais été dans leurs rangs. La culture régionale c'est une richesse en plus. Le calendrier pantaï, le championnat du monde de pilou, la carnaval indépendant, ça n'a rien de réactionnaire ni d'interclassiste et les identitaires sont loin de tout ça, c'est une force populaire, ça a toujours été une forme d'insoumission spontanée à l'uniformisation de l'Etat-nation.
Le terreau de l'extrème droite à Nice c'est avant tout les personnes issues de l'immigration des retraités bourgeois et parisiens qui veulent finir leur vie au soleil dans une ville "sécurisée". La défense de la culture locale s'est développée en opposition à ça.
Les identitaires ont un régionalisme de façade parce que ça passe mieux qu'un vieux nationalisme à l'ancienne.
Je trouve les avis de certains anars sur le sujet pas mal dogmatiques et perdus dans les méandres d'une idéologie inadaptée à la complexité de la question.
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Re: Au sujet de l'infiltration identitaire

Messagede Nico37 » 15 Avr 2009, 12:16

ils ont des affiches et autocollants en nissart et/ou bilingue (minoritaire en nombre), ils parlent en français mais aussi en nissart sur U Tube / Dailymotion. Ensuite que ce soit de la façade, c'est une bonne info que j'aimerais voir confirmée par des éléments concrêts !
Si tu as des articles sur l'aspect populaire et "rebelle" des cultures régionales, ça m'intéresse grandement :!:

Code: Tout sélectionner
http://www.nissarebela.com/wp-content/uploads/documents/lenganouostra.jpg
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Re: Au sujet de l'infiltration identitaire

Messagede skankerror » 15 Avr 2009, 12:34

Pour les éléments concrets de régionalisme de façade, regarde la 1ère partie du reportage ascenseur pour les fachos, avec l'italien de la ligue lombarde qui parle de ça avec les potes à vardon.

Pour le côté populaire des niçarts :

http://www.nuxvomica.org/
http://nuxvomicanissa.blogspot.com/
http://nuxvomica.skyrock.com/
http://salades-nicoises.net/spip.php?article133
http://www.nicematin.com/ta/quartiers/1 ... rturbateur

J'ai pas le temps de développer plus et je ne sais pas pour les autres régions, je ne parle que de ce qui m'entoure.
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Re: Au sujet de l'infiltration identitaire

Messagede Malval » 15 Avr 2009, 13:36

Il n'est quand même pas difficile de s'apercevoir que de parler de "peuple", "patrie", "nation", "langue", "culture" etc. revient à utiliser des imaginaires et des concepts bourgeois nés pour la plupart au XIXième siècle grâce à la plume des lettrés (cf : pour la Bretagne, c'est flagrant lire cet article toujours d'actualité ---> http://www.persee.fr/web/revues/home/pr ... _35_1_2099 ).

Tout ceci n'existe pas, c'est de l'ordre de l'imaginaire institué (Cf : Castoriadis) bourgeois, commencé au XVIième avec la caractérisation des nations et qui se constitue pour "comprendre" les futurs clients. Ces recherches ont été effectuées pour que la bourgeoisie puisse ouvrir de nouveaux marchés afin de s'adapter aux clients, s'est donc constitué l'idée de populations homogènes, partageant les mêmes caractéristiques matérielles, spirituelles, etc. créant par là l'imaginaire de peuple utilisant UNE langue, avec UNE culture (bretonne, français, occitane, corse, etc.).
Et malheureusement, par là même, s'est développé réellement cette "uniformisation", cette mortification des pratiques populaires (bien démontré par Rudolf Rocker dans Nationalisme et Culture). A partir du moment où sont institutionnalisées (muséifié) des pratiques sociales (identifiées comme "culturelles" aujourd'hui), elles se meurent et ne se développent plus "naturellement" et librement.

'fin, quid de cette "uniformisation" devenu le cheval de batailles des gauchistes identitaires, parler soit disant le même langage signifie-t-il pour autant que les locuteurs ont le même système de pensée ? Les spécificités langagières de chacun le sont en fonction de l'environnement social, or celui-ci, même s'il y a des universaux (heureusement, sinon y a plus d'interêt à être communiste), il y a aussi des particularités, non définissables et non caractérisables par le territoire.
L'hétérogénéité est à la base individuelle, elle se socialise peu à peu sans jamais devenir totalement homogène.
Les peuples, les nations n'existent pas, il s'agit de données issues de l'idéologie bourgeoise totalement en contradiction avec l'idée de révolution socialiste.

C'est aussi une idée qui me semble en totale contradiction avec l'idée libertaire qu'est la terrtorialisation des pratiques socio-langagières. Depuis quand un territoire est-il porteur d'une langue ? Depuis quand une cité existe-t-elle sans ses habitant-es ? Seul les locuteurs sont détenteurs de compétences langagières, qu'ils soient ici ou là-bas. Souhaiter territorialiser les pratiques langagières revient à vouloir voir se mettre en place un retour à une société non-urbanisée basée sur un déterminisme total : "tu es né ici, tu vas parler ceci, manger ceci, danser ceci, etc.". La dé-territorialisation est la clé de l'expension pleine et entière des capacités humaines.
Et puis il y a aussi et surtout une très mauvaise analyse du marché linguistique. En société capitaliste, à l'inverse des échanges de biens matériels, plus une langue est diffusée, plus elle a de la valeur. Or, vouloir confiner une pratique langagière à un territoire revient donc à vouloir faire en sorte de les détruire (peut-être que les partis identitaires sont tous des franchouillards en fait ?).
Un autre argument pour se méfier de tous les identitaires (à partir du moment où ils se constituent en groupe militant et politique), c'est le fait que beaucoup de langues autrefois considérées comme régionales ou en danger ont refait à leur tour acte de domination et d'hégémonie. Rien à foutre que le catalan, le breton, le basque soient des langues officielles s'il y a toujours cette idée de domination culturelle d'une certaine norme considérée comme valorisante (laissant de côté toutes les autres ne rentrant pas dans ce carcan). Et surtout aucun interêt si ce n'est pas le Capitalisme et l'Etat qui sont attaqués, quelle interêt de remplacer une domination culturelle par une autre ?

Il s'agit clairement d'une pensée conservatrice, réactionnaire de Droite. Il suffit pas de s'accoller l'étiquette "de gauche et révolutionnaire" (sic) pour que ces concepts le deviennent d'un coup de baguette magique. Relire le chapitre "La patrie" du bouquin de Jean Grave La société mourante et l'anarchie est toujours interessant pour le coup.

Après rien n'empêche de vouloir favoriser l'expression populaire et ce, dans n'importe quelle autre pratique langagière et effectivement, aller contre le développement des langues régionales en tant que telles est assez problématique. Ce qui est problématique, c'est que les identitaires ne se soucient dans leur rhétorique, que de leur langue, en donnant l'impression de laisser les autres de côté. Dans une société libertaire, j'espère qu'aucune pratique langagière ne sera dominante et qu'une Fédération des acteurs sociaux en parole sera présente pour faire en sorte que toutes et tous se retrouve et puisse vivre dans l'endroit où elle vit et travaille sans que sa pratique langagière l'empêche d'aller contre son idéal et de vivre "normalement".
Rester critique par rapport aux utilisations qui en sont faites est plus que nécéssaire, surtout à partir du moment où les idées identitaires pénétrent dans le mouvement ouvrier et peuvent être manier contre l'Autre.

Les textes de l'AIT sont sûrement un peu direct, peu scientifiques et un peu premptoires, mais le fond est là, nécéssaire pour aller contre ces mystifications bourgeoises et de toutes les organisations anarchistes ouvrières, c'est la seule qui va contre. Vive l'AIT !

"Les langues ne sont pas des bébés phoques !" (Louis-Jean calvet)

PS : je n'ai pas parlé de l'identité parce que cette problématique va plus loin, même si le(s) langage(s) en est/sont partie(s) prenante(s), cela va plus loin que la seule expression langagière.
Malval
 

Re: Au sujet de l'infiltration identitaire

Messagede Occitan Warrior » 15 Avr 2009, 17:18

La seule identité que je connaisse est sociale, l'identité culturelle est réactionnaire car elle est interclassiste

Mais bien sûr, c'est réactionnaire de parler sa langue et de lutter pour qu'elle ne crève pas à cause de l'impérialisme culturel.

«toutes les langues des ethnies doivent être reconnues officiellement et être
obligatoirement enseignées dans les écoles secondaires, primaires et à l’université » EZLN.

Ravi d'apprendre que l'EZLN est un mouvement réactionnaire !

Par ailleurs, quelle désinformation... : l'extrême droite parle les langues régionales et pas qu'à Nice, en Alsace ou en Bretagne

T'as des exemples de tracts en langue dites régionale ? Perso j'ai jamais entendu un identitaire parler occitan, mais ça doit bien exister ..

Enfin, mauvais exemple que de prendre l'euskara, c'est comme l'islandais, c'est super long et dur à apprendre et ferait passer l'apprentissage du français pour une formalité[/quote
Ca c'est de l'argument linguistique ! La langue est dure à apprendre, donc c'est pas bien ! Franchouillard.

Mouais à Nice, ils savent dire niça identita liberta (je l'écris volontairement avec un ç et non ss) chanter l'hymne de la ville au stade et c'est tout, leurs tracts, affiches, sites et discours sont en français. Les vrais détenteurs et défenseurs de la culture niçoise n'ont jamais été dans leurs rangs

Tout à fait d'accord avec toi Skankerror. J'ai cité les niçois à part non pour leur engagement pour la langue mais pour le fait que contrairement aux autres jeunesses identitaires d'Hexagone, ils ne se reconnaissent pas en la France. D'ailleurs ils se mettent sur la gueule avec les nazis de Lyon, juste parce qu'ils sont français ..

Pour le reste tu as raison, évidemment que la culture dite régionale peut aller contre toute forme réactionnaire. Ceux qui n'en sont pas convaincus n'ont qu'à venir à Pau, ils y verront des étudiants qui manifestent en occitan contre les réformes de l'Etat, d'autres qui manifestent en occitan contrer les violences policières, etc.
Vachement réactionnaire comme combat ..

Malval, t'attendais surement pas de réponse de ma part, et je préfère de toute façon ne pas recommencer ce débat éternetl avec toi qui ne mènera nulle part. Tu penses que les territoires n'ont pas de langue. Ce même concept est à la base de ce pour quoi je lutte chaque jour, on ne tombera jamais d'accord.
Occitan Warrior
 

Re: Au sujet de l'infiltration identitaire

Messagede Nico37 » 15 Avr 2009, 17:56

Eh bien je suis d'accord avec l'affirmation de l'EZLN car elle ne fixe par une langue dominante :!:
Et si tu n'as pas vu que je pointe un tract de N.R. en nissart que j'ai mis en évidence en [code] (ce qui permet accessoirement au webmestre des identitaires de savoir d'où vient la visite). Et c'est pas le 1er que je vois...
Lors de la manif contre le projet LGV PACA, les inserts texte dans les vidéos sont en provencaux... ETC.
Evidemment, la démonstration de Malval est grandiose, j'aurais du mal à compléter...
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Re: Au sujet de l'infiltration identitaire

Messagede Parpalhon » 15 Avr 2009, 18:22

Nico37 a écrit:Lors de la manif contre le projet LGV PACA, les inserts texte dans les vidéos sont en provencaux... ETC.

:lol: :lol: si je comprends ton raisonnement les gars qui sont contra la LGV sont tous des fachos ??

Au fait, la semaine dernière au Pays Basque il y avait un rassemblement de jeunes d'organisations d'extrême gauche révolutionnaire ... y en avait d'un peu partout, des antifa allemands, des irlandais, des norvégiens, des galiciens, des catalans, ... et beaucoup de basques de Segi ... j'ai eu l'occasion de voir ces gens en fin de semaine et franchement ils avaient rien de fachos ... et pourtant les organisateurs du rassemblement font parti d'une organisation indépendantiste basque, et ils parlaient qu'en basque entre eux, et ils revendiquent leur identité basque ... tout comme les catalans, les galiciens et les irlandais le faisaient ....

Et mes potes allemands qui sont dans la mouvance antifa ils ont un gros fantasme sur la Kalle Borroka et le mouvement abertzale au Pays Basque ... et pourtant ils sont anars ... bizarre non ?

bon ben vive la Hrança aux anars et dehors les méchants régionalistes :france:
" Mort als estats visquin les terres ! "
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Re: Au sujet de l'infiltration identitaire

Messagede Malval » 15 Avr 2009, 18:40

Occitan Warrior a écrit:«toutes les langues des ethnies doivent être reconnues officiellement et être
obligatoirement enseignées dans les écoles secondaires, primaires et à l’université » EZLN.

Ravi d'apprendre que l'EZLN est un mouvement réactionnaire !

Je pense qu'il y a une différence entre une reconnaissance (qui n'engage à rien, mais qui peut être importante, du fait qu'elle peut faire évoluer les représentations sur telle ou telle pratique langagière ; par exemple les langues d'Oïl, considérées comme des patois, si elles étaient reconnues comme langues, avec tout ce que cette notion inclue de valorisation psycho-sociale, il n'est pas impossible de croire qu'effectivement, les individu-es auraient moins honte de leur parler) et l'obligation d'enseigner toutes les langues minorées présentes sur un territoire.
Cette dernière étant loin d'être une idée libertaire... je pense qu'il faut partir des besoins de la population, besoins exprimés explicitement ou implicitement. Implicitement car il est loin d'être reconnu par toutes et tous comme étant utile socialement d'être locuteur d'occitan, de gallo, de normand, de corse, etc. et pourtant, dans certains secteurs professionnels (hospitaliers, services publics en général, certains secteurs de production, etc.), cela peut être très utile voire indispensable (amélioration des conditions de travail, relations bien plus saine envers les consommateur-trices/usager-es, etc.).
Mais de là à aller jusqu'à l'obligation parce que "oh les pauv' petites langues elles meurent comme c'est triste il faut tout faire pour qu'elles restent en vie" c'est du domaine du conservatisme bourgeois (d'autant plus que cette analogie avec la biologie est gênante... qui plus est, on pigne sur les langues qui meurent, mais on ne dit rien sur celles qui naissent... et c'est bien dommage).

Tu penses que les territoires n'ont pas de langue.

C'est faux ! Je dis exactement le contraire !
Je dis que TOUS les territoires ont des langues différentes et des langages différents et qu'il est d'une logique suprémaciste que de vouloir en privilégier une plus que d'autres parce qu'identifié(e)s comme endogènes. Oui les locuteur-trices de langues régionales sont victimes de discrimination de la part du Pouvoir (comme toutes celles et ceux non détenteur-trices de la norme linguistique française... qui n'existe... qu'à l'écrit d'ailleurs), oui il est d'une logique idéologique d'origine jacobine de voir les langues régionales reléguées au domaine du passé et du folklore, cependant je ne comprends pas pourquoi les identitaires dits "de gauche" souhaitent mettent celles et ceux-ci (les locuteur-trices) en avant tout en sachant que les premier-es à subir de la discrimination langagière restent les individu-es identifié-es par l'Etat français comme étant immigré-es. Avoir un accent provencal, basque, corse, c'est charmant, c'est pittoresque, avoir un accent arabe, sub-saharien, asiatique provoquent des réactions beaucoup plus malsaines quoiqu'on en dise.

Prendre en compte les spécifités identifiées comme régionales oui 100 fois oui, les mettre en avant au profit d'autres beaucoup plus stigmatisées me pose un problème d'éthique. Attention, je ne dis pas qu'il faut faire la même chose à l'envers (mettre les langues régionales de côté et privilégier les langues issues de ce qu'on apelle l'immigration), j'aimerais juste voir se mettre en place une analyse concrète des relations de domination qui se mettent en place sur le marché linguistique (français et international) permettant à toutes et tous les locuteur-trices dévalorisées de mutualiser les efforts et les outils linguistiques. Chose qui est assez difficile à mettre en place, autant dans les associations qu'entre les associations (tant la concurrence est énorme pour la conquête de l'hégémonie linguistique, du moins en Bretagne).
Cela revient à adopter une posture globaliste de la situation plutôt que de cloisonner les problèmes en croyant qu'en Bretagne seul le breton est problémtique, qu'en Corse c'est le corse, qu'en Occitanie c'est l'occitan, etc.

PS : d'autant plus qu'on ne cause que d'une partie de la question en passant sur les sociolectes (langages ouvriers, urbains, jeunes, etc.). Bien qu'il s'agisse de la même logique en fin de compte.
Malval
 

Re: Au sujet de l'infiltration identitaire

Messagede Johan » 15 Avr 2009, 19:27

Ce que je lis ici me désole, venant d'une région ultra-rurale où le français à remplacer le wallon comme première langue depuis à peine 20 ou 30 ans et surtout venant d'un pays où nous avons 3 langues nationales (neerlandais, français et allemand). En Wallonie le wallon reste une langue vivante, mais de moins en moins... idem pour le flamand en Flandre.
Et NON, il n'y a pas que les identitaires qui défendent les langues régionales!

René Binamé, groupe anarcho-punk à sorti un album en wallon, et en chante régulièrement en concert (ainsi qu'en français et flamand). :guitare:
Leur démarche expliquée par eux-mêmes:
Pourquoi un disque en wallon ? M'enfin ! Pour contribuer à la promotion et à la diffusion de la langue wallonne, pour ne pas l'abandonner aux théâtres stupides, aux chanteurs ringards et aux goûter du 3ème âge. Pour que les jeunes entendent du wallon et pour que les vieux entendent du rock....
Le disque est sorti à l'occasion des anniversaires royaux de 1990/91 (Baudouin a 60 ans dont 40 sur le trône).
Petit pavé dans la grande mare de l'apparent unanimisme monarchiste ambiant, il rappelle les circonstances particulièrement glauques qui virent Baudouin succéder à son père Léopold contraint d'abdiquer sous la pression de la rue, en raison de sa conduite durant la seconde guerre mondiale.
Tout ça, bien sûr, dans une perspective autonomiste, libertaire, internationaliste, républicaine, anti-autoritaire, anti-cléricale, agnostique, acrate, asperge, etc...

Sans parler des tentatives de tous les états pour faire disparaître ces langues régionales (par exemple le breton qui a été interdit).
Johan
 

Re: Au sujet de l'infiltration identitaire

Messagede joe dalton » 15 Avr 2009, 19:49

j'ai beau pas etre trés rassuré quand j'entend parler de "ma region, ma langue, mon clocher" ; c'est aussi une défense contre l'uniformisation(la standardisation de l' humain), le centralisme, et c'est aussi une lutte contre cette société de l'éternelle présent, ou l'histoire a été abolis pour mieux imposer un statu quo future,a travers les traditions(qui peuvent soit être un conservatisme, mais aussi un encrage dans le passé, pour mieux changer le futur )
etre categorique et balayer d'un revers de la main, c'est justement ce qui ouvre une voie royale au fafs !
n'empêche, que la défense de la région m'a l'air d'être un terrain bien glissant !
joe dalton
 

Re: Au sujet de l'infiltration identitaire

Messagede Malval » 15 Avr 2009, 20:08

Johan a écrit:Ce que je lis ici me désole, venant d'une région ultra-rurale où le français à remplacer le wallon comme première langue depuis à peine 20 ou 30 ans et surtout venant d'un pays où nous avons 3 langues nationales (neerlandais, français et allemand). En Wallonie le wallon reste une langue vivante, mais de moins en moins... idem pour le flamand en Flandre.
Et NON, il n'y a pas que les identitaires qui défendent les langues régionales!

René Binamé, groupe anarcho-punk à sorti un album en wallon, et en chante régulièrement en concert (ainsi qu'en français et flamand). :guitare:
Leur démarche expliquée par eux-mêmes:
Pourquoi un disque en wallon ? M'enfin ! Pour contribuer à la promotion et à la diffusion de la langue wallonne, pour ne pas l'abandonner aux théâtres stupides, aux chanteurs ringards et aux goûter du 3ème âge. Pour que les jeunes entendent du wallon et pour que les vieux entendent du rock....
Le disque est sorti à l'occasion des anniversaires royaux de 1990/91 (Baudouin a 60 ans dont 40 sur le trône).
Petit pavé dans la grande mare de l'apparent unanimisme monarchiste ambiant, il rappelle les circonstances particulièrement glauques qui virent Baudouin succéder à son père Léopold contraint d'abdiquer sous la pression de la rue, en raison de sa conduite durant la seconde guerre mondiale.
Tout ça, bien sûr, dans une perspective autonomiste, libertaire, internationaliste, républicaine, anti-autoritaire, anti-cléricale, agnostique, acrate, asperge, etc...

Sans parler des tentatives de tous les états pour faire disparaître ces langues régionales (par exemple le breton qui a été interdit).

Je crois que ça n'a pas grand chose à voir là (quoique...) puisque c'est de la création artistique et que toute création artistique est identitaire, qu'elle soit en français, en verlan, en langage "jeune", en castillan, etc.

En fait quand j'utilise le terme identitaire pour les régionalistes c'est synonyme d'ethnicisme.

Après personne ne remet en cause la politique linguistique de la France ni l'idéologie linguistique française. Le problème posé c'est que les militants ethnicistes sont empreints de cette idéologie et la transposent à "leur" langue. Même s'ils disent le contraire...

@joe dalton : "du passé faisons table rase" c'est pas fashion ?
Encore une fois il y a focalisation sur les "morts", sans se soucier de ce qui nait.
Les langues régionales, même si, dans la forme dans laquelle on appréhende le concept de langue, ne sont pas aussi présente qu'avant la 2GM, se sont transmises quoiqu'on en dise, à travers le français (surtout les langues d'Oïl en fait, mais le français en Basse-Bretagne possède des tournures qui feraient grincer des dents n'importe quel-le académicien-ne).
Malval
 

Re: Au sujet de l'infiltration identitaire

Messagede willio » 15 Avr 2009, 21:43

En soi, défendre une langue ou une culture n'est pas le problème. Je crois qu'on est tou-te-s contre l'uniformisation, l'impérialisme culturel, etc. Le problème est de savoir pourquoi on défend une culture, dans quelle optique et avec quelles perspectives.

Le point de basculement se fait à mon avis au moment où cette défense se fait au nom d'une identité et plus seulement parce qu'on aime "vivre" cette culture. Quand une culture devient une quête identitaire, là il y a glissement.
Autrement dit il faut savoir si on est une culture ou si on vit une culture. Est-ce qu'on se définit par sa langue ou est-ce que c'est une langue que l'on utilise ? Ca peut paraître futile mais c'est à ce positionnement qu'on distingue une culture identitaire qui crée ses frontières, ses étrangers et son repli sur elle-même d'une culture ouverte, qui échange et accueille.

Bref, on retombe une nième fois sur un débat entre vision "communautaristo-identitaire" et individualiste des choses (pour moi c'est la même logique que pour les questions de prolétariat et communauté homo). Peut-être qu'avec ce 3ème exemple des déboires de la vision communautariste au sens identitaire, certain-e-s changeront d'avis. :D
willio
 

Re: Au sujet de l'infiltration identitaire

Messagede Johan » 15 Avr 2009, 22:57

willio a écrit:En soi, défendre une langue ou une culture n'est pas le problème. Je crois qu'on est tou-te-s contre l'uniformisation, l'impérialisme culturel, etc. Le problème est de savoir pourquoi on défend une culture, dans quelle optique et avec quelles perspectives.

Le point de basculement se fait à mon avis au moment où cette défense se fait au nom d'une identité et plus seulement parce qu'on aime "vivre" cette culture. Quand une culture devient une quête identitaire, là il y a glissement.
Autrement dit il faut savoir si on est une culture ou si on vit une culture. Est-ce qu'on se définit par sa langue ou est-ce que c'est une langue que l'on utilise ? Ca peut paraître futile mais c'est à ce positionnement qu'on distingue une culture identitaire qui crée ses frontières, ses étrangers et son repli sur elle-même d'une culture ouverte, qui échange et accueille.

Je pense qu'aucune des personnes sur ce forum voulant aider à la sauvegarde de leur culture régionale (et donc de la langue régionale) ne se prétend différent ou supérieur aux autres parce qu'il vient de telle ou telle région. D'ailleurs s'ils sont anarchistes, c'est parce qu'il refusent ce repli sur soi. Ce serait juste triste de perdre cette richesse des cultures.
Dans mon cas, j'aime entendre (et parler, un peu) le wallon. Non pas que je trouve cette langue plus belle (loin de là), mais parce que j'en éprouve un réel plaisir. Ça me rappelle des vieilles personnes de mon village, des rencontres que j'ai pu faire, des délires avec des potes,... Le wallon fait partie intégrante de mon passé, de la vie en wallonie et de son patrimoine. De plus, la Belgique (et donc la Wallonie) a depuis toujours dans l'Histoire été un territoire envahi par les uns, repris par les autres et ainsi de suite, créant une sorte de mélange bouillonnant de cultures et de langues différentes. En soi nous sommes tous des "bâtards".
Il faut préserver ces héritages uniques, dans l'humilité, sans virer vers l'immobilisme, le sectarisme ou le nationalisme.
Johan
 

Re: Au sujet de l'infiltration identitaire

Messagede Occitan Warrior » 15 Avr 2009, 23:15

Malval, je ne te comprends plus (ou pas).
Tu dis:
Depuis quand un territoire est-il porteur d'une langue ?

et puis:
Je dis que TOUS les territoires ont des langues différentes et des langages différents


Avoir un accent provencal, basque, corse, c'est charmant, c'est pittoresque, avoir un accent arabe, sub-saharien, asiatique provoquent des réactions beaucoup plus malsaines quoiqu'on en dise.

C'est faux. L'accent "provincial" est victime tout comme l'accent étranger de discrimination. Combien de gens à la télé parlent avec un accent autre que parisien ? Pourquoi quasiment aucun des animateurs des sections Radio France en Occitanie ont l'accent occitan ? Pourquoi on demande à certains de perdre leur accent ? C'est une réalité qu'on ne peut nier.

oui il est d'une logique idéologique d'origine jacobine de voir les langues régionales reléguées au domaine du passé et du folklore, cependant je ne comprends pas pourquoi les identitaires dits "de gauche" souhaitent mettent celles et ceux-ci (les locuteur-trices) en avant

Donc en conclusion je dois parler occitan mais pas le mettre en avant, et surtout pas me battre pour que ma langue soit respectée et que mon gamin puisse l'apprendre. Hallucinant comme propos.

en sachant que les premier-es à subir de la discrimination langagière restent les individu-es identifié-es par l'Etat français comme étant immigré-es

Ben non, ni plus ni moins que les occitans, les bretons etc. La problématique des langues immigrées doit être prise en compte et soutenue, mais si on ne défend pas l'occitan en priorité en Occitanie, qui le fera ??
Les langues immigrées sont par définition assurées de ne pas disparaître de la surface de la Terre puisqu'elles ont une attache. PAS L'OCCITAN.

n'empêche, que la défense de la région m'a l'air d'être un terrain bien glissant !

Pourquoi toujours raisonner en terme de région. Les anars sont si attachés que ça au modèle français, à l'Etat ?

En soi, défendre une langue ou une culture n'est pas le problème. Je crois qu'on est tou-te-s contre l'uniformisation, l'impérialisme culturel, etc

Bien, et tu fasi quoi toi pour lutter contre cet impérialisme ? Trouves tu normal que la plupart des orgas anarchistes ne s'y opposent en rien et se rendent ainsi complices de la globalisation culturelle de l'Etat français ?

Le point de basculement se fait à mon avis au moment où cette défense se fait au nom d'une identité et plus seulement parce qu'on aime "vivre" cette culture. Quand une culture devient une quête identitaire, là il y a glissement.

Pardon, mais c'est un point de vue de Bisounours que tu nous proposes là.
La langue, par nature, nous donne une identité propre, que tu le veuilles ou non. Encore une fois, tu ne peux pas d'un côté soutenir la diversité culturelle, et de l'autre condamner ceux qui se battent pour la conserver.

Et oui les gars, c'est un scoop, une langue, quand elle est attaquée par un impérialisme d'Etat, ça doit se défendre, sinon ça crève ..
Occitan Warrior
 

Re: Au sujet de l'infiltration identitaire

Messagede willio » 15 Avr 2009, 23:47

Occitan Warrior a écrit:
En soi, défendre une langue ou une culture n'est pas le problème. Je crois qu'on est tou-te-s contre l'uniformisation, l'impérialisme culturel, etc

Bien, et tu fasi quoi toi pour lutter contre cet impérialisme ? Trouves tu normal que la plupart des orgas anarchistes ne s'y opposent en rien et se rendent ainsi complices de la globalisation culturelle de l'Etat français ?

Non je trouve pas ça normal. Ce n'est pas mon combat spécifiquement, yen a tellement. Je suis contre un tas de trucs et pourtant je n'agis pas forcément tous les jours pour tout, c'est grave ?

Le point de basculement se fait à mon avis au moment où cette défense se fait au nom d'une identité et plus seulement parce qu'on aime "vivre" cette culture. Quand une culture devient une quête identitaire, là il y a glissement.

Pardon, mais c'est un point de vue de Bisounours que tu nous proposes là.
La langue, par nature, nous donne une identité propre, que tu le veuilles ou non. Encore une fois, tu ne peux pas d'un côté soutenir la diversité culturelle, et de l'autre condamner ceux qui se battent pour la conserver.


Eh mais calme toi, je te dis que j'approuve celles et ceux qui se battent pour la conserver ! Seulement je différencie les anars des identitaires, j'espère que ça te pose pas de problème.
Par contre, le fait que ta langue te donne une identité je ne suis pas d'accord. Je prends ici le mot "identité" comme synonyme de "ce qui te définit". Désolé mais moi je ne suis pas ma langue, pas plus que je ne suis la région où je suis né, ni même mes parents. Je suis moi, individu, et je ne me définit pas par ce que j'ai de commun avec d'autres. C'est pas "que je le veuille ou non", je ne le veux pas, l'identité culturelle, nationale, sexuelle, sociale, ce sont des notions qui m'échappent.
On n'est jamais rien, on fait des choses. Des choses nous caractérisent mais ne nous identifient pas. Il n'y a pas de voleurs, il y a des gens qui volent...
Tu te bats pour préserver les diversités culturelles, alors pousse plus loin et préserve ma liberté individuelle d'être moi, seule réalité existante, et non pas définit comme un élément d'un concept global.
willio
 

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