Que s’est-il passé à Quimper le 2 novembre ?
A Quimper, ce samedi-là, il y avait des petits et des grands patrons, des groupes identitaires d’extrême droite et des indépendantistes bretons, des élus de droite et de « gauche », y compris un député UMP, des altermondialistes, le Nouveau Parti Anticapitaliste.
DES PATRONS LICENCIEURS À CÔTÉ DE SALARIÉS LICENCIÉS
Il y avait aussi des travailleurs, victimes de plans de licenciements venus, eux, pour « se battre jusqu’au bout pour garder leurs emplois », comme l’a dit à France 3 un travailleur de Tilly-Sabco. Comme tous ses collègues, il avait appris 48 heures plus tôt que la quasi-totalité des emplois de l’entreprise risquaient d’être supprimés. Sous le regard surpris du journaliste, arrive alors le patron de Tilly-Sabco, qui prend la tête du cortège des travailleurs qu’il s’apprête à mettre à la rue !
Marc Le Fur, député UMP déclare sur i>Télé, affublé d’un bonnet rouge sur la tête : « Aujourd’hui, les ouvriers, les paysans, les chefs d’entreprise sont unis pour dire : laissez-nous travailler, arrêtez de nous embêter avec les impôts, arrêtez de nous embêter avec des règles que plus personne ne comprend. »
Le patronat de la région, réuni dans un Comité de convergence des intérêts bretons (CCIB), revendique « une véritable décentralisation, qui prenne en compte une gouvernance économique régionale », en dénonçant « la multiplication des rouages administratifs et le labyrinthe des réglementations qui font que désormais 56 % du PIB national sont consacrés au fonctionnement de l’Etat ». Dans ces « 56% », il y a aussi les retraites, la Sécurité sociale, l’assurance chômage…
Dans les jours précédents, des organisations syndicales ont dénoncé cette opération, en appelant à manifester à Carhaix le 2 novembre, à l’initiative de la CGT, de la FSU et de Solidaires. « La manifestation pour les salariés n’est pas à Quimper mais à Carhaix. Elle n’est pas avec ceux qui procèdent aux licenciements. On ne veut pas que les salariés soient les dindons de la farce », avait déclaré le secrétaire régional CGT Bretagne, Thierry Gourlay.
FAUT-IL DÉFENDRE LA POLITIQUE DE CE GOUVERNEMENT ?
Mais plusieurs responsables politiques présents à cette manifestation de Carhaix ont insisté pour défendre l’écotaxe. Faut-il défendre la politique de ce gouvernement ? De même, on ne peut que s’interroger lorsque la confédération CGT, après l’annonce de la suspension de l’écotaxe, revendique une « fiscalité environnementale » en déplorant qu’en la matière « la crédibilité du gouvernement (soit) plus que remise en cause ».
Le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a de même invité, le jour même de cette manifestation, « toutes les parties prenantes à se retrouver » autour du « pacte d’avenir pour la Bretagne », en indiquant que « le préfet de région prendra contact à cette fin dès lundi 4 novembre avec les élus et les partenaires économiques et sociaux ».
Ce 4 novembre, face à l’avalanche de plans sociaux, la presse reconnaît que « l’entrée en vigueur le 1er juillet de la loi de sécurisation de l’emploi (qui a transposé l’ANI — NDLR) a pu avoir un effet déclencheur pour lancer (les) restructurations ». Et de citer le P-DG du groupe Alpha, cabinet conseil dans les ressources humaines : « Ce nouveau cadre légal facilite la mise en œuvre des plans de sauvegarde de l’emploi (appellation officielle des plans de licenciements collectifs).