Je suis issu de la LCR et je me suis barré au moment de la constitution des statuts du NPA, lorsque sont devenues trop manifestes les contradictions et les hypocrisies intrinsèques de ce mouvement. Alors je peux en parler un peu.D'une, je crois vraiment imbécile de critiquer les gens qui y sont. Dans l'immense majorité, surtout chez les plus jeunes et donc les moins encroûtés/confits, ce sont des gens sincères, et qui ne connaissent pas vraiment l'anarchisme ou qui du moins, pensent sincèrement le NPA à même de défendre vraiment les objectifs de la lutte.
J'ai été l'un d'eux, pensant que les idées sociales et libertaires pouvaient être portées au sein d'un tel mouvement, du fait de son fonctionnement assez démocratique, et du fait de la promotion en son sein d'un militant du courant Révolution(s), assez libertaire et citant Louise Michel à chaque phrase, j'ai nommé Mickey (OB).
Or, parce que l'anarchisme était absent du paysage, de la ville, j'ai dû faire mon chemin tout seul, me rendre compte seul des impasses du mouvement.
De l'énergie bêtement dépensée à l'organisation pour elle-même, à cause de l'hémorragie d'énergie militante que constituent à chaque fois les temps d'élections. Energie qui sert plus à faire connaître/aimer le NPA qu'à se battre réellement pour la cause, sur le terrain, avec les vraies gens en galère.
De statuts qui sous couvert d'autogestion, font en réalité la part belle à la décision de l'ancien (évidemment mandaté par personne), qui partout, dans tous les comités, fait semblant d'entendre en distribuant la parole, puis explique pourquoi il faut faire comme lui pense.
La part belle aussi à la délégation, pire encore qu'à l'époque de la Ligue : les comités élisent des délégués pour le congrès, qui lui-même élit des délégués pour un un comité national, qui lui-même élit un bureau, qui lui-même élit des secrétaires... tout cela sans révocabilité possible, et avec des mandats tournants... toutes les deux ou trois fois...
Sans parler de l'idéologie à tendance léniniste, sur l'avant-garde qui doit pénétrer la "masse" de ses douces lumières, au rythme imposé par la conscience de la "masse", par exemple au sein de syndicats réformistes s'il le faut. L'unité à tout prix.
Bref, du trotskysme, du centralisme, d'autant plus dangereux et décevant qu'il se pare des oripeaux et des vocables du mouvement libertaire : gens "cool", à l'acoute, attitude cool, ritournelle sur la liberté laissée aux sections (on dit "comités" maintenant)... bref un bol d'air dans le paysage politique.
Mais au final, juste une hypocrisie, juste du PCF déguisé en anar.
Mais je me suis rendu compte de tout cela seul, en me tirant les doigts du cul tout seul, parce que j'en ai fait l'expérience certes, mais aussi parce que j'ai lu du Bakounine avant, que je me suis posé les questions sur la démocratie directe, sur l'autogestion... sans cela, je serais peut-être un aigri de tout maintenant, isolé dans mon coin.
Je dis seul, parce que je n'ai eu accès à rien du côté des anars. L'anarchisme n'existe plus, n'est plus visible, il faut bien le dire. C'est le problème : à nous de le faire vivre, de montrer par l'exemple vécu, par l'action et par l'humour que l'anarchisme seul porte une force capable de transformer la société, de transformer les gens.
Ce fut difficile pour moi de quitter mes copains/pines de la Ligue, pour faire cavalier seul au nom de la défense de mes idéaux.
Mais je ne le regrette pas. J'ai, depuis, rencontré dans les vraies luttes bien plus de copains et de copines (pour la plupart libertaires, ça ne s'invente pas) que je n'en ai jamais eus à la Ligue.
Le NPA, de par sa nature d'orga n'existant au final que pour se faire connaître, pour "fédérer" toutes les énergies actives, ne fait dans la réalité que courir après les libertaires.
Le NPA c'est le spectacle, l'anarchisme c'est la vie.
En conclusion, aucune illusion à avoir sur le NPA, mais respect total à avoir pour tous ceux et celles qui y adhèrent avec sincérité : ce sont pour la plupart des gens qui ont un engagement sincère, quoiqu'à mon sens, pas encore politiquement mûr.
