Mélenchon fait un pas de plus vers la présidentielle 2012
De Julie DUCOURAU (AFP) – Il y a 3 heures
PARIS — Jean-Luc Mélenchon, président du Parti de gauche (PG), fait un pas de plus vers la présidentielle de 2012, se disant "capable" d'être le candidat commun du Front de gauche, mais le PCF, son principal partenaire, ne l'entend pas de cette oreille.
Beaucoup plus médiatique que sa "camarade" Marie-George Buffet (PCF) malgré ses critiques acerbes envers les journalistes, l'eurodéputé - qui ne cache pas son ennui au Parlement européen - compte bien jouer sa carte après les bons scores du Front de gauche aux européennes et aux régionales.
2012 ? "Je m'en sens capable. Dans la crise, c'est l'heure des personnes qui ont du caractère, pas des fromages pasteurisés ou des poissons lyophilisés", assure lundi dans Libération celui qui aurait déjà voulu représenter le FG aux régionales en Ile-de-France à la place du discret numéro deux du PCF Pierre Laurent.
S'il "refuse d'entrer dans les habits de l'homme providentiel", l'ancien ministre de Lionel Jospin ajoute : "pour autant, arrêtons de flinguer une personne dès qu'elle semble se distinguer. Je suis prêt à être utile", dit-il, fort d'un sondage Ifop sur la présidentielle fin mars, le donnant à 6%, devant Olivier Besancenot (NPA) à 5%.
Mais au PCF, où la candidature Mélenchon est vue d'un mauvais oeil même si l'idée d'un candidat commun n'est pas exclue, le débat sur 2012 est renvoyé au congrès intermédiaire des 18, 19 et 20 juin "pour aboutir à un choix définitif lors du congrès ordinaire en juin 2011". Soit moins d'un an avant l'élection quand l'ex-socialiste voudrait, lui, accélérer les choses.
"La présidentielle est un problème", confie un cadre communiste : si Mélenchon est le seul candidat, le PCF "peut ne plus exister pendant un an et demi".
A l'adresse des communistes, réticents à son idée de "paquet" de candidatures communes cantonales-présidentielle-législatives, M. Mélenchon, conscient que PCF et PG sont désormais interdépendants, met la pression et prévient que "si nous ne sommes pas capables de présenter un candidat commun à l'élection présidentielle, cela veut dire que nous n'avons pas de vrai projet commun pour gouverner".
"Le rassemblement sera fort s'il est construit autour d'un projet partagé, pas s'il est conçu comme un ralliement à tel ou tel candidat", rétorque dans L'Humanité, Pierre Laurent. "Le temps viendra de savoir qui devra porter ce projet à la présidentielle", assure celui qui doit succéder à Mme Buffet à la tête du Parti en juin.
Selon un autre responsable, "beaucoup de communistes ne voudront pas refaire campagne avec Mélenchon", jugé "trop anti-socialiste", d'autant que les conseillers régionaux du Parti de gauche ont refusé de rejoindre les exécutifs avec le PS et le PCF, comme le préconisait le NPA.
Au PG, Eric Coquerel prévient qu'il faudra "éviter toute situation de machine à perdre" après l'échec d'une candidature unitaire à gauche du PS en 2007. Quant à des primaires au sein de "l'autre gauche", ce n'est "pas d'actualité", argue ce partisan d'une candidature Mélenchon, "la plus efficace" pour "avoir le score le plus haut possible".
Le Parti de Gauche dénonce la punition imposée au peuple grec par les dirigeants européens, le FMI et les grandes banques mondiales, ceux-là mêmequi sont les vrais coupables et profiteurs du malheur des Grecs.
Les comptes publics maquillés ? Les banques d'affaires comme Goldman Sachs les ont préparés pour le gouvernement grec. Le poids de la dette ? Il s'alourdit chaque jour à cause de la spéculation financière et des taux d'intérêt exorbitants exigés par les banques. Le risque de faillite ? Il serait conjuré si le traité de Lisbonne n'interdisait pas aux Etats emprunter auprès de la Banque Centrale européenne comme le font les banques à un taux d'1% seulement. Les sacrifices réclamés à cors et à cris ? Ce sont toujours les peuples qui doivent payer afin que la finance puisse continuer à s'empiffrer.
Face aux banques, où est donc « l'Europe qui protège » ? A peine la Grèce a-t-elle demandé à bénéficier de l'aide des autres Etats membres que la chancelière allemande s'y est refusé et a exigé de nouveaux sacrifices. En France, la ministre Lagarde annonce que l'argent prêté aux Grecs pourrait rapporter 150 millions d'euros à l'Etat, sans compter le bénéfice des banques. Décidément, derrière les belles paroles, tous cherchent à se faire de l'argent sur le dos du peuple grec !
Si les banques font plier la Grèce, elles attaqueront demain d'autres pays européens. C'est un bras de fer décisif qui s'engage entre les citoyens et les banques. Pour notre part nous affirmons le droit des européens à bénéficier des richesses quils produisent. Nous défendons la souveraineté populaire face aux diktats des banques. Nous affirmons la solidarité des peuples face à la compétition du marché libre.
Nous exigeons donc que l'argent prêté aux grecs le soit sans profit pour les banques, au taux de 1% dont elles bénéficient auprès de la BCE. Nous appelons à un rassemblement mercredi 28 avril à 18h30 devant le siège de l'Association française des Banques, 18 rue La Fayette à Paris 9e. Nous allons contacter toutes les organisations de gauche pour constituer le cadre unitaire le plus large pour ce soutien au peuple grec victime du parasitisme bancaire.
JEUDI, 15 AVRIL 2010 17:15 CONSEILLERS RÉGIONAUX IDF DU PG
Eric Coquerel, François Delapierre, Audrey Galland, Pascale le Néouannic et Jean-François Pellissier ont annoncé aujourdhui, à l'entrée de la séance plénière du CR d'Ile de France, la fondation du groupe « Front de Gauche & Alternatifs -Ensemble pour Ile de France à gauche solidaire, écologique et citoyenne ». Ces cinq élus régionaux, membres du Parti de Gauche et des Alternatifs, sont issus à la fois du rassemblement unitaire de la gauche au second tour et de la liste autonome « Ensemble pour une Ile de France à gauche solidaire, écologiste et citoyenne » au premier tour. Ce groupe se réclame de la majorité de gauche du Conseil Régional mais a choisi de ne pas participer à l'exécutif régional. Il a en effet considéré que les conditions de mise en Suvre de ses priorités programmatiques n'étaient pas remplies. Ces cinq élus porteront donc en toute liberté le mandat qui leur a été confié au premier tour par les électeurs qui se sont portés sur leur liste composée du Front de Gauche et dautres organisations dont Les Alternatifs.
Pascale le Néouannic, conseillère régionale sortante, a été élue présidente de ce groupe et Jean-François Pellissier vice-président.
Vous trouverez ci-dessous la déclaration politique du groupe.
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Nous créons aujourd'hui le groupe « Front de Gauche et Alternatifs ». Nous sommes des élus régionaux issus à la fois du rassemblement unitaire de la gauche au second tour et de la liste autonome « Ensemble pour une Ile de France à gauche solidaire, écologiste et citoyenne » au premier tour.
Nous sommes donc unitaires à gauche. Nous sommes partie prenante de la majorité de gauche du Conseil Régional et agissons pour qu'elle réussisse. C'est pourquoi nous ne soutenons pas les candidats de la droite dans les instances régionales et ne voterons pas pour M.Karoutchi à la présidence de la commission des finances.
Nous sommes autonomes. Nous avons choisi de ne pas participer à l'exécutif régional considérant que les conditions de mise en œuvre de nos priorités programmatiques ne sont pas remplies. L'exécutif agira en effet dans le cadre d'une Assemblée où le pôle PS - Europe Ecologie, avec ses orientations communes définies entre les deux tours des élections, est majoritaire. Tel a été le choix des électeurs et nous le respectons. Pour notre part, nous porterons en toute liberté le mandat qui nous a été confié au premier tour par les électeurs qui se sont portés sur la liste Ensemble composée du Front de Gauche et d'autres organisations dont Les Alternatifs et dont le programme constitue notre référence. ORIENTATIONS POLITIQUES DU GROUPE FRONT DE GAUCHE ET ALTERNATIFS - ENSEMBLE POUR UNE ILE DE FRANCE A GAUCHE SOLIDAIRE, ECOLOGIQUE ET CITOYENNE
Pour un nouveau modèle social et écologique Le modèle de développement impulsé par le capitalisme dans le monde entier est contraire à l'intérêt du plus grand nombre. Il dégrade profondément l'environnement. Il multiplie les inégalités. Il empêche la pleine émancipation humaine. Notre groupe pense qu'un autre avenir est possible. L'Ile-de-France est riche, financièrement comme humainement. Le conseil régional peut impulser la résistance à la politique du gouvernement en faisant de l'Ile de France un bouclier social face à la crise. Les élus de la majorité peuvent encourager les mobilisations sociales et écologiques qui sont le terreau d'un autre futur. Notre région peut aussi être le lieu d'invention d'un autre modèle social et écologique en rupture avec les logiques dominantes. Ce sera notre premier combat illustré par un grand nombre de propositions concrètes.
Nous proposerons la conditionnalité des aides de la Région pour en faire un levier de réorientation du développement régional. Nous agirons pour que les aides publiques soient réservées aux entreprises qui respectent des critères environnementaux et sociaux (limitation de la précarité, clauses d'évolution des salaires, action pour régulariser les sans-papiers, réduction des transports de marchandises inutiles, indépendance par rapport à la domination de la finance...) en nous inspirant notamment des pratiques de l'économie sociale et solidaire.
Nous militerons pour arrêter les financements de la région aux services privés concurrents du service public (lycées notamment) car l'argent public doit être exclusivement consacré à l'intérêt général.
Nous défendrons la mise en place de critères d'intérêt général dans les aides aux communes, prenant par exemple en compte la richesse de celles-ci, afin d'agir contre les inégalités sociales et territoriales. Nous agirons pour la construction massive de logements sociaux qui doivent être répartis plus également sur le territoire : c'est pourquoi nous demanderons la fin des subventions de la région aux communes qui ne respectent pas la loi SRU et s'affranchissent ainsi de leur devoir de solidarité en matière de logement. Nous soutiendrons le développement des actions de solidarité internationale qui peuvent contribuer à imaginer et bâtir un autre modèle de développement pour la planète. Pour la planification écologique Les déséquilibres sociaux et territoriaux de l'Ile-de-France ont un impact écologique majeur : pollution, émissions de gaz à effet de serre et autres nuisances (ondes électromagnétiques, pollution sonores...), diminution de la part des consommations -notamment agricoles- produites à proximité, recul des espaces naturels. Ils produisent aussi des conditions de vie de plus en plus pénibles : embouteillages, allongement des temps de transports, difficulté d'accès aux services publics... Face à cela l'action publique doit gagner en détermination et en cohérence. Pour notre groupe, l'heure est venue de mettre en œuvre une véritable politique écologique. Notre Région peut montrer l'exemple dans plusieurs directions, notamment l'eau et l'aménagement en lien avec les transports.
Nous proposons que la Région agisse pour encourager et faciliter la gestion en régie publique de l'eau. Pour nous, l'eau, fragile et nécessaire à la vie, doit devenir un bien commun de l'humanité. Dans de nombreuses collectivités elle est devenue une source de profits pour des entreprises privées, au détriment de la protection de cette ressource comme du consommateur.
Nous prônons une politique des transports publics en lien avec un urbanisme luttant contre l'étalement urbain et promouvant la construction de logements sociaux en zones denses. L'aménagement du territoire francilien doit avoir comme fil conducteur la réduction des mobilités subies et de l'usage des véhicules automobiles. Nous devons maîtriser la métropolisation de l'ile de France pour aller vers une « altermétropolisation », Nous plaidons donc pour un effort conséquent pour développer l'offre de transports publics, notamment en banlieue et en grande couronne au-delà des logiques de rocades afin de créer le maillage nécessaire à la Région de demain. Nous défendons également la mise en place d'une tarification unique au prix le plus bas et l'extension de la gratuité à celles et ceux qui sont exclus du droit à la mobilité faute de revenus (chômeurs, précaires, jeunes en formation ou en insertion...) Pour une révolution citoyenne Aucun des objectifs portés par notre groupe ne sera atteint sans une révolution citoyenne transformant en profondeur la gestion de notre collectivité. Notre groupe sera donc un lieu d'invention d'autres pratiques de gestion et de nouveaux outils d'intervention des citoyens dans la vie de leur région (budgets participatifs, votations, droits de pétition pour inscrire un point à l'ordre du jour du conseil régional...). Cette révolution citoyenne peut conduire à des confrontations avec le gouvernement. Nous y sommes prêts.
Pour nous, la souveraineté populaire ne s'arrête pas à la porte des traités européens. Le vote des Français doit être respecté en toutes circonstances. En conséquence, nous sommes prêts à la désobéissance européenne lorsque les choix politiques de la majorité des Franciliens sont contraires à des directives, notamment sur la question des services publics. Nous défendons la mise en place de nouveaux outils de démocratie régionale. Nous sommes notamment favorables à l'instauration démocratique de nouveaux indicateurs permettant d'évaluer l'action de notre collectivité. Nous voulons développer l'évaluation des politiques publiques comme celle des aides versées aux entreprises privées. Nous préconisons la mise en place de votations citoyennes sur les sujets vitaux pour les Franciliennes et les Franciliens. Nous voulons également une plus grande association des organisations syndicales et des associations à la politique régionale notamment sur les lycées, la formation, l'emploi, le logement et de la santé publique...
Nous voulons agir pour que chaque Francilienne, chaque Francilien se réapproprie pleinement l'espace public hors de toute politique ultra sécuritaire ( vidéo-surveillance ..) et la vie civique de notre région. Cela implique une action résolue contre toutes les formes de discrimination et pour l'égalité des droits de toutes et tous. Cela appelle aussi une politique culturelle contribuant à rendre aux classes populaires la dignité qui leur est niée par la culture de masse dominante, et notamment le système médiatique et publicitaire. Cela exige enfin un soutien volontaire en faveur de l'éducation populaire et du sport pour toutes et tous.
Projet de loi contre le port de la burqa, « une opération redoutable et nauséabonde... » (Marc Dolez au nom des députés du Front de Gauche à l’assemblée), lettre de Bruno Slama aux députés du PG et une lettre ouverte à Jean Luc Mélenchon
Vous trouverez ci-jointes deux interventions de Bruno Slama aux députés du Parti de Gauche et une lettre ouverte à Jean Luc Mélenchon relative à la réclamation « personnelle » de ce dernier en faveur de la loi contre la burqua. Je joins la déclaration de Marc Dolez au nom des députés du Front de Gauche à l’Assemblée Nationale.
AUX DEPUTES DU PARTI DE GAUCHE
Je connais bien Marc pour avoir été à ses côté à la direction de Forces Militantes pendant des années, et un peu Martine pour l’avoir reçu à une réunion « Appel de Politis » que j’ai organisé à Clermont, mais je m’adresse à vous trois qui êtes nos députés du Parti de Gauche à l’Assemblée Nationale.
J’ai apprécié ce que Marc Dolez a dit, probablement au nom de vous trois, à l’Assemblée Nationale :
« L’instrumentalisation de cette question du voile intégral est une opération redoutable et nauséabonde dont nous pouvons d’ores et déjà observer les effets sur la division de notre société, et dont il ne faut pas non plus minimiser les conséquences sur le plan international. »
Il n’y a rien a redire. La loi sur le voile intégral est nauséabonde. Elle vise à stigmatiser une partie de la population, à créer les conditions d’un pogrom. Comme le dit Serge Halimi elle vise bien sûr à masquer le débat sur la crise, les retraites, le chômage. Et elle le fait selon un processus mille fois répété : trouver un responsable. Ce n’est pas le juif comme dans les années 30 : le racisme a changé sa cible.
Tout cela est clair. Alors quand j’ai entendu le président Mélenchon expliqué à France Inter qu’il fallait voter la loi Sarkozy j’ai halluciné.
Sur le fond bien sûr. Cette loi est « nauséabonde ». La voter c’est se rallier à Sarkozy sur les positions du Front National.
Sur la forme. Même si le président Mélenchon précise que c’est une position personnelle, elle est reçue comme la position de tout le PG. Qui d’autre que lui d’ailleurs est invité à France Inter ?
Martine vient demain à Clermont ce qui nous donnera l’occasion d’en discuter. Mais je serais rassuré que chacun de vous me dise qu’il est hors de question pour lui de voter cette loi.
Bruno Slama.
INTERVENTION DE MARC DOLEZ A L ASSEMBLEE NATIONALE
Voile intégral: Pas de consensus possible sur une manipulation
Les députés communistes, républicains, du parti de gauche ont, lors de leur réunion de groupe du 27 avril 2010, condamné avec la plus extrême fermeté l’opération malsaine qui a débuté avec le débat sur le voile intégral et s’est amplifiée avec celui sur l’identité nationale. Le 11 mai prochain, en séance publique, une proposition de « résolution » du groupe UMP portera sur le même sujet. Elle vise à obtenir un consensus qui vaudrait pour le projet de loi gouvernemental qui suivra.
L’instrumentalisation de cette question du voile intégral est une opération redoutable et nauséabonde dont nous pouvons d’ores et déjà observer les effets sur la division de notre société, et dont il ne faut pas non plus minimiser les conséquences sur le plan international.
L’opération politique en cours ne saurait leurrer nos concitoyens sur la volonté de la majorité : celle de masquer ses échecs et d’avoir plongé le pays dans les plus grandes difficultés.
Cette manipulation de grande ampleur ne nous détournera pas des vrais enjeux de notre société ni de notre volonté de répondre aux difficultés auxquelles elle est confrontée au quotidien. Le chômage, l’exclusion sociale, la pauvreté, les inégalités, les retraites paupérisées, le « mieux vivre ensemble », voilà les questions qui sont au cœur des préoccupations de nos concitoyens et qui figurent au premier rang de nos combats.
Prêt à tout pour maintenir sa domination, Nicolas Sarkozy n’hésite pas, en confortant les extrémistes les plus radicaux, à tendre les relations sociales dans notre pays, et à créer toutes les conditions pouvant conduire aux pires dérapages.
Les députés communistes, républicains, du parti de gauche combattent, avec la plus grande détermination, tous les extrémismes et dérives sectaires, toutes les dominations, et notamment celles qui conduisent à l’exclusion et au non respect de la dignité des femmes.
En conséquence, les députés communistes, républicains, du parti de gauche refusent d’être mêlés à la manipulation dangereuse qu’est la proposition de « résolution » de l’UMP présentée le 11 mai prochain.
LETTRE OUVERTE A JEAN LUC MELENCHON ET AUX MILITANTS DU PARTI DE GAUCHE
Lorsque j’ai entendu, sur France Inter, Jean Luc Mélenchon réclamer “à titre personnel” le vote de la loi contre la burqa, les bras m’en sont tombés. Ce n’était pas un militant de l’UMP, ni un responsable du front national mais le président du Parti de Gauche qui prenait cette position ! Je n’en revenais pas. J’ai réécouté l’intervention
J’avais bien entendu. Le président du Parti de Gauche a pris position pour une loi de stigmatisation des populations arabes et musulmanes les plus pauvres, pour une loi raciste et xénophobe.
Revenons un peu en arrière dans l’histoire du mouvement ouvrier socialiste et sur Léon Blum qui passe, à juste titre, pour un homme modéré. En 1930, lors du congrès de Paris de la SFIO, n’en croyant pas ses oreilles, après avoir entendu des dizaines d’orateurs dont de très nombreux parlementaires, stigmatiser les étrangers, faire référence à l’identité nationale, à la république tricolorisée, il monte à la tribune pour prononcer la célèbre formule :
“Chers camarades, je suis horrifié (...) nous avons deux conceptions antinomiques du socialisme.”
Léon Blum propose alors l’expulsion de Déat et de Marquet. En 1930-31-32, les “néo” ne sont ni fascistes, ni nazis, mais comme Léon Blum l’avait perçu, ils sont sur le chemin qui conduira au pire.
Le vote de la loi sur la burqa est de même nature. Avec cette loi, demain on pourra provoquer tous les incidents qu’on veut contre ceux qui n’ont pas la peau blanche ! Cette loi n’organise pas des pogromes contre les émigrés, pas plus que les lois contre les étrangers dans les années 30 n’annonçaient le port de l’étoile jaune. Mais cela en prépare les conditions politiques !
L’un de nos députés Marc Dolez a déclaré au parlement que cette loi était nauséabonde. Il a totalement raison.
A droite comme à gauche, des hommes politiques « bien pensant » montent en ligne pour défendre contre la burqa les « valeurs de la république ». Mais de quelle république parle-t-on ? De la république de Versailles ou de celle de la Commune ? De la république des colonies ou de celle des indépendances nationales ? La république de Sarkozy ne peut d’aucune manière être celle pour laquelle nous combattons.
Ajoutons un mot, quand Jean-Luc Mélenchon s’exprime sur une radio publique et dans le Monde, c’est tout notre parti qu’il engage. Il n’est pas possible, il n’est plus possible que ceux qui nous représentent s’expriment sur les grandes questions, sans que nous en ayons auparavant discuté. Cela s’appelle la démocratie.
Il faudrait naturellement que Jean-Luc Mélenchon fasse son autocritique et revienne à un comportement plus modeste. Mais d’autre côté, il faut que nous les militants, nous nous engagions dans le débat. Dans le cas contraire nous allons à la catastrophe.
On dirait qu'ils découvrent les penchants de leur dirigeant tout puissant... Quand on est antiraciste, antisexiste, on évite d'aller dans un parti dirigé par Mélenchon si possible...
Le coup de "Mais de quelle république parle-t-on ? De la république de Versailles ou de celle de la Commune ?" est tout aussi rigolo. Évidemment que le PG défend celle de Versailles, on dirait qu'il tombe des nues...
Je ne sais pas qui est Bruno Slama, mais sa réaction est juste, et montre si besoin était qu'il y a au PG des gens avec qui on peut lutter ou au moins discuter.
Par ailleurs, je suis à peu près certain qu'il y a au NPA par exemple, une minorité qui, quoique "silencieuse" pour l'instant, serait prête à entériner une loi de ce genre.
Je ne sais pas qui est Bruno Slama, mais sa réaction est juste, et montre si besoin était qu'il y a au PG des gens avec qui on peut lutter ou au moins discuter.
Oui il y a des militants PG avec qui discuter. Ça ne m'empêche pas de trouver rigolotes leurs illusions.
luco a écrit:Par ailleurs, je suis à peu près certain qu'il y a au NPA par exemple, une minorité qui, quoique "silencieuse" pour l'instant, serait prête à entériner une loi de ce genre.
A ma connaissance non, et en tout cas personne n'a écrit quoi que ce soit en ce sens (je me suis pourtant fadé 60 pages de contributions sur religion, émancipation, etc suite à la candidature d'Ilham Moussaïd), alors si elle existe, cette minorité est très silencieuse... Ça ne m'empêche pas d'être en désaccord voire choqué par certaines positions dans le parti, mais au moins sur cette loi, on est d'accord.
Dans tous les cas et c'est peut-être le plus significatif ici, notre porte-parole ne se permettrait pas de donner son avis personnel au lieu de la position du parti, sans subir de très fortes remontrances (au minimum).
J’ai fait ma valise et rien ne m’arrêtera ! par Jean luc Mélenchon vendredi 29 octobre 2010
Je suis rentré de la manifestation du jeudi 28 octobre plutôt content de ce que j’ai constaté comme niveau de mobilisation. Même la menace de Ben Laden n’a pas marché. Pour la suite, le rendez vous est pour le 6 novembre et il va falloir préparer ça soigneusement. Je le répète : ce n’est pas fini, le bras de fer continue car nos syndicats nous appellent à l’action samedi prochain. Cette note sera brève parce que je dispose de peu de temps pour la rédiger. Je vais faire une pause de trois jours et c’est peu dire que j’y cours ! Il y a un mot sur les flots d’injures dont j’ai été accablé. Puis je donne le texte de notre demande de commission d’enquête sur la gestion des forces de l’ordre et les méthodes utilisées dans le cadre des mobilisations sociales de 2010 contre la réforme des retraites. Puis, pour proposer une synthèse des évènements en cours, je publie une tribune lue dans « l’Humanité » sous la signature de Benoit Schnekenburger dans laquelle je me reconnais assez complètement. Peut-être voudrez-vous la faire circuler si vous la ressentez comme moi.
Mes lecteurs qui découvriraient ce blog aujourd’hui savent qu’ils peuvent jeter un œil sur les notes précédentes pour se faire une idée de mon appréciation du moment que nous vivons. Et tous doivent se souvenir qu’il est possible de recevoir la lettre d’information de ce blog en s’inscrivant dans la cadre prévu à cet effet à droite de l’écran.
Je suis rudement traité. C’est bien normal quand on s’avance dans le combat social et politique de gauche. Mais pourquoi faut-il qu’à gauche aussi d’aucuns se mettent aux infamies ? Pourquoi m’injurier de façon aussi blessante. Car le record d’infamie est facilement attribuable à Jean Paul Huchon s’il est bien exact qu’il ait affirmé selon l’express.fr que je serai « pire que Le Pen ». Rien de moins. Au moins vous saurez que cet honnête homme préfèrera voter Le Pen que Mélenchon au deuxième tour si le cas se présentait car il sait qui est le moins pire à ses yeux. Avant celui-ci madame Ruth Elkrief avait déjà affirmé qu’elle ne voyait aucune différence entre moi et lui. Supposez un quart de seconde que j’ai dit le dixième de cela au sujet d’une quelconque de ces précieuses personnes. Et pourquoi tout cela ? Parce que j’ai dit ce que je ressentais en écoutant monsieur Pujadas maltraiter l’ouvrier Xavier Mathieu ! Le Parti Socialiste, dont j’ai été membre trente ans et dirigeant pendant quinze ans, Martine Aubry acceptent-t-il que l’on parle ainsi d’un autre responsable de la gauche ? Mais qui suis-je pour oser réclamer le respect de l’engagement politique de toute ma vie ? Pour eux, je ne suis pas à leur niveau, au propre et au figuré. Comment le pourrais-je ? Bernard Henri Levy vient de déclarer que j’ai « le niveau de la classe de cours élémentaire première année ». Pourtant pas un ne s’est risqué au début de commencement d’une critique sur la moindre ligne de mon livre « Qu’ils s’en aillent tous ». A moins que ce soit seulement la réponse au titre.
« Le cri du peuple : le retour de la politique ». C’est le titre du papier de Benoît Schneckenburger, Professeur de Philosophie à Paris, chercheur en sciences politiques, paru dans « l’Humanité ». Sa lecture permet de placer de façon sérieuse la signification de l’accusation de populisme brandi par les belles personnes chaque fois que parait quelque chose qui dérange leurs privilèges.
« Le choix du chef de l’État d’accélérer la procédure parlementaire pour faire adopter son projet concernant le recul de l’âge de départ à la retraite ne participe pas seulement d’une crainte de voir le mouvement de grève s’enraciner. Il signe le refus d’écouter la parole du peuple, à l’assemblée comme dans la rue. Il montre par là une crainte ancestrale, celle du peuple. C’est une constante dans l’histoire de la domination politique que d’ignorer les messages issus du peuple, que de vouloir lui dénier toute participation directe. Le projet de la majorité gouvernementale, comme tant d’autres depuis des années, a été présenté comme le seul possible, placé sous la double évidence de la démographie et de l’économie. L’appel à une solution consensuelle lancé au lancement de cette contre-réforme entendait là encore faire croire que cette solution tombait sous le sceau de la nécessité, c’est-à-dire à la faire sortir du débat politique. Que n’a-t-on entendu sur la rationalité de cette réforme face à laquelle les opposants figuraient alors pour des fous, des dangereux rêveurs ou des opportunistes. Ne nous laissons pas tromper par les tenants du discours dominant. La politique change de camp. Ce sont précisément ceux qui méprisent le peuple qui entendent lui dicter sa conduite, lui dire sa vérité, et placer leurs intérêts propres sous la caution d’un discours économique par là indiscutable. Pour cela il leur faut aussi dénier que le cri du peuple ait un sens.
Il ne manque pas d’observateurs sérieux pour dénoncer démagogie, archaïsmes et corporatismes portés par les protestataires. Ils entendent rendre inaudible le discours du peuple. Il s’agit toujours de répéter que le peuple qui crie n’a rien à dire, que les vociférations de la foule n’ont rien de raisonnable. D’ailleurs tous les dérapages seront montés en épingle pour renforcer l’idée que le peuple assemblé dans la rue n’est, selon le mot de Bodin, que « la populace qu’il faut ranger à coups de bâtons ». Quelques centaines de casseurs masquent bientôt les millions de manifestants et de grévistes, quelques émeutiers cachent la masse immense des salariés. Dans un entretien récent, Gérard Mordillat soulignait combien les images médiatiques tendaient à transformer les revendications populaires en un simple bruit : tambours, slogans à peine audibles, pétards. Tout l’attirail des manifestants retourné contre eux, il devient l’écran de fumée qui masque son expression.
Et pourtant, comme lors du débat contre le traité constitutionnel européen, ces cris du peuple manifestent son retour en politique. Ce retour passe certes par un moment négatif, celui de la révolte contre. Mais comme le soulignait Camus, ce « non », scandé mille fois, est un oui : « Qu’est-ce qu’un homme révolté ? Un homme qui dit non. Mais s’il refuse, il ne renonce pas : c’est aussi un homme qui dit oui, dès son premier mouvement. » Il faut entendre ce que porte le discours de défense du système de retraite par répartition et de l’âge légal de départ à 60 ans. Exemplaire à ce titre l’autocollant « Je LUTTE des classes » que l’on voit à chaque manifestation. Le cri de chacun devient celui de tous. L’atomisation des solidarités à laquelle veut nous contraindre la logique libérale se heurte au sentiment profond de la nécessité d’une réponse collective. Exemplaire également la lente construction d’un mouvement qui aujourd’hui reçoit l’aval de la majorité de la population. Il a fallu que chacun se déprenne de l’évidence sans cesse ressassée de ce projet de loi. Il a fallu sortir peu à peu de la stupeur provoquée par le discours dominant, pour oser crier son refus. Il a fallu que chacun prenne conscience du caractère politique et du choix de société que suppose la question des retraites. Le profond sentiment d’injustice se transforme peu à peu en revendication politique d’autres rapports que ceux portés par des décennies de discours libéral qui en appelaient à la seule logique marchande. L’injustice appelle la solidarité, et celle-ci appelle à son tour des réponses collectives.
Le cri du peuple porte la renaissance du peuple. Car un peuple n’est rien en dehors des combats politiques qu’il mène. Tout l’enjeu des mobilisations consiste à faire entendre ce cri par lequel le peuple prend conscience de lui-même et réclame le droit de s’intéresser à la politique. Le cri du peuple porte le retour de la politique. »
Voici, à présent, le texte de la proposition de commission d’enquête parlementaire déposée par les parlementaires du PG, du PCF et des Verts. Je le publie parce qu’il propose une forme concrète et républicaine pour répondre aux interrogations qui pèsent sur la question de l’emploi des forces de police dans les mouvements sociaux récents. Je renvoie mes lecteurs à ce que j’en dis dans les deux précédentes notes que je viens de publier cette semaine, à mesure que le problème se précisait. Le contenu extrêmement précis des motifs de saisine de cette commission d’enquête montre que nous n’avons pas l’intention d’être dans le vague et l’insinuation mais sur le terrain très précis des faits vérifiés et pris de la bouche des responsables et témoins. C’est exactement la méthode qui a été appliquée en 1986 pour la commission d’enquête qui avait été constituée dans chacune des deux assemblées à la suite de la mort de Malik Oussékine.
« le projet de loi sur les retraites suscite une forte mobilisation sociale, multiforme et inscrite dans la durée. L’opposition à la dérive sécuritaire du gouvernement et à sa politique envers les résidents étrangers, les revendications de certaines professions telles que les infirmiers-anesthésistes, la défense des mal-logés et bien d’autres causes ont également donné lieu à des actions revendicatives. Ces dernières semaines, face à ces mobilisations, il a été observé une politique répressive en rupture avec les pratiques habituelles. Elle suscite de nombreuses interrogations, quant au respect des libertés individuelles et des droits collectifs, et des principes mêmes qui fondent notre République.
Parmi ces pratiques répressives, il a été relevé notamment :
1) La technique d’encerclement des manifestants sans possibilité de quitter les lieux de la manifestation, et ce, pendant des heures (lors de manifestations place Bellecour à Lyon, lors de l’évacuation d’un squat place des Vosges à Paris…)
2) la présence de policier en civil sans signes distinctifs permettant de les distinguer lors d’actions violentes
3) des agressions contre des manifestations syndicales suivies de poursuites judiciaires contre des syndicalistes et de condamnations (par exemple à Saint-Nazaire)
4) l’utilisation répétée d’armes dangereuses (lanceur de balle de défense – « flash-ball » – à Montreuil, grenades offensives à Lorient…)
5) D’autre part, le recours à la réquisition contre les travailleurs des raffineries, procédure tombée en désuétude depuis 1963, a été décidé dans la précipitation, sur des bases juridiques contestées à plusieurs reprises, avec des décisions de justice invalidant certains arrêtés préfectoraux.
6) Enfin, des journalistes se sont plaints d’entrave à l’exercice de leur profession, voire de violences à leur encontre, alors qu’ils couvraient les manifestations et que leur qualité de journaliste était connue.
La cohérence de cet ensemble de données questionne sur l’évolution des réponses policières et judiciaires apportées aux mobilisations populaires. La commission d’enquête que l’Assemblée nationale aurait pour mission :
De procéder à un relevé aussi complet que possible des faits et à la vérification des témoignages des différentes parties, de déterminer dans chaque cas d’espèce les modalités de décision et les responsabilités des différents acteurs, d’étudier la validité juridique des choix effectués, d’évaluer les conséquences de ces nouvelles pratiques. Et, le cas échéant, de formuler des recommandations pour remédier aux éventuels dysfonctionnements.
Proposition de résolution.
Article unique. En application des articles 140 et suivants du Règlement, est créée une commission d’enquête de trente membres relative à la gestion des forces de l’ordre et aux méthodes utilisées dans le cadre des mobilisations sociales courant 2010. Elle devra notamment faire le point sur : 1) les techniques, armes et choix tactiques utilisés lors des mobilisations sociales depuis le printemps 2010, envers les manifestants, les passants et la presse, 2) les modalités de décision et les responsabilités des différents acteurs, 3) la validité juridique des choix effectués et les conséquences de ces pratiques, 4) dans ce cadre, un point d’attention particulier sera porté par la commission sur les forces de l’ordre volontairement non identifiées en tant que tel, leurs méthodes, leurs choix tactiques, la chaîne de commandement et les conséquences juridiques et pratiques.
Elle formulera des propositions pour remédier aux éventuels dysfonctionnements qui seraient en contradiction avec le respect des libertés publiques et les valeurs fondamentales de la République. (…) »
Enfin, à l’instant de quitter mon clavier, je découvre une polémique à propos d’un vote négatif au parlement européen du groupe GUE auquel j’appartiens sur une résolution demandant entre autre chose l’instauration d’une taxe type taxe Tobin. Pour une raison que j’ignore des élus prennent le mors aux dents et en font prétexte pour s’en prendre au Front de gauche. Je ne réponds à rien de ce qui se lance d’agressif qui me parait assez mal venu et plutôt politicien. Je peux expliquer pourquoi nous avons voté contre en publiant l’article 77 qu’il fallait avaler avec cette résolution. Et je vous laisse juge de savoir si une promesse de taxe Tobin valait la peine que nous sous dédions de nos engagements et principes sur la question des retraites. Lisez et jugez : « 77. prend acte de ce que le grand krach éclaire d’un jour nouveau le défi démographique et celui du financement des retraites ; considère que le financement des pensions ne peut être entièrement laissé au secteur public, mais doit reposer sur des systèmes à trois piliers, comprenant des régimes de retraite publics, professionnels et privés, dûment garantis par une réglementation et une surveillance spécifiques destinées à protéger les investisseurs ; considère en outre que les retraites devront être réformées à l’échelle européenne pour contribuer à financer la solidarité intergénérationnelle ; considère que l’allongement de la durée de vie soulève des questions transversales en termes d’organisation de la société qui n’ont pas été anticipées ; »
Un bras d’honneur au peuple français par le Parti de Gauche lundi 15 novembre 2010
Après une mobilisation populaire sans précédent contre la réforme des retraites et la politique de la droite, le remaniement constitue un véritable bras d’honneur adressé au peuple français. Le nouveau gouvernement, annoncé depuis neuf mois, ressemble comme deux gouttes d’eau au précédent. C’est un premier ministre majoritairement rejeté par le peuple qui a été reconduit. Presque tous les porte-flingues qui ont affronté le peuple pour le compte du président de la République se voient récompensés.
La concurrence féroce pour les maroquins a montré une droite déchirée. Cet épisode a multiplié les fractures aussi bien entre les membres du nouveau gouvernement qu’avec ceux qui en ont été éjectés. Dans ce contexte, Sarkozy a choisi l’affrontement avec le peuple français pour rassembler son camp morcelé.
Pas de doute, cette nouvelle provocation va encore aggraver la crise politique d’un pays où monte chaque jour le cri
Je l'ai entendu à la radio, en gros il se veut le Chavez français. "Il faut s'allier avec la Chine contre les USA" qu'il nous dit. Car les USA, c'est le MAAAAL
Le Parti de Gauche réagit aux propos insultants de Manuel Valls et Jean Paul Huchon par le PG mercredi 10 novembre 2010
Manifestement le poids que prend le Parti de Gauche et Jean-Luc Mélenchon dans la situation politique et sociale que nous connaissons irrite ceux qui pensent que leur hégémonie sur la gauche est intangible. Preuve sans doute que l’on commence à comprendre que nous sommes sérieux quand nous expliquons, avec le Front de Gauche, qu’il faut bousculer les rapports de force à gauche pour être en capacité de battre la droite. Ceux qui n’ont nulle envie de se voir ainsi bousculés commencent à nous prendre pour cible.
Mais certains le font en dépassant les limites que chacun espère voir maintenues dans un débat entre forces de gauche. Ce week-end, Manuel Valls a ainsi expliqué dans le Parisien que les déclarations de Jean-Luc Mélenchon constituaient un danger pour la démocratie ! Certes il s’agissait d’un message également envoyé à Benoit Hamon qu’il accuse de se « mélenchoniser » sur la question des retraites, mais sa diatribe est évidemment scandaleuse. Pas plus que celle de Jean-Paul Huchon, Président du Conseil régional d’Ile de France, qui a ouvert le feu fin octobre en expliquant que Jean-Luc Mélenchon était pire que Le Pen sur l’Express.fr ! Ce type de déclaration est évidemment insupportable. Nous avons donc écrit officiellement à Martine Aubry pour lui demander de réagir.
Vous trouverez la lettre ci-dessous.
Madame la Première secrétaire, Chère camarade,
Le 27 octobre dernier, le site internet de l’Express citait Jean-Paul Huchon. A propos de Jean- Luc Mélenchon, votre camarade et Président de la Région Ile de France disait : « Son langage (celui de Jean-Luc) est proche de celui de l’extrême droite, mais c’est plus grave que Le Pen ! Il incarne le populisme d’extrême gauche ». France Inter a notamment, depuis, repris cette déclaration.
Si ces propos rapportés sont confirmés, vous comprendrez qu’ils nous inquiètent considérablement. Tout d’abord, dire qu’un homme condamné pour des propos négationnistes est moins dangereux qu’un républicain attaché aux principes de liberté, d’égalité et de fraternité, c’est évidemment relativiser le danger que constituent les actes et idéologies du premier. L’homme, dont le parti a accueilli des personnes condamnées pour fait de collaboration, serait donc moins dangereux que le Président d’un parti dont quatre des conseillers régionaux siègent dans la majorité de Jean-Paul Huchon ? On voit bien à quelle logique aberrante peut amener de telles insultes.
En outre, ce type de déclaration ne peut qu’aggraver la confusion politique en travaillant à effacer le clivage gauche/droite. Il reprend en effet implicitement le vieux couplet des extrêmes qui se rejoignent. Il fait même pire puisque pour lui, le populisme d’extrême gauche serait plus grave que celui d’extrême droite... On a beau, comme votre parti et le nôtre, ne pas se revendiquer de l’extrême-gauche, ce genre d’amalgame nous préoccupe : il est porteur de risques de séparations irrémédiables à gauche qui ne peuvent que servir la droite et l’extrême droite.
Au passage, il répond implicitement à la question que nous posons à votre parti : au 2ème tour de toutes les élections, y compris les Présidentielles, pratiquerez-vous a minima le désistement républicain si le candidat ou la candidate de gauche arrivé en tête est issu du Parti de Gauche ? Nous attendons désormais avec d’autant plus d’impatience votre réponse que la conclusion que l’on pourrait tirer de la diatribe de Jean-Paul Huchon nous inquiète. Ne trouvez- vous pas qu’il y a de meilleures leçons d’unité contre la droite que celle-ci ?
Enfin, déjà scandaleuse par principe, ce type de phrase est encore plus confondante de bêtise au moment où la mobilisation contre la réforme des retraites nécessite de ceux qui y sont opposés, un minimum d’unité. Mais est-ce une priorité pour Jean-Paul Huchon ? Vous nous permettrez d’en douter.
Nous souhaitions donc, Madame la première secrétaire, protester vigoureusement contre ces propos insultants vis-à-vis de notre Président et donc de tous les militants et militantes de notre parti. Nous sommes certains que ni vous, ni la très grande majorité du PS, n’assumez cette déclaration. Mais nous ne pouvons la passer sous silence car ce serait légitimer la possibilité de relations de ce type entre nous et plus généralement entre des partis, responsables et militants de gauche. Il s’agirait d’une évolution catastrophique dans le débat politique de notre République. Le groupe Front de Gauche & Alternatifs, auquel nos élus appartiennent au Conseil régional d’Ile de France, a écrit à Jean-Paul Huchon pour demander soit un démenti public de ces propos (nous préférerions croire à une affabulation du journaliste), soit au moins des excuses. Nous espérons que vous appuierez cette demande fort légitime. Nous sommes donc l’attente d’une réaction officielle de votre part. Dans cette attente, veuillez agréer, Madame la Première secrétaire, chère camarade, nos plus fraternelles salutations.
Eric Coquerel Secrétaire national en charge des relations unitaires