Déclaration du VIIIe Congrès mondial de la IVe Internationale AUX TRAVAILLEURS, AUX JEUNES, AUX MILITANTS DE TOUTES TENDANCES DU MOUVEMENT OUVRIER ET DÉMOCRATIQUE 29 avril 2013Le VIIIe Congrès mondial de la IVe Internationale vient de clore ses travaux. Nous, délégués de 50 pays, qui avons participé à ce congrès, voulons soumettre nos principales conclusions à la discussion.
L’ordre du jour de notre congrès prévoyait une large discussion consacrée à la lutte contre la guerre et les interventions et occupations militaires qui, partout, menacent l’humanité.
Mais, alors même que se poursuivait cette discussion, une dépêche de presse tombait : « Le gouvernement de Mariano Rajoy a autorisé les USA à déployer sur le territoire espagnol une force d’intervention rapide, en prévision d’un chaos généralisé prévu en Algérie. A la base de Moron de la Frontera située dans la province de Séville en Andalousie se déploieront dans les jours qui viennent un demi-millier d’éléments des forces spéciales, relevant du corps des Marines de l’US Navy, ainsi que 8 avions militaires américains. Cette force d’appoint américaine sera investie de la mission d’intervenir en Algérie où les prémices d’un chaos généralisé se font de plus en plus précises, notamment dans le sud du pays et à l’approche des présidentielles par lesquelles l’actuel président, Abdelaziz Bouteflika, compte s’éterniser au pouvoir en se confectionnant un scrutin le faisant succéder une 4e fois à lui-même. Selon le journal londonien, Al Quds Al Arabi qui a rapporté cette information, la décision espagnole d’autoriser les USA à déployer leurs forces s’est prise inhabituellement vite. En effet, quelques jours ont suffi à Mariano Rajoy pour transmettre son feu vert à Washington pour dépêcher ses forces et ses avions témoignant ainsi par sa hâte de l’imminence du danger couvant en Algérie, le régime pouvant tomber en désuétude à tout moment. »
Ainsi donc, l’impérialisme US procède à des préparatifs d’intervention en Algérie. A cet effet, une nouvelle fois, il fabrique de toutes pièces un scénario pour « justifier » une intervention militaire imminente, et cela au nom de « la démocratie » et de la lutte contre « le chaos ». La véritable raison n’est-elle pas le refus de l’Algérie de faire participer son armée nationale à la guerre de l’impérialisme français au Mali et de la financer ? La véritable raison n’est-elle pas à chercher d’abord dans le refus légitime de l’Algérie de céder aux exigences des multinationales, en préservant un contrôle majoritaire de l’Etat sur le gaz et le pétrole ? La véritable raison n’est-elle pas le refus ferme et clair de l’Etat algérien de toute ingérence, qu’il s’agisse de l’ingérence étrangère dans la politique intérieure du pays ou d’une ingérence algérienne à l’extérieur ?
La menace qui se précipite contre la nation algérienne est d’une gravité majeure. Elle porte en elle la dislocation totale de la région. Saisi de cette information, le VIIIe Congrès mondial de la IVe Internationale a modifié son ordre du jour. La guerre devient désormais la forme permanente d’un système d’exploitation capitaliste en pleine crise de décomposition, qui ne parvient plus à survivre que par la destruction massive des forces productives, au premier rang desquelles : la destruction de la force de travail, et cela, alors que l’ensemble du système de domination politique de l’impérialisme est totalement ébranlé.
La classe ouvrière, le mouvement ouvrier, entraînant avec eux toutes les couches populaires, refusant dans la clarté toute forme de soutien aux politiques guerrières, ont la capacité de contraindre l’impérialisme à reculer. Dans ce but, la IVe Internationale déploiera tous les efforts pour contribuer au déploiement de la plus large campagne dans l’unité qui s’impose pour empêcher l’intervention, campagne qui concentre aujourd’hui le combat pour en finir avec le système d’exploitation. Venus de tous les continents, les délégués au VIIIe Congrès mondial de la IVe Internationale ont, d’une seule voix, affirmé : « Cette guerre d’agression contre l’Algérie ne doit pas avoir lieu ! Bas les pattes devant l’Algérie ! Non à l’intervention ! » et pris les dispositions pour appuyer et déployer sans délai à l’échelle internationale et dans chaque pays les plus larges initiatives d’unité sur ces mots d’ordre.
Un délégué a rappelé : « En 2003, le président Bush avait annoncé le plan US dit de Grand Moyen Orient, et en 2006, Condoleeza Rice annonçait le nouveau plan du Moyen Orient. C’était le dépeçage de toutes les nations sur des bases ethniques, religieuses et communautaires. Aujourd’hui, ces plans sont étendus dans toute la région du Sahel. L’Algérie qui s’est dressée comme nation dans la lutte révolutionnaire victorieuse contre le colonialisme français, devenue aujourd’hui le plus grand pays d’Afrique qui recèle des richesses et qui reste un Etat souverain devient un obstacle ». C’est un fait : c’est bien cet « obstacle » que la menace d’intervention impérialiste imminente voudrait balayer.
L’urgence de la situation née de cette menace contre l’Algérie exprime la profonde unité des problèmes auxquels les travailleurs et les peuples sont confrontés sur tous les continents. Un délégué a souligné : « Concernant les pays opprimés par l’impérialisme, bien évidemment c’est à la classe ouvrière qu’il revient de prendre en charge les questions démocratiques nationales. Mais le front uni anti-impérialiste appelle, y compris, à passer des accords, à réaliser l’unité avec des organisations petite-bourgeoises voire nationalistes bourgeoises, ou même des fractions de l’appareil de l’Etat dès lors qu’il s’agit de résister à l’impérialisme. Mais la politique de front uni anti-impérialiste exige au préalable une politique indépendante. Parce que nous sommes pour la défense de la nation et de la souveraineté nationale, nous soutenons tout pas qui va dans ce sens. Partisans de la souveraineté du peuple, nous nous battons pour la démocratie véritable parce que nous sommes indépendants et que pour nous, la rupture avec l’impérialisme implique de restituer la parole au peuple, et la réappropriation de toutes les richesses. Pour nous, cette politique s’inscrit dans le combat pour un gouvernement ouvrier et paysan. »
Les travaux du congrès de la IVe Internationale ont, comme prévu, dans un ordre du jour modifié, examiné tous les aspects de la situation mondiale : les guerres qui se multiplient et s’étendent en Afghanistan, en Irak, l’occupation militaire qui se poursuit en Haïti, les menaces d’interventions militaires impérialistes contre l’Iran et la Syrie, l’ingérence de l’impérialisme US au Venezuela, tout cela intervenant après l’intervention militaire impérialiste en Libye ; mais aussi les puissantes mobilisations révolutionnaires, qui, après la Tunisie et l’Egypte, ont marqué le continent européen et ouvert la voie à un ébranlement généralisé de toutes les institutions, les puissantes grèves et manifestations en Grèce, en Espagne, au Portugal contre les plans destructeurs de la troïka et les obstacles auxquels elles se heurtent. Le congrès de la IVe Internationale a bien passé en revue les différentes initiatives de front unique dont ses sections sont partie prenante sur les différents continents. Le congrès a conclu à la nécessité de travailler partout à construire et renforcer les sections de la IVe Internationale, en inscrivant la construction de partis révolutionnaires dans l’action, sous des formes appropriées à chaque pays, pour l’indépendance des organisations ouvrières, par la construction de partis ouvriers indépendants ou de regroupements ouvriers politiques indépendants dont la IVe Internationale revendique d’être une composante.
De tout cela, il sera largement rendu compte dans le prochain numéro de La Vérité qui sera consacré au compte-rendu du congrès.
Pour l’heure, nous voulons concentrer la conclusion de cette déclaration sur cette appréciation : l’engagement révolutionnaire des sections de la IVe Internationale – à savoir l’émancipation des travailleurs des chaînes de l’exploitation et de l’oppression par les travailleurs eux-mêmes – se concentre aujourd’hui dans l’engagement inconditionnel dans la campagne contre l’intervention en Algérie, en défense de son intégrité et de sa souveraineté. Cet engagement concentre en cet instant précis la position de principe de la IVe Internationale qui, en toutes circonstances, combat pour l’indépendance du mouvement ouvrier : contre la guerre, contre toutes les interventions militaires étrangères et les politiques d’ingérence, pour le retrait de toutes les troupes, pour le respect de la souveraineté de toutes les nations.
Travailleurs, militants et jeunes de toutes tendances du mouvement ouvrier et démocratique, en cette heure de l’histoire de l’humanité où tout semble s’accélérer, la IVe Internationale vous invite à prendre connaissance de ses propositions, à poursuivre avec elle la discussion engagée, et à rejoindre son combat.
Adoptée à l’unanimité par le VIIIe Congrès mondial de la IVe Internationale