Lutte Ouvrière (2011-2012)

Re: Lutte Ouvrière

Messagede kuhing » 17 Avr 2012, 08:06

Voici un lien par exemple :

Voline : "fascisme rouge"

Quant aux insultes de personnes favorables "au syndicat unique" en recherche d'escabeau dans l'appareil de la CGT, où d' étiqueté "libertaire" à 10 balles la cotisation et qui défendent ceux qui rempliraient peut-être un peu moins de stades que les fascistes, on va laisser couler ...

Je finis par me demander si je lis bien l'intitulé de ce forum.

Autre lien concernant le SU et Cuba ( dont la LCR était la section française ) :

7. Nous défendons la révolution cubaine parce que nous
sommes contre l’oppression des plus faibles par les plus forts,
pour l’indépendance d’un petit pays contre la volonté
d’hégémonie de la première puissance militaire du monde.
Le fait qu’il s’agisse d’une révolution socialiste dont le projet
initial fut un des plus internationalistes de ce siècle et dont les
conquêtes sociales ont été parmi les plus importantes jamais
acquises par un pays du tiers-monde explique que cette
nation ait pu faire face à l’agression nord-américaine



Pour le reste, si on ne me croit pas, comme je suis pour le partage du travail et que je n'ai pas tout le temps disponible pour satisfaire aux demandes des "examinateurs ", qu'ils envoient eux-mêmes les liens contradictoires à ce que j'avance.
kuhing
 

Re: Lutte Ouvrière

Messagede Kzimir » 17 Avr 2012, 10:51

Pour parler de manière un peu argumentée :
Kuhing, ton assimilation entre Arthaud et Ayoub repose sur une analyse du fascisme qui me semble complètement fausse. C'est une analyse malheureusement trop diffusée même parmi l'extrême gauche, qui réduit le fascisme à un certain nombre de pratiques autoritaires. C'est également l'analyse qu'on trouve actuellement dans les manuels de l'histoire officielle qui renvoient dos à dos les "totalitarismes", trop heureux de renvoyer au fascisme toute critique radicale de la démocratie bourgeoise.

Il est de notre devoir à nous, militants révolutionnaires, d'analyser le phénomène fasciste sur des bases différentes, afin de mieux comprendre le phénomène.
Dans le cas contraire on ne peut se retrouver que dans deux positions :
- Une à la Sterhnell, totalement idéaliste, qui ferait du fascisme une sorte de gauchisme mal digéré, et qui a pour conséquence logique l'excommunication sectaire de tout courant divergent du sien au nom du combat antifasciste (c'est la position du PCMLM notamment).
- Une position républicaine qui ferait du fascisme toute utilisation de la violence politique, et dont la conclusion logique est la défense du statu quo politique et la condamnation sans appel de toute tentative révolutionnaire.

Selon moi, le phénomène fasciste mérite une définition rigoureuse :
- Comme idéologie, c'est la mise en avant d'une communauté nationale unifiée, militarisée, et corporatiste. C'est la mise en avant de la collaboration de classe au service d'un idéal national. La conséquence logique de cette idéologie est un impérialisme accru.
- Comme pratique, c'est la dictature d'une frange particulièrement réactionnaire de la bourgeoisie (financière et industrielle), qui utilise le fascisme comme outil à la fois pour briser tout mouvement social et pour développer une politique économique chauvine et impérialiste (qui lui attire les faveurs d'une partie de la petite bourgeoisie en voie de prolétarisation).

Cette analyse permet de réduire à néant le mythe des "fascistes rouges".
De manière concrète, l'idéologie communiste se base sur un rêve d'émancipation collective et d'égalité entre les hommes. L'idéologie fasciste se fixe au contraire un objectif de domination des forts sur les faibles (au niveau intérieur comme international).
De manière encore plus concrète, les revendications des communistes vont être des revendications prolétarienne, même si elles peuvent être réformistes et même si elles en appellent à l'Etat comme régulateur de l'économie : le salaire minimum à 1700 euros, l'interdiction du travail le dimanche, etc. fixent le clivage dominant de notre société comme un clivage de classe. Au contraire, les revendications des fachos vont porter sur la préférence nationale, les attaques contre l'islam, la militarisation des banlieues, etc. ce sont des revendications qui fixent l'origine, la nationalité, la couleur de peau, la religion, etc. comme clivage dominant de notre société. Si on réduisait chaque parti à une revendication, celle de LO serait l'interdiction des licenciements, tandis que celle du FN serait la préférence nationale. Choisis ton camp camarade. Impossible de renvoyer les deux dos à dos.
Enfin, si on se base sur les régimes dits communistes ayant existé (qui sont, je le rappelle, loin des modèles de l'extrême gauche communiste aujourd'hui) : Dans aucun de ceux-ci la collaboration de classe n'a été portée en idéal. Dans aucun la grande bourgeoisie n'a bénéficié de la prise de pouvoir. Au contraire, celle ci a été éliminée et à vu ses prérogatives revenir à l’État et à la buraucratie. Tout le contraire dans les régimes fascistes, dans lesquels elle est restée en place et c'est vu confiée une part croissante de l'économie (par des aides au regroupement d'entreprises par exemple, ou par la privatisation cachée de pans entiers de l'économie d’État).

Mélanger les deux, comme tu le fais en assimilant Arthaud à Ayoub, ou comme le faisait un article faisant de Mélenchon un genre de fasciste, c'est non seulement se tromper d'ennemi, mais c'est une incompréhension profonde de la nature même du fascisme.
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Re: Lutte Ouvrière

Messagede kuhing » 17 Avr 2012, 11:49

Mélanger les deux, comme tu le fais en assimilant Arthaud à Ayoub, ou comme le faisait un article faisant de Mélenchon un genre de fasciste, c'est non seulement se tromper d'ennemi, mais c'est une incompréhension profonde de la nature même du fascisme.


D'abord sache que je me méfie des personnes qui pensent "comprendre" et estiment surtout que les autres ne comprennent pas.
J'ignore si toi ou moi comprenons ou pas .
Je sais juste quel est mon avis qui me permet de dire que je suis en désaccord avec ceux qui défendent le bolchevisme et le considèrent comme un allié.

Le bolchevisme n'a jamais été un allié des opprimés et bien sur donc encore moins des anarchistes.
Ceux des anarchistes d'Ukraine qui ont fait alliance avec eux contre l'armée blanche de Denikine l'ont payé de leur vie après qu'ils aient été trahis par les chefs de l'armée rouge.

Concernant l'analyse du fascisme brun et sa comparaison qui en est faite avec ce que je considère être le fascisme rouge, je reprendrais déjà un élément de ce qu'en dit Voline dans le texte dont le lien est donné juste au dessus :
"On pense à un capitalisme d'État, dirigé par une dictature «au-dessus des intérêts privés». Telle est la nouvelle orientation du capitalisme qui alimente le mouvement fasciste économiquement."
Pour le reste il suffit de lire son texte en entier avec lequel je suis d'accord.

Qu'est ce que le bolchevisme dont les ruines sont encore incarnées par "Lutte Ouvrière" et sa porte-parole Nathalie Arthaud ?
Ce n'est également qu'un capitalisme d'Etat géré par une caste bureaucratique et qui en tire ses privilèges.
Les actionnaires sont les gestionnaires et apparatchiks qui dirigent cet Etat.
La différence avec les fascistes, réside peut-être dans la forme,le discours, cette supercherie annoncée du "déperissement de l'Etat" par les léninistes, dépérissement dont les délais sont par ailleurs remis aux calandres grecques ou même plus quantifiés du tout.

Quant au résultat final, je ne vois pas de différence entre me faire liquider par la balle d'un fasciste ou par celle d'un agent stalinien.
Parce que Lutte Ouvrière est une secte stalinienne.
Parce que le trotskisme n'est rien d'autre que du stalinisme amené par un leader qui portait un nom différent.

Alors quand j'entends Nathalie Arthaud commencer à évoquer "la prison et pourquoi pas" qu'elle qu'en soit la raison, je dis que ça sent très mauvais .
Alors je persiste et signe des deux mains : Bolchevisme et fascisme ont le même point commun : un Etat fort dirigé par une petite clique qui s'appuie sur une structure ultra hiérarchisée .

Et tout cela aboutit au même résultat : la dictature, la répression et la mort.
Les bolchevistes ne sont pas mes alliés .
Ils ne sont en aucun cas les alliés des opprimés.

La raison fondamentale des succès fascistes et de l'impuissance des forces émancipatrices est, à mon avis, l'idée néfaste de la dictature. Je dirai même plus. Il existe une idée répandue à un tel point qu'elle est devenue presque un axiome. Des millions et des millions d'hommes s'étonneraient, aujourd'hui encore, si on la mettait en doute. Mieux encore : bon nombre d'anarchistes et de syndicalistes ne la tiendraient pas, eux non plus, pour suspecte. Pour ma part, je la considère comme foncièrement fausse. Or, toute idée fausse acceptée comme juste est un grand danger pour la cause qu'elle touche. L'idée en question est celle-ci : Pour gagner dans la lutte et conquérir leur émancipation, les masses travailleuses doivent être guidées, conduites par une «élite», par une «minorité éclairée», par des hommes «conscients» et supérieurs au niveau de cette masse.
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Re: Lutte Ouvrière

Messagede Nico37 » 17 Avr 2012, 18:50

Paroles de militants : " la richesse, ce sont les salariés qui la créent " 18/04, Marie Deshayes

[8/10] Jusqu’à l’élection présidentielle, SudOuest.fr part à la rencontre de militants pour mieux comprendre leur engagement. Aujourd’hui, Guy Dupont, militant de Lutte Ouvrière

Guy Dupont n’est pas un militant inactif. Au moment où nous le rencontrons, il revient tout juste d’une manifestation à Bordeaux contre les plans d’austérité en Europe.

Le week-end suivant, direction les Pyrénées-Atlantiques pour récupérer des parrainages. Lutte ouvrière a été le premier parti à déposer ses 521 signatures au Conseil constitutionnel.

A La Poste depuis 1977, il a connu « le démantèlement du service public ». Et salue le courage des grévistes de Lormont ou de Pessac.

Il dénonce « les actionnaires qui se contentent de passer à la caisse ». Les gouvernements de droite ou de gauche « au service de ceux qui possèdent les moyens de production ». De quoi perdre espoir ? Non, ces constats donnent « encore plus de courage. Car nous, les salariés, nous sommes les plus nombreux. Et nous sommes ceux qui créons la richesse ».

Pour Lutte ouvrière.

On ne pourra pas changer la société si on ne change pas le système. Le capitalisme a fait faillite. Mais Lutte Ouvrière n’est pas seulement anticapitaliste mais aussi communiste. Nous défendons trois thèmes. L’interdiction des licenciements. Le développement des services publics. Et la répartition du travail entre tous sans baisse de salaire.

Je me suis réellement engagé à Paris, en 1983.

J’ai connu la période Mitterrand et je n’ai pas trop eu d’illusions, c’est pour cela que j’ai commencé à militer. La situation s’est dégradée même s’il y a eu quelques avancées.

Je suis toujours prêt à discuter. Au travail, cela passe par le milieu syndical. A l’extérieur, on part à la rencontre de la population qui peut avoir des avis divergents. Ca ne sert à rien de rester en vase clos. Au moment des élections, on peut juste espérer avoir un peu plus d’écoute, si les gens ne sont pas écoeurés par la politique.

Les fermetures d’usine et les licenciements, par exemple. Voir tous les candidats qui défilent à Florange m’attriste car ce sont eux qui accompagnent les sales coups. Il ne faut pas se faire leurrer. L’expérience montre que les plans de reclassement ne marchent que rarement.

Que le Front national séduise les classes ouvrières. Ce serait dramatique.

Pour vous présenter...

Nom : Guy Dupont
Âge : 56 ans
Ville : Bordeaux
Profession : salarié de la Banque postale
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Re: Lutte Ouvrière

Messagede Nico37 » 18 Avr 2012, 22:59

Nathalie Arthaud à Venissieux

La candidate de Lutte Ouvrière à la présidentielle, élue à Vaulx-en-Velin, donne un meeting mercredi soir, salle Juliot-Curie à 20 heures.

Elle y défendra son programme de luttes des travailleurs face à des Vénissians déjà sensibilisés à sa cause. La ville est historiquement dirigée par des communistes, Michèle Picard actuellement.
Nathalie Arthaud revendique, entre autres, l'augmentation des salaires et leur indexation sur les prix, l'interdiction de licenciements et le contrôle des grandes entreprises. A trois jours du premier tour, la candidate affirme dans un entretien publié par Le Progrès mercredi, avoir pu défendre son engagement dans " l’espace imparti" avec "enthousiasme" et "conviction". Cette campagne, Nathalie Arthaud l’a menée avant tout pour faire passer un message, "actuellement, nous avons la possibilité de s’exprimer, il n’est pas question de ne pas prendre la parole" explique-t-elle. "Le parti communiste a toujours été présent aux élections. Nous disons aux travailleurs de s’organiser et de lutter". Nathalie Arthaud se présente comme la seule candidate communiste dans la campagne, une couleur politique qui ne fait pas "des girouettes" selon elle. Les comparaisons avec sa prédécesseur, Arlette Laguillet, ne la dérangent absolument affirme-t-elle : "Nous, les militants, nous sommes très fiers de la façon dont elle a incarné la politique". La candidate va plus loin, elle estime que ces comparaisons l’aident, "il y a une continuité, on la revendique. C’est la fidélité à un combat".
La classe ouvrière : cible d’électeurs commune à Lutte Ouvrière et au Front National. A ces électeurs tentés par le vote d’extrême droite, Nathalie Arthaud leur indique que "voter Marine le Pen c’est se tromper d’ennemi, c’est faire le jeu du patronat". "Il faut lutter de façon la plus unie, pas en se divisant. Le FN ne fait que diviser (…) au plus grand profit du patronat. Voter FN pour les travailleurs c’est se tirer une balle dans le pied" estime-t-elle.
Nathalie Arthaud, originaire de la région Rhône-Alpes, est conseillère municipale à Vaulx-en-Velin, et porte-parole du parti Lutte Ouvrière depuis 2008.
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Re: Lutte Ouvrière

Messagede Nico37 » 19 Avr 2012, 19:26

Arthaud: " Pas de bon gouvernement de gauche " sous la pression patronale, appel à la "r évolte " 18.04

Nathalie Arthaud, candidate de Lutte ouvrière à la présidentielle, a appelé mercredi à la "révolte des travailleurs", estimant qu'il ne pourrait y avoir de "bon gouvernement de gauche" tant que le patronat "impose(rait) sa loi".
"Aussi bien intentionné soit-il, il ne peut pas y avoir de bon gouvernement de gauche dirigé par Hollande ou Mélenchon, parce qu'il y a cette crise et c'est le patronat qui impose sa loi. Il ne lâchera rien", a déclaré Mme Arthaud à la presse avant un meeting à Vénissieux, dans la banlieue lyonnaise.
Déplorant la pression des marchés financiers et du patronat, la candidate de Lutte ouvrière a appelé à la "révolte sociale", "seule force qui puisse s'opposer à cela".
"Nous ne faisons confiance à aucun sauveur suprême. Les travailleurs doivent se préparer à se défendre seuls plutôt que de se bercer d'illusion", a-t-elle ajouté.
A trois jours du premier tour de l'élection présidentielle, la conseillère municipale de Vaulx-en-Velin a néanmoins vu dans le succès populaire du candidat du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon, "quelque chose de positif".
"Nous ne craignons pas son score, mais il rassemble et permet à tous ceux qui veulent exprimer une méfiance vis-à-vis de Hollande de le faire. Mais si c'est pour conduire les gens à voter et point barre, il y a un problème. Le combat commence après l'élection", a-t-elle dit, refusant de dévoiler "avant dimanche soir" une consigne de vote pour le second tour.
Mettant en avant un "programme de lutte" pour une France "où une usine ferme tous les jours depuis trois ans", la candidate a développé les trois objectifs du parti: interdiction des licenciements, augmentation des salaires avec indexation sur les prix et mesures de contrôle de l'argent des entreprises.
"On a été une petite voix et on fera le score qu'on fera, mais je pense qu'on a réussi à semer des graines qui compteront pour l'avenir", a poursuivi la porte-parole de Lutte Ouvrière.
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Re: Lutte Ouvrière

Messagede Nico37 » 21 Avr 2012, 15:21

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Re: Lutte Ouvrière

Messagede Nico37 » 22 Avr 2012, 12:27

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Re: Lutte Ouvrière

Messagede Nico37 » 23 Avr 2012, 18:37

Communiqué de Nathalie Arthaud au soir du premier tour

Sarkozy et Hollande sont donc les deux candidats en lice pour le deuxième tour, avec une avance telle pour Hollande que son élection paraît probable.

Le plus inquiétant dans les résultats est le pourcentage de voix obtenues par Marine Le Pen. Il est l’expression du renforcement de l’extrême droite dans l’opinion publique. Cette montée de l’extrême droite représente une menace pour les travailleurs.

Malheureusement, l’élection de Hollande à la présidence de la République et l’éventualité d’un gouvernement socialiste ne protègeront en rien les travailleurs contre cette menace. Car, plus sera grand le mécontentement provoqué par les mesures d’austérité que Hollande sera amené à prendre sous la pression des milieux financiers, plus cela renforcera l’extrême droite.

Seul le renforcement des forces qui se situent sur le terrain des intérêts politiques de la classe ouvrière peut constituer un contrepoids au renforcement de l’extrême droite et l’empêcher de s’arroger le monopole de l’opposition.

Je remercie les quelque deux cents mille électeurs qui ont voté pour ma candidature. Ils ont marqué par ce vote aussi bien leur rejet de Sarkozy que leur méfiance à l’égard de Hollande. Ils ont montré qu’ils ne sont pas dupes des faux choix de cette élection présidentielle où le véritable pouvoir, celui de l’argent, celui du grand patronat et des banquiers, n’est pas soumis au suffrage.

Ceux qui ont voté pour ma candidature se sont prononcés pour le programme de lutte que j’ai défendu tout au long de ma campagne électorale. Ils se sont prononcés pour que l’interdiction des licenciements, la répartition du travail entre tous sans diminution de salaire ainsi que l’augmentation des salaires, retraites et pensions et leur indexation automatique sur les hausses de prix, soient mises en tête des revendications des futures luttes ouvrières. Ils ont affirmé leur conviction qu’il ne faut pas laisser à la classe capitaliste la direction sans contrôle des entreprises et des banques parce que l’usage qu’elle fait de son pouvoir dictatorial va à l’encontre des intérêts de la société. Ils ont contribué aussi à montrer que le courant communiste, pour minoritaire qu’il soit, est toujours présent.

J’ai la conviction que le programme de lutte que j’ai défendu a été entendu bien au-delà.

Je ne suis pas propriétaire des voix qui, en ce premier tour, se sont portées sur mon nom. Au deuxième tour, mes électeurs voteront selon leur conscience.

Aucun travailleur conscient ne peut évidemment voter pour Nicolas Sarkozy, le président des riches, cet homme qui, pendant les cinq ans de son pouvoir, a été le fidèle serviteur des groupes capitalistes et des banquiers.

Certains de mes électeurs, confrontés au choix pipé entre un ennemi ouvert des travailleurs et un faux-ami, s’abstiendront ou voteront blanc. D’autres, pour se débarrasser de Sarkozy, voteront pour François Hollande.

Quel qu’ait été leur choix personnel, j’appelle les travailleurs, les victimes de la crise à se retrouver tous ensemble dans les luttes inévitables contre le grand patronat, les banquiers et le gouvernement.

Nous ne pourrons compter sur personne pour nous défendre, ni sur le président de la République, ni sur le gouvernement. Mais nous avons la force de nous défendre nous-mêmes, car c’est nous qui faisons tourner l’économie. Si nous avons une claire conscience de nos intérêts matériels et politiques et si nous sommes décidés à les imposer, notre force est irrésistible !
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Re: Lutte Ouvrière

Messagede kuhing » 25 Avr 2012, 15:03

oh la vache alors là c'est grave :cry:

Re: Lutte ouvrière
Schreiber :
Je ne veux pas faire pleurer dans les chaumières, mais oui, franchement, l'état actuel de l'extrême gauche a fait perdre à ce qui était ma vie une partie de son sens.
kuhing
 

Re: Lutte Ouvrière

Messagede SchwàrzLucks » 25 Avr 2012, 16:40

Je ne vois pas ce qu'il y a de choquant ici. Ne peut-on pas voir notre lutte et l'espoir de lendemains meilleurs comme des éléments centraux de notre existence, comme ce qui nous fait tenir ?
SchwàrzLucks
 
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Re: Lutte Ouvrière

Messagede kuhing » 25 Avr 2012, 17:05

SchwàrzLucks a écrit:Je ne vois pas ce qu'il y a de choquant ici. Ne peut-on pas voir notre lutte et l'espoir de lendemains meilleurs comme des éléments centraux de notre existence, comme ce qui nous fait tenir ?


Rien de "choquant".
ça me rappelle juste que les conséquences humaines d'un engagement militant déçu parce que parti dans une mauvaise voie, sont somme toutes assez graves.
Et des dizaines de milliers de personnes ont vécu ça.
kuhing
 

Re: Lutte Ouvrière

Messagede Kzimir » 26 Avr 2012, 07:07

Je pense que quand il parle de l'extrême gauche, il inclut dedans le mouvement anarchiste, qui fait également assez peur à voir.

Après je trouve assez malsain de considérer son engagement militant comme un point central de son existence. C'est une attitude compréhensible, mais qui risque de très vite tourner à un certain sectarisme et à une vision militariste et avant-gardiste de son engagement.
Dans le genre le militantisme est important, donc je milite beaucoup, je passe mon temps à lire des ouvrages théoriques, je m'engueule avec tout mes potes qui ne partagent pas mon orientation politique, je me coupe peu à peu du monde non militant, comme de moins en moins de gens autour de moi partagent mon orientation et ma formation j'en viens à croire avec de moins en moins de recul à mon rôle historique comme avant-garde du prolétariat, et donc à militer de plus en plus, etc.
Au final on se retrouve avec des gens qui savent tout sur tout, qui font des distributions de tracts trois fois par jour, dont la seule ambition c'est que la révolution arrive vite, et qui parlent, lisent, baisent, mangent, boivent, fument, etc. militant. Le genre de personnes à faire fuir n'importe qui de normal en deux temps trois mouvements.
Enfin, c'est le genre d'évolution que j'ai vu certains ex-camarades suivre et que j'ai suivi pendant un temps, et le résultat est non seulement inefficace politiquement mais surtout dangereux personnellement (je pense que le film "Mourir à trente ans" peut donner un exemple de ce genre de trucs).

Après tout le monde n'évolue pas comme ça, mais c'est quand même un risque.
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Re: Lutte Ouvrière

Messagede kuhing » 26 Avr 2012, 09:03

Kzimir a écrit:Je pense que quand il parle de l'extrême gauche, il inclut dedans le mouvement anarchiste, qui fait également assez peur à voir.
.


Pour avoir été moi-même happé dans mes plus jeunes années, par le trotskisme, sa pire tendance, je peux te dire que ce genre d'organisations et, LO est du même tonneau, ne produisent pas les mêmes effets que l'engagement dans le mouvement anarchiste.

Les anarchistes organisés ont aussi leurs graves défauts certes mais cela n'a pas grand chose à voir avec le rouleau compresseur trotskiste.

Les trotskistes orthodoxes n'ont rien à envier aux staliniens, ils sont peut-être même pire parce que l'aspect sectaire du à la faiblesse de leur nombre est accentué.
Il s'agit là d'une machine bien rodée de lavage de cerveau et de soumission à la direction centrale que l'on doit accepter au nom de la grande cause de la révolution prolétarienne.
Et on accepte beaucoup de choses.
Les oppositions sont vite réglées soit par un harcèlement moral pour rentrer dans l'ordre de la ligne juste du comité central qui dans les faits se résume à la volonté de celui qui le contrôle, soit par l'exclusion avec perte et fracas, soit au départ du militant qui sort cassé et vidé de tous ses espoirs.
Ceux qui restent sont le plus souvent des marionnettes fanatisées qui j'en suis convaincu, la direction ne souhaite pas qu'elles soient trop nombreuses pour pouvoir continuer à les contrôler : les partis trotskistes et néo-post-trotskistes stagnent au même nombre de membres depuis des décennies , et, je ne crois pas que ce soit un hasard.

C'est en cela que la réflexion de ce militant ,je crois qu'il est à LO, m'a particulièrement interpellé.

Je me revois environ vingt cinq ans en arrière où moi-même j'ai été exclu de la secte trotskiste qui m'avait happé, exclu comme "ennemi du parti" parce que j'avais osé m'élever en interne mais ouvertement comme le gourou de la secte cotoyé de près et les pratiques de ce parti que je peux qualifier de néo-fasciste.
Mais pour s'en apercevoir vraiment et ensuite l'admettre il faut côtoyer les chefs, "le chef".
"Ennemi du parti" ça voulait dire, à mon époque, risquer de se retrouver à l’hôpital en cas de rencontre du SO du "parti".
J'avais d'ailleurs moi-même été dans le SO, je savais comment cela se passait pour les "ennemis du parti"...

Je peux dire que des dizaines de milliers de militants se sont fait casser , laminer ( je veux dire moralement plus la grande majorité bien sur ) de cette façon par le mouvement trotskiste et ses chéfaillons.

Autant de personnes perdues pour une activité qui va dans un sens progressiste.

Personnellement, j'ai été anarchiste dès mon adolescence, j'ai mis très longtemps pour me remettre de cet épisode dans la sphère trosko- stalinienne, mais grâce à mes engagements premiers que finalement au fond de moi je gardais toujours, j'ai pu tout de même reprendre une activité en rapport avec mes convictions profondes.

Et, je pense que même si l'objectif est difficile à atteindre et bien évidemment plus qu'incertain, il reste important, y compris pour soi-même, de pouvoir agir dans la réalité en corrélation avec ce que l'on pense être juste, de rencontrer des gens qui souhaitent le même avenir.

Tu comprends maintenant peut-être mieux mon reliquat animosité envers tout ce qui se réclame du léninisme.
Je comprends pour ma part le desespoir exprimé de ce militant même si la raison qu'il invoque ne semble pas être ma même que ce que je raconte.
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Re: Lutte Ouvrière

Messagede Nico37 » 26 Avr 2012, 23:00

Merci pour ton témoignage que tu devrais peut être transformer en texte sinon en brochure et poster dans le topic POI quoique ce descendant lointain de l'OCI ne ressemblent pas vraiment à ce que tu as connu.


Élection présidentielle : les leçons du premier tour (Lutte ouvrière)Georges KALDY

Hollande et Sarkozy, arrivés en tête avec, respectivement, 28,63 % et 27,18 %, restent donc en lice pour l'élection du président de la République.

Si Hollande est élu, comme le prévoient les commentateurs, le moins qu'on puisse dire c'est que ce retour du Parti socialiste au pouvoir ne sera pas l'expression d'une poussée à gauche.

Seul le mécontentement contre Sarkozy a donné des ailes au candidat socialiste, et sûrement pas son programme ni même le ton de ses discours. En comparaison, le discours de Mitterrand lorsqu'il avait été élu en 1981 était d'un radicalisme quasi révolutionnaire. D'un radicalisme purement verbal, certes, comme la suite l'a montré. Mais, dans le langage de Hollande, il n'y avait vraiment rien pour les travailleurs, ni même de quoi enthousiasmer ce « peuple de gauche », comme l'électorat du PS et du PC aime à être qualifié. Même Régis Debray, conseiller de Mitterrand à l'époque, qui n'a rien d'un gauchiste, s'est étonné récemment, dans une interview radiophonique, de la tiédeur du programme de Hollande, où ne figure même pas le mot « nationalisation » ! Si le slogan de Hollande est « Le changement, maintenant », c'est bien le seul endroit où il a été question de changement, à part bien sûr le changement de la personne qui occupe le fauteuil présidentiel.

Les déplacements de voix à l'intérieur de chaque camp mènent à la même constatation : les voix que Sarkozy a perdues l'ont essentiellement été au profit de l'extrême droite.

C'est un euphémisme de dire qu'il n'y a pas eu un déplacement de voix de la gauche réformiste vers la candidature communiste révolutionnaire de Nathalie Arthaud, ni vers l'extrême gauche représentée par Philippe Poutou.

Même le Front de gauche de Mélenchon, qui grisé par les évolutions des sondages croyait tailler des croupières à Hollande, voire le dépasser, a dû se contenter de 11,10 %. Résultat qui est certes supérieur à ceux des candidats du PC en 2007 avec Marie-George Buffet et en 2002 avec Robert Hue, mais bien loin de ceux du PC avant que son suivisme derrière le PS fasse plonger ses résultats électoraux.

Globalement donc, non seulement il n'y a eu nulle poussée à gauche, mais au contraire un renforcement de la droite extrême. Signe d'un électorat populaire démoralisé, qui ne voit pas d'issue du côté de la gauche institutionnelle et qui, même pour exprimer son hostilité et son écœurement devant les alternances qui ne changent rien pour sa vie, se tourne vers l'extrême droite.

Et cet aspect ne pourra être que renforcé pendant la campagne du deuxième tour.

C'est une évidence que Hollande ne gauchira pas son langage et qu'au contraire sa préoccupation est de séduire l'électorat de Bayrou, et même une fraction de ceux qui ont voté pour Marine Le Pen. On verra au prix de quelles concessions. Mélenchon, au lieu de faire pression dans le sens de pousser Hollande à prendre en compte un peu plus les exigences des travailleurs, comme il l'a promis avant le premier tour, tient à faciliter l'opération de séduction en direction du centre en répétant qu'il ne demandera rien en contrepartie de son soutien à Hollande. Histoire de rassurer les électeurs de Bayrou : ils peuvent voter tranquillement pour Hollande car non seulement celui-ci ne sera pas l'otage de Mélenchon, contrairement aux âneries répétées par Sarkozy, mais c'est Mélenchon en personne qui leur garantit qu'il ne faut pas prendre trop au sérieux ses envolées en faveur des travailleurs.

Quant à Sarkozy, s'il est dans son intérêt à lui aussi d'attirer vers sa candidature une partie de l'électorat centriste, il a encore plus intérêt à toucher l'électorat d'extrême droite. C'est donc « à droite, toute ! », non seulement en remontant encore plus les barrières devant l'immigration, mais aussi en tapant sur les travailleurs immigrés, en rendant leur vie plus difficile (quasi-impossibilité du regroupement familial, etc.). Marine Le Pen n'est pas au deuxième tour mais, grâce à Sarkozy, les thèmes de sa campagne y sont dans ce qu'ils ont de plus réactionnaire et de plus chauvin.

La montée électorale de l'extrême droite

Marine Le Pen n'a donc pas réussi le coup réalisé par son père en 2002 lorsqu'il était parvenu au deuxième tour, grâce à l'effondrement du candidat du Parti socialiste, Jospin, qui au gouvernement avait déçu et démoralisé son propre camp électoral. Mais, avec 6 400 000 voix, 17,90 % de l'électorat, Marine Le Pen a recueilli 950 000 voix de plus que le total de celles de son père et du dissident FN Bruno Mégret en 2002.

Ce n'est peut-être qu'un phénomène électoral agglomérant une multitude de mécontentements autour du noyau dur du mouvement d'extrême droite réactionnaire, antiouvrier et xénophobe. Et ce n'est pas parce que Marine Le Pen a recueilli un nombre accru de voix dans l'électorat ouvrier que cela rend ses thèmes meilleurs. Ceux parmi les exploités et les pauvres qui ont voté pour le Front national ont apporté leur soutien à leur pire ennemi.

Pour le moment, le jeu politique du Front national semble être d'entrer dans le jeu institutionnel sur la base d'un rapport des forces tel que les autres partis de droite, l'UMP en premier lieu, ne puissent plus le frapper d'ostracisme. C'est cet ostracisme qui, en interdisant au Front national non seulement l'accès à des postes de ministres mais même d'avoir des députés et un groupe parlementaire, lui a offert son argument le plus précieux : celui de ne pas faire partie du « système ».

Au fil des fausses alternances, le Front national a réussi à se positionner comme un parti anti-système, en vidant par la même occasion cette expression de tout contenu social, en la canalisant et en la limitant à l'alternance entre deux grands partis, un de gauche et un de droite (contre le seul système « UMPS », comme le répètent les ténors du Front national).

À ce qu'il paraît, en extrapolant aux législatives le score de Le Pen à la présidentielle, le Front national serait en mesure de se maintenir au second tour dans plus de trois cents circonscriptions.

Le rapport des forces créé à l'élection présidentielle suffira peut-être au Front national pour faire son entrée à l'Assemblée nationale, soit en obtenant la majorité dans un certain nombre de circonscriptions, soit en débauchant par endroits des députés UMP.

La frontière entre le Front national et l'UMP n'a jamais été une muraille de Chine, malgré le refus de la direction de l'UMP de passer des accords électoraux globaux avec le Front national.

À ce qu'elle en dit, Marine Le Pen ambitionne plus que cela : elle compte sur une implosion de l'UMP si Sarkozy est battu, et surtout si sa défaite est sévère.

Ce calcul sera-t-il justifié ou pas, l'avenir le dira. Marine Le Pen se pose en tout cas d'ores et déjà comme la future chef de l'opposition à Hollande et au gouvernement socialiste.

Là, on est encore dans une évolution dans le cadre institutionnel. L'émergence d'un grand parti d'extrême droite hégémonique à l'intérieur de la droite parlementaire pourrait n'être que l'accomplissement ultime d'une évolution que l'UMP elle-même incarne à sa façon, avec sa droitisation. Toute une partie des cadres de l'UMP pourraient parfaitement se reconvertir dans un tel rassemblement dominé par le Front national.

De tels grands partis d'extrême droite ont émergé, de l'Autriche à la Finlande, de la Suisse à la Norvège, dans une Europe frappée par la crise, et partout pour la même raison : l'incapacité de la gauche réformiste de donner une perspective aux classes exploitées, face à l'offensive de la classe capitaliste.

Même telle quelle, l'évolution représente une menace pour la classe ouvrière. Elle représenterait la mainmise sur la scène politique de la formation la plus réactionnaire et fondamentalement la plus antiouvrière de tous les partis au service de la bourgeoisie. Avec tout ce que cela pourrait représenter de durcissement dans le domaine des droits sociaux, à l'égard des syndicats, du mouvement ouvrier organisé, etc.

La menace est plus directe s'agissant des travailleurs immigrés, voire s'agissant des travailleurs nés en France mais issus de l'immigration.

Sarkozy et ses comparses ont largement commencé l'institutionnalisation de la chasse aux immigrés, le durcissement de leurs conditions d'existence. Mais, avec ou sans l'UMP, cette évolution sera poussée plus loin sous l'influence du Front national.

Il serait illusoire pour les travailleurs de penser que l'élection de Hollande et un gouvernement socialiste, avec ou sans Mélenchon et ses compagnons, puissent être une protection. Car si le gouvernement socialiste est amené à prendre des mesures appauvrissant les différentes catégories populaires et suscitant la colère dans leurs rangs, l'extrême droite aura un boulevard devant elle en tant qu'opposition. Et elle pourrait être tentée, dans son ensemble, avec sa direction ou par le biais de certaines de ses factions, de prolonger par des actes le discours anti-immigrés, anti-syndicats, anticommuniste. Certains pays de l'Est, avec la chasse aux Roms, jouent déjà les précurseurs de ce type d'évolution. Une évolution des choses dans ce sens-là, c'est-à-dire dans le sens de l'émergence de groupes d'extrême droite violents, dépend plus de l'évolution de la crise que de la stratégie choisie par les Le Pen, la « dédiabolisation » du Front national, réussie ou pas, par Marine Le Pen.

Nous n'en sommes pas encore là. Mais si la crise précipite l'évolution des choses, nous risquons d'y être rapidement. Et cela rend encore plus urgent la constitution d'une force capable de faire contrepoids.

Ce qui est sûr, c'est que ce n'est pas autour de Mélenchon que cela peut se constituer, même si Mélenchon continue à bénéficier du soutien du PCF.

Le jeu de Mélenchon

Pendant ces quelques semaines où la percée de Mélenchon dans les sondages a été fulgurante, il ne cachait pas une grande ambition. Dans une interview aux Échos du 19 avril, à la question sur l'éventualité d'une future carrière ministérielle sous la présidence de Hollande, il répondait avec superbe : « Je ne suis pas candidat pour être le Premier ministre de François Hollande, mais pour conquérir le pouvoir, tout le pouvoir ! »

À l'époque, il pouvait nourrir une vaste ambition, si ce n'est en espérant devancer Hollande au premier tour, du moins en imaginant incarner une semi-opposition, c'est-à-dire soutenir si besoin un gouvernement socialiste tout en n'y participant pas, de manière à ne pas assumer la responsabilité de mesures antiouvrières éventuelles.

Si un nouveau rebondissement de la crise financière obligeait le gouvernement socialiste à prendre des mesures semblables à celles qui ont été prises en Grèce par le gouvernement socialiste, Hollande pourrait être rapidement déconsidéré. À côté d'une opposition d'extrême droite, la bourgeoisie pourrait alors disposer d'une opposition de gauche susceptible de canaliser ou de calmer la colère ouvrière, voire le cas échéant de prendre la place de Hollande.

Les 11,10 % finalement obtenus par Mélenchon l'amèneront certainement à modérer son ambition. À quoi, au juste ? À obtenir du Parti socialiste un accord lui permettant d'obtenir assez de députés pour justifier un groupe parlementaire ?

Hollande ne lui fera pas ce cadeau avant le deuxième tour, pour ne pas effaroucher l'électorat de Bayrou. Mais, une fois élu, cela est parfaitement imaginable, quitte à ce que le Parti socialiste prenne aux écologistes les circonscriptions intéressantes et les donne au Front de gauche.

Les marchandages qui ne manqueront pas de s'ouvrir au lendemain de l'éventuelle élection de Hollande ne tarderont pas à apporter une réponse à cette question, et par la même occasion à une autre : est-ce que le Front de gauche résistera à une éventuelle tentative de Hollande de séparer Mélenchon du PCF ?

La classe ouvrière

Déjà face à la nécessité de défendre ses intérêts matériels, elle devra aussi se battre pour ses intérêts politiques

Pour les communistes révolutionnaires, les élections sont pendant la campagne électorale une occasion de s'exprimer, et après un thermomètre.

Le thermomètre du premier tour a indiqué une évolution politique qui n'est pas favorable à la classe ouvrière.

Le plus grave est l'image qu'il donne d'une classe ouvrière profondément déboussolée, dont une fraction significative a choisi, pour exprimer son mécontentement, le moyen le plus opposé à ses intérêts, le vote pour le Front national.

Que la droite dite parlementaire, les Sarkozy et compagnie, ait servi la soupe au Front national, en reprenant à son compte sa démagogie chauvine, xénophobe et anti-immigrés, est incontestable. Mais c'est dans l'ordre des choses.

Mais on ne peut que souligner la responsabilité écrasante de la gauche réformiste dans cette évolution. Même le quotidien Le Monde, si favorable au Parti socialiste, le rappelle : « En 1983, c'est le tournant de la rigueur, sous présidence socialiste, qui avait fait naître le phénomène Front national. » Depuis, d'alternance en alternance, avec à chaque fois son lot de déceptions, non seulement le Parti socialiste, avec la complicité du Parti communiste, a démoralisé la classe ouvrière, mais il a démoli tous les repères de classe.

Laissons aux politologues distingués la discussion vaseuse pour savoir si le vote pour Marine Le Pen est un vote d'adhésion ou un vote de colère. Le fait est qu'aucun parti sur la gauche de l'échiquier politique, disposant d'un certain crédit, n'était là pour que les travailleurs, les chômeurs, les plus pauvres, puissent exprimer leur colère et leur désarroi devant le chômage et la montée de la misère.

Le Parti communiste n'est plus depuis longtemps que l'ersatz d'un parti représentant vraiment les intérêts des travailleurs. Mais il était encore là. Cette fois-ci, il a choisi de disparaître derrière Mélenchon. Par sa couardise face à la bourgeoisie, par son alignement derrière le Parti socialiste, même lorsque celui-ci menait au gouvernement une politique de combat pour préserver les intérêts capitalistes au détriment des travailleurs, le Parti communiste porte une responsabilité écrasante dans la démoralisation des travailleurs, dans leur atomisation, dans leur dépolitisation et dans la perte de tout repère de classe.

Il y avait de quoi être écœuré à écouter Mélenchon, le soir du premier tour, se vanter de son combat contre le Front national, alors qu'en tant qu'ancien ministre du gouvernement de la Gauche plurielle il a tout de même sa part de responsabilité dans la démoralisation et la perte de boussole qui constituent, avec la crise, le terreau sur lequel pousse le Front national !

Le seul contrepoids, lors des montées de l'extrême droite, a toujours été dans le passé la combativité de la classe ouvrière et sa conscience. Il en ira de même dans l'avenir. Aux attaques de la bourgeoisie sur le terrain matériel s'ajouteront les attaques sur le terrain politique. L'initiative de Sarkozy d'organiser sa propre manifestation le 1er Mai ne se veut pas seulement une démonstration de force. Son discours sur les « vrais travailleurs » est un appel à la mobilisation des milieux petits-bourgeois aux convictions de droite et d'extrême droite, mais aussi une attaque symbolique contre les organisations ouvrières, contre les syndicats.

La surenchère entre la droite et l'extrême droite les amènera à se poser, chacune, en « protecteur » du monde du travail, tout en intensifiant les attaques contre les organisations même réformistes qui agissent en son sein.

Seule une classe ouvrière mobilisée et consciente peut faire face aux attaques sur ces deux terrains. Mais, pour cela, elle a un besoin vital d'un parti qui représente ses intérêts politiques et matériels, un parti ouvrier révolutionnaire.

L'absence d'un véritable parti communiste est la principale faiblesse de la classe ouvrière. Le reconstruire est une urgence. Cela va être difficile, sur le champ de ruines laissé par les partis de la gauche réformiste ? Sans doute. Mais il n'y a pas d'autre voie. Et si la classe ouvrière retrouve la confiance en elle-même et la combativité, ce parti communiste pourra surgir très vite, à condition qu'il existe au moins une minorité qui en défende l'option, qui ne se décourage pas et qui transmette l'héritage politique nécessaire.
Nico37
 
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