Nathalie Arthaud : « Je crois en une explosion sociale » Marc Dazy Publié le 14/09/2011 à 00:00 Nathalie Arthaud, Vincent Goutagny et Maud Lepagnot. Si à la fin de la campagne, les gens retiennent qu’il n’y a pas de fatalité, on aura réussi » / PhotoJean-Pierre Balfin
Bourg-en-Bresse La candidate Lutte Ouvrière a présenté son programme hier après-midi. Expropriation des capitalistes et du travail aux travailleurs. « On n’a pas le choix »
On cherche d’emblée à identifier Nathalie Arthaud parmi la quinzaine de militant (e) s venus hier en fin d’après-midi à la maison des associations de Bourg. « Je suis moins connue qu’Arlette ! » concède la candidate Lutte Ouvrière à la Présidentielle.
Pas trop dur de succéder à « Arlette » ? « C’est une responsabilité importante. J’essaierai de me montrer à la hauteur ». Nathalie Arthaud pourrait incarner Laguillier en 81, lors de sa première Présidentielle. De la figure tutélaire de Lutte Ouvrière, elle possède le maintien farouche et le sourire avenant, la sincérité à fleur de peau et l’étincelle dans le regard braqué sur un monde meilleur. Elle, ira jusqu’au bout, c’est sûr.
« Je suis aussi légitime que les autres. Je ne vais pas laisser la parole à ceux qui ne proposent que cette organisation capitaliste complètement stupide ! »
La parole, elle la prend dans un débit d’orage. La rhétorique enflammée rappelle là encore sa devancière, à commencer par les célèbres « travailleuses, travailleurs ». « Les autres ne parlent que des classes moyennes. Nous, on parle des travailleurs au sens large, y compris les paysans, les retraités, les chômeurs… » En fait, tous ceux qui n’appartiennent pas à la classe honnie des « capitalistes ». A ces derniers, dont les banquiers, elle promet l’expropriation ou tout au moins un contrôle drastique des comptes et des profits. Aux autres, du travail pour tous, des tâches partagées, des salaires et des pensions de retraites revalorisés.
Le discours aussi vieux que Léon Trotski paraîtrait un peu incantatoire si l’actualité ne lui apportait un certain écho. « De toute façon, nous n’avons pas le choix. Ceux qui dirigent, pas les politiques qui sont là pour le cinéma, mais les chefs d’entreprises, les banquiers, les grands cerveaux, eux, ne contrôlent plus rien. La spéculation est plus forte que tout. S’ils ne trouvent pas de solutions, c’est peut-être qu’il n’y en pas d’autres, à moins de se débarrasser de ce système capitaliste irrationnel ».
Nathalie Arthaud croit d’abord en une explosion sociale, inéluctable selon elle. « À nous de préparer ces grandes luttes le mieux possible ». Tel est le sens de sa candidature. « Elle ne se pose pas en terme de score. Si à la fin de la campagne, les gens retiennent qu’il n’y a pas de fatalité, on aura réussi ».
À côté, Vincent Goutagny, ouvrier chez Toray à St-Maurice-de-Beynost, et Maud Lepagnot, enseignante à Bourg parlent de leur quotidien bien loin de l’élection. Des conditions de travail de plus en dures, de la fatigue et du ras-le-bol général. Vincent Goutagny : « Si en plus on ne peut plus payer les fins de mois, il y aura révolte. Un cran de plus dans l’austérité et je souhaite bonne chance au gouvernement ».