« La dette c’est la bourgeoisie » Par Benoit montaggioni Nathalie Arthaud est la nouvelle candidate de Lutte ouvrière. Pas facile pour elle de faire oublier Arlette Laguiller, figure très populaire depuis des années auprès des électeurs. Photo Gilles. Dufour.
Nathalie Arthaud est la candidate de Lutte ouvrière pour 2012. Sa mission est compliquée : succéder dans les urnes à Arlette Laguiller.
Vous êtes candidate à l’élection présidentielle, votre principale préoccupation aujourd’hui ce sont les 500 signatures ?Effectivement, nous sommes encore en train de chercher, mais on constate que ça avance bien. Donc je ne suis pas du tout inquiète, On se rend compte que l’on arrive à obtenir autant de promesses que lors des campagnes précédentes. Ce n’est donc pas plus difficile que lorsqu’Arlette Laguiller était notre candidate, ce qui prouve que LO est un courant bien ancré et légitime dans cette élection.
Est-ce qu’Arlette Laguiller joue un rôle dans votre campagne ?Elle reste discrète pour me permettre de me faire connaître, mais elle joue évidemment un rôle. On discute régulièrement, elle suit mes interviews, mes meetings et me dit ce qu’elle en pense. Je lui téléphone fréquemment pour évoquer l’actualité. Elle m’a notamment conseillé d’avoir en tête que : à chaque fois que je m’exprime c’est d’abord pour les travailleurs.
Donc vous commencez aussi vos interventions par « travailleuses, travailleurs ? »Bien sûr, parce que ce n’est pas seulement un slogan, c’est une politique. Une politique qui se place du point de vue des intérêts des exploités. D’ailleurs, je dénoncerai tous ceux qui veulent nous faire croire qu’on peut avoir une seule et même politique pour les capitalistes et pour les travailleurs. Il y a deux camps ! Deux camps qui s’affrontent qui ont des intérêts contradictoires et nous, nous sommes du côté des travailleurs.
La crise de la dette ce n’est pas le problème des travailleurs ?Le problème c’est que le gouvernement veut nous la faire payer. Mais cette dette ce n’est pas la nôtre, c’est celle de la bourgeoisie. Aucun chômeur, aucun retraité, aucun ouvrier n’a vu la couleur de ces 500 milliards de dettes. C’est de la dette qui a été faite au profit des banquiers, au profit des grands groupes industriels et c’est à eux de la payer ! Quand les travailleurs s’endettent pour acheter leur voiture ou leur appartement, ils remboursent leurs dettes. Pourquoi auraient-ils aussi à rembourser la dette du patronat ?
En Saône-et-Loire on a beaucoup parlé de démondialisation. Est-ce une idée qui vous séduit ?Pas du tout, pour moi c’est la version moderne des idées nationalistes qui sont un véritable poison pour les travailleurs. Si on veut dénoncer le chômage, pourquoi montrer du doigt les travailleurs de l’autre bout du monde ? Pourquoi ne pas plutôt accuser les licencieurs, ceux qui décident de fermer les usines chez nous ? Pourquoi aller chercher l’ouvrier chinois comme bouc émissaire ? Cette politique revient à exonérer de leurs responsabilités les capitalistes, le grand patronat. Le nationalisme même quand il vient de gauche, c’est toujours un poison pour les travailleurs.
La Bourgogne c’est près de 10 000 emplois liés au nucléaire. Quelle est la position de LO sur une éventuelle sortie du nucléaire ?Nous, nous sommes pour la sortie du capitalisme. Le nucléaire, bien sûr que c’est dangereux, mais ce qui démultiplie sa dangerosité c’est qu’il est dans les mains d’entreprises qui cherchent à faire du profit et pour qui la sécurité passe après la rentabilité.
Donc sortie ou pas ?L’urgence qu’il y a c’est de sortir le nucléaire des mains de ces grands groupes capitalistes comme Areva ou EDF qui n’ont qu’une logique : celle du profit. Il faudrait que nous puissions contrôler toute cette filière-là nous, les travailleurs, et ceux qui ne sont pas ceux liés à la recherche du profit maximum. Quand on parle de sortir du nucléaire qu’est ce que ça veut dire ? Encore faire confiance aux mêmes pour démanteler les centrales ? Faire confiance à ces groupes-là pour cette mission, ça aussi ça serait dangereux !
Vous parlez d’augmenter les salaires, avez-vous, comme Jean-Luc Mélenchon (Front de Gauche) défini un Smic ?Je pense, comme la CGT, qu’avec moins de 1 700 euros nets c’est difficile de vivre. Et à quoi sert un salaire s’il ne permet pas de payer les factures, remplir son frigo, payer les traites de la maison ? Mais nous, ce qu’on veut ce n’est pas seulement une augmentation de salaire, c’est surtout une indexation sur les prix. Revenons à l’échelle mobile des salaires ! Regardez le gaz par exemple : il a augmenté de 60 % depuis 2005 ! Il faut que ces salaires augmentent au même rythme que les prix.
Si on sort de l’euro c’est une bonne nouvelle pour le pouvoir d’achat ?Très franchement, que l’on sauve l’euro ou qu’on l’enterre, ce sera encore aux travailleurs de payer. Et vous savez, quand on se retrouve au chômage, qu’on est privé de salaire, que ce soit en franc ou en euro ça ne change absolument rien.
À partir de quel score votre campagne sera pour vous une réussite ?On ne le mesurera pas par les chiffres, mais plutôt en regardant si nos idées ont été portées, entendues et reprises dans classe ouvrière. Mais bien sûr, on va essayer de convaincre le maximum d’électeurs. Montrer que l’opposition au capitalisme vient des travailleurs et qu’ils se préparent à des grandes luttes.