contre sommet anti-OTAN , 1/5 avril 2009

et appels à aller soutenir en urgence...

Re: contre sommet anti-OTAN , 1/5 avril 2009

Messagede Nico37 » 17 Mai 2009, 18:59

LETTRE DES INCULPÉS DE STRASBOURG

« ...il ne faudrait surtout pas oublier que ce nous gérons, ce ne sont pas des choses, mais de la matière humaine... »
Un maton de Fleury lors des grèves d'avril 09


Je garde en mémoire le souvenir obsédant d'un crissement de pneu, du fracas d'un train qui déraille, des portière qui claquent. Ensuite le cliquetis strident des menottes sur mes poignets, un écusson de la B.A.C., une panthère noire la gueule grande ouverte. Après plus rien, si ce n'est la sueur froide des auditions, la lumière blanche d'une cellule de garde à vue et la pellicule de ce faux monde qui continue pourtant de défiler...

La république, l'ordre bourgeois, ou tout autre appellation du consensus social, cherche à nous maintenir dans un mode de vie unique et obsolète. L'ordre des choses tel que nous le connaissons s'effrite, il est prêt à voler en éclat. Les vieux mécanismes de cruauté et d'humiliation qui nous maintenaient dans la docilité et l'individualisme sont dorénavant insuffisant à dissimuler les conséquences de la débâcle.
La bourgeoisie n'a plus rien à offrir, pas même l'illusion d'un espoir. En tant que pouvoir, ils ont déjà consommés toutes leurs fortunes. Ils n'exercent plus la moindre fascination, au sens fasciste du terme. Sous le pas lourd de leur désenchantement, ils laissent place à un sentiment nauséeux de déjà vu, déjà vécu. Tout est pellicule, fiction.
Partout autour de nous se resserre l'étau de la légalité et du contrôle, partout s'allonge la portée des armes d'Etat. L'Europe sentant son déclin venir s'est érigée en forteresse. Arguant de ses prétentions démocratiques, elle se sert d'organe tel que l'OTAN pour armer ses intérêts et protéger ses privilèges.

Lors des événements « otanesques » de Strasbourg, les autorités s'en sont données à cœur joie pour nous instrumentaliser en tant qu'exutoire chimérique, d'un peuple qui partout se rapproprie déjà par lui même les moyens de sa défense, que ce soit dans la rue, dans le bureau du patron, ou lors d'actions d'auto-réduction, ...
La boulimie du pouvoir s'exerce toujours plus concrètement sur nos vies nos corps et maintenant notre pensé. Ce que l'on nous reproche est d'ordre abstrait, nous sommes suspectés d'avoir nourris de mauvaises intentions et donc incarcérés en raison de ces éventuelles volontés délictueuses. En réalité aucun acte matériel. Mais puisque porter des accusations n'est pas encore suffisant à prouver, les tribunaux vont alors devoir sonder nos moralités et nous punir en conséquences...
Pour se purger de ses traumatismes et pour gérer sa propre production de frustration, la société a besoin de ses victimes expiatoire. Conscient des logiques et des intérêts spectaculaires dans lesquels nous nous débattions, nous avons refusé d'être jugés en comparutions immédiates, ce qui nous a valu d'être placés 1 mois en détention provisoire. Nous avons été libérés depuis, à l'issue d'un premier procès pour cause de nullités procédurières. Mais l'Etat ne compte pas en rester là, nous allons être rejuger.

La république se décline en un grand nombres de prisons. Il y a bien sûr les institutions, les écoles, les foyers, les hôpitaux, les maisons de retraite, les camps de rétentions, les maisons d'arrêts et tant d'autres. Tous ces lieux d'enfermement dans lesquelles nous sommes placés sous dépendance, contraint les yeux rivés sur la pendule à patienter, à abandonné nos désirs, nos volontés.
Notre course effrénée s'est momentanément échouée dans l'une de ces nombreuses cellules en forme d'impasse, dans lesquelles le pouvoir aime tant à nous enfermer.
Tout comme à l'extérieur, ils s'imaginent pouvoir nous apprivoiser en exerçant un contrôle strict sur nos sens, en soumettant nos corps à leur disciplines arbitraires. Tous ce que nous voyons, jusqu'aux odeurs que nous respirons (un mélange d'odeurs rances et de produits détergents), sans nous attarder sur la bouffe qui y est servie, tout est là pour nous rappeler notre condition de prisonnier. Un espace conçu à l'image de notre société, pour être démesurément fade et glacial.
La prison tout entière est prévue pour que nous ne puissions pas nous en faire une représentation claire. Jusqu'aux fenêtres orientés de manière à former un angle restreint avec le mur, contrôlant ainsi le paysage à porté de vue. Chaque couloir, chaque escalier débouche sur son poste de garde et son armada de caméra vidéo. Tout est compartimenté, enclavé, pour limiter nos déplacements, nos échanges. La prison constitue un immense champ d'expérimentation, pour des techniques sécuritaires qui seront ou sont déjà en application dans nos sociétés.
Enfermés dans ces sinistres cages, le monde nous apparaît comme une immense source inépuisable de liberté. Mais la prison sert cette illusion, en se donnant pour but de nous isoler, pour nous affaiblir et nous briser. Par la contraintes et la privation, elle tente de semer le trouble et la confusion entre une éventuelle et éphémère libération et la possibilité même, le véritable devenir de la liberté.

Un vent frais nous parvient parfois de l'extérieur. Chargé d'électricité, il nous annonce que dehors c'est partout le même ravissement, le même spectacle. Des bandes de jeunes et d'autres un peu moins, toutes conditions sociales confondues, qui refusent de jouer leur rôles. Ils ne vivent désormais l'instant présent que pour se rapproprier et assumer leurs désirs. Un front fier et indécent à l'égard d'une société desséchée, qui ne nous a jamais laissé d'issue que dans l'obéissance citoyenniste, la soumission et la monotonie des jours gris.
Au hasard des rencontres, nous nous découvrons comme force collective. Une puissance enfin amène de nous libérer de la rage, que nous inflige tous les jours ces étalages insolent de biens et d'espoirs nauséeux. Auxquels nous le savons, nous n'aurons jamais accès. Et à vrai dire, tant mieux !

Les séquences se figent, les enchainements se brouillent. On entend maintenant distinctement depuis la cabine de projection, le claquement de la pellicule qui tourne dans le vide. La bobine arrive enfin à son terme, et nous nous réveillons groggy, glacés, cherchant à tâtons un quelconque point de fuite dans cette atmosphère oppressive.
Ce que l'on nous reproche concrètement c'est notre refus de la société telle que nous la subissons. C'est le fait que nous vivions en marge de celle-ci, que nous expérimentions de nouvelles formes de vie, de lutte. Les tyrans et les tenants de l'ordre ont décidés d'ignorer toutes formes de contestations traditionnelles, ouvrant ainsi la voie à une jeunesse tout de noir vêtu, célébrant le deuil de ses libertés.
Comme une majestueuse fuite en avant, nous ne trouverons désormais de réponses que dans le mouvement qui détruit l'ordre existant des choses. La répression auquel fait face notre combat, nous a ramenés pour un temps au cœur même de la traque et de l'oppression. Mais dehors, comme depuis nos cellules, nous continuons de fomenter de nouvelles lignes de fuite, de nouveaux rapports de force, utilisant pour cela chaque brèches dans la forteresse. Ici plus que jamais nous avons conscience de la nécessité de nos pratiques, de nos solidarités, de nos luttes auxquelles semble répondre comme en échos, le lent vacillement de l'architecture sécuritaire et individualisante que nous fuyons.

En tous lieux, toutes circonstances, nous continuons autant que possible d'aménager de nouveaux espaces de liberté. Ainsi s'il nous arrive parfois d'être pris ou même vaincus, nous restons à jamais insoumis. Ami-es soyez heureux, car j'ai la vague impression que de notre capacité à être heureux dépend notre seul espoir.

F.A.P.
Nico37
 
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Re: contre sommet anti-OTAN , 1/5 avril 2009

Messagede angularsound » 17 Mai 2009, 19:53

WOW ! vraiment excellent, pertinent, synthétique, humain, positif : rien n'a ajouter.
angularsound
 

Re: contre sommet anti-OTAN , 1/5 avril 2009

Messagede conan » 17 Mai 2009, 20:09

En tous lieux, toutes circonstances, nous continuons autant que possible d'aménager de nouveaux espaces de liberté. Ainsi s'il nous arrive parfois d'être pris ou même vaincus, nous restons à jamais insoumis. Ami-es soyez heureux, car j'ai la vague impression que de notre capacité à être heureux dépend notre seul espoir.


:clap: :clap: :clap:
conan
 

Première relaxe pour une anti-otan

Messagede georges » 19 Mai 2009, 12:24

18 mai : Première relaxe pour une anti-otan
Ce matin comparaissait libre une manifestante anti-otan qui était accusée par un agent de la BAC de s’être saisi d’un bâton lors de la manifestation du jeudi 2 avril qui avait fini par une partie de chasse dans la forêt du Neuhof. Elle a été relaxée. De toute évidence, ce que l’agent avait surtout retenu contre la manifestante était qu’elle n’avait pas gardé sa langue dans sa poche, se révoltant contre le ratissage qu’elle avait subi, l’arrestation, sa fouille complète, son fichage etc. L’accusation de l’avoir vue avec un bâton arrivant plus tard dans la procédure ainsi que les innombrables irrégularités et bâclages dont l’ensemble de la procédure fait état montre une fois de plus l’arbitraire des personnes qui sont trainés devant les tribunaux suites aux manifestations contre le sommet de l’OTAN. Ce matin une lampiste a échappé au filet. Mais elle n’est pas l’arbre qui cache la forêt : 7 personnes sont encore emprisonnées. La manifestante va demander par courrier au parquet d’ordonner la destruction des éléments de son fichage effectués pendant son interpellation destinés au fichier STIC. Il y a eu au moins 300 arrestations ce jeudi là, dans la forêt du Neuhof. La Légal Team fait un appel à toutes les personnes qui ont subi ce fichage sans qu’aucune poursuite judiciaire n’ait été engagée contre elles d’adresser un courrier au parquet, transmis à la Légal Team qui à l’aide des avocatEs déposeront une demande collective afin qu’ils et elles soient effacéEs de ce fichier.
Contacts de la Légal Team Anti Repression Strasbourg : legalteam-strasbourg@effraie.org
georges
 

suite répression sommet anti-OTAN

Messagede georges » 20 Mai 2009, 21:04

court compte-rendu de l’audience du 14 mai 2009

L’étudiant qui est passé devant le tribunal le jeudi 14 mai 2009 a été condamné à 75 euros d’amende, mais la plaidoirie a permis d’écarter la violence sur agent.


et prochain procès des 3 tourangeaux

Le prochain procès "des tourangeaux" aurait lieu lundi 22 juin prochain au Tribunal de Grande Instance de Strasbourg. Accusés d’avoir acheté du white spirit, une serpillère et des lunettes de plongé dans un hypermarché de Strasbourg pendant le contre-sommet de l’OTAN, dénoncé par les vigiles du magasin, les trois personnes avaient été arrêtées et incarcérées pendant un mois à la prison de l’Elsau après avoir refusé leur comparution immédiate. Libérés le 5 mai après qu’une des nullités plaidées ait été accepté par les juges, le parquet avait modifié "l’erreur" afin de faire recomparaître les trois personnes. C’est donc une troisième fois qu’ils vont comparaître devant le TGI, l’acharnement est manifeste. La procureur avait requis 12 mois de prison ferme.

http://www.antirepression.org
georges
 

Re: contre sommet anti-OTAN , 1/5 avril 2009

Messagede Polack » 23 Mai 2009, 17:10

Un texte de la CNTait avec lequel je ne suis pas tout à fait d'accord mais qui soulève de bonnes questions.


De la nécessité de déserter les contre-sommets illustrée par le " siège de
Strasbourg "

Hé oui ! Quitte à jouer le rabat-joie, le donneur de leçons ou le vieux c…
(à mon âge, c’est précoce, diront mes contradicteurs... ) me voilà à
affirmer bien fort : aller à Strasbourg, comme à tout autre contre-sommet,
est une erreur ! Pourtant loin de vouloir jouer les moralistes ou les
donneurs de leçons c’est une critique constructive que je voudrais
apporter à tous ceux qui prendront la peine de se confronter à cet article
et avec qui je partage la révolte légitime contre l’OTAN comme contre
toutes les guerres. Je m’exprime ici en tant que révolutionnaire soucieux
de l’avancée du mouvement et souhaitant apporter sa pierre à l’édifice

Inutilité du rassemblement en soi

Dans la mesure où nous ne disposons pas d’un rapport de force suffisant
pour empêcher la tenue de ce type de congrès, toute agitation autour ne
sera que la manifestation de notre impuissance. Le constat doit être le
suivant : le mouvement est trop faible pour affronter l’État sur son
terrain (celui de la force), notre tache première est donc de renforcer le
mouvement.

A quoi bon se lancer dans un combat perdu d’avance ? Montrer que nous
existons, "vivre des choses intenses" ne font en rien avancer la cause
révolutionnaire. Nous nous faisons plaisir tout au plus, et encore pour
ceux qui ne se font pas choper. Si nous organisons un contre-sommet que ce
soit pour contrer le dit sommet, sinon autant rester chez soi. Empêcher
les quelques tyrans de boire du champagne (pour une fois dans l’année le
remarqueront-ils seulement ?) en bloquant les accès aux fournisseurs ne
les empêchera pas d’organiser la militarisation voire la prochaine guerre
venant au secours de leur capitalisme en banqueroute. Par contre s’ils se
trouvent face à un mouvement de résistance populaire autonome, massif et
a-nationaliste ces derniers pourront toujours organiser tous les sommets
qu’ils voudront, ce sera à eux de constater leur impuissance et plus rien
ne pourra freiner leur chute. C’est à cette tâche que les anarchistes
révolutionnaires doivent s’affairer et non pas servir d’entraînement à la
police et d’alibi au pouvoir.

Ces contre-sommets ne servent donc à rien et cela de l’aveu même de
certains participants aux Black Blocs

Des erreurs stratégiques

Rappelons un principe stratégique de base : frapper là où l’ennemi ne nous
attend pas. Ne pas l’attaque de front là où il est en position de force
mais là où il est faible. Les contre-sommets sont des pièges à loup dans
lequel le pouvoir est trop content de nous voir tomber. A quoi bon
s’amuser à la guérilla urbaine quand plus de 200 compagnies de CRS sont
dépêchées et que l’armée occupe les rues ? Pourquoi aller à l’affrontement
quand l’ennemi est plus fort que nous ?

Pourquoi aller se casser les dents à Strasbourg pour un résultat quasi nul
alors que le climat social actuel réclame la présence des révolutionnaires
dans les rangs des travailleurs en lutte (et sûrement pas en prison ou à
l’hôpital) ?

Tant qu’à mener des actions ou à faire de la propagande
anti-militariste/anti-guerre autant les mener ailleurs qu’à Strasbourg. La
contestation aurait très bien pu être décentralisée. En agissant ainsi la
liberté d’action aurait été bien plus grande, les forces de répression
s’étant rendues massivement au sommet.

Aller à Strasbourg, c’est faire le jeu du pouvoir. C’est lui permettre de
s’exercer, de tester dans la pratique sa méthode de contre-insurrection
ainsi que de ficher les militants et de galvaniser les troupes en les
mettant face à un ennemi réel (imaginez le moral des CRS dépêchés à
Strasbourg s’ils s’étaient retrouvés seuls avec personne à affronter, à
cogner... un KO psychologique en perspective).

Une autre erreur de stratégie est celle de ne pas discerner celle
qu’applique la police, à savoir de déserter un quartier populaire afin que
le Black Bloc s’y déchaîne. Alors qu’il aurait fallut s’y faire des
alliés, la tactique de destruction est restée la même. Résultat : une
incompréhension totale de la part des habitants, ces dernier allant
jusqu’à poser le classique "mais que fait la police ?". Voilà comment
légitimer auprès de la population la plus exploitée l’occupation policière
et la répression.

Le rituel

Ces moments sont des instants de contestation spectaculaire. Tout y est
orchestré, préparé, ritualisé aussi bien du côté des manifestants et
activistes que du côté du pouvoir. Comme s’il s’agissait d’un rendez-vous
: "venez tel jour, tel lieu, vous connaissez le programme", flics et Black
Blocs se retrouvent comme de vieilles relations. Chacun joue son rôle et
tout le monde rentre à la maison (sauf pour les malchanceux, mais la règle
du jeu veut qu’il y en ait).

On ne peut guère douter de la sincérité de chacun dans son engagement.
Mais il reste que cette sincérité n’amène qu’à une confrontation rituelle
avec la symbolique de l’OTAN. Rituelle parce qu’elle obéit à des codes
très établis, différents pour chaque groupe. Rituelle y compris dans les
risques pris par les manifestants au cours des rencontres avec les forces
de l’ordre. Rituelle parce qu’elle revient à intervalle régulier - quelle
déception ce serait à la fin d’un sommet de ne pas se donner rendez-vous
au prochain. Mais à reproduire les rassemblements nous ne construisons
plus que ce rituel romantique et il n’y a rien à gagner ainsi contre des
icônes.

Un traitement suspect dans la presse

Il est assez curieux de voir la presse d’ordinaire si vive contre les
"casseurs" et autres "débordements" être aussi peu vindicative à l’égard
du Black Bloc. On pourrait croire que c’est l’air du temps, que l’époque
est à la contestation radicale et que cela se ressent jusque dans les
lignes des journalistes qui capteraient que "d’autres formes de luttes
sont possibles", en particulier l’affrontement activiste. C’est peut être
en partie vraie, il faudrait vraiment être aveugle pour ne pas voir que
les mentalités ont changé et que des pratiques de plus en plus dures se
développe et se démocratisent comme l’attestent par exemple les
séquestrations de patrons. Ce serai toute fois être bien naïf sur le rôle
de nos chers médias et des intérêts qu’ils défendent. Et ces intérêts ne
sont sûrement pas ceux de la révolution.

La mise en avant de telles pratiques n’est pas neutre. L’intérêt que j’y
vois, le voici : flatter les activistes du Black Bloc, leur faire penser
que ça y est, les voilà enfin reconnus et compris, les encourager dans
cette voie. Pourquoi ? La réponse est simple, pour orienter les éléments
les plus radicaux de la société vers l’impasse de l’activisme, de
l’agitation. Tant que les révolutionnaires cassent des vitrines et
incendient des poubelles, ils ne s’organisent pas à la base pour une
nouvelle société, tant que tous leurs efforts sont tournés vers
l’insurrection, ils ne préparent pas la révolution. Voilà l’endroit où le
pouvoir veut nous acculer. Il cherche aujourd’hui à créer un ennemi
intérieur afin de légitimer la répression et la société de contrôle et de
contrainte qu’il développe. Cela peut aussi servir à les exciter un peu, à
les encourager à aller un cran au-dessus en leur faisant penser qu’un cap
est franchi.

La mise en avant d’un livre comme l’Insurrection qui vient participe à la
même démarche de création de points de fixation. En déclarant ce livre
comme représentatif du mouvement en cour, en lui donnant la médaille de
l’œuvre subversive du moment (ce qui reste dans la même logique consistant
à flatter ceux qui s’en réclame), le pouvoir oriente les esprits les plus
malléables vers ces types de courant et se protège ainsi d’un mouvement
révolutionnaire et de lutte de classe.

Des points positifs tout de même

Cependant, on peut quand même trouver des points positifs dans ce genre de
rassemblement et dans celui-ci en particulier. L’avantage indéniable de ce
type de manifestation est de rassembler des gens venus du monde entier.
Cela permet de créer des liens et des solidarités à une échelle
a-nationale. Rencontrer des militants d’autres pays, partager leurs
expériences, échanger des idées, prendre des informations sur les luttes
en cours dans chaque pays… Voilà le grand intérêt de ces moments. Mais ce
genre de rassemblement peut être organisé en dehors des lieux assignés par
l’Etat. C’est à nous de créer de nouveaux espaces où de telles rencontres
soient possibles, en toute autonomie d’organisation.

Un autre événement positif est la jonction faite avec certains habitants
des cités qui avaient rejoint le cortège, du moins au début. C’est
certainement ce qu’il y a eu de meilleur à retenir de ces trois jours.

Solidarité avec les victimes de la répression

Il est inutile je pense de préciser que malgré toutes les critiques que
j’ai pu faire, moi-aussi je me sens solidaire des victimes de la
répression. Chacun peut exprimer sa solidarité en exigeant la levée des
poursuites et la libération des détenus en écrivant ou appelant le
tribunal de Strasbourg : Quai Finkmatt - BP 1030 - 67 070 Strasbourg Cedex
(Fax : +33 ou 03.88.75.27.27 ; Tel : +33 ou 0 3.88.75.29.30). Chacun peut
également se rapprocher du du Comité anti répression de cette ville : www.
antirepression.org ou en appelant le 06.37.98.30.87

Pour conclure, je conseillerai simplement à chacun d’abandonner le
folklore pour participer à la constitution d’un mouvement révolutionnaire
à la base. Diffusons nos idées et nos pratiques dans la population, ne
soyons pas des professionnels de l’agitation, de la contestation radicale
mais soyons des porteurs d’un autre futur. Ne jouons pas à l’insurrection,
à la guérilla urbaine quelques jours à l’occasion de grands rassemblements
mais préparons la révolution en profondeur dans les luttes jour après
jour. Composons nos stratégies à partir de notre réalité et arrêtons de
répondre aux rendez-vous fixés par l’ennemi.

Fred
Polack
 

Re: contre sommet anti-OTAN , 1/5 avril 2009

Messagede Nico37 » 01 Juin 2009, 18:50

A CAUSE D'UNE SERPILLIERE ET D'UN PEU D'ALCOOL A BRULE...

Le 22 juin, les trois tourangeaux arrêtés lors du contre sommet de l'OTAN à Strasbourg, sont de nouveau convoqués devant le tribunal alsacien. Cela ne sera que la troisième fois, pour cette même affaire, qu'ils comparaîtront devant la justice. De là à penser acharnement, il n'y a qu'un pas ! Ils ont été relaxés le 5 mai, pour vice de procédure. Le tribunal à été obligé de reconnaître que ni les flics, ni les greffiers ne savaient correctement recopier le simple numéro d'un article de loi. Le procureur a donc annoncé par voie de presse son intention de les rejuger sur le fond. Sa volonté est de les embastiller. Ils risquent jusqu'à un an de prison ferme, comme l'a déjà requis le porte parole de Dati/Sarkozy.

Mais que font-ils pour mériter tant de zèle de la part de la voix du maître ? S'ils sont convoqués devant la cour, ce n'est pas simplement pour un procès d'intention, où pour avoir acheter de l'alcool à bruler, des lunettes de protection, et une SERPILLÈRE, mais bel et bien pour briser leur volonté à s'émanciper du contrôle social toujours plus intense, à construire de nouveaux rapports entre individus, basés sur des solidarités actives, l'entraide et l'égalité sociale. Ce qui est directement mis en cause, c'est leur mode de vie, leurs désirs d'échapper aux formes astreignantes du productivisme, du salariat et à son cortège de misère, dans lequel nous nous sentons tous de plus en plus enfermés.

Le parti de l'ordre, dans l'incapacité de pourvoir à nos besoins et aspirations, tente de limiter, voir d'écraser nos volontés individuelles et collectives. Toutefois l'État en tant qu'architecture froide et sécuritaire, fait face à l'éventualité d'une crise majeure; celle de la forme actuelle de son outil de contrôle social en passe d'être rendu obsolète par le délabrement de l'économie capitaliste et de l'idéal de vie « petit bourgeois » devenu inaccessible et peu enviable. Le recours aux traditionnelles techniques d'enfermement disciplinaire, à la mise en compétition des individus par le biais du jeu concurrentiel de leurs ambitions, offre une marge de manœuvre de plus en plus limitée. Prisons surchargées, émeutes régulières, discrédit de l'entreprise et de son modèle managerial.

Le véritable risque pour les gouvernants, est que cette crise matérielle s'étende et déborde en une crise institutionnelle et sociale. Les politiques de gestion de la misère (dites politiques sociales...) rencontrent de plus en plus de difficultés à rester crédibles et ce n'est certainement pas « l'armée » des travailleurs sociaux qui y changera quelque chose. Pour l'instant, les organes « représentatifs », tels que les syndicats ou partis, assurent leur fonction d'instrument de la machine « Contrôle », en régulant l'expression politique des frustrations par des manifs spectacles, assurant ainsi la reproduction du présent. Combien de temps tiendront-ils ? Quant serons nous capables d'initier des ruptures à la hauteur de nos utopies ? Si ces organismes n'arrivent plus à remplir leurs rôles, l'État en sera d'autant plus policier, et certainement même assisté par l'armée. « Le risque inhérent à une telle orientation est que cette société purement fonctionnelle se convertisse à une sorte de totalitarisme de l'efficace » (G. Sainati, U. Schalchli, La décadence sécuritaire La Fabrique 2007) conduisant à l'instauration progressive d'un nouveau régime de domination et de fascisme.

La construction fantasmagorique d'un « ennemi intérieur », comme action psychologique et stratégie politique permet de justifier la nécessité des mesures prises, l'ingérence sans cesse croissante des autorités dans nos vies et la permanence d'une législation anti-terroriste, dite exceptionnelle. La recherche de peine de « substitution » et le recours au collier électronique, participe tout autant à ce processus de transformation de nos sociétés de contrôle et de maintien de l'ordre. Rien que pour l'année 2008, l'État a procédé à plus de 600 000 garde à vue. Combien de perquisition? De personnes misent sous écoute, sous surveillance. La répression a pour but de marginaliser et d'éradiquer toutes organisations informelles et surtout de PRÉVENIR tous désirs ingouvernables, en imposant le respect du monopole et de l'omniprésence du pouvoir dans toutes les sphères de notre existence.

Les enjeux des logiques contre-insurrectionnelles actuelles sont le contrôle de la population (de leur déplacement, de leur velléité, ...) et le maintien des cloisons entre les différentes colères et luttes. Les gouvernants agissent en médecins, prodiguant tantôt le médicament police, tantôt le vaccin justice. Dans cette perspective endémique, la « nation » est un corps dont il faut localiser et prémunir de tous les foyers infectieux que nous sommes. Ainsi, ce « corps » resterait « sain » si aucune contestation de l'ordre économique, politique et sociale n'avait la possibilité de voir le jour. L'un des antivirus qu'est l'enfermement, avec ses possibilités limitées, ne peut être qu'un mode de gestion de crise et de gouvernance à court terme, (du moins nous l'espérons). Celui-ci sclérose « l'imaginaire » des décideurs dans les limites du capitalisme, n'ayant pas d'autres univers à proposer, elle les conduit à nous enfermer toujours plus nombreux et enragés, à l'intérieur des murs carcéraux.

Mais au final n'est-ce pas en leur sein, dans l'œil du cyclone que pourront enfin se briser les barrières sociales. La rencontre tant attendue de différents milieux sociaux qui, à terme, pourront se radicaliser et laisser libre court à leurs volontés d'émancipation. Nous l'avons notamment vu à Strasbourg, suite aux affrontements et à la convergence festive qui a eu lieu dans le quartier du Neuhoff. Les liens créés au dehors ont pu se développer à l'intérieur.

Tours, le 30/05/09
Serpillières Offensives en Lutte
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Re: contre sommet anti-OTAN , 1/5 avril 2009

Messagede Nico37 » 06 Juin 2009, 22:36

FOETUS PARTY et PEKATRALATAK (quoi ils sont pas morts? si si !) 5 titres ont été enregistrés en septembre 2008, dans les fougères basques,
5 reprises de classiques punks: Oi Polloi, Sin Dios, Homomilitia, Crass et Fleas and Lies, 5 morceaux chantés en français à la sauce Pekatreparty ou
Foetusalatak, comme on veut !
Cd gravé avec un livret de 3 pages, en soutien aux inculpés et incarcérés du contre sommet de l'OTAN à Strasbourg. Les bénéfices serviront à payer les frais d'avocats, les amendes, à cantiner en prison....

A Tours, le comité anti répression récolte la thune, donc vous pouvez soutenir en écrivant à :
APF, 58 boulevard Preuilly, 37000 TOURS
par chèque: à l'ordre de LA NICHE et c'est là aussi pour commander un Cd ! (prix de revient environ 2€), pensez au frais de port.
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Re: contre sommet anti-OTAN , 1/5 avril 2009

Messagede poolpikan » 07 Juin 2009, 20:19

yé ! :guitare: :gun: :rambo:
Le problème n'est pas gauche-droite. Il est haut-bas.
poolpikan
 
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Re: contre sommet anti-OTAN , 1/5 avril 2009

Messagede Pïérô » 13 Juin 2009, 14:17

Il y a regain d'activité au niveau de la reppression. Une membre de SUD etudiant s'est retrouvée en garde à vue puis relachée, son ordinateur embarqué. Des arrestations à Strasbourg aussi, dont des mineurs. L'info a du mal à circuler et il semble que la legal team patine...

Dans la presse :
Violences en marge du sommet de l'OTAN : six interpellations
Six personnes ont été interpellés à Strasbourg après les affrontements qui ont eu lieu en marge du sommet de l'OTAN le 3 avril, a annoncé mardi soir le ministère de l'Intérieur. Dans un communiqué, le ministère précise que « des identifications et des interpellations de participants aux violences perpétrées à Strasbourg en marge du sommet de l'OTAN, ont eu lieu les 8 et 9 juin. Quatre des six interpellés ont été déférés devant un magistrat ».
Michèle Alliot-Marie, ministre de l'Intérieur, a adressé ses félicitations aux enquêteurs strasbourgeois ainsi qu'à ceux de la sûreté départementale du Bas-Rhin « pour leur minutieux travail ».
Dernières Nouvelles d'Alsace
Édition du Jeu 11 juin 2009
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Re: contre sommet anti-OTAN , 1/5 avril 2009

Messagede lou » 17 Juin 2009, 14:00

LA CNT, la FA et NO PA STRASBOURG ont ecrit un communiqué au réponse au bilan de l'OCL. A titre perso j'ai assisté à plusieurs réunions de la Coordination Anti Otan. J'ai relevé de nombreux problèmes que ce soit sur la prise de décision, les problèmes de sexisme et un grave manque au principe d'autogestion mais je trouve le bilan de l'OCL un peu lapidaire et assez injuste notamment vis à vis de la FA. Le problème à Strasbourg est que les orgas se tapent dessus à qui mieux mieux, trainent des conflits de personnes depuis des lustres et n'arrivent pas à travailler ensemble. Quand en plus on se rend compte que OCL CNT FA et NO PA doivent representer 25 personnes en tout et pour tout sur Strasbourg on a envie de s'arracher les cheveux!!! J'ai eu la chance de connaitre à Paris un vrai travail unitaire entre la CNT, NO PA, la FA et meme les JCR et j'avoue que je ne comprends pas bien pourquoi il y a des endroits où les orgas se tapent dessus, en particulier en Alsace où ça grouille de fafs!
je serai post-féministe quand nous en serons au stade du post-patriarcat.
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Re: contre sommet anti-OTAN , 1/5 avril 2009

Messagede Nico37 » 17 Juin 2009, 17:56

Les organisations sous-signées appellent à un rassemblement devant le ministère de la Justice Vendredi 19 juin 2009 à 17H30 13 Place Vendôme - M° Opéra

Communiqué : Manifestations contre le sommet de l'Otan à Strasbourg - Suites
Manifester est un droit, nous ne cèderons pas à l'intimidation


Dès les élections passées les autorités sont passées à l'offensive pour intimider celles et ceux qui seraient tentés de manifester leur opposition à la politique guerrière de notre gouvernement. Du 8 au 11 juin plusieurs participant-e-s à la manifestation contre le sommet de l'Otan de Strasbourg le 5 avril dernier ont été arrêtés à Strasbourg, Mulhouse et Paris, dont des syndicalistes de Sud et de la CGT. Certains ont été "entendus" comme témoins, d'autres ont été déférés devant un magistrat. Des domiciles ont été perquisitionnés.

Nous condamnons ces méthodes d'intimidation qui sont dans le droit fil des entraves mises au droit de manifester lors du sommet de l'Otan et rentrent plus généralement dans le cadre d'une dérive sécuritaire du pouvoir en place.

Nous exigeons l'arrêt immédiat de toutes les poursuites engagées suite aux manifestations de Strasbourg et la mise en place d'une commission d'enquête sur l'action des forces de police lors de ces manifestations.
Signataires : AAW, ACG, Les Alternatifs, Alternative libertaire, ATTAC, CCIPPP, ESSF, Collectif des Iraniens contre la Guerre, Organisation Femmes-Egalité, FSU, La Fédération, Ligue des Femmes, Mouvement de la Paix, Marche Mondiale des femmes-France, MRAP, NPA, PCF, PCOF, Réseau Féministe « Ruptures », Solidaires, Union Pacifiste, Les Verts
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Re: contre sommet anti-OTAN , 1/5 avril 2009

Messagede vroum » 18 Juin 2009, 21:11

Ni héros ni martyr : juste méchant !

--> (quelques propos sur l'organisation du contre-sommet de l'OTAN)


Le dernier numéro de Courant Alternatif propose un petit dossier intitulé « Strasbourg emporte l’OTAN. Chronologie et analyse, sommet et contre sommet, répression... ». Si l’analyse du contre-sommet est une volonté a priori louable (la critique des contre-sommets doit être fait et nous la faisons aussi) elle n’est ici que prétexte à dénonciations calomnieuses : une page entière au moins sur les cinq est consacrée au procès de la Coordination Anti-Otan Strasbourg (CAOS) et aux organisations qui la composaient. Cette parodie de critique politique était plus que prévisible puisque annoncée à maintes reprises par les trois membres du groupe OCL local lors des réunions du CAOS où dès le mois de février les menaces fusaient : « Nous verrons lors du bilan. Nous gardons les mails. ». Il convient donc, puisque les hostilités ont été ouvertes, avec sommations, de revenir sur l’analyse proposée et de décortiquer la critique afin de permettre une vison plus juste de (la petite) histoire. Par ailleurs, nous tenons à indiquer que ce n’est pas l’attitude de l’OCL en tant que telle que nous déplorons, mais bien de ses membres strasbourgeois même si nous regrettons que l’OCL via Courant Alternatif s’en fasse le relais.

Ce qui frappe l’esprit à la lecture du dossier c’est l’immédiat et incroyable constat des rédacteurs : le groupe local de l’OCL est le seul à avoir politiquement préparé et vécu le contre sommet de l’Otan de manière saine, intelligente et révolutionnaire. Tout le monde en prend pour son grade : Fédération Anarchiste, Alternative Libertaire, Nouveau Parti Anticapitaliste, No Pasaran...

Autant de redondance et de diligence dans un aussi petit dossier pour décrier et discréditer les autres, démontre si besoin était une attitude médiocre qui n’aurait pas valeur à être polémique si elle n’avait pour but de pratiquer un révisionnisme politique exécrable. Nous nous devons donc de rétablir quelques vérités.

La Coordination Anti-Otan Strasbourg, les négociations et le Village.

N’en déplaise à l’OCL, la CAOS est bien née de l’initiative du groupe local de la Fédération Anarchiste. C’est comme cela, imparable : la FA a lancé la première invitation à une réunion dès septembre 2008 en vue de l’organisation du contre sommet. Alors lorsque la FA écrit qu’elle est à l’initiative, c’est une vérité qui ne mange pas de pain et qui devrait être facile a acceptée si l’on ne souffrait pas de quelconques complexes. Dès les premières réunions, la CAOS s’était donné comme objectif politique et militant de travailler aux questions de recherche d’un terrain susceptible d’accueillir un Village autogéré anti-Otan et d’en discuter les modalités avec les autorités, ainsi que d’être une véritable force contre la répression qui ne manquerait pas de s’exercer pendant et après le sommet. Il n’était pas question d’autres choses au sein de la CAOS. Ce positionnement, s’il a fait débat (même entre des orgas mises dans le sac par l’article en question) et s’il pouvait surprendre, n’en demeurait pas moins pertinent au regard des forces militantes locales, de la préparation tardive de ce contre sommet - tout du moins dans l’hexagone. Rapidement la CAOS a dû faire face à l’émergence d’une seconde structure anti-OTAN. En effet les organisations disons « institutionnelles » qui au départ avaient rejeté la démarche unitaire, avaient lancé une nouvelle structure avec la volonté manifeste d’en écarter la CAOS qui malgré sa diversité politique était trop connotée comme libertaire ou radicale. A l’issue d’une réunion houleuse, deux structures différentes travaillaient localement à l’architecture du contre-sommet. La CAOS s’occupant uniquement du Village et le Collectif s’affairant à négocier la manifestation du samedi 4.

Si l’OCL faisait preuve d’un minimum d’impartialité et de rigueur militante, elle ne pourrait pas assumer les écrits de la commission journal du 26 avril portant sur les objectifs de la CAOS. Dire que la Coordination a fait preuve « d’immobilisme », « cadenassée » par les organisations politiques (FA, No Pa...) « boutiquières » c’est reconnaître que l’OCL Strasbourg n’a pas eu le courage politique de claquer la porte de ce nid de guêpes où ces mêmes organisations ont été accusées à de multiples reprises de ne pas avoir appliqué en permanence de méthodes politiques libertaires purEs : un vrai crime de lèse-anarchie. C’est de plus mentir éhontément : la seule réunion publique organisée pour mobiliser autour de la nécessité du contre-sommet, l’a été à l’initiative de No Pasaran 67 dès octobre 2008. Si au début FA et No Pa avaient beaucoup de mandats au sein de la CAOS, c’était à cause de la faible implication de beaucoup de personnes et de la difficulté à trouver des mandatéEs. Nous avons fait le choix d’assumer certains mandats (tout en soulevant à de nombreuses reprises ce problème récurrent). Mais nous ne nous sommes jamais accrochés aux mandats. L’OCL parle de « cadenassage »... ridicule ! Si nous n’avions rien fait, l’OCL Strasbourg nous aurait reproché que nous, militants d’organisations politiques, laissions le travail à des petites mains. Dans les deux cas on était coupables d’avance. Il faut préciser que l’OCL locale n’a pas vraiment participé à la CAOS avant que les choses ne se précisent. L’implication n’a été effective qu’à partir de la réunion internationale du 16 au 18 janvier organisée par Dissent (qui a eu un rôle important dans la préparation et la mobilisation pour ce contre sommet et non seulement sur le village comme le laisse penser l’OCL) conjointement avec des membres de No Pasaran 67 et trois autres membres de la CAOS. Et c’est justement dans cette optique de mobilisation aussi bien locale qu’internationale que le groupe NoPasaran a participé activement à la préparation et la tenue de cette unique réunion, en Alsace. Tout comme ses membres ont fait de nombreux efforts pour élargir la coordination à d’autres personnes. Il est plus facile de monter dans le train en marche. Être présent à des réunions ne suffit pas. C’est donc en toute logique qu’il est possible d’écrire dans ce dossier du mois de mai que « Cette coordination aurait pu faciliter l’auto-organisation de projets multiples et divers, notamment pour faire fonctionner et enrichir le projet du Village, mais il n’en a rien été. » Pourtant l’OCL Strasbourg était signataire dès le départ du texte d’appel de la CAOS, participait aux réunions...et aurait dû savoir dès le départ qu’elle n’y avait pas sa place au regard des critiques qui sont siennes aujourd’hui. L’objectif était de faire le travail local, difficilement faisable par les autres collectifs, partis, organisations, individuEs, c’est-à-dire de chercher un terrain, de le négocier et de le viabiliser. Il y a eu un Village, plutôt plus grand que prévu, équipé avec le nécessaire (douche, électricité, eau, toilette...) dans un cadre plutôt sympa (possibilité de jonction avec les quartiers populaires proches tout en étant en pleine nature), avec le voisinage d’une ferme éducative, pas loin du centre ville (moins des 10 km que nous nous étions fixés), sans compromissions politiques (expliquez-nous à l’OCL Strasbourg en quoi la CAOS a été complaisante ?). Alors nous pouvons estimer que le mandat premier que s’était donné la CAOS a été rempli.

Le mythe du « rapport de force »

A partir du mois de février, lorsque l’OCL Strasbourg s’est réellement investie au sein de la coordination, une remise en cause systématique de ses décisions et des négociations a été faite. Trop molles, trop longues, trop complaisantes, les négociations sur la viabilisation du terrain de la Ganzau étaient systématiquement dénoncées. L’idée des membres de l’OCL Strasbourg étaient de faire croire que les personnes mandatées (en l’occurrence une personne de la FA, une de No Pasaran et une autonome) menaient mal les négociations qui aboutiraient nécessairement à l’impasse. L’argument systématiquement employé était celui du « rapport de force » que nous avions en notre faveur et qui devait nous servir pour obtenir plus. L’OCL Strasbourg, qui dans son dossier dénonce la CAOS comme « une coquille vide » devait alors savoir que ce fameux et fumeux « rapport de force » n’était pas en notre faveur et que ce concept politique était uniquement sémantique. Bien entendu, il est toujours simple de parler de « rapport de force » autour d’une table en réunion plutôt que de le créer. Or, dans le schéma des négociations, la seule possibilité de créer un rapport de force véritable aurait été d’être en capacité d’en créer un, en premier lieu en évitant de chercher à tout prix la division. Il était inutile de continuer à parler du poids hypothétique de la CAOS, de notre capacité à mobiliser des milliers de manifestantEs pour faire croire à « un rapport de force » alors même que nous étions incapable d’organiser un repas de soutien ! C’était entrer dans la même logique catastrophique que l’ICC, persuadé de faire plier la préfecture pour obtenir un parcours de manifestation en plein centre ville à la seule évocation des 60 000 supposéEs manifestantEs !

Si l’OCL avait été capable d’impulser à la CAOS une dynamique pouvant créer un rapport de force, l’OCL aurait toute latitude à critiquer et dénoncer. Il était bien plus simple de faire des effets d’annonces. Mais si nos souvenirs sont justes, aucune action, aucun rassemblement, aucune initiative n’a été pris par les membres de l’OCL pour créer « un rapport de force » face à la préfecture et aux autorités. Les seules contributions auront été verbales ou écrites dans des communiqués de presses. Occuper des locaux, faire des manifestations, des opérations médiatiques, voilà ce qui pouvait contraindre les représentantEs de l’État à plier. L’OCL Strasbourg pourra toujours rétorquer « qu’il était trop tard, que tout était joué d’avance en laissant à quelques chefaillons d’officines la responsabilité des négociations ». Rappelons simplement que l’OCL Strasbourg a refusé de participer aux négociations. Trop sale de parler avec les ennemis de classes, mais elle a toujours dénigré les mandatéEs soupçonnéEs de « travailler » pour le pouvoir, de « lier des amitiés » avec les autorités. La classe non ? Enfin, si le « rapport de force » était favorable aux anti-Otan, pourquoi, si ce n’est pour créer des tensions et déconstruire le travail collectivement réalisé, continuer à critiquer les mandatéEs aux négociations ? L’idée propagée était de dire que, d’une manière ou d’une autre, le Village aurait lieu (ce dont personne ne doutait !) et que nous n’avions pas besoin des autorités qui, de toutes façon, se sentiraient dans la nécessité de nous donner un terrain ne serait-ce que pour des questions sanitaires ! Nous n’avons jamais eu d’explication ou de démonstration de ce que l’OCL Strasbourg appelait « un rapport de force » si ce n’est au sein même de la CAOS pour l’affaiblir. Ce n’était que de la parlote destinée à apparaître comme « plus radical que moi tu meurs ! » au sein de la CAOS. Comment peuvent-ils dénoncer la faiblesse, l’irresponsabilité, la candeur de la CAOS et ensuite parler d’un rapport de force en notre faveur ? Si le « rapport de force » était en notre faveur, pourquoi négocier avec les autorités ?

En définitive, là encore, il s’avère que le « rapport de force » était plus une invention, une intention, qui visait des membres d’autres organisations. Une manière de régler des comptes personnels par le biais des négociations. Malheureusement, tous les pronostiques les plus alarmistes de l’OCL Strasbourg, dont le principal sport de combat aura été lors de ces négociations de dénoncer ceux et celles qui étaient en train de compromettre l’existence même du Village, toutes ces annonces catastrophiques allaient être balayées lorsque la CAOS obtiendra le terrain, l’autorisation et une partie de l’aménagement souhaité.

Jamais en manque d’idée et de salive, L’OCL locale trouvera un autre sujet de vindicte dans la critique du Centre de Convergence.

Molodoï Centre de (toutes les critiques) Convergence.

Dès septembre, des militantEs allemandEs viennent à Strasbourg pour nouer les premiers contacts et reconnaître les lieux. A la recherche d’un local pouvant accueillir un centre de convergence, Molodoï leur est présenté par No Pasaran. Après une courte visite, la sanction tombe : trop petit ! Assez incompréhensible sachant qu’à part le squat d’un immeuble, il serait difficilement possible de trouver plus grand et mieux adapté à Strasbourg. Les camarades allemandEs parlent de négocier avec les autorités l’occupation d’un collège comme à Heiligendam... Malgré nos réserves et nos mises en gardes sur une telle possibilité il-elles se désintéresseront du lieu.

Prise dans l’organisation globale du contre sommet, la Coordination Anti Otan Strasbourg (CAOS), n’a jamais su ou pu saisir l’importance de Molodoï comme CdC alors même que depuis octobre la salle avait donnée son accord de principe. Paradoxalement le lieu n’a pas été investi par la CAOS alors même qu’il était la seule chose acquise jusqu’aux accords sur le terrain du Village Alternatif intervenus seulement quelques jours avant son ouverture officielle. Il était pourtant évident que la taille et son implantation, au pied de l’autoroute et à quelques centaines de mètres de la gare, en faisait le lieu idéal pour un CdC à intégrer à l’architecture plus globale du contre sommet. Déjà nous présagions de l’éloignement du site du Village lorsque nous avons discuté en septembre de l’éventualité de l’implantation du CdC. Et l’avenir nous donna raison sur l’importance stratégique du Molodoï lorsque sont apparues les premières informations sur l’existence de zones de privation de liberté. Le Centre Autonome Jeune était au centre ville mais en dehors des zones rouges et oranges, au croisement du Village alternatif (au sud) de la manifestation (à l’Est) et de la tenue du congrès de l’Otan (au Nord).

Si ni la CAOS en général, ni l’OCL Strasbourg en particulier, n’ont exprimé aucun intérêt particulier à faire vivre ce lieu (faute d’énergies militantes, d’envies politiques et de moyens humains...), le Réseau No Pasaran a, lui, saisi naturellement l’occasion et l’importance d’investir e lieu en tant que CdC lors de ce rendez vous majeur. Quelques rares grincheux (de l’OCL Strasbourg) feront des réflexions acerbes, lors de la parution du programme du CdC signé de la CAOS, de Lucha y Fiesta (association ayant réservé le lieu) et du réseau No Pasaran en fustigeant le réseau comme une organisation politique « profitant du mouvement »... Leurs critiques, habituelles et encore une fois fallacieuses (l’OCL Strasbourg "oublie" que les membres du réseau NoPasaran ne se sont pas investis que dans le CdC), ont été à la hauteur de leur manque d’initiatives. Quand on est quasiment en permanence dans le (mé)dire et non le construire, il est plus facile d’adopter des positionnements de principe séduisants et de concourir au prix de militantE libertaire le-la plus purE de l’année, mais est-ce que cela fait avancer les choses ? Pas sûr. Il faut rappeler également qu’un des membres de l’OCL Strasbourg a été exclu il y a quelques années de l’association gestionnaire du lieu... Se réclamant de « la vraie autogestion » il avait fomenté un faux coup d’Etat pour « re-prendre » le pouvoir et le re-distribuer aux utilisateur/trices de la salle alternative. Là aussi, son coup d’esbroufe tomba comme un soufflé. Les rancoeurs ont la dent dure à l’OCL Strasbourg et les quelques lignes sur le Centre de Convergence Molodoï, si elles se veulent politiques, cachent mal un arrière-goût d’amertume.

La mauvaise foi rattrape la médiocrité lorsque l’OCL Strasbourg, après avoir réduit le Centre de Convergence à un stand marchandising de No Pasaran, appuie sa démonstration en expliquant que des centaines de personnes arrêtées avaient trouvé les portes closes du Centre de Convergence le jeudi soir. Il est donc sous entendu que No Pasaran a laissé tombé les camarades victimes de la répression. Évidement, le CdC n’avait pas pour vocation à être la vitrine de No Pasaran et devait accueillir un espace Medical team, Légal team, une radio web, des tables de presses, un atelier construction, un Info Point, une cuisine végan, un bar, des conférences, des débats, des projections etc. Effectivement, les portes du Centre de Convergence étaient fermées le soir après minuit / une heure du matin, pour des raisons de sécurité (les fascistes, la police...) mais une équipe restait systématiquement toute la nuit sur place. Un écriteau invitait les gens à frapper à la porte en cas d’urgence. L’OCL locale, très largement impliquée au sein de la commission Légal Team, aurait peut être dû profiter de l’opportunité du lieu, de sa géographie, de son potentiel en proposant une équipe permanente dans le Centre de Convergence... même la nuit ! Il n’est pas question pour nous de critiquer le travail considérable de la Légal Team pendant et après le contre sommet mais de pointer un dysfonctionnement, interne, lié à la volonté de nuisance de membres de l’OCL Strasbourg. Pour des raisons compréhensibles liées à la répression, la Légal Team a été débordée le jeudi.

Mais le fait d’avoir laissé seules, deux personnes de permanence, sans téléphone et uniquement en journée n’a pas arrangé les choses. L’OCL Strasbourg et la Légal Team savaient comment joindre (faute d’y être) le Centre de Convergence, via des téléphones, pouvaient en dernier recours s’y rendre à pied (10 min de marche à peine). Les membres de la Légal Team appartenant à l’OCL Strasbourg avaient bien trouvé le chemin du Centre de Convergence pour prendre des repas ou répondre à des interviews... Non, ce qui est plus choquant est que, plutôt, que d’avertir le Centre de Convergence de la possibilité d’une arrivée massive de gens après leur arrestation (afin de refaire du café, des repas chauds, de prendre les témoignages...) les membres de l’OCL Strasbourg au sein de la Légal Team ont insisté pour qu’un message internet cinglant soit diffusé sur la liste anti-répression annonçant la « fermeture du centre de convergence ». Non seulement, ce message, publié sans explications ni recherche d’explication, avait comme seul objectif de nuire au Centre de Convergence en laissant supposer une fermeture définitive, mais il mettait peut être des camarades dans l’embarras (ceux et celles qui avaient prévu d’y venir s’y restaurer, s’y reposer...). Malgré nos nombreuses demandes pour que le message soit supprimé et que de vraies informations puissent transiter par la liste de l’anti-répression, aucune modification n’est intervenue. L’ambiguïté du message et ses supposés ayant fait débat au sein même de la légal Team, un autre message laconique annoncera tardivement « la ré-ouverture » de Molodoï.

Nous avons là un exemple terriblement parlant de la dangereuse manière dont les membres de l’OCL Strasbourg envisagent leurs pratiques militantes. En laissant leurs choix politique se faire déborder par des ressentiments personnels, ils se trompent de combats.

A Strasbourg, pas un chat, que des poulets... et des corbeaux.

A l’instar de No Pasaran qui n’avait pas à gérer un Centre de Convergence, la FA n’avait pas à « coller ses affiches » ! Or rétablissons déjà la vérité : la FA collait ses affiches mais collait aussi celle de la CAOS. De plus rappelons quand même que c’était une décision de la CAOS (l’OCL dormait certainement ou était absente ce jour là) qui laissait libre chaque organisation d’éditer son propre matériel de propagande avec un contenu qui lui est spécifique à côté de celui de la CAOS. Le reproche de l’OCL Strasbourg n’est donc pas fondé et montre juste qu’ils ne sont même pas au courant d’une décision qui avaient pourtant était longuement discutée. Un comble. Appartenir à une coordination devrait être synonyme d’inexistence politique propre aux organisations ?

Nous voyons à travers tous ces reproches inopportuns, l’aveu d’une incapacité à exister si ce n’est qu’au travers de l’énergie des autres. L’OCL ne vend pas de pins, ne colle pas d’affiches, ne gère pas de Centre de Convergence mais qu’elle foute la paix à ceux et celles qui font. Les membres de l’OCL Strasbourg n’ont pas participé au montage du Village, ni même à son démontage. Qu’ils cessent donc de donner des leçons à la FA et de faire croire qu’ils n’avaient pas les « mains dans le cambouis ». Les militants de FA se sont impliqués au sein de la CAOS dès le départ dans la CAOS. Un mois avant le sommet, cette implication est devenue moindre pour deux raisons : tout d’abord, plusieurs militants étaient complètement épuisés d’avoir tenu la coordination à bout de bras pendant des mois. Ensuite, ils ont été particulièrement découragés par les attaques incessantes qui les visaient (noyautage etc.). Soulignons qu’à la fin, la FA était toujours présente à la CAOS, c’est juste qu’elle n’avait « plus » qu’un mandat. Bizarre, le reproche de l’OCL Strasbourg. Au début trop de présence = noyautage, ensuite nous laissons à d’autres personnes (qui se bougent enfin) un certain nombre de mandats (presse entre autre), et alors l’OCL Strasbourg nous accuse de ne rien foutre. Donc dans les deux cas la FA était coupable : quand elle faisait énormément de boulot et quand elle en faisait moins. Il faut croire que ces militants étaient coupables non pas à cause de ce qu’ils faisaient, mais à cause de ce qu’ils étaient, des militants organisés au sein de la FA.

Les membres de l’OCL Strasbourg n’ont pas participé, si ce n’est pour boire des bières, à l’organisation des deux concerts de soutien à la CAOS au Molodoï alors qu’ils cessent de prétendre que l’utilisation de l’argent récoltés par Helligendam a été mal utilisée pour acheter de la bière au détriment d’une utilisation plus politique. Ceci est d’autant plus mal venu que, quelques jours avant l’ouverture du Village et du contre-sommet, les 5000 euros promis par Helligendam était sur un compte géré par des membres de l’OCL Strasbourg alors même que la CAOS attendait cette entrée financière sur son compte et qu’il aura fallu bien du temps à l’OCL Strasbourg pour dire qu’elle était en possession de ce fric. C’était osé que de dire en réunion plénière, alors que toutes et tous demandaient que cet argent devant bénéficier au montage du Village soit versé au compte commun, qu’il n’en serait rien tant qu’un membre de l’OCL Strasbourg ne serait pas certain que cet argent soit réellement prévu pour le Village. Dans son article, l’OCL Strasbourg explique aussi qu’il est capitaliste que l’argent investi, au départ venant d’Heiligendamm, soit restitué. Il est donc capitaliste de soutenir le fonctionnement des contre-sommets suivants, essayant d’être en capacité de transmettre au moins une partie de ce qui nous avait permis de démarrer. Et c’est être solidaire et défendre un autre choix de société que de consommer l’aide que l’on a reçu, sans s’inquiéter de ceux qui suivront. Cherchez l’erreur...

Il était légitime que la Légal Team bénéficie de fonds mais il était également légitime qu’elle cherche à s’autofinancer plutôt que de courir derrière le pognon. Les membres de l’OCL Strasbourg faisant tous les trois partie de la Légal Team auraient pu avoir cette démarche plutôt que de réclamer du fric, la veille de l’ouverture du contre-sommet, en menaçant de manière irresponsable de dissoudre la Légal Team. Mais il est évident qu’en ayant refusé de se préoccuper des questions d’autofinancement de la Légal Team, qu’en ayant refusé de se questionner sur l’aspect des coûts de fonctionnement du Village (l’argent c’est l’outil du capital !) l’OCL Strasbourg tient un discours décalé quant aux questions de financement du Village. Il est vrai qu’à l’OCL Strasbourg on ne s’est pas préoccupé de savoir comment acheter les 60 bouteilles de gaz nécessaires, comment payer internet sur le Village, les factures d’eau et d’électricité...on se préoccupe de savoir comment faire fonctionner la commission dans laquelle on est investi. Moi d’abord. L’OCL Strasbourg ne voulait même pas mandater l’un des siens pour faire parti des signataires nécessaires à l’ouverture d’un compte bancaire. Alors bien sûr en ne faisant rien, en ne prenant aucun risque, en laissant l’initiative aux autres, il est plus aisé par la suite de crier au verrouillage par des « petits chefs ». Une autre anecdote vient à l’esprit : la CAOS décide d’une conférence de presse dans l’urgence, afin de faire pression sur l’Etat. Un membre de No Pasaran se propose d’y intervenir faute de volontaire : l’OCL Strasbourg dénonce « la personnalisation de la lutte ».

Alors lorsque les rédacteurs du dossier feignent en conclusion l’ « amertume » face aux « rancunes partisanes préétablies » dans une ville « cloisonnée par des pratiques de clans et de bandes, matérialisé par des esprits de boutiques exclusivement en concurrence permanente avec le goût démesuré pour les accroches très personnelles » nous nous disons qu’au moins l’analyse est bonne !

Groupe NoPasaran67 en association avec les groupes FA Strasbourg et CNT67
vroum
 

Re: contre sommet anti-OTAN , 1/5 avril 2009

Messagede chazov » 18 Juin 2009, 21:15

Strasbourg
Après la récréation, la répression !


Nous écrivions dans le dernier Courant Alternatif à propos de la répression lors du contre-sommet de l’OTAN à Strasbourg qu’elle avait eu numériquement moins d’ampleur que l’Etat aurait pu le souhaiter. Mais pour ceux qui ont eu l’infortune d’être traînés devant les tribunaux, même si les faits reprochés étaient légers ou manifestement fabriqués, le glaive a été sans appel. Alliot-Marie et Sarkozy avaient demandé des corps menottés et enfermés. La justice, en bon serviteur zélé, a offert aux maîtres ce qu’ils et elles voulaient.

Fin avril, la Medical Team et la Legal Team publiaient un communiqué visant à chiffrer la répression. 464 interpellations ont été confirmées. 1700 appels téléphoniques concernant des faits de répression ont été enregistrés à la Legal Team. 690 personnes ont été signalées retrouvées après une disparition, une interpellation ou une hospitalisation. Plus d’un millier de personnes ont bénéficié des soins de la Medical Team lors de la manifestation du samedi 4 avril, etc. Ce bilan montre bien la volonté de réprimer l’ensemble du mouvement de protestation contre l’OTAN, tel un dressage politique qui a pour finalité de décourager par la peur toute mobilisation qui contredirait les politiques des ogres de la planète. A ce titre, les manifestations de Strasbourg ont vécu la même terreur policière que les manifestantEs de Gênes en 2001, les bavures du corps-à-corps en moins.

Procès en comparution immédiate

Ceux qui passèrent en comparution immédiate, les lundi 5 et mardi 6 avril, « bénéficièrent » d’une véritable ambiance de lynchage. Tous les médias (y compris ceux de gôche) titraient sur « les procès des casseurs » ou des « incendiaires ». Aucun ne soulevait que l’ensemble des personnes qui passaient en procès l’étaient pour des intentions qu’on leur prêtait, et très peu pour des actes. Et quand cela l’était, de toute évidence, ces actes n’étaient corroborés que par des policiers à la superbe vue et dans des situations matériellement singulières.

La quasi-totalité des interpellés avait été ratissée en marge de la manifestation ou du village, qui avec une fronde dans le sac, qui avec des pierres dans la poche, qui avec un couteau suisse sur lui... C’était bien alors une justice de lampistes qui s’abattait sur eux. Derrière les événements spectaculaires qu’avait connus le contre-sommet, le pouvoir droit dans ces bottes, avec la ferme volonté très actuelle de montrer que la police est d’une efficacité dominante, n’avait d’autre choix que de condamner ce qu’il avait sous la main afin de ne pas rendre visible la petite Bérézina qu’il avait subie et les multiples cafouillages d’arrogance dont la police avait fait preuve.

De telles situations devraient faire perdre les dernières croyances à celles et ceux qui pensent encore que la justice s’établit sur des faits et sur le « droit ». La justice d’Etat distribua des condamnations au forfait : trois mois de prison avec sursis pour les Strasbourgeois « lambda » et six mois fermes pour les personnes de nationalité allemande, présentées comme les membres de cette « horde de Black Blocs » venus d’outre-Rhin. Outré par sa condamnation, un inculpé protesta verbalement, ce qui fut suivi par quelques grondements dans la salle. Il n’en fallait pas moins pour que le président du tribunal fasse son numéro de chef de la maison en ce jour médiatique en faisant expulser spectaculairement la salle par la police.

Le scénario judiciaire était si bien huilé que le lendemain mardi amenait en comparution immédiate des personnes que le pouvoir ne voulait pas présenter comme des manifestants « ordinaires », mais contre qui il fallait montrer la même intransigeance, si ce n’est avec un forfait différent. Un Strasbourgeois qui visiblement avait plus besoin d’attention médicale que de prison prenait un an ferme pour avoir mordu un policier alors qu’il était atteint de la maladie du sida. Un jeune du quartier populaire du Neuhof voyait son procès repoussé à plus d’un mois, car les flics n’avaient pu se constituer partie civile après qu’il avait été accusé d’avoir prêté un briquet à un mineur qui aurait lancé un pétard sur le gendarme en train de filmer les manifestants. Le procureur ayant requis jusqu’à dix-huit mois de prison ferme, il restera incarcéré à la prison locale, celle de l’Elsau, en attendant son procès.

La prison pour ceux qui refusent la comparution immédiate

Les quatre personnes qui refusèrent leur comparution immédiate furent automatiquement mises sous mandat de dépôt et incarcérées. La comparution immédiate ne permet aucunement de préparer une défense, de laisser au moins le temps à l’avocat de vérifier la régularité de la procédure et de chercher des éléments à décharge pour le prévenu. La comparution immédiate est quasi automatique dans les procédures pénales, et la refuser est souvent sanctionné par la mise en détention. C’est ainsi que ce chantage s’effectue : accepter une justice expéditive sans réel moyen de se défendre comme seul moyen de sortir libre. Dans la justice des affaires (justice des riches), il n’y a pas de comparution immédiate, mais il y en a dans les procédures pénales (justice des pauvres), c’est cela aussi la justice de classe !
Une personne de nationalité allemande accusée d’avoir jeté des pierres sur la police et d’avoir blessé un policier lors de son arrestation refusa la comparution immédiate, ainsi que trois Tourangeaux arrêtés sur le parking d’un hypermarché pour avoir acheté (même pas volé !) du white spirit et une serpillière.

Les procès du 5 mai

Les deux affaires furent donc jugées un mois après le 5 mai dernier, dans l’après-midi. Le matin, une autre personne avait comparu libre pour détention d’un couteau. Ressortie libre, le délibéré sera donné le 25 juin prochain. Une centaine de personnes étaient venues à midi au rendez-vous du casse-croûte solidaire organisé pour soutenir les inculpés. Seule une vingtaine d’entre elles fut autorisée à entrer dans le tribunal, et celles et ceux qui en sortaient ne pouvaient plus y rentrer ensuite. Les audiences durèrent tout l’après-midi et le délibéré fut donné en début de soirée.

Les trois Tourangeaux furent libérés après qu’une des multiples nullités soulevées par les avocats de la Legal Team eut été retenue. Sur le fond, la défense appuya sur le fait que l’intention n’était pas caractérisée. En effet, ce n’est que depuis la dernière loi sur la prévention de la délinquance qu’on peut poursuivre un individu sur une intention. Encore faudrait-il que cette intention soit caractérisée. Ce n’est pas parce qu’on achète du white spirit et une serpillière qu’on va lancer un cocktail Molotov. Il faut au moins le fabriquer pour ensuite le lancer. Le parquet, avec acharnement, a rectifié la nullité et, le 22 juin prochain, ils se présenteront une troisième fois devant leurs juges.
La personne de nationalité allemande prit le forfait de six mois que sa nationalité semble ordonner dans les procès des « anti-OTAN ». C’est ce qu’avait demandé le procureur pour jet de pierre et violence à agent. Le jet de pierre avait été corroboré par trois policiers qui l’auraient identifié à 150 mètres, sous un pluie de caillasses : « pantalon beige, sweat noir, cheveux blonds légèrement rasé sur les côtés ». A 150 mètres, trois flics qui font la même description, ils auraient dû jouer au loto ! La violence à agent ne fut au final pas retenue car le flic avait déposé qu’il s’était lui-même cassé le poignet en glissant ! Si c’est lui qui le dit… Si bien que les six mois requis par le procureur pour les deux délits se sont transformés en six mois pour un seul chef d’inculpation : quand on vous dit que c’est de la justice au forfait !

Pendant toute l’audience, ce qui fut manifeste fut la germanophobie qui entoura l’ensemble des procès de personnes de nationalité allemande. Les traductions furent bâclées, voire inexactes, si bien qu’à aucun moment elles ne comprirent vraiment ce qui se déroulait et ce qui se disait. C’était pire que de l’abattage, c’était de la haine ! On sortit même pour un garçon le témoignage d’une assistante sociale qui avait certifié que celui-ci lui aurait avoué avoir jeté des pierres. Ce qu’il nia évidemment. Mais on n’avait ici que faire de la « recherche de la vérité » ou de la déontologie très douteuse de cette assistante sociale…

Condamnation des jeunes de quartier

Il fallut faire un exemple. Et cela tomba sur lui. Il aurait prêté son briquet à un mineur qui avait jeté de l’arrière de son scooter un pétard sur un gendarme en train de filmer les manifestantEs. L’année de prison ferme correspondait au forfait des six mois pour les « anti-OTAN » plus six mois quand on vient d’un quartier populaire. C’est cela, la justice coloniale ! Il n’y a en effet rien de nouveau à voir : les habitantEs des quartiers populaires sont plus lourdement condamnéEs que « les autres ». D’autant que lors des manifestations contre l’OTAN les habitantEs des quartiers périphériques ont sympathiquement participé à de nombreuses initiatives. Mais ces quartiers, surtout celui du Neuhof qui bordait les alentours du village « autogéré », ont connu dans les semaines qui ont suivi les événements une véritable répression. Des dizaines de personnes se sont retrouvées ainsi devant les tribunaux pour conduite sans permis, refus d’obtempérer, conduite sans casque… La plupart de ces personnes avaient participé aux manifestations, notamment quand celles-ci étaient dans leur quartier. La présence policière massive qui a suivi le sommet de l’OTAN et la recherche de quelques personnes « bien connues » ont permis à la répression de se faire en catimini, loin des projecteurs qui étaient sur les « vrais » manifestants.

Bilan « partiel » de la Legal Team

La mise en place d’une équipe organisant le soutien juridique semble inévitable lors de telles manifestations, car la répression est la seule réponse que donne le pouvoir quand on le conteste. Et l’analyse de notre période porte à croire que cela va l’être de plus en plus pour l’ensemble des mouvements sociaux. Certes, il faudra discuter de l’opportunité politique de tels rassemblements, qui débouchent sur une telle dépense d’énergie pour des finalités politiques assez floues. Mais, plus que de pouvoir répondre à la répression, l’existence d’une « Legal Team » permet de répandre dans les luttes un doux air de solidarité qui rompt avec l’individualisme, y compris celui que l’on peut sentir parfois dans nos luttes. Rendre le possible collectivement, être solidaires de toutes les personnes, quels que soient les moyens d’action qu’ils et elles ont choisis, rompre avec l’idéologie du jugement sont des moteurs palpables de la solidarité – qui va bien plus loin que sa seule évocation dans les manifestations ou sur les tracts bien ronflants.
Mais il n’y a pas de modèle type pour organiser l’entraide face à la justice. Ce qui a été essayé à Strasbourg est la continuation de ce qui l’a précédé, comme ce qui précédera tentera de ne pas refaire ce qui n’a pas fonctionné, mais pourra reproduire ce qui semble avoir marché.
Ainsi la diffusion massive et visible d’un pense-bête juridique et d’un guide, outre leur contenu, a permis à chacune et chacun de savoir que face à la répression la solidarité s’était structurée antérieurement. Mais, stratégiquement, comme le droit en France n’autorise pas les interpellés à demander directement un avocat de la Legal Team (soit on donne le nom d’un avocat, soit on choisit celui qui est commis d’office), ce qui fut mis en place fut de « négocier » avec la bâtonnière que dans les avocats de garde figurent les avocats de la Legal Team. Il n’y avait ainsi pas que des avocats de la Legal Team dans les avocats commis d’office. Au final, ce fut 50/50 entre celles et ceux qui purent bénéficier pendant leur garde à vue d’un avocat avec lequel ils et elles pouvaient être un peu plus confiants et confiantes. Pourtant, le jeudi soir, après la grande rafle de la manifestation dans les bois du Neuhof, la police débordée par les demandes des interpellés a bien appelé la Legal Team pour lui demander… d’envoyer des avocats.

La justice républicaine nous bassine que « nul n’est censé ignorer la loi ». Et on s’aperçoit alors que si on aide des gens à se défendre (ce qui n’est pas très fortement subversif !) les foudres de la pensée d’Etat s’abattent sur vous. Ainsi, le dimanche soir, le reportage du journal de France 2 présenta la Legal Team comme une base arrière des insurgés ; et il présenta de même comme condamnable le fait de soutenir tous les manifestantEs, quels que soient leurs modes d’action – donc le fait de ne pas participer à des lynchages qui ne sont pas uniquement médiatiques. C’est dans ce sens que quelques (rares) courriers sont arrivés dans la boîte mail de la Legal Team.
Pourtant, la tâche est importante entre des militantEs qui peuvent se méfier d’un avocat qu’ils et elles ne connaissent pas et des avocatEs qui ne connaissent pas toujours la réalité des militantEs. Fonctionner ensemble, d’un point de vue local, c’est aussi construire, dans les deux sens, des pratiques de solidarité actives. Mais, pour les personnes qui se « farcissent » la tâche, le piège est aussi présent. Pendant qu’on s’occupe de lutter contre la répression, on ne s’occupe plus du reste, de tout ce qui nous fait chier dans ce monde et qu’on cherche à changer. Pendant que nous luttons contre la répression, nous voilà bien occupés ! Une nouvelle forme de répression, en quelque sorte…
A l’heure d’aujourd’hui, la Legal Team antirépression Strasbourg a surtout besoin de soutien financier pour faire face essentiellement au paiement des avocatEs. Vous trouverez pour tout acte de solidarité les moyens de participer et toutes les informations sur http://www.antirepression.org
Un concert de soutien est organisé à Strasbourg le 19 juin à la salle Molodoï. Le 21 juin, pour la Fête de la musique, une manifestation musicale essaiera de se rendre devant la prison pour jouer pour les prisonnièrEs. Le 22 juin, les trois Tourangeaux repasseront en procès. Courant août, les procès en appel devraient avoir lieu à la cour d’appel de Colmar, et sûrement aussi les premières fins de peine (avec les remises de peine habituelles). Deux personnes sont encore en instruction dans le cadre de l’incendie de la douane, ce qui fait qu’au moins sept personnes sont emprisonnées suite aux manifestations contre le sommet de l’OTAN.
Mais la répression semble ne pas s’arrêter là : des personnes de la ville ont été convoquées au commissariat pour « violences et incendies en périphérie du contre-sommet ».
Le combat continue !

OCL Strasbourg


source : http://oclibertaire.free.fr/spip.php?article582
chazov
 
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Re: contre sommet anti-OTAN , 1/5 avril 2009

Messagede abel chemoul » 18 Juin 2009, 21:38

Comme c'est mignon chazov! Tu mets un texte de l'OCL strasbourg qui date de 10 jours pile ce soir pour cacher un texte qui critique l'OCL!

C'est A-DO-RA-BLE! quelle belle pratique...
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abel chemoul
 
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