contre sommet anti-OTAN , 1/5 avril 2009

et appels à aller soutenir en urgence...

Re: contre sommet anti-OTAN , 1/5 avril 2009

Messagede abel chemoul » 18 Juin 2009, 20:39

vroum a écrit:
Ni héros ni martyr : juste méchant !

--> (quelques propos sur l'organisation du contre-sommet de l'OTAN)


Le dernier numéro de Courant Alternatif propose un petit dossier intitulé « Strasbourg emporte l’OTAN. Chronologie et analyse, sommet et contre sommet, répression... ». Si l’analyse du contre-sommet est une volonté a priori louable (la critique des contre-sommets doit être fait et nous la faisons aussi) elle n’est ici que prétexte à dénonciations calomnieuses : une page entière au moins sur les cinq est consacrée au procès de la Coordination Anti-Otan Strasbourg (CAOS) et aux organisations qui la composaient. Cette parodie de critique politique était plus que prévisible puisque annoncée à maintes reprises par les trois membres du groupe OCL local lors des réunions du CAOS où dès le mois de février les menaces fusaient : « Nous verrons lors du bilan. Nous gardons les mails. ». Il convient donc, puisque les hostilités ont été ouvertes, avec sommations, de revenir sur l’analyse proposée et de décortiquer la critique afin de permettre une vison plus juste de (la petite) histoire. Par ailleurs, nous tenons à indiquer que ce n’est pas l’attitude de l’OCL en tant que telle que nous déplorons, mais bien de ses membres strasbourgeois même si nous regrettons que l’OCL via Courant Alternatif s’en fasse le relais.

Ce qui frappe l’esprit à la lecture du dossier c’est l’immédiat et incroyable constat des rédacteurs : le groupe local de l’OCL est le seul à avoir politiquement préparé et vécu le contre sommet de l’Otan de manière saine, intelligente et révolutionnaire. Tout le monde en prend pour son grade : Fédération Anarchiste, Alternative Libertaire, Nouveau Parti Anticapitaliste, No Pasaran...

Autant de redondance et de diligence dans un aussi petit dossier pour décrier et discréditer les autres, démontre si besoin était une attitude médiocre qui n’aurait pas valeur à être polémique si elle n’avait pour but de pratiquer un révisionnisme politique exécrable. Nous nous devons donc de rétablir quelques vérités.

La Coordination Anti-Otan Strasbourg, les négociations et le Village.

N’en déplaise à l’OCL, la CAOS est bien née de l’initiative du groupe local de la Fédération Anarchiste. C’est comme cela, imparable : la FA a lancé la première invitation à une réunion dès septembre 2008 en vue de l’organisation du contre sommet. Alors lorsque la FA écrit qu’elle est à l’initiative, c’est une vérité qui ne mange pas de pain et qui devrait être facile a acceptée si l’on ne souffrait pas de quelconques complexes. Dès les premières réunions, la CAOS s’était donné comme objectif politique et militant de travailler aux questions de recherche d’un terrain susceptible d’accueillir un Village autogéré anti-Otan et d’en discuter les modalités avec les autorités, ainsi que d’être une véritable force contre la répression qui ne manquerait pas de s’exercer pendant et après le sommet. Il n’était pas question d’autres choses au sein de la CAOS. Ce positionnement, s’il a fait débat (même entre des orgas mises dans le sac par l’article en question) et s’il pouvait surprendre, n’en demeurait pas moins pertinent au regard des forces militantes locales, de la préparation tardive de ce contre sommet - tout du moins dans l’hexagone. Rapidement la CAOS a dû faire face à l’émergence d’une seconde structure anti-OTAN. En effet les organisations disons « institutionnelles » qui au départ avaient rejeté la démarche unitaire, avaient lancé une nouvelle structure avec la volonté manifeste d’en écarter la CAOS qui malgré sa diversité politique était trop connotée comme libertaire ou radicale. A l’issue d’une réunion houleuse, deux structures différentes travaillaient localement à l’architecture du contre-sommet. La CAOS s’occupant uniquement du Village et le Collectif s’affairant à négocier la manifestation du samedi 4.

Si l’OCL faisait preuve d’un minimum d’impartialité et de rigueur militante, elle ne pourrait pas assumer les écrits de la commission journal du 26 avril portant sur les objectifs de la CAOS. Dire que la Coordination a fait preuve « d’immobilisme », « cadenassée » par les organisations politiques (FA, No Pa...) « boutiquières » c’est reconnaître que l’OCL Strasbourg n’a pas eu le courage politique de claquer la porte de ce nid de guêpes où ces mêmes organisations ont été accusées à de multiples reprises de ne pas avoir appliqué en permanence de méthodes politiques libertaires purEs : un vrai crime de lèse-anarchie. C’est de plus mentir éhontément : la seule réunion publique organisée pour mobiliser autour de la nécessité du contre-sommet, l’a été à l’initiative de No Pasaran 67 dès octobre 2008. Si au début FA et No Pa avaient beaucoup de mandats au sein de la CAOS, c’était à cause de la faible implication de beaucoup de personnes et de la difficulté à trouver des mandatéEs. Nous avons fait le choix d’assumer certains mandats (tout en soulevant à de nombreuses reprises ce problème récurrent). Mais nous ne nous sommes jamais accrochés aux mandats. L’OCL parle de « cadenassage »... ridicule ! Si nous n’avions rien fait, l’OCL Strasbourg nous aurait reproché que nous, militants d’organisations politiques, laissions le travail à des petites mains. Dans les deux cas on était coupables d’avance. Il faut préciser que l’OCL locale n’a pas vraiment participé à la CAOS avant que les choses ne se précisent. L’implication n’a été effective qu’à partir de la réunion internationale du 16 au 18 janvier organisée par Dissent (qui a eu un rôle important dans la préparation et la mobilisation pour ce contre sommet et non seulement sur le village comme le laisse penser l’OCL) conjointement avec des membres de No Pasaran 67 et trois autres membres de la CAOS. Et c’est justement dans cette optique de mobilisation aussi bien locale qu’internationale que le groupe NoPasaran a participé activement à la préparation et la tenue de cette unique réunion, en Alsace. Tout comme ses membres ont fait de nombreux efforts pour élargir la coordination à d’autres personnes. Il est plus facile de monter dans le train en marche. Être présent à des réunions ne suffit pas. C’est donc en toute logique qu’il est possible d’écrire dans ce dossier du mois de mai que « Cette coordination aurait pu faciliter l’auto-organisation de projets multiples et divers, notamment pour faire fonctionner et enrichir le projet du Village, mais il n’en a rien été. » Pourtant l’OCL Strasbourg était signataire dès le départ du texte d’appel de la CAOS, participait aux réunions...et aurait dû savoir dès le départ qu’elle n’y avait pas sa place au regard des critiques qui sont siennes aujourd’hui. L’objectif était de faire le travail local, difficilement faisable par les autres collectifs, partis, organisations, individuEs, c’est-à-dire de chercher un terrain, de le négocier et de le viabiliser. Il y a eu un Village, plutôt plus grand que prévu, équipé avec le nécessaire (douche, électricité, eau, toilette...) dans un cadre plutôt sympa (possibilité de jonction avec les quartiers populaires proches tout en étant en pleine nature), avec le voisinage d’une ferme éducative, pas loin du centre ville (moins des 10 km que nous nous étions fixés), sans compromissions politiques (expliquez-nous à l’OCL Strasbourg en quoi la CAOS a été complaisante ?). Alors nous pouvons estimer que le mandat premier que s’était donné la CAOS a été rempli.

Le mythe du « rapport de force »

A partir du mois de février, lorsque l’OCL Strasbourg s’est réellement investie au sein de la coordination, une remise en cause systématique de ses décisions et des négociations a été faite. Trop molles, trop longues, trop complaisantes, les négociations sur la viabilisation du terrain de la Ganzau étaient systématiquement dénoncées. L’idée des membres de l’OCL Strasbourg étaient de faire croire que les personnes mandatées (en l’occurrence une personne de la FA, une de No Pasaran et une autonome) menaient mal les négociations qui aboutiraient nécessairement à l’impasse. L’argument systématiquement employé était celui du « rapport de force » que nous avions en notre faveur et qui devait nous servir pour obtenir plus. L’OCL Strasbourg, qui dans son dossier dénonce la CAOS comme « une coquille vide » devait alors savoir que ce fameux et fumeux « rapport de force » n’était pas en notre faveur et que ce concept politique était uniquement sémantique. Bien entendu, il est toujours simple de parler de « rapport de force » autour d’une table en réunion plutôt que de le créer. Or, dans le schéma des négociations, la seule possibilité de créer un rapport de force véritable aurait été d’être en capacité d’en créer un, en premier lieu en évitant de chercher à tout prix la division. Il était inutile de continuer à parler du poids hypothétique de la CAOS, de notre capacité à mobiliser des milliers de manifestantEs pour faire croire à « un rapport de force » alors même que nous étions incapable d’organiser un repas de soutien ! C’était entrer dans la même logique catastrophique que l’ICC, persuadé de faire plier la préfecture pour obtenir un parcours de manifestation en plein centre ville à la seule évocation des 60 000 supposéEs manifestantEs !

Si l’OCL avait été capable d’impulser à la CAOS une dynamique pouvant créer un rapport de force, l’OCL aurait toute latitude à critiquer et dénoncer. Il était bien plus simple de faire des effets d’annonces. Mais si nos souvenirs sont justes, aucune action, aucun rassemblement, aucune initiative n’a été pris par les membres de l’OCL pour créer « un rapport de force » face à la préfecture et aux autorités. Les seules contributions auront été verbales ou écrites dans des communiqués de presses. Occuper des locaux, faire des manifestations, des opérations médiatiques, voilà ce qui pouvait contraindre les représentantEs de l’État à plier. L’OCL Strasbourg pourra toujours rétorquer « qu’il était trop tard, que tout était joué d’avance en laissant à quelques chefaillons d’officines la responsabilité des négociations ». Rappelons simplement que l’OCL Strasbourg a refusé de participer aux négociations. Trop sale de parler avec les ennemis de classes, mais elle a toujours dénigré les mandatéEs soupçonnéEs de « travailler » pour le pouvoir, de « lier des amitiés » avec les autorités. La classe non ? Enfin, si le « rapport de force » était favorable aux anti-Otan, pourquoi, si ce n’est pour créer des tensions et déconstruire le travail collectivement réalisé, continuer à critiquer les mandatéEs aux négociations ? L’idée propagée était de dire que, d’une manière ou d’une autre, le Village aurait lieu (ce dont personne ne doutait !) et que nous n’avions pas besoin des autorités qui, de toutes façon, se sentiraient dans la nécessité de nous donner un terrain ne serait-ce que pour des questions sanitaires ! Nous n’avons jamais eu d’explication ou de démonstration de ce que l’OCL Strasbourg appelait « un rapport de force » si ce n’est au sein même de la CAOS pour l’affaiblir. Ce n’était que de la parlote destinée à apparaître comme « plus radical que moi tu meurs ! » au sein de la CAOS. Comment peuvent-ils dénoncer la faiblesse, l’irresponsabilité, la candeur de la CAOS et ensuite parler d’un rapport de force en notre faveur ? Si le « rapport de force » était en notre faveur, pourquoi négocier avec les autorités ?

En définitive, là encore, il s’avère que le « rapport de force » était plus une invention, une intention, qui visait des membres d’autres organisations. Une manière de régler des comptes personnels par le biais des négociations. Malheureusement, tous les pronostiques les plus alarmistes de l’OCL Strasbourg, dont le principal sport de combat aura été lors de ces négociations de dénoncer ceux et celles qui étaient en train de compromettre l’existence même du Village, toutes ces annonces catastrophiques allaient être balayées lorsque la CAOS obtiendra le terrain, l’autorisation et une partie de l’aménagement souhaité.

Jamais en manque d’idée et de salive, L’OCL locale trouvera un autre sujet de vindicte dans la critique du Centre de Convergence.

Molodoï Centre de (toutes les critiques) Convergence.

Dès septembre, des militantEs allemandEs viennent à Strasbourg pour nouer les premiers contacts et reconnaître les lieux. A la recherche d’un local pouvant accueillir un centre de convergence, Molodoï leur est présenté par No Pasaran. Après une courte visite, la sanction tombe : trop petit ! Assez incompréhensible sachant qu’à part le squat d’un immeuble, il serait difficilement possible de trouver plus grand et mieux adapté à Strasbourg. Les camarades allemandEs parlent de négocier avec les autorités l’occupation d’un collège comme à Heiligendam... Malgré nos réserves et nos mises en gardes sur une telle possibilité il-elles se désintéresseront du lieu.

Prise dans l’organisation globale du contre sommet, la Coordination Anti Otan Strasbourg (CAOS), n’a jamais su ou pu saisir l’importance de Molodoï comme CdC alors même que depuis octobre la salle avait donnée son accord de principe. Paradoxalement le lieu n’a pas été investi par la CAOS alors même qu’il était la seule chose acquise jusqu’aux accords sur le terrain du Village Alternatif intervenus seulement quelques jours avant son ouverture officielle. Il était pourtant évident que la taille et son implantation, au pied de l’autoroute et à quelques centaines de mètres de la gare, en faisait le lieu idéal pour un CdC à intégrer à l’architecture plus globale du contre sommet. Déjà nous présagions de l’éloignement du site du Village lorsque nous avons discuté en septembre de l’éventualité de l’implantation du CdC. Et l’avenir nous donna raison sur l’importance stratégique du Molodoï lorsque sont apparues les premières informations sur l’existence de zones de privation de liberté. Le Centre Autonome Jeune était au centre ville mais en dehors des zones rouges et oranges, au croisement du Village alternatif (au sud) de la manifestation (à l’Est) et de la tenue du congrès de l’Otan (au Nord).

Si ni la CAOS en général, ni l’OCL Strasbourg en particulier, n’ont exprimé aucun intérêt particulier à faire vivre ce lieu (faute d’énergies militantes, d’envies politiques et de moyens humains...), le Réseau No Pasaran a, lui, saisi naturellement l’occasion et l’importance d’investir e lieu en tant que CdC lors de ce rendez vous majeur. Quelques rares grincheux (de l’OCL Strasbourg) feront des réflexions acerbes, lors de la parution du programme du CdC signé de la CAOS, de Lucha y Fiesta (association ayant réservé le lieu) et du réseau No Pasaran en fustigeant le réseau comme une organisation politique « profitant du mouvement »... Leurs critiques, habituelles et encore une fois fallacieuses (l’OCL Strasbourg "oublie" que les membres du réseau NoPasaran ne se sont pas investis que dans le CdC), ont été à la hauteur de leur manque d’initiatives. Quand on est quasiment en permanence dans le (mé)dire et non le construire, il est plus facile d’adopter des positionnements de principe séduisants et de concourir au prix de militantE libertaire le-la plus purE de l’année, mais est-ce que cela fait avancer les choses ? Pas sûr. Il faut rappeler également qu’un des membres de l’OCL Strasbourg a été exclu il y a quelques années de l’association gestionnaire du lieu... Se réclamant de « la vraie autogestion » il avait fomenté un faux coup d’Etat pour « re-prendre » le pouvoir et le re-distribuer aux utilisateur/trices de la salle alternative. Là aussi, son coup d’esbroufe tomba comme un soufflé. Les rancoeurs ont la dent dure à l’OCL Strasbourg et les quelques lignes sur le Centre de Convergence Molodoï, si elles se veulent politiques, cachent mal un arrière-goût d’amertume.

La mauvaise foi rattrape la médiocrité lorsque l’OCL Strasbourg, après avoir réduit le Centre de Convergence à un stand marchandising de No Pasaran, appuie sa démonstration en expliquant que des centaines de personnes arrêtées avaient trouvé les portes closes du Centre de Convergence le jeudi soir. Il est donc sous entendu que No Pasaran a laissé tombé les camarades victimes de la répression. Évidement, le CdC n’avait pas pour vocation à être la vitrine de No Pasaran et devait accueillir un espace Medical team, Légal team, une radio web, des tables de presses, un atelier construction, un Info Point, une cuisine végan, un bar, des conférences, des débats, des projections etc. Effectivement, les portes du Centre de Convergence étaient fermées le soir après minuit / une heure du matin, pour des raisons de sécurité (les fascistes, la police...) mais une équipe restait systématiquement toute la nuit sur place. Un écriteau invitait les gens à frapper à la porte en cas d’urgence. L’OCL locale, très largement impliquée au sein de la commission Légal Team, aurait peut être dû profiter de l’opportunité du lieu, de sa géographie, de son potentiel en proposant une équipe permanente dans le Centre de Convergence... même la nuit ! Il n’est pas question pour nous de critiquer le travail considérable de la Légal Team pendant et après le contre sommet mais de pointer un dysfonctionnement, interne, lié à la volonté de nuisance de membres de l’OCL Strasbourg. Pour des raisons compréhensibles liées à la répression, la Légal Team a été débordée le jeudi.

Mais le fait d’avoir laissé seules, deux personnes de permanence, sans téléphone et uniquement en journée n’a pas arrangé les choses. L’OCL Strasbourg et la Légal Team savaient comment joindre (faute d’y être) le Centre de Convergence, via des téléphones, pouvaient en dernier recours s’y rendre à pied (10 min de marche à peine). Les membres de la Légal Team appartenant à l’OCL Strasbourg avaient bien trouvé le chemin du Centre de Convergence pour prendre des repas ou répondre à des interviews... Non, ce qui est plus choquant est que, plutôt, que d’avertir le Centre de Convergence de la possibilité d’une arrivée massive de gens après leur arrestation (afin de refaire du café, des repas chauds, de prendre les témoignages...) les membres de l’OCL Strasbourg au sein de la Légal Team ont insisté pour qu’un message internet cinglant soit diffusé sur la liste anti-répression annonçant la « fermeture du centre de convergence ». Non seulement, ce message, publié sans explications ni recherche d’explication, avait comme seul objectif de nuire au Centre de Convergence en laissant supposer une fermeture définitive, mais il mettait peut être des camarades dans l’embarras (ceux et celles qui avaient prévu d’y venir s’y restaurer, s’y reposer...). Malgré nos nombreuses demandes pour que le message soit supprimé et que de vraies informations puissent transiter par la liste de l’anti-répression, aucune modification n’est intervenue. L’ambiguïté du message et ses supposés ayant fait débat au sein même de la légal Team, un autre message laconique annoncera tardivement « la ré-ouverture » de Molodoï.

Nous avons là un exemple terriblement parlant de la dangereuse manière dont les membres de l’OCL Strasbourg envisagent leurs pratiques militantes. En laissant leurs choix politique se faire déborder par des ressentiments personnels, ils se trompent de combats.

A Strasbourg, pas un chat, que des poulets... et des corbeaux.

A l’instar de No Pasaran qui n’avait pas à gérer un Centre de Convergence, la FA n’avait pas à « coller ses affiches » ! Or rétablissons déjà la vérité : la FA collait ses affiches mais collait aussi celle de la CAOS. De plus rappelons quand même que c’était une décision de la CAOS (l’OCL dormait certainement ou était absente ce jour là) qui laissait libre chaque organisation d’éditer son propre matériel de propagande avec un contenu qui lui est spécifique à côté de celui de la CAOS. Le reproche de l’OCL Strasbourg n’est donc pas fondé et montre juste qu’ils ne sont même pas au courant d’une décision qui avaient pourtant était longuement discutée. Un comble. Appartenir à une coordination devrait être synonyme d’inexistence politique propre aux organisations ?

Nous voyons à travers tous ces reproches inopportuns, l’aveu d’une incapacité à exister si ce n’est qu’au travers de l’énergie des autres. L’OCL ne vend pas de pins, ne colle pas d’affiches, ne gère pas de Centre de Convergence mais qu’elle foute la paix à ceux et celles qui font. Les membres de l’OCL Strasbourg n’ont pas participé au montage du Village, ni même à son démontage. Qu’ils cessent donc de donner des leçons à la FA et de faire croire qu’ils n’avaient pas les « mains dans le cambouis ». Les militants de FA se sont impliqués au sein de la CAOS dès le départ dans la CAOS. Un mois avant le sommet, cette implication est devenue moindre pour deux raisons : tout d’abord, plusieurs militants étaient complètement épuisés d’avoir tenu la coordination à bout de bras pendant des mois. Ensuite, ils ont été particulièrement découragés par les attaques incessantes qui les visaient (noyautage etc.). Soulignons qu’à la fin, la FA était toujours présente à la CAOS, c’est juste qu’elle n’avait « plus » qu’un mandat. Bizarre, le reproche de l’OCL Strasbourg. Au début trop de présence = noyautage, ensuite nous laissons à d’autres personnes (qui se bougent enfin) un certain nombre de mandats (presse entre autre), et alors l’OCL Strasbourg nous accuse de ne rien foutre. Donc dans les deux cas la FA était coupable : quand elle faisait énormément de boulot et quand elle en faisait moins. Il faut croire que ces militants étaient coupables non pas à cause de ce qu’ils faisaient, mais à cause de ce qu’ils étaient, des militants organisés au sein de la FA.

Les membres de l’OCL Strasbourg n’ont pas participé, si ce n’est pour boire des bières, à l’organisation des deux concerts de soutien à la CAOS au Molodoï alors qu’ils cessent de prétendre que l’utilisation de l’argent récoltés par Helligendam a été mal utilisée pour acheter de la bière au détriment d’une utilisation plus politique. Ceci est d’autant plus mal venu que, quelques jours avant l’ouverture du Village et du contre-sommet, les 5000 euros promis par Helligendam était sur un compte géré par des membres de l’OCL Strasbourg alors même que la CAOS attendait cette entrée financière sur son compte et qu’il aura fallu bien du temps à l’OCL Strasbourg pour dire qu’elle était en possession de ce fric. C’était osé que de dire en réunion plénière, alors que toutes et tous demandaient que cet argent devant bénéficier au montage du Village soit versé au compte commun, qu’il n’en serait rien tant qu’un membre de l’OCL Strasbourg ne serait pas certain que cet argent soit réellement prévu pour le Village. Dans son article, l’OCL Strasbourg explique aussi qu’il est capitaliste que l’argent investi, au départ venant d’Heiligendamm, soit restitué. Il est donc capitaliste de soutenir le fonctionnement des contre-sommets suivants, essayant d’être en capacité de transmettre au moins une partie de ce qui nous avait permis de démarrer. Et c’est être solidaire et défendre un autre choix de société que de consommer l’aide que l’on a reçu, sans s’inquiéter de ceux qui suivront. Cherchez l’erreur...

Il était légitime que la Légal Team bénéficie de fonds mais il était également légitime qu’elle cherche à s’autofinancer plutôt que de courir derrière le pognon. Les membres de l’OCL Strasbourg faisant tous les trois partie de la Légal Team auraient pu avoir cette démarche plutôt que de réclamer du fric, la veille de l’ouverture du contre-sommet, en menaçant de manière irresponsable de dissoudre la Légal Team. Mais il est évident qu’en ayant refusé de se préoccuper des questions d’autofinancement de la Légal Team, qu’en ayant refusé de se questionner sur l’aspect des coûts de fonctionnement du Village (l’argent c’est l’outil du capital !) l’OCL Strasbourg tient un discours décalé quant aux questions de financement du Village. Il est vrai qu’à l’OCL Strasbourg on ne s’est pas préoccupé de savoir comment acheter les 60 bouteilles de gaz nécessaires, comment payer internet sur le Village, les factures d’eau et d’électricité...on se préoccupe de savoir comment faire fonctionner la commission dans laquelle on est investi. Moi d’abord. L’OCL Strasbourg ne voulait même pas mandater l’un des siens pour faire parti des signataires nécessaires à l’ouverture d’un compte bancaire. Alors bien sûr en ne faisant rien, en ne prenant aucun risque, en laissant l’initiative aux autres, il est plus aisé par la suite de crier au verrouillage par des « petits chefs ». Une autre anecdote vient à l’esprit : la CAOS décide d’une conférence de presse dans l’urgence, afin de faire pression sur l’Etat. Un membre de No Pasaran se propose d’y intervenir faute de volontaire : l’OCL Strasbourg dénonce « la personnalisation de la lutte ».

Alors lorsque les rédacteurs du dossier feignent en conclusion l’ « amertume » face aux « rancunes partisanes préétablies » dans une ville « cloisonnée par des pratiques de clans et de bandes, matérialisé par des esprits de boutiques exclusivement en concurrence permanente avec le goût démesuré pour les accroches très personnelles » nous nous disons qu’au moins l’analyse est bonne !

Groupe NoPasaran67 en association avec les groupes FA Strasbourg et CNT67



Ce texte est très intéressant! Merci vroum!
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Re: contre sommet anti-OTAN , 1/5 avril 2009

Messagede Johan » 18 Juin 2009, 20:53

"C'est pas nous m'sieur, c'est les autres qu'on commencé!"
Pourquoi ne pas avoir régler ce problème interne aux différentes organisations de Strasbourg entre eux?
Si même entre "anarchistes" on se tire dans les pattes parce qu'il y a eu des erreurs au lieu de tirer un bilan constructif... :confus:
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Re: contre sommet anti-OTAN , 1/5 avril 2009

Messagede lou » 19 Juin 2009, 22:19

Pourquoi ne pas avoir régler ce problème interne aux différentes organisations de Strasbourg entre eux?
Si même entre "anarchistes" on se tire dans les pattes parce qu'il y a eu des erreurs au lieu de tirer un bilan constructif...


C'est parce qu'on est beaucoup trop de militants à Strasbourg, un vrai repère de gauchistes alors on peu se permettre de se battre entre nous. Et puis on est un peu comme les nains, on trimballe avec nous le grand livre des rancunes qu'on traine sur vingt ans et puis il fait si bon vivre qu'on est obligé de se foutre sur la gueule entre nous, un peu comme le village des gaulois, sauf que pour le grand banquet de réconciliation c'est mort. Non, désolé, vous pouvez pas comprendre. :lol: :lol: :lol:
je serai post-féministe quand nous en serons au stade du post-patriarcat.
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Re: contre sommet anti-OTAN , 1/5 avril 2009

Messagede fu hsang » 19 Juin 2009, 22:54

wé ce qu il parait le CA a ete retiré de publico ...c est dire le haut niveau d intelligence qui regne dans les orgas anarchistes a l heure actuelle
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Re: contre sommet anti-OTAN , 1/5 avril 2009

Messagede Nico37 » 19 Juin 2009, 23:50

lou a écrit:
Pourquoi ne pas avoir régler ce problème interne aux différentes organisations de Strasbourg entre eux?
Si même entre "anarchistes" on se tire dans les pattes parce qu'il y a eu des erreurs au lieu de tirer un bilan constructif...


C'est parce qu'on est beaucoup trop de militants à Strasbourg, un vrai repère de gauchistes alors on peu se permettre de se battre entre nous. Et puis on est un peu comme les nains, on trimballe avec nous le grand livre des rancunes qu'on traine sur vingt ans et puis il fait si bon vivre qu'on est obligé de se foutre sur la gueule entre nous, un peu comme le village des gaulois, sauf que pour le grand banquet de réconciliation c'est mort. Non, désolé, vous pouvez pas comprendre. :lol: :lol: :lol:

Si ça peut te rassurer c'est la même chose à Tours et dans un paquet d'autres villes. A part Bordeaux (et Pau ?) y a pas de havre de paix.Plus sérieusement, y a un rassemblement pour le procès du 22 juin car le soutien me semble moins fort :!:
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Re: contre sommet anti-OTAN , 1/5 avril 2009

Messagede leo » 20 Juin 2009, 00:35

Les tempêtes dans un verre d’eau font déborder la vase !


Décidément, il y en a qui ont décidé d’en remettre une couche !

En essayant de lire tout ça, on se dit que les logiques d’orgas sont apparemment l’essentiel pour ceux (ou certains de ceux) qui sont « organisés ».

Des pages et des pages de textes pour « répondre » à 2 lignes dans un article d’il y a 2 mois si je me souviens bien…
Combien d’heures passées de réunion et de rédaction à faire de genre de « réponse » complètement démesurée ?

J’ai commencé à lire… et au bout de 3 ou 4 paragraphes ça m’a saoulé. ….et je me suis dis que cela ne m’intéressait pas. Mais vraiment pas.
La disproportion entre des histoires qui concernent 5 ou 10 personnes et le volume d’écriture que cela représente ! J’ai l’impression de ne pas vivre dans le même monde que ceux qui y trouvent l'énergie de faire de telles choses inutiles.

C’est ça les orgas anarchistes ? On fait une orga qui est censé être un outil. Et puis l’outil devient un but en soi, se nourrit de lui-même c’est-à-dire de toute l’énergie et du temps qu’on y met, et en même temps on lui appartient, elle constitue une identité qu’il faut défendre contre celle d’à côté !

En somme, faire de la politique se résume à faire de la pub pour son orga.

C’est assez pauvre non ?
Bravo !

Je ne vois pas la différence avec les gauchistes de la grande époque (mis à part que eux s'envoyaient à la tête des citations de Marx, Lenine, Trotstky ou Mao ou sur des questions programmatiques : là on ne sait même pas les vrais divergences politiques)

Avec de telles logiques, la domination capitaliste peut être tranquille. C’est pas dans ces parages qu’elle trouvera de quoi la combattre !

Camarades organisés !
Tant que vous serez dans une logique concurrentielle, tant que cette logique anti-anarchiste ou anti-libertaire et groupusculaire l’emportera, ce n’est même pas la peine de penser peser politiquement dans la société et d’essayer d’avoir un peu d’influence.
Qui va s’intéresser à un mouvement où des groupes constitués écrivent des tartines de textes sur des différends complètement subalternes et totalement inintéressants ?

C'est le règne du nombrilisme. Et ça c’est quand on confond le « monde » et le micro milieu militant.

Et là, non seulement le monde vous échappe, mais vous lui échappez !
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Re: contre sommet anti-OTAN , 1/5 avril 2009

Messagede lou » 20 Juin 2009, 00:58

Merci Léo... Je suis d'accord à 200% :)
je serai post-féministe quand nous en serons au stade du post-patriarcat.
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Re: contre sommet anti-OTAN , 1/5 avril 2009

Messagede Vilaine bureaucrate » 20 Juin 2009, 01:01

QQ1 est allé a cette manifestation? Est ce que ça a cracher sur les vilains manifestants? C'est pas la faute de l'Etat ni de l'Otan c'est les vilans manifestants! Nous on est gentils! "derriere le policier se cache le travailleur!"
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Re: contre sommet anti-OTAN , 1/5 avril 2009

Messagede fu hsang » 20 Juin 2009, 09:38

wép a gerber a cette logique y a dcecidemment plus rien a tirer de ces orgas ... qu elles crevent , elles font plus de tort qu autre choses
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Re: contre sommet anti-OTAN , 1/5 avril 2009

Messagede Pïérô » 20 Juin 2009, 10:45

oui, on a compris fu hsang, que de toute manière celà apportait de l'eau à ton moulin antiorganisationnel.
Et évidemment je partage ce que dit leo, mais lorsque l'article de l'OCL est apparu, il était évident qu'il ne pouvait amener que réponse. Il serait bien d'ailleurs que cet article paraisse dans Courant Alternatif en droit de réponse. Et surtout, puisque c'est l'OCL qui a pris la responsabilité collective de laisser passer ce genre de truc, une reflexion sur ce type de posture s'imposerait...
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Re: contre sommet anti-OTAN , 1/5 avril 2009

Messagede JPD » 20 Juin 2009, 12:41

Oui mais je doute qu'il passe dans CA ! Ça fait l'unanimité (Il est en revanche sur le site, ce qui n'a pas fait l'unanimité).
Plusieurs raisons à cela :
1. le texte ne nous a pas été envoyé.
2. la règle c'est que les réponses puis les réponses aux réponses ne dépassent pas en longueur le texte incriminé. Or la réponse fait 25 000 signes soit 4 pages de CA... Un peu trop quand même pour un passage d'une colonne et demi.
3. Nous avons publié le communiqué de la FA avec notre réponse. Le ML non.
4. Accessoirement cette réponse ne contient aucun point de vue sur le fond : le rôle d'une organisation dans un rassemblement, le jeu avec les institutions, la nécessité ou non d'un regroupement spécifique et d'autres questions encore. En revanche elle contient une foultitude de détails qui montrent que l'ambiance n'est pas au beau fixe à Strasbourg, certes, mais qui sont totalement invérifiables et incompréhensibles pour les éléments extérieurs.

Il me semble par ailleurs que nous n'avons pas besoin de la "responsabilité collective" (hi hi ! nous ne sommes pas plateformistes !) pour aller dans le sens du texte de nos camarades alsaciens. Sans doute aurait-il été rédigé différemment par une autre ville (plus soft mais peut être aussi plus virulent, qui sait ?) mais pas grand chose de différent sur le fond.

Arrêtons de sauter au plafond dès qu'une attaque se profile ! Gardons le sens de l'humour ! L'Humour c'est ce qu'on perd et oublie dès lors qu'on est dans le collimateur.

Par ailleurs, leo, je ne pense pas que pour l'OCL faire de la politique c'est faire de la pub pour son orga... Sinon il va falloir revoir notre copie ! si j'ai bien compris ce que tu dis des orgas.

Une réflexion sur ce type de posture ? Tu veux dire quoi quierrot ? Des rassemblements genre OTAN ? Du type de texte genre celui de l'OCL ? DE la réponse ? J'ai pas bien compris.

A celles et ceux qui pensent qu'on ferait mieux de s'unir... oui peut-être, mais personnellement je ne suis pas certain que l'unité des libertaires ait un sens (je fais un texte là-dessus pour me clarifier un peu) et j'avoue que depuis deux mois que je fréquente ces forums divers (j'en ignorait totalement l'existence auparavant) j'en suis encore moins persuadé, malgré l'intérêt que j'y trouve quand même. Ça m'a au moins donné l'idée et l'envie d'entamer une réflexion, un texte sur le langage et les échanges sur les forums.

Salutations anarchistes aux ananars, bises aux autres
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Re: contre sommet anti-OTAN , 1/5 avril 2009

Messagede Pïérô » 20 Juin 2009, 12:52

JPD, j'avais posé la question de savoir si cet article avait été fait avant la CJ (commission journal) ou pas, pour savoir justement si la responsabilité collective était engagée ou non, et parce que s'il y avait des éléments intéressants pour le débat et la reflexion dans cet article, il y avait aussi ces attaques qui me semblaient plus que superflues. D'autant qu'on le sait, celà amène des bisbilles et des réponses la dessus et çà déplace le sujet du débat réel. Lorsque je parle de posture c'est bien de celà dont je parle. La cnt-ait est par exemple spécialisée la dedans, au détriment du fond, et il arrive malheureusement trop souvent à l'OCL, ou à quelques uns de ses éléments, de jouer dans cette cour. Et c'est bien dommage, je pense que tu en conviendras. :wink:
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Regard sur la répression

Messagede georges » 20 Juin 2009, 16:23

La Legal Team de Strasbourg, soutenue par une partie des organisations du contre-sommet de l’Otan, présente un regard sur la répression avant, pendant et après le contre-sommet de l’Otan. Cette présentation a été faite sur la base des divers témoignages recueillis par la Legal Team (vidéos, photos, papiers).

Lien direct : http://ddata.over-blog.com/xxxyyy/0/33/ ... g-otan.pdf
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Re: contre sommet anti-OTAN , 1/5 avril 2009

Messagede Nico37 » 21 Juin 2009, 07:49

Y-a-t-il des Strasbourgeois qui vont au procès lundi 22 à 8h30 :?: Que font les orgas locales :?:

Quitte à polémiquer gaiement, allons y :!:

Leçons de Strasbourg : Construire un mouvement contre la guerre globale

Il faudrait un livre pour lister tous les obstacles mis aux manifestations contre le sommet de l'Otan à Strasbourg dans leur préparation, leur mobilisation et leur réalisation.

Malgré cela le voeu de Sarkozy d'une ville sans manifestants n'a pas été exaucé. Encore une fois la rue a plus fait la une des médias que le sommet lui-même.

Et la volonté de mettre en avant les manifestants "casseurs" s'est retournée assez largement en une remise en cause de l'action des forces militaro-policières exposant la nature du dispositif militaire déployé pour tenir ce sommet.(1)

Cet aspect positif du bilan ne doit pas nous empêcher de tirer, sans complaisance, les leçons de Strasbourg en regard des exigences que posent à notre mouvement la remise au premier plan de l'Otan et le type de moyens utilisés pour empêcher toute contestation.

Ce texte se veut une contribution pour développer ce débat pour avancer vers la recherche de solutions communes en l'absence desquelles nous serions tous et toutes perdants.

De quoi l'Otan est-elle le nom ? La retour du "Grand jeu"

L'importance mise sur ce sommet par les pouvoirs en place est le reflet d'un choix politique. D'organisation de second plan dans la stratégie unilatérale des Etats-unis sous l'administration Clinton et surtout Bush (on l'utilise quand c'est possible, sinon on fait sans), l'Otan redevient un outil central pour la stratégie impérialiste des Etats-unis ainsi que pour l'Allemagne et la France.(2)

La conjonction, la même semaine, des sommets du G20 à Londres et du sommet de l'Otan à Strasbourg, n'est pas un simple hasard de calendrier. Dans un contexte de crise profonde du capitalisme, elle a permis de mettre en évidence les liens entre la domination économique de la planète par les grandes puissances et les moyens militaires dont elles se dotent pour assurer cette domination. Ce devrait être une leçon fondamentale à tirer pour notre mouvement parfois tenté de séparer les questions sociales des questions de solidarité internationale et de lutte contre la guerre.

Il y a pourtant quelque chose qui a rarement été souligné dans cette conjonction. Tous les pays représentés à Londres ne l'étaient pas à Strasbourg, en premier lieu la Russie ou la Chine.

L'Otan est une alliance entre certaines puissances. Or toute alliance est exclusive autant qu'inclusive : elle définit ceux qui sont "avec" autant que ceux qui sont "contre". Nicolas Sarkozy en a donné le fondement idéologique quelques semaines avant Strasbourg en parlant de l'évidence de la "famille occidentale", justification aux relents racistes évidents. Mais cela ne fait que recouvrir le véritable ressort de cette alliance, explicitement présent dans tous les documents stratégiques de l'administration US depuis des années : la nécessité d'utiliser sa domination militaire pour prévenir dans les décennies à venir l'émergence de puissances économiques concurrentes, en premier lieu la Chine.

Et l'Otan n'est pas n'importe quel type d'alliance, c'est une alliance militaire. Moins que jamais, sur le marché international, la concurrence entre capitalistes ne se règlera par le libre jeu du marché. De ce point de vue nous revenons à ce qui fut appelé le "Grand jeu" des alliances au début du XXè siècle et qui a préparé les deux guerres mondiales du siècle passé. Ce "Grand jeu" est fluctuant et les alliances ne sont pas figées mais sa tendance principale est claire : il s'agit pour les Etats-unis d'isoler et marginaliser le plus possible (diplomatiquement et militairement) la Russie mais surtout la Chine.

On comprend mieux dans cette perspective stratégique l'importance de la Turquie ou du Pakistan pour les Etats-unis ainsi que leurs tentatives pour au moins neutraliser l'Iran (y compris en se montrant aujourd'hui prêts à négocier avec un régime hier caractérisé comme terroriste).

Les puissances impérialistes "secondaires", dont la France, peuvent bouger dans ce "Grand jeu" en fonction de l'évolution des rapports de forces et de leurs intérêts spécifiques. Mais leurs politiques, quelques soient les prétextes donnés (comme Villepin contre l'invasion de l'Irak), n'ont et n'auront d'autre fondement que la défense des intérêts de leur propre classe dirigeante. Jamais l'opposition à la puissance impérialiste principale que sont les Etats-unis ne devrait nous amener à soutenir les positions de notre propre classe dirigeante ni à favoriser la moindre illusion quant à ses intentions.

Dans le conflit pour l'hégémonie mondiale, préparation de la guerre impériale et aggravation de la guerre sociale vont de pair dont les victimes sont ici comme ailleurs les travailleurs et les peuples.

La globalisation de la guerre

Les conséquences de cette situation devraient déterminer les grandes lignes de la stratégie de notre mouvement et de ses délimitations :

1 - Quelques soient ses spécificités historiques chaque zone de tension dans le monde devient plus directement un enjeu du positionnement des différentes puissances : il y a une globalisation de la guerre. Le nouvel incident diplomatique entre la Russie et l'Otan autour des manoeuvres militaires en Géorgie en est un exemple. L'Otan comme outil des impérialismes dominants et moteur d'accélération des tensions devrait être notre cible principale et non plus spécifiquement tel ou tel conflit. Ou plutôt l'importance mise sur tel ou tel conflit doit être déterminée par son importance dans la stratégie de l'Otan (comme l'est l'Afghanistan aujourd'hui...). Plus que jamais Israël est un allié clef pour l'Otan.
2 - Ce "Grand jeu" des recompositions entraîne une poussée, dans tous les pays, du militarisme, renforcement et sophistication de l'armement et des dispositifs militaires. Il ne faut pas se faire d'illusion sur les propositions d'Obama sur le désarmement nucléaire. Leur manque d'inefficacité vient du cynisme qui les sous-tend : il s'agit pour la puissance militaire hégémonique de se donner les moyens de limiter les prétentions des autres aux ressources dont elle dispose elle-même. Ces propositions permettront en outre de justifier demain des mesures plus radicales envers des Etats qui "mettent en danger la paix mondiale". Notre mouvement doit refuser de tomber dans le piège. Il faut exiger, sans compromis, la destruction des arsenaux nucléaires des principales puissances alliées de l'Otan, en premier lieu les Etats-unis, la France ou Israël.
3 - Cette poussé du militarisme est étroitement liée aux questions économiques. D'abord parce qu'elles en sont à l'origine. La compétition sur la scène internationale, exacerbée par la gravité de la crise, exige aussi le renforcement de la guerre sociale dans chacun des pays. Mais le militarisme devient aussi une cause : l'allocation nationale des ressources vers l'industrie de guerre impose des choix budgétaires qui se font au détriment des besoins sociaux. Combattre toutes mesures de renforcement du militarisme doit être combiné à la dénonciation des restrictions dans les budgets sociaux.
4 - La globalisation de la guerre n'est pas uniquement géorgraphique, elle signifie aussi une évolution de toutes les institutions. Militarisation des relations internationales et renforcement des politiques et des dispositifs sécuritaires vont de pair. La lutte contre ces politiques et ces dispositifs et la solidarité avec ceux et celles qui en sont victimes deviennent, plus que jamais, une composante du mouvement contre la guerre globale.
5 - Les classes dirigeantes doivent impérativement construire des consensus nationaux autour de la défense de leurs intérêts. D'où le renforcement des offensives racistes et le retour des valeurs supposées occidentales. Le combat contre cette offensive fait intégralement partie de notre lutte.

La question de la violence

La question de la violence n'est plus ni une question abstraite ni une question que l'on peut contourner au sein du mouvement pour des raisons objectives issues directement du durcissement des antagonismes sociaux. Quelques soient les divergences stratégiques que nous puissions avoir au sein de notre mouvement quant à l'utilisation de la violence, il y aurait quelque obscénité à accepter de comparer la violence des manifestants à celle d'un système construit sur la violence de masse préméditée, celle de la dette et des centaines d'immigrants qui meurent sur nos côtes, celle de la destruction de milliers de vie au travers des licenciements de masse sans parler de la destruction de l'environnement et des guerres dites préventives.

Par ailleurs nous devons désormais tenit compte du fait que la militarisation des relations internationales s'accompagne aussi d'une militarisation, par les Etats, de la "gestion" des rapports sociaux dont Strasbourg n'est qu'un symbole.

Il y a de l'hypocrisie ou au moins de la naïveté de la part de ceux et celles qui dans notre mouvement ont joint leur voix aux critiques de la violence des manifestants à Strasbourg. Comment était-il possible d'appeler à venir manifester dans une ville transformée en bunker sans prendre en compte cette question ?

L'équation est plus complexe qu'une alternative entre non-violence de principe ou violence de la résistance. Pour ne pas capituler devant toute menace d'usage de la violence par le pouvoir(3), il nous faut élaborer une stratégie de prise en compte de la violence dans nos confrontations avec lui pour agir de manière efficace et en limiter les conséquences dans notre camp.

Il nous faut par ailleurs tenir compte du fait que la violence est aussi, de la part du pouvoir, une arme idéologique pour diviser notre mouvement entre supposés "radicaux" et "modérés". Cette capacité à nous diviser a été favorisée, dès la préparation de notre mobilisation, par la quasi-absence de coordination entre deux composantes du mouvement, que je qualifierai de légaliste et insurrectionniste.

L'impasse du légalisme

De ce point de vue, une des leçons de Strasbourg pour notre mouvement est l'impasse du légalisme. C'est la politique qui a dominé dans les instances internationales organisant le contre-sommet de Strasbourg. Dans cette optique il s'agissait de négocier, a priori, avec les institutions les modalités d'expression de la contestation. On ne peut évidemment réduire cela à une question technique ou tactique. Cette politique est liée à une compréhension des institutions (y compris policières) comme instances légitimes et démocratiques dont nous pourrions contester la politique mais pas l'existence. Soyons clairs, cette position politique a toute sa place dans le mouvement antiguerre et plus généralement dans le mouvement social ne serait-ce que parce qu'elle infuence largement des millions de ceux et celles que le système exploite et opprime. Il n'empêche que Strasbourg en a révélé l'impasse.

Cela a d'abord conduit à accepter des conditions d'organisation de la contestation qui paralysait celle-ci. Le seul endroit accordé par les autorités pour loger les manifestants était le village dans des conditions excluant un grand nombre de participants éventuels (camping et distance du centre) et favorisant l'action des forces de police pour marginaliser les manifestants. Le lieu du contre-sommet, à des kilomètres du centre-ville a permis d'éviter d'en faire un centre réel de débats, d'organisation et de coordination de l'ensemble des événements. Enfin le lieu et le trajet de la seule manifestation "légale", le samedi, était une parodie de nos possibilités d'expression qui ne pouvait que refroidir les ardeurs des manifestants potentiels : à quoi bon dépenser argent et énergie pour participer à une manifestation totalement symbolique ?

Nombreux sont ceux et celles qui pourraient en tirer la conclusion que, tant qu'à faire, il vaut mieux multiplier des manifestations dans leur propre ville plutôt que sur le lieu où se tient le sommet.

Tous ces éléments favorisaient la fragmentation du mouvement entre ceux et celles qui ne voulaient pas se résigner à un sentiment d'impuissance et les courants voulant, malgré tout, mettre en avant l'expression unitaire et massive de la contestation.

De plus Strasbourg a démontré la réalité des engagements d'un pouvoir qui avait déclaré que son objectif était d'empêcher toute manifestation dans Strasbourg. Ces engagements, pourtant déjà ridicules, ont été allègrement piétinés le samedi de la manifestation. Une partie des cortèges allemands n'a pu franchir le pont de l'Europe. L'accès au lieu de départ de la manifestation pour les cars venant de toute la France comme pour ceux et celles arrivant par la gare et le centre de Strasbourg a été un parcours du combattant.

La question n'est pas de refuser ici l'idée même de négociation (cela reviendrait à nier la réalité actuelle des rapports de forces) avec les institutions mais de savoir sur quelles bases nous menons celles-ci.

L'impasse de l'insurrectionisme

Quelles que soient les raisons précises du pouvoir à un tel dispositif militaire pour protéger le sommet, celui-ci a mis en évidence l'impasse de toutes les tentatives d'action directe, y compris non-violentes, pour bloquer le sommet. Aucune de ces actions n'a atteint ses objectifs minimum. Sans en rajouter ici à la critique dévastatrice des désobéissants faite dans le journal CQFD (ou l'ironie facile sur l'échec des plongeurs interceptés de Greenpeace), même les courants les plus organisés (la "Gauche interventioniste allemande" ou le réseau Dissent) ont en partie au moins implosé devant le niveau d'engagement requis par le dispositif militaire du pouvoir qu'ils avaient largement sous-estimé(4). La Gauche interventioniste allemande qui revendiquait plusieurs milliers de manifestants à Strasbourg n'a, semble-t-il, jamais pu les rassembler dans la matinée pour des blocages ce qui a réduit à néant son intention de faire un cortège cherchant à forcer les barrages policiers lors de la manifestation de l'après-midi. En ce qui concerne le réseau Dissent dont l'objectif était une violence dirigée contre des symboles matériels du capitalisme et non une confrontation directe avec la police, il semble que ce réseau ait été débordé, dès les manifestations du jeudi par les provocations de celle-ci à une confrontation directe ainsi que par la volonté d'une partie des manifestants "d'y aller".

Ceci dit, certains en tireront la conclusion que Strasbourg n'invalide pas en soi cette stratégie mais simplement le fait que "nous" n'étions pas suffisamment préparés. Un des arguments de certains courants dits "autonomes" sera de dire, qu'au travers ces confrontations ils ont fait la preuve de la nécessité d'une préparation "militaire" (et d'un niveau d'armement) plus important. Cette position fait peu de cas du fait que, sur le terrain uniquement "militaire", notre mouvement sera toujours dans un rapport de forces dissymétrique vis-à-vis des capacités militaires du pouvoir. Après les manifestations de Gênes, le dirigeant de Ya Basta qui avait organisé le pôle de milliers de manifestants préparés à la confrontation directe non-violente avec la police(5), Luca Casarini, expliquait lui-même : "Accepter la logique des affrontements militaires serait à la fois une folie et un suicide politique. Notre mouvement ne peut se mettre au niveau de leur puissance militaire. Nous serions écrasés. [...] La phase de la désobéissance civile est terminée. Désormais nous devons évoluer vers la désobéissance sociale". Il ajoutait quelques jours plus tard : "Nous devons faire un troisième choix entre abandonner l'idée de changer le monde ou finir avec un petit nombre de manifestants militarisés." Il finissait en appelant à de plus grosses mobilisations comme seule solution, lançant un appel aux dirigeants des syndicats : "Décidez de quel côté vous êtes. Vous ne pouvez plus rester au milieu. Vos droits seront eux-aussi bientôt menacés."

La troisième voie : démocratie de masse

Il s'agit d'identifier quel pouvoir nous pouvons opposer à celui des classes dirigeantes qui ne disposent pas seulement d'un appareil militaro-policier professionnel et centralisé mais disposent aussi largement des leviers essentiels de la domination idéologique.

Une des raisons pour lesquelles le pouvoir actuel doit développer ses capacités de répression de la résistance est l'affaiblissement de sa légitimité "démocratique". L'importance des mobilisations comme celles de Strasbourg est justement d'accroître cette crise de légitimité en démontrant que les choix politiques faits par les classes dirigeantes se font à l'encontre des intérêts exprimés par la majorité. Depuis les manifestations de Seattle en 1999 les dirigeants du monde ne peuvent se réunir que sous haute protection militaire tandis que des dizaines de milliers de manifestants expriment, dans la rue, l'idée qu'un autre monde est possible. Le 15 février 2003, 30 millions de manifestants, ont exprimé dans les capitales du monde entier, que la guerre en Irak ne pouvait se faire "en leur nom". Là où le traité constitutionnel européen a été soumis à débat et referendum comme en France, il a été rejeté par la population amenant les élites dirigeantes à limiter toute possibilité d'expression institutionnelle réellement démocratique. Les mêmes dirigeants qui justifiaient la guerre par la nécessité d'étendre la démocratie (qu'ils associaient imprudemment à l'économie de marché) refusent d'accepter le résultat des urnes en Palestine ou le résultat des sondages qui réclament la fin de l'occupation en Irak.

A l'inverse notre mouvement doit favoriser l'expression démocratique la plus absolue pour exposer l'absence de légitimité des choix politiques des classes dirigeantes et faire basculer des centaines de milliers de "gens normaux" dans le mouvement. C'est pour cela que dans le cas de manifestations comme Strasbourg notre premier pouvoir vient du nombre de manifestants qui défilent dans les rues.

Au moment où la militarisation de la répression limite les capacités à ne serait-ce que perturber des sommets comme celui de Strasbourg, il est évident que la convergence de centaines de milliers de manifestant-e-s aurait été l'arme la plus sérieuse pour entraver l'organisation du sommet. Par ailleurs, si, comme cela a été argumenté, les organisateurs avaient refusé les conditions inacceptables du pouvoir, menaçant d'organiser le contre-sommet sous forme de meetings de rue dans Strasbourg - s'adressant directement à la population dont on voulait nous isoler. Si nous avions, de manière unitaire, menacé d'organiser, sous une autre forme, la manifestation avec plusieurs cortèges partant du sud de la ville, coordonnés mais rassemblés selon leurs affinités stratégiques, ce sont les autorités qui auraient été rejetées dans la défensive.

Il y a un lien entre les impasses du légalisme et de l'insurrectionisme lors des manifestations de Strasbourg et les impasses auxquelles ces stratégies mênent dans la construction même de la mobilisation. Car ces deux stratégies ont une chose en commun : elles se concentrent sur l'action d'une minorité, que ce soit pour négocier avec les institutions ou pour les affronter. D'où leur peu de souci à impliquer largement dans l'organisation de la mobilisation ou pour trouver les modalités de coordination les plus larges des différents courants susceptibles de s'impliquer.

Une mobilisation efficace ne peut reposer que sur la tentative de construire des assemblées publiques à tous les niveaux possibles permettant l'implication la plus large et démocratique y compris dans les décisions prises. Les organisations existantes ne peuvent se substituer à l'expression démocratique mais doivent démontrer leur capacité à favoriser celle-ci. Que ce soit par pessimisme sur les potentialités qui existent "à la base" ou par volonté de garder le contrôle, les structures qui restent des cartels d'organisations deviennent rapidement des obstacles à une véritable dynamique de mobilisation surtout dans une période où ces mêmes organisations connaissent elles-mêmes une crise de légitimté et où aucune d'elles ne peut plus prétendre représenter autre chose qu'une extrême minorité de la population.

Obstacles politiques

Là encore Strasbourg doit servir de leçon. Même si nous devons nous réjouir de la présence de plusieurs dizaines de milliers de manifestant-e-s à Strasbourg, il faut s'interroger sur la comparaison entre ce chiffre et les millions de manifestant-e-s de la journée du 19 mars ou les centaines de milliers des manifestations de solidarité avec Gaza en janvier.

Il ne s'agit pas ici de prétendre qu'il y aurait un lien mécanique entre ces différentes mobilisations et de comparer terme à terme pour dire qu'il aurait pu y avoir des millions de manifestants Strasbourg. D'autres facteurs jouent ici notamment le fait que le chiffre de manifestants concentrés dans une ville ne peut atteindre celui de la combinaison de manifestations locales. Cependant la différence entre les chiffres est suffisamment considérable pour nous interroger sur ses raisons.

Il y a des questions de contenu politique. Alors que l'agression de Gaza par Israël entraînait des dizaines de milliers à manifester leur dégoût et leur colère dans les rues, la plupart des organisations impliquées dans la campagne contre l'Otan refusèrent de soutenir, en tant que telle, ces manifestations. De même la plupart des organisations de solidarité avec la Palestine refusèrent, de fait, de faire de la campagne contre le sommet de l'Otan un élément de leur campagne de solidarité avec la résistance en Palestine.

A l'exception de Solidaires et de la FSU, les syndicats (salariés comme étudiants) ont refusé de s'impliquer dans la campagne contre l'Otan même lorqu'il leur était proposé de le faire sur leurs propres bases.

Pour certain-e-s dans ces mouvements l'obstacle est directement politique. Sans doute le cas d'Israël est le plus évident. Lier d'une manière ou d'une autre la question palestinienne à un conflit global avec l'impérialisme, c'est faire de l'existence de l'Etat d'Israël un des éléments du système impérialiste dominant. Ce faisant on ré-ouvre alors un débat sur la légitimité même de l'Etat d'Israël, débat que beaucoup refusent. C'est pourtant ce qui, pour nous, au-delà de l'analyse, permettrait à la cause palestinienne de sortir de l'extrême dissymétrie actuelle du rapport de forces et de se concevoir dans une alliance potentielle avec les autres peuples de la région et avec les mouvements de résistance à l'impérialisme dans le monde. Cela permettrait par ailleurs de sortir du cercle mortifère sur la nature ethnique ou religieuse du conflit.

On trouvera de même des problèmes politiques derrière le refus de certain-e-s dans le mouvement social, notamment syndical. Le problème n'est pas (ou alors qu'hypocritement) dans le refus d'intervenir sur des questions dites politiques. Après tout la plupart des syndicats ont pris position contre la guerre en Irak. La direction de la CGT s'était retirée de la coordination contre la guerre en Irak, non par refus d'aborder ces questions, mais parce qu'elle s'opposait au mot d'ordre du retrait sans préalable des troupes d'occupation. Il était, selon elle, de la responsabilité des forces d'occupation désormais, de tout faire pour organiser une transition vers la démocratie avant son retrait! La transition qu'organisent les forces d'occupation n'a, comme l'agression, rien à voir avec la démocratie. C'est une transition qui vise à garantir les intérêts des multinationales occidentales (raison pour laquelle la diplomatie française a tu ses anciennes critiques et s'active désormais en Irak) et le maintien de bases militaires pour l'Otan. Cette position de la direction de la CGT témoigne d'un problème politique plus général, l'idée d'une responsabilité partagée avec "nos" institutions (nationales et internationales) pour oeuvrer à la défense de "nos" intérêts, ultimement l'idée que la défense de "nos" emplois passe par la défense de "nos" entreprises.

Contenu et forme

Mais la politique d'abstension vis-à-vis de la campagne contre l'Otan a aussi été parfois relayée par des militant-e-s qu'on ne peut suspecter de telles positions. Les arguments les plus fréquents étaient le manque de conscience général du lien entre ces différentes questions et la nécessité de se donner des priorités pour être efficaces.

Ces aguments ont une forte part de vérité et doivent être pris au sérieux, surtout quand ils viennent de militant-e-s "de terrain". Le problème est qu'ils justifient une situation qui doit être dépassée plutôt qu'ils ne pointent vers une solution au problème. Comment développer la conscience du lien entre différentes questions sans mener campagne pour convaincre de ces liens ? Jusqu'à quel point, par souci de se donner des priorités, laisserons-nous, dans le mouvement de solidarité avec la Palestine comme dans le mouvement social, dominer des idées qui, tôt ou tard les paralyseront voire les détruiront ?(6)

Apès tout, et c'est là le lien entre le contenu et la forme des mobilisations, les milliers de manifestant-e-s de Strasbourg sont aussi des salarié-e-s et des étudiant-e-s, parfois syndiqué-e-s qui, pour la plupart, ont aussi participé aux manifestations de solidarité avec Gaza. Ce sont autant de points d'appui pour commencer à argumenter avec leurs collègues, dans leur milieu (famille, amis, quartier) quitte à, parfois, devoir se confronter aux directions d'organisations qui refusent d'établir ces liens pour des raisons directement politiques. C'est un argument supplémentaires pour mettre en place des structures de mobilisation qui permettent de les coordonner, qui permettent d'ouvrir publiquement ces débats au delà des réunions limitées aux directions des organisations existantes.

La troisième voie : le pouvoir social

Mais il existe un autre argument qui rend le lien avec le mouvement social et son intervention sur le champ des luttes politiques et de la lutte contre le militarisme particulièrement important pour notre mouvement.

La question du nombre de participant-e-s au mouvement et aux manifestations ne résoud pas totalement la question de la violence. Si le nombre est crucial pour déveloper la crise de légitimité des classes diigeantes et peut parfois perturber un sommet voire mettre en difficulté certaines décisions politiques, il ne peut suffire à bloquer la capacité des classes dirigeantes à mener leur politique lorsqu'elles y sont absolumment déterminées. L'exemple de l'agression de l'Irak devrait suffire à nous en convaincre. Bloquer le système dans ses volontés de guerre et son utilisation de la violence exige d'opposer au pouvoir centralisé de l'Etat et à son monopole de la violence un pouvoir qualitativement supérieur. Ce pouvoir doit avoir une réalité ne serait-ce que potentielle qui peut être mobilisée et non pas une illusion. Ce pouvoir potentiel nous l'avons, c'est celui des travailleurs. Pour organiser un sommet il faut des trains et des avions, des moyens de télécommunications, des logements, etc. Pour développer l'organisation militaire, sans même parler d'intervention armée, il faut toute une industrie mise à ce service. Or ce que les travailleurs savent produire et faire fonctionner, ils et elles savent aussi le bloquer. Il est plus facile pour la police, en utilisant la violence, de dégager une voie occupée par des manifestants que de faire fonctionner des trains immobilisés par une grève de tous les cheminots.

Cela semblera sans doute encore plus irréaliste que la perspective de mobiliser des centaines de milliers de manifestant-e-s. L'histoire permettrait de montrer qu'il y a des situations où cela est possible. La question est d'abord d'en favoriser les conditions. Là encore la construction d'un mouvement qui établit des liens avec les syndicats ou au moins des syndicalistes, qui développe un potentiel de masse permet d'aller dans ce sens. La situation où les mouvements de grève se multiplient sur des questions économiques ne peut par ailleurs que favoriser l'idée que l'arme de la grève peut aussi être élargie à d'autres fins qui concernent autant notre avenir que nos strictes conditions de travail.

Cette perspective est par ailleurs celle qui permet de s'opposer aux raccourcis illusoires, qui peuvent trouver une audience dans les impatiences et les colères légitimes, ceux du légalisme comme ceux de l'insurrectionisme.

Comment faire à partir de maintenant ?

Il s'agit de répondre à plusieurs questions qui peuvent apparaître comme autant de contradictions :

- Comment combiner les délimitations nécessaires défendues dans cette contribution et l'unité la plus étendue, y compris à des courants qui ne partageront pas l'ensemble de ces délimitations ?
- Comment combiner l'existence nécessaire de mouvements dont les spécificités dépassent largement les revendications "minimum" d'un cadre global (comme la solidarité avec la Palestine, les luttes sociales ou la lutte antiraciste) et ce cadre global sans qu'aucun n'en pâtisse ?
- Comment unir des courants dont les stratégies de lutte et de mobilisation sont différentes ?
- Comment combiner un cadre aujourd'hui existant et qui est un acquis mais qui est un cartel d'organisation et construire la possibilité d'une dynamique de mobilisation plus ouverte ?

Mon point de départ est effectivement l'exigence des délimitations minimum nécessaires pour l'efficacité même d'un mouvement contre la guerre globale (celles décrites au début de ce texte dans le paragraphe "La globalisation de la guerre"). Est-ce à dire qu'en dehors de celles-ci il n'y a pas de mouvement possible ? Absolumment pas. Plus une mobilisation "fonctionne" et plus elle entraîne un spectre hétérogène de positions. Mon argument est simplement (simplement !) que, vis-à-vis des exigences de la période, seul un mouvement construit sur ces bases pourra résister aux pressions et être moteur pour entraîner plus largement contre la guerre. Pour cela il devra, à chaque étape et sur chaque question précise être capable de proposer l'unité la plus large sans faire de toutes ses délimitations propres un préalable.

Par ailleurs ce mouvement devrait être une sort de parapluie capable de coordonner différentes campagnes spécifiques, déjà existantes ou amenées à exister, sans jamais se réduire à l'une d'elles ni à devoir en assumer tous les aspects spécifiques. Pour ne prendre que l'exemple du mouvement de solidarité avec la Palestine, en soutenir et relayer les manifestations n'exige ni de les prendre toutes en charge ni de devoir prendre position sur toutes les campagnes que mènent ses différentes composantes.

En ce qui concerne les stratégies de mobilisation, il faut s'inspirer de ce qui s'est mis en place dans l'organisation du mouvement altermondialiste. L'accord doit se faire sur deux principes, le respect des options différentes et la nécessité de rechercher l'expression la plus massive possible de notre contestation. Est exclue de cet acord toute politique qui vise à imposer l'action d'une minorité (que ce soit dans les institutions ou dans la rue) à l'ensemble du mouvement.

La dernière question est sans doute, techniquement la plus compliquée, parce qu'elle touche directement au concret et au lien entre ce qui existe déjà pratiquement et ce qui n'existe pas encore. Le cadre existant qui a, en grande partie, organisé une partie de la mobilisation contre le sommet de Strasbourg en France, est un acquis qu'il ne faut en aucune mesure détruire. Pour différentes raisons il serait surprenant que ce cadre acepte d'évoluer totalement vers ce qui a été exposé ici. Construire un autre cadre unissant seulement certaines des organisations sur les délimitations exposées ici détruirait ce cadre existant pour un cadre plus restreint reproduisant par ailleurs certaines de ses limites.

A mon avis la seule option susceptible de commencer à construire le mouvement parapluie dont il est question ici, un mouvement contre la guerre globale capable de servir de moteur aux mobilisations contre le militarisme et la guerre impériale, repose dans le lancement d'un appel par des représentants/membres de courants, organisations et secteurs différents de ce mouvement, de militant-e-s syndicaux, associatifs et politiques et d'artistes. Cet appel pourrait ouvrir une campagne de signatures et de soutiens, susciter l'organisation d'assemblées locales et/ou d'états généraux nationaux permettant de créer une dynamique qui serait non pas contradictoire mais complémentaire de ce qui existe déjà.

Denis Godard

1 - Juste trois points pour illustrer cela :

- le nombre de forces déployées (allemandes et françaises) correspondait à presque la moitié des forces d'occupation pour l'ensemble de l'Afghanistan
- toutes proportions gardées le dispositif avec ses check-point et les hélicoptères rapprochait soudain Strasbourg des images des villes occupées en Irak ou en Palestine
- il faut noter que si les frontières étaient fermées pour les simples citoyens ce n'était pas le cas pour les forces de police

Par ailleurs une des pistes à creuser pour notre mouvement est l'identité des dispositifs employés pour les interventions armées externes et la répression de la contestation interne et la normalisation (depuis Vigipirate notamment) de l'utilisation de l'armée sur le territoire.

2 - L'objet de cette contribution étant de tirer les leçons de cette réorientation stratégique et des conditions qu'elle crée je n'aborde pas ici le débat sur les causes de celle-ci. Il nous faut cependant garder à l'esprit l'importance de l'aggravation de la crise comme accélérateur des contradictions prééxistantes et l'échec de la stratégie unilatérale de l'administration US enlisée en Irak et en Afghanistan, contestée jusque dans son propre pays, qui a renforcé les régimes et les mouvements de résistance qu'elle voulait affaiblir et affaibli ceux qu'elle voulait renforcer.

3 - De ce point de vue on ne peut totalement passer sous silence l'irresponsabilité de dirigeants politiques de premier ordre qui ont déserté le terrain le samedi devant la tournure que prenaient les événements. Abandonner l'idée de manifester à cause de la violence des affrontements est une décision qu'on peut critiquer ou justifier mais qui n'est pas illégitime en soi. Mais abandonner le terrain sans l'argumenter publiquement, au moment où les manifestant-e-s se rassemblaient, c'est, de fait, abandonner toute prétention à une quelconque légitimité de direction dans le mouvement. Il ne s'agit pas ici d'une critique faite envers des courants de pensée entiers. Quelques soient les divergences que je peux avoir envers la politique et la stratégie d'organisations comme le PCF ou le Mouvement de la Paix, un dirigeant du PCF comme Francis Wurtz est resté tandis que le Mouvement de la Paix a courageusement tenu de bout en bout sa place dans la manifestation. Marie-George Buffet comme Jean-Luc Mélanchon ont, eux, honteusement déserté le terrain sans même daigner prendre la parole pour tenter de convaincre que ce qui semblait juste pour eux l'était aussi pour l'ensemble des manifestant-e-s. Quant à Oskar Lafontaine, président médiatique de Die Linke en Allemagne, dont la présence était annoncée depuis des mois, on ne l'a jamais vu.

4 - Réaliser cette sous-estimation est ce qui a amené différents courants dont le NPA et les coalitions antiguerre britanniques et grecques à décider finalement d'organiser un cortège le samedi matin à partir du village, entraînant à son arrivée plusieurs milliers de manifestant-e-s pour traverser collectivement la ville jusqu'au lieu de départ de la manifestation. Traverser notamment des quartiers populaires de Strasbourg nous a permis de constater le potentiel de soutien qui existait dans la population de la ville. Vus les rapports de force cette stratégie n'a pas permis ne serait-ce que de perturber le sommet. Elle a cependant permis de montrer qu'on pouvait ainsi collectivement défier l'interdiction de manifester dans Strasbourg tout en garantissant une meilleure protection des manifestants. Elle a aussi joué un rôle important pour permettre à des manifestants préalablement isolés de traverser le pont Vauban bloqué par la police pendant plusieurs heures pour rejoindre le lieu de départ de la manifestation de l'après-midi.

Il faut ajouter à cela que, peu aidés nationalement et internationalement, les camarades du collectif de Strasbourg se sont retrouvés particulièrement exposés à la pression des institutions. Leur sens des responsabilités vis-à-vis des manifestant-e-s venant à Strasbourg a certes pu parfois les amener à penser que rien n'était possible en dehors de ce qui était autorisé. Ils et elles ont cependant été décisifs, sur cette question (sans parler de toute l'organisation sur place) pour éviter, de la part de nos organisations une surestimation du rapport de forces.

5 - Quelques semaines avant le sommet du G8 de Gênes en 2001, Luca Casarini, principal porte-parole de Ya Basta, avait lancé une "déclaration de guerre" contre le sommet et annoncé que son groupe ne reconnaissant pas la validité de la Zone Rouge ils casseraient le mur pour pénétrer dans cette zone. Il avait cependant ajouté aussi que son groupe utiliserait plutôt les moyens de la "désobéissance civile" plutôt que la violence. Des entraînements furent organisés les jours précédents la manifestation pour structurer un cortège utilisant différents systèmes de protection pour permettre à leur cortège de surmonter la violence de la police lors des confrontations.

Attaqué sur ses flancs par la police de manière répétée avant même d'atteindre la zone rouge, le cortège de 15 000 manifestant-e-s dirigé par Ya Basta décida de se replier devant le niveau imprévu de violence de la police.

6 - L'argument de l'intérêt national (commun aux travailleurs et aux patrons) peut rapidement se retourner contre toute résistance aux attaques sociales, aujourd'hui avec les arguments de la nécessaire compétitivité face au dumping social d'autres pays demain avec celui de l'union sacrée.
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Re: contre sommet anti-OTAN , 1/5 avril 2009

Messagede JPD » 21 Juin 2009, 08:27

à Qierrot

Oui, il a été rédigé APRES la réunion de la CJ qui avait eu lieu fin mars à Limoges (j'y étais) pour préparer ce numéro de mai ou figure l'article.
En revanche il a été "avalisé" pour passer dans le canard par les camarades de Limoges fin avril. Et à ma connaissance cela n'a provoqué aucune protestation ni remous. Mais c'est de la cuisine interne. Certaines formules polémiques sont certes regrettables mais je dois rajouter que certaines réponses qui y sont faites sont elles-aussi très révélatrices.

En revanche discuter du texte ci-dessus est plus intéressant... En le lisant me vient en tête une autre discussion concernant le codelib de St-Nazaire.
"Il nous faut par ailleurs tenir compte du fait que la violence est aussi, de la part du pouvoir, une arme idéologique pour diviser notre mouvement entre supposés "radicaux" et "modérés". Cette capacité à nous diviser a été favorisée, dès la préparation de notre mobilisation, par la quasi-absence de coordination entre deux composantes du mouvement, que je qualifierai de légaliste et insurrectionniste." ... dit le texte ci-dessus...
Eh bien nous défendions l'idée que l'intérêt du Codelib à St-Nazaire, bien que cartel d'organisations démocratiques était sous-tendu par une vraie dynamique qui justement permettait que le tri entre militants arrêtés "radicaux" et "modéré" ne se fasse pas (voir http://oclibertaire.free.fr/spip.php?article543&var_recherche=codelib et Courant alternatif de juin).
Cela indique bel et bien que c'est l'analyse des dynamiques qui doivent jouer un rôle essentiel dans les stratégies. Ainsi, par exemple, à Poitiers le comité antirépression mis en place ressemble davantage à une coquille vide qu'au codelib nazairien de l'époque (je ne sais pas maintenant)... Mêmes composantes ou presque, présence plus importante des anars sans doute qu'à St-Naz, mais pas de dynamique sinon vers une canalisation "union de la gauche" pour les difficiles années à venir.
Amitiés
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