A bord de la flotille, Le Monde.fr embarque pour Gaza :
Flottille pour Gaza II, embarquement imminent
Un an après l'arraisonnement meurtrier d'un premier convoi humanitaire au large d'Israël, une nouvelle flottille internationale s'apprête à faire route vers Gaza pour tenter de briser le blocus imposé à l'enclave palestinienne. Contrairement à l'année précédente, deux bateaux français participent à l'opération.
Le premier de ces navires, le "Louise Michel", se trouve actuellement en Grèce. Le second, le "Dignité-Al Karama" a appareillé ce matin de l'Île-Rousse, en Corse. J'embarquerai sur l'un d'eux et m'efforcerai de livrer sur ce blog du Monde.fr le récit de l'expédition.
UNE CAMPAGNE LANCÉE EN OCTOBRE 2010
Ce projet, baptisé "Un bateau français pour Gaza", n'aurait pu se concrétiser sans les 600 000 euros de fonds collectés au cours de la campagne lancée en octobre sous l'impulsion conjuguée de la Plate-forme des ONG françaises pour la Palestine et du Collectif national pour une paix juste et durable entre Israéliens et Palestiniens.
Près de 70 organisations (associations, partis politiques et syndicats) ont pris part à la mobilisation. De Lille à Marseille en passant par Strasbourg, Toulouse ou Alençon, militants et conférenciers ont sillonné le pays. Trois semaines de tournée en février. "Ça a été un vrai succès", témoigne Julien Rivoire, membre du Nouveau Parti anticapitaliste et du comité de coordination de la campagne. "On arrivait sur les marchés en camion avec une sono, des banderoles, des tracts et une tirelire. A Toulouse, au Mirail, on a récolté 600 euros en deux heures. C'était pendant les révolutions tunisienne et égyptienne. Il y avait un climat particulier, les gens se disaient 'c'est possible de faire changer les choses'".
EFFET BOULE DE NEIGE
Porté par cet élan, la mobilisation fait boule de neige, dépassant rapidement les cercles militants traditionnels. Manifestations, expositions, projections de film ou lâcher symbolique de bateaux en papier... Ce sont finalement plus de 1 500 événements qui sont organisés à travers la France. Les dons affluent. "On était loin d'imaginer que le mouvement prendrait une telle ampleur", se félicite Maxime Guimberteau, chargée de la communication d'"Un bateau français pour Gaza".
"J'ai l'impression que cette campagne a réveillé les gens. Une vraie ferveur s'est substituée au fatalisme qui avait gagné beaucoup d'anciens militants engagés dans le mouvement pro-palestinien", observe Alain Bosc, membre de la Cimade et du comité de coordination d'"Un bateau pour Gaza". Très relayée au sein des associations, l'initiative a également été accueillie avec enthousiasme dans les quartiers populaires et notamment "auprès des familles françaises d'origine arabe, sensibles à la question palestinienne et au sort des habitants de la bande de Gaza".
90 % DE DONS DE PARTICULIERS
De nombreuses structures chrétiennes comme le Comité catholique contre la faim et pour le développement (CCFD-Terre Solidaire) ou les Chrétiens de la Méditerranée ont également mobilisé leurs réseaux. Un appel, lancé notamment à l'initiative de l'archevêque de Sens-Auxerre et des évêques de Troyes et de La Rochelle, a été envoyé dans tous les diocèses, pour encourager les fidèles "à faire une place particulière dans leur prière personnelle et en communauté pour que la deuxième flottille de la liberté puisse atteindre ses objectifs au service de la paix".
Résultat : sur l'ensemble des 600 000 euros collectés, 90 % des dons viennent de particuliers. D'après les organisateurs, "la plupart des gens ont participé à hauteur de 5, 10 ou 50 euros". S'y ajoutent les contributions des organisations signataires, les subventions de plusieurs collectivités locales et un versement de la fondation "Un monde par tous". Tous les chèques de soutien ont été libellés à l'ordre du Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP) qui a ouvert un compte spécial pour les centraliser. "Tout s'est fait dans la transparence, assure le collectif. Nous n'avons pas accepté d'argent de pays ou d'associations étrangères."
46 PERSONNES SUR LES BATEAUX FRANÇAIS
Les sommes récoltées ont été affectées à l'achat des deux bateaux, à la constitution des équipages, et aux dépenses de communications. "Affréter les navires, c'est ce qui a été le plus difficile au bout du compte, reconnaît Alain Bosc. On n'est pas des armateurs, on a connu quelques déboires."
Finalement, 46 personnes sont attendues à bord. Au côté des militants des différentes associations engagées dans la campagne, embarqueront plusieurs personnalités du monde politique ou associatif, comme Olivier Besancenot (NPA), le député communiste du Havre, Jean-Paul Lecoq, la députée européenne Nicole Kiil-Nielsen (EELV), le marin breton Jo Le Guen, ou encore Julien Bayou, du collectif Jeudi Noir.
Elise Barthet
http://flottille.blog.lemonde.fr/2011/0 ... -imminent/Communiqué Union syndicale Solidaires :
Deuxième flottille internationale :
l’Union syndicale Solidaires s’engage contre le blocus de Gaza !
Le blocus de la bande de Gaza, illégal et inhumain, se poursuit depuis quatre ans. C’est, de fait, une punition collective infligée à tout un peuple qui se retrouve ainsi dans une « véritable prison à ciel ouvert » !
En France, une large campagne a permis de rassembler de nombreuses associations, syndicats et partis dans une dynamique citoyenne et populaire pour affréter deux bateaux français qui vont rejoindre, cette semaine, la 2e flottille internationale contre le blocus de Gaza.
Le but de cette flottille est de mettre fin, par une action pacifique, au siège de la bande de Gaza imposé depuis 2007 par les autorités israéliennes. Malgré la condamnation par l’ONU de ce blocus et ses conséquences pour la population, le gouvernement israélien persiste !
L’Union syndicale Solidaires, attachée à la solidarité internationale et au droit des peuples, est engagée dans cette campagne pour le respect du droit international et la levée du blocus. Pour concrétiser cet engagement, Annick Coupé, porte-parole nationale de Solidaires sera à bord d’un des deux bateaux français, en compagnie d’une quarantaine de représentant-es des différentes organisations françaises parties prenantes de cette campagne.
Les deux bateaux français vont se joindre à la douzaine d’autres qui ont répondu présents pour cette initiative internationale. Ils apporteront 5 000 tonnes de matériel dans la bande de Gaza, notamment du matériel médical.
Ce sont, ainsi, 300 à 400 personnes venues des quatre coins de la planète qui porteront la parole des citoyens et citoyennes du monde entier pour exiger la fin du blocus de la bande de Gaza et le respect du droit international.
Les Etats, et en premier lieu le gouvernement français, doivent agir pour protéger leurs ressortissants face aux menaces du gouvernement israélien de bloquer la flottille. La Fédération Internationale des Droits de l’Homme vient de réaffirmer la « responsabilité de la communauté internationale c’est de prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer l’accès de l’aide humanitaire à la population civile dans la bande de Gaza ».
Ce que nous voulons, c’est la fin totale du blocus de la bande de Gaza et le respect des droits et de la dignité des Palestiniens, conditions indispensables pour qu’enfin une paix juste et durable s’installe dans la région !
Paris le 27 juin 2011
Membre lyonnais de l’Union Juive Française pour la Paix, Georges Gumpel écrit :
Quelques mots avant de monter à bord du Bateau français pour Gaza
Je suis né à Paris, en mars 1937 dans une famille juive française que l’on disait israélite alors pour marquer la différence entre ces familles françaises et celles qui venaient de l’Europe entière, fuyant le nazisme et le fascisme.
C’est à Paris que j’ai vécu la plus grande partie de ma vie.
Mon histoire personnelle avec Lyon remonte aux années noires de l’occupation, de la collaboration, à l’été 1942 plus exactement, quand ma famille fuyant Paris est venue se réfugier ici du côté de Montchat.
Le couvent voisin nous ouvrait parfois ses portes à nous les enfants : mes deux jeunes soeurs et moi, quand mes parents étaient informés de dangers de rafles....
En automne 1943, c’est aussi une institution religieuse lyonnaise qui m’a accueilli quelques mois avant que je sois définitivement caché en Haute Loire jusqu’à la Libération.
Lyon c’est aussi mon père, arrêté fin juillet en distribuant des tracts près de la gare Perrache.
Lyon c’est Montluc où il fût interné puis, le Convoi du 11 août 1944....
Lyon ensuite s’est à nouveau imposé à moi en 1987 au moment du procès de Klaus Barbie où nous étions – ma mère, mes soeurs et moi – Parties Civiles pour ce Convoi du 11 août, la déportation de mon père, sa mort ensuite mi avril 1945, dans le camp d’extermination de Melk en Autriche.
Ce crime contre l’ Humanité parmi les multiples autres crimes contre l’ Humanité dont Barbie avait à répondre.
Lyon est aujourd’hui la ville où j’ai décidé de vivre ma retraite.
Souvent, il m’est arrivé de lutter contre l’injustice, pour le droit des peuples à leur indépendance et à leur liberté dont celles, essentielles, du peuple Algérien.
Jamais, dans ces combats qui ont marqué ma jeunesse, ma vie tout court, il m’est venu à l’esprit de faire valoir mon identité juive.
Comme beaucoup, j’étais anticolonialiste, internationaliste comme on le disait alors.
La question Palestinienne, la guerre sans fin faite par l’Etat hébreu aux Palestiniens, l’utilisation par Israël de notre histoire, des tragédies dont nous avions été les victimes, pour légitimer ses crimes en Palestine, faire taire toutes critiques, fussent-elles minimes, m’ont obligé ( c’est le cas pour beaucoup d’autres juifs ) à sortir de ma réserve, à prendre à bras le corps cette identité juive qui jusqu’alors faisant partie de mon intimité, pour affirmer mon refus de cette politique criminelle faite « en notre nom ».
Je suis de ceux qui pensent qu’aujourd’hui, en ce début du XXI siècle, il grand temps d’envisager que le temps du nazisme, le temps de la collaboration, le temps des crimes dont nous avons été les victimes, fait définitivement partie de l’ Histoire, que ce temps là appartient maintenant aux historiens, que nous devrions, nous les survivants, cesser de parler.
Mais Israël, paradoxalement, nous interdit le silence.
Mais les gens, ici en France, qui monopolisent « en notre nom » la parole juive, eux aussi nous interdisent le silence.
Et que dire du gouvernement français qui nous enferme dans un communautarisme criminel,et laisse supposer, en même temps qu’il fait grand bruit autour de la prétendue « identité nationale », que nous, juifs français, aurions éventuellement une double nationalité - française et israélienne - entretenant ainsi le discours israélien et celui des sionistes français, discours favorisant la résurgence du racisme et de l’antisémitisme?
Ce gouvernement, lui aussi, nous interdit le silence .
Il faut donc parler ….
Aujourd’hui même, ce 21 juin 2011, aux informations de 7 heures, le chroniqueur nous parlait de Justice Internationale, de crimes de guerre, de crimes contre l’ Humanité, de populations civiles menacées, en Syrie, en Libye, en Afrique et ailleurs, sans un mot pour ce qui est de la Palestine devenue pour tous une zone noire, invisible, innommable même...
Sans un mot pour ces populations civiles palestiniennes elles aussi en permanence menacées.
Il faut donc parler …
A Lyon justement, où depuis le procès de Barbie en 1987, le Centre d’ Histoire de la Résistance et de la Déportation ( CHRD ) est devenu un lieu incontournable où des milliers et des milliers de jeunes et de moins jeunes viennent chaque année visiter ce lieu, voient le film consacré au procès, voient tous ces témoins qui ont défilé, des jours durant, dire devant le monde entier ce que Crimes contre l’Humanité signifiaient.
Je me souviens de la déposition de Madame Zatlin le 27 mai, à propos de l’arrestation et la déportation des enfants d’Izieu , cette déposition que l’on peut écouter dans le film au CHDR, cette déposition / question au cours de laquelle elle demande à l’avocat de Barbie :
« Barbie a toujours dit qu’il s’occupait uniquement des Résistants et des Maquisards ; ça veut dire des ennemis de l’armée allemande.
Je demande : les enfants, les 44 enfants, c’étaient quoi ?
C’étaient des Résistants, c’étaient des Maquisards ?
Qu’est-ce qu’ils étaient ?
C’étaient des innocents !
Monsieur le Procureur, Messieurs les Jurés, les enfants sont des enfants, qu’ils soient blancs, qu’ils soient noirs, qu’ils soient juifs ».
Cette interrogation / question est toujours actuelle, d’une grande actualité même, les enfants palestiniens, les enfants de Gaza qui meurent par centaines, qui sont les principales victimes plus exactement, qu’est ce qu’ils sont?
Des résistants, des ennemis d’ Israël ?
Simplement : ce sont des innocents.
Et la communauté internationale se tait. Les oublie complètement, nie leurs droits les plus élémentaires.
Je vais le samedi et le dimanche avec ma petite fille au Parc de la Tête d’Or.
Des milliers d’enfants comme elle jouent librement, sans crainte, dans cet espace merveilleux.
Je voudrais que les grands pères palestiniens, ceux de Gaza, aient – comme moi – la joie de pouvoir promener leurs petits enfants dans des jardins aussi tranquilles pour leurs petits enfants que le parc de la Tête d’ Or, que leurs petits enfants, eux aussi, jouent aux jeux de leur âge sans crainte, librement.
Des jardins et des jeux qui nous étaient interdits, à nous aussi enfants juifs, par Vichy. Souvenez - vous !
Voilà, je parle donc,
Dans quelques jours, je serai avec la délégation française sur le Bateau qui voguera vers Gaza pour dire - avec la Société Civile française qui, par sa grande générosité, a financé ce bateau – notre indignation face à cette indifférence générale, notre exigence à ce que cesse le blocus illégal et criminel de Gaza, notre exigence qu’ Israël respecte enfin le Droit International, le Droit Humanitaire International.
Ces Droits Internationaux construits dans le sang de nos parents.
Toutes et tous, nous refusons la capitulation de la raison.
Georges Gumpel enfant caché, fils de Déporté « Mort pour la France » à Melk en Autriche, Partie Civile au procès Barbie, membre de l’ Union Juive Française pour la Paix - UJFP.