Reçu SMS à l'instant d'un camarade de Bagnolet:
Grosse opération de police en ce moment rue de Paris pour expulser les
roms à faire circuler.
Laurent (groupe libertaire d'Ivry)
Ci dessous article de Nicolas d'Ivry sur ces roms, paru dans le ML en juin
2012:
Dans la peur de se faire expulser
Si l'on en croit les responsables du PCF, "les élus communistes sont aux
avant-postes pour le droit des Roms."1 En voici un exemple, à Bagnolet
(93)…
En 2007, la mairie ouvrait un foyer pour héberger des Roms adultes… à
condition qu'ils renvoient leurs enfants en Bulgarie ! La création d'un
village d'insertion ("des centres de semi-internement interdits d'accès à
toute personne extérieure, sous l'œil de vigiles de sociétés privées de
sécurité"2) a permis à la mairie de communiquer sur son action en faveur
des Roms, tout en chassant ceux qui n'y avaient pas de place ou n'en
voulaient pas. Et puis, plus discrètement, quelques années plus tard, elle
décide de fermer ce "village", dont les habitants apprennent par lettre du
14 juin 2011 que seuls ceux qui auront trouvé un travail au 15 juin (le
lendemain) seront — éventuellement — relogés… Une lettre qui leur indique
"qu'ils peuvent bénéficier de l'aide au retour humanitaire"3…
Une lettre que le maire a cosigné avec le sous-préfet ; car dénoncer le
gouvernement ne l'empêche pas de travailler main dans la main avec lui :
quand les CRS saccagent les affaires des vendeurs roms du marché de
Bagnolet, ce sont les employés municipaux (nettoiement ou environnement)
qui passent derrière faire le ménage4. D'autant plus que Bagnolet fait
partie des villes qui "veulent éradiquer leurs taudis" — ou plus
pudiquement "résorber les logements insalubres" —5, et qu'elle a demandé
(et obtenu) l'aide de l'État pour cela en se portant candidate pour
l'application du Programme national de requalification des quartiers
anciens dégradés (PNRQAD6).
Ainsi, pendant qu'à la télévision publique, "spécialistes" et "experts"
tiennent des "propos qui consistaient en une dénonciation sans appel ni
réserve de la communauté Roms à travers des affirmations péremptoires et
des constats lapidaires et non étayés"7 — ce qui fut qualifié par la
Justice dans un premier temps de "provocation à la haine raciale" mais
finalement déclaré "question d'intérêt public" dans un dernier verdict8 —
le maire de Bagnolet déclare qu'"il faut traiter [les Roms] autrement que
par la haine et les expulsions"9 ; mais quand des Roms s'installent dans
une maison vide de sa commune, rue de l'Avenir, il fait en sorte de leur
signifier que l'avenir pour eux est ailleurs.
Pour expulser les squatteurs de sa ville, la Mairie voisine et verte de
Montreuil, par lettre "indique au propriétaire qu'elle utilisera ses
pouvoirs de police pour se substituer à lui [à ses frais] dans le cas où
il ne ferait pas procédér à l'expulsion. Une lettre du préfet invite
également le propriétaire à diligenter les procédures judiciaires pour
faire expulser les occupants." Les habitants de "Los Angeles" se sont
ainsi fait expulser, leur maison détruite de l'intérieur (murs, fenêtres
et robinetterie défoncés), toutes les entrées murées, avant que le
jugement en appel, qui leur sera favorable, ne soit rendu.10
Le propriétaire de la maison des Roms rue de l'Avenir étant inconnu, c'est
sur ses habitants qu'il est fait pression. Les keufs sont venus deux fois,
délivrant huit avis d'expulsion du territoire (OQTF) aux personnes
présentes puis embarquant un homme pour l'enfermer immédiatement en centre
de rétention. S'il a été libéré pour incompatibilité de son état de santé
constaté par le médecin du centre, le tribunal n'y avait pas vu
d'obstacle, pas plus que la présence de ses enfants ne pouvait empêcher
son expulsion : ils n'avaient qu'à le suivre !
La préfecture a prononcé un arrêté d'insalubrité sur leur maison, un de
plus dans un département où il y a "un millier d'habitations frappées d'un
arrêté d'insalubrité, irrémédiable pour 450 d'entre elles."11 Arrêtés
délivrés sur demande des services d'hygiène municipaux… Et sans aucune
proposition de relogement pour les habitants expulsés. "Les gens vivent
non seulement dans la peur de se faire expulser de leur maison, mais aussi
dans la crainte de se faire arrêter chez eux pour être enfermés en centre
de rétention et expulsés. Nous cherchons des moyens de lutter pour qu'ils
restent dans notre quartier."
1. "Quel monde voulons-nous ?"
www.pcf.fr2. "Halte à l'internement des Roms dans les villages d'insertion", La Voix
des Rroms
3. "La fin douloureuse du village d'insertion rom", Le parisien
4. "La répression contre les Roms s'intensifie au Pont de Bagnolet",
Indymedia Paris
5. "Six villes veulent éradiquer leurs taudis", Le Parisien
6. "Casse-toi, pauvre !", Le Monde libertaire
7. "Cour de cassation - Chambre criminelle, 07 juin 2011, "Affaire C dans
l'air"",
http://junon.univ-cezanne.fr/u3iredic/8. "Cour de cassation, Chambre criminelle, 7 juin 2011, 10-85.179",
www.legifrance.gouv.fr9. "Les Roms : une question humaine qu'il faut traiter autrement que par
la haine et les expulsions", communiqué du maire de Bagnolet,
pcf-bagnolet.over-blog.com
10. "Montreuil : non aux expulsions, même encadrées par la mairie",
Coordination des intermittents et précaires d'Île-de-France
11. "Six millions contre l'habitat insalubre", Le Parisien