Joyeusetés propres à faire dérailler le train-train quotidien
Ce n’est pas pour rien que les dispositifs de (techno)flicage s’acharnent d’abord à surveiller nos comportements dans les transports en commun ou sur les routes. Les caméras, les RFID ou les diverses milices gèrent les flux : les marchandises et les humains marchandisés iront du point A au point B, et rien ne doit encombrer la mécanique sociale. Les autoroutes, les trains comme les métros nous expédient depuis nos dortoirs jusqu’aux portes des magasins ou de nos lieux d’exploitation. Ainsi règne l’économie sur l’aménagement technique du territoire.
« Mobilité XXL ». Ce message publicitaire placardé dans les couloirs de Transpole résonne plus comme une injonction à se bouger que comme une liberté de déplacement. Aidés de nos téléphones mobiles et de nos ordinateurs portables, le temps et l’espace sont devenus des obstacles qui doivent disparaître. De bornes Wifi en antennes-relais, nous saurons rester connectés partout ou nous ne serons pas. Les employeurs doivent bien se marrer en recevant des lettres de motivation ou des cv qui ne feraient pas mention de l’immanquable « Mobilité » dont l’échelle doit être proportionnelle à la place convoitée dans la hiérarchie sociale.
Depuis quelques années, la Semaine de la Mobilité européenne a remplacé la « Journée sans voiture ». Comprendre : peu importe le moyen, nous devrons nous déplacer. Quitte à ce que nos gesticulations n’aient aucun sens. Si ce n’est que les marchands de transports en commun veulent des thunes. Et les marchands de bulletins de vote une ville attractive vendue aux turbo-cadres et aux touristes-zombies. Dans la grande compétition des métropoles où « on vit le mieux », le nombre d’équipements culturels, les mètres carrés « d’espaces verts » et de zones piétonnes, les connexions ferroviaires ou autoroutières, les kilomètres de métros, de trams, ou encore les Vélos en Libre Service sont autant de bons points que chaque équipe municipale de droite comme de gauche se dépêche d’offrir à ses concitoyens.
De tous ces artifices, nous, on s’en tape. La misère sociale, la mise sous liberté surveillée, l’atomisation qu’accompagne la rationalisation de nos vies, et le désastre annoncé de l’industrialisation de nos territoires, nous les refusons.
En marge de cette mobilité artificielle, certaines populations stigmatisées comme indésirables doivent dégager des places fortes de la petite bourgeoisie. Flics, promoteurs et élus mettent toutes leurs forces pour que ces quartiers ressemblent aux promesses de synthèse des aménageurs. SDF ou mendiants, prostituées, sans-papiers, roms, squatteurs ou déclassés, assignés à une mobilité permanente, doivent faire place nette aux consommateurs. Depuis les quartiers de relégation, on les emmerde.
A contre-pied de le Semaine de la Mobilité officielle, voici le programme des évènements qui prendront le temps et le lieu d’être :Jeudi 16/09_Projection de Speedy (En Vitesse)Réalisé par Ted Wilde en 1928, Speedy est le dernier film muet d’Harold Lloyd. Un garçon incapable de conserver bien longtemps le même travail a pour ami un conducteur d’omnibus dont une grosse compagnie veut s’arroger la concession à bas prix. Quitte à utiliser les moyens les plus mesquins.
La vitesse dont il est question est celle de la vie trépidante du New York des années vingt, toute en contraste avec le paisible tramway tiré par un cheval qui est le point central du film. La vitesse est aussi celle de scènes de conduite dans les rues encombrées de New York, d’abord en taxi puis en tramway tiré par deux chevaux au galop.
Ciné L’Univers, rue Danton, Métro Porte de Valenciennes, ouverture à 19h30 et film à 20h.. Bouffe & prix libre.
Vendredi 17/09_ Ensemble, soyons des fraudeursPremière réunion et présentation de la mutuelle des fraudeurs et du Réseau pour l’Abolition des Transports Payants (ratp). Discussion sur la fraude et la gratuité de l’accès aux transports en commun. Nous regarderons aussi trois courts métrages réalisés par le RATP : Trottoirs payants, Sur le collectif et Opérations portes ouvertes.
19h à l’Espace Marx, 6 bis rue Salengro à Hellemmes, Métro Hellemmes.
Samedi 18/09_Masse critiqueBalade et lâché de deux-roues pour imposer le rythme cycliste aux flux motorisés. Nous ferons le tour des lieux de privation de nos libertés.
Départ 15h au métro Port de Lille
Samedi 18/09_Projections en plein airLa Révolution des crabes de Arthur de Pins, 2003, 5mn. Les crabes de l’estuaire de la Gironde ont un sérieux handicap : ils ne peuvent pas changer de direction et sont condamnés à marcher toute leur vie suivant la même ligne droite. Comment vivent-ils ce tragique destin ?
La Chaise se déplace de Franck Gourdien, 2008, 35 mn. Méditations d’un gardien de musée.
Le Repos du fakir de Gilles Paté et Stéphane Argillet, 2003, 6 mn. Le film esquisse une typologie de mobiliers urbains anti-sans-abri à Paris.
Nimbus Machina de Thomas Plaete, 2010, 6 mn. Le désert, le vent, un rail. Une étrange machine passe, et crache de gigantesques nuages de vapeur et de suie.
Le Grand embouteillage de Luigi Comencini, 1979, 103 mn. Sur une autoroute italienne, des centaines de voitures se retrouvent bloquées durant de longues heures dans un monstrueux embouteillage. Les comportements des conducteurs vont devenir, eux aussi, monstrueux…
En partenariat avec le cinéma mobile de l’association Mondes et Multitudes.
mondesetmultitudes@gmail.comSur la plaine rue de Fontenoy à Moulins, Métro Porte de Douai, 19h, pique-nique et/ou cantine vegan.
Dimanche 19/09_Errance urbaineBalade piétonne pour débusquer l’aménagement sécuritaire, les grands projets de renouvellement urbain, l’histoire oubliée de nos quartiers et de la guerre des classes.
Rendez-vous à 14h place François Mitterrand, Métro Lille Europe.
Nous terminerons notre dérive par un goûter-lectures au «J’en suis, j’y reste» rue de Condé. Ce sera vers 17h.
Mercredi 22/09_Discussions avec :_Les auteurs de Fortunes de mer. Lignes maritimes à grande vitesse : les illusions bleues d’un »capitalisme vert », 2010, éd. Acrati.: à l’heure où ils caressent l’espoir d’une croissance adossée aux « marchés verts », les capitalistes entendent faire de l’espace maritime leur nouvel alibi écologique.
_Aude. Au fur et à mesure que notre vitesse augmente, notre lieu de vie s’élargit et nous contraint à des distances impossibles à effectuer sans l’insertion dans un macro-système technique, ferroviaire ou automobile/routier. Les politiques de transports et d’aménagement se mettent au service de l’extension du domaine de la vitesse, attentives à mouvoir les cadres sur des milliers de kilomètres en tgv ou à faire construire à leur usage des aéroports à Haute Qualité Environnementale (HQE). Plutôt que d’assurer aux plus pauvres, à la campagne comme en grande banlieue, l’accès au minimum, sur place. à quand une démocratie relocalisée ?
_Guillaume Carnino, auteur de l’ouvrage collectif La Tyrannie technologique et animateur des éditions L’Echapée. Avec la massification des moyens de transport et de communication, l’immédiateté et la vitesse sont devenus des mythes contraignants auxquels nous ne pouvons nous soustraire, et modifient nos rapports au monde.
Centre Culturel Libertaire, rue de Colmar, Métro Porte des Postes, 19h.
Jeudi 23/09_Libre ParoleApporte tes textes et ton déguisement, on va s’amuser comme des fous…
19h, Métro St Philibert.
Vendredi 24/09_Soirée de clôture Auto BoOm19h : Apéro-cantine-auberge espagnole.
21h : projection de Tantôt. Courts-métrages d’Eric Bezy (Tambouille). Tantôt, c’est un mannequin-marionnette qui se déplace si lentement que tout autour de lui semble filer à toute allure. Ou presque.
22h : Boumboum slow wave et speed mental avec dj Hapört Tazik
Centre Culturel Libertaire, rue de Colmar, Métro Porte des Postes.
Le programme en pdf est ici :
http://hors-sol.herbesfolles.org/wp-con ... se-def.pdf