Droit au logement, luttes... à Nantes

Re: Droit au logement, luttes... à Nantes

Messagede Pïérô » 17 Sep 2013, 11:46

Rendu du procès du squatt "Radisson Noir"
Un huissier est passé le 28 Aout, une expulsion est prévue le (ou à partir du) 28 Octobre...soit 3 jours avant le début de la trêve hivernale, le 1 Novembre.

Le risque est toujours qu'un nombre important de personnes retournent à la rue, AUCUNE proposition de relogement n'a été faite par la préfecture...
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Re: Droit au logement, luttes... à Nantes

Messagede Pïérô » 06 Oct 2013, 13:26

expulsion en vue...
EXPULSION PROGRAMMEE DU SQUAT DES OLIVETTES (Radisson noir)

Pour mémoire, une centaine de personnes sans abri (dont des femmes seules avec enfants, des personnes âgées ou malades) habitent depuis plusieurs mois un bâtiment inoccupé appartenant à l'Etat. Ces anciens locaux de la PJJ (Protection Judiciaire de la Jeunesse) sont vides depuis plusieurs années et aucun projet de réutilisation n'est annoncé.

Suite au procès début juillet 2013 opposant la Préfecture aux habitants du bâtiment situé au 10 quai Baco, une ordonnance de commandement de quitter les lieux dans un délai de 2 mois a été rendue le 28 août 2013. Cela signifie que les habitants doivent quitter le bâtiment à partir du 28 octobre 2013.

Trois jours avant le début de la «Trêve Hivernale », à savoir le 1er Novembre...

Pourtant, pendant l'été, la Préfecture a réquisitionné des travailleurs sociaux de la Mairie pour effectuer une "évaluation sociale" qui ne s'est traduite par aucune proposition concrète de relogement.

Un recours auprès du Juge d’Exécution va être déposé pour obtenir un délai à l’expulsion et des dossiers DAHO (Droit À l’Hébergement Opposable) ont été remplis par des habitants.

Il y a un an, lors de l'occupation du Lieu Unique, le Collectif Un Toit Pour Toutes et Tous exigeait déjà des logements corrects et stables, répondant aux attentes et désirs de chacun (e)s, avec accompagnement social des personnes.

Un an après rien n’a changé pour la situation des sans abris à Nantes, nos exigences sont toujours, hélas, d’actualité. Nous réclamons la réquisition des logements vides comme solution d’urgence !

Rappelons que, dans le Puy de Dôme, la Préfecture a été condamnée, très récemment, à reloger des expulsés au nom du principe de continuité de l’hébergement.

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Re: Droit au logement, luttes... à Nantes

Messagede Pïérô » 31 Oct 2013, 16:14

4 mois de délai, et toujours la précarité
Le Radisson Noir : la partie émergée de l’Iceberg

Les habitant-es du Radisson Noir (quai Baco) ont eu 4 mois de délai à l’expulsion prévue normalement ce jour : un sursis qui leur laisse un toit provisoire dans des conditions extrêmes de précarité.

Il y a un an, le Collectif Un Toit Pour Toutes Et Tous (militants et sans abri) était expulsé du Lieu Unique alors qu’il réclamait un hébergement digne et stable.

En 2013, suite aux actions et aux revendications portées par le Collectif, quelques places d’hébergement pour sans abri ont été créées ; nous sommes loin des 300 places promises par le préfet en avril dernier.

Grâce à la large couverture médiatique de la situation du Radisson Noir, Messieurs le Préfet et le Maire ne peuvent ignorer la réalité d’une partie de leurs administrés. Rappelons que ce lieu ne représente que la partie émergée de l’iceberg de la précarité nantaise ; quotidiennement le 115 (n° d’appel pour l’hébergement d’urgence) est contraint de répondre négativement dans 90% des cas.

Que comptent faire les Autorités Publiques pour réquisitionner les nombreux locaux vides de Nantes pour loger les personnes sans domicile ?
Où en sont les promesses de Cécile Duflot, Ministre du Logement, concernant les ouvertures des lieux publics inoccupés ? Un inventaire sur l’ensemble du territoire aurait paraît-il été fait, à quoi a-t-il abouti ?
Que répondent les différents candidats aux Municipales nantaises 2014 à cette problématique ?

Nous demandons toujours un hébergement ou un logement pour chacun, conforme aux droits et aux besoins des personnes.
Nous réclamons toujours que le droit fondamental à la dignité soit respecté.
Nous exigeons toujours que les actes des politiques soient à la hauteur des engagements pris auprès des électeurs.

Pour nous contacter : untoitpourtoutesettous.overblog.com
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Re: Droit au logement, luttes... à Nantes

Messagede Pïérô » 22 Avr 2014, 10:30

Jeudi 24 avril

Rassemblement un logement pour tous et toutes

Le collectif UCIJ (Uni-e-s Contre l'Immigration Jetable) appelle à un large rassemblement devant la préfecture de Loire Atlantique, ce jeudi 24 Avril à 17h.

Exigeons un LOGEMENT POUR TOUTES ET TOUS et le RESPECT DE LA DIGNITE ET DES DROITS de toutes les personnes, y compris les étrangers, à Nantes et dans tout le pays.

Ce sont les mêmes problématiques qui restent depuis des mois d'actualité: des personnes seules et des familles à la rue chaque soir, l'hebergement d'urgence saturé, des demandeurs d'asile mis à la porte des hôtels et des CADA...

De récentes et nombreuses situations rencontrées ce mois sur Nantes nous poussent à lancer un appel fort à la mobilisation et à la solidarité! Venons nombreux-ses pour montrer notre détermination.

Rendez-vous jeudi :

UN LOGEMENT POUR TOUTES ET TOUS

FIN DES EXPULSIONS

A BAS LE RACISME D'ETAT
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Messagede bipbip » 05 Mai 2014, 23:48

Fort risque d'expulsion du Radisson

RDV mardi 6 mai dès 5h du matin, soyons nombreux à défendre le lieu et ses habitant-E-s.
La prefecture voudrait expulser le squat du Radisson demain matin, mardi. Il y a de fortes rumeurs crédibles qui vont dans ce sens.

http://nantes.indymedia.org/articles/29419
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Re: Droit au logement, luttes... à Nantes

Messagede Pïérô » 07 Mai 2014, 00:13

Le Radisson a été évacué ce matin (mardi)
Grosse réponse en mobilisation, et occupation d'une église, l'église Saint-Nicolas, par plusieurs dizaines de personnes.
Appel à manifestation ce mercredi à 17h

EXPULSION DES HABITANTS DU RADISSON !

UNE CENTAINE DE NOUVELLES PERSONNES SANS LOGEMENT !

APPEL A MANIFESTATION

Résumé de la journée du mardi 6 mai :

7h : à la demande de la préfecture, expulsion brutale du Radisson par la police, lieu d'habitation d'une centaine de personnes, se retrouvant alors à la rue. 4 personnes sont blessés par les forces de l'ordre, dont 2 hospitalisées.

12h : rencontre avec des travailleurs sociaux envoyés par la préfecture qui veut étudier la situation au cas par cas. Ils n'ont comme solution que 1 à 2 nuits d'hébergement au 115 ! Puis retour la rue ! Face à ces propositions inacceptables, manifestation dans les rues de Nantes pour exprimer notre colère.

14h30 : rencontre avec des représentants du préfet. Ils ne veulent pas reloger les personnes, et indiquent aussi que ceux qui n'ont pas de papiers « ont vocation à quitter le territoire », et donc à être expulsés !
La France, pays d'accueil ?

18h : sans solution, manifestation dans la rue et mise à l'abri dans l'église Saint Nicolas, en espérant qu'on nous y laissera en paix, jusqu'à ce qu'on nous propose un hébergement, puis un vrai logement.

Droit au logement pour toutes et tous,
dans un lieu digne et stable !

MANIFESTATION MERCREDI 7 MAI

17H PLACE ROYALE

REJOIGNEZ-NOUS !

https://nantes.indymedia.org/events/29428
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Messagede Pïérô » 08 Mai 2014, 11:02

Communiqué de presse LDH

Squat rue de Crucy à Nantes : après 18 mois d'occupation, l'expulsion comme réponse.

Une centaine de personnes, pour la plupart des demandeurs d’asile, régularisés ou sans papiers ont été évacuées ce matin du squat qu'elles occupaient rue de Crucy à Nantes par les forces de l’ordre arrivées en nombre dès 7 heures. La trêve hivernale a pris fin le 1er avril. Le droit de propriété a retrouvé ses couleurs. L'immeuble est propriété de l'Etat.
Ces personnes vont ainsi rejoindre les dizaines de milliers de personnes expulsées les années précédentes. Leur droit à l’hébergement, pourtant reconnu par la loi, est régulièrement bafoué sous prétexte d'un manque de places. Toutes subissent aussi la fermeture de milliers de places d’hébergement d’urgence, et sont condamnées à subir les violences de la vie dans la rue, comme si vivre et dormir dehors hors gel était absolument sans danger. Or, ceux qui vivent ainsi meurent en moyenne à l’âge de 49 ans.


La Ligue des droits de l’Homme rappelle que la circulaire interministérielle du 26 août 2012 relative à l’anticipation et à l’accompagnement des opérations d’évacuation des campements illicites précise qu’il convient « d’assurer un traitement égal et digne à toute personne en situation de détresse sociale ».
Cela suppose d’établir, « chaque fois que possible, un diagnostic et rechercher des solutions d’accompagnement, dans les différents domaines concourant à l’insertion des personnes ».
Il ne semble pas que les services de la Préfecture aient procédé ainsi puisqu’un rendez vous a été proposé à ces personnes avec des travailleurs sociaux ce mardi 6 mai dans la matinée, donc seulement après l'expulsion, pour faire une évaluation au cas par cas de leur situation et définir avec eux, en téléphonant au 115, la possibilité d’un relogement éventuel d’une ou deux nuits.
Nous savons par expérience, comme maintes fois signalé aux autorités compétentes, que, pour la plupart des personnes, cette la solution d'urgence proposée restera vaine car les dispositifs d’hébergement sont par trop souvent saturés.
Dans toutes les villes où sévit la crise du logement, des sans logis occupent des immeubles vides, ou s’installent sur des friches.
Ce n’est pas un délit, c’est une nécessité légitime, car les lois qui devraient les protéger ne sont pas respectées. Le droit à l’hébergement est trop souvent bafoué, la loi Dalo et la loi de réquisition trop souvent inappliquées, alors même qu’il subsiste plus de deux millions de logements vacants en France, dont certains sont propriétés de l'Etat.
La Ligue des droits de l’Homme rappelle que pouvoir se loger et se maintenir dans un logement décent est une nécessité vitale pour chacun.
Elle réitère ses demandes à l'attention des pouvoirs publics quant à la mise en place urgentes de réponses adaptées et suffisantes pour le respect du droit à l'hébergement à Nantes et en Loire-Atlantique.

http://nantes.indymedia.org/articles/29429


Point sur le mouvement

La manifestation de jeudi après midi à rassembler entre 200 et 300 personnes. La mobilisation prend de l'ampleur.

Les anciens habitants du Radisson avaient auparavant refusé collectivement et solidairement des propositions d'hébergement par la préfecture, jugées trop précaires (hébergement de courte durée, remise à la rue probable pour une grande majorité lors de l'évaluation sociale qui devait suivre).

Le secours catholique avait proposé une salle pour 30 personnes pour passer les deux prochaines nuits (mercredi 7 et jeudi 8) suite à la demande de l'évêché de quitter l'église saint Nicolas. Finalement, face aux nombre important de personnes en besoin d'hébergement (environ 60 ce soir), celles ci ont décidé pour ne pas se diviser de ne pas profiter de cette salle. Une solution "précaire" de repli a été trouvé pour cette nuit.

La lutte s'organise pour le moment principalement dans les locaux du Gasprom. Les migrants sont très impliqués dans les décisions les concernant, mais une présence plus importante de soutien parait nécessaire car certains militants "associatifs" s'épuisent déjà, et on a peine le temps de communiquer sur ce qui se passe.

Un rdv a été fixé à 10h30 ce jeudi au Gasprom pour discuter des suites, et à 17h place royale pour une nouvelle manifestation (qui sera sans doute reconduite les prochains jours).

http://nantes.indymedia.org/articles/29429
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Re: Droit au logement, luttes... à Nantes

Messagede Pïérô » 09 Mai 2014, 13:47

Besoin de nourritures / d'eau / de matériels (couvertures, lampes, réchaud à gaz, matelas,etc..)
à déposer à L'association le Gasprom, 24,rue Fouré, 44000 Nantes

Manif ce vendredi 9 mai à 17h place Royale


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Re: Droit au logement, luttes... à Nantes

Messagede Pïérô » 10 Mai 2014, 00:50

Samedi 10 mai

Nous les Habitants du Radisson expulsés sauvagement le 6 mai, nous sommes à ce jour toujours à la rue sans proposition du préfet pour nous reloger.

Cela fait plus d’un an et demi que nous vivions cette situation et privés de nos droits.

Notre lutte continue jusqu'à que ceux-ci soient respectés,

Pour cela nous appelons tous les citoyens à venir nous soutenir.

RASSEMBLEMENT SAMEDI 10 MAI
15H DEVANT LA PREFECTURE
REJOIGNEZ-NOUS.
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Re: Droit au logement, luttes... à Nantes

Messagede Pïérô » 03 Juil 2014, 14:13

Villa ocupada, inauguration perturbée

Le 27 juin, Nantes Metropole inaugurait l'édition 2014 de Voyages à Nantes. Parmi les "évènements" programmés ce jour là, il y avait l'inauguration du faux squat Villa Ocupada.
En réponse à la provocation que représente ce lieu pour celles et ceux qui luttent ici et là, notamment sur des questions de logement, des dizaines de personnes sont allées perturber le vernissage.
Les organisateurices ont fini par décider de raccourcir la soirée, le lieu a fermé 1h30 après son ouverture... pas toujours facile d'ouvrir un squat...

voici le tract distribué sur place.

Villa ocupada

« Villa ocupada », c'est le nom d'un des événements programmés dans le cadre du Voyage à Nantes... L'idée est d'octroyer un bâtiment vide en plein cœur de la ville à des artistes, de le leur laisser quelques semaines puis d'ouvrir ce bâtiment au public, façon musée...

Le choix des mots

Habituellement, pour ce type de projet, on parle de résidence artistique1. Le Voyage à Nantes utilise ici un tout autre vocabulaire : Villa ocupada, occupation artistique, investir les lieux...

« Villa ocupada »...on pourrait traduire littéralement par « Maison occupée ». Dans les faits, cette expression est plus couramment traduite par « squat ». Pour autant, à aucun moment dans la présentation du projet le mot squat n'est cité2 . Ce choix n'est pas anodin.

D'un côté la ville peut se vanter d'utiliser un concept à la mode, de favoriser des pratiques « hors-normes3», de l'autre elle n'a pas à assumer le squat et toutes les représentations négatives qui vont avec (précarité, illégalité, etc.).

Occuper des bâtiment vides

Occuper des bâtiments et des maisons vides, ça a du sens. Ça a du sens d'abord parce que des tas de personnes dorment dehors alors que des tas de bâtiments sont vides.

Ça a aussi du sens parce qu'une partie de ces bâtiments n'ont pas pour leur propriétaire de vocation à être habités. La « pierre » est une valeur sûre, c'est plus sûr que de laisser son pognon à une banque, ça fructifie mieux. Dans ce cadre, une partie des propriétaires préfèrent garder des bâtiments vides, plutôt que de « s'embêter » à les louer. Ils et elles les revendront le moment venu, et seront presque sûr-e-s d'avoir fait des bénéfices à peu de frais.

Occuper des bâtiments vides, c'est aussi mettre du sable dans les rouages de l'urbanisation, de la métropolisation. Beaucoup de ces bâtiments sont dans des zones en cours de restructuration. On démolit, on construit pour le plus grand plaisir des urbanistes, cabinets d'architectes, boîtes de BTP et de travaux publics qui s'en mettent plein les poches sur notre dos. Ces restructurations, ce font le plus souvent sans que les habitant-es des quartiers concernés n'aient pu donner leur avis, ou lorqu'ils et elles ont pu le faire, sans que cela ne soit pris en compte... c'est ce qu'on appelle la démocratie participative.

Et puis, ça a aussi du sens parce que passer ça vie à la gagner pour finalement reverser la moitié de son salaire à un-e propriétaire ou à la banque à qui on a fait un prêt, c'est pas une vie. Passer sa vie à se justifier, pour obtenir des aides sociales (RSA, AAH, ARE, ASS...) pour les refiler aussi aux proprios ou autre marchand-es de sommeil, c'est pas une vie non plus.

Enfin, squatter c'est aussi rompre une partie des liens de dépendances que nous impose cette société. Dépendance au proprio sans qui nous dormirions peut-être dehors (sic), dépendance au ou à la patron-ne qui a la gentillesse de nous fournir un emploi, etc.

Des luttes autour des questions de logement

La situation du logement sur Nantes, comme dans d'autres villes, est plus que problématique. Il y a de plus en plus de personnes à la rue, le 115 est saturé et les conditions d'attribution d'un hébergement d'urgence font qu'il est compliqué d'y faire appel (une même personne ne pourra se voir proposer de solution d'hébergement si elle a déjà fait appel au 115 la veille pour ne citer qu'un exemple).

Depuis longtemps des personnes se mobilisent autour de ces questions. On se rappellera de l'occupation du Lieu Unique, de la Manu, du Radison Noir quai Baco, des nombreux rassemblements et manifs sur le sujet ces dernières années. Les dernières occupations de bâtiments qui avaient des revendications autour de la question du logement se sont soldées par des expulsions.

Dans ce contexte, l'attribution d'un bâtiment vide à des artistes dans le cadre de Voyage à Nantes ne peut-être vécu que comme de la provocation. Lorsque les habitant-es du Radison Noir se sont fait-es expulsé-es, une de leur demande était d'avoir un autre bâtiment, ce à quoi la Ville et la préfecture ont répondu qu'il n'y en avaient pas... cherchez l'erreur...

Une zone squattée

Des occupations, il y en a aussi près de Nantes, sur la ZAD (Zone à défendre). Sur cette zone, un projet d'aéroport a été acté il y a une quarantaine d'années. Un des moyens utilisés depuis plusieurs années pour lutter contre ce projet et empêcher le début des travaux est d'occuper les terrains inutilisés et les maisons vides. Fin 2012, les institutions porteuses du projet (dont la ville de Nantes) décident de faire expulser les squatteuses et squatteurs par les forces de l'ordre. Bilan : des centaines de blessé-es de notre côté, des arrestations, mais aussi un formidable élan de solidarité qui empêchera les expulsions et se lancera dans la reconstruction des maisons et cabanes détruites.

Dès lors, on voit bien qu'il y a deux poids, deux mesures dans le discours de la ville et on comprend bien aussi pourquoi il est plus aisé pour elles et eux d'utiliser le terme « occupada » que le terme squat, qui, redisons-le, signifie la même chose.

Un bout de la culture à la nantaise

Si la culture à Nantes ose se targuer d'être subversive4, on ne parle pas de n'importe quelle culture, ni de n'importe qu'elle forme de subversion. La culture ici, c'est celle qui est labellisée par Blaise5 et consort, la subversion c'est celle qui entre dans les case d'une ville toujours plus propre, apaisée, aseptisée. Cette culture se veut populaire, proche du peuple donc. Oui mais... quel peuple ? À y regarder de plus près, cette culture s'adresse en grande partie aux classes moyennes, en tout cas à celles et ceux d'entre elles/eux qui votent « à gauche ». Celles et ceux qui regrettent, pour certain-es, leurs années de lutte, celles et ceux qui croient encore qu'ils et elles vont changer le monde en mangeant bio, en triant leurs déchets, en consommant équitable et en fréquentant les ressourceries... Bref en adoptant un tas de pratiques qui finalement ne font qu'aménager le capitalisme et l'épargner, un peu plus longtemps, d'une mort certaine... C'est sûr que le mot populaire dans ce cadre prend un tout autre sens, le mot subversif aussi...

Notons par ailleurs que le partenaire officiel de Voyage à Nantes n'est autre que Vinci6, la même entreprise qui s'est vue confier la construction et l'exploitation de l'hypothétique aéroport de Notre Dame des Landes, c'est ça aussi la culture à la nantaise !

Récupérer pour mieux intégrer

En « élevant » l'occupation de lieux vides au rang des pratiques artistiques, Nantes récupère une fois de plus des pratiques de luttes et les détourne à son profit. C'est encore ici une forme de provocation. La Ville s'en défendra sûrement, mais alors pourquoi avoir, la semaine dernière, fait expulser un lieu occupé en moins de 24 heures ? Peut-être peut-être est-ce qu'il n'y avait-il pas à l'intérieur suffisamment d'artistes, peut-être n'était-ce pas assez « hors-norme » ? Pourtant, on aurait peut-être pu trouver parmi les occupant-es quelques graffeur-euses, peintres, décorateur-ices, plasticien-nes, etc...

Trêve de plaisanteries, si la Ville détourne, ce n'est pas pour son simple plaisir. Récupérer c'est surtout pour elles et eux un moyen de toujours plus contrôler, gérer. C'est aussi une façon de banaliser certaines de nos formes de lutte, de les faire passer pour intégrées, histoire de tenter de les rendre inoffensives, créant ainsi une frontière entre ce qui est acceptable et ce qui ne l'est pas (séparer les bon-nes squatteur-euses des mauvais-es, les bon-nes tagueur-euses mauvais-es, les bon-nes militant-es des mauvais-es, etc.).

Et le Tag dans tout ça ?

Cela fait trois ans que Voyages à Nantes intègre la pratique du tag dans sa programmation. Quand on sait à quelle vitesse les services de Nantes Métropole nettoient les tags à Nantes, on ne peut que pointer, là encore, le double discours. Ici aussi, il s'agit de récupérer une pratique, de l'institutionnaliser, de l'intégrer et de l'encadrer pour finalement la cantonner à des espaces autorisés et seulement à ceux-ci.

Nul doute que les tagueurs et tagueuses invité-es ne se limitent pas uniquement à ces espaces. Espérons que malgré les efforts de la mairie pour encadrer et étouffer cette pratique ils et elles continueront encore longtemps à rendre tous les murs de la ville (autorisés ou non) un peu moins gris. Espérons aussi qu'ils et elles n'oublient pas qu'une partie de leurs complices de sessions se refusent à utiliser les murs dits « légaux », car le tag légal c'est un peu comme le squat légal, ça perd une bonne partie de son sens...

1Dans le langage culturel, une résidence désigne le fait d'octroyer à des artistes un espace et des moyens techniques pour la réalisation d'une ou plusieurs œuvres artistiques.

2Cf le site de l'évènement, ainsi que le dossier de presse qui en 24 pages réussi la prouesse de ne pas écrire une seule fois le mot « squat »

3Sur le site du projet, on peut lire ceci en guise de sous titre « UNE EXPOSITION COLLECTIVE, ÉPHÉMÈRE ET HORS-NORME »

4Cf par exemple le thème du 1er Voyage à Nantes : « La ville renversée par l'art »

5Jean Blaise, fidèle de Jean-Marc Ayrault, directeur de Voyage à Nantes, ancien directeur du Lieu Unique, etc.

6Cf la page partenaires du site du V.A.N où l'on peut lire que Vinci est le seul partenaire privé


https://nantes.indymedia.org/articles/29732
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Re: Droit au logement, luttes... à Nantes

Messagede Pïérô » 25 Juil 2014, 23:54

Deux squats ont été évacués le 23 juillet, à Rezé le matin et à Nantes l'après-midi :
http://nantes.indymedia.org/articles/29869
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Re: Droit au logement, luttes... à Nantes

Messagede bipbip » 31 Juil 2014, 10:15

URGENT : Expulsion du squat de la moutonnerie

Mercredi 30 juillet 2014, le squat de la rue des Stocks, dans le quartier Moutonnerie/Dalby, a été expulsé. Il était occupé depuis le mois de mai par une centaine de sans-papiers.

Une cinquantaine de personne ont dormi devant la préf cette nuit, demande de renfort à la préfecture toute la journée ce jeudi. Besoin de matériels :
- couvertures/duvets (parce qu'il caille la nuit et que les flics leur suatent dessus dès qu'une tente est montée),
- de tentes ,
- de bouffes (vital) ainsi que café, thé chaud
- jeux de cartes bienvenue

infos : http://nantes.indymedia.org/articles/29887
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Re: Droit au logement, luttes... à Nantes

Messagede bipbip » 01 Aoû 2014, 10:22

Communiqué LDH
Squat rue des Stocks à Nantes : une fois encore, l'expulsion comme réponse

Comment ne pas être indigné du sort réservé à Nantes pour cette centaine de personnes, précaires et sans logis, qui depuis plus de 18 mois, occupent des locaux vides et subissent à répétition les expulsions ? Leur droit à l’hébergement, pourtant reconnu par la loi, est régulièrement bafoué sous prétexte d'un manque de places. Pire cette fois, ces personnes ont été expulsées sur ordonnance, donc sans être prévenues, très tôt hier matin. Les engins de démolition étaient là en même temps que la police. Elles ont eu 10 minutes pour « dégager » et tout de suite après les engins sont intervenus, cassant et ensevelissant tout ce qu'elles n'avaient pas emporté. Certaines qui sont arrivées dans l'heure qui a suivi avaient toutes leurs affaires à l'intérieur et n'ont rien pu récupérer. Beaucoup d'entre elles avaient entre autre leur dossier de demande d'asile ou de recours recouvert maintenant par les gravats.

Une fois encore des personnes devront vivre, dormir et mourir dans la rue ; quelques-unes trouveront, peut-être par l’intermédiaire du 115, la possibilité d’un relogement éventuel d’une ou deux nuits, solution d’urgence, qui nous le savons par expérience restera vaine faute de places d’hébergement en suffisance.

La Ligue des droits de l’Homme rappelle qu’il convient « d’assurer un traitement égal et digne à toute personne en situation de détresse sociale », que pouvoir se loger et se maintenir dans un logement décent est une nécessité vitale pour chacun. Elle réitère ses demandes à l'attention des pouvoirs publics quant à la mise en place urgente de réponses adaptées et suffisantes pour le respect du droit à l'hébergement à Nantes et en Loire-Atlantique.



Nantes Les expulsés de la rue des Stock évacués de la place de la préfecture
Les quarante-cinq personnes rassemblées sur la place du Port-Communeau, devant la préfecture, après avoir été expulsées d'un squat de la rue des Stocks, ont été délogées par les forces de l'ordre, ce matin, peu avant 7 heures.
... http://www.presseocean.fr/actualite/nan ... 08-2014-11

http://nantes.indymedia.org/articles/29887
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Re: Droit au logement, luttes... à Nantes

Messagede bipbip » 09 Aoû 2014, 09:47

Des news

Lundi 4 août : deux camarades ont pris des peines de prison ferme suite à l'expulsion de la préfecture : 2 mois pour l'un pour rebellion et incitation à la rebellioon et 2 mois pour l'autre, pour les mêmes qualifications + outrage. Les flics étaient nombreux-ses au tribunal et tou-tes les camarades venu-es les soutenir n'ont pas pu entrer.

Jeudi 7 août : il y a eu un rdv avec la mairie le matin avec des migrant-es et des soutiens. La mairie refuse de faire des propositions collectives, elle propose un diagnotic partagé (entre qui et qui ?) et des réponses au cas par cas... elle dit qu'elle va mettre à la disposition de la préfecture le foyer Gustave Roch (eh oui, toujours ce même foyer qui avait été expulsé fin 2012...)

Vendredi 8 août : il y a eu un rdv avec la préfecture, toujours avec des migrant-es et des soutiens. Comme la mairie, la préfecture refuse de faire des propositions collectives. Elle propose elle aussi un diagnostique partagé et des réponses au cas par cas. Concernant la violence de l'expulsion de la Moutonnerie, la préfecture répète à plusieurs reprise que la procédure à été respecté

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bipbip
 
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Re: Droit au logement, luttes... à Nantes

Messagede bipbip » 14 Aoû 2014, 23:59

Nantes : Période faste pour les expulsions

La violente expulsion du squat de la Moutonnerie fin juillet a laissé une centaine de migrants à la rue, pour la plupart des demandeurs d’asile, régularisés ou sans papiers. Sans toit ni ressource, ils se trouvent dans une situation alarmante de détresse et de précarité. Mais cela ne semble pas concerner les pouvoirs publics : pour la préfecture, il est urgent de ne rien faire, avec l'espoir secret que les migrants, chassés de lieux en lieux, vont finir par miraculeusement disparaître du paysage idyllique nantais. Quitte à les y aider un peu par l'acharnement policier.

Face à l'incapacité et l'inhumanité criante de l'Etat, des associations et des militants tentent d'apporter renfort et soutien aux personnes expulsées. Comme dans les locaux du Gasprom* en plein coeur de la ville .

Milieu de matinée, dans la salle d'accueil du Gasprom. Une salle vitrée, donnant sur la rue : en face, une place vide, un resto fermé, grand soleil et silence d'août.

A l'intérieur, une dizaine de personnes squattent des chaises, des canapés. Certains dorment, d'autres discutent, écoutent la radio ou s'accrochent à leur téléphone portable comme à une balise de détresse. Derrière une table, Evelyne, militante de l'asso collégiale "un toit pour toutes et tous", tape la discussion avec ceux qui passent, autour d'un café.

Au mur, des affiches. L'une d'elles représente la carte de France avec cette phrase : "Terre d'accueil? Pour que le mythe soit réalité". On en est encore loin, visiblement: "ici, précise Evelyne, il y a des gens d'Afrique du Nord, d'Erythrée, du Soudan, du Tchad. Ils sont sans papier ou demandeurs d'asile. Certains sont sensés être logés en CADA (centre d'accueil de demandeurs d'asile), mais il n'y a actuellement plus aucune proposition, et, après l'expulsion par l'Etat de leur lieu de vie (le squat dit de la Moutonnerie), ils se retrouvent SDF. Pour eux, le quotidien est très compliqué : les structures d'aides sociales sont vite saturées, et les organismes tels que Resto du Coeur ou Croix Rouge ne suffisent pas et les possibilités de logement sont quasi nulles."

Ils survivent à coups de bons valables pour 10 repas, mais dans certains endroits, sans papier, pas de possibilité de manger. Heureusement, même en août, des militants essaient de faire face et de parer à l'urgence.

Résistance et solidarité

"Alf", 49 ans, est bénévole de longue date : il vient au Gasprom depuis 1985. "La période d'été est toujours propice aux expulsions, car il y a moins de militants présents pour réagir. La plupart des migrants ici sont des hommes seuls. Si il y avait des familles, peut être que les autorités bougeraient". Pour lui, l'amélioration de la situation passe par l'action, et par la visibilité. "Des solutions ? Il y a plein de logements vides ici, mais la préfecture préfère laisser les gens dormir dans la rue en espérant les voir disparaître, et la répression et les provocations policières sont constantes. il n'y a aucune perspective. A part la résistance et la solidarité".

La solidarité, pas vraiment le fort de la mairie qui s'est abstenue de soumettre la liste des logements vacants à ses collègues de la préfecture. Les délégations de migrants et de militants reçues par la mairie et la préfecture les 7 et 8 août n'ont obtenu aucune solution pérenne pour la mise à l'abri des expulsés. Concernant la procédure d'expulsion de la Moutonnerie le 30 juillet (il s'agissait d'une ordonnance sur requête), la préfecture a répondu que tout s'était déroulé "dans les normes".

Un point de vue que ne partage pas Me Ferrand, avocat en charge du dossier, joint par téléphone : " il s'agit d'une procédure autoritaire extrêmement brutale. Ils ont utilisé une ordonnance sur requête pour avoir les mains libres. On est à la limite de l'escroquerie au jugement : normalement une ordonnance sur requête n'est possible que si il n'y a pas moyen d'identifier les personnes installées dans le lieu. Or des personnes étaient parfaitement déclarées comme habitantes, et identifiées auprès de la mairie. C'est une décision exécutoire, qui peut donc prendre effet rapidement, sans prévenir personne et c'est ce qui s'est passé : les bulldozers sont arrivés et certaines personnes n'ont même pas eu le temps de récupérer leurs affaires. C'est une procédure de lâches, un classique déjà utilisée à NDDL".

Bereha, 35 ans, fait partie des rares femmes que compte le groupe de migrants. Assise près de la table,elle masse ses chevilles en grimaçant, visiblement épuisée. " Lors de l'expulsion de la Moutonnerie, j'ai pu récupérer quelques affaires, mais ce n'est pas le cas de tous : certains ont perdu le peu qu'ils avaient, et d'autres encore n'ont même pas pu récupérer leurs papiers ! Quand j'ai demandé à la police où aller, ils m'ont répondu "c'est pas notre problème, vous n'avez qu'à rentrer chez vous. Je suis réfugiée politique d'Erythrée. Depuis bientôt deux ans, je suis ici, à la rue. Avec des solutions pour 2 nuits, par-ci, une nuit par-là, proposées par le 115. J'ai un contact au CCAS mais l'assistante sociale est en vacances… J'ai des problèmes de reins, de circulation, je suis vidée physiquement et moralement, car rien ne change. En tant que réfugiée politique, j'ai une carte de séjour, mais le problème, c'est le logement. Ma situation ici n'est pas meilleure qu'au pays. Mais ici les gens parlent beaucoup de démocratie, de droits de l'homme. Où sont-ils? L'administration nous renvoie d'une structure d'accueil à une autre et puis à la rue. Nous sommes traités comme des animaux. "

"L'autonomie? L'état français nous la refuse"

David, 32 ans, vient de RDC. "Après l'expulsion de la Moutonnerie, J'ai dormi deux nuits par terre devant la préfecture avec une quarantaine de personnes. Vendredi, à 5h du matin, la police nous a encerclés et nous a dégagés un par un avec contrôle d'identité. Les personnes sans papier ont été embarquées, il y a eu 9 GAV, 2 sont passés en procès lundi dernier pour outrage, et une personne est encore en centre de rétention à Rennes. Moi, je suis arrivé ici en février 2012, j'ai fait une demande de papiers et d'asile qui n'a pas abouti. Je me suis installé au squat du Radisson, jusqu'à sa fermeture en mai. Et depuis l'expulsion de la moutonnerie, c'est encore pire pour trouver où dormir et où manger chaque jour."

Pour lui comme pour les autres migrants, c'est un véritable parcours du combattant. " Mais bon, je garde la pêche et je continue à me battre". Il sourit. "Je suis courageux, polyvalent, je demande simplement d'avoir la possibilité de bosser pour m'en sortir: j'ai vraiment envie de vivre ma vie ici, à Nantes. Mais pas de papiers, pas de droits! On est bloqué, réduit à l'état de mendiants. L'autonomie? L'Etat français nous la confisque. Est-ce qu'on a le droit de vivre dans ce monde ou pas ? Non : les frontières et les Etats nous refusent ce droit. On ne veut pas être des assistés, juste avoir une autre alternative que la rue. Beaucoup sont au bout du rouleau. Ce système nous bouffe toute énergie".

Amélie, militante, vient prêter main forte régulièrement : Elle renchérit : "C'est désespérant, car non seulement, aucune solution n'est envisagée par la préfecture et la mairie pour ceux qu'elles ont mis dehors, mais en plus la police et la justice ne cessent de leur mettre des bâtons dans les roues . Et les migrants se heurtent à un mur d'indifférence, quand ce n'est pas à des remarques rabaissantes ou des insultes racistes de la pat des flics. Sur Nantes, pas loin d'une dizaine de squats ont été expulsés depuis le mois de juin, sans parler de ce qui se passe à Calais. Ca expulse à tout-va, un peu plus chaque été. Il faut replacer ça dans le contexte plus général d'une répression accrue..."

Se mobiliser et se battre

Entre deux coups d'oeil à son téléphone mobile, David attrape puis repose un sac en plastique rempli de sandwichs :" j'ai amené ça pour tout le monde, mais j'ai même pas faim". Il bidouille son téléphone qui crache soudain un air de musique enjoué. Son visage s'illumine d'un coup : "C'est de la musique du pays, Congo, Kinshasa ! ". Sur la table, une brochure touristique incongrue attire l'oeil : "Nantes et le littoral : spécial belles villas du bord de mer". Hassan, 40 ans, vient d'Algérie. Il est en France depuis 13 ans, n'a toujours pas de papiers. Bénévole, il passe du temps au Gasprom et propose des traductions arabe-français : "il y a très peu de régularisation pour les migrants, ils n'ont aucun statut. C'est un système global qui est pourri, celui de la CE. La situation ne fait qu'empirer, les gens sont laissés à la rue et crèvent de faim dans l'indifférence générale." Quelle piste envisager dans de telles conditions ? "Il faut que les gens se politisent et revendiquent leurs droits. Seul, on ne peut rien changer, on a besoin d'agir dans la globalité".

Pour Me. Ferrand, "la ville de Nantes participe activement au mouvement général qui consiste à vider les squats et lieux d'accueil pour les migrants. Ca fait partie d'une politique urbaine globale. Les prochains sur la liste sont des lieux culturels cpmme les ateliers artistiques autogérés de Bitche, pour lequel on a obtenu un report de procès au 11 septembre."

Lottie, 30 ans, militante estime que le salut ne peut pas venir seulement de la voie légaliste : "dans le collectif d'asso et de militants impliqués avec les migrants, on voit de plus en plus de personnes qui viennent avec la culture du squat. Quand tu vois que l'Etat attaque et se défausse, qu'il n'y a rien à attendre, que les personnes se font dégager une fois, deux fois, trois fois, tu cherches une alternative. Il y a une nécessité d'asseoir un discours politique fort. Les migrants sont en mode survie. C'est aussi à nous, les assos, les militants, les occupants de squats, à porter politiquement cette question : comment se réaproprier les espaces nécessaires pour ceux qui en ont besoin?" Pour elle, c'est clair: "Par la réquisition populaire."

Comme elle, plusieurs militants rêvent d'une mobilisation permettant de faire émerger des formes d'autogestion émancipatrices pour les exclus de la belle ville de Nantes. Mais en auront-ils le temps, face aux matraques de la police, aux pelleteuses l'Etat et au rouleau compresseur judiciaire?

* Gasprom: association de solidarité avec les immigrés.

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