[vidéo] Exemple de travail de quartier à Montréal

[Phébus]

Des camarades sont impliqués dans des luttes populaires un peu partout dans la «belle province». On a beaucoup parlé de Québec mais ça se passe aussi ailleurs. Voici un reportage de télé communautaire [vous diriez associative] sur la question du logement dans un vieux quartier populaire à Montréal. Rien de glorieux ou sensationnel mais ça donne une idée de ce à quoi le travail d'insertion sociale peut ressembler au quotidien.

N.B.: Les camarades d'Hochelaga font effectivement des choses glorieuses et sensationnelles --ils viennent de socialiser un édifice-- mais ce n'est pas de ça dont on parle ici.

[Pïérô]

ils viennent de socialiser un édifice-- mais ce n'est pas de ça dont on parle ici.

bé justement, après avoir vu le reportage, c'est pourtant ce qui vient à l'idée...et du coup, cette info de la socialisation de l'édifice dont tu parles Phébus, si on pouvait en avoir d'avantage...

[Phébus]

Je crois que ce n'est pas encore finalisé mais j'avais bien aimé le topo qu'ils en ont fait en assemblée générale (du FRAPRU).

En gros, ils ont menés une campagne d'agitation-propagande dans un coin assez crade de leur quartier l'été dernier. Le but était d'intéresser des locataires pour les aider à organiser la socialisation de leurs immeubles (ce qui implique le rachat et la conversion en coopérative). Suite à une série de péripéties plutôt rocambolesques, il y a un des proprio ciblé qui les a contacté directement en leur disant que s'ils voulaient acheter, lui il voulait bien leur vendre parce que, tout compte fait, il ne se sentait pas l'âme d'un travailleur social...

Le processus suit son cours mais tout indique que la propriété de l'immeuble sera transférée à une association du quartier ou à une coopérative autogérée. Ce qu'il y a de bien (et de plutôt particulier) c'est que dans leur travail de recherche d'alliés, ils ont réussi à convaincre les autorités «d'agir» bien au delà de leurs espérances et il y aura aussi une crèche autogérée qui va ouvrir dans l'immeuble à côté que la municipalité a décidé d'acheter. Il y aura peut-être d'autres projets associatifs sur la même rue.

[Phébus]

Un autre cas, à l'autre bout de l'île. Dans ce cas là, les camarades de l'UCL sont impliqués ouvertement, en tant que groupe (et pas seulement à titre de militants de base d'autres associations).

Échangeur Turcot: des citoyens opposés aux expropriations occupent le bureau régional du MTQ



Agence de presse libre de la Pointe - 3 mars 2010. Ce matin 50 personnes ont fait irruption dans les locaux de la Direction régionale de Montréal du Ministère des Transports afin d'obtenir un engagement de la part de la ministre Boulet quant à l'abandon des 166 expropriations reliées au projet de réfection de l'échangeur Turcot.

-> Voir plus bas pour la revue de presse.

Les occupant-e-s sont restés plus d'une heure et demi et sont finalement repartis après avoir obtenu une "promesse" de l'attaché politique de la ministre de chercher à accorder un rendez-vous aux résident-e-s du village des Tanneries touché-e-s par l'expropriation.

Tout l'action s'est passé dans le calme et le peu de brasse-camarade est venu du directeur local, des policiers et du représentant du propriétaire du bâtiment, qui nous a lu d'une voix nerveuse un avis d'expulsion indiquant qu'il nous considérait comme "des intrus".

Voici un message du POPIR Comité logement ainsi que le communiqué de presse diffusé à cette occasion. La lutte continue.

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Bonjour,

Aujourd'hui, un groupe de militantEs dont des résidantEs du Village des tanneries et le POPIR ont occupé le bureau régional du MTQ afin d'exiger des réponses concernant les expropriations dans le Village des tanneries. Le groupe a résisté à l'intervention policière durant 1h30 en attendant d'entrer en contact avec une personne responsable au ministère. Vers midi, nous avons été expulsés. Bien qu'illégale, nous considérons cette action légitime puisque de nombreuses démarches ont été entreprises jusqu'à maintenant afin d'obtenir l'engagement qu'il n'y ait pas d'expropriation afin de reconstruire l'autoroute. La ministre continue à faire la sourde oreille. Les résidantEs du Village des tanneries en ont assez!

Vous comprenez que la nature "illégale" de cette action ne nous a pas permis de vous en parler plus tôt. Nous avons obtenue l'engagement d'une rencontre avec la ministre des Transports, mais nous ne connaissons toujours pas la date de cette rencontre. Nous ferons les suivis nécessaires à ce sujet.

Voici le communiqué qui a été envoyé concernant l'action. Merci de le faire circuler dans vos réseaux.

MONTRÉAL, le 3 mars - Une cinquantaine de citoyens et de citoyennes occupent depuis 10 heures, ce matin, le bureau régional du ministère des Transports, au 500 René Lévesque ouest, 12ième étage, à Montréal. Les occupants et les occupantes font ainsi pression sur la ministre des Transports, Julie Boulet, qui tarde toujours à rassurer plus de 400 personnes quant à l'abandon des expropriations en lien avec la reconstruction de l'Échangeur Turcot. Ils somment la Ministre d'annoncer la révision de son projet afin qu'aucun logement ne soit démoli au profit d'une autoroute.

"Nous ne partirons pas tant que nous n'avons pas un rendez-vous avec la ministre afin qu'elle prenne des engagements au sujet des démolitions d'immeubles dans le Village des tanneries!" affirme Valérie Simard du POPIR-Comité Logement. Pour l'instant, la ministre des Transports, Julie Boulet, reste muette devant les demandes et les actions des citoyen-ne-s. Pourtant, depuis la sortie du rapport du Bureau d'audiences publiques en environnement (BAPE), les nouvelles sont encourageantes pour les ménages visés par les expropriations. Récemment, la Ville de Montréal, par l'intermédiaire de Richard Bergeron, a affirmé publiquement que le projet développé par la ville ne nécessite aucune expropriation, preuve que des alternatives existent.

Il ne reste maintenant qu'à convaincre le MTQ. En effet, ceux qui détiennent les rênes du projet demeurent flous sur des éventuelles modifications au projet. "C'est pour ça que nous occupons les bureaux du MTQ aujourd'hui. Nous voulons entendre ce que la ministre a à dire aux ménages résidant dans le Village des tanneries et aux citoyen-ne-s mobilisé-e-s afin d'empêcher la destruction de logements", martèle Derek Robertson, résidant de St-Henri et impliqué dans le dossier Turcot depuis le début.

Le projet déposé par le MTQ prévoit l'expropriation de 166 logements dans un secteur populaire situé dans l'ouest de St-Henri. Pour les résidant-e-s concernés, la perte de leur logement pourrait être catastrophique. La plupart occupent des logements de grande taille (dont une centaine de lofts), généralement à un prix abordable, une denrée rare à Montréal. Nombre d'entre eux-elles ne pourraient se reloger aux mêmes conditions, ce qui affecterait grandement leur qualité de vie. "Il manque de logements à Montréal pour les ménages à faibles revenus! Où est-ce qu'on va aller?" se questionne Lili Jetté, locataire depuis 40 ans dans le Village des tanneries.

Le POPIR-Comité Logement demande donc à la ministre des Transports de se commettre publiquement sur la question des expropriations dans le projet de reconstruction de l'Échangeur Turcot ou minimalement de le rencontrer afin d'obtenir des réponses aux inquiétudes des ménages résidant dans le Village des tanneries. "À la fin, c'est la ministre et le cabinet qui auront le dernier mot. Nous voulons connaître sa position et lui rappeler son devoir de servir les intérêts de la population d'abord." conclut Valérie Simard.

Renseignements: Valérie Simard, POPIR-Comité Logement, cellulaire: (514) 653-1755; Derek Robertson, cellulaire: (514) 992-2720

Visitez le site du POPIR

Revue de presse

5 mars 2010:: Échangeur Turcot: occupation des bureaux du MTQ (La Voix Pop)

4 mars 2010 :: Manif sur l'échangeur Turcot (Le Devoir)

4 mars 2010 :: C'est assez! Les résidantEs du Villages des tanneries exigents des réponses! (POPIR Comité Logement)

4 mars 2010 :: Des manifestants réclament des réponses de Québec (Radio-Cadenas, la voix officielle du Canada)

4 mars 2010 :: Échangeur Turcot: des manifestants s'opposent aux possibles expropriations (La Presse Canadienne). Repris dans le Métro

4 mars 2010 :: Des montréalais en colère (Agence des Scabs de Quebecor Mediocre). Repris dans le 24h

[Pïérô]

comme on le voit aussi à travers le forum, ici c'est un peu le parent pauvre, alors que c'est un investissement réel chez vous. Là où l'on rencontre dans ce domaine du militer entre soi à travers des squatts où l'on cultive bien trop souvent un replis politique identitaire, on trouve de votre coté de réelles pratiques sociales et alternatives avec la population, et comme celà à été dit sur ce forum, mais aussi lorsque nous avions rencontré Mathieu que l'on voit ici en pleine action, nous avons beaucoup à apprendre de vos expériences dans ce domaine des luttes sur le logement, de l'investissement sur les quartiers, etc...

[Phébus]

En fait, c'est pas Mathieu sur la photo mais un autre militant de l'UCL. C'est la casquette et le look redskin [très répandu dans nos rangs] qui vous mystifie.

Il ne faudrait glorifier non-plus notre travail de terrain dans les quartiers. C'est un axe de travail minoritaire chez les anti-autoritaires et, même dans la minorité, nous somme minoritaires à prioriser l'investissement dans le milieu communautaire (*). Nous aussi nous avons notre lot de contre-culturels et de squatteurs [ou plutôt, dans notre cas, de trippeux de vie en communauté parce que, des squats, y'en a pas beaucoup].

Un des avantages que nous avons par rapport à vous, je crois, c'est la présence de structures associatives de lutte assimilable [grossièrement] à des syndicats dans les quartiers. Vous, en dehors du DAL [et encore], il n'y a pas grand chose si j'ai bien compris. Il n'y en a pas tant que ça au Québec et ce ne sont pas toutes celles qui existent qui sont viables pour une implication radicale [tu peux en parler à chaperon rouge qui n'arrive pas vraiment à trouver chaussure à son pied de ce côté dans sa municipalité]. En plus, il y a quelques camarades anars [UCL ou non] qui sont des permanents salariés de ces groupes alors forcément, ça ouvre des possibilités. Finalement, nos quartiers sont beaucoup plus homogènes que les vôtres ce qui facilite grandement l'implantation [il faut vraiment être profondément petit-bourgeois jusqu'au bout des doigts pour ne pas réussir].

Mais, bon, même quand ça marche bien, ça reste minoritaire. Minoritaire dans le quartier, minoritaire dans le mouvement. Un peu comme SUD pour vous finalement. De notre côté nous avons une fraction de gens impliqués durablement dans les mouvements communautaires, une majorité de camarades prêts à donner un coup de main lors de moments clefs et une poignée de permanents ayant des postes de responsabilité ici et là. Par contre, il n'y a qu'une poignée de camarades syndiqués, et une infime minorité impliqués dans le mouvement syndical. Vu d'ici, c'est cet aspect de votre réalité qui fait envie...

[...et d'ailleurs, historiquement c'est cette faiblesse de l'implantation syndicale libertaire qui explique la forte présence dans le milieu communautaire, entre parce qu'il est relativement plus facile à pénétrer (et qu'il offre des possibilités de «carrières» pour les bons organisateurs issus du mouvement étudiant)]


* Communautaire. Ce terme ne recouvre pas la même réalité au Québec et en France. Ici, ce que nous appelons «communautaire» est un mouvement social composé d'une galaxie de groupes travaillant sur les conditions de vie. Ça recoupe grossièrement ce que vous appelez le mouvement associatif mais pas tout à fait.

[Phébus]

Mise-à-jour de Vox-télé nous aiment, même s'ils ne le savent pas. Une autre édition de la même émission (voir premier post de ce tread) mais sur un quartier de Québec cette fois: Saint-Jean-Baptiste.

http://fr.video.canoe.tv/video/actualites/mise-a-jour-quebec/1915439420/quartier-saint-jean-baptiste/71660444001