Les coopératives d’habitants

Les coopératives d’habitants

Messagede Pïérô » 09 Jan 2010, 20:35

J'ai trouvé çà interessant, d'autant que l'on avait abordé ce type de pratiques lors du passage de Mathieu, Québequois de l'UCL, à Tours dans la mesure où le mouvement libertaire est là bas actif dans ce domaine.
C'est la présentation d'un ouvrage de Yann MAURY: " Les coopératives d’habitants. Méthodes, pratiques et formes d’un autre habitat populaire", http://antoine.michelot.free.fr/spip.php?article1184.

Les coopératives d’habitants sont elles les outils de l’abondance qui, en ce début de XXIème siècle, sauront répondre à l’échelle de notre continent européen, aux défis et aux incertitudes qui pèsent lourdement sur l’habitat populaire ? Constituent-elles la solution équitable, l’avantage rationnel (J.Rawls), en mesure de répondre au désajustement qui perdure et s’aggrave entre une offre de logements issue du secteur privé ou social et des demandeurs considérés comme « non banquables », au regard des critères établis par le marché immobilier ? S’agit-il ici pour les précaires, les chômeurs, les travailleurs pauvres, les populations migrantes et les classes moyennes désolvabilisées par la « main invisible du marché », d’une formule du troisième type ou plus précisément, d’une autre voie possible pour le logement populaire ? En dépit de données quantitatives qui demeurent modestes - pour illustration, quelques milliers de logements coopératifs en Italie depuis la fin des années 90 et quelque 60.000 logements coopératifs édifiés au Québec depuis le début des années 70 - la réinvention des coopératives d’habitants donne à voir des modes de fabrique alternatifs à la conception d’un logement populaire qui apparaît largement dépassée, tant dans sa vision quantitative et fordiste que dans son acception marchande.

Pionnière en Europe la région italienne du Lazio ( Rome) vote en 1998, à l’unanimité droite-gauche, une loi régionale qui légalise toute occupation d’un bâtiment public laissé vacant par son propriétaire (commune, organisme de logement…). Les habitants coopérateurs assurent la remise en état des logements, tandis que le propriétaire (souvent la commune), dans une démarche de « développement durable » (installation de chauffage solaire, dispositifs de récupération des eaux de pluie, utilisation de peintures bio-dégradables..), prend à sa charge la rénovation des parties communes. Des ménages et personnes seules disposant de très faibles revenus, souvent victimes d’expulsions, retrouvent par ce biais un logement décent, le plus souvent localisé dans les centres urbains.( par exemple à Rome). Ce faisant, les coopératives d’auto récupération résidentielle permettent, sur la base d’investissements financiers modiques (de –30% à – 50% au regard des prix du marché libre), mais également autour d’une forte mobilisation du « capital humain », de passer de l’habitat insalubre à l’éco-habitat. Aux côtés des coopératives « d’auto récupération résidentielle », se développe depuis le début des années 2000 une filière orientée vers l’auto construction. Dans plusieurs villes italiennes comme à Pérouse, Milan, Naples, Rome ou Turin, il est proposé en égales proportions à des classes moyennes mal ou peu solvalbilisées, mais aussi à des populations issues de l’immigration, un projet coopératif d’accession sociale à la propriété. En appui, coopératives d’habitants et collectivités territoriales mobilisent des institutions financières et bancaires originales, telles que la GEPAFIN (SEM de la région Ombrie) ou la « banca etica » (banque éthique), dont le rôle ne se borne pas à l’octroi de simples prêts bancaires, mais bien à un accompagnement sur la durée de projets immobiliers et humains.

Si les sociétés locales italiennes apparaissent ici comme les précurseurs d’un renouveau du coopératisme (Latium, Lombardie, Piémont, Emilie Romagne), des coopératives du même type surgissent désormais un peu partout dans de nombreuses métropoles européennes (Bruxelles, Rotterdam, Londres, Madrid, Berlin, Copenhague…) et américaines (Québec, Buenos Aires…) C’est ce qu’évoquent par le menu dans cet ouvrage collectif dirigé par Yann Maury, les auteurs issus des deux continents (européen et américain) qui se succèdent au fil des pages : membres de coopératives, ONG et militants engagés en faveur de la défense du droit au logement, chercheurs, architectes et universitaires, élus locaux, institutionnels.. Au moment où la loi DALO (mars 07) entre dans un processus opérationnel, les services spécialisés de l’Etat français, les régions, les collectivités territoriales françaises et d’une façon générale, les autorités organisatrices qui sont confrontées à un désajustement croissant entre offre et demande de logements accessibles (pour illustration l’agglomération lyonnaise compte une file d’attente de 44.000 demandeurs de logements sociaux non satisfaits), ne sauraient négliger de tels dispositifs susceptibles de constituer une alternative crédible à la situation de pénurie durable de logements abordables. Sur fonds de décor de mutations radicales des Etats providence européens, des reliquats de l’ancien modèle industriel du logement social de masse et de crise financière internationale, les coopératives d’habitants, qu’elles interviennent sur le registre de l’auto récupération résidentielle ou de l’auto construction, se révèlent être le maillon résidentiel nécessaire, mais jusqu’ici absent de la chaîne légitime du logement social.


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Atelier-débat sur les coopératives d’habitants

au CCL Centre Culturel Libertaire,
jeudi 14 janvier 2010 à 20h, Lille , 4 rue de Colmar, 59000 (M° Porte des Postes=
Prendre la rue des Postes, puis 2e rue à droite4


Cette forme d’habitat collectif se veut autogéré, autonome, populaire, anticapitaliste et urbain.
Dans nos villes perdues où promoteurs privés et banques disputent aux villes et aux bailleurs sociaux la gestion, le prix et la forme de notre habitat, la coopérative d’habitant peut permettre aux habitants concernés de reprendre le pouvoir.
De nombreuses expériences existent à l’étranger depuis des années depuis les pratiques d’auto recupero en Italie (squats d’édifices publics transformés en logements par leurs habitants) jusqu’aux nombreuses coopératives existant depuis des décennies dans les pays anglo-saxons, en passant par le Québec et en poussant jusqu’à la coopérative Emetele en Argentine (1500 chômeurs qui se construisent ensemble leur immeuble)
Dans le cadre de l’atelier sur les pratiques urbaines anticapitalistes, soirée thématique sur les coopératives d’habitant.
Pour en parler Thèrèse Clerc (82 ans) féministe du collectif la maison des Babayagas à Montreuil (Paris), projet en cours de réalisation d’immeuble collectif de vieilles femmes, sur des bases de logement populaire, autogéré, autonome et pas cher.
Autre intervenante, Bertille Darragon (beaucoup plus jeune) de l’association Habicoop qui se consacre à développer ce dispositif des coopératives d’habitant à Lyon et ailleurs. Cette association participe notamment au projet Village Vertical à Villeurbanne.

Pour introduire l’échange, 2 courtes vidéos :
. La Maison des Babayagas de Jean-Michel Larocca - 2009 - 15 minutes.
. Le Village Vertical de Habicoop - 2008 - 15 minutes.

Discussion ouverte avec les intervenants ensuite pour vérifier si cette forme d’habitat peut convaincre les anarchistes de tous poils.
Image------------ Demain Le Grand Soir --------- --------- C’est dans la rue qu'çà s'passe --------
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Film sur les coopératives d'habitation au Québec

Messagede Phébus » 07 Juin 2010, 21:17

Je sais que plusieurs personnes sur ce forum se posent des questions sur le modèle des coopératives d'habitation du Québec. J'ai trouvé un petit film sur le site du FRAPRU réalisé en 2008. C'est drôle, c'est des collègues et ex-collègues à moi qui sont dans le film.

Voici la présentation sur le site du FRAPRU:

Vidéo réalisée par Micheal Hoare du Collectif Avenir Viable et membre du groupe image du réseau No Vox. Entrevues sur des coopératives d’habitation des quartiers Saint Gabriel et Saint Sauveur en marge du Camp des Quatre Sans organisé par le FRAPRU en juin 2008.

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