En marge de la campagne municipale à Québec

[Phébus]

[Une campagne lancée par un comité de quartier de Québec dans le cadre des présentes élections municipales. Qu'est-ce que vous pensez de ce type de truc? J'avoue que dans le contexte, j'arrive pas à visualiser vraiment mieux.]



Quelle vision d’avenir pour le centre-ville?
On veut des voisins, pas d’autres tours !

Depuis l’arrivée au pouvoir de Régis Labeaume, les projets de développement immobiliers se multiplient au centre-ville : un nouvel hôtel sur le site Saint-Vincent-de-Paul, une nouvelle tour à Place Québec, des gratte-ciels pour « cacher » le Complexe G, 400 condos de luxe sur Grande-Allée… Pendant ce temps, on reporte le projet Rue Sainte-Claire partagée, la circulation de transit continue de plus belle et le coût des loyers ne cesse de grimper. Voulons-nous habiter au milieu des tours et de la congestion automobile ou dans un centre-ville vivant et coloré, où il y a de la place pour tout le monde?

Depuis maintenant une quarantaine d’années, le centre-ville est dans la mire des promoteurs. Malgré l’échec du modèle de développement misant sur le béton et les hauteurs, il s’en trouve encore quelques-uns qui semblent n’avoir rien retenu des erreurs du passé. Ils poursuivent la valse des démolitions et des projets mégalomanes, sans se soucier des conséquences sur la qualité du milieu de vie. L’ennui pour les résidants et les résidantes, c’est que ces gens-là ont des capitaux à investir et de plus en plus de pouvoir à l’hôtel de ville.

En lançant en grande pompe le Programme particulier d’urbanisme (PPU) de la colline Parlementaire le printemps dernier, l’équipe du maire Labeaume espérait bien canaliser le mécontentement suscité par ces projets controversés. En nous mobilisant, nous sommes parvenus à influencer le débat sur le PPU. Une forte majorité d’intervenants et intervenantes s’opposent au type de densification (administrative et hôtelière) proposé par la municipalité. Malheureusement, pendant que des citoyens et des citoyennes prennent le temps de réfléchir sur l’avenir de leur milieu de vie, la Ville donne le feu vert à des projets de construction et de démolition. Pour s’assurer d’être bien compris, il faut maintenant monter la pression d’un cran.

Notre quartier n’est pas à vendre!

La ville doit cesser d’être un terrain de jeu pour les promoteurs. Les besoins et les préoccupations des résidants et des résidantes doivent être au cœur du développement des quartiers. Les enjeux sont clairs. Nous manquons de logements à prix abordable, d’espaces verts et de locaux communautaires. Il faut développer davantage le transport actif et collectif pour contrer efficacement la circulation de transit. On doit faire plus de place aux piétons, aux vélos et aux poussettes. Les résidants et les résidantes doivent pouvoir continuer de prendre en main leur milieu de vie.

Le Comité populaire Saint-Jean-Baptiste invite la population à se mobiliser autour de ces enjeux. Ces questions doivent trouver un large écho pendant la campagne électorale municipale pour devenir incontournables après les élections. Parlez-en à vos voisins, voisines, amies et amis : le 24 octobre prochain, venez manifester pour l’avenir du centre-ville. Rendez-vous sur le parvis de l’église Saint-Jean-Baptiste, coin Saint-Jean et Deligny, à 13h00. On vous y attend!

Pour tout contact: 418-522-0454, compop@qc.aira.com ou www.compop.net

[Phébus]

[Une campagne lancée par un comité de quartier de Québec dans le cadre des présentes élections municipales. Qu'est-ce que vous pensez de ce type de truc? J'avoue que dans le contexte, j'arrive pas à visualiser vraiment mieux.]

Bon, ce n'est pas tout à fait vrai. En parallèle, le collectif local de l'UCL a sorti cette affiche (mais ça reste strictement propagandiste):

[Phébus]

Autre intervention, très réussie et très médiatisée, concernant la campagne électorale: le détournement par des radicaux (plus ou moins "libertaires" selon les cas) du site web du parti du maire de Québec. Le parti avait son adresse sur le .ca mais avait oubliée de réserver le .com!

L'original: http://www.equipelabeaume.ca

Le détournement: http://www.equipelabeaume.com/

Encore là, on reste dans le purement propagandiste. Mais c'est très sympa.

[RickRoll]

En tout cas c'est assez marrant !

[Pïérô]

En effet, je me suis marré aussi, mais après j'ai envie de dire : et alors ?
Par contre ce qu'il y a dans le premier volet m'interesse d'avantage, et rejoint des préoccupations que j'ai aussi en tant que militant investi sur mon quartier, ou au moins qui essaie, car nous connaissons des réalités de terrain diférentes. Nous avons pû d'ailleurs échanger avec Mathieu hier à ce sujet, qui était à Tours pour présenter l'histoire de l'anarchisme au Quebec et l'UCL, et avons bien échangé sur l'investissement des libertaires de part et d'autre de l'océan, avec justement un gros avantage pour les Québecois dans ce domaine, bien investis sur ces terrains de luttes et d'alternatives en actes. Et évidemment je trouve qu'il y a des choses intéressantes dans la démarche.

[berneri]

salut,
suite à la venue de mathieu à tours qui fut fort intéressante et sympathique, j'ai quelques questions qui restent en suspend car j'ai dû partir avant la fin.
comment se constitue le capital des coopératives de logement, les habitants etant locataires, le capital initial, d'entretien des logements, les charges collectives ... y a til une subvention publique, les logements appartiennent à la coopérative mais comment cette personne morale en est-elle devenue propriétaire, ...

[Phébus]

Pour répondre à ta question, ça change d'une coopérative à l'autre parce que les programmes ont changés avec le temps.

Actuellement, le programme de développement de logement social prévoit que les coopératives contractent deux hypothèques. L'une est à la charge de la coopérative et est payée par les loyers des membres, l'autre est remboursée par la Société d'habitation du Québec (un organisme gouvernemental). Le rapport de l'une à l'autre varie mais grosso-modo les coopérants paient l'achat et le gouvernement paie la construction / rénovation. Ce sont des hypothèques sur 25 ans. Après 10 ans, la coopérative est obligée de ré-hypothéquer l'immeuble et, si le projet est jugé viable et sain, de renvoyer au Fonds de développement du logement communautaire (un organisme paritaire mais contrôlé de facto par la SHQ) le gain obtenu grâce au remboursement de capital. L'utopie gouvernementale c'est qu'à terme le logement social autofinance ainsi son propre développement. Par contre, jusqu'à maintenant, ça ne marche pas (le gouvernement ne mettant pas assez d'argent au départ, il y a toujours des dépenses importantes qui arrivent après un certain temps).

Les programmes sont maintenant fait de telles sortes que la constitution de différentes réserves (d'entretien et de remplacement principalement) est normée et obligatoire. Dans les faits, la part réelle d'autonomie de gestion est minime. Il y a du jeu et on peut faire des choix mais, franchement, pas tant que ça (et à mon avis, c'est correct comme ça parce que sans ça, ce serait «exit les pauvres» dans plein de projets bien géré et la tutelle dans plusieurs autres).

[Phébus]

La campagne électorale achève et nous pouvons déjà, je crois, tirer quelques bilans.

Le maire sortant sera très certainement réélu puisque les sondages lui donnent 88,3% d'appui (oui, vous avez bien lu). Si les anarchistes ont mené une campagne dont les résultats sont inquantifiables par définition, il en va autrement des groupes populaires qui, faute d'alternative, ont pu s'imposer dans la campagne.

Le Comité populaire, notamment, fut à l'avant scène pendant toute la campagne. Nous avons vraiment réussi cette fois à imposer nos préoccupations dans le débat. À point tel en fait que notre plus ambitieuse revendication --l'expropriation d'un vaste terrain en plein centre-ville pour implanter une coopérative d'habitation et une place publique là où le propriétaire veut construire un hôtel-- est devenu un enjeux électoral.

Incroyable mais vrai, les candidates du parti au pouvoir (qui devront se battre ferme si elles veulent être élues dans ces districts) se sont positionnées pour l'expropriation du site à la mi-campagne! (voir, entre autre, cet article du quotidien libéral de Québec: Église St-Vincent-de-Paul : d'abord, tasser le proprio...). Il faut savoir que nous avions préparé le terrain médiatiquement depuis des mois et qu'au moins une autre candidate, une des élues sortantes à abattre, avait déjà pris cette position publiquement. Pour information, l'expropriation par les pouvoirs publics n'est vraiment pas une pratique courante au Québec (sauf peut-être pour construire des routes et des gares). Malheureusement, l'opposition ferme à notre position est venue, à notre surprise il faut le dire, de la «gauche» qui forme l'opposition au conseil (voir Joli-Coeur en faveur d'un hôtel sur les ruines de St-Vincent-de-Paul).

Nous avons donc fait notre maximum pour faire mousser le dossier qui est revenu, de façon autonome ou avec un peu d'aide, dans les médias une bonne demi-douzaine de fois. Évidemment, on ne peut compter que sur les médias du pouvoir alors nous avons aussi pris les moyens pour que nos enjeux soient dans la presse populaire. Nous avons ainsi donné plusieurs entrevues (et pris de la pub!) dans les deux radios communautaires (vous diriez associatives). De plus, nous nous sommes assuré que nos enjeux seraient présent dans l'édition d'octobre du journal communautaire Droit de parole (15 000 copies gratuites au centre-ville) en y éditant un 4 pages avec nos alliés de la Coalition pour le droit au logement. Évidemment, l'édition régulière de notre propre journal, l'Infobourg (7 000 copies gratuites dans notre quartier) parlait abondamment des élections selon notre perspective. Fait à noter, une recherche d'un de nos camarades sur le financement électoral du parti du maire (un travail de moine sur la liste des contributeurs!) a eu un écho jusque dans la presse nationale, notre petit journal étant cité en «une» du Devoir [c'est un comme si une recherche publié dans un journal associatif de Lyon était cité en première page du Monde].

Finalement, il y a la manif dont je parlais plus haut. Nous dirigions vraiment vers une mobilisation importante mais la météo nous a joué des tours. Il a neigé quelque jours avant l'action et ce jour là il pleuvait et il faisait froid (on annonçait tempête en fait). Malgré tout, une soixantaine de gens du quartier et d'alliés se sont quand même pointés. La couverturefut excellente avec des articles dans tous les journaux et des topos à la télé mais, honnêtement, ce fut quand même un peu un anticlimax.



Voilà, je crois qu'on a jeté les bases pour aller chercher des gains et augmenter notre rapport de force dans le quartier. L'histoire dira si j'ai raison ou pas.

[chaperon rouge]

Salut Phebus, vraiment très hot le vidéo! Quelles peuvent être les perspectives d'un rapport de force comme ça?

[Pïérô]

Je suis toujours celà avec beaucoup d'intérêt. je suis allé voir sur le site du comité populaire ( http://www.compop.net/node/409 ). C'est con parce que je me dis que pendant que Mathieu était dans le coin, on aurait pû organiser une rencontre tournée spécifiquement sur ce type de pratiques et d'investiement militant et organisée sur le quartier ou je vis et où il y a depuis pas mal de temps ce type de véléité, chez quelques personnes et qui sait... d'agir local, sur la vie du quartier, la vie de la cité, etc..., et des pratiques d'appropriation de ces questions dans ce type de démarche non seulement de lutte collective mais aussi une démarche autogestionnaire, d'alternatives en actes.

avec en plus le coté intergénérationnel, le lien, la solidarité, et le contenu politique... en tout cas çà bouge bien de ce côte là chez vous.