Les réacs contre une école ouverte et émancipatrice (JRE...)

Re: Les réacs contre une école ouverte et émancipatrice (JRE

Messagede bipbip » 01 Oct 2014, 00:23

Des JRE à la FAPEC...

Alors que les Journées de retrait (JRE) entendent poursuivre leur propagande ultra-réac dans le sillage des Soral et Le Pen, nous proposons ici une présentation de cette entreprise à la fois idéologique et mercantile qui veut escroquer les familles populaires en reproduisant un article publier cet été par Mémorial 98 le 4 juillet 2014

... http://www.questionsdeclasses.org/?Des- ... scisme-qui
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Re: Les réacs contre une école ouverte et émancipatrice (JRE

Messagede bipbip » 13 Oct 2014, 06:17

Tract de la Fédération SUD éducation
Le FN attaque l’école : VIGILANCE contre l’extrême droite

En octobre 2014, le Front National lançait le collectif Racine. Objectifs : un coup de com’ pour matérialiser le ralliement d’enseignantes et enseignants au parti d’extrême droite mais aussi un changement de cap stratégique. La vigilance est de mise !

Le FN (re)découvre l’école

Ce n’est pas la première fois que le FN tente de mettre ses pieds sales dans l’école. Il crée ainsi en 1987 un Cercle national de l’enseignement, qui s’adresse à la fois aux parents d’élèves et aux enseignants, et qui va devenir en 1995 le Mouvement pour une Éducation Nationale (MEN). Le MEN édite alors un bulletin, diffuse des documents mais échoue à présenter des listes aux élections professionnelles (ce que tenteront des syndicats montés par le FN dans d’autres secteurs professionnels, sans plus de succès).
Il périclite suite à la scission et au départ de ses cadres vers le MNR de Bruno Mégret en 1999.
L’implantation dans le champ de l’éducation est alors abandonnée au profit d’un discours populiste contre les fonctionnaires gauchistes tout le temps en grève qui corrompent nos chères têtes blondes.

Un rouage dans la stratégie du front

La création du Collectif Racine marque donc un nouveau revirement stratégique pour le Front : ce foyer marxiste dénoncé à grands cris devient un vivier d’électeurs potentiel.
Surtout, il s’inscrit parfaitement dans la stratégie de dédiabolisation du FN en permettant à des enseignants de faire leur coming-out, en donnant un visage respectable à ses adhérents, en prouvant qu’il peut s’implanter même dans les professions qui sont perçues comme lui étant le plus défavorable.
Mais derrière la communication, ce collectif est plutôt exsangue et loin d’une réelle intervention dans le milieu il se pense plutôt comme un « think-thank » sur les questions éducatives.

Combattre la réaction dans l’éducation comme ailleurs

Les grandes lignes de ce collectif ? En finir avec le collège unique, promouvoir un enseignement national (dans lequel le Métronome de Lorant Deutsch pourrait servir de manuel d’histoire), combattre le laxisme, favoriser l’apprentissage dès la 6e afin d’exclure le plus tôt possible les élèves mis en échec par leurs pratiques pédagogiques discriminantes …
Heureusement, les valeurs que de nombreux collègues continuent à défendre dans l’école d’aujourd’hui restent la solidarité, l’égalité et l’accès de toutes et tous à l’éducation et non les politiques gouvernementales de compétition, de tri social et d’individualisme sur lesquelles le FN prend appui.
Heureusement, on voit bien plus d’enseignant-e-s se battre pour permettre la scolarisation d’élèves Rroms ou sans-papiers que véhiculer les idées racistes du FN. Et l’envergure du RESF est un pied de nez adressé aux xénophobes de tous poils.

Il importe cependant de rester vigilant face au FN et à ses appendices. SUD éducation et l’union syndicale Solidaires portent des valeurs profondément opposées aux idées de l’extrême-droite que nous combattons à l’école comme en dehors.
C’est un combat au quotidien. Mais c’est également le sens de notre engagement dans la construction d’une mobilisation large contre le congrès du FN qui se tiendra à Lyon fin novembre et contre lequel nous manifesterons, le samedi 29 novembre, aux côtés d’autres organisations.



Télécharger le tract : http://www.sudeducation.org/docrestrein ... racine.pdf
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Re: Les réacs contre une école ouverte et émancipatrice (JRE

Messagede Pïérô » 31 Oct 2014, 03:12

Une tribune collective contre l’école des réac-publicains

Une tribune collective contre l’école des réac-publicains : "La pédagogie est un combat social"

Lancement d’une association de parents d’élèves par Farida Belghoul, initiatrice de la Journée de retrait, hommage appuyé de Jean-Paul Brighelli au programme éducatif du FN, quelques semaines avant la sortie de son nouvel ouvrage, refus par le maire frontiste de Beaucaire d’inscrire des enfants « étrangers » dans les écoles de sa commune, déclarations de Michel Onfray selon lesquelles défendre l’idée « d’apprendre à lire, écrire et compter serait devenu réactionnaire ». Ces dernières semaines, les postures et les propos réactionnaires sur l’école ont fait la une de l’actualité.

Les rentrées scolaires sont une occasion sans cesse renouvelée de se pencher sur l’état de l’école et peut-être aussi, pour beaucoup, une invitation à porter un regard empreint de nostalgie sur son enfance... La rentrée 2014, quant à elle, a surtout été marquée par une multiplication d’attaques et de provocations réactionnaires complaisamment relayées dans les médias. Longtemps considéré comme une insulte, ce terme de « réactionnaire » est aujourd’hui revendiqué et encensé...

L’école se retrouve non seulement au cœur d’une révolution conservatrice mais elle apparaît aussi de plus en plus comme le champ d’intervention privilégié de cette offensive. Jacques Rancière l’avait déjà souligné dans son ouvrage La Haine de la démocratie quand il écrivait : « C’est, de fait, autour de la question de l’éducation que le sens de quelques mots – république, démocratie, égalité, société, a basculé. »

Depuis Socrate, déplorant la perte du sens civique des adolescents athéniens, on sait que le niveau n’en finit pas de baisser... Sauf que ces éternelles lamentations ne trouvent un écho profond que lorsqu’elles entrent en résonance avec un contexte social qui leur est favorable : quand la peur de l’autre (représenté sous les traits du « barbare ») la haine de l’égalité (rebaptisée « égalitarisme »), du progrès et de la démocratie (considérés comme démagogiques) réactivent les tentations d’un retour à l’ordre scolaire ancien, à la ségrégation sociale et à l’éloge des valeurs traditionnelles (religieuses, morales, nationalistes).

L’histoire cette mouvance, adepte de la « pédagogie noire », recoupe celle des grandes crises sociales : l’Ordre Moral bâti sur les ruines de la Commune de Paris ; dans le sillage de l’affaire Dreyfus avec l’antisémite Drumont qui s’acharne contre Paul Robin, précurseur de la mixité scolaire ; en 1909, dans la très catholique Espagne où le pédagogue Francisco Ferrer est assassiné par les fanatiques du sabre et du goupillon ; quand l’Action française, dans les années 30, contraint Célestin Freinet à démissionner ; sous Vichy qui rend responsable l’école de la République et ses instituteurs de la défaite et décide de les remettre au pas, lors de la guerre d’Algérie quand les animateurs des Centres sociaux éducatifs sont assassinés par l’OAS à quelques heures des accords d’Evian, au lendemain de Mai 68 lorsque le pouvoir resserre la vis dans les établissements scolaires, en 1984 avec le passage de Chevènement au ministère de l’Éducation nationale sonnant la fin de « la récréation pédagogique » en parallèle au tournant de la rigueur...

La renaissance et le renforcement du courant « réac-publicain » depuis une vingtaine d’année semble aujourd’hui entrer dans une nouvelle phase. L’overdose éditoriale de pamphlets contre l’école ne suffit plus, il s’agit de passer à l’acte : les Journées de retrait fustigeant l’égalité entre les sexes, l’hommage appuyé au programme éducatif du FN – lui-même directement inspiré de la prose des « anti-pédagogues », les dérapages incontrôlés, comme il y a quelques jours à la radio où les programmes d’histoire sont accusés de « fabriquer » non plus seulement des « crétins » mais des « djihadistes »... Quiconque prend le temps de lire l’un de ces ouvrages y découvre avec effroi le déchaînement de haine, le mépris et la violence des propos qui semblent seuls tenir lieu d’argumentation.

Le FN ne s’y est pas trompé, lançant son collectif Racine, animé par des militants de la droite la plus extrême ou des transfuges du chevènementisme. Son programme est un copier-coller de la prose des réac-publicains, « l’enracinant » dans l’intérêt jamais démenti de l’extrême-droite pour l’école, de Drumont à Le Pen en passant par Maurras ou Pétain. Que nos pamphlétaires jugent bon de saluer ce programme en dit long : s’agit-il, pour « sauver l’école », d’applaudir aux mesures que les nouveaux maires FN prennent comme à Beaucaire ou l’inscription des enfants étrangers a été refusée dans les écoles de la commune afin de protéger les « petits beaucairois de souche » ?

Le « retour aux fondamentaux » (directement importé du « back to basics » des Républicains états-uniens), le rejet de toute réflexion pédagogique, la nostalgie de la ségrégation sociale, le culte élitiste de « l’excellence » sont habilement instrumentalisés par le néolibéralisme. Le précédent quinquennat nous l’a assez démontré : disparition de la formation initiale, attaques contre l’enseignement professionnel scolarisé (au profit de l’alternance, plus soumis aux diktats patronaux), remise en cause de la carte scolaire (favorisant le consumérisme scolaire et la ségrégation), célébration du curé, mise au pas des personnels... sans que le « redressement » du niveau ne soit au rendez-vous ! L’ordre, pour ces gens-là n’est moral (ou compétitif) que lorsqu’il se dresse pour défendre les privilèges et nourrir les fantasmes, leur peur des « barbares ». « La Guerre aux pauvres commence à l’école » observait il y a quelques mois le philosophe Ruwen Ogien.

En face la gauche de gouvernement, après s’être converti au capitalisme néolibéral dans les années 1980, emprunté le virage sécuritaire à la fin des années 1990 semble aujourd’hui abandonner toutes ambition émancipatrice en matière d’éducation. Dès lors les sirènes réactionnaires attirent certains intellectuels de gauche ou même de la gauche de la gauche. Méconnaissance ? Dérapage ? Soumission à l’air du temps ? Finalement en se résignant à ne plus lutter pour changer la société, on en arrive nécessairement à ne plus vouloir non plus changer l’école... On offre alors à ses adversaires leur plus grande victoire : confisquer toute critique des tares du système éducatif à leur seul profit. Face aux réactionnaires, il ne s’agit surtout pas de défendre l’école telle qu’elle est mais bien de poursuivre le combat pour la transformer, de réactiver l’histoire de sa contestation en acte, dans les classes, dans les établissements. Oui, la pédagogie est un sport de combat, contre les inégalités, les injustices et la concurrence de chacun contre tous. Pour paraphraser Freinet rappelant que la démocratie de demain se construit dans les écoles d’aujourd’hui, les tentations totalitaires peuvent aussi s’y enraciner dès maintenant. Il est temps de réaffirmer non seulement l’égalité des intelligences mais le fait qu’il existe deux manières d’éduquer et d’enseigner. La question n’est pas de choisir entre « la pédagogie » et « la non-pédagogie », mais entre deux conceptions de l’éducation. En ce sens, il y a cohérence entre les choix pédagogiques des réac-publicains ou du FN et leur projet social. Cette cohérence, il convient de la mettre à nu et de la présenter à ceux et celles qui pourraient être séduits par un discours nostalgique simpliste qui se répand à mesure que recule l’aspiration à transformer la société et son école. Parallèlement, ce décryptage doit aller de pair avec la recherche d’une mise en cohérence entre notre volonté de changer la société et nos pratiques pédagogiques, ici et maintenant.


Signataires

Grégory Chambat, professeur en collège à Mantes-la-Ville (78), membre du collectif d’animation du site Questions de classe(s), dernier ouvrage paru L’École des barricades, éditions Libertalia, 2014.

Jean-Michel Barreau, professeur d’université à l’université de Lorraine, dernier ouvrage paru Critique des formes réactionnaires, Les éditions du Panthéon, 2013.

Laurence De Cock, professeure d’histoire-géographie, co-auteure de La fabrique scolaire de l’histoire, Agone, 2009.

Choukri Ben Ayed, professeur de sociologie à l’Université de Limoges, dernier ouvrage paru L’école démocratique. Vers un renoncement politique ? Armand Colin, 2010.

Ugo Palheta, maître de conférences en sciences de l’éducation à l’université de Lille-3, La domination scolaire. Sociologie de l’enseignement professionnel et de son public,PUF, « Le lien social », 2012.

Laurent Ott - Intermèdes Robinson, formateur et chercheur en Travail Social.

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Re: Les réacs contre une école ouverte et émancipatrice (JRE

Messagede Pïérô » 02 Nov 2014, 14:19

L’école dans le collimateur des mouvements intégristes

Depuis quelques mois, un vent mauvais souffle sur la société, avec l’école en première ligne. Entre l’agression violente de la place Vendôme contre Paul McCarthy et l’actualité éducative de ces derniers jours, le rapprochement n’est pas fortuit : dans les deux cas, l’intolérance pointe son triste visage.

Cachez ces nus…

A Cholet (Maine-et-Loire), les élèves de deux écoles publiques ont été privés d’une exposition de peinture au Salon des arts de la ville. Motif : trop de nus sur certains tableaux, qui pourraient choquer les enfants.

Si l’on s’en tient à ce raisonnement, il est urgent d’épurer les manuels scolaires de quantités de reproductions qui illustrent l’histoire des arts : de la statuaire antique aux nus de Carpeaux, en passant par le « David » de Michel-Ange ou « Le Déjeuner sur l’herbe », il n’a jamais manqué d’artistes, à toute époque, partout dans le monde, pour livrer au public une représentation de la nudité – aujourd’hui patrimoine culturel mondial – qui ne semble guère troubler les élèves. Où est donc le problème ?

Pour l’un des directeurs d’école sollicité par Ouest France, l’annulation de la visite aurait pour but d’« anticiper certaines réactions. » Traduction : personne, parmi les parents d’élèves, ne s’est scandalisé à ce jour de la visite d’une exposition de peinture par leurs enfants mais le chef d’établissement a probablement gardé en mémoire la trace de certains épisodes peu glorieux qu’il préfère ne pas avoir à affronter.

Par exemple, lorsque, au printemps dernier, dans ce même département de Maine-et-Loire, quelques énergumènes proches de la Manif pour tous, avaient fait obstacle à la projection de « Tomboy » à des collégiens. C’était l’époque, aussi, où dans la ville de Nantes toute proche, l’initiative de quelques lycéens de venir symboliquement en jupe à leur établissement dans le cadre d’une campagne de sensibilisation aux discriminations, avait déchaîné dans l’opposition politique de droite des réactions extravagantes.

Ou encore, bien sûr, la brutale croisade conduite par certains milieux intégristes contre « L’ABCD de l’égalité » dans les écoles qui avait conduit un ministre de l’Education nationale bien mal inspiré à y mettre fin.

L’autocensure et la peur dans les têtes

Si, comme on peut le penser, ces considérations ne sont pas étrangères à la décision de directeurs d’école d’interdire à leurs élèves la visite d’une exposition – avec cette déformation professionnelle propre à l’Education nationale qui consiste à ouvrir le parapluie avant qu’il ne se mette à pleuvoir –, il faut alors convenir qu’il s’agit-là d’un cas flagrant d’autocensure : une décision est prise non pas en fonction de critères rationnels mais parce que l’on se refuse par avance à affronter les éventuelles critiques qu’elle pourra susciter. Autrement dit, c’est la peur qui dicte la conduite.

Si cette analyse est juste et si ce type de réactions venait à se généraliser dans les milieux éducatifs, ce serait le signe qu’un groupe d’illuminés, sans doute peu nombreux mais extrêmement présents dans les médias, serait en passe de réaliser son objectif : imposer par l’intimidation ses mœurs et sa morale à toute la société.

Le sexe hors de l’école ?

Un objectif d’ordre moral que l’on retrouve dans la dernière campagne lancée par SOS Education contre l’exposition « Zizi sexuel » qui vient de rouvrir ses portes à La Cité des sciences, après un large succès en 2007. Cette exposition se fixe pour objectif de sensibiliser les 9-14 ans à l’amour, à la sexualité, à la puberté ; avec beaucoup de tact, d’humour, mais aussi de sérieux, avec beaucoup d’inventivité, les organisateurs réussissent à la fois à informer leur jeune public sur des questions fondamentales qu’ils se posent sans, le plus souvent, oser les formuler et à les faire grandir dans le respect de l’autre.

Une exposition sur l’amour à destination de jeunes élèves ? C’est évidemment une provocation pour SOS Education – un mouvement qui se signale par ses prises de position ultra-conservatrices pour tout ce qui touche à l’école – qui n’a rien retenu d’autre de l’exposition qu’un « enseignement de la masturbation »…

Pour ce mouvement, qui milite depuis de nombreuses années pour le retour de l’école en blouse grise, l’amour, la sexualité, le corps humain ne font sans doute pas partie des « fondamentaux » (l’apprentissage de la lecture avec la méthode syllabique…) dont elle prétend prendre la défense.

A force de reculer…

Enfin, en se fondant sur des considérations finalement très proches, le Conseil d’état vient d’annuler une circulaire signée en 2013 par Vincent Peillon qui faisait de la Ligne Azur un partenaire de l’Education nationale dans le cadre de la lutte contre l’homophobie. Une circulaire qui, paraît-il, ne respecte pas les principes de neutralité du service public et de liberté de conscience des élèves » (sic).

Le Conseil d’état avait été saisi par la Confédération nationale des associations familiales catholiques (CNAFC), qui se réjouit de cet arrêt dans lequel elle voit « une victoire hautement symbolique. » Une victoire hautement symbolique, effectivement, pour les discriminations sexuelles…

A Cholet, des écoliers privés d’un témoignage artistique ; à La Cité des sciences, une incrimination bête et méchante dressée contre la sensibilisation des élèves à la sexualité et, pour finir, l’interdiction d’un outil de lutte, à l’efficacité avérée, contre les discriminations en milieu scolaire : faut-il y voir trois faits divers indépendants les uns des autres ou, bien plus sûrement, l’expression d’un climat malsain qui pèse de plus en plus lourdement sur les questions de société, un climat entretenu par une mouvance intégriste, brutalement intolérante et qui use de l’intimidation pour imposer ses principes et sa morale ?

Face à ce qui ressemble à une tentative de subversion de la société civile, les pouvoirs publics n’en finissent pas de reculer, plus par peur, sans doute, que par conviction. Ce qui ne manque pas d’inquiéter : car faire rentrer la peur dans les têtes est un procédé classique des idéologies totalitaires.

Bernard Girard
Enseignant en collège

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Re: Les réacs contre une école ouverte et émancipatrice (JRE

Messagede bipbip » 09 Nov 2014, 01:31

Face à la haine du genre, battons-nous en nombre !
Retour sur une année de mensonges et d’inepties

Depuis janvier 2014, les très média- tiques « Journées de Retrait de l’École » pratiquent glissements sémantiques, approximations terminologiques, amalgames, citations déformées, détourne- ment de photographies pour discréditer la politique de l’EN et diffusent massive- ment des rumeurs pour affoler les parents crédules : « enseignement obligatoire du genre », « sextoys utilisés à l’école en France », « sexes en peluche distribués aux jeunes enfants »... Le summum est atteint quand le mouvement orchestre une campagne de calomnies, à l’encontre d’une enseignante de maternelle de Joué- lès-Tours, à l’aide d’une vidéo sordide l’accusant d’avoir provoqué des attouchements sexuels d’enfants, dans sa classe, et la menaçant de mort.

La nouvelle Inquisition et la censure préventive

L’attitude du gouvernement n’est pas qu’acrobatique et ridicule : elle témoigne d’une vraie défaite idéologique. Les conséquences pour nous sont concrètes : des documents scolaires ou culturels sont diabolisés. Avant 2013/2014, nous avons déjà connu des affaires retentissantes : en 2010, Chatel fait abandonner la projection du film Le baiser de la lune, en CM. En 2011, en revanche, il maintient le chapitre « masculin-féminin » dans les pro- grammes de SVT de 1ère.
Mais l’an dernier, le rythme s’accélère : le film Tomboy, les albums Papa porte une robe ; Tous à poil ; Tango a deux papas ; Melle Zazie a-t-elle un zizi ?... provoquent les éructations de Copé, d’évêques, d’associations familiales et religieuses.

Rentrée 2014, l’obscurantisme se déchaîne toujours

Le gouvernement ayant annoncé l’abandon des ABCD de l’égalité, la réaction triomphe et continue ses intimidations :
En mai 2014, F. Belghoul (instigatrice des JRE) crée une association de parents d’élèves : la FAPEC (Fédération Autonome de Parents d’Élèves Courageux !). S’il ne s’agissait que d’une appellation ridicule, nous pourrions nous contenter d’en plaisanter. Mais elle pratique un activisme redoutable à l’extérieur de l’école. Elle se définit comme une « organisation de résistance » visant à « interdire l’idéologie du genre », un organisme de formation des parents (présents, anciens et futurs !) et de remédiation aux difficultés scolaires face aux mauvaises méthodes de l’EN (source : le site egaliteetreconciliation.fr d’A. Soral). L’acte de création de la FAPEC se conclut par le slogan « vaincre ou mourir », preuve de la violente détermination de sa nuisible fondatrice.
Fin août, des établissements reçoivent un courrier d’avertissement de la MPT qui reprend les rumeurs concernant la prétendue « théorie du genre » et exprime une volonté d’ingérence dans les programmes et les choix pédagogiques. Ce n’est pas anecdotique : la consultation des sites de ces associations montre qu’elles recensent frénétiquement les publications jugées inadéquates et les bibliothèques, écoles, sites pédagogiques et associatifs qui les promeuvent, et incitent à la surveillance et à la délation.
La MPT, ses partenaires et soutiens constituent un réseau aux ramifications multiples. Leur bréviaire simpliste, « les enseignants instruisent et les parents éduquent », aboutit à pratiquer la censure à l’École et dans la culture, à limiter la réflexion, la pensée critique en instaurant des tabous conceptuels qui brident le questionnement par l’occultation de mots, de documents, d’œuvres d’art.

Nous aussi, restons vigilant-es et déterminé-es

Nous luttons pour une autre société. Nous devons donc défendre le concept de genre qui permet de remettre en cause un ordre social inégalitaire.
Nous luttons pour une autre école : nous devons donc persister à déconstruire les stéréotypes. Face à l’ « arrêt total du plan égalité - Najat » (sic) réclamé par F. Belghoul, opposons des pratiques scolaires visant à neutraliser les conséquences de l’étiquetage sexuel des élèves, pour que chacun-e choisisse vraiment son avenir et sa façon de vivre. Face au fantasme réactionnaire de l’égalité menant à l’ « indifférenciation », rendons « indifférent » qu’un enfant soit garçon ou fille pour lui pro- poser toute la diversité des activités, des découvertes, des études, des professions.
« Venez changer l’histoire » est l’accroche de la MPT pour inviter à participer au 5 octobre. Même les pires réactionnaires savent que leur ordre millénaire est périssable ! à nous de contribuer à ébranler leur système patriarcal par une éducation anti-sexiste utilisant toutes les ressources et les dispositifs qui peuvent y contribuer.

Sud éducation Haute-Normandie

http://www.sudeducation.org/Face-a-la-h ... ttons.html
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Re: Les réacs contre une école ouverte et émancipatrice (JRE

Messagede bipbip » 19 Jan 2015, 10:21

"JRE", "Théorie du genre" : retour et analyse sur quelques dégâts concrets.

Début 2014. Voilà plusieurs mois que l’extrême-droite s’impose dans l’agenda politique : "Manif pour Tous", "Jour de Colère", Front National en tête aux élections européennes... « C’est la crise » nous dit-on (mais pas pour tout le monde, on le sait bien) et il semble que, pour un nombre grandissant de gens, "les traditions" se posent comme un repère légitime dans une époque confuse. Parallèlement, plusieurs agitateurs proches du FN (Soral, Dieudonné) ont le vent en poupe, alors que les tensions racistes voient les boucs émissaires traditionnels s’en prendre à de nouveaux, encore plus pauvres et plus stigmatisés qu’eux.

C’est dans ce contexte qu’a lieu la première "Journée de Retrait de l’Ecole" (JRE), le 27 janvier 2014. Le principe est simple : légalement, les parents ont le droit de retirer leurs enfants de l’école deux demies journées par mois sans avoir à apporter de justification. Le mode d’action consiste donc à ne pas envoyer son ou ses enfants à l’école à une date annoncée à l’avance par le "mouvement" JRE. Pourquoi se mobiliser ainsi ? Il s’agit de protester contre les "ABCD de l’égalité" [1] et plus généralement contre ce qui serait un complot fomenté au sein-même de l’Education Nationale autour de la "théorie du genre" par des agent.e.s LGBT (Lesbiennes, Gays, Bi et Trans) infiltré.e.s jusque dans les plus hautes instances politiques. Les enfants seraient en danger. Les plus folles rumeurs (cours de masturbation, petits garçons obligés de s’habiller en robe...) se propagent alors. C’est Farida Belghoul, une militante au parcours atypique, passée de la gauche de la gauche (mouvement antiraciste, association "Convergence 84" suite à la "Marche des Beurs") à la droite de la droite (depuis son rapprochement avec Alain Soral d’Egalité et Réconciliation) en quelques années, qui est à l’initiative de ces journées d’action. Nous reviendrons plus tard sur le personnage.

Selon le journal Le Monde, entre 70 et 120 écoles en France (sur environ 52 000 au total, dont 47 000 écoles publiques) sont concernées par les retraits de janvier à juin. Cela peut paraître très minime, mais les retentissements politiques et médiatiques sont énormes. Nous voilà devant une opération d’agitation rondement menée, qui nous laisse pantois.e.s.

Directement concerné.e.s puisque travaillant dans une école maternelle (en tant qu’enseignante et animateur) où plusieurs parents ont participé aux JRE, nous avons cherché à comprendre et à agir. Le sujet est aussi intéressant que compliqué, à la croisée de nombreuses problématiques politiques et rapports de dominations (sexisme, racisme, liés à la classe sociale, liés aux religions, colonialisme...). Il pose aussi la question des limites entre la sphère publique et la sphère privée, rejoignant un vieux débat, pour déterminer qui de l’école ou de la famille se charge de "l’éducation" et/ou de "l’instruction".

Au-delà des prises de position féministes nous n’avons pas ou peu eu accès à des récits "de l’intérieur", même si des syndicats enseignants se sont exprimés dès fin janvier 2014, mais avec une diffusion interne. Nous tentons ici de livrer un retour sur ce que nous avons vécu, ainsi qu’une analyse de ce que nous en avons compris.

Récit de 6 mois d’agitation

A priori, tout a commencé avec des textos reçus par certains parents de confession musulmane. Comment cette diffusion s’est elle opérée ? Est-ce par le biais des mosquées et lieux de prière (les différentes communautés, turque ou maghrébine par exemple, qui ne prient pas ensemble, semblent n’avoir pas reçu les informations au même moment) ? Par le biais des "réseaux sociaux" sur internet, Facebook en tête ? Nous ne le savons pas. Toujours est-il que les premiers retraits d’enfants ont eu lieu dans notre école en janvier. Hasard ou pas : nous avons constaté que certaines mamans d’origine maghrébine sont venues très vite discuter avec les institutrices pour avoir des informations tandis que des mamans d’origine turque retiraient simplement leurs enfants, sans en dire un mot. Quant aux pères, qui pourtant étaient aussi destinataires des textos, ils étaient... en retrait, à l’exception d’un homme particulièrement remonté, comme on va le voir.

Suite à ces premiers retraits, devant le flou qui règne dans les conversations et pour aller plus loin que ce que préconise le ministre Peillon dans sa lettre du 29 janvier aux directeurs d’écoles et aux chefs d’établissements [2] trois enseignantes de l’école (sur 9 qui interviennent dans cette école) décident d’organiser une réunion d’information. Une bonne vingtaine de mères et deux pères répondent à l’invitation. Le début de la réunion se passe plutôt bien, dans une ambiance de respect et d’écoute mutuels, la curiosité étant forte (sont présent.e.s aussi des parents qui n’ont jamais reçu les messages des JRE et se demandent bien pourquoi). Une mère nous interpelle sur les positions contradictoires de Najat Vallaud-Belkacem sur "la théorie du genre". Puis un des deux papas prend la parole, pour ne presque plus la lâcher jusqu’à la fin. Il est très offensif, montre des documents directement téléchargés sur le site internet des JRE ou de "l’observatoire de la théorie du genre" (alimenté par des membres de l’UNI, un syndicat étudiant navigant entre droite et extrême-droite), reprenant l’argumentaire développé par Farida Belghoul dans ses vidéos, et apportant nombre d’exemples de livres soi-disant inadaptés aux enfants, dont il lit des résumés à voix haute, en soulignant ce qui lui semble choquant. Il mentionne l’existence d’un lobby LGBT au niveau européen, en train de s’immiscer dans toutes les sphères, du public au privé. Le doute et la méfiance s’emparent de la salle, et nous constatons que c’est bien celui qui parle le plus, le plus fort et en dernier qui emporte souvent l’adhésion de l’audience. La tension monte. Les institutrices présentes sont complètement désemparées, attaquées avec des arguments et sur un ton auxquels elles ne s’étaient pas préparées [3]. La réunion devient un brouhaha informe où il n’est plus possible de s’entendre. Qui plus est, des parents d’origine étrangère pointent à juste titre que la lutte contre le racisme semble moins une priorité que la lutte contre le sexisme au sein de l’Education Nationale. Tout le monde repart avec un sentiment de flou encore plus grand, alors que le but de ce moment de discussion était exactement inverse. Les enseignantes proposent toutefois de se revoir pour continuer à creuser le sujet une fois que les parents auront rencontré l’inspectrice de circonscription, ce qui est un de leur souhait. Un rendez-vous est donc demandé pour eux à cette dernière par la directrice de l’école. Quelques jours plus tard, la réponse de l’inspectrice est assez simple : « Je veux bien les rencontrer mais ça ne sera pas pour discuter »... Ce refus de discuter parachève certainement le sentiment de mépris ressenti par les parents.

Nous comprenons en tous cas, au cours de cette réunion, que si l’homophobie s’exprime chez certain.e.s, il existe aussi une peur centrale, peut-être orchestrée mais désormais bien réelle, que la sexualité soit abordée "trop tôt" à l’école, et que de la propagande sur des sujets tabous soit faite avant que les parents en aient parlé à leurs enfants. Nous avons beau rétorquer que ce sont avant tout les enfants qui arrivent avec des questions plutôt que nous qui leur lavons le cerveau, rien n’y fait. En revanche, tout le monde s’accorde à constater qu’une certaine mise en scène de la sexualité est de toutes façons omniprésente, que ce soit dans les publicités disséminées dans l’espace public ou sur les écrans de télévision.

Dans les jours et les semaines qui suivent, l’ambiance à l’école se dégrade. Plusieurs parents viennent demander des comptes sur des contenus de livres ou d’oeuvres étudiés avec leurs enfants en classe. L’éventail des images et des mots qui posent problème devient potentiellement infini (une sorcière les fesses en l’air, les personnages nus du tableau "La Danse" de Matisse...)

Les institutrices présentes lors de la réunion se sentent alors très mal à l’aise et se voient pratiquer une forme d’auto-contrôle sur les contenus ou projets proposés aux enfants. Perte de confiance et sentiment de méfiance réciproque semblent s’installer.

Cela n’est pas complètement paranoïaque puisque qu’en avril à Joué-les-Tours, en Indre-et-Loire, une mère soutenue par Farida Belghoul affirme son intention de porter plainte contre une institutrice pour "attentat à la pudeur" car celle-ci aurait obligé un petit garçon et une petite fille à se déshabiller et toucher leurs sexes. Tout cela est faux mais le mal est fait, la rumeur enfle, et les JRE apparaissent en bonne place dans les médias. La plainte de la mère n’est finalement jamais déposée. En revanche l’institutrice, la directrice et l’inspecteur portent plainte pour diffamation. Une ambiance délétère et des balivernes qui prennent beaucoup trop d’ampleur.

Dans le même mois, "Des Parents Grenoblois et La Manif Pour Tous" invitent à une réunion d’information sur "l’idéologie du genre" en présence de Farida Belghoul. La réservation est obligatoire et le lieu est tenu secret, communiqué uniquement par mail et SMS quelques jours avant la réunion. L’affiche, où l’on peut lire que "L’Ecole a pour mission d’INSTRUIRE et non pas d’EDUQUER" remet sur le tapis, avec un parti pris réactionnaire, la question de la légitimité de l’Etat, à travers l’école, à formater des individu.e.s en les éduquant [4].

Au mois de juin, après de nombreuses tergiversations (par crainte d’offrir à nouveau une tribune au papa "pro-JRE" et constatant que le soufflé est un peu retombé), une deuxième réunion est organisée à l’école. Les trois mêmes enseignantes décident cette fois-ci d’inviter un intervenant sur la lutte contre les discriminations dans l’Education Nationale, chargé d’apporter des éléments sur le cadre officiel. Elles introduisent la discussion en exprimant leur malaise et en déplorant le climat de suspicion réciproque qui s’est installé depuis la première réunion et citent des exemples. Le fameux papa procède de la même manière que la première fois, cassant la qualité des échanges et faisant monter la sauce, à grands renforts de sarcasmes. Quand nous lui signifions que nous sommes excédé.e.s par ses méthodes et que, s’il s’est rendu à la réunion de Farida Belghoul, il a pu constater lui-même les liens entre cette personne et l’extrême-droite, il nous répond avoir trouvé cette personne "détestable". Le flou demeure. Bien que plusieurs mamans avouent en fin de réunion avoir compris l’entourloupe et ne plus accorder d’importance aux rumeurs, c’est toujours le brouillard total.

En juin toujours, La "Manif Pour Tous" locale fait encore parler d’elle avec une pleine page dans le Dauphiné libéré, relayant sa pétition contre la diffusion aux écolier.e.s de primaire du film Tomboy [5]. Dans l’article, les justifications de l’Education Nationale sont pitoyables et inversent totalement le message : ce serait un film qui dénonce le fait de mentir sur son identité, alors que le scénario questionne le poids des normes de genre ! On sent que tout le monde est dans ses petits souliers face aux agitateurs anti "théorie du genre". Farida Belghoul sort un livre pour enfant au titre évocateur : "Papa porte un pantalon et maman porte une jupe" et propose "l’année de la jupe", enjoignant les femmes à ne plus porter de pantalons. On nage en plein délire.

Et cela fonctionne : dans un communiqué de presse du 30 juin 2014 - donc juste avant la fin de l’année scolaire - Benoît Hamon, Ministre de l’Education Nationale, annonce l’abandon des ABCD de l’égalité (qui, rappelons-le, n’étaient qu’une expérimentation dans un petit nombre d’école) au profit d’un « plan d’action pour l’égalité filles-garçons à l’école » [6], sans assumer ce pas en arrière. Plusieurs femmes et féministes, y compris au sein de l’éducation nationale, fustigent cette concession faîte à l’extrême-droite, "symbole de l’abdication idéologique de la gauche" [7]. Evidemment, Farida Belghoul jubile et savoure sa victoire, qu’elle présente aussi comme celle des "quartiers populaires" : "Hommage aux quartiers populaires qui ont souffert pour obtenir cette victoire ! Hommage aux mères de France ! Vive la JRE ! Vive la convergence islamo-catholique ! Vive la convergence de toutes les forces vives de la nation combattantes pour sauver la pudeur et l’intégrité des enfants." [8], tout en remerciant les "alliés" Christine Boutin et Civitas... Dans la foulée, elle annonce la création de la "Fédération Autonome de Parents Engagés et Courageux", dont les positions comprendraient notamment un "ABCD de la complémentarité".

La nomination de Najat Vallaud-Belkacem, bête noire de l’extrême-droite (pensez-vous : une femme jeune, féministe assumée, dont les parents sont d’origine étrangère !), comme ministre de l’éducation nationale à la fin de l’été, considérée comme une "provocation" par Belghoul et La Manif Pour Tous, arrangera-t-elle ou aggravera-t-elle la situation ?

Selon le site internet des JRE, "en six mois, de janvier à juin 2014, cinq JRE… Au total, 250 420 retraits (52 827 pour juin)." Et au-delà des chiffres, des valeurs réactionnaires que l’on présente comme "courageuses".

Le 22 septembre 2014, le rectorat de Versailles, où Farida Belghoul enseigne le français et l’histoire (!) engage une procédure disciplinaire contre cette dernière, pour "manquements aux devoir de réserve et de loyauté incombant aux fonctionnaires" et "méconnaissance de l’obligation d’assiduité scolaire". Ces sanctions individuelles, visant une personne identifiée comme "leader", masquent mal l’incapacité de la classe politique à se saisir des questions sociales et des enjeux existants derrière un mouvement tel que les JRE.

Deux mois après la rentrée 2014, il est difficile d’évaluer les effectifs et l’audience des "Parents Engagés et Courageux". En revanche, rien n’a été réglé et n’importe quel autre coup médiatique fera facilement repartir le mouvement. Le "plan d’action ambitieux pour l’égalité filles - garçons" annoncé par le gouvernement est loin d’être à la hauteur de ce qui avait été tenté avec les ABCD de l’égalité : on "met à disposition" des "outils", en grande partie sur internet ; on "encourage" les équipes à prendre en compte la préoccupation de l’égalité filles - garçons dans leurs projets d’écoles, tout cela étant noyé dans une multitudes d’injonctions posées comme des priorités ; on parle d’inscrire ce thème dans les contenus de formation des enseignant.es alors que ces dernières s’amenuisent chaque année. Ce n’est sûrement pas avec ce genre de dispositif que la plupart des enseignant.es, encore loin d’être sensibilisé.es à cette problématique, vont s’engager.

Analyse : pourquoi nous sommes désemparé.e.s.

Farida Belghoul a 56 ans. Dans les années 80, elle fait partie de l’organisation des "Marches pour l’égalité", et est considérée comme une intellectuelle clé du "mouvement beur", pourfendant le paternalisme des partis de gauche et de leur avatar SOS Racisme. Après un long silence, on la retrouve en 2013 aux côtés d’Alain Soral (plusieurs interviews vidéos sont publiées sur le site d’Egalité et Réconciliation, la formation politique d’extrême droite de ce dernier), puis de divers acteurs de la nébuleuse fasciste, tels que l’Action française ou les catholiques intégristes de Civitas.

Mais le succès des JRE ne tient pas qu’au charisme d’un personnage. Pour bien comprendre, il faut analyser les techniques utilisées pour répandre des idées aussi insensées que nauséabondes.

De nombreux paramètres entrent en ligne de compte, à commencer par les moyens de communication utilisés pour mettre les parents en mouvement. En effet, si chaque JRE était annoncée sur le site internet éponyme et que de nombreuses vidéos polémiques circulaient sur les "réseaux sociaux" [9], ce sont surtout les salves de textos envoyés directement aux familles qui ont fait mouche. Allié à des rumeurs qui se sont répandues comme des traînées de poudre, ce procédé se révèle bien plus efficace que tous les tracts que nous avons distribués en une année. Bien-sûr, cela en dit long sur le rapport au téléphone portable, aux gadgets technologiques et sur ce que l’on considère comme une information valable. Nous avons malheureusement constaté que certains parents font plus confiance à un SMS dont ils semblent ignorer la provenance qu’à l’institutrice qu’ils voient et saluent tous les jours à l’école et à qui ils confient leur enfant. Comprenons-nous bien : nous pouvons tout à fait entendre que certaines personnes s’en remettent plus facilement à leur communauté culturelle, spirituelle, géographique, plutôt qu’à une institution de l’Etat, surtout au vu des agissements de ce dernier à leur encontre. Nous déplorons simplement le fait qu’une société saturée d’informations rend davantage possible des situations d’incompréhension. Nous voyons aussi que quand nous discutons avec certains parents, les exemples utilisés s’avèrent très flous ou simplement faux, en tous cas invérifiés et invérifiables : dans quelle école exactement aurait-on obligé les petits garçons à s’habiller en robe pendant une semaine ? Nul.le ne peut répondre, mais tout le monde trouve cela inadmissible. Que cela soit vrai ou pas importe finalement peu. Le mal est fait, et nous nous rappelons un peu tard que la rumeur est une technique de base de manipulation politique.

Enfin, la terminologie utilisée ("Théorie du genre", bien-sûr, mais aussi d’autres termes plus alambiqués, tels que "PDF" pour "Partisans de la Déconstruction de la Famille"...), créés de toutes pièces, ne reposent sur aucune base solide et manipulent des concepts (tels que celui de "genre" [10]) de manière totalement approximative et/ou avec une sévère mauvaise foi. Encore une fois le rapport avec la vérité ou la réalité importe peu, du moment que le flou, le doute, et la peur font leurs effets. Ces procédés peuvent, en quelques jours, faire table rase de plusieurs années de travail de lien et de confiance avec les familles entrepris par une équipe d’école.

De manière plus globale, nous sommes complètement désarçonné.e.s par les nouvelles répartitions des forces politiques. Les oppositions classiques (riches/pauvres, fascistes/antifascistes...) ne sont pas du tout opérantes dans le cas des JRE. Sans avoir affaire à des ensembles idéologiques homogènes, nous voyons un spectre de postures "traditionalistes" voire "réactionnaires" faire face à des positions "égalitaristes" ou "progressistes". En tous cas, quand des pauvres, des dominé.e.s et/ou personnes stigmatisé.e.s rallient le camp de l’extrême droite, c’est toujours une ligne de fracture bien embêtante pour les militant.e.s libertaires que nous sommes.

D’ailleurs "l’alliance" entre catholiques et musulmans dont parle Farida Belghoul est bien mensongère, et à part quelques renvois d’ascenseur entre figures intégristes des deux bords, nous ne constatons pas, loin de là, de rencontre entre catholiques d’extrême droite, dont le racisme n’est plus à démontrer, et les familles musulmanes que nous fréquentons à l’école.

Nous pensons que, dans une situation où le Front National n’est plus un parti "anti-système" (comme il aimait à se présenter), mais un parti qui peut avoir accès au pouvoir, il s’agit de déléguer à d’autres formations plus petites le rôle de polémique et d’agitation de bas-étage. Cette tâche échoit aux Belghoul, Dieudonné, Soral, et autres trublions identitaires.

Par ailleurs, avec un Manuel Valls premier ministre, le racisme d’Etat et le mépris affiché pour certaines populations s’exprime ouvertement chez les "socialistes". Ainsi la lutte contre les discriminations à l’école a bon dos, mais certain.e.s discriminé.e.s ne sont pas dupes, et leur colère n’éclate pas forcément dans le sens où on le souhaiterait. Comment faire confiance aux institutions quand, de droite à gauche, les élections se jouent presque uniquement sur le thème de "l’insécurité" et la désignation de boucs-émissaires dont on peut avoir le malheur de faire partie ?

Enfin, il nous faut aussi balayer devant "notre" porte. Pas besoin d’être d’extrême droite pour rechigner à la remise en cause des rôles traditionnels et des privilèges qui y sont associés. Une analyse tristement classique chez une partie des militant.e.s de gauche et libertaires consiste à voir un certain nombre de luttes (contre le racisme, pour l’égalité hommes-femmes, contre l’homophobie, pour le droit à l’avortement...) comme secondaires, voire pas vraiment politiques. Nous pensons au contraire que ces terrains de lutte sont éminemment politiques, et le fait de persister à les considérer comme non prioritaires aboutit justement à des situations comme celle que nous avons vécue avec les JRE. Il ne suffit pas d’abolir le capitalisme pour que les autres systèmes de domination disparaissent magiquement.

Dans un contexte social difficile où on assiste à une droitisation des esprits et à des formes de replis identitaires, nous ne voulons pas sombrer dans le pessimisme mais continuer à travailler à la construction de rapports égalitaires, notamment dans les quartiers populaires où l’on travaille, vit et s’active. Nous avons des responsabilités en tant que militant.e.s, et peut-être en premier lieu un rôle pédagogique qui implique :

- d’aller à la rencontre des gens, affronter les sujets sensibles, entendre ce que chacun.e a à en dire, et proposer de se mettre autour d’une table pour en parler vraiment,
- de rappeler ce qu’on partage, les objectifs et les valeurs à ne pas perdre de vue et qui seront la base des échanges (par exemple, pour le sujet qui nous concerne : parents d’élèves, enseignant.e.s, animateurs et animatrices avons pour objectif commun la réussite et l’épanouissement de tout.e.s les enfants,
- de dissiper les peurs en mettre fin aux rumeurs en proposant des analyses ancrées dans le concret et le contexte depuis lequel on parle, et des pistes d’action qui prennent en compte les problèmes soulevés et recréent de la confiance.

Pour les JRE comme pour bien d’autres questions sociales et politiques qui ne manqueront pas de se poser à l’avenir, il s’agit de recréer du collectif sur la base d’objets de « travail » clairs, en construisant de la pensée et de l’action commune.


[1] Programme expérimental de lutte contre « les inégalités de traitement, de réussite scolaire, d’orientation et de carrière professionnelle […] entre filles et garçons », mené « conjointement par le ministère de l’Éducation nationale et le ministère des Droits des femmes, en partenariat avec le CNDP », testé « dans plus de 600 classes de dix académies volontaires . Une généralisation [étant] prévue en septembre 2014, après évaluation des premiers résultats. »

[2] Il est demandé aux directeurs et directrices d’école (qui n’ont pourtant aucun pouvoir hiérarchique sur l’équipe d’école) et chefs d’établissements scolaires de rassurer les parents en les informant et de leur rappeler les obligations d’assiduité scolaire.

[3] Il y a 3 ans, une polémique du « même genre » avait été lancée par une maman d’élève suite à la circulation dans les familles d’une classe de l’école, dans le cadre d’un « voyage lecture » sur le thème de la famille, d’un album intitulé « l’heure des parents ». Cet ouvrage qui traite entre autre de l’homoparentalité avait fait réagir vivement cette maman. La polémique, qui s’était rapidement diffusée, tournait autour de l’articulation entre ce qui relève de l’école dans l’éducation des enfants et ce qui relève de la famille. Une réunion organisée par quatre enseignantes de l’école en présence de tous les parents de la classe concernée qui le souhaitaient (une dizaine de mamans et 1 papa) avait été proposée. Elle avait permis de discuter posément et sincèrement des problèmes et inquiétudes soulevées. La crainte principale, formulée par plusieurs mamans, était qu’on parle de sexualité trop tôt avec leurs enfants. La discussion, où chaque point de vue avait pu être exprimé, semblait avoir satisfait et rassuré tou.te.s les participant.e.s, parents comme enseignantes, les peurs ayant pu être entendues et les choix pédagogiques réaffirmés. Une rencontre réussie donc, car productrice de pensée commune autour de questions éducatives.

[4] Cela alimente l’opposition entre instruction (apprentissages "fondamentaux" : lire, écrire, compter) et éducation (socialisation et formation des individu.e.s en vue de leur émancipation). Si la méfiance vis à vis du contrôle de l’Etat sur les consciences semble légitime, l’instruction à elle seule n’est pas gage d’émancipation. Par ailleurs éducation et instruction ne s’opposent pas : la première englobe la seconde.

[5] "Ces parents qui disent non au film "Tomboy" à l’école", Dauphiné Libéré, mercredi 11 juin 2014. A noter un fait exceptionnel dans ce quotidien régional : les prénoms des parents qui "témoignent" ont été changés à leur demande. Une faveur rarement accordée à d’autres.

[6] http://www.education.gouv.fr/cid80888/p ... eneralisee « Après une première année pionnière avec les "ABCD de l’Egalité" et sur la base de l’évaluation fournie par l’inspection générale de l’Éducation nationale, le gouvernement a décidé d’engager un plan d’action ambitieux pour l’égalité filles-garçons à l’école. La formation à l’égalité filles-garçons pour les enseignants et cadres de l’éducation nationale sera généralisée. Des séquences pédagogiques enrichies seront préparées par les enseignants à partir d’outils rénovés et simplifiés. L’égalité entre les filles et les garçons sera inscrite dans les projets d’école et d’établissement »

[7] Martine Sorti, inspectrice générale de l’éducation nationale honoraire, Le Monde, 3 juillet 2014.

[8] http://jre2014.fr/

[9] Une vidéo de Farida Belghoul avait été vue 161000 fois le 28 janvier 2014. Aucun tract papier ne peut atteindre une telle diffusion.

[10] Pour des explications claires des concepts de "genre", "théorie du genre", "études de genres" et un décodage limpide de l’utilisation qui en est faîte par les JRE ou la Manif pour tous, on peut lire le texte "Stop à la rumeur : parlons de genre", écrit par Anne-Charlotte Husson, sur http://labogenere.fr/2014/01/stop-a-la- ... -de-genre/. L’auteure rappelle très justement en introduction que la polémique autour du genre est née dans les milieux catholiques dès 2011, avec l’introduction du concept dans les manuels scolaires de Sciences de la Vie et de la Terre. Voir aussi le communiqué de l’ARGEF (Association de Recherche sur le Genre en Education et Formation), "Qui a peur de l’égalité entre les sexes ?".

http://grenoble.indymedia.org/2015-01-1 ... -retour-et
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Re: Les réacs contre une école ouverte et émancipatrice (JRE

Messagede Pïérô » 02 Mar 2015, 01:05

Journée de retrait de l’école à Joué-lès-Tours : Farida Belghoul convoquée par la justice

La militante d’extrême-droite qui lutte pour « l’interdiction de la théorie du genre dans les programmes scolaires » devrait être mise en examen pour sa participation à l’affaire qui avait agité l’école Blotterie en mars 2014.

... http://larotative.info/journee-de-retra ... a-883.html
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Re: Les réacs contre une école ouverte et émancipatrice (JRE

Messagede Pïérô » 09 Mar 2015, 00:42

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Re: Les réacs contre une école ouverte et émancipatrice (JRE

Messagede Pïérô » 04 Jan 2016, 11:33

Joué les Tours (37)

Appel à soutien de l’enseignante diffamée

F. Belghoul et D. Hassan (JRE), mises en examen.

Le 29 mars 2014 l’association Journée de Retrait de l’Ecole (JRE) dirigée par Farida Belghoul, mettait en ligne sur son site une vidéo montrant la représentante locale des JRE, Dalila Hassan, calomniant honteusement une enseignante de l’école maternelle Blotterie de Joué les Tours. Elle entendait dénoncer de façon grotesque et infondée des « attouchements » . Cette vidéo se terminait par les mots « VAINCRE OU MOURIR ».

Depuis, la vidéo diffusée sur les réseaux sociaux a été vue des dizaines de milliers de fois suscitant de nombreux messages haineux, ainsi que des menaces de mort à l’encontre de l’enseignante mise en cause.

Cette association, qui prétend lutter contre l’enseignement de la théorie du genre à l’école, nourrit une certaine haine de l’école publique et de ses enseignants et prône notamment la déscolarisation.

Sans aucun scrupule, elle mène ses actions en manipulant des personnes socialement fragiles et qui, dans cette affaire, ne maitrisaient pas le français.

Sa réelle intention est de viser par l’intermédiaire d’une propagande de choc, l’égalité des sexes, la liberté de conscience, la laïcité et l’Etat de droit.

En outre, cette vidéo est arrivée dans un contexte politique particulier, à la veille des élections municipales, alors que l’un des candidats, sous couvert de défendre la bonne moralité, faisait sciemment circuler dans certains quartiers des tracts et lettres dénonçant un soi-disant enseignement de la théorie du genre et visant plusieurs écoles de la ville.

La collègue accusée, clairement identifiable dans les propos de Mme D. Hassan, a porté plainte pour diffamation.

Mme D. Hassan, ainsi que Mme F. Belghoul présente à Joué les Tours au moment des faits, ont été renvoyées devant le tribunal correctionnel de Tours. Elles ont été mises en examen pour diffamation et complicité de diffamation envers un fonctionnaire.

Le procès aura lieu le jeudi 7 janvier 2016.

SUD éducation 37 apporte une nouvelle fois son soutien à la collègue concernée ainsi qu’à l’équipe de l’Ecole Blotterie affectée par ces faits.

SUD éducation 37 et SOLIDAIRES 37 appellent tous les enseignants, les personnels ainsi que les parents d’élèves, ainsi que toutes les personnes dénonçant ce genre de pratiques à venir témoigner de leur soutien devant le tribunal de Tours

le jeudi 7 janvier de 12h30 à 13h30.


http://www.solidaires37.org/spip.php?article971
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Re: Les réacs contre une école ouverte et émancipatrice (JRE

Messagede Pïérô » 06 Jan 2016, 22:12

Le procès JRE est reporté ! Rassemblement de soutien annulé !

Le procès opposant une enseignante de l’école maternelle Blotterie de Joué-les-Tours à Dalila Hassan et Farida Belghoul, membres des Journées de Retrait de l’Ecole, qui devait se tenir ce jeudi à Tours, est reporté. Cette décision prise par le juge d’instruction, hier, à la demande de l’avocat des JRE, nous met devant le fait accompli.

Le rassemblement de soutien initialement prévu est reporté pour la nouvelle date. Nous vous tiendrons informé dès que possible.

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Re: Les réacs contre une école ouverte et émancipatrice (JRE

Messagede Pïérô » 23 Mar 2016, 08:55

Procès de Farida Belghoul : « cette histoire est symptomatique des attaques qui visent l’école publique »
Le 24 mars, Farida Belghoul passera en procès à Tours pour complicité de diffamation, dans le cadre de l’affaire qui avait vue une enseignante de Joué-lès-Tours faussement accusée d’organiser des attouchements entre élèves. Celle qui est à l’origine des « journées de retrait de l’école » (JRE) visant à dénoncer l’enseignement de la théorie du genre à l’école avait appuyé les fausses accusations d’une de ses militantes. Entretien avec SUD Education 37, qui a soutenu l’institutrice au moment des faits.
... http://larotative.info/proces-de-farida ... -1346.html


Mercredi 23 mars et Jeudi 24 : SOUTIEN à l’enseignante Joué-lès-Tours diffamée par les J.R.E.

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http://sudeducation37.fr/spip.php?article12720
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Re: Les réacs contre une école ouverte et émancipatrice (JRE

Messagede Pïérô » 26 Mar 2016, 12:28

Tours,
Le procès contre les JRE

Voir articles et photos de "La Nouvelle République" du 25 mars 2016, l’article de "Info-Tours.fr", de "Libération", le reportage de TV Tours et le communiqué de SUD Éducation 37 (en lien, celui de France Bleu Touraine).

... http://www.solidaires37.org/spip.php?article1010
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Re: Les réacs contre une école ouverte et émancipatrice (JRE

Messagede Pïérô » 28 Mar 2016, 11:32

Procès JRE / Joué-lès-Tours - La cour de récréation au tribunal : “C’est pas moi, c’est les autres”

A l’issue du procès de D. Hassan et F. Belghoul (JRE) tenu ce jeudi au tribunal de Tours, force est de constater que les prévenues et les personnes citées à comparaitre reconnaissent pleinement leur implication et leur volonté de nuire à une enseignante et plus largement à l’école publique.

Mme. Hassan confirme son implication dans la vidéo accusatrice qui aurait été un “dernier recours” pour “faire pression” afin d’aider la mère du petit garçon impliqué dans les faits, alors que ces derniers n’étaient ni avérés ni vérifiés.

Mme Belghoul se voit bien attribuée la paternité de la vidéo, réalisée par son cameraman mais se défausse sur celui-ci pour sa mise en ligne, mise en ligne à laquelle d’ailleurs elle ne s’est jamais opposée par la suite. Elle se défausse aussi sur Frédéric Augis, alors en campagne électorale à Joué-lès-Tours, dont des tracts identifiés à ses couleurs entretenaient un climat nauséabond et propagandiste sur un hypothétique (et dévoyé) enseignement de la théorie du genre dans les écoles de la ville.

Ce dernier confirme ses propos de campagne, notamment dans des réponses faites à des habitants dans divers courriers sur la question du genre à l’école et notamment dans les établissements de Joué-lès-Tours, raison pour laquelle il ne mettait pas ses propres enfants dans les écoles primaires publiques de la ville.

A aucun moment les prévenues, ni l’actuel maire de Joué-lès-Tours, n’ont essayé de plaider l’erreur ni n’ont exprimé un quelconque regret vis-à-vis de l’enseignante qui s’est retrouvée sous leurs accusations totalement par hasard. Rappelons qu’aucune plainte n’a été déposée par les parents des enfants qui auraient été concernés par les faits.

Lors de ce procès fleuve (plus de six heures), les contradictions ont été patentes dans les postures et positions des prévenues, comme du témoin cité à comparaître.

Cerise sur le gâteau, au fil des débats, on apprend ou nous fait croire que les enquêteurs se seraient trompés de petite fille impliquée dans les faits, que le cameraman, serait clandestin et réfugié en Tunisie, que Mme Belghoul, ne déclarant aucun revenu, vivrait d’amour et d’eau fraiche et qu’un problème de maitrise grammaticale serait à l’origine d’une “abominable” confusion : il eut fallu relater les faits au conditionnel plutôt qu’au présent de narration.

Le verdict sera rendu le 19 mai.

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Re: Les réacs contre une école ouverte et émancipatrice (JRE

Messagede Pïérô » 21 Mai 2016, 12:05

Indre-et-Loire
Théorie du genre : diffamation et complicité pour Mmes Hassan et Belghoul
Épilogue d’une manipulation de l’opinion sur fond de “ théorie du genre ”. Au final, 9.000 € d’amendes et 12.000 € en réparation du préjudice moral.
... http://www.lanouvellerepublique.fr/Indr ... ul-2721090


Verdict du procès des JRE : la diffamation reconnue

Le jugement rendu le 19 mai par le tribunal correctionnel de Tours reconnaît la dif- famation dont a été victime notre collègue de l’école Blotterie (Joué-lès-Tours) au printemps 2014, accusée d’attouchements, dans une vidéo publiée par l’associa- tion JRE (Journées de Retrait de l’Ecole) sur son site.

Les représentantes de l’association JRE sont reconnues coupables de diffamation
et de complicité de diffamation. Mmes Hassan et Belghoul sont condamnées res- pectivement à des peines d’amende de 4 000 et 5 000 euros.

Ce jugement s’accompagne d’une peine supplémentaire, à savoir la publication du
dit-jugement, à leurs frais, dans la Nouvelle République, Le Monde et le Figaro.

Au titre civil, Mmes Hassan et Belghoul sont également condamnées à verser soli- dairement 12 000 euros de dommages et intérêts ainsi que 1 000 euros chacune
au titre de l’article 475.1 du code de procédure pénale.

Le tribunal reconnaît que les propos tenus par Mme Hassan dans la vidéo, avec
l’aide de Mme Belghoul, avaient bien un caractère diffamatoire et rejette l’exception
de bonne foi. A ce titre, la présidente du tribunal a insisté sur le fait que les propos
ont été tenus sans aucune prudence, sans aucune mesure, et sans la moindre vé-
rification. A été dénoncée aussi l’analogie faite avec la théorie du genre.

SUD éducation 37 se félicite de ce jugement exemplaire qui, par les peines pro- noncées, reconnait la souffrance professionnelle ainsi que le lourd préjudice tant
professionnel que personnel subit par notre collègue injustement diffamée. SUD
éducation 37 dénonce les attaques qui se multiplient envers les enseignants, éma- nant de groupes qui remettent en cause l’école publique et laïque et l’égalité des
droits.

Sud éducation 37, seul, a soutenu la collègue incriminée et ce dès le premier jour
de l’affaire. Nous nous réjouissons que la collègue, et que tous les collègues face à
de telles situations, puissent continuer à enseigner sereinement.

Tours, le 19 mai 2016.

SUD éducation 37

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Re: Les réacs contre une école ouverte et émancipatrice (JRE

Messagede bipbip » 08 Sep 2016, 15:21

L’école du Puy-du-Fou : de Villiers s’offre une réac-academy

Cette école privée hors contrat, mixte et aconfessionnelle (sic !), est située à 400 mètres du parc d’attraction, au lieu-dit La Ganache, dans la commune des Epesses (Vendée). Les frais d’inscription s’élèvent à 200 €, 95 € par mois de frais de scolarité (de septembre à juin) et 4 € de cantine. Le Puy-du-Fou a financé l’établissement à hauteur d’un million d’euros et continuera à investir plusieurs centaines de milliers d’euros tous les ans pour compenser la différence entre le coût réel des études et les sommes versées par les familles.

... http://www.questionsdeclasses.org/?L-ec ... ac-academy
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