écoles alternatives, alternatives dans l'éducation

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Messagede Nico37 » 26 Nov 2011, 21:33

L’école pirate, un an dans un lycée autogéré

L’école pirate, un an dans un lycée autogéré
2009 CD1: 43min / CD2: 40min

Septembre 2008, Limerlé, petit vil­lage des Ardennes belges.

«Pédagogie Nomade», pre­mier lycée public auto­géré de Belgique, ouvre ses portes. Une école fon­dée sur l’autogestion et l’autonomie, pour redon­ner aux ados l’envie d’apprendre. Christophe Rault et Fabienne Laumonier ont suivi sa pre­mière année d’existence. Tensions du quo­ti­dien et éveil d’une utopie…
Prise de son et réalisation: Fabienne Laumonier et Christophe Rault Montage, mixage: Christophe Rault

Production: acsr en partenariat avec ARTE Radio et La Première (RTBF)
Christophe Rault est artiste radio et metteur en ondes. Co-fondateur d’arteradio.com en 2001,
 il en a assuré la direction artistique et technique jusqu’en 2009. Prix Europa 2008 meilleure fiction radio pour le Le Bocal saison 2 (production arteradio.com). 
Réalise des documentaires et créations radiophoniques (L’école Pirate, Ritournelle, La première...)
 pour arteradio.com, la RTBF, l’ACSR, la BBC et la WDR à Cologne. Organise également des ateliers et formations autour de la radio et du langage radiophonique ainsi que des performances live (avec le groupe de Dub-Radio T.D.O.S., et avec le spectacle "Le reflex du cyclope"). Membre actif de l'Atelier de Création Radiophonique et Sonore de Bruxelles. Formée à l’École des Beaux-Arts, Fabienne Laumonier est aussi bien réalisatrice de documentaires radiophoniques, organisatrice d’expositions collectives, professeure de plongée sous-marine, comédienne et voyageuse...
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écoles alternatives, alternatives dans l'éducation

Messagede Pïérô » 13 Nov 2012, 13:58

Article sur bastamag qui fait un peu le tour de ces alterntives

Education

Freinet, Montessori, Steiner : ces écoles qui changent la vie des élèves et des profs

Par Nolwenn Weiler (12 novembre 2012)


Développer son autonomie et son esprit critique, apprendre à apprendre : c’est le credo des écoles alternatives. En France, 20 000 élèves expérimentent les pédagogies alternatives – Freinet, Montessori ou Steiner – dans une centaine d’établissements. Des méthodes d’apprentissage qui ont fait leur preuves depuis plus d’un siècle, mais peinent à se diffuser dans l’Éducation Nationale. Vincent Peillon saura-t-il s’en inspirer pour son projet de refondation de l’école ? Petit tour d’horizon de ces pédagogies qui pourraient ré-enchanter l’école.

Dans la classe de Nina, enseignante à l’école Steiner de Vern-sur-Seiche [1], au sud de Rennes, il n’y a pas de notes, ni d’évaluation. « Quand on fait une dictée, on la corrige ensemble. Cela m’est égal de leur mettre une note ensuite, explique l’institutrice. Que vont-ils apprendre de plus ? Ils découvrent en corrigeant ce qu’ils peuvent améliorer. Cela leur donne confiance en eux. » Ici, pas de tension ni de compétition liées aux notes. Pas de pression. Juste le plaisir d’apprendre et de progresser.

L’abandon des systèmes de notation-sanction, une spécialité très française, fait partie des pistes évoquées par le ministre de l’Education, Vincent Peillon, dans son rapport sur la refondation de l’école. « Les notes organisent le bonheur de quelques élèves et le malheur de beaucoup d’autres, et c’est tout », résume, lapidaire, Jean-Jacques Hazan, président de la Fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE) et défenseur convaincu des méthodes d’apprentissage « alternatives ». « Il faut transformer ce qui se passe en classe, en finir avec cette relation frontale entre élèves et enseignants. On veut qu’ils soient attentifs, polis et qu’ils ne bougent surtout pas. Ce n’est pas comme ça qu’ils vont réussir !, poursuit-il. Et si on veut faire fonctionner l’école autrement, ce n’est pas avec des pédagogues traditionnels que l’on va y arriver ».

Classes coopératives

La solution ? Des pédagogies modernes, actives, qui « suscitent le plaisir, l’intérêt, la curiosité ». En France, une centaine d’écoles expérimentent ces pédagogies innovantes. Environ 20 000 élèves y sont inscrits. Inspirés notamment par les pédagogues Steiner, Freinet ou Montessori, les enseignants accordent une place aussi importante aux maths et au français qu’aux activités artistiques, physiques, manuelles et sociales. Tout en utilisant des méthodes d’apprentissage différentes.

« Ces écoles ne mettent pas les savoirs savants au-dessus des autres, explique Marie-Laure Viaud, maître de conférence en Sciences de l’éducation et auteure de plusieurs livres sur l’éducation nouvelle. Toutes accordent une grande confiance aux ressources propres de chaque élève. Leur credo : on apprend mieux en faisant qu’en écoutant.

Freinet : favoriser « l’auto-apprentissage » de l’enfant

Les techniques pédagogiques de Célestin Freinet, instituteur français du début du 20ème siècle, sont utilisées dans une vingtaine d’écoles publiques en France. Mais environ 10 000 enseignants sont formés à cette pédagogie. « Pour Freinet, ce qui motive un enfant, c’est de construire des projets qui s’adressent au monde extérieur », souligne Marie-Laure Viaud. Écrire un journal, monter une exposition, mettre en scène une pièce de théâtre... Une vraie mise en situation – qui donne plus envie de réussir – est préférée à la situation scolaire : « Si on fait un journal pour l’extérieur, on soigne l’écriture, on soigne la grammaire, on dessine de belles illustrations. En calculant le prix, on fait des maths... »

L’apprentissage de la confiance en soi est aussi un principe fort de cette pédagogie. C’est ce qu’apprécie Marianne, maman de Nello, scolarisé à l’école Freinet de Rennes depuis 4 ans. « Les enseignants valorisent toujours ce qui a été réussi, même si c’est minime, pour reprendre ensuite avec l’élève ce qui peut être amélioré. Il y a un vrai apprentissage de la confiance en soi, un encouragement à comprendre comment on travaille, pourquoi on le fait et comment on s’organise pour réussir. » À l’école Freinet, les enfants travaillent aussi beaucoup sur la coopération. Ils sont dans des classes multi-niveaux, installés par petits groupes, au sein desquels les grands aident les petits. « Les enfants se font réciter mutuellement. L’absence totale d’esprit de compétition est un vrai confort », raconte Marianne.

Montessori : transformer la relation entre enseignant et élève

Maria Montessori, médecin italien, est une contemporaine de Célestin Freinet. Elle est à l’origine d’une autre méthode pédagogique novatrice, selon laquelle chaque enfant apprend à un rythme différent qu’il convient de respecter. « Elle a théorisé la notion de périodes sensibles au cours desquelles l’enfant est mieux à même d’apprendre telle ou telle chose », décrit Germaine Jallot, présidente du Centre de recherche d’études et de liaison des activités montessoriennes (Crelam).

L’adulte est un « accompagnant », qui doit créer un environnement permettant à l’enfant de développer ses potentiels. Et lui laisser le temps de faire les choses lui-même. Maria Montessori a créé du matériel pédagogique pour favoriser cet « auto-apprentissage » de l’enfant : pour empiler, pour compter... « Pour elle, il est primordial de laisser à l’enfant le temps de se construire. Respecter son rythme et ses besoins permet de susciter son intérêt », résume Germaine Jallot. Une trentaine d’écoles françaises appliquent la méthode Montessori.

Steiner : une éducation ouverte sur le monde

Quant aux écoles Steiner, basées sur la pédagogie de ce philosophe autrichien de la fin du 19ème siècle, elles accueillent environ 2000 élèves en France, dans 20 établissements scolaires et jardins d’enfants. « Pour résumer, j’aime dire que l’on s’adresse à la tête mais aussi au cœur et au corps, décrit Nina, enseignante. Quand on étudie la grammaire, on parle du pays des mots où vivent les chevaliers du nom, qui ne sortent jamais sans leurs écuyers déterminants. » Quand arrive le temps des maths, Nina invite ses élèves à former des petits groupes, qui vont et viennent selon qu’ils étudient les soustractions, les additions ou les divisions. « Les enfants ont besoin d’incarner les notions pour mieux les appréhender », explique Nina.

La pédagogie Steiner mise aussi sur l’ouverture sur le monde, avec l’apprentissage de deux langues vivantes dès le cours préparatoire, et des stages dans les secteurs agricole, industriel et social, au collège et lycée. Plus de 250 000 élèves dans le monde fréquentent ces écoles. Les dérives sectaires de certains établissements étaient pointées du doigt par un rapport parlementaire en 1999, mais les écoles Steiner ont finalement été dédouanées de cette accusation.

Des écoles pour privilégiés ?

Ces pédagogies alternatives ne sont pas similaires. « Il y a des différences pédagogiques, bien sûr, mais aussi politiques », remarque Marie-Laure Viaud. « En proposant une autre façon d’apprendre, qui permette aux enfants de développer leur esprit critique et d’agir collectivement, Freinet avait comme idée d’émanciper les classes populaires. » De nombreuses écoles Freinet (toujours publiques) sont encore aujourd’hui implantées dans des quartiers populaires. A la différence des écoles Montessori et Steiner : « Elles ont un statut d’écoles privées : seuls les enfants des classes privilégiées peuvent les fréquenter », précise l’universitaire.

Car le prix est parfois prohibitif. En région parisienne, les parents doivent débourser environ 600 euros par mois et par enfant. En province, les tarifs sont généralement moins élevés. Il faut compter de 85 à 276 euros par mois (en fonction des revenus de la famille) à l’école Montessori de Rennes, et entre 200 et 610 euros par mois pour l’école Steiner de Vern-sur-Seiche. « Mais, au-delà de ces questions de prix, il n’y a pas cette idée d’émancipation politique chez Steiner et Montessori. On est plus sur de l’épanouissement personnel », ajoute Marie-Laure Viaud.

Les devoirs, obstacles au plaisir d’apprendre

Un épanouissement qui peut aussi passer par une absence de « devoirs » à faire à la maison. Plutôt très bien vécue par les enfants et parents des écoles alternatives, cette absence de travail à emmener à la maison, est l’une des propositions amenées par le rapport de Vincent Peillon. « Les devoirs ne servent à rien d’autre qu’à abrutir les mômes et se fâcher avec eux tous les soirs », lâche Jean-Jacques Hazan, de la FCPE. « Ce dont la société a besoin, c’est de gens autonomes, qui savent travailler avec les autres. Or, les devoirs à la maison, c’est chacun dans son coin. Ce n’est pas la bonne méthode. »

Le rapport sur la refondation de l’école ne pose pas la question de ce qu’est un devoir, regrette Catherine Chabrun, rédactrice en chef du Nouvel éducateur, la revue des pédagogues Freinet. « C’est important qu’un enfant puisse travailler sur ses apprentissages avec un peu de recul. Mais ce temps d’autonomie doit être inclus dans le temps scolaire. Et pas assimilé à une aide aux devoirs qui viendrait après l’école. Nous sommes de toute façon pour la suppression de ce terme de devoirs, qui n’inclut pas du tout le plaisir d’apprendre. »

Supprimer les devoirs ne signifie pas ne rien faire avec ses enfants, ou ne plus les aider. Les activités éducatives et intellectuelles que l’on peut assurer à la maison ne manquent pas : « On peut lire un livre ensemble, regarder le cahier d’école pour voir ce qui a été fait. Apprendre à se servir des proportions et des règles de trois en faisant la cuisine. Bref, il n’y a pas que la page 73 du livre de grammaire ou de maths », illustre Jean-Jacques Hazan. On peut aussi discuter de ce qui était bien à l’école pour avoir envie d’y retourner.

Une autre place pour les parents

Les parents doivent aussi trouver leur place dans l’école. Il est très important, pour les enfants, de se savoir encadrés par une communauté éducative qui ne s’arrête pas aux portes de leur établissement scolaire. A l’école Freinet de Rennes, les parents ont une salle réservée, dans laquelle ils peuvent venir à n’importe quel moment de la journée. « Quand Nello était en CP, se souvient Marianne, l’enseignante nous demandait de rester un peu pour lire des histoires aux élèves. Et si on a des compétences en boulangerie, en roller ou tout autre domaine, on est toujours les bienvenus pour venir les partager avec les enfants. »

Autre moment apprécié par la maman de Nello : « L’heure des parents », qui se tient tous les deux mois et au cours de laquelle les enfants choisissent de parler d’un de leurs travaux. « Ils détaillent leur démarche, nous disent là où ils se sont trompés, pourquoi, etc. On est vraiment dans le pourquoi et le comment de l’apprentissage, c’est passionnant. » Nina confie de son côté ne pas compter le temps qu’elle passe avec les parents de ses élèves à échanger sur les journées des enfants.

De bons résultats scolaires

Ces pédagogies réussissent-elles mieux que celles qui dominent l’Éducation nationale ? Quel bilan dresser de la trentaine d’écoles Montessori, des vingt écoles Steiner et Freinet, ou de la demi-douzaine d’écoles « éducation nouvelle » ? « Les travaux existants montrent que dans l’enseignement primaire, la majorité de ces écoles réussissent au moins aussi bien, voire mieux, que les écoles standards en ce qui concerne les acquis scolaires », observe Marie-Laure Viaud. Surtout dans les milieux réputés « difficiles ». Ces écoles parviennent à susciter le plaisir d’apprendre. De la maternelle au lycée, les élèves disent y venir avec plaisir.

Leur réinsertion dans le circuit scolaire « traditionnel » se passe plutôt bien, même s’ils ont besoin d’un temps d’adaptation. « Entre 15 et 45 % des élèves ressentent des difficultés, explique Marie-Laure Viaud. Mais tous les travaux montrent aussi que ces difficultés sont transitoires : au bout de quelques mois, elles sont dépassées. » Une étude de 2006 publiée dans la revue Science a montré que des enfants de classes sociales défavorisées envoyés à l’école Montessori sont mieux préparés que leurs « collègues » en lecture et en maths. A long terme, les élèves des écoles différentes peuvent même s’adapter mieux que les autres à leur nouvel environnement. Et leurs résultats scolaires sont bons. Un an après avoir quitté la classe de Première des écoles Steiner-Waldorf, les élèves ont un taux de succès au Bac de 85% [2].

Très peu d’incivilités

De quoi faire rêver l’école française : entre 2000 et 2009, selon l’OCDE, la proportion d’élèves de 15 ans en échec scolaire est passé de 15 à 20%. Et l’écart de niveau entre le groupe des meilleurs et celui des plus faibles s’est accru. Pire : la France est aujourd’hui l’un des pays où les inégalités sociales pèsent le plus dans la réussite scolaire.

Autre atout de ces écoles alternatives : le climat, plus serein que dans le système classique. « Partout, l’ambiance est très calme : pas de violence, très peu d’incivilités et de dégradations », note Marie-Laure Viaud. « Cela fait un siècle qu’on sait que ça marche mieux. » Ces expériences pédagogiques essaimeront-elles un peu plus à l’avenir dans l’Éducation nationale ? « C’est quand même un gros chantier », prévient Jean-Jacques Hazan. « Il faut transformer les pratiques et les mentalités de centaines de milliers de personnes. » Un bouleversement du quotidien. « Tant qu’on sera, au collège, sur le modèle une heure, un prof, une discipline, on ne pourra pas changer grand chose », avance Catherine Chabrun, du Nouvel éducateur. Pour le moment, les collèges et lycées différents se comptent d’ailleurs sur les doigts des deux mains. « Les syndicats butent là dessus », regrette-t-elle. Contactée par Basta !, la FSU, principal syndicat enseignant, n’a pas répondu. L’enjeu est pourtant de taille : il s’agit, selon Catherine Chabrun, de « ré-enchanter les profs avec une autre manière de faire ».

Nolwenn Weiler


Notes

[1] Voir leur blog : http://ecolecapucines.over-blog.com/

[2] Ce chiffre passe à 91% si on y inclut les élèves ayant passé le bac deux ans après leur sortie de Première.
http://www.bastamag.net/article2682.html
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Re: écoles alternatives, alternatives dans l'éducation

Messagede Nyark nyark » 13 Nov 2012, 23:52

Le problème des écoles Freinet est qu'elles sont extrêmement difficiles à trouver. À moins que ça n'ait changé depuis l'enfance de ma fille : à l'époque, en région parisienne, je n'ai pas réussi à en trouver. Et, selon la carte scolaire, extrêmement difficile de s'y inscrire s'il y avait besoin d'une dérogation. En tout cas, malheureusement elle n'y a pas eu droit. Montessori nous était inaccessible financièrement, quant à Steiner ce n'était possible qu'en internat à cause de la distance (la seule en RP à l'époque était à Montlhéry). Peut-être tout cela a-t-il changé, du moins je l'espère : pour celles/ceux qui sont concerné-e-s pour leurs enfants je conseille vivement l'ouvrage de Marie-Laure Viaud (dont parle l'article) : Montessori, Freinet, Steiner, une école différente pour mon enfant ? : de la maternelle au lycée, le guide pour les parents, Nathan, 2008.

À signaler également un établissement intéressant : le lycée autogéré de Paris et un ouvrage à ce propos :
Lycée autogéré de Paris
La religion est la forme la plus achevée du mépris (Raoul Vaneigem)
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Re: écoles alternatives, alternatives dans l'éducation

Messagede K.O.A.L.A » 29 Nov 2012, 15:47

Concernant les "Ecoles modernes" :

Articles wiki' : ICI

Solà Gussinyer, Pere. La place de l’École moderne au sein du projet libertaire.

Pere Solà Gussinyer, Université Autonome de Barcelone


Journal présenté à l’exposition des Journées d’hommage à Ferrer, Bieuzy (Bretagne) 1999

Ferrer est malgré tout assez connu en France, à travers un certain nombre de rues et de monuments. Il y a toute une connexion à établir avec les milieux libertaires français. Il a passé une vingtaine d’années en France.

Quelles sont les perspectives de cette pensée et de cette action ? Quelle est sa place dans le projet culturel libertaire ?

Trois angles possibles d’approche de Ferrer :

Le plan symbolique : il y a une grande iconographie de Ferrer, symbole de la liberté et de l’atteinte aux droits de l’homme (du fait de son assassinat par la raison d’État).



La dimension historiographique qui permet de reconstituer d’un angle critique ce mouvement

Le plan pédagogique qui se veut scientifique et rationnel.

Énormément de biographies fortement infléchies idéologiquement (anarchiste, libre penseur, conservateur, conservateur-traditionnaliste). La fille de Francisco, Sol, tend surtout à l’apologie tout en étant très documentée. Le discours conservateur, ne pouvant plus cacher l’atteinte aux droits humains, souligne la médiocrité intellectuelle et le danger révolutionnaire de cet homme.

Ce discours est très fréquent dans l’Espagne actuelle, il ne peut digérer la pensée alternative. La presse de soi-disant centre gauche (El Païs) a publié des articles d’histoire très orientés vers cette lecture conservatrice. De manière subliminale, on défend la forme d’agir du Premier ministre conservateur de l’époque, Antonion Maura. Aucun groupe d’influence n’a jusqu’à présent essayé d’amener la monarchie à s’excuser de cet acte : le monarque actuel est le petit-fils de celui sous lequel s’est fait cet assassinat.

Anarchiste catalan autodidacte s’exile d’abord à Paris, parce qu’il participe à un essai d’insurrection militaire pour rétablir la démocratie après le coup qui a aboli la première république. L’échec de cette tentative et l’exil à

Paris l’entraîne à se mettre en contact avec les milieux de la franc-maçonnerie, du positivisme, de la libre pensée et de l’anarchisme. Il s’axe de moins en moins sur l’action politique, l’insurrection politique et se trouve de plus en plus intéressé par l’agitation intellectuelle et éducative. Professeur au Grand Orient de France, et se forme comme autodidacte : il visite l’école de Paul Robin, qui l’inspire beaucoup, reçoit une respectable somme d’argent et impulse l’École moderne de Barcelone à partir de 1901. Cette école ne vivra que cinq ans : elle sera fermée par la monarchie, Ferrer sera accusé d’être l’inspirateur d’un attentat qui a lieu à Madrid en 1906 lors du mariage du roi, sans qu’on ait jamais d’ailleurs trouvé de preuve de sa responsabilité dans cet attentat.

La maison d’édition qu’il a formé continue de fonctionner jusqu’à sa mort en 1909. Son action éditoriale est sans doute plus importante que son action pédagogique. Il publie L’Homme et la Terre de Reclus et une édition illustrée de manière inédite de Kupka, le peintre cubiste ami de Picasso. Surveillé depuis longtemps par la police, vivant à Bruxelles et à Paris.

Quant éclate à Barcelone une grande révolte des femmes et mères des réservistes, appelés à faire la guerre au Maroc (ce dont pouvaient se soustraire les riches) organisée par une classe ouvrière qui n’est pas encore apprivoisée, mais qui va échouer, la bourgeoisie appellera des coupables, dont Ferrer, exemple vivant d’une pensée qu’elle répudie particulièrement. Malgré la grande défense et la faiblesse des preuves, il est condamné et fusillé le 13 octobre.

Politiquement, Ferrer n’est pas un pacifiste : il veut une révolution sociale démocratique et socialiste libertaire. Il ne récuse pas la violence minimum nécessaire. Il ne s’intéresse donc pas simplement à la réforme par l’éducation, ce qui ne veut pas dire qu’il soit en faveur de certains actes inutiles de terrorisme.

Son projet pédagogique et une sorte d’amalgame de plusieurs systèmes de pensée, libertaire, libre-penseur, rousseauiste, rationaliste, etc. L’influence de Robin et d’Élisée Reclus est importante, et il est probable que la pensée de Robin est plus profonde. Mais la pensée de Ferrer a une plus grande portée, parce qu’en Espagne les conditions de diffusion étaient beaucoup plus favorables parce que moins influencées par le grand capital. Son influence est aussi très grande au Mexique, au Brésil et d’autres pays d’Amérique du sud.

Le lien entre Ferrer et Robin est très direct, important, et il le suit aussi sur la question de l’eugénisme et du contrôle des naissances, ce qui à cette époque entraînait l’emprisonnement pour propagande des méthodes contraceptives. L’école de Ferrer se trouvait sise en face d’une école religieuse, elle était surtout des classes moyennes.

Deux éléments manquent : l’éducation intégrale qu’on voit chez Bakounine ou Robin et, plus tard, dans La Ruche, car il manque l’enseignement pratique, les ateliers, d’école professionnelle ; la considération pour la langue catalane, qui est celle de la région. On prend l’espagnol, et si possible l’espéranto, pour être universel.

Il y a encore des archives à consulter, notamment celles du Vatican, qui a passivement accepté cette exécution. La forme tragique de cette mort a eu d’importantes répercussions sur le développement du rationalisme républicain. Pendant la phase révolutionnaire, la philosophie pédagogique de Ferrer est devenue quasi officielle en Espagne, et elle a eu d’importantes répercussions ailleurs, notamment sur l’école de Freinet en Espagne. La mise en pratique sur grande échelle entraîne de nombreuses modifications théoriques et pratiques.

Par rapport aux autres courants libertaires pédagogiques plus récents, la pédagogie de Ferrer accorde une grande importance à l’utopie populaire. Diverses utopies sont devenues plus réalisables, comme la solidarité internationale pour la justice, l’aspiration à une vie plus naturelle, le mouvement féministe, la liberté d’information sexuelle, le contrôle de la natalité, mais d’autres éléments de l’utopie sont maintenant repoussés dans les pays les plus riches du monde, qui créent de manière légale des citoyens de seconde classe (ex. les Turcs en Allemagne), où l’on voit apparaître le désenchantement des non électeurs, la manipulation médiatique, la compétitivité individualiste, la bureaucratie, les multinationales, la globalisation, l’écrasement du Sud pauvre par le Nord riche etc. Les intellectuels du Sud vont émigrer vers l’Europe, etc. Les groupes qui ont une pensée alternative ont suscité plusieurs terrains de choix d’une action telle que l’esthétique ou l’éducation. L’esthétique, comme le surréalisme, sont une révolte contre le système, mais dans l’ensemble ces manifestations libertaires (et qui ne se proclament pas toujours comme telles, comme le philosophe indien Krishna Murti) ne sont pas dogmatiques. Au sein de cet ensemble, l’École moderne de Ferrer (à laquelle il ne faut pas reprocher de ne pas connaître des choses qui ne sont pas de son époque, comme la psychologie des profondeurs) est à compléter par d’autres pédagogues comme Friedrich Liebling, Tolstoï, Arturo Schwartz (la connaissance de soi comme voie royale de la liberté) : Son apport est sur celui de l’harmonie entre l’homme et la nature et l’importance de l’amour. ce n’est pas un hasard si l’un des fils de Ferrer se rappelle Amor : l’amour est un instrument approprié de connaissances, puisque aimer signifie comprendre l’autre.

La pédagogie de Ferrer a historiquement été utile au mouvement ouvrier espagnol et latino-américain ; ce fait historique a aussi une portée symbolique universelle en tant que fléau des bien pensants et des conservateurs. Le modèle de Ferrer est trop intellectualiste, parce que la persuasion ne suffit pas, il faut faire appel aussi à la psychologie des profondeurs, et à quelques autres éléments qui, sans être absents, méritent d’être développés. Renonçant aux moyens expéditifs comme l’insurrection, etc., ce programme pédagogique échappe au dogmatisme étroit pour rechercher la justice universelle et sa vie et sa mort symbolisent et amènent à réinterpréter l’hypocrisie d’État.

Compte-rendu par Ronald Creagh. Cet exposé a été présenté aux Rencontres de Bieuzy (1999. Hommage à Ferrer)


-Sur "La Ruche"(créée par Sebastien Faure) : PAGE WIKI ICI
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Re: écoles alternatives, alternatives dans l'éducation

Messagede K.O.A.L.A » 29 Nov 2012, 15:50

Outils d'appropriation à l'éducation populaire autonome :

Introduction
Quand quelqu'un nous demande ce qu'est le groupe dans lequel nous sommes impliqué-e-
s, nous lui répondons la plupart du temps que c'est un groupe communautaire. Mais qu'est-
ce qui différencie nos groupes de l'ensemble des groupes communautaires ? Qu'est-ce qui
nous caractérise ?
L'éducation populaire autonome, bien sûr ! Cependant, si quelqu'un d'autre devait nous
demander ce que c'est vraiment l'éducation populaire autonome, serions-nous en mesure
de lui expliquer ?
Bien que nous soyons tous et toutes à l'intérieur de groupes d'éducation populaire
autonome, force nous est de constater que nous discutons très rarement, peut-être même
jamais de ce type de pratique qui devrait pourtant être au premier plan de chacun de nos
groupes. Trop souvent, on a tendance à se laisser envahir par les tâches et
questionnements quotidiens, ce qui laisse peu de temps aux réflexions sur la raison d'être
d'un travail d'éducation populaire.
Cet outil vise justement à nous rappeler ce qu'est l'éducation populaire autonome, mais
surtout, il a pour but de nous familiariser davantage avec les principes d’éducation
populaire autonome devant être pratiqués dans nos groupes.
Nous espérons que cette démarche, vous permettra de vous prendre (ou de refaire)
connaissance avec l'éducation populaire et qu'elle questionnera les pratiques de votre
groupe pour finalement mettre de l'avant les correctifs que vous jugerez nécessaire.
Tous nos groupes ont besoin d'importantes améliorations, si on veut contrer l'effritement
du peu de justice sociale obtenue auquel on assiste, plus ou moins passivement.
Il est également important de souligner que cet outil est lui-même le fruit d’une démarche
d’éducation populaire. Ce document a été travaillé par un comité de la Table ronde des
organismes volontaires d’éducation populaire de l’Estrie (TROVEPE) et par la suite modifié
et adopté en assemblée générale annuelle. Pour nous rejoindre, vous pouvez nous
appelez au (819) 566-2727. Vous pouvez reproduire ce document dans la mesure que
vous indiquez son provenance.
BONNE RÉFLEXION


EN PDF ICI
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Re: écoles alternatives, alternatives dans l'éducation

Messagede Pïérô » 04 Jan 2013, 11:53

Deux vidéo issue de la Foire à l'autogestion

Autogestion et pédagogie – Laurent Ott




Autogestion et pédagogie – Romuald Avet

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Re: écoles alternatives, alternatives dans l'éducation

Messagede bipbip » 28 Aoû 2013, 10:02

4e Salon de la pédagogie Freinet
Mercredi 18 septembre 2013
14 heures - 22 heures
Maison des métallos
94, rue Jean-Pierre Timbaud
Paris 11e
Salon organisé par l’ICEM – pédagogie Freinet
et l’IPEM, son groupe départemental parisien

Le Mouvement de l’École Moderne rassemble des enseignants, chercheurs, parents qui transmettent, analysent et transforment les impulsions pédagogiques de Célestin Freinet, fondateur de pratiques pédagogiques innovantes. Ce quatrième salon propose cinq ateliers pour présenter cette pédagogie et approfondir les connaissances des enseignants. Ils sont suivis d’une table ronde « Les frontières culturelles : les accueillir, les comprendre, les dépasser à l’école et hors l’école ? » .

Programme : http://www.icem-pedagogie-freinet.org/node/35294
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Re: écoles alternatives, alternatives dans l'éducation

Messagede bipbip » 26 Sep 2013, 12:38

Entretien avec Jean Le Gal

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Entretien avec Jean Le Gal : Le Maître qui apprenait aux enfants à grandir

Le Maître qui apprenait aux enfant à grandir, un parcours en pédagogie Freinet vers l’autogestion est un de ces livres rares où se mêlent l’engagement social et l’engagement pédagogique. Il est aujourd’hui réédité et Q2C a rencontré son auteur, Jean Le Gal, pour qu’il nous parle de son ouvrage, de son parcours et de son regard sur les débats actuels autour de l’école.

Questions de classe(s) - Le Maître qui apprenait aux enfants à grandir se présente comme une autobiographie militante et intellectuelle, un livre programmatique sur l’école et une réflexion sur les pratiques pédagogiques au quotidien. En te lisant, on a l’impression d’une grande cohérence et que le titre d’un de tes premiers textes, Vers l’autogestion, aurait pu à nouveau servir pour cet ouvrage. Dans ce titre, d’ailleurs, chaque mot a une égale importance. En quoi cette « perspective » autogestionnaire te semble-t-elle toujours d’actualité ?

Jean Le Gal - Dans la conception de Freinet, « par la coopération scolaire, ce sont les enfants qui prennent en main effectivement, l’organisation de l’activité, du travail et de la vie dans l’école » [1]. Mais passer de l’affirmation à la pratique ne va pas de soi. C’est pourquoi, aujourd’hui encore nous continuons les recherches et les expérimentations.

Sur ce chemin d’action des militants praticiens-chercheurs de notre Mouvement pédagogique, engagés dans la construction d’une école dans laquelle les enfants et les jeunes pourraient s’auto-organiser et exercer un pouvoir individuel et collectif sur leurs apprentissages et leur vie, il était normal que nous insérions, en 1964, nos recherches dans le grand chantier autogestionnaire politique, social et pédagogique qui commençait.

Aujourd’hui, l’autogestion et le socialisme autogestionnaire ont presque totalement disparu des discours et programmes de la plupart des partis politiques et des syndicats, mais les principes autogestionnaires demeurent encore des points d’appui pour de nombreuses expériences concrètes à travers le Monde. Des hommes et des femmes, dans le respect des principes de liberté, égalité, solidarité, entraide, partage du pouvoir, s’auto-organisent pour prendre en main, ensemble, des projets qui répondent à leurs besoins.

Pour cela elles doivent créer des institutions, des procédures de discussion et de prises de décision, une organisation des responsabilités qui évite une nouvelle hiérarchisation institutionnelle. Nous retrouvons d’ailleurs tous les problèmes auxquels nous avons été nous-mêmes confrontés. C’est pourquoi il est important de connaître les expériences du passé car les enseignements qu’on en tire permettent de mieux analyser et résoudre les problèmes d’aujourd’hui. Ce sont pour moi des points d’appui pertinents dans l’action que je mène pour promouvoir le droit de participation démocratique au processus décisionnel reconnu aux enfants par la Convention internationale des droits de l’enfant [2].

Q2C - Une grande partie de ton livre est consacrée à ta découverte de la pédagogie Freinet. Dans ton cas, il semble que ce soit l’engagement social et politique qui ait déclenché cette rencontre. Comment conçois-tu cette articulation entre l’action militante et l’action pédagogique ? Je pense en particulier à cette jolie anecdote, dans le sillage de 68, où un instituteur trotskiste dénonce l’illusion pédagogique et que tu l’interroges sur la manière dont il met lui-même en cohérence son idéologie révolutionnaire et sa pratique professionnelle...

J. L. G. - En mars 1957, après trente mois de service militaire, je me suis très rapidement engagé dans la lutte pour l’indépendance de l’Algérie et je suis devenu secrétaire fédéral de la Ligue des Droits de l’Homme. Engagé dans les actions pour les droits et les libertés hors de l’école, j’ai vite pris conscience d’une coupure entre mon action militante et mon comportement de maître autoritaire en classe. Mais que faire ? J’ai eu alors la chance de découvrir une autre conception de la pédagogie et de l’action éducative à l’Ecole Freinet de Vence. Permettre aux enfants de s’exprimer librement et de participer à la gestion de leur vie en classe et de projets collectifs, leur reconnaître une autonomie individuelle et collective dans l’organisation de leurs apprentissages, sortir de l’école pour aller ensemble à la rencontre des personnes et de leur milieu… j’avais trouvé une cohérence personnelle qui m’a d’ailleurs renforcé dans mon action militante sociale et politique.

Mais il n’est pas facile de changer ses pratiques pédagogiques et éducatives dans une école fondée sur des principes et des valeurs que nous contestons, sur des pratiques que nous remettons en cause. Les oppositions sont parfois nombreuses et il faut résister. Seul c’est souvent impossible d’où la nécessité de coopérer avec d’autres militants engagés sur le même chemin. Je pense, aujourd’hui, que mes engagements pour la laïcité, la paix et les libertés, et mes responsabilités politiques locales, ont facilité la reconnaissance de ma brusque mutation par les parents de mes élèves.

Q2C - En parcourant ton ouvrage, on est plongé dans un autre monde : autogestion, engagement social, recherche-action, attention portée aux enfants et à leur épanouissement, etc. Quel regard portes-tu sur l’école aujourd’hui, ses débats et la manière dont la société se la représente ? La Refondation de l’école, le recours à Jules Ferry, le retour de la morale, etc. ressemblent fort à une capitulation scolaire de la gauche. Après la conversion au libéralisme dans les années 80, le virage sécuritaire des années 90, la gauche abandonne aujourd’hui toute ambition émancipatrice pour l’école. Comment analyses-tu tout ça, toi qui écris « Nous n’avons pas évidemment la prétention de changer la société par l’école mais nous pensons cependant qu’une éducation, individuelle et collective, à la liberté et à la responsabilité, est un aspect important de la lutte autogestionnaire. Nous n’attendons donc pas une révolution hypothétique pour changer, à l’école, ce qui peut l’être. […] On ne peut concevoir l’autogestion à l’école avec seulement une visée pédagogique. Elle ne peut prendre son sens qu’en étant partie intégrante d’un projet de société. » ?

J. L. G. - Comme beaucoup d’organisations pédagogiques, d’éducation populaire, de parents, de syndicats, et des élus dont Jean Marc Ayrault, maire de Nantes, nous avons signé en octobre 2010, l’Appel de Bobigny « Vers un grand projet national pour l’enfance et la jeunesse ». C’était enfin un projet ambitieux pour construire ensemble « une politique publique de l’éducation à la hauteur des enjeux démocratiques du 21e siècle ».

Je suis donc très déçu par la Refondation de l’école qui se met en place car c’était une occasion historique pour enclencher une réelle transformation de l’école.

Pour en rester dans le champ de la démocratie à l’école, le Projet de Bobigny soulignait « qu’il en va de l’intérêt supérieur des enfants que leur participation démocratique aux collectifs éducatifs (établissements scolaires, accueils périscolaires, pause méridienne, centres de loisirs, etc.) soit promue, pensée et vécue autant que possible en lien et en harmonie avec leur participation aux décisions familiales qui les concernent ».

Cette organisation démocratique de l’école, des accueils périscolaires, de la pause méridienne, des centres de loisirs... est possible puisque des expériences existent. Mais pour qu’elle devienne une réalité pour tous les enfants, il est impératif que ce projet soit soutenu par une volonté politique déterminée, que les expériences existantes soient reconnues, que des formations soient organisées, que des expérimentations soient encouragées.

Aujourd’hui, comme hier, nous poursuivrons donc notre double action : renforcer nos pratiques démocratiques participatives dans et hors de l’école et agir pour que tous les pouvoirs publics s’engagent dans une réelle Refondation de l’école.

Q2C - Dans une longue lettre à Freinet, qui fut publiée dans L’Éducateur en 1963 et qui est reproduite dans l’ouvrage, tu poses la question de « L’esprit de notre pédagogie ». Ce texte est vraiment remarquable et je me demande si certains des dangers que tu dénonçais alors ne se sont pas concrétisés à travers la dépolitisation des mouvements pédagogiques. Qu’en penses-tu ?

J. L. G. - Dans ma lettre à Freinet, à partir des mes pratiques, de mes observations et de mes échanges, je lui présentais plusieurs interrogations dont certaines restent d’actualité. Pour le Mouvement Freinet, elles ne sont pas liées à une dépolitisation du Mouvement. Le Mouvement doit-il prendre position et engager des actions dans le champ politique et dans le champ social a toujours été une question suscitant des débats. Actuellement notre Mouvement est bien sûr engagé dans tout ce qui touche à l’école, à ses finalités, ses programmes, son organisation, mais il s’implique aussi lorsque des faits politiques et sociaux mettant en cause nos principes, nos valeurs, les droits de l’enfant… ont lieu dans le Monde.

En ce qui concerne les pratiques dans la classe et l’école, l’exercice de la liberté, la discipline, la gestion des conflits et des transgressions continuent à être l’objet de nos réflexions. J’ai beaucoup échangé avec Freinet sur cette question et étudié les pratiques de Pistrak, Makarenko, Korczak, Neil. Je continue à soutenir qu’il est nécessaire de réfléchir au « comment » en ayant clairement à l’esprit les principes institutionnels et éducatifs qui doivent être respectés, dont aujourd’hui le droit de participation démocratique des enfants au processus décisionnel : comment mettre en place l’exercice des libertés et une discipline participative ? comment éduquer les enfants à la liberté, à la responsabilité, à la démocratie ?

Une autre interrogation concernait la stratégie du Mouvement de l’Ecole Moderne :

. le mouvement de l’Ecole Moderne doit-il être un mouvement de travailleurs d’avant-garde de la pédagogie, qui connaissent et respectent nos principes communs et l’esprit des techniques Freinet ?

. ou devons-nous faire connaître le plus possible les techniques Freinet au risque d’entraîner avec nous, des enseignants qui ne verront que la pratique et non pas l’esprit ?

Cette question posait le problème de notre capacité à mettre en œuvre une formation pratique et théorique à la pédagogie Freinet, tout en demeurant des praticiens-chercheurs dans nos classes. Freinet dans sa réponse soulignait que « L’expérience de ces dernières années, m’incline à penser qu’il y a un très grave danger à susciter l’expansion de nos techniques vers des éducateurs et des groupes qui n’ont pas compris nos techniques et qui risquent d’en déformer l’emploi. Nous y risquons la scolastisation plus ou moins poussée de ces techniques, et à assez brève échéance, notre décadence et notre mort. »

Il préconisait de développer au maximum « des écoles pilotes qui montreront à tous, comment employer nos techniques, dans quel but et quel esprit. « Le problème reste posé aujourd’hui. Et nous continuons à revendiquer, la possibilité officielle de créer des écoles Freinet.

Q2C- Juste avant sa mort, Célestin Freinet émettait le souhait de te voir prendre en charge une commission syndicale-sociale-politique au sein de l’Icem. Cela ne put se faire et d’ailleurs le syndicalisme est assez peu présent dans ton texte. Quel regard portes-tu sur lui ?

J. L. G. - Le syndicalisme enseignant est en effet peu présent dans mon texte. Cela indique qu’au cours ma pratique pédagogique et militante pour une transformation de l’école, je n’ai pu coopérer avec lui qu’à de rares occasions, bien qu’étant syndiqué. Je continue cependant à penser que les syndicats enseignants pourraient être des lieux importants de réflexion pour organiser des recherches centrées sur la transformation de l’école. La revue L’Ecole Emancipée, dans les années 1920, en permettant à Freinet de présenter ses conceptions révolutionnaires, a joué un grand rôle dans la création de notre Mouvement pédagogique.

Q2C - L’ouvrage est co-édité par les éditions de l’Icem-Pédagogie Freinet et les Éditions libertaires, pourquoi ce choix ? Que signifie-t-il pour toi ? N’a-t-il pas fait grincer quelques dents ?

J. L. G. - L’expérience autogestionnaire de notre Mouvement a duré une vingtaine d’années, a mobilisé de nombreux militants et concerné donc de nombreuses classes, a suscité des débats, fait l’objet d’écrits, mais est demeurée cependant très peu connue. Je n’avais pas l’intention de raconter mon aventure personnelle. Je n’ai donc pas choisi mes éditeurs.

Cette édition est une histoire d’amitié et de rencontres militantes. Un jour…Thyde Rosell, avec qui j’avais coopéré à des projets au Sénégal, son compagnon Jean-Marc Raynaud, responsable des Editions libertaires, François Le Ménahèze, camarade d’action du Groupe départemental de l’Ecole, moderne, responsable des Editions de l’ICEM, m’en ont fait la proposition. C’était un guet-apens car je ne pouvais pas refuser. L’autogestion, pour les libertaires, est un principe et une pratique, toujours d’actualité, pour l’ICEM , elle fait partie de son histoire, et on m’attribuait, par avance, le Grand prix Ni dieu Ni maître, dont les finances iraient soutenir la pédagogie Freinet au Sénégal, dont avec Thyde, j’avais soutenu la renaissance. Comment refuser ?

Le partenariat entre les Editions ICEM et les Editions libertaires n’a posé aucun problème au sein de notre Mouvement dont, depuis ses origines, de nombreux libertaires font partie. L’école libertaire Bonaventure créée par Thyde Rosell et Jean-Marc Raynaud en était aussi adhérente. Lors de la première édition, j’ai été accueilli par de nombreux groupes anarchistes, dans toute la France, pour discuter d’autogestion, dans la société et dans l’école. J’ai beaucoup apprécié leur accueil et leur détermination et suis toujours reparti avec de nouvelles interrogations.


Le Maître qui apprenait aux enfant à grandir, un parcours en pédagogie Freinet vers l’autogestion, Jean Le GAl, Les Éditions Libertaires et Les Éditions Icem Pédagogie Freinet, 2013, 296 p., 15 €.

http://www.questionsdeclasses.org/?Entr ... -Le-Gal-Le
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Re: écoles alternatives, alternatives dans l'éducation

Messagede bipbip » 10 Mar 2014, 12:42

Vendredi 14 mars à Champigny-sur-Marne (94)

Discussion avec Laurent Ott :

Pédagogie sociale, une pédagogie pour toutes et tous :

parents, animatrices, éducateurs, enseignantes

Si l'Education Nouvelle a conquis son public et apparaît parfois comme un mode d'éducation souhaitable, souvent réservé à des privilégiées, la Pédagogie Sociale telle que définie par des grandes figures comme Freinet, Korczak, Freire affirme d'emblée un autre projet, une autre ambition. Il ne s'agit pas de donner la meilleure éducation possible, ni même d'adapter au mieux les enfants à la société que de placer la nécessaire transformation de la société au cœur de l'acte d'éduquer.

La Pédagogie sociale se base sur le développement de la conscience des acteurs, en leur permettant d'acquérir des pouvoirs essentiels à la vie sociale : pouvoir de s'exprimer, de s'engager, de s'organiser.

S'appuyant sur des outils théoriques et pratiques nombreux, éprouvés, mais peu employés, la Pédagogie Sociale concerne tout à la fois l'école, la famille et le tiers temps social.

Le Syndicat des Travailleurs de l'Education 94 de la CNT vous invite à en discuter avec Laurent Ott, éducateur, enseignant, philosophe social, chercheur en travail social et cofondateur d'Intermèdes Robinson (Longjumeau, 91) qui réalise une action de développement communautaire.

à 20h, Salle Rene Rousseau, 48 rue Jules Ferry, Champigny-sur-Marne (94)


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Messagede bipbip » 10 Avr 2014, 12:24

Tournée autour d’une école autogérée, coopérative et communautaire
à Barcelone

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Re: écoles alternatives, alternatives dans l'éducation

Messagede bipbip » 16 Mai 2014, 09:11

Une expérience Freinet dans le secondaire : Le CLEF de La Ciotat
http://www.cafepedagogique.net/lexpress ... 30131.aspx
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Re: écoles alternatives, alternatives dans l'éducation

Messagede Pïérô » 05 Juin 2014, 00:18

6 et 7 juin au LAP à Paris

Rencontre Education & Autogestion avec des écoles espagnoles

LAP (Lycée Autogéré de Paris), CNT (Confédération National de Travail), La Escueleta & Escola Libertaria de Sants

Les 6 et 7 juin, la CNT se met à l’heure espagnole, en proposant une rencontre avec des actrices et acteurs de deux écoles auto-gérées en Espagne. Deux projets, deux contextes, deux expériences : l’école parentale de Huesca, qui existe depuis 2011 et l’école de quartier en cours de construction à Sants, un quartier populaire de Barcelone en pleine ébullition.

Ce sera l’occasion de mettre en commun les projets et leurs revendications, de revenir sur leur construction, sur les enjeux et besoins actuels...

Pour échanger autour de ces projets, partager d’autres expériences éducatives auto-gérées, nous vous attendons nombreuses et nombreux le vendredi 6 juin à 20h pour un débat, puis le samedi 7 juin à partir de 20h pour une paëlla/discussion, au 33 rue des Vignoles.

Un concert de Bato Loko est prévu le vendredi soir

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Re: écoles alternatives, alternatives dans l'éducation

Messagede bipbip » 14 Juin 2014, 23:54

Vendredi 20 juin, Grenoble

Pédagogie sociale : pour une véritable émancipation de tout-e-s

Dans le cadre des soirées causeries de la CNT, les syndicats de l’éducation et santé sociale proposent une rencontre autour de la pédagogie sociale.

Plus qu’une technique c’est un véritable mouvement qui fédère dans leurs pratiques des enseignant.e.s, des animateurs/trices et des éducateurs/trices autour d’idées simples : ne plus accueillir mais rejoindre, ne plus accompagner mais « être avec », ne plus raisonner en distance mais en proximité. La pédagogie sociale est une pédagogie militante, inscrite dans un combat social émancipateur. Elle repose sur le principe d’un accueil inconditionnel, d’une recherche de l’autonomie et la production d’outils spécifiques : pratiques de conseils ou d’assemblées, journaux, correspondance, organisation communautaire, etc. Elle investit les espaces délaissés de la ville, la rue, avec un souci acharné de l’entraide et de la convivialité. Si la pédagogie sociale a été élaborée et popularisée par une pédagogue polonaise, Hélène Radlinska, elle est aussi influencée par des auteurs/instituteurs/éducateurs, tels que célestin Freinet, Janus Korczak ou Paulo Freire.

Pour la découvrir, en causer, nous accueillerons Mélody Dababi, pédagogue sociale, de l’association Mme Ruetabaga de Grenoble, et Laurent Ott , pédagogue social, philosophe, chercheur en travail social, de l’
association Intermèdes Robinson à Longjumeau.

à 19h30, entrée libre, 102 rue d’alembert / Grenoble

Le 102 est un espace autogéré, fonctionnant sans subvention, occupant des locaux appartenant à la Ville de Grenoble. Depuis 1983 des associations y organisent concerts, séances de cinéma expérimental, expositions, théâtre, danse, rencontres, débats... avec pour but de faire découvrir autre chose, autrement.

(Le lieu est accessible aux personnes handicapées)

http://grenoble.indymedia.org/2014-04-2 ... -veritable
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Re: écoles alternatives, alternatives dans l'éducation

Messagede bipbip » 18 Oct 2014, 13:05

Mercredi 5 novembre 2014

5e Salon de la pédagogie Freinet

A partir de 13h, Maison des métallos, 94, rue Jean-Pierre Timbaud, Paris 11e

Salon organisé par l’ICEM – pédagogie Freinet et l’IPEM, son groupe départemental parisien Avec le partenariat de la Maison des métallos


Programme

13 h : Accueil des participants

13 h 20 : Ouverture du Salon par la Maison des métallos et par l’IPEM

13 h 30 à 15 h : Table-Ronde sur le thème « Désirs de savoirs, désir d’enseigner » avec :

- Philippe Meirieu, auteur récemment de Le plaisir d’apprendre ;

- Serge Boimare, auteur de Ces enfants empêchés de penser et La peur d’enseigner ;

- Martine Boncourt, membre de l’ICEM, auteur de L’autorité à l’école, mode d’emploi.

Animation : Philippe Mourrat (directeur de la Maison des métallos)

15 h à 15 h 30 : Pause (visite des stands, échanges informels)

15 h 30 à 16 h 30 : Ateliers autour du thème « Désirs de savoirs, désir d’enseigner. Et si la pédagogie Freinet... »

- Atelier 1 : Découvrir la pédagogie Freinet

- Atelier 2 : Agir contre les empêchements à apprendre

- Atelier 3 : Se lancer en créations mathématiques et en textes libres

- Atelier 4 : Faire vivre les désirs individuels et collectifs dans la classe

- Atelier 5 : Travailler en pédagogie Freinet sur un an

16 h 30 à 17 h 30 : Échanges informels

(les animateurs d’ateliers auront un badge indiquant l’atelier de façon à ce que les visiteurs puissent les repérer et aller plus loin dans l’échange)

Entrée libre en fonction des places disponibles
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Re: écoles alternatives, alternatives dans l'éducation

Messagede Pïérô » 07 Nov 2014, 11:09

Samedi 8 novembre à Massy (91)

Mois du film documentaire : École et éducation

Projection débat « Les enfants de Summerhill »
Film de Bernard KLEINDIENST (1997)

L'école de Summerhill, fondée par Alexander Neill en 1921 en Angleterre, accueille des enfants rétifs au système scolaire traditionnel. Les enfants sont libres de s'intéresser ou pas à une matière, expriment à leur gré leurs aptitudes artistiques, décident du règlement intérieur en commun avec les professeurs et le directeur. Vision utopique de l'éducation ou épanouissement d'enfants devenus des adultes heureux ? D'anciens élèves témoignent.

Cette projection sera suivie d'une conférence sur les pédagogies alternatives, faite par Irène Pereira, docteur en sociologie.

à 17h, Médiathèque Hélène Oudoux, Allée Albert Thomas, Quartier Villaine Massy (91).
Tout public
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