Pour la gratuité de l'enseignement supérieur

Pour la gratuité de l'enseignement supérieur

Messagede bipbip » 01 Sep 2012, 00:42

Communiqué unitaire Fédération SUD Étudiant et Fédération Syndicale Étudiante

FACE À LA PRÉCARITÉ ÉTUDIANTE : REVENDIQUONS LA GRATUITÉ DE L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR ET UN RÉINVESTISSEMENT PUBLIC MASSIF !

La précarité des étudiant-e-s est une réalité criante, les différentes enquêtes publiées ces derniers jours sur le coût de la vie étudiante qui augmenteraient cette année de 3,7% (l’inflation générale étant prévue à 1,6%), ne font qu’accentuer cette réalité déjà ancienne. On voit ainsi une augmentation inquiétante du nombre d’étudiant-e-s salarié-e-s (73% actuellement), qui sont soumis-e-s à des temps de travail de plus en plus longs. Ceci n’est pas sans avoir des conséquences désastreuses sur l’échec des étudiant-e-s qui ont un taux de réussite en moyenne deux fois inférieurs aux non salarié-e-s, notamment ceux-celles issu-e-s des classes populaires, de moins en moins nombreux-se-s dans l’enseignement supérieur.

Sans prendre en compte cette réalité, le gouvernement a décidé d’augmenter de plus de 2% les frais obligatoires (frais d’inscription, tickets des restaurants universitaires, frais de sécurité sociale) pour les étudiant-e-s à la rentrée 2012-2013. Si les bourses ont été revalorisées de 2,1%, cela ne concerne que 20% des étudiant-e-s, et cette hausse est plus qu’insuffisante pour répondre à la crise du logement ou à l’augmentation des prix alimentaires. Par ailleurs, les CROUS ne se gênent pas pour exiger d’un grand nombre d’étudiant-e-s considéré-e-s comme « non-assidu-e-s » le remboursement de leurs bourses, les mettant ainsi dans une situation de grande difficulté financière, nouvelle phase du processus de précarisation des étudiant-e-s, comme nous le soulignions dans notre communiqué sur les luttes étudiantes à Toulouse en juillet dernier .

De plus, en ne rompant pas avec la politique des gouvernements Sarkozy sur le logement et les aides sociales, le gouvernement poursuit son soutien à la privatisation rampante des CROUS avec le projet CROUS 2020 : au lieu d’être financés selon les besoins réels des étudiant-e-s en termes de logement ou de restauration, les CROUS seront financés selon leur rentabilité et leur capacité à trouver d’autres sources de financements que les fonds publics. Les avantages au logement privé (caution solidaire, système Lokaviz…) sont maintenus, transformant le CROUS en agence immobilière.

Nous ne cessons de répéter que c’est le climat d’exclusion, la mise en concurrence des étudiant-e-s et des universités entre eux-elles, la privatisation rampante, la course à l’ « excellence », la sélection sociale, la professionnalisation des filières, qui amènent un grand nombre d’étudiant-e-s à abandonner leurs études en cours de route ou à renoncer à s’inscrire.

Il est clair que compte-tenu de la situation, seul un mouvement social d’ampleur pourra faire changer la donne et permettre aux étudiant-e-s de faire passer leurs revendications. Comme au Québec, n’ayons pas peur de nous mobiliser tou-te-s ensembles pour la gratuité de l’enseignement supérieur ! Face à l’urgence sociale, des solutions existent. SUD Étudiant et la Fédération Syndicale étudiante exigent :

•- La gratuité totale de l’enseignement supérieur avec la disparition des frais d’inscription, y compris dans les établissements publics à statut dérogatoire ;
•- Le retour à un financement paritaire du ticket RU par l’État ;
•- L’extension de la CMU complémentaire à tou-te-s les étudiant-e-s sans condition afin de soustraire la santé étudiante de la sphère marchande des mutuelles privées ;
•- Un plan massif de construction et de réhabilitation de logements étudiants publics dignes et à bas loyer afin de répondre à la crise du logement, ainsi que la réquisition des logements vides ;
•- L’augmentation en nombre et en montant des bourses sur critères sociaux, versées de manière régulière, sur 12 mois, avant d’instaurer un revenu pour les étudiant-e-s se déclarant fiscalement indépendant-e-s de leurs parents, financé par les cotisations sociales.


Fédération SUD Étudiant
Porte-parolat : 06 86 80 24 45
sud-etudiant@sud-etudiant.org
http://www.sud-etudiant.org

Fédération Syndicale Étudiante
Porte-parolat : 06 13 96 43 47
fse.relations@luttes-etudiantes.com
http://www.luttes-etudiantes.com

le 29 août
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bipbip
 
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Re: Pour la gratuité de l'enseignement supérieur

Messagede Ulfo25 » 17 Sep 2012, 12:51

Article du Monde qui pourrait répondre de façon négative à cette demande de gratuité dans le supérieur.

La formation la mieux encadrée, la plus onéreuse par étudiant pour l'Etat, celle qui ouvre les portes des très grandes écoles et, du même coup, les postes les plus en vue du pays est gratuite. Aucun droit d'inscription n'est demandé aux étudiants en classe préparatoire aux grandes écoles, quand l'inscrit à l'université s'acquitte de 181 euros.

Selon nos informations, ce privilège, le gouvernement envisage de le supprimer, du moins pour ceux qui ne sont pas boursiers. "C'est une piste à étudier, confie-t-on dans l'entourage de Geneviève Fioraso, ministre de l'enseignement supérieur. Elle le sera sans doute en début d'année prochaine." De même source, on confie qu'il y a là une question d'"équité": "Il faut que toute personne entrant dans le postbac se trouve dans la même situation."

L'aspect financier n'est évidemment pas indifférent dans un contexte de surendettement de l'Etat. Cette mesure peut rapporter quelque 9 millions d'euros si les familles s'acquittent des 181 euros demandés à chaque étudiant qui s'inscrit en licence à l'université. Et 13 millions d'euros si les droits d'inscription étaient alignés sur ceux payés par les étudiants en master, soit 250 euros. A ces économies publiques pourraient s'ajouter 16millions d'euros en faisant payer 181 euros aux étudiants de section de technicien supérieur (STS), classes préparant aux brevets de technicien supérieur (BTS), qui pourraient aussi être concernés.

79 000 ÉLÈVES SOUVENT ISSUS DES CLASSES SOCIALES AISÉES

L'anomalie tient à l'histoire de ces classes, qui sont installées dans les lycées et bénéficient de ce fait du même statut que les classes de lycée public, où l'enseignement est gratuit. Dans la pratique, certains élèves des classes préparatoires paient déjà une inscription à l'université. C'est le cas dans la filière littéraire, où il n'y a pas de garantie de décrocher un concours à l'issue des deux années : l'élève d'hypokhâgne s'acquitte des 181 euros de droit d'inscription que requiert une entrée en licence à l'université, même s'il n'y suit pas les cours.

Mais les classes préparatoires littéraires ne représentent pas les gros bataillons d'élèves de prépa. En prépa économique, et plus encore en sciences, les places en école étant plus nombreuses que les candidats, l'inscription à l'université reste rare. C'est donc là qu'est le vivier.

Le gouvernement ouvre ce dossier au nom de la justice sociale. Les 79 000 élèves de classe préparatoire publique, issus du long écrémage du système éducatif, appartiennent plus que d'autres aux classes sociales aisées: 51 % sont enfants de cadres et professions intellectuelles supérieures (contre 30,6 % à l'université) et 6,3 % seulement d'ouvriers (contre 10,4 %). Un quart d'entre eux seulement sont boursiers de l'enseignement supérieur (contre 35 % à l'université).

"UNE MESURE LOGIQUE"

En prépa, les élèves bénéficient en outre des meilleurs professeurs, et une partie d'entre eux intégrera les écoles les plus prestigieuses du pays, garantie à moyen terme d'un emploi très rémunérateur, et parfois elles aussi... gratuites (Polytechnique, Ecole normale supérieure). Qu'ils payent dorénavant leur scolarité peut donc paraître juste.
"Ce serait une mesure logique, estime le sociologue Eric Maurin, dans la mesure où cela rétablirait un peu d'égalité républicaine. Si l'on prend en compte l'argent public qui est investi dans le postbac, on constate de grandes différences." De fait, selon le ministère de l'éducation nationale, quand l'Etat consacre 1 5240 euros à chaque élève de prépa, il ne dépense que 10 180 euros pour l'étudiant d'IUT et d'université.

Même avantage pour les STS publiques. Chacun de leurs 150000 élèves coûte 13 800 euros à l'Etat. L'argument de justice sociale est en revanche moins pertinent pour ces formations en deux ans. Les STS n'accueillent que 16 % d'élèves issus de familles de cadres, mais 21,3 % d'enfants d'ouvriers. Et 42 % à 45 % d'entre eux sont boursiers.

"PAS UNE BONNE NOUVELLE POUR LES FAMILLES"

Patrice Corre, vice-président de l'Association des proviseurs de lycée à classe préparatoire, ne trouve "pas scandaleux" qu'une telle mesure soit prise en classe préparatoire aux grandes écoles. D'autant, dit-il, que cela aurait le mérite de "clarifier une situation où, aujourd'hui, les familles sont invitées à régler des frais complémentaires facultatifs fixés établissement par établissement". Au lycée Henri-IV, à Paris, par exemple, cela représente 65 euros par an et permet de couvrir, entre autres, les frais de reproduction.

Les familles, elles, ne voient pas les choses de la même manière. La PEEP estime que cela ne serait "pas une bonne nouvelle pour les familles", déjà aux prises avec la dispendieuse nécessité de loger un enfant étudiant et d'assumer les frais des concours d'après-prépa (plusieurs centaines d'euros entre le concours lui-même et les déplacements). "Ce sera une charge supplémentaire", regrette Valérie Marti, présidente de l'organisation représentative. Mais les familles des élèves de prépa ne sont-elles pas plus favorisées que les autres ? "Oui, mais il n'y a pas que des familles aisées en prépa!, réagit-elle. Il y a toutes les autres. C'est facile de parler d'élitisme si on n'aide pas les élèves brillants issus de familles moins favorisées!"

Du côté de l'autre fédération de parents d'élèves, la FCPE, on aborde le sujet sous un autre angle. "Je comprends que l'on se pose la question, mais ce n'est pas la bonne à ce stade, souligne son président, Jean-Jacques Hazan. La priorité, c'est la refonte du système éducatif et mener une réflexion globale sur la restauration d'une vraie gratuité de l'école, avant de regarder comment on pourrait la limiter..." Par ailleurs, met en garde M. Hazan, "si on commence à mettre des frais de scolarité dans le secondaire, où cela va-t-il s'arrêter?" Un risque largement improbable à ce stade.

Benoît Floc'h
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Re: Pour la gratuité de l'enseignement supérieur

Messagede Ulfo25 » 18 Sep 2012, 08:32

Interview de la ministre Fioraso Le Monde

Alors que 1,5 million d'étudiants, sur un total de 2,4 millions, font leur rentrée universitaire, Geneviève Fioraso, la ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche, doit tenir, mardi 18 septembre, sa conférence de presse de rentrée. Dans un entretien au Monde, elle reconnaît les difficultés financières d'un bon nombre d'universités, tout en assurant qu'aucune "ne fera faillite". Elle assure qu'elle réussira à "à tirer son épingle du jeu" dans le cadre du budget 2013 et s'insurge contre places laissées vacantes dans les formations courtes en deux ans : environ 12 000 pour préparer les BTS (brevet de technicien supérieur) et 8 000 en IUT (institut universitaire de technologie). "C'est intolérable", estime-t-elle. Entretien.

En juin, vous avez annoncé que vingt-trois universités françaises avaient accusé un déficit en 2010 et 2011. Louis Vogel, le président de la CPU [conférence des présidents d'université] ne cache pas son inquiétude concernant les moyens financiers des universités jusqu'en 2013. Quelle est la véritable situation ?

Sans vouloir tomber dans le catastrophisme, la tendance est bel et bien à l'aggravation de la situation financière de certaines universités. Il y a des situations tendues, même si aucune université ne fera faillite ! Onze universités ont accusé un déficit en 2010 et en 2011. Le chiffre de vingt-trois évoqué fin juin portait sur le nombre d'universités en déficit en 2011. Finalement, elles ne seront qu'une vingtaine. Trois universités, dont les comptes étaient en retard, ont finalement présenté un compte positif pendant l'été, après le travail des commissaires aux comptes. Par ailleurs, entre seize et vingt seront en déficit ou auront une trésorerie nulle au début 2013.

La raison de cette situation est très simple : une fois la LRU [loi relative aux libertés et responsabilités des universités] votée, le transfert de la masse salariale, qui représente 90 % du budget des établissements, a été brutal et mal fait. L'évolution des salaires, notamment les effets liés à l'ancienneté, a été fortement sous évaluée de 40 et 50 millions d'euros par an, ce qui, cumulé au fil des ans, représente un manque de 200 millions d'euros. ll n'y a eu aucun accompagnement dans la mise en place de l'autonomie des universités.

Un décret de 2008 prévoit qu'une université accusant un déficit deux années de suite soit mise sous tutelle et que son budget soit établi par le recteur. Allez-vous l'appliquer ?

Non, aucune université ne sera mise sous tutelle. Ce n'est pas notre philosophie. La tutelle rectorale aveugle n'a pas de sens. Elle ne favorise pas l'autonomie. Nous préférons l'accompagnement, pour identifier les causes des déficits, et mettre au point un plan d'action.

Quelle est votre méthode ?

Des équipes d'ingénierie vont travailler avec le rectorat et les universités pour trouver des solutions. Par ailleurs, nous travaillons aussi sur la question du fonds de roulement. La LRU oblige les établissements à avoir un mois de fonds de roulement, comme d'ailleurs tous les établissements publics. Cela n'a pas de sens, étant donné que le paiement des salaires, le premier poste de dépense, est assuré par l'Etat. L'idéal serait que les universités puissent diminuer ce seuil pour avoir un peu plus de marges de manœuvre. Nous travaillons en ce sens avec Jérôme Cahuzac, mon collègue du budget. Enfin, pour les universités réellement sous-dotées, et il y en a, nous mettrons en place des systèmes de péréquation, de mutualisation de certains services. Les 1 000 nouveaux postes dévolus au supérieur seront affectés là où il y en a le plus besoin, avec des objectifs précis. Pour certaines universités, cela peut représenter de 20 à 25 postes.

François Hollande a confirmé, le 9 septembre, que seuls trois ministères (éducation, sécurité et justice) seraient épargnés par les économies. Quel sort sera réservé à l'enseignement supérieur ?

Tous les arbitrages pour le budget 2013 ne sont pas faits, mais je peux vous assurer que nous arriverons à tirer notre épingle du jeu. Le président de la République a placé dans le redressement du pays la formation et la recherche. Je pense qu'on arrivera à distribuer en 2013 plus que ce qui a été réellement débloqué en raison des gels budgétaires

L'augmentation des frais d'inscription à l'université est-elle une piste, notamment pour les étudiants étrangers des pays où il n'y a pas de réciprocité et où les étudiants français paient le prix fort ?

Il n'en est pas question. Nos faibles droits d'inscription sont une chance pour accueillir les étudiants des pays proches, ceux d'Afrique et du Maghreb, et même d'Asie.

Et pour les étudiants français ?

Il n'y aura pas non plus d'augmentation. Ce serait un très mauvais signal adressé aux jeunes des classes modestes. En revanche, nous allons remettre à plat les aides sociales actuelles en vue de la mise en place d'une allocation d'autonomie qui sera distribuée sous conditions de ressources. Nous allons donc revoir le cumul de l'allocation logement et de la demi-part fiscale. Une négociation aura lieu sur ce sujet avec les syndicats d'étudiants en décembre. Notre objectif est que plus aucun étudiant n'ait un travail supérieur à un mi-temps, ce qui est le cas de 15 à 17 % d'entre eux. Or, c'est incompatible avec la réussite.

L'une des vos priorités est la réussite en premier cycle. Comment y parvenir, quels moyens allez vous déployer ?

C'est une mobilisation sans précédent, qu'il faut engager en ayant une vue d'ensemble sur toutes les filières, grandes écoles, IUT, BTS, licence. Il faut revaloriser l'image de l'université, et je fais confiance aux enseignants. Cela devra faire partie des réflexions des Assises de l'enseignement supérieur, qui se tiennent actuellement. L'offre de formations des universités est pléthorique et donc peu lisible : il y a 3 300 intitulés de licence et 6 600 de Master. Une simplification est nécessaire. Mais elle devra être réalisée par les universités elles-mêmes, et non par le ministère de l'enseignement supérieur. Aujourd'hui, les employeurs ont du mal à avoir une visibilité sur les formations universitaires et les jeunes qui ont du mal à décoder les offres de formations sont handicapés.

Les bacheliers professionnels et technologiques ont bien du mal à trouver des places en IUT et en BTS. Ils se retrouvent souvent à l'université, où certains sont en situation d'échec...

Je viens d'écrire aux recteurs d'académie et aux présidents d'université afin qu'ils prennent en priorité ces jeunes en IUT et BTS. Il y a encore des places vacantes dans ces cursus, c'est intolérable ! Cela ne signifie pas qu'on les prédestine à des carrières courtes. Ce que l'on veut surtout, c'est éviter de les envoyer au casse-pipe. Sur cent bacheliers de la filière technologique, seuls dix obtiennent leur licence en trois ans.

Cela signifie aussi qu'ils sont mal orientés...

L'orientation est un sujet essentiel. Nous y travaillons avec Vincent Peillon [ministre de l'éducation]. Notre objectif est de créer un service public de l'orientation territoriale, qui permettra de faire connaître dès le lycée les différents métiers.

Propos recueillis par Nathalie Brafman et Isabelle Rey
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