l’Éducation n’est pas une marchandise.

l’Éducation n’est pas une marchandise.

Messagede Pïérô » 23 Avr 2012, 11:59

Un articlee de SUD éducation qui permet de faire le point sur les réformes menées depuis quelques années, et les enjeux :

L’École n’est pas une entreprise , l’Éducation n’est pas une marchandise.

Depuis plusieurs années, une accumulation de dispositifs divers secoue l’Éducation Nationale. Des mesures aussi disparates que la suppression de l’école le samedi matin, l’instauration de l’aide personnalisée, les stages de remise à niveau CM1-CM2 maintenant expérimentés au cycle 2, les évaluations standardisées en CE1 et CM2, la multiplication des postes à profil, l’attribution de primes, la quasi-suppression de la carte scolaire, l’introduction du livret personnel de compétences qui sert à valider le socle commun, l’accroissement du fichage informatique des élèves au moyen de la base élèves, les évaluations/inspections d’école, peuvent apparaître sans lien entre elles.

Pourtant, cet ensemble très cohérent contribue à la réforme structurelle de l’École voulue par les partisans de l’introduction de la logique du marché dans le système éducatif. Dans la pensée capitaliste, c’est à chacun, au nom du principe de liberté, de choisir ce qui est bon pour lui. Les pouvoirs publics n’ont pas à dépenser de l’argent pour offrir à tous les individus la formation la plus large possible. Si tout le monde n’a pas besoin d’avoir lu la Princesse de Clèves pour que le système fonctionne, tout le monde doit maîtriser les sept compétences du socle commun. Désormais, la formation de l’esprit critique et la démocratisation de la culture sont obsolètes ; l’employabilité prime. À l’issue d’une formation initiale, tout individu doit être immédiatement productif.

Comment les mesures adaptent-elles l’école à cette nouvelle mission ? Quels sont les éléments clés du dispositif qui restent à mettre en place ? Que propose Sud éducation ?


De l’école désorganisée…

Le système capitaliste est en train d’adapter l’école à ses nouveaux besoins. Pour cela, il procède en deux temps.

Il a d’abord commencé par conduire des contre-réformes qui ont désorganisée l’école primaire. Ainsi, les suppressions de postes, la semaine de quatre jours, l’aide personnalisée, les nouveaux programmes n’ont fait que la dégrader pour l’obliger à se transformer. Cette phase étant achevée, il va maintenant la remodeler en introduisant un nouveau mode de gestion du système scolaire.

La mise en concurrence des écoles, des enseignants, voire des usagers à travers l’assouplissement de la carte scolaire, les résultats des évaluations nationales, les primes, les heures supplémentaires, fragilisent la solidarité d’une profession et contribuent à soumettre les enseignants à la nouvelle norme : le dogme de l’école entreprise. Peu importe la qualité des données chiffrées remontées, centralisées et traitées grâce aux applications informatiques, elles servent d’indicateurs pour le pilotage du système par les instances de l’Éducation nationale.

Bref, les conditions d’enseignement se dégradent au fil des ans ; les outils indispensables au fonctionnement d’une école entreprise se mettent en place petit à petit.


… À l’ école entreprise

Cette nouvelle école aux objectifs très limités sera autonome, dirigée par un directeur au statut de supérieur hiérarchique. Elle pourrait prendre des formes multiples : dispositif ECLAIR, E2P, École du socle, Regroupement scolaire.

L’attribution d’un statut de supérieur hiérarchique au directeur lui donnerait le pouvoir de contrôler, de certifier que les résultats sont conformes aux objectifs retenus suite aux inspections d’école. Il aurait alors le pouvoir de récompenser les éléments dociles mais aussi de sanctionner ceux qui s’écarteraient de la norme.

Depuis 1998, divers projets de transformation de l’École primaire en un Établissement autonome ont vu le jour avant d’être mis en sommeil. Ils réapparaissent sporadiquement mais leur création se révèle politiquement délicate. La restructuration organisationnelle nécessite un passage par la Loi et implique la fermeture des écoles de proximité auxquelles sont attachés les usagers. Cependant, l’application de la réforme des collectivités territoriales va petit à petit modifier le schéma territorial autour des Communautés de communes, d’agglomérations.

Un transfert de la compétence scolaire et des coûts financiers vers ces structures conduira à une redéfinition de l’offre scolaire ; des regroupements sous forme d’établissements deviendraient envisageables. À terme, le statut de fonctionnaire d’État des enseignants du primaire pourrait être modifié.


Pour Sud éducation, l’École n’est pas une entreprise , l’Éducation n’est pas une marchandise.

C’est pourquoi nous pensons qu’il faut promouvoir les pratiques et valeurs coopératives d’entraide, entre collègues , entre les élèves pour faire échec aux valeurs de concurrence et à l’idéologie de compétition sur lesquelles se fondent l’école et la société capitaliste. Les valeurs que nous soutenons sont à l’opposé de celles de l’école-entreprise où priment le pilotage, les indicateurs, le management, le mérite, l’autonomie ou encore l’individualisme. Nous sommes pour un fonctionnement anti-hiérarchique et collégial des écoles.
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Re: l’Éducation n’est pas une marchandise.

Messagede Pïérô » 02 Mai 2012, 14:36

Lu sur SUD educ Aveyron

L’EDUCATION EST CONÇUE COMME UN SERVICE RENDUE A L’ECONOMIE

« Les fondateurs de la IIIe république avaient assigné à l’école trois missions : former l’homme, le citoyen et le travailleur. L’école, de Jules ferry s’inscrivait donc dans une économie capitaliste en développement, qui avait besoin d’une force de travail qualifiée. Mais en tant qu’institution d’Etat, elle a rempli d’autres missions, certes de manière limitée : elle a unifié culturellement le pays, elle a élevé le niveau d’instruction…

Dans le modèle néolibéral élaboré dans les années 1980 sous l’impulsion de l’OCDE, de la Banque Mondiale ou de la commission européenne, l’éducation est conçue comme un service rendu à l’économie, d’abord parce qu’elle produit un « capital humain », ensuite parce qu’elle est une source de compétitivité économique et source de revenus individuels, via les diplômes.

La France commence à mettre en œuvre deux éléments clés de ce modèle :

- d’une part, un fonctionnement d’entreprise avec, à terme, un chef d’établissement « patron » qui recrute et évalue ses employés ;

- d’autre part, le reconditionnement des contenus transmis par l’école. L’exemple le plus flagrant est le « socle des connaissances et compétences », dont les sept « piliers »sont des normes d’employabilité définies par les industriels.

On n’assiste pas à un progrès social qui nous débarrasse des inégalités de « l’élitisme républicain » comme certains l’on cru, mais à l’ajout de nouvelles inégalités.

La gauche qui a laissé se déployer la nouvelle école capitaliste dans les années 1980, se saborde elle-même. »


Article de Christian Laval, professeur de sociologie à l’université de ParisX-Nanterre publié dans Télérama du 21 au 27 avril 2012
http://www.sudeducation12.org/a-la-une/ ... e-comme-un
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Re: l’Éducation n’est pas une marchandise.

Messagede ivo » 05 Sep 2012, 12:27

et les vacances ? ^^

Vers un raccourcissement des vacances d'été ?
fr info
Interrogé sur la proposition, faite par l'industrie touristique, d'instaurer un zonage des vacances d'été - comme pour les autres vacances scolaires - le ministre de l'Education a dit mercredi "examiner avec sérieux et intérêt" l'idée. L'association Familles de France réagit.

Ce ne sont encore que des idées en l'air. Quoique... Le raccourcissement des vacances d'été est un vieux serpent de mer, qui refait surface à chaque rentrée. Le nouveau ministre de l'Education nationale, Vincent Peillon, en passe aussi par là. "Si nous arrivons à faire en sorte que l'intérêt des élèves, dans un an, dans deux ans, soit prioritaire, alors il y a un certain nombre d'éléments qui doivent être pris en compte pour que tout le monde puisse se mettre dans cette dynamique".

Et puisque l'on parle beaucoup, en ce moment des rythmes scolaires, il a été question d'un éventuel zonage des vacances d'été - la proposition vient de l'industrie touristique elle-même. "J'examine avec sérieux et intérêt. Je n'ai pas trouvé cette proposition sotte", a réagi le ministre mercredi.

Et Vincent Peillon d'en profiter pour rappeler, au passage, qu'il n'était "pas défavorable à l'allongement d'une ou deux semaines de l'année scolaire".

On satisfait les professionnels du tourisme et des industriels au détriment du bien-être de l'enfant

Le directeur général de l'association Familles de France a critiqué un potentiel "zonage" pour juilet-août, "on le voit bien pendant les vacances de printemps et d'hiver, beaucoup de familles vivent sur plusieurs départements. Si cela se fait pendant les vacances d'été, ce serait extrêmement dommage. L'été, c'est le moment où on retrouve ses cousins, le moment de la rencontre, cette mesure serait dommageable pour l'esprit de la famille. On satisfait les professionnels du tourisme et des industriels au détriment du bien-être de l'enfant et des familles".

comment:
M. Vincent Peillon ! SVP ! SVP ! Silence !!! L'école travaille ! Et depuis quand les intérêts financiers de l'industrie du tourisme sont-ils compatibles avec celui des élèves ?
.^o GRAVOS MC ° SC1 ° SC2
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Re: l’Éducation n’est pas une marchandise.

Messagede Ulfo25 » 19 Sep 2012, 09:52

Et les profs internet alors ?

Intégrer pleinement les réseaux à l'enseignement, jusqu'à autoriser Internet au Bac. C'est le débat lancé par nos amis de la revue Usbek & Rica, ce 18 septembre à la Gaité Lyrique à Paris, à l'occasion d'un nouveau Tribunal pour les générations futures. Pour nourrir cette réflexion, reportage chez les révolutionnaires de la pédagogie.

Ce reportage est à retrouver dans le dossier « La revanche des cancres » à la Une du dernier numéro d’Usbek & Rica.

Au guidon d’un tricycle propulsé par un extincteur, Walter Lewin traverse l’amphithéâtre du MIT à toute allure en hurlant « Yihaaa ! ». Ses étudiants de physique – disons plutôt son public – se marrent et applaudissent. À la question rituelle « Quel est ton prof préféré ? », tous répondent mister Lewin, à Boston. La réponse serait la même à Dallas, Guingamp ou Hô Chi Minh-Ville : sur Internet, les cours de cet allumé à l’accent hollandais sont visionnés deux millions de fois chaque année. Pas besoin de frais d’inscription pour être un disciple de celui qui prône la nécessité «d’être un artiste pour motiver ses étudiants».

À 76 ans, Lewin représente une nouvelle génération d’enseignants, qui utilisent le « je » à tout bout de champ, gèrent leur image comme des vedettes de cinéma et font fructifier leurs talents de pédagogue bien au-delà de leur quota d’heures légal. Cette vogue vient d’Amérique, qui toujours chérit ses self-made men et sait apprécier les performances. Dans le jargon, on les appelle les trophy professors, ceux que les facs s’arrachent chaque été au terme de transferts dignes de la NBA.

À la maxime « Publish or perish », qui symbolise le souci vital des profs d’apposer leur nom dans les revues prestigieuses, un nouveau commandement est en passe d’apparaître : « Entertain ! »

Prime aux barjots

Aux côtés de l’inénarrable Lewin (il faut le voir, en tenue de safari, tirer au canon des balles de golf sur un faux singe pour expliquer la gravité) brille une constellation de profs stars, précurseurs d’une ère nouvelle où la matière, dopée au marketing personnel, devient marché de niche. Tel le philosophe américain Michael Sandel, dont le cours intitulé « Justice avec Michael Sandel » est un succès planétaire. Pas de plan en trois parties, mais une question, de laquelle découle un raisonnement richement argumenté : « Peut-on justifier la torture ? », « Combien vaut une vie humaine ? »… Son site annonce ses dates de tournée et propose une ribambelle de produits dérivés.

Moins profs que prophètes, ces hommes de spectacle savent monétiser leur charisme.


Je veux devenir le Lady Gaga de la finance !

C’est ce que clame Aswath Damodaran, 10 000 abonnés sur Twitter, des livres à la pelle, toujours bien placé aux baromètres des profs les plus influents (il exerce dans une demi-douzaine de facs à la fois). Son confrère Ron Clark, élu « Instituteur de l’année » aux Disney Awards 2001, fait son beurre au niveau élémentaire. Ses [PDF] « 55 règles » de vie en classe et sa pédagogie énergique, forgées dans des écoles publiques de Harlem, ont même eu l’honneur d’une sitcom avec Matthew Perry. Comme tout bon gourou en devenir, Clark a tôt fait de quitter l’Éducation nationale pour créer sa propre académie privée.

Ces deux ambitieux font figure de débutants comparés au prof le plus populaire de la planète. Celui qui a élevé le cours de maths au stade industriel. Salman Khan travaillait dans la finance quand sa petite cousine, fâchée avec l’arithmétique, lui demanda de l’aide sur messagerie instantanée. L’expérience fut si concluante qu’en quelques mois Sal s’est retrouvé à la tête de la plus grande école alternative (et dématérialisée) du monde. Plus de 60 millions d’élèves suivent ses chaînes thématiques gratuites, traduites dans plus d’une dizaine de langues. Et la Khan Academy attire désormais une nouvelle clientèle : des écoles publiques américaines qui n’hésitent pas à utiliser directement ses méthodes.

De vulgarisation à vulgarité, la frontière est poreuse. La nouvelle génération de profs cliquables joue parfois le show pour le show. Comme Charles Nesson, cybergourou senior basé à Harvard, qui milite pour l’utilisation du poker dans les méthodes d’apprentissage. Ou Bucky Roberts, un trentenaire à casquette – mais sans baccalauréat –, qui depuis sa chambre a lancé un tutoriel à l’imparable simplicité, baptisé « The New Boston ». Peut-être grisé par le succès, Bucky élargit son offre vers le bizarre : « Construire un kart », « Jouer au backgammon » ou « Survivre en milieu sauvage ».

En comparaison, le marché français est encore en voie de développement. Mais nos vedettes nationales, qui savent drainer un public d’âge mûr, ont compris la nécessité d’élargir leur gamme sans renier les fondamentaux. Au rayon philosophie, Michel Onfray joue toujours à guichets fermés au théâtre d’Hérouville-Saint-Clair. L’hédoniste normand est une PME à lui tout seul, écoulant 300 000 exemplaires de son Traité d’athéologie et 400 000 CD de sa Contre-histoire de la philosophie. La crise spirituelle a du bon. Celle de la finance mondiale aussi. L’anthropologue belge Paul Jorion, estampillé Nostradamus de la crise financière, est devenu le chouchou des internautes. Ce barbu, ancien trader, se rémunère notamment au moyen d’une fenêtre de dons PayPal glissée à côté des billets de son blog.

La guerre des profs

Faire émerger les profs phénomènes constitue une démarche économique rationnelle. Selon une étude publiée en janvier 2012, si chaque élève de primaire croisait au cours d’une année de son cursus un professeur excellent (à « haute valeur ajoutée »), le PIB du pays pourrait augmenter à terme de 2 %. Alors, imaginons un peu : à quoi ressemblerait l’école de demain, quand les showmen auront pris le pouvoir ?

À une course au plaisir d’apprendre, d’abord. Des programmes saucissonnés en clips vidéo, pensés pour maximiser l’attention cérébrale. Une bourse mondiale de la popularité des super profs, indexée sur les « j’aime » de leurs fans ou l’évolution des abonnements, ferait vaciller leur hit-parade officiel. Certains gonfleront leur potentiel de prophète au moyen d’entraînements intensifs. D’autres utiliseront leur capital charismatique pour une reconversion holographique en 3D : cours d’EPS avec l’avatar de Roger Federer ou tutoriel de création d’entreprise avec celui de Mark Zuckerberg.

Ce Far West académique constituera un terrain de choix pour la bataille des paradigmes. La figure de l’enseignant glissera vers celle de militant, de lobbyiste. De l’histoire à la biologie, un vernis politique pourrait bien décorer la leçon du jour, surtout s’il s’agit d’aborder les origines de l’humanité. L’affrontement entre créationnistes et évolutionnistes échappera à tout contrôle dans le monde sans pitié des donneurs de leçons. Le pouvoir unifiant de l’école, avec ses programmes établis par consensus, volera en éclat. Chacun pourra prêcher sa vérité, flatter les élèves jusqu’à ce qu’ils se transforment en partisans. L’école deviendra club. Et tous les coups seront permis pour déstabiliser la concurrence. Sabotage académique, drague intellectuelle, dumping commercial : la guerre des paroles légitimes est déjà prête à éclater dans la jungle pédagogique actuelle.

Rien d’inédit toutefois. Cet horizon probable n’est pas sans rappeler la bonne vieille Grèce antique, quand on suivait, ébahis par leur talent, buvant leurs paroles, les Socrate et autres Aristote sous les pins parasols de la mer Égée. Ou, plus près de nous, la mode des profs stars des années 1960, quand Althusser ou Foucault faisaient salle comble, à Normale sup et au Collège de France. Sauf qu’aujourd’hui, et plus encore demain, c’est au nombre de clics que se mesurerait leur incroyable popularité. Être prof a toujours été, et sera toujours, affaire de séduction.
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"L'école à l'ère du capitalisme néolibéral"

Messagede K.O.A.L.A » 28 Sep 2012, 20:21

L'école à l'ère du capitalisme néolibéral

etudiants-facs-universites-blocage-reforme-des-retraites



A côté de l’école caserne, hiérarchique et autoritaire, l’école néolibérale impose une autre discipline. L’Etat éducateur diffuse les normes marchandes pour conformer les individus au capitalisme néolibéral.




Les critiques de l’école sont nombreuses. Wilhelm Reich dénonce l’éducation comme une institution qui impose la castration des désirs et la répression sexuelle. Dès l’enfance, l’individu doit refouler ses désirs pour se conformer à l’ordre social. De manière plus classique, les marxistes estiment que l’école permet la formation et la reproduction de la force de travail . Les anarchistes dénoncent l’école caserne qui enferme et discipline les élèves pour les soumettre à l’autorité. Si ses aspects n’ont pas disparus, il semble intéressant de se pencher sur les évolutions récentes de l’institution scolaire. Le mouvement étudiant au Québec soulève également une critique de l’école. Dans les sociétés modernes, l’école permet de diffuser des normes de comportements pour fabriquer des individus productifs et performants.

C’est cet aspect qui est étudié par le livre intitulé La nouvelle école capitaliste . Ses auteurs, enseignants-chercheurs, sont membres de l’Institut de recherche de la FSU . Ce syndicat corporatiste de l’enseignement se limite à une critique du libéralisme et apparaît comme l’aile modérée de la gauche de gauche. Dans l’enseignement supérieur la FSU, à travers le Snesup, dirige de nombreuses universités. Ce syndicat impose au pas de charge les réformes libérales pour adapter l’université au capitalisme néolibéral.





Pourtant, malgré l’origine douteuse de ses auteurs, ce livre soulève de nombreux problèmes. Il insiste sur les mutations récentes et sur les nouvelles formes d’aliénations qui traversent la société. La sociologie critique des années 1970 étudie l’école comme une institution qui reproduit les inégalités sociales. Pourtant, l’école affirme alors son autonomie. Aujourd’hui, l’école s’adapte ouvertement à la logique économique. Une nouvelle rationalité générale diffuse de nouvelles normes.

« Le néolibéralisme est précisément aujourd’hui cette logique générale qui impose partout, même dans les sphères a priori les plus éloignées du cœur de l’accumulation du capital, un même système normatif de conduite et de pensée » expliquent les auteurs. L’État manager diffuse une logique de productivité et de performance dans tous les domaines de la vie quotidienne. Le salarié, ou le chômeur, doit être compétitif pour s’adapter aux exigences du marché du travail. Il doit devenir un entrepreneur de soi-même et s’adapter aux nouvelles normes et perfectionner son « employabilité ».




L’école doit désormais diffuser un savoir rentable et accumulable. L’économie de la connaissance réduit le savoir à sa valeur marchande source de profit. La diffusion de la connaissance se soumet à la logique de la valorisation économique à travers l’évaluation selon des critères de rentabilité. La logique de la compétence s’impose dans le domaine de l’enseignement. La logique de l’innovation régie le secteur de la recherche.

Le développement de l’État managérial et de l’école capitaliste découle des luttes entre groupes sociaux. Les auteurs n’adoptent pas la position antilibérale qui se contente de défendre l’Etat, l’école et les services publics contre le grand méchant marché. « Les responsables politiques, la haute administration, les groupes professionnels, les parents d’élèves, les étudiants sont autant d’ « acteurs » qui interviennent à divers titres par leurs conduites dans ces transformations, les approuvent ou les combattent, les accélèrent ou les freinent » soulignent les auteurs.

La logique néolibérale semble directement impulsée par l’État, qui n’est évidemment pas à défendre mais à détruire.









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L’emprise de l’Etat managérial sur nos vies


L’analyse des mutations de l’État permet de comprendre les évolutions de l’école. L’État impose une nouvelle manière de gouverner. Il adopte la logique managériale à travers des objectifs quantifiés individualisés et un système d’évaluation. L’État se modernise pour offrir un environnement plus compétitif aux entreprises. Ce New Public Management concernent tous les secteurs des services publics. L’État diffuse les nouvelles normes sociales de performance et de compétitivité. Loin d’un retrait ou d’un démantèlement, l’État étend son emprise sur tous les domaines de l’existence.

La compétitivité devient une nouvelle norme sociale. La concurrence ne se limite pas à l’espace de l’entreprise. « La concurrence est ainsi devenue principe général de gestion sociale et, même, principe politique tout court » expliquent les auteurs. La gestion de la population doit permettre une adaptation à la compétition mondiale. L’ensemble de la société doit se conformer aux contraintes de la concurrence mondiale. La population devient une ressource productive. En 2000, la stratégie de Lisbonne donne pour objectif à l’Union européenne de « devenir l’économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde d’ici à 2010 ». La concurrence devient également un moyen pour augmenter la performance dans tous les secteurs. L’évaluation permanente, et dans tous les domaines, impose une « culture du résultat ».


L’État, loin d’être victime de la mondialisation, impose des actions de dénationalisation. Les politiques publiques imposent les normes des institutions internationales à l’échelle des États.

Le New Public Management impose une nouvelle manière de diriger activement les agents des États. L’intérêt général n’est plus mis en avant. La peur, à travers les sanctions et les récompenses, doit guider l’action d’individus égoïstes. Les méthodes du management appliquées aux administrations débouchent vers une culture du résultat à travers des objectifs quantitatifs. La «responsabilisation », l’ « évaluation » et la « performance » deviennent les nouveaux mots d’ordre.

« Le New Public Management place les agents dans un nouveau champ de forces qui permet d’avoir sur eux un contrôle à la fois plus précis, idéalement quantifiable, et constant » soulignent les auteurs. Ce phénomène détruit les métiers traditionnels et attaque les anciennes pratiques professionnelles taxées d’archaïsme. L’ « auto-discipline » et l’ « auto-évaluation » permettent l’intériorisation de nouvelles normes. Le management repose sur un « enregistrement comptable de l’activité afin d’intensifier et de canaliser les énergies subjectives au travail » précisent les auteurs. Il impose une discipline automatique et intériorisée.


La méthode de l’incrémentation vise à ne pas bouleverser le fonctionnement de l’enseignement. De nouveaux dispositifs sont ajoutés, pour faire disparaître les anciens de manière progressive et non brutale. Les réformes visent à imposer la « culture d’entreprise » au sein de l’administration. La baisse des moyens et des effectifs ne découlent pas uniquement d’une raison budgétaire. Ses mesures doivent surtout permettre d’imposer une nouvelle discipline fondée sur la compétitivité. L’évaluation individualisée des performances permet d’imposer la peur dans le monde du travail. L’évaluation, avec un système de punitions et de récompenses, doit permettre de responsabiliser les enseignants. Les universités sont gérées comme des entreprises pour former des « pôles de compétitivité ». Les thèses doivent obtenir des financements et la recherche s’inscrit dans une logiquement strictement utilitariste. Selon les auteurs, « la mise en concurrence des établissements pour l’accès des ressources financières accélère le changement entrepreneurial des universités ».







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La fabrique de subjectivités dociles par la discipline néolibérale


L’école doit produire des nouvelles subjectivités au travail. L’institution scolaire ne se contente plus de former une main d’œuvre mais permet l’acquisition de compétences pour façonner un mode de vie. La formation tout au long de la vie doit favoriser l’employabilité des travailleurs. Le salarié doit devenir adaptable, flexible, autonome, acquérir un esprit d’entreprise et rechercher la performance.

Dans le secteur des services, le travail et le contact avec les clients repose sur des qualités relationnelles incorporées. « Le management moderne a besoin de travailleurs qui s’impliquent subjectivement et mobilisent leurs ressources personnelles, cognitives et affectives » résument les auteurs. Les directions des entreprises fixent toujours de manière autoritaire les objectifs à atteindre. Mais ce sont les salariés qui doivent trouver en eux-mêmes les ressources et les compétences pour atteindre ses objectifs. Le salarié doit alors intérioriser les normes et les objectifs de l’accumulation du capital. La discipline autoritaire perdure mais s’accompagne désormais de dispositifs de contrôle. « Les prescriptions ne sont plus définis en termes de tâches à accomplir, mais en termes de bonne façon de se comporter » précisent les auteurs. Les «savoir faire » et « savoir être » orientent la conduite des salariés qui doivent adopter le bon comportement pour se conformer aux exigence de l’entreprise.

Jean-Marie Vincent observe une « subordination active » des salariés. Le travail transforme les subjectivités des salariés. « Les relations aux autres et à soi s’en trouvent métamorphosées, de même que les échanges, la communication et l’activité humaine en général » soulignent les auteurs. Le travailleur doit désormais vendre son corps, mais aussi son âme. Les désirs du salarié se confondent avec les désirs de l’entreprise. Le salarié devient « entrepreneur de lui-même » et doit gérer sa vie professionnelle et sa carrière. La logique du capital s’étend sur l’ensemble des temps sociaux et personnels pour coloniser tous les aspects de la vie.



La formation « professionnalisante » vise à développer des compétences et des attitudes qui correspondent au modèle de l’entreprise « flexible ». Cette formation construit des subjectivités nouvelles. Des normes communes à tous les métiers permettent de définir le « bon salarié » souhaité par l’entreprise. « Ces normes d’employabilité, qui relèvent du « comportement », de la « mentalité », des bonnes dispositions et intentions, permettent de faire explicitement de l’école le lieu de la fabrication des subjectivités dociles, souples, adaptables et réactives, requises par les entreprises » résument les auteurs. Les étudiants doivent savoir se vendre sur le marché du travail et s’inscrire dans une recherche de performance.

La formation tout au long de la vie, la formation en alternance et les stages permettent aux salariés d’incorporer les normes de l’entreprise qui devient le modèle de l’apprentissage.




L’orientation devient une priorité de l’école. Les élèves doivent se conformer aux besoins de l’économie et « construire un projet personnel et professionnel ». Le capitalisme de la connaissance doit fabrique une subjectivité marchande. Les individus doivent se consacrer à la vente de soi à travers l’employabilité et l’accumulation de « compétences ».

« L’accent est mis désormais sur la formation d’individus compétents et performants, dotés de capacités à agir, à réagir et à s’adapter rapidement dans les situations professionnelles » résument les auteurs. L’ « orientation active » entraîne l’individu à se considérer comme une marchandise à la recherche d’un acheteur. L’ «autocontrôle » et l’ « auto-évaluation » fabrique un individu « entrepreneur de lui-même » qui se conforme et s’adapte au modèle du marché de l’emploi existant.

Un « livret de compétences » est même créé pour contrôler si l’élève est bien conforme au modèle de la vente de soi pour se considérer comme une marchandise. L’orientation réprime les désirs des individus pour les conformer au monde marchand. L’évaluation ne porte plus sur la simple acquisition de savoirs mais sur le comportement qui doit devenir docile et soumis. Les lettres de motivations, les CV, les stages deviennent des critères importants de sélection dans les formations supérieures. Ceux qui se conforment le mieux aux règles inspirées du marché du travail sont alors sélectionnés. L’élève doit savoir «se vendre ».

Mais cet ordre néolibéral peut également alimenter des frustrations et des révoltes. « Les contradictions multiples du nouvel ordre néolibéral concernent désormais le sens même de l’existence, les modes de vie, le rapport à soi et aux autres » soulignent les auteurs.








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Le marché de la connaissance et l’école entreprise


Dans le cadre de la compétition mondiale, l’économie de la connaissance doit devenir concurrentielle et productive. « La norme de la concurrence entre les États, les économies, les entreprises pousse à la mise en marché d’une connaissance perçue comme un avantage comparatif dans la guerre économique mondiale » résument les auteurs. Le domaine intellectuel et éducatif se trouve soumis à la logique de la valeur. La science doit être mise au service du capital. Ensuite, le secteur scientifique est régie par des normes managériales fondées sur des « projets ».Des dispositifs de contrôle et de sanction composent un système de normes pour imposer un régime néolibéral de la connaissance. Le néolibéralisme fabrique le modèle du chercheur entrepreneur qui conditionne ses recherches au financement et se soumet à la nécessité d’une innovation permanente.

Le modèle fordiste de la connaissance s’attache au long terme et à l’autonomie de la recherche. Aujourd’hui, la connaissance s’apparente à un stock d’information qui compose un capital immatériel. L’appropriation de la connaissance par des brevets permet aux entreprises, comme Microsoft, de bénéficier de rentes.


La technoscience utilise la connaissance pour fabriquer un monde de compétition, de performance et de profits. Ses nouvelles normes peuvent s’imposer dans des conditions imposées par l’État. La recherche doit se rapprocher de l’économie de la connaissance et doit construire des réseaux avec les entreprises pour décrocher des contrats et professionnaliser les cursus. Les chercheurs et les professeurs doivent trouver eux-mêmes les fonds nécessaires à leur activité.

Un marché scolaire se développe. Les familles sont incitées à choisir entre différentes écoles, qui s’apparentent des entreprises en concurrence. L’État oblige « les directeurs d’établissement à gérer leur école comme des entreprises soumises aux demandes de clients désireux de disposer d’un service de qualité » observent les auteurs.

La carte scolaire oblige les familles à scolariser leurs enfants dans le collège de proximité. Pourtant, cette carte scolaire semble souvent contournée. Les parents peuvent alors choisir une « bonne école ». Cette concurrence entre établissements favorise la reproduction sociale. « Le libre choix contribue à la polarisation sociale et ethnique des établissements » constatent les auteurs.


Avec la concurrence sur le marché du travail, le diplôme devient indispensable. Dès lors la concurrence peut également jouer sur le marché de l’éducation. L’école devient une marchandise destinée à des « consommateurs à la fois rivaux et calculateurs sur un marché de biens rares ». Les universités font appel à des financements privés et augmentent les frais d’inscription. Les départements et enseignements non rentables sont progressivement supprimés. Les universités peaufinent leur image de marque et leurs réseaux pour devenir concurrentielles sur le marché de l’enseignement.

Un marché des prépas et des coachs se développent avec la sélection toujours plus importante dans les grandes écoles. L’État encourage le développement du marché du soutien scolaire.

L’éducation doit former un « capital humain » pour contribuer à la croissance. L’école doit également permettre de maximiser la rentabilité de chaque individu.

Les étudiants doivent s’endetter pour leurs études, ce qui détermine leur choix d’orientation. La « culture d’entreprise » irrigue les universités à travers l’intervention de patrons et avec les stages. Les individus doivent devenir « entrepreneur d’eux même » et gérer leur vie en petits capitalistes. L’existence se transforme en une accumulation de capital humain.







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Lutter contre l’école néolibérale


Il semble important d’analyser la logique globale pour mieux la combattre. La nouvelle norme de compétence s’attache à l’évaluation et à la performance.

A partir de 1945, en France, le Plan favorise une adéquation entre la population formée et les besoins de l’économie. Mais le contenu de l’enseignement demeure inchangé. A partir des années 1990 l’OCDE, institution internationale, estime que l’école doit se conformer à l’impératif de rentabilité. L’école doit désormais promouvoir des compétences à évaluer. La notion de compétence comprend, avec les connaissances scolaires, les « émotions et attitudes appropriées».

Entre l’OCDE et la France, l’Union européenne définit un socle commun de connaissances et de compétences. Présenté comme un instrument pédagogique démocratique, le socle commun soumet l’école à l’évaluation permanente et à l’obligation de résultat. Loin d’une pédagogie nouvelle, le socle introduit la culture utilitariste et managériale dans l’éducation.

Le système éducatif est désormais évalué à travers des grands indicateurs. Les élèves subissent des évaluations standardisées tout au long de leur scolarité. « C’est donc avec des disciplines privées de sens et des dispositifs de contrôle permanents (des élèves comme des enseignants) que la mutation de l’école s’opère » résument les auteurs.

Face à ses réformes de l’école et de l’université, des luttes se construisent. Les mouvements des lycéens et des étudiants, mais aussi les instituteurs désobéissants, expriment une révolte contre la servitude et les dispositifs de contrôle social. Mais ses mouvements demeurent englués dans une perspective d’aménagement de la misère existentielle.



Les auteurs de La nouvelle école capitaliste défendent une école de gauche, à la Jaurès. Pire, ils s’attachent à une école postcapitaliste. Pour eux, l’école doit permettre de dépasser le capitalisme. En réalité, l’école, même avant la terreur managériale, ne permet que soumission aux normes et aux contraintes de l’ordre social. L’école impose à l’individu de renoncer au plaisir et à ses désirs pour se conformer au cadre marchand.

Les auteurs proposent la création d’un « espace public d’opposition ». L’école doit s’associer aux journaux critiques, aux blogs, aux maisons d’édition, aux organisations du mouvement social pour permettre une « insurrection des savoirs assujettis », selon l’expression de Michel Foucault. Ses liaisons doivent créer une nouvelle institution commune de la connaissance. Cette proposition s’apparente à une nouvelle mouture d’une gauche de gauche en décomposition. Au contraire, il semble plus passionnant de créer des espaces de rencontres, de réflexions, de luttes pour détruire l’école et la mascarade de la modernité marchande.

L’école s’apparente désormais à un champ de ruines qu’il est temps de balayer.

Contre la modernité marchande, avec ses normes et ses contraintes, il semble urgent de réactiver une sensibilité critique issue des avant-gardes artistiques. La libération de l’imagination, de la créativité, des désirs doit multiplier les possibilités d’existence. Contre le règne du quantitatif et de la performance, il semble indispensable d’opposer la force de frappe du qualitatif, la libération des désirs et le déchaînement des passions.




Source: Christian Laval, Francis Vergne, Pierre Clément, Guy Dreux, La nouvelle école capitaliste , La Découverte, 2011


Introduction sur le site de l’Institut de recherche de la FSU

Bonnes feuilles sur le site de la revue Contretemps






Articles liés :


Québec : mouvement étudiant et révolte sociale

La défense de l’Université et ses limites





Pour aller plus loin :


Conférence vidéo de Christian Laval sur le site d’Attac 93

Charlotte Nordmann, « Peut-on défendre l’école sans la critiquer ? », Revue des livres n°2, mis en ligne le 16 novembre 2011

Recension de Nada Chaar sur le site de l’Iresmo

Recension de François Coustal dans le journal Tout est à nous !, octobre 2011

Interview de Christian Laval par Julien Guérin, sur le site de la revue Démocratie et Socialisme, mis en ligne le 23 février 2012

Véronique Soulié, « L’ école condamnée à produire du capital humain » , entretien avec Christian Laval, Libération, 22 octobre 2011

Entretien de Christian Laval par Laurent Mouloud, L’Humanité, le 28 septembre 2011

Christian Laval, « Pourquoi veulent-ils casser l’école ? », Le Monde diplomatique, septembre 2011

Ugo Palheta, « Rentrée des classes dans la nouvelle école capitaliste », publié sur le site de la revue Contretempsle 5 septembre 2011

Luc Boltanski, « L’école déclasse »

Rencension de Françoise Lorcerie sur le site des Cahiers pédagogiques

Recension de Clément Lefranc dans le mensuel Sciences Humaines, n°231, novembre 2011

Recension par Arthur Mary sur le site Lectures, mis en ligne le 12 septembre 2012

Recension de Christophe Premat sur le site Lectures, mis en ligne le 4 octobre 2011

Alain Popelard, « L’école rongée par l’esprit de calcul », Le Monde diplomatique, mai 2012


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Re: "L'école à l'aire du capitalisme néolibéral"

Messagede ivo » 19 Oct 2012, 11:37

Concertation sur l’école : le compte n’y est pas !
Sociologue, Choukri Ben Ayed critique le rapport de la concertation. Pour lui, la refondation prolonge les politiques libérales des gouvernements précédents. Le rapport reste dans des formules vagues par exemple quand il évoque " les pratiques pédagogiques dites « efficaces »". La co-éducation avec les collectivités territoriales est aussi présentée comme un élément de creusement des inégalités.

>>>
http://www.cafepedagogique.net/lexpress ... 71249.aspx
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Re: "L'école à l'ère du capitalisme néolibéral"

Messagede sebiseb » 11 Nov 2012, 18:16

Je pensais avoir tout entendu avec la droite sur l'entrisme que devait avoir l'entreprise sur l'école ... Finalement, ils ont perdu le concours depuis les déclarations d'Ayrault dans le Parisien daté du 30 octobre (passée quasi inaperçu) ;
Il faut que dès l'école primaire, en CP, on puisse aller voir les entreprises, recevoir un ouvrier qui a appris un métier formidable et qui a envie de transmettre sa passion.

source : http://www.leparisien.fr/espace-premium/actu/education-et-violence-scolaire-30-10-2012-2277205.php
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Re: "L'école à l'ère du capitalisme néolibéral"

Messagede Pïérô » 17 Jan 2013, 02:29

Le "Changement c'est maintenant" c'est dans la continuité dans ce domaine

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http://www.sudeducation.org/Affichette- ... illon.html
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Re: "L'école à l'ère du capitalisme néolibéral"

Messagede sebiseb » 25 Fév 2013, 10:06

Le Monde Libertaire : Hors-Série n°48 sur l'Éucation !

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Re: "L'école à l'ère du capitalisme néolibéral"

Messagede bipbip » 17 Mai 2013, 23:17

Communiqué de la fédération SUD éducation
Promouvoir l’esprit d’entreprise, est-ce le rôle de l’école ?

Stimuler l’esprit d’entreprise dans notre pays, c’est d’abord le rôle de l’école ». « Il sera prévu de la sixième à la terminale un programme sur l’entrepreneuriat ». Voilà ce qu’a déclaré François Hollande à l’Elysée lundi 29 avril 2013 devant un parterre de patrons, qui s’est levé pour l’acclamer à l’issue de son allocution de clôture des Assises de l’Entrepreneuriat.

Un discours entrepreneurial

« Stimuler l’esprit d’entreprise dans notre pays, c’est d’abord le rôle de l’école ». « Il sera prévu de la sixième à la terminale un programme sur l’entrepreneuriat ». Voilà ce qu’a déclaré François Hollande à l’Elysée lundi 29 avril 2013 devant un parterre de patrons, qui s’est levé pour l’acclamer à l’issue de son allocution de clôture des Assises de l’Entrepreneuriat.

Dès son discours de la Sorbonne le 9 octobre 2012 pour la remise du rapport de la pseudo-concertation, le chef de l’État clamait que l’école de son quinquennat serait celle du redressement économique, reprenant ainsi à son compte le crédo néo-libéral de ses prédécesseurs, qui n’ont eu de cesse de chercher à soumettre l’école au monde de l’entreprise.

Vincent Peillon ne disait pas autre chose dans son entretien aux Echos le 3 octobre 2012 : « Il faut faire découvrir l’entreprise et les métiers dès la sixième et cela jusqu’à l’université. » « Je veux que l’on puisse ajuster les préoccupations des entreprises et les nôtres pour donner la meilleure formation possible et la plus utile aux jeunes. L’éducation nationale est capable de changer le contenu de ses diplômes et de ses formations pour répondre rapidement aux besoins de l’économie et des entreprises ; elle est mobile. La co-éducation, c’est aussi cela. »

Une politique patronale

Il ne s’agit pas uniquement de discours. La politique éducative du gouvernement s’inscrit pleinement dans cette orientation idéologique : alignement de la carte de formation professionnelle sur les besoins conjoncturels des « bassins d’emploi » via la régionalisation, refus de modifier l’alternance des rythmes entre vacances et périodes travaillées des différentes zones pour ne pas chagriner le lobby des sports d’hiver, mise à disposition des établissements pour des entreprises privées, contact précoce des élèves avec « l’esprit d’entreprise » et la notion de compétitivité…

Le tout s’inscrit dans le développement de l’école des compétences, qui assigne au système éducatif l’objectif de former des travailleurs/euses flexibles, adaptables, traçables, individualisés, en concurrence les un-e-s avec les autres, sans organisation ni protection collective. C’est le sens du Livret Personnel de Compétences, qui tend à remplacer les diplômes nationaux, reconnus dans des conventions collectives, par le contrôle continu, ce qui en fait un livret ouvrier des temps modernes.

Vincent Peillon a confirmé le 22 avril l’instauration d’un « enseignement moral et civique » d’une heure par semaine en primaire et au collège et d’une demi-heure au lycée. Il se voulait rassurant en affirmant qu’il ne s’agirait pas d’« une morale d’État ». Ce qu’il n’avait pas dit alors, c’est que ce serait une morale d’entreprise…

Les valeurs portées par SUD Éducation sont à l’opposé de celles de l’école capitaliste, où le culte des évalua-tions, les indicateurs, les contrats d’objectif, le management, le mérite et l’individualisme priment sur l’éducatif et l’émancipation. Nous estimons bien au contraire qu’il faut promouvoir les pratiques et valeurs coopératives d’entraide, entre collègues et entre élèves, pour construire une autre école dans une autre société, égalitaire et émancipatrice.


Nous refusons et refuserons toujours de traiter les élèves et les étudiant-es comme de la chair à patron.

Pour SUD Éducation, résolument, l’École n’est pas une entreprise, l’Éducation n’est pas une marchandise !


http://www.sudeducation.org/Promouvoir- ... prise.html
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Re: l’Éducation n’est pas une marchandise.

Messagede bipbip » 06 Avr 2014, 12:41

La valse de l’université et des multinationales :
Le cas d’école du partenariat public privé de Paris 7
http://terrainsdeluttes.ouvaton.org/?p=3042
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Re: l’Éducation n’est pas une marchandise.

Messagede Pïérô » 19 Mai 2014, 00:18

Pas de partenariats public-privé pour les collèges du 37 !
communiqué SUD Éducation 37

Pas de PPP pour les collèges du 37 !
Pas de profits sur les contibutions publiques !
Pas de profits sur ke commun !


C’est au détour d’un article publié dans la revue du Conseil Général que l’on apprend l’ambition de la majorité départementale pour l’avenir des collèges d’Indre-et-Loire : il s’agit de développer des partenariats public-privé pour assurer le financement d’investissements liés aux collèges. Huit établissements seraient concernés, pour des réalisations livrables entre 2017 et 2019. 55 millions d’euros d’investissement sont envisagés.

Ce type de contrat « de partenariat » (sic) présente pour les élus un intérêt certain : lancer rapidement des projets d’investissement, montrer une volonté politique à la veille d’échéances électorales. Mais à quel prix ? Sans doute ces montages se veulent dans l’instant moins dépensiers qu’un projet détenu en maitrise d’ouvrage public.

Cependant les PPP (Partenariats Public-Privé) ont pour principe de livrer au privé les infrastructures et une partie (seulement) des investissements, contre un substantiel loyer assumé par les collectivités pendant 20 ans. Dans les faits, à terme, le coût d’un équipement public revient à une fortune pour les contribuables par rapport à la maîtrise d’ouvrage publique traditionnelle (30 % de plus, au moins). Et l’on connait aussi les dérapages de certains PPP comme celui de l’Hôpital Sud-Francilien…

L’argument qui consiste à dire que les PPP baissent substantiellement les coûts est largement fallacieux et, comme le rappelle l’Association des maires des grandes villes de France (AMGVF), « les PPP engagent les collectivités pour des années. C’est de la dette ».

En dehors de toute question d’emploi (dans tous les cas assuré), ces PPP livrent à de grands groupes du BTP et leurs actionnaires (Bouygues, Eiffage, Fayat…) le droit de rapter les contributions publiques, et ce d’autant plus que ces groupes bénéficient de la déductibilité des intérêts des emprunts qu’ils réalisent pour financer leurs investissements.

Pour les finances publiques, c’est la double peine !

Il s’agit clairement de la mise en application, voulue et pensée par la droite, réalisée par la gauche, d’une politique de confiscation du commun et en particulier des finances publiques au profit d’intérêts privés et financiers.

Depuis plusieurs années, les Conseils généraux (de Seine Saint-Denis, du Loiret, de la Moselle…) ont réalisé de tels partenariats pour construire des établissements scolaires, sous prétexte de baisse des dotations de l’Etat. Si l’on ne peut que souligner l’urgence scolaire (en Indre-et-Loire comme ailleurs), on ne peut que dénoncer la voie envisagée par les élus pour financer les infrastructures scolaires, effort qui se fait aux dépens de l’intérêt collectif, alors que par ailleurs on ferme des établissements scolaires (non rentables, dit-on) et que des choix budgétaires sont clairement affichés en faveur des entreprises privées (Raynair, ...).

Pour SUD Éducation 37, l’École n’est pas à vendre, et ne doit être un objet de profit pour des grands groupes capitalistes. SUD Éducation 37 appelle ses militants, tous les enseignants, et les citoyens à refuser la logique qui se met en place et à réfléchir collectivement sur les formes de réappropriation du bien commun.

http://sudeducation37.fr/spip.php?article3731
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Re: l’Éducation n’est pas une marchandise.

Messagede bipbip » 13 Juin 2014, 12:48

Contre le formatage des enseignants, combattre la “réforme” Peillon

Devant la Commission des affaires culturelles de l’Assemblée le 28 mai, "Alain Boissinot, président du Conseil supérieur des programmes, n’a pas caché son intention d’implanter dans l’Ecole des curriculums” (1). Dans ces nouveaux programmes, les disciplines, l’acquisition des connaissances disciplinaires seront marginalisées (les compétences, la morale seront intégrées à ces programmes, de même que leur évaluation). Afin de mettre en œuvre ces nouveaux “programmes”, les “nouveaux” profs, de même que les plus anciens, doivent être eux-mêmes formatés selon les “compétences”. Avec le dynamitage du caractère disciplinaire, annuel et national des programmes, le cadre national de l’enseignement et les fondements même du statut des enseignants doivent aussi voler en éclat (le décret Peillon sur le statut doit faire disparaître les décrets de 1950).

Désormais, le seul objectif assigné à l’école c’est “l’insertion professionnelle” : livrer au patronat une main d’œuvre employable et responsable de son “employabilité”… C’est l’objectif de la loi Peillon, des textes d’application publiés, dont la circulaire de rentrée , et des textes réglementaires sur le point d’être publiés.

D’ores et déjà, les inspecteurs chargés de faire appliquer cette “refondation”/destruction de l’Enseignement public sont diligentés sur le terrain pour faire entrer dans les rangs les collègues attachés à l’enseignement de leur discipline.

... http://69.emancipation.fr/spip.php?article163
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Re: l’Éducation n’est pas une marchandise.

Messagede L . Chopo » 13 Oct 2014, 11:15

Les fonds d’investissement et le marché des écoles du numérique en France.

" Le numérique, considéré comme un véritable relais de croissance, devrait, d’ici 2015, contribuer au PIB à hauteur de 5,5% et créer 450000 emplois en France, serait le nouvel eldorado de l’économie ".
C’est une des conclusions d’un rapport publié en 2011 par le cabinet américain McKinsey & Company, avec le soutien de Google, et intitulé : "Impact d’Internet sur l’économie française", sous-titré "Comment Internet transforme notre pays".

Il n’en fallait pas plus pour que des structures financières s’engouffrent dans le créneau, rachètent ou montent des écoles pour répondre à un besoin (celui-ci bien réel), d’entreprises recherchant des spécialistes du web et prendre à la source leur part du gâteau. Le prix moyen de la scolarité annuelle oscille entre 6.000€ et 8.000€ par élève.

…/…

Lire l'article sur : http://www.cnt-so.org/Les-fonds-d-investissement-et-le


.
L. Chopo
Pour la Confédération Nationale des Travailleurs - Solidarité Ouvrière (CNT-SO)
http://www.cnt-so.org


"Il faut que la critique se dérobe à la mise en demeure permanente d'indiquer des solutions sur-le-champ." -Anselm Jappe-
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Re: l’Éducation n’est pas une marchandise.

Messagede bipbip » 21 Oct 2014, 00:51

L’IEP d’Aix, caricature de la marchandisation de l’enseignement supérieur !

Ce 3 octobre, les médias Médiapart et Marsactu publiaient une longue enquête sur la « marchandisation » des diplômes de l’Institut d’Études Politiques d’Aix-Marseille.1

Quand des établissements privés délivrent un diplôme d’État

Depuis 2008, l’IEP d’Aix-en-Provence multiplie les partenariats avec des organismes de formation privés français ou étrangers. Le principe est simple : moyennant une part sur les vertigineux frais d’inscriptions pratiqués par ces organismes, ceux-ci délivrent un « Master d’études politiques » de l’IEP d’Aix. Ces partenariats concernent essentiellement des masters en management et marketing : des formations bien éloignées des formations originelles d’un IEP (science politique, carrières publiques…).

Une conséquence du désengagement de l’État

Outre l’«ouverture sur le monde privé » affichée par la direction, cette politique est un apport financier important pour un IEP qui connaît de sérieux problèmes budgétaires : pas moins de 700.000 euros de budget en 2013 ! Une rentrée non négligeable puisque, comme tout établissement d’enseignement supérieur, l’IEP subit un désengagement financier important de l’État depuis 2008 et la loi LRU.

« Sciences Po », une marque à vendre

L’IEP d’Aix met ainsi en vente son nom et sa capacité à délivrer des diplômes d’Etat pour maintenir et augmenter son budget, devenant une simple « agence de diplomation », sans aucun contrôle pédagogique sur ses partenariats. Ainsi, plus de 40% des diplômé-e-s 2013 de l’IEP le sont via ces partenariats, et malgré le fait que la majorité d’entre elles et eux n’ont jamais croisé un-e enseignant-e-chercheur-euse de l’IEP !

Un phénomène plus global

La « polémique » à l’IEP d’Aix n’est que la partie émergée de l’iceberg. Ce phénomène est plus global : de nombreux établissements privés nouent des conventions avec des établissements publics pour délivrer des diplômes d’État, alors que le contrôle pédagogique de l’établissement public est rare. Les établissements privés n’hésitent pas à jouer de la concurrence entre les universités, induite par la loi LRU et confirmée par la loi ESR : en atteste l’ouverture d’une nouvelle chaire à l’IEP de Bordeaux financée par l’industrie de l’armement, à savoir le conglomérat Dassault – Safran – Thalès2, et les risques sérieux que fait peser ce financement sur un enseignement public critique à l’IEP. A Lille, faute de conventions, le rectorat peut menacer de valider les diplômes par jury rectoral, sans parler que des établissements privés sont admis comme membres des « Communautés d’Universités et d’Établissements » (la « Catho » ou FUPL à Lille par exemple).

Luttons contre la marchandisation de l’enseignement supérieur

Solidaires Étudiant-e-s revendique une université publique, gratuite et ouverte à toutes et tous, qui ne laisse aucune place aux « formations » privées. Nous refusons que les formations universitaires ou pire, les diplômes et « marques », soient vendues à des organismes privées dont l’unique objectif est la rentabilité et qui n’ont aucun souci de la formation des étudiant-e-s et des conditions de travail des personnels.


1 http://www.mediapart.fr/journal/france/ ... protestent

2 http://www.fondation.univ-bordeaux.fr/c ... erospatial

http://www.solidaires-etudiant.org/blog ... superieur/
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