Les travailleurs sociaux, chair à canon...

Les travailleurs sociaux, chair à canon...

Messagede toma » 05 Jan 2012, 14:02

L'article est un peu long mais on parle si rarement des travailleurs sociaux que ça vaut le coup de s'y arrêter un moment...

Les éducateurs spécialisés, chair à canon de la lutte contre les inégalités

Par Julien Brygo (3 janvier 2012)

En première ligne face à l’explosion du chômage et de la précarité, les éducateurs subissent aussi une dégradation de leurs conditions de travail. Fin 2011, à la suite du suicide d’un de leurs collègues, près de 200 salariés de l’Association d’action éducative et sociale, à Dunkerque, ont exercé leur droit de retrait. Une illustration du quotidien de plus en plus difficile de ces acteurs, ultime rempart face à la misère sociale.


« La révision générale des politiques publiques tue. » C’est par ces mots que Philippe Toulouse, délégué syndical (CGT), qualifie la lente dérive de l’association dunkerquoise d’action sociale et éducative (AAE). Cette structure, financée par des fonds publics, est censée servir de digue face à l’explosion des inégalités sociales. À Dunkerque, ville frappée par la désindustrialisation, avec son lot de chômage, d’« exclus » et d’adolescents en rupture sociale, les 350 salariés de l’AAE sont aussi confrontés à des méthodes de management brutales et à des réductions drastiques des coûts. Ce qui n’est pas sans conséquences sur leur santé mentale et physique. Cette situation a pris, le 17 novembre dernier, un tournant tragique.

Ce jour-là, un des salariés, Fabrice Hrycak, 38 ans, est retrouvé pendu sous un pont de Dunkerque. L’éducateur spécialisé comptait dix ans d’ancienneté. « Il avait choisi son jour et son lieu, témoigne Philippe Toulouse. Le jour était celui où tous les salariés étaient réunis pour obtenir leurs tickets restaurant. Et le lieu est un des plus gros points de passage automobile de Dunkerque. Il voulait que son geste soit vu par toute la ville et qu’il serve à quelque chose ! »

Salarié agressé et… licencié

Pour l’ensemble des collègues et la famille de Fabrice, aucun doute : ce suicide est directement lié au calvaire que ce salarié vivait depuis le 8 septembre. En situation de légitime défense, il avait alors répliqué « par un coup de tête » à un garçon de 14 ans qu’il encadrait et qui venait de lui casser deux côtes. Fabrice s’était déjà fait briser une côte quatre mois plus tôt. Ce qui n’avait en rien inquiété la direction, terrée dans un mutisme digne des dirigeants de France Télécom ou de La Poste, et refusant de reconnaître ces agressions comme des accidents du travail.

Le lendemain de l’agression de Fabrice, au lieu de défendre son salarié, la direction d’AAE décide de le licencier pour « faute grave ». Devant la mobilisation de ses collègues, la sanction est transformée en un avertissement assorti d’une mutation à Hazebrouck, à 50 kilomètres de Dunkerque, alors que Fabrice ne dispose pas de véhicule. « Fabrice aimait son travail et ne comprenait pas que la direction l’ait sanctionné pour s’être défendu face à un jeune garçon violent et qui pète les plombs, comme cela arrive tous les jours au sein d’AAE », explique Philippe Toulouse. Rémunéré sur la même base que tous ses collègues (environ 1 300 € net), Fabrice ne bénéficie pas de mutuelle. Il a dû prendre à sa charge une grande partie des frais hospitaliers liés à cette agression.

Une direction totalement déconnectée

Isolement, injustices, violence des échanges… Ce décès tragique n’a pas sa place dans la rubrique des faits divers, plutôt dans celle des choix économiques pris par une direction de gestionnaires locaux qui vivent loin de la réalité du terrain. Alors que les éducateurs perçoivent un salaire à peine supérieur au Smic, onze cadres dirigeants de l’AAE [1] se sont partagés près de 700 000 euros de salaires et d’avantages en nature (dont des berlines de 30 000 euros, avec essence gratuite et usage privé autorisé) en 2010.

Sur le terrain, les salariés, via l’intersyndicale CGT-CFDT-SUD, sont unanimes pour dénoncer l’aggravation de leurs conditions de travail. Le 21 novembre, leur marche silencieuse rassemble plus de 550 personnes à Dunkerque. Deux réunions de crise se tiennent à la sous-préfecture. Sans que le dialogue ne s’engage. D’un côté, les salariés reprochent à leur direction son « autisme ». De l’autre, celle-ci les accuse de « mettre la structure en péril ». Le 30 novembre, la famille de Fabrice a porté plainte auprès du procureur de Dunkerque pour mise en danger de la vie d’autrui, homicide involontaire, délit d’entrave du Comité d’hygiène et de sécurité des conditions de travail (CHSCT), et défaut de déclaration d’accident du travail. La fédération Santé-Action sociale de la CGT s’est portée partie civile. L’enquête est en cours.

« Un véritable acharnement »

Dès la découverte macabre, entre 100 et 200 salariés de l’AAE exercent leur droit de retrait : un dispositif actionné en cas de « risque grave et imminent pour la santé des salariés », qui permet de cesser le travail sans limite de temps et sans répercutions sur les salaires. Dix-huit jours de retrait au 5 décembre : « Un record de durée en France », explique-t-on à la CGT. « L’exercice du droit de retrait excède rarement 24 ou 48 heures. Dans le cas de l’AAE, il y a eu un véritable acharnement contre ce salarié et une volonté délibérée de ne pas résoudre les problèmes de fond », constate Philippe Crepel, responsable CGT-Santé dans le Nord-Pas-de-Calais. « Un droit de retrait de deux semaines, je n’ai jamais vu ça ! Cela fera date dans l’histoire du droit de retrait en France ! », ajoute Pascal Chavatte, responsable CGT-Santé.

Pour Gauthier, un salarié d’AAE, l’enjeu n’est pas de battre des records. « On se bat pour que les vraies raisons de ce suicide, la baisse du personnel et la politique du chiffre, changent pour de bon. » Avec le financement du conseil général, de la Protection judiciaire de la jeunesse et de l’État, l’association gère depuis 1964 des personnes en placement judiciaire, sous mandat de protection de l’enfance ou plus généralement en rupture sociale. Autrement dit, les populations les plus pauvres et les plus fragiles. En 2010, la direction de l’AAE décide une réorganisation majeure. Ce concentré local de RGPP (207) donne la priorité à la réduction du personnel et à la baisse des coûts, sur fond de « management moderne » [2] Résultat : les arrêts maladie se multiplient. En 2010, 170 jours d’arrêts de travail ont été prescrits à sept éducateurs agressés physiquement.

Des mouchards plutôt qu’un audit social

« Nous sommes de plus en plus nombreux à nous retrouver seuls pour gérer 15 ou 16 gamins en même temps », témoigne Gauthier, qui précise avoir souvent en face de lui « d’anciens criminels » : « Je me suis déjà retrouvé seul face à un gars de 46 ans avec vingt-trois ans de prison derrière lui. Cela peut devenir extrêmement dangereux. » La logique de la réorganisation ? « Les adultes ou les enfants en souffrance deviennent des marchandises qui doivent remplir tous azimuts les structures d’accueil », résume Philippe Toulouse. Depuis 2010, les salariés « travaillent avec des moyens de plus en plus dérisoires », confirme l’ancienne directrice de la communication, Laure Lahaeye, devenue éducatrice. « Des gamins qui regardent la télé à même le sol, pas de ballons ni de jeux de société. Des éducateurs qui doivent gérer 14 gamins agités en même temps et des agressions physiques quasiment hebdomadaires. Voilà le quotidien des éducateurs de l’AAE à Dunkerque. »

Lors de la restructuration, le CHSCT, comme la loi le lui permet, avait demandé une expertise indépendante sur les conditions de travail. La direction refuse et assigne le CHSCT au tribunal, avant de lever sa plainte six mois plus tard. En décembre 2010, toujours pas d’expertise, mais un nouveau cri d’alarme, celui de la médecine du travail. Elle écrit alors à la direction pour lui demander d’être « très vigilant(e) face à la situation actuelle ». « Des salariés exprimant leur souffrance physique, psychologique, un mal-être au travail et verbalisant le fait de ne plus trouver de sens à leur travail. (…) Il y a de nombreuses incivilités (et) il est difficile de travailler dans certaines structures. Cela a un impact énorme sur la santé psychologique des salariés. » [3]

Au lieu de procéder à un audit social (qui sera finalement déclenché au lendemain du suicide de Fabrice) et d’améliorer les conditions de travail, les dirigeant d’AAE préfèrent investir dans un système sophistiqué de contrôle des employés. De petites balises sont installées dans les véhicules des salariés permettant leur géolocalisation à tout moment. Coût : 85 000 €, soit davantage que l’expertise demandée. Une « honte » pour les salariés.

Le syndicaliste et le corbeau

De son côté, la direction n’esquisse aucune remise en question. Dans une lettre envoyée aux salariés le 25 novembre 2011, elle enfonce même la victime : « En mutant M. Hrycak à Hazebrouck pour travailler non plus avec des jeunes mais avec des adultes (…), nous continuons de penser qu’AAE a pris la meilleure décision possible. (…) L’idée que ce geste désespéré est lié à cette mesure ou à ses conditions de travail ne peut qu’apparaître inexacte. » Et de conclure que ce suicide est lié « à d’éventuelles raisons extraprofessionnelles », ce que nient en bloc la famille et les collègues de Fabrice. « Cette lettre est un pas de plus dans le dénigrement de la mémoire de notre collègue », estime Philippe Toulouse, tandis que la direction durcit le ton : « Toute absence du poste de travail ne pourrait qu’être considérée comme illégitime et emporterait des conséquences, tant sur le plan disciplinaire que sur la rémunération. »

Dénoncer cette direction « qui vit comme des préfets », selon l’expression d’Alexis Constant, journaliste à La Voix du Nord, et réclamer que le suicide de son collègue permette de s’interroger sur les conditions de travail, a valu à Philippe Toulouse quelques déboires. « J’ai reçu une lettre de menace chez moi, il y a quelques jours. Elle comportait l’inscription : “Casse-toi.” » Le syndicaliste CGT est également un opposant politique local au maire Michel Delebarre, bien qu’ils soient tous deux membres du PS. La lettre de corbeau est désormais entre les mains de la police dunkerquoise.

Le 5 décembre, les salariés d’AAE ont levé leur droit de retrait à la suite de négociations avec la direction et le conseil général. Recrutement d’un nouveau DRH, présence d’un chef d’équipe pour rééquilibrer les horaires de travail, injection d’un million d’euros par le département, promesse de retrait immédiat du système de géolocalisation, examen des « dépenses publiques infondées »… Les salariés ne sont pas dupes : ils savent qu’ils devront rester vigilants et faire bloc pour obtenir des avancées réelles. « À nous de continuer », conclut Gauthier. La France compte 63 000 éducateurs spécialisés.

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Messagede toma » 15 Jan 2012, 18:12

Sur le même sujet :

Les éducateurs de rue, ces invisibles du travail social

Les éducateurs de rue, spécialisés dans la prévention de la délinquance, sont parfois le dernier lien avec des jeunes abandonnés par l’école mais déjà répertoriés par la justice. Victimes des réformes de la RGPP et des exigences de rentabilité, les éducateurs travaillent sous tension et souffrent d'un manque criant de reconnaissance sociale et salariale. Tour d’horizon d’une profession malmenée.

La prévention spécialisée intervient dans les interstices, dans cet espace mouvant qu'est la rue. Là où précisément les institutions publiques ne sont pas, et où parfois, les associations ont jeté l’éponge. Marion* travaille depuis six ans dans une association de prévention spécialisée dans le quartier Nord d’une ville moyenne. Elle est passionnée par son métier mais préfère garder l’anonymat pour être plus libre dans ses propos. Cette éducatrice de rue s’occupe « des personnes en marge ou en voie de marginalisation » et tient tout de suite à préciser les bases de sa mission : « Le principe de la prévention, c’est de se réinventer et de proposer des idées à partir des constats faits sur le terrain. Si le dispositif fonctionne, le but c’est que les gens s’en emparent ». La prévention spécialisée touche des jeunes, âgé de 12 à 25 ans, et leur famille. Quand on l’interroge sur ses conditions de travail et sur les moyens de son action, elle répond illico : « C’est paradoxal. Notre budget n’a pas été amputé. Les politiques de la ville nous soutiennent car ils ont besoin de nous. Mais, nos conditions de travail se dégradent à vue d'oeil parce que nous avons du mal à faire face à des situations sociales qui s’aggravent. Les jeunes subissent des politiques répressives qui les amènent presque systématiquement en prison. Dans le quartier, c’est comme un champ de bataille entre les jeunes et la police. Nous, on est au milieu ». L’écart est béant entre des jeunes « qui ne comprennent plus rien à la République, qui ne croient plus en rien et qui sont en colère et des policiers qui font des actions coup de poing en plein après-midi au milieu de mamans et de petits », témoigne-t-elle. S’il y avait une souffrance au travail, elle serait là, dans cet entre-deux. Les éducateurs sont sommés de choisir leur camp. La vision d’un territoire à l’abandon ne semble pas exagérée. Pour Marion, le manque de présence associative, le manque de services publics dans le quartier, le manque de perspectives décrédibilise la parole de l’éducateur. « Pour pouvoir dire aux jeunes qu’une autre vie est à leur portée ailleurs, il faudrait que ça soit vraiment possible. Et ce n’est pas le cas aujourd’hui.»

Dans le social, la souffrance au travail est tabou


Même constat pour David Puaud, doctorant à l’EHESS et éducateur spécialisé, pour qui les injonctions paradoxales se multiplient : « L’assimilation des travailleurs sociaux à des fonctions de force de l’ordre est de plus en plus prégnante. Depuis la loi de prévention de la délinquance de 2007, certains dispositifs remettent en cause le secret professionnel. Des amalgames qui rendent complexe l’action des éducateurs de rue, dont les pratiques se fondent sur un rapport de confiance avec les jeunes du quartier. Du coup, ils peuvent être perçus comme des « balances »». Et le jeune éducateur de pointer la transformation du métier depuis dix ans avec des lois comme la directive européenne « services », les mesures liées à la RGPP ou encore la loi du 2 janvier 2002 sur l’évaluation et qualité dans l’accompagnement de la personne : « Ces logiques prescriptives et normatives ont des influences sur les pratiques concrètes des travailleurs sociaux, qui transforment leur fonction, leurs « être »». La souffrance des travailleurs sociaux semble un phénomène tabou dans l’action social. « Les professionnels se doivent au quotidien d’être dynamique, des personnes ressources auprès des usagers des services, remarque David Puaud. Parler de son mal-être c’est remettre en cause sa « fonction relationnelle », du coup, de nombreux travailleurs sociaux relativisent leur mal-être ». Des souffrances qui peuvent s'exprimer par des arrêts maladie ou par des attitudes addictives mais aussi par des actes extrêmes comme le suicide en décembre dernier d'un éducateur spécialisé à Dunkerque (voir la première photo).

Concurrence et embauche de contrats précaires...

Les éducateurs ont le sentiment de voir se dresser, les uns après les autres, des obstacles législatifs et institutionnels incompatibles avec leurs pratiques. Ils doivent aussi faire face à la réorganisation progressive des structures associatives qui relèvent du secteur privé et qui calquent leur fonctionnement sur celui des entreprises. Les établissements sont soumis à des critères de rationalisation : non remplacement des départs à la retraite et embauches de contrats précaires. Jean-Pierre Gallasse, maître de formation à l’IUT de Tourcoing en éducation spécialisée confirme : « Les salariés se retrouvent seuls à devoir gérer des groupes, ça provoque forcément du stress et de l’angoisse. Les usagers sont de plus en plus nombreux et la montée en charge des problèmes n’est pas compensée par l’embauche de personnel. La disponibilité qui caractérisait l’éducateur est mise à mal. La relation de confiance est affectée. Les éducateurs sont amenés à répondre davantage à des prestations de service qu’à une fonction éducative ». Pour autant, l'action sociale est-elle un outil du contrôle social ? Les travailleurs sociaux sont-ils présents sur les territoires en difficulté pour réguler les violences ? Ces questions qui se négocient au quotidien et dépendent aussi bien de l'organisation des structures d'intervention que du degré de conscience critique des éducateurs sur l'instrumentalisation de leur action sociale. Manuel Boucher, membre associé au Centre d'analyse et d'intervention sociologiques (CADIS), étudie les paradoxes et les obstacles inhérents à cette profession, déterminée et secouée par les contextes sociaux-économiques et par les politiques nationales. Pour lui, « le métier de travailleur social se négocie en permanence autour de trois axes : la logique de contrôle social avec la difficulté de tenir à la fois les valeurs émancipatrices et la nécessité de conformer les gens à des normes sociales ; la logique de service qui consiste à apporter un service aux gens et enfin la relation singulière de respect réciproque à l'usager ». Le métier se dérègle et perd son sens lorsque « l'une des trois logiques l'emporte sur les autres ».

"On a l'impression que les politiques piétinent notre expérience"

Pendant les Trente glorieuses, les éducateurs de rue pouvaient aisément apporter des solutions d'insertion par le travail. Depuis plusieurs décennies, désindustrialisation, chômage et processus de ghettoïsation sont passés par là. La décomposition de l'Etat social a entraîné celle de l'intervention sociale. Les rapports de force entre les différents corps du travail social (éducateurs, assistantes sociales et animateurs) se sont tendus. « Aujourd'hui, la place des éducateurs n'est pas assurée dans les quartiers. Au mieux, ils sont tolérés. Mais en aucun cas, on n'attend d'eux une aide réelle. » L'institutionnalisation de ces métiers exige des résultats en terme de pacification des rapports sociaux et écarte soigneusement toute politisation des usagers. Malgré cela, les éducateurs de rue se battent pour préserver une relation de confiance. Et trouvent « des stratégies pour ne pas violer le secret professionnel, un des fondements de leur pratique.»

N’empêche, l’exigence de rentabilité et de résultat devient de plus en plus pressante alors même que les éducateurs font face à des situations humaines difficiles. Les propositions de réinsertion professionnelle sont compromises par la situation de crise mais aussi par le manque d’initiatives et de moyens de l’Etat. C’est ce que dénonce Hanafi Rahnani, représentant syndical du SNPES-PJJ-FSU et éducateur à Amiens Nord. Pour lui, des solutions existent pour des jeunes en situation de délinquance mais cela dépend d'une volonté politique : « Les centres éducatifs fermés sont l’exemple de ce qu’il ne faut pas faire. Quand la fugue y est assimilée à un délit, comment voulez-vous que les jeunes aient confiance ? Il faut relire l’ordonnance de 1945 qui fait primer l’éducatif sur le répressif pour les mineurs délinquants. On a l’impression que les politiques actuels piétinent notre expérience. Nous refusons de perdre le sens de notre travail d’éducateur. C’est un recul dangereux. Il faudrait mettre le paquet sur l’insertion. Tous les jours, je vois des jeunes bosseurs qui ont envie de s’en sortir pour peu qu’on leur donne une chance…».

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Re: Les éducateurs spécialisés, chair à canon...

Messagede Pïérô » 09 Fév 2015, 11:16

Travail social : Des éducs à tout faire

La réforme des diplômes des travailleurs sociaux concoctée par le gouvernement rend la formation moins concrète et moins spécifique aux différentes spécialités. Elle fait de plus planer un risque sur les conventions collectives et les conditions de travail. Face à ces reculs, les éducateurs mobilisent encore trop timidement.

Alors que les étudiants de plusieurs écoles du social se mobilisent depuis des années pour la reconnaissance de leur statut (reconnaissance des diplômes d’éducateur et d’assistante sociale au niveau licence), et de leur formation (financement des stages et de leur gratification), le ministère des Affaires sociales, conjointement avec les représentants des employeurs et des centres de formation (l’Unaforis), ont donné leur réponse, sous la forme d’une réforme complète des métiers du social.

Sous couvert d’apporter une qualification supérieure et une meilleure « flexibilité », cette réforme, négociée à huis clos depuis 2013, est une attaque de plus sur un secteur déjà fragilisé par les réformes précédentes et les réductions de budget. Les différentes organisations de représentation des métiers et des salarié-e-s n’ont pour ainsi dire peu ou pas eu leur mot à dire.

Diplôme unique

En quoi va consister cette réforme ? Purement et simplement en la disparition des différentes formations du social. Celles-ci seront remplacées par un diplôme unique de travailleur social, divisé en niveaux correspondants aux qualifications des études classiques (bac, BTS, licence, master, doctorat...). Chaque niveau aura alors des cours théoriques en commun, avec des « modules » de spécialisation pour chaque domaine spécifique. (handicap, insertion, protection de l’enfance), et l’idée d’une formation continue. Les stages, qui sont aujourd’hui fondamentaux dans un secteur travaillant avec l’humain et où l’apprentissage passe beaucoup par l’expérimentation sur le terrain, seront limités à six mois maximum (contre neuf actuellement), avec une possibilité de passer outre si on a déjà travailler dans un secteur « validant » les modules correspondants.

En définitive, cette réforme, censée, selon ses inititiateurs, apporter une meilleure polyvalence et une formation plus adaptée au terrain, a un nombre impressionant de conséquences directes et indirectes complètement néfastes pour les travailleurs et les bénéficiaires de l’action sociale.

Attaque contre les conventions collectives

Tout d’abord, la disparition des stages appauvrit le contenu des formations, et va laisser les futurs travailleurs sociaux hors des réalités du terrain et du contact avec le public. De même, la mise en commun des cours est l’aboutissement du cheminement déjà entamé par les centres de formation depuis quelques années pour calquer les diplômes sur un cursus universitaire classique, dans l’objectif de réduire les coûts, notamment en faisant effectuer une partie des cours (voire l’intégralité) à l’université. Fini à terme l’accompagnement dans les écoles.

Et, peut être plus grave pour les futurs travailleurs, cette réforme est une attaque de plus contre les conventions collectives qui protègent les différents métiers du social (CCN 51 et 66). Car, sans diplômes, la convention est caduque, et sera sûrement remaniée au bénéfice des employeurs qui réclament cette réforme depuis longtemps. On peut d’ores et déjà imaginer que la nouvelle formule sera beaucoup moins favorable aux ­salarié-e-s.

Le reformatage des niveaux correspondants aux éducateurs spécialisés et assistantes sociales, par exemple, font qu’ils seront formés à être des coordinateurs de projets et non pas à l’accompagnement éducatif (ce qui avait commencé lors des précédentes réformes de 2007), permettant donc d’embaucher des diplômés de niveaux inférieurs pour les même tâches, entraînant du coup une réduction des salaires pour le même travail à grande échelle, au prix d’une perte de sens complète de nos métiers. Comme pour la mastérisation des formations enseignantes et la réforme du diplôme des infirmiers, le but est, en s’attaquant aux formations, de permettre une réductions des coûts à grande échelle dans les services publics, sans se soucier des effets absolument catastrophiques pour le personnel et les publics.

Une mobilisation à construire

Face à cette réforme, la mobilisation s’organise même si elle reste encore trop faible. Un collectif de professionnels et futurs professionnels, Avenir Éducs, s’est créé, et a organisé une journée de colloque sur les conséquences de cette réforme le 22 novembre dernier et le 10 décembre, à l’appel des organisations de professionnels, de syndicats, et d’Avenir Éducs, près de 500 étudiants, formateurs et professionnels se sont rassemblés devant le ministère des Affaires sociales contre la forme actuelle du projet. Peu de professionnels sur le terrain sont au courant de ce qui se joue et bien qu’ils aient voté contre la réforme lors de son passage en commission technique, les syndicats représentatifs n’ont pas ou peu communiqué sur le sujet sur les lieux de travail. Pour l’instant, les revendications avancées sont juste un droit de regard sur le contenu de la réforme mais, devant le mutisme du ministère, il faut aller plus loin. Cette réforme globale n’est absolument pas une nécessité et ce dont le secteur a besoin avant tout, c’est de moyens pour accomplir ses missions avant tout. Il faut mobiliser et seule la grève fera plier le ministère.

Yugz (AL 95)

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Re: Les éducateurs spécialisés, chair à canon...

Messagede L . Chopo » 05 Juin 2015, 11:07

Le travail social et les éducateurs en danger.

Le 1er juin, pour son émission mensuelle sur Radio Libertaire, la CNT- Solidarité Ouvrière invitait Adam Cano-Quero et Jean-Marc Brun du Collectif Avenir Educs pour parler des éducateurs, du travail social et des menaces "gestionnaires et productivistes " qui pèsent sur ce secteur.
Regroupant initialement des éducateurs spécialisés et des éducateurs de jeunes enfants, Avenir Educs a vite compris que la refonte des métiers amenait à un changement brutal du paradigme du travail social qui concernait tous les métiers.

Écouter l'émission sur : http://www.cnt-so.org/Le-travail-social-et-les?var_mode=calcul

Actions à venir :
- 23 juin 2015 : manifestation à Nantes
- 25 juin 2015 : manifestation à Paris

.
L. Chopo
Pour la Confédération Nationale des Travailleurs - Solidarité Ouvrière (CNT-SO)
http://www.cnt-so.org


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Re: Les éducateurs spécialisés, chair à canon...

Messagede bipbip » 14 Juin 2015, 13:00

Contre la reforme des formations aux métiers du social

Le Collectif des Étudiants en Travail Social Rhône-Alpes organisait un rassemblement contre la Réforme des formations aux métiers du social devant l’hôtel de région le 12/05.

DEBOUT POUR NOS METIERS !
Compte-rendu de la journée de mobilisation du 12 mai 2015

A l’initiative du collectif étudiant de l’ARFRIPS et du Collectif des Etudiants en Travail Social de Rhône-Alpes (CETS R-A), un rassemblement s’est tenu mardi 12 mai 2015 au matin devant l’Hôtel de Région de Rhône-Alpes, avec le soutien des syndicats SUD Santé – Sociaux 69 et CGT syndicat des personnels du Département à la métropole de Lyon, qui avaient lancé un appel à la mobilisation dans le secteur social et médico-social sur toute la région.Retour ligne automatique
Environ 160 personnes - étudiant-e-s, formateurs et professionnel-le-s - se sont retrouvés pour manifester leurs craintes et leur mécontentement par rapport au projet de réforme des diplômes du social. Un important dispositif policier a été déployé.
Une délégation a été reçue par Mme PERRIN, conseillère régionale (PS) déléguée aux formations sanitaires et sociales et à la vie étudiante, membre titulaire de la Commission Professionnelle Consultative (CPC) au titre de l’Association des Régions de France (ARF), et animatrice du groupe « Formation initiale et continue » dans le cadre des États Généraux du Travail Social. Elle était accompagnée des principaux membres de son cabinet.
La volonté des étudiant-e-s et des professionnel-le-s a été de former une délégation
réunissant les trois principaux acteurs de la formation autour d’une parole commune, dans une alliance solidaire, et ce afin d’apporter les conséquences de ce projet dans toutes ses dimensions.

http://rebellyon.info/Nebuleuses-info-c ... forme.html

Le collectif Nébuleuses s’est rendu sur les lieux pour effectuer un reportage audio.
A lire et à écouter sur nebuleuses.info : http://nebuleuses.info/droit-du-travail ... ail-social
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Re: Les travailleurs sociaux, chair à canon...

Messagede Pïérô » 26 Sep 2015, 17:45

La chronique de Romuald Avet : Retour sur le travail social mis à mal

Les travailleurs sociaux ne sont pas seulement les témoins du malaise de la culture de leur époque, ils sont les acteurs du mouvement de l’histoire. Le paysage dans lequel ils évoluent a changé radicalement depuis les années soixante et soixante dix. Nous sommes dans un moment de transformation économique et sociale majeure, désenchantement du monde dirait-on du fait de la montée en puissance du libéralisme avec son impératif de consommation sans limite et son cortège de pauvreté, de précarité et d’exclusion qui se traduit par l’effondrement des modes de références idéologiques, ceux qui soutenaient l’idée de progrès et d’émancipation. Les travailleurs sociaux dans leur ensemble ne sont plus des militants. Mai 68 est loin et le vent qui emportait ce vieil héritage de l’enfermement, de l’autoritarisme et de la répression a cessé de souffler. Félix Guattari au moment de Mai 68 développera à partir de son expérience à « La Borde » le concept de transversalité en considérant que les problèmes du soin, de l’éducation ou de la psychiatrie ne sauraient s’envisager et s’élaborer séparément des rapports de l’individu à la collectivité, c’est-à-dire séparément de la question politique de l’émancipation. C’est dans ce contexte également que des expériences alternatives contenues dans une certaine marginalité ont inspiré les acteurs sociaux, entrainant un mouvement de transformation dans les pratiques médico-sociales. Les expériences libertaires du côté de l’éducation, ainsi que l’antipsychiatrie et la psychothérapie institutionnelle du côté du soin ont constitué des références incontournables.

Aujourd’hui l’heure n’est plus à l’invention, à la recherche de nouvelles pratiques d’accueil, de soin ou d’éducation, mais à la gestion des besoins sociaux, à la politique de rentabilisation des moyens, au contrôle et à la comptabilité des résultats. Si on n’a jamais autant exigé de maîtrise, de transparence et d’efficacité dans les interventions des travailleurs sociaux, ni autant règlementé le cadre de leur exercice, c’est dans la mesure où la finalité de leur acte a changé. On ne leur demande plus de s’inscrire dans une relation et de l’interroger en valorisant l’acte lui-même comme un « art de dire et un art de faire » mais d’atteindre des objectifs préalablement définis, dans une logique et une fonctionnalité propre à résoudre et à maîtriser rapidement des problèmes humains d’une grande complexité. On tend en effet à assujettir la démarche du praticien jusqu’alors ouvert à la surprise d’une rencontre porteuse de sens et parfois de vertus transformatrices à une logique de l’utile et de la rentabilité selon des critères soi-disant « objectifs » pour les besoins d’une politique essentiellement gestionnaire. Dans ce contexte la tendance générale est au détournement de l’attention portée au sujet. Le déclin de la psychanalyse en tant que référence dans la constitution du savoir psychopathologique et des pratiques éducatives et soignantes en est le symptôme. La dimension clinique de l’écoute s’efface pour laisser place à une approche de plus en plus rationalisée qui évacue l’expérience intérieure de la subjectivité au profit d’une pragmatique du comportement tournée vers une volonté de maîtrise technicienne. Les travailleurs sociaux pourtant toujours sollicités de façon permanente, tous azimuts, doivent se plier à de nouveaux impératifs administratifs et gestionnaires, à la rentabilisation des coûts et à la mise en conformité avec les politiques sociales et de santé mentale dont ils sont devenus les agents. Roland Gori souligne la dimension de servitude volontaire qui est à l’œuvre dans cette recomposition des métiers de l’éducation et du soin : « Cette revanche du programme administratif sur le projet thérapeutique, social ou politique ne provient de la « méchanceté » foncière des administratifs, des gestionnaires, des économistes, des publicistes, des politiques pragmatiques ou des scientistes, mais tout simplement que leurs modèles, leurs savoirs et leurs techniques sont plus facilement solubles dans la vision néolibérale du monde ». Ce qui fait désormais critère de référence, c’est le modèle de l’entreprise performante rodée à sa stratégie de management. Il infiltre progressivement le mode de pensée dominant. Dans le monde de l’entreprise, les méthodes de management ont pour effet d’individualiser le rapport au travail et de défaire toutes les solidarités pour mettre chacun des salariés en concurrence, au nom du principe érigé en dogme de l’efficacité. Les suicides engendrés par de telles méthodes ne sont pas le fait des fragilités des individus mais du traitement des subjectivités ravalées à une simple fonction de rouage de la production, interchangeable et permutable à souhait. Aujourd’hui ce n’est pas le cadre qui fait le plus défaut, cadre qui se confond avec l’organisation, mais essentiellement sa fonction instituante et structurante. Les praticiens ont besoin de prendre appui sur un cadre institutionnel pour être en mesure de pouvoir étayer leur acte. Michel Chauvière (militant, sociologue et historien du travail social) rappelle avec justesse que les institutions ne sont pas seulement des cadres institués mais vivent essentiellement de l’action instituante de chacun. C’est cette fonction (de l’institution) qui permet de contenir par un travail psychique de liaison, supporté par la parole, les situations les plus problématiques, et au professionnel de ne pas se réifier dans une posture de fermeture.

La loi 2002-2 en instituant « la démarche qualité » impose aux professionnels une « expertise » de leur pratique. La pratique doit se conformer à des critères objectivables, facilement identifiables et évaluables. Christophe Dejours a indiqué à ce sujet que la question de fond n’était pas l’évaluation du travail, mais l’obtention des certifications et des labellisations, ce qui est tout autre chose. Ces méthodes (essentiellement des questionnaires) cherchent à évaluer non pas la pertinence, la justesse ou l’efficacité du travail des praticiens qui ne sont jamais garanties et toujours à réinventer mais vérifier l’application des procédures techniques et gestionnaires censées attester de l’opérationnalité de la démarche qualité. Il ne s’agit pas de s’opposer à tout principe d’intelligibilité de l’acte et de la pratique ( qui nécessite une élaboration individuelle et collective avec des outils appropriés) mais de bien voir que c’est le système de l’évaluation lui-même et sa logique de rationalité gestionnaire et marchande qui dénature le sens du travail. Ce qui est appelé abusivement évaluation n’est qu’une procédure de management en vue de formater, d’encadrer, de contrôler et de normaliser l’exercice d’une pratique institutionnelle qui jusque-là relevait essentiellement de l’inventivité et de la compétence des praticiens et échappait à la logique comptable comme à celle de la transparence et de la rationalisation des actes.

Comment agir face à de tels enjeux ? Comment résister à cette « idéologie de l’objectivité et de la normalisation qui s’est érigée en principe de subjectivation et comme machine de gouvernement » (Roland Gori) )Il s’agit d’une question complexe car le travail social n’est jamais neutre en effet et ne saurait s’affranchir des questions de son temps. Il doit néanmoins redéfinir continument les exigences de son éthique, ne pas cesser d’interroger sa fonction et le sens de ses pratiques dans le cadre d’une civilisation qui prétend se fonder sur des principes démocratiques. Une résistance contre cette destruction de son éthique ne saurait néanmoins être efficace sans une prise de conscience de l’ensemble des professionnels du soin et de l’éducation (et de tous les autres) afin qu’ils refusent de mettre leur intelligence et leur force de créativité au service du marché, de la sécurité, et de cette idéologie scientiste et technocratique dominante.

« Pourquoi défendre aujourd’hui la clinique dans le
travail médico-social » Romuald Avet
Livre collectif avec une préface de Roland Gori
paru chez l’éditeur « Champ Social » en 2010

http://www.questionsdeclasses.org/?La-c ... -Avet-2805
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Re: Les travailleurs sociaux, chair à canon...

Messagede R&N » 12 Oct 2015, 18:34

Stop à la violence patronale dans le social !


Vendredi 9 octobre 2015, en pleine séance du Comité d’Etablissement du club de prévention spécialisée Arrimages 93, le directeur de l’association Armand N’Zoulou s’en est pris verbalement, a joué de l’intimidation physique et a menacé de s’en prendre physiquement aux élues SUD Santé-Sociaux.

Après avoir jeté des feuilles au visage des déléguées du personnel, le directeur hors de lui a exprimé sa haine antisyndicale en s’approchant de l’élue déléguée syndicale, la main tendue, ponctuant son geste d’une menace sans équivoque : « vous aimeriez que je vous frappe, ça vous ferait jouir »…

Les élues SUD ont interrompu la séance et ont quitté l’entreprise, estimant que leur sécurité physique n’était plus assurée.

Le syndicat SUD Santé-Sociaux 93, dénonce la violence patronale commise à l’encontre de nos deux adhérentes. Cette agression intervient dans un contexte où le petit patronat du social veut faire taire toute résistance collective à la casse de nos métiers.

Nous affirmons d’ores et déjà que ces faits ne sauront rester sans suite. Ce directeur, déjà rappelé à l’ordre par l’inspection du travail sur des entraves concernant le fonctionnement du CE, a montré son vrai visage.

Il doit partir et vite !

Sud santé sociaux 93


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Re: Les travailleurs sociaux, chair à canon...

Messagede Grouni.G » 20 Nov 2015, 18:53

Bonsoir,

Comme j'ai pu l'exposer dans un autre forum sur la désobéissance,je suis actuellement en train de mener une recherche sur les travailleurs sociaux avec pour hypothèse la désobéissance comme moyen pour les travailleurs sociaux de re -concevoir leurs métiers, se les réapproprier, de les penser et ainsi atteindre une forme d’émancipation professionnelle. Je me permets de vous poser ces quelques questions-débats-réflexions… Je continue ma recherche ;)

Quel est le rôle et la place des travailleurs sociaux au sein de ce système ? Servons nous de vecteur pacificateur d’éventuelles tensions ? Sommes-nous des objets de contrôle ? Servons nous d’indicateurs ?

Entre possédants et dépossédants, les travailleurs sociaux sont les garants de l’équilibre social. Ils sont les intermédiaires entre les politiques publiques, sociales et les « usagers ». Ils travaillent au sein d’une asymétrie à trois dimensions. Pour autant, le travail social n’est que très peu reconnu, entendu, et cela malgré l’ampleur du travail qui incombe aux travailleurs sociaux.

Le travail social est source de tensions qui peuvent, par moment, s’avérer très fortes. Rarement sont pris en compte les attentes des travailleurs sociaux. Ils ne sont que très peu écoutés. Leurs conditions de travail sont de plus en plus contraignantes. Les travailleurs sociaux subissent continuellement des pressions auxquelles ils doivent faire face. Voir les misères que produit notre société chaque jour, colmater sans relâche, répondre à des directives toujours plus fortes, plus coercitives, nous obligeant non plus à mettre de vulgaires pansements mais à abandonner, à sélectionner drastiquement les individus qui auront la chance ou non de se faire accompagner. Cela peut, par ailleurs, créer une opposition suffisamment profonde pour remettre en cause les valeurs humaines que portent un individu et de surcroit un travailleur social. Il est d’ailleurs de plus en plus considéré comme le bras armé des politiques néolibérales de l’état.

Autour de moi, j’entends les travailleurs sociaux se plaindre du manque de temps afin d’assurer un accompagnement social de « qualité ». Tel le steak haché de fast food prit entre deux morceaux de pain, le travailleur social doit à la fois répondre à des exigences de rentabilité élevées demandées par l’institution, elle-même sous la coupe des financeurs, au sein de laquelle il exerce tout en tenant compte des demandes exprimées par les « usagers ». Les travailleurs sociaux sont souvent, et de plus en plus, démunis face au manque de moyens légaux pour faire face aux problématiques sociales et administratives de plus en plus complexes (financières, d’accès à l’emploi, au logement, aux structures…). Le travailleur social doit constamment s’adapter aux changements de procédures en lien avec toutes nouvelles orientations nationales ou locales voire européennes, élaborées en réponse à des crises et enjeux de société.
Les politiques sociales sont basées sur des logiques économiques qui s’accompagnent généralement de réductions de moyens financiers se répercutant sur les effectifs des services sociaux et sur la qualité de la disponibilité que peut fournir le travailleur social.

Il n’est finalement en rien étonnant de constater que les travailleurs sociaux se sentent pour la plus part démotivés, débordés, désabusés, impuissants...
Sommes-nous en capacité de dire NON ? Sommes-nous des marionnettes ? En tant que salarié-es, quelle autonomie, quelle marge nous reste-il ? L’éthique, la déontologie du travail social existent-elles encore ? De même pour une structure de quelle marge dispose t-elle vis-à-vis des financeurs ?

Voilu

Grouni :)
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Re: Les travailleurs sociaux, chair à canon...

Messagede bipbip » 23 Jan 2016, 03:02

Radicalisation de l’Administration du Social

Nous n’assistons certainement pas , actuellement, à une seule forme de radicalisation. Si nous élargissons un peu notre champ d’observation, nous pouvons observer que cette radicalisation est un facteur commun en de nombreux domaines : judiciaire, policier, économique, administrative et social. Ces mouvements de radicalisation sont en lien les uns et les autres. Ils se répondent, se soutiennent et se justifient mutuellement. En un mot, ils font système, plutôt que problème.

Ils correspondent contrairement à l’étymologie du mot « radical », au durcissement d’une société qui renonce à traiter les causes et les racines de ses problèmes. Il ne s’agit plus que de gérer les conséquences les plus visibles et se protéger des avatars les plus désastreux d’une société qui se précarise : désorientation, perte du lien social et institutionnel, déracinement, errance, chômage, sans-abrisme, discriminations.

La radicalisation de l’administration du social est un phénomène qu’il faut prendre en compte sous les deux sens du mot administration.

Dans un premier mouvement c’est l’environnement administratif, règlementaire, institutionnel qui se radicalise sans cesse :
Pour les « bénéficiaires » : formalités excessives et incessantes à accomplir, exclusions, contractualisations, limitations dans le temps, fragmentation des prise en charge, responsabilisations, adhésion obligatoire aux mesures, imposition d’objectifs, contrôles renforcés,
Pour les professionnels : Management, gestion des ressources humaines, précarisation de l’emploi , imposition de procédures, d’objectifs, de méthodes, de tutoriels, mise en place d’une gestion administrative du temps, limitation du pouvoir d’agir, inventer , créer.

Dans un second mouvement c’est le Social qu’on administre (au sens où on administre une potion) qui devient lui même de plus en plus autoritaire et plus dur. Une morale officielle émerge ; celle ci est obligatoire et s’affiche comme une priorité nationale.

Elle est méritocratique : elle instille une idéologie de l’effort, de la conformité et de l’obéissance des usagers face au objectifs qu’on leur prescrit,

Elle est individualiste : car elle isole ,et identifie les causse des problèmes, comme de leur évolution dans les personnes concernées elles mêmes, imposant une intériorisation des difficultés et impliquant un renoncement préalable à toute revendication,

Elle est manichéenne au sens où elle est là pour désigner les « bons » et les « mauvais », (« bons pauvres » ; « mauvais pauvres » ; « bons musulmans », « mauvais musulmans », etc.) pour établir une stricte séparation entre eux .

Bien entendu une telle orientation, de telles politiques qui se déclinent inlassablement d’un ministère à l’autre, ne peuvent que nourrir et accentuer les problèmes qu’elles prétendent traiter. Comme le sécuritaire nourrit le sentiment d’insécurité et justifie son expansion perpétuelle, la radicalisation du social est une forme de cancer… Elle produit une fracture progressive et irréversible des professionnels vis à vis des publics, des institutions vis à vis des terrains, des pratiques obligatoires vis à vis des problèmes véritables.

Que faire face à la radicalisation de l’administration du social ? Baisser les bras fait partie du problème ; mais les incessants appels à l’éthique et à la vigilance , voire à la résistance ne sont pas davantage productifs. Ils rajoutent au sentiment d’impuissance, d’irréversibilité et au fond, à la résignation générale.

Se façonner une posture « rebelle », légèrement contestataire, de vigilance ne peut que contribuer à renoncer à agir ici et maintenant pour faire naître d’autres relations , d’autres pratiques , d’autres modèles et à ne pas les soutenir quand on les a sous les yeux.

Le professionnel du social reste quoi qu’il en dise responsable de sa propre activité :
Il n’est en rien obligé d’adhérer à la philosophie ou aux justification des pratiques qu’on lu impose. Il n’est en rien tenu de les justifier, de les défendre. Il n’a pas à s’identifier à l’administration qui les produit. Il n’a pas à adhérer à leur philosophie, à la vision qui les sous-tend,
Il est encore moins obligé de « rajouter sa couche » : de multiplier les empêchements d’agir par ses propres peurs et ses propres réserves de rajouter des règlements « locaux » qui viendraient encore rétrécir ce qu’il est possible d’oser, de consentir par commodité, confort ou rassurance à l’impuissance où on voudrait l’enfermer.
Il n’est pas contraint à la surviolence : rien ne justifie d’ajouter encore plus de sanctions, plus d’exclusions, et d’infantilisation et de contrôle. Rien n’oblige l’enseignant à accompagner la mauvaise note d’un commentaire sarcastique, le directeur à accompagner une sanction d’une leçon de morale. Nous touchons là aux racines de l’insupportable qui menacent l’image même de nos métiers et qui nourrit une violence que nous redoutons et aurons à subir.
Il est responsable du sens qu’il donne aux choses et aux signes. A lui de comprendre les logiques des situations , des institutions , des problématiques sociales. A lui de faire les liens nécessaires entre la manière dont on le traite et dont sont traités les « usagers ». A lui de faire sa comprendre l’évolution de notre société et les dangers qui la menacent… vis à vis de sa propre place.
Il est responsable des relations qu’il tisse avec les « bénéficiaire ». Il ne tient qu’à lui qu’elles soient engagées, habitées, bienveillantes, authentiques et affectives. A lui de les faire durer au delà des ruptures imposées, à lui de sortir de la vision contractuelle des relations, de se référer à l’anthropologie du don, de l’inconditionnalité et du soin.

Enfin et en un mot, il est responsable de ses actions. A lui de rompre, d’innover, d’annoncer, de dénoncer, d’affirmer et de tenir ses initiatives. A lui de créer , d’imaginer, de désobéir, de sortir de circonvenir.

A lui de faire du Social…

Lire la suite : http://recherche-action.fr/intermedes/2 ... du-social/

http://www.questionsdeclasses.org/?Radi ... nistration
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Re: Les travailleurs sociaux, chair à canon...

Messagede Pïérô » 25 Jan 2016, 01:06

Questions générales sur le travail social...

Le secteur du social semble traversé par une profonde remise en question quant à ses finalités et ses enjeux, au nom des politiques publiques qui font principalement la promotion des mots d’ordre de l’austérité, de la sécurité et de la technocratie. Un petit retour sur l’histoire du travail social s’impose, pour ne pas oublier le sens que comporte cette activité, à l’échelle de notre collectivité.

L’Etat social : perspective historique

C’est surtout au XIXe siècle que peuvent être aperçues les racines du secteur social moderne. Dans un contexte général d’industrialisation, d’urbanisation et de prolétarisation d’une grande partie de la population, des mesures de charité philanthropiques, bourgeoises et/ou religieuses se multiplient, de même que divers dispositifs de solidarité plus institutionnels. Les mouvements ouvriers et syndicaux s’organisent à travers des systèmes participatifs, mutuelles, coopératives, caisses de solidarité, etc., et d’un autre côté, la puissance publique se dote des premières législations sociales, concernant surtout la protection de l’enfance, le droit du travail, le logement social, la santé publique, etc…

La période qui suit la fin de la Seconde Guerre Mondiale est une période de reconstruction et de forte croissance économique, soutenues par les politiques keynésiennes : c’est à cette époque qu’on commence à parler d’un « Etat-providence ». Le contexte est donc très favorable au développement du secteur social. On peut observer le fort développement du travail social, qui atteint une certaine « apogée » à l’époque (Michel Autès). Le secteur est progressivement encadré et soutenu par des dispositions légales et réglementaires qui fixent le cadre des interventions, le fonctionnement des établissements, les modalités de financement, les catégories de publics… Parallèlement, la formation des travailleurs/euses sociaux s’organise, les écoles se multiplient, de nombreux diplômes sont créés entre les années 1960 et 1970. Cette époque est donc également un moment d’innovation et d’expérimentation.

Les Trente Glorieuses permettent une meilleure reconnaissance du travail social (l’expression « travail social » apparaît d’ailleurs dans les années 1970), et le secteur s’achemine vers un certain équilibre. L’Etat social s’est structuré selon un processus d’institutionnalisation pour le moins ambivalent : il a établi la nécessité de garantir la solidarité envers les plus vulnérables en investissant une partie des fruits de la forte croissance économique ; mais cela cependant à condition que les initiatives de solidarité respectent de nombreuses réglementations et contraintes propres aux politiques publiques. Les bénévoles, militant-es, notables, religieux…, ont dû faire des compromis avec les autorités publiques pour devenir de véritables professionnel-les, avec des salaires, protections et obligations légales… Cependant, la fin des Trente Glorieuses va fortement ébranler ce début de structuration.

Une restructuration de l’Etat social

Dans les années 1970 surviennent successivement deux « chocs pétroliers » qui mettent brutalement fin à la croissance économique, et provoquent l’entrée dans une période de récession. Dans les années 1980 surtout, la pauvreté s’accroît, le chômage de masse fait son apparition, les phénomènes migratoires et les colères des jeunesses des quartiers populaires urbains commencent à être considérés comme des problèmes graves : les rhétoriques de la responsabilité individuelle, du sécuritaire, de la rentabilité, etc., commencent à prendre le pas sur les discours de solidarité. Les fonds publics se raréfient : sous le coup d’une « invasion néo-libérales » (Bourdieu), les politiques publiques commencent à prioriser la rentabilité – ou « efficience » – dans leurs investissements. Le Front National réalise ses premières percées électorales à l’époque. La solidarité recule, l’individualisme monte, on critique l’« assistanat », qui devient un élément bouc-émissaire dans les discours publics.

Les principales répercussions sur le travail social de ces politiques néo-libérales sont surtout budgétaires, mais, au de-là, de la catastrophe qu’elles représentent, on peut faire l’hypothèse qu’il y a un enjeu de pouvoir, un enjeu politique, dans les pressions qui pèsent sur le travail social. L’Etat, derrière des prétextes économiques, semble vouloir surtout un contrôle total du secteur, comme on peut le voir avec les exigences gestionnaires croissantes et les diverses normes imposées d’en haut. La puissance publique génère par-là un fort durcissement de la structuration réglementaire et administrative du secteur social. Les établissements, les associations, les professionnel-les eux-mêmes sont de plus en plus soumis à des réglementations et des exigences souvent purement administratives et comptables, au nom de la « qualité » ou de la raréfaction des fonds publics, ce qui plonge de plus en plus les institutions du travail social dans une inertie mortifère. La commande politique n’est plus porteuse d’un projet de société clair, mais devient purement technique et autoritaire. La crise économique sert de prétexte à rationaliser le travail social, c’est-à-dire à lui imposer une autre logique, celle de la pure efficacité, de la pure rentabilité, de la pure conformité aux critères gestionnaires établis de façon unilatérale par une autorité publique presque totalement muette sur ce qui compte finalement le plus dans le champ du travail social : le sens et les valeurs humaines.

Au final, chacun peut le voir à son échelle, le sens originel du travail social se retourne totalement à cause de cette nouvelle logique imposée par les politiques publiques libérales et gestionnaires. Beaucoup d’institutions ne fonctionnent plus pour leur public mais pour leur propre survie, dans le cadre des injonctions émanant des politiques publiques, et ce, bien souvent, au détriment du public lui-même. Si la plupart des critères imposés par les politiques publiques pour lire, gérer et évaluer le travail social sont réducteurs et sont des pertes de sens, c’est parce qu’ils convergent de plus en plus avec ceux de la sphère marchande et des services en général, et, surtout, alimentent l’illusion qu’on peut maîtriser, calculer, gérer totalement ou presque ce qui se passe entre les travailleurs/euses sociaux et les personnes qu’ils/elles accompagnent. A nous tous, qui tenons au sens de notre travail, de lutter contre ces attaques

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Re: Les travailleurs sociaux, chair à canon...

Messagede Pïérô » 11 Déc 2016, 03:27

Les travailleurs sociaux de la ville de Paris manifestent face au manque de solutions pour les précaires

« Travail social en danger », « assistants sociaux en colère », « Dominique [Versini, adjointe à la maire de Paris chargée de l’action sociale], écoute la détresse des Parisiens ! » Tels étaient les slogans scandés par quelque 200 travailleurs sociaux de la ville de Paris, qui débrayaient jeudi 8 décembre à l’appel de six syndicats unis pour l’occasion.

La mobilisation est exceptionnelle pour ces 1 000 fonctionnaires peu syndiqués et peu habitués à faire grève, tant ils répugnent à pénaliser les plus précaires qu’ils sont chargés d’aider.

Ces soldats du social, en première ligne sur le front de la pauvreté qui s’aggrave, étaient venus témoigner leur ras-le-bol devant la charge de travail qui s’alourdit avec un public de plus en plus nombreux et en grande difficulté sans que les effectifs suivent. Les absences et les temps partiels nombreux dans cette profession jeune et féminine ne sont pas remplacés et retombent sur les collègues.

Ils ou plutôt elles – la profession compte 90 % de femmes – sont aussi venus dire leur épuisement, voire leur écœurement devant un travail « qui n’a plus de sens tant on a peu de solutions à proposer. On n’a pas de places d’hébergement, le 115 ne répond plus. C’est extrêmement violent d’annoncer à une famille qu’elle va dormir cette nuit dehors, témoigne Severine Parrot, déléguée FSU. Parfois, on fait les permanences la boule au ventre. »

« C’est un flux continu de réfugiés, de migrants. On accueille mal les gens, on n’a rien à proposer », renchérit un agent d’accueil à la permanence des sans-abri, qui préfère comme la plupart garder l’anonymat. « Moi je me demande pourquoi je fais ce boulot, d’ailleurs les familles nous le disent : vous parlez, mais à quoi servez-vous ? », confirme une assistante sociale dans le 20e arrondissement.

... http://mobile.lemonde.fr/societe/articl ... pKEBUg3EaS
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Re: Les travailleurs sociaux, chair à canon...

Messagede Pïérô » 03 Fév 2017, 14:59

Denko Sissoko reconnu mineur après son suicide ! Et l'éducatrice qui avait dénoncé la situation est mise à pied !
Un scandale ! L’association La sauvegarde de la Marne réclame le licenciement de l’éducatrice qui avait dénoncé la situation des mineurs isolés étrangers dans ce département. En revanche, rien n’a été mis en place pour assurer de meilleures conditions d’accueil et de suivi, malgré le suicide de l’un de ces jeunes en décembre dernier.
Rien n’y aura fait. Ni la création d’un comité de soutien, ni la pétition qui depuis le 29 janvier a déjà recueilli plus de 2500 signatures, ni la manifestation organisée le 30 au matin devant les locaux de l’association La sauvegarde de la Marne, à qui le conseil général sous-traite l’accueil et le suivi des mineurs isolés étrangers du département. L’association a prononcé hier matin une mise à pied conservatoire, en vue d’un licenciement pour faute grave, à l’égard de Ibtissam Bouchaara, éducatrice spécialisée sanctionnée pour avoir dénoncé publiquement les conditions d’accueil et de suivi des jeunes migrants, après le suicide d’un jeune Malien, Denko Sissoko, le 6 janvier (voir notre article du 27 janvier dernier. Le 11 janvier, elle avait répondu aux questions des médias locaux lors de la marche blanche organisée en mémoire de Denko Sissoko et saisi le Défenseur des droits.
... http://www.nuitetjour.xyz/articles-rfle ... -licencie-


Radio : Mort de Denko et repression
l’Egregore du 30 Janvier 2017
Retour sur la mort de Denko et sur la situation des mineurs isolés étrangers (Lyon, Paris…) avec une reprise de l’émission de RESF sur FPP.
Trois semaines après le décès de Denko à Châlons-en-Champagne, une éducatrice spécialisée a été mise à pied, ce lundi 30 janvier, pour avoir dénoncé publiquement les conditions d’accueil des mineurs isolés étrangers dans la Marne. Interview réalisée ce matin devant le lieu où I’entretien préalable à licenciement avait lieu.
Un comité de soutien se constitue et sa première réunion aura lieu jeudi 2 février à la Maison des syndicats de Reims (heure non encore connue).
Emission à écouter : http://www.oclibertaire.lautre.net/spip.php?article1927
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Re: Les travailleurs sociaux, chair à canon...

Messagede Pïérô » 08 Fév 2017, 20:47

Pour un travail social au service des droits fondamentaux des adultes et des enfants

Nous, travailleurs sociaux, formateurs, universitaires, acteurs institutionnels, personnes accompagnées, militants associatifs, citoyens... qui œuvrons quotidiennement pour le respect de la dignité humaine, appelons le gouvernement à inscrire les droits fondamentaux de l'homme et de l'enfant au cœur de la réforme du travail social et à donner aux professionnels, en lien avec tous les acteurs de la société civile, les moyens d'accompagner les personnes vers leur exercice.

... http://travailsocial.wesign.it/fr
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Re: Les travailleurs sociaux, chair à canon...

Messagede Pïérô » 10 Fév 2017, 03:55

Solidarité avec Btissame le 10 février

Btissame est éducatrice spécialisée au sein de l'association La Sauvegarde depuis 16 ans. Elue déléguée du personnel le 19 décembre 2016 et membre du CHST, elle se rend le 23 décembre à Châlons au foyer Bellevue où se trouve le Samie de la Marne. Elle veut connaître les conditions de travail du personnel. Ce qu’elle découvre l’indigne (un bureau au fond d’une cave, sans fenêtre, ni issue de secours, 4 éducateurs pour 73 jeunes, personne pour s’en occiper le soir après 18 h et le week-end…). Elle demande une réunion du CHSCT.

Le 9 janvier, Btissame exprime sa révolte après la mort de Denko sur les ondes de Radio Primitive , puis dans la presse locale. Elle participe le 11 janvier à la marche blanche organisée en souvenir de Denko.

http://audioblog.arteradio.com/post/307 ... a_chalons/

Btissame est convoquée le 30 janvier par son employeur pour un entretien préalable à licenciement. Que lui est-il reproché ? Pour le président de la Sauvegarde, «Elle a pris la parole en tant qu’éducatrice dans un certain nombre de blogs et sur les ondes d’une radio en discriminant l’association, en évoquant un lien entre le décès du jeune Malien et les moyens de fonctionnement de La Sauvegarde. Ce n’est pas acceptable que l’on exploite le suicide d’un jeune quand on sait tout le travail que font avec les éducateurs du Samie. Ils font le maximum». Pour Btissame, «Il n’y a eu aucun propos diffamatoire ou injurieux, ni volonté de nuire à l’employeur». Une centaine de personnes se retrouvent devant le siège social de la Sauvegarde pour la soutenir. Une mise à pied conservatoire est prononcée dans l’attente de la suite de la procédure de licenciement «pour faute grave en raison des faits qui se sont accumulés au cours des derniers jours». Un comité de soutien “Denko Sissoko Ne tournons pas la page” se met en place.

La Délégation unique du personnel du personnel doit donner son avis sur la demande de licenciement le vendredi 10 février. Ensuite, cette demande de licenciement sera transmise à l’inspecteur du travail. S’il donne son accord, la licenciée ne percevra aucun salaire à compter du 30 janvier. La procédure de licenciement d’une déléguée syndicale est en effet soumise à l’inspection du travail (qui peut refuser le licenciement).

A l’appel du comité de soutien “Denko Sissoko Ne tournons pas la page”, un rassemblement de soutien aura lieu à l’occasion de la réunion des représentants du personnel en vue de son licenciement

Vendredi 10 février 2017 à 9h
au siège social de la Sauvegarde 34 Grande Rue à Bezannes

Participons en nombre à ce rassemblement.

l’appel à solidarité : http://data.over-blog-kiwi.com/0/99/20/ ... 170210.pdf


http://www.lechatnoir51.fr/2017/02/soli ... vrier.html
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Re: Les travailleurs sociaux, chair à canon...

Messagede Pïérô » 11 Fév 2017, 20:54

Radio : Denko : Où en est-on ?

l’Egregore du 6 fevrier 2017

En première partie, ce que l’on a appris sur le Samie et sur les réactions de La Sauvegarde de la Marne. Naissance du comité de soutien Denko Sissoko Ne tournons pas la page et rassemblement vendredi 10 avril devant le siège de La Sauvegarde lors de la réunion de la Délégation unique du personnel en vue du licenciement de Btissame.

En seconde partie, reprise de l’interview de Btissame et de celle de Philippe (Passeurs d’hospitalité) sur les CAOMIes réalisée par RESF

Emission à écouter : http://www.oclibertaire.lautre.net/spip.php?article1929
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