Un coup de gueule, et un petit topic pour informer celles et ceux qui ne font pas partie de cette filière de formation de ce qui se trame. Éventuellement pour débattre également...
Vous n'êtes pas sans savoir que la campagne de vaccination contre la grippe H1N1 a commencé il y a quelques semaines. Après des débuts poussifs et suite à une bonne campagne de com, elle rencontre un franc succès.
Des files d'attentes jusque sur les trottoirs de certains gymnases... Des centres de vaccination devant ouvrir jusque 23h et le week-end... Et encore, même à ce rythme là on est pas prêt-es de vacciner la totalité de la population française. Mais bon c'est pas le débat.
Les étudiant-es des filières de santé (principalement étudiant-es infirmier-es et en médecine) étaient prévenu-es qu'une réquisition par les préfectures était possible, mais qu'elle serait marginale et que le temps de travail ne serait pas long. Et surtout que cette réquisition se ferait sur la base du VOLONTARIAT !
Hé bien ça n'a pas loupé. Les belles promesses de l'année dernière se sont envolées. Ce sont surtout les étudiant-es infirmier-es (EIDE) qui en pâtissent.
La réquisition a parfois lieu la veille pour le lendemain, et remplace les stages de formation !!! Il n'y a pas de respect du choix de l'étudiant-e qui se voit imposer de vacciner. Ainsi, toute une partie des EIDE ne vont pas faire tous les stages prévus cette année. Cela implique une moins bonne formation pour ces EIDE, qui sacrifient donc leur apprentissage pour répondre à une situation qui n'a rien d'urgente.
Les EIDE vaccinent parfois plus de 10h de suite, avec une maigre pause le temps d'avaler un sandwich (et encore il faut parfois se battre pour l'obtenir). Il n'y a quasiment pas de compensation financière car la réquisition "remplace le stage", donc n'est pas mieux rémunérée (même si le temps de travail, de 35h en stage, est beaucoup plus élevé pour la vaccination). Ainsi l'Etat dispose d'une main d'œuvre quasi-gratuite (40€ bruts d'indemnité par semaine par rapport à un-e infirmier-e diplomée payée 9,5€ brut de l'heure, sans compter les primes de week-end et de nuit) et corvéable à merci (on le sait, très peu d'étudiant-es connaissent leurs droits). A une autre époque on aurait appelé ça de l'esclavage.
Dans certains centres, les EIDE ont dû se battre pour pouvoir partir aux horaires prévus : les directeurs-trices de centre voulaient les faire rester jusque 23h !
Les conditions de vaccination sont déplorables, tant au niveau de l'hygiène qu'au niveau qualité. Les bonnes pratiques ne peuvent être respectées.
Bref, tout ça pue.
J'ai entendu la ministre de l'éducation, Valérie Pécresse, qui se félicitait que les étudiant-es participaient à la campagne de vaccination : "c'est leur devoir de service public", a-t-elle déclaré.
Mais le devoir de service public d'étudiant-es, Mme Pécresse, n'est pas de faire le travail de personnels diplômés dans des conditions déplorables, sans rémunération, et avec des horaires dégueulasses afin de rendre service à l'Etat. Le devoir de service public des futurs professionnel-les de santé c'est de se former au mieux, pour prendre en charge au mieux les personnes qui le nécessitent.