Ecole Armée

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Messagede Nico37 » 23 Mai 2009, 09:33

20/04/2009 Stages en "entreprise": la Défense en propose plusieurs milliers dans toute la France

Le ministère de la Défense et les armées proposent actuellement 4782 places de stages pour des jeunes du niveau 3ème à Bac+ 2. Le site internet stages-défense permet de découvrir les stages proposés, par départements, niveau et domaine professionnel. C'est extrêmement bien fait.

A tire d'exemple, à Ambérieu-en-Bugey (Ain), l'armée de l'air propose pas moins de 23 places de stages professionnels dans les domaines aussi divers que photographie, comptabilité, logistique, menuiserie, secrétariat, chaudronnerie, mécanique aéronautique, etc. (niveau CAP, BEP, Bac Pro, BTS, DUT) ainsi que 40 places de stages découvertes (niveau 4ème/3ème).

Le général Bruno Chevassu, chargé de mission du plan Egalité des chances au ministère de la Défense, ( que je remercie) nous apporte les précisions suivantes :

"Ces propositions de stages constituent l'une des sept actions du plan Egalité des chances du ministère de la défense dont quatre contribuent à la Dynamique Espoir banlieues. L'idée de base est simple, quoique pas si simple à mettre en oeuvre : il s'agit, à partir d'un site web, de présenter l'ensemble des solutions de stages qui existent dans l'ensemble des établissements de la défense (militaires, industriels ou de santé) et qui peuvent potentiellement répondre aux besoins des lycéens et des étudiants dont les études (et leur validation) sont intimement liées à la réalisation de stages en entreprise. Ces stages sont réalisés sous convention passée entre le ministère de la défense, l'établissement scolaire du candidat et le candidat lui-même. Ils sont non rémunérés. En revanche, le ministère de la défense propose chaque année environ 500 stages rémunérés (entre bac+3 et bac+7) qui sont mis en ligne sur le site web de la commission armées-jeunesse (CAJ."
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Bidasses, hors de nos RU

Messagede barcelone 36 » 24 Nov 2010, 20:51

http://pavillon.noir.over-blog.fr/artic ... 37965.html
Bidasses, hors de nos RU

Ce mardi 23 novembre, un stand de l'armée françouèze a fait intrusion dans un restaurant public du campus universitaire, dans le but affiché (à la sauce "devenez vous-mêmes . con") de recruter des étudiant-e-s pour leur fond de commerce charcutier, partenaire officiel (depuis pfiuh... Foccart ? Ferry ?) des multinationales des matières premières métallifères, radioactives et mazoutières - porteuses des idéaux universels de la patrie des droits de l'homme riche.
Le groupe Pavillon Noir (Fédération anarchiste 86) et une quinzaine d'individus sont entrés dans le R.U. pour montrer leur refus pacifique mais néanmoins déterminé d'une présence de la soldatesque franchouillonne, aussi bien en Afghanistan ou en Afrique que dans ce restaurant universitaire. Annonçant le menu par une banderole rouge et noire "Pas de guerre entre les peuples-s de paix entre les classes", tenant une appétante affiche culinaire "L'armée recrute - elle te tend la main" (1), ils ont invité les affamé-e-s à leur prendre la recette détaillée d'un tract antimilitariste (2).
Le sergent-chef, pardon le "responsable" du restaurant, leur a assez rapidement ordonné de sortir du restaurant, en leur assénant que la présence de "militants politiques" était interdite ici (rien que de très courant dans un campus, lieu éminemment apolitique), sans permission de sa "chef", et qu'il allait devoir appeler les poulets. Les individus ont refusé, arguant que le "public" c'était tout autant eux que n'importe qui d'une part (on y tolère bien une chef et des militaires) ; qu'ils n'affichaient rien d'autre part, sinon eux-mêmes portant du matériel d'expression libre ; et qu'il était étrange, enfin, que ce chef restaurateur ne cherche point querelle aux "militants" vendeurs de brochures sauvages de Lutte Ouvrière, par ailleurs bien présents à deux mètres de là, sans la moindre "permission" non plus - ah les fripons.
En somme : les viandards avec permis de chasse oui, les nanarchiss', non !
La colonelle, pardon la "directrice" du CROUS, est intervenue dix minutes après, pour d'un martial aplomb sommer les dangereux partisans de l'abolition de toutes les guerres, de sortir immédiatement de "SON" établissement, en menaçant de nouveau de faire donner de la volaille (certifiée label tricolore).
Ils ont décliné son invitation, avec le même argument extrémiste de défendre la liberté d'expression face à l'occupation militaire ; soutenus en cela par des étudiant-e-s gastronomes de passage. Après l'heure du repas, les empêcheurs de massacrer en rond sont sortis auprès des repu-e-s pour faire un discours digestif, relatant les généreuses interventions humanitaires de l'armée française en pays alimentairement carencés, en Afrique et ailleurs.
A bas toutes les armées !

Pavillon Noir, Fédération Anarchiste 86
(1) http://farm1.static.flickr.com/37/90680 ... c4c3bd.jpg
(2) http://sd-2.archive-host.com/membres/up ... 11_nov.pdf
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Re: Ecole Armée

Messagede bipbip » 27 Oct 2015, 09:26

Drôle de cours ! Ou inquiétants, surtout pour les parents. Des écoliers français se sont essayés au fusil d'assaut Famas dans le cadre d'ateliers "découverte"
Sur la photo récupérée par le "Républicain Lorrain", on voit une rangée d'enfants en position de tir couché, les mains sur un fusil d'assaut Famas. Nous sommes à l'école élémentaire de Flastroff en Moselle et ces joyeux bambins sont initiés au maniement des armes pour se familiariser au métier de soldat...
... http://tempsreel.nouvelobs.com/en-direc ... rents.html

Flastroff : des fusils d’assaut à l’école
À la faveur d’ateliers « découverte » menés par des personnels de la compagnie de réserve du 40e RT à l’école de Flastroff, les élèves ont pu manipuler fusils d’assaut Famas et pistolets automatiques. Malaise…
http://www.republicain-lorrain.fr/editi ... -a-l-ecole


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Messagede Pïérô » 29 Nov 2015, 21:23

Excès d’enthousiasme

15 octobre 2015 : A la faveur d’ateliers « découverte » menés par des personnels de la compagnie de réserve du 40e régiment de transmissions de Thionville à l’école de Flastroff (Lorraine), les élèves ont pu manipuler fusils d’assaut Famas et pistolets automatiques.

Le lieutenant-colonel Biberian a fait savoir que ce débordement était dû à un « excès d’enthousiasme » et que « des sanctions seront prises à l’encontre de l’officier en charge de cette action et de tous les responsables »
On est heureux de savoir que « cet atelier ne faisait pas partie du programme »
En savoir plus sur le site du monde http://www.lemonde.fr/education/article ... ytuGRhD.99.

Et pourtant, il serait judicieux de ne pas oublier qu’il existe des protocoles d’accord organisant le partenariat entre les ministères de la défense et de l’éducation nationale. En particulier le protocole Hernu-Savary.

... http://www.questionsdeclasses.org/?Exces-d-enthousiasme
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Re: Ecole Armée

Messagede Pïérô » 12 Jan 2016, 09:12

La caserne à 12 ans, nouvelle initiative PS - LR

« Acculturer » les jeunes à la chose militaire

Dans un rapport déposé en décembre devant l’Assemblée nationale, deux députés, Marianne Dubois (LR) et Joaquim Pueyo (PS), proposent de supprimer la journée défense et citoyenneté (JDC) corvée obligatoire pour tous les jeunes de 18 ans, par « un programme de cadets de la défense pour les 12-18 ans ». Il s’agirait d’élargir une structure, créée en 2008, et qui regroupe aujourd’hui 300 jeunes de 14 à 18 ans – activités diverses le mercredi après-midi, camps d’été, participation aux cérémonies patriotiques, le tout sous encadrement militaire - pour en toucher si possible 100 000, avec un âge d’entrée abaissé à 12 ans. Si, du moins pour l’instant, les deux parlementaires n’envisagent pas la généralisation du système à l’ensemble de la classe d’âge, ce n’est pas qu’ils soient retenus par un scrupule pacifiste mais, plus prosaïquement, par des considérations budgétaires liées au coût du projet, qui serait alors financé par la suppression de la JDC jugée coûteuse et de peu d’intérêt.

... http://www.questionsdeclasses.org/?La-c ... s-nouvelle
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Re: Ecole Armée

Messagede bipbip » 05 Mar 2016, 14:20

À bas la guerre, à bas l’armée

Depuis les attentats de janvier et novembre 2015, le discours militaro-sécuritaire ne cesse de se développer. L’école, avec les “protocoles Défense–Éducation nationale” qui existent depuis 1982, constitue une cible de choix.

En ce mois de janvier 2016, la fabrique du consentement est à l’œuvre : campagne publicitaire du Ministère pour inviter les jeunes à s’engager, battage médiatique au quotidien consacré à nos valeureux soldats et policiers.

Belle efficacité de cette propagande puisque plus de 70 % de la population française ferait confiance à ces deux institutions,alors que syndicats et partis recueillent moins de 30 % de “confiance”, selon l’enquête annuelle du Cevipov publiée récemment.

Les classes “défense et sécurité globale”

L’Éducation nationale apporte sa pierre à ce travail en ayant créé à ce jour, une centaine de “classes défenses et sécurité globale”(CDSG) en France.

Il s’agit d’un partenariat entre une unité militaire et une classe de collège. Né dans l’Académie de Nice à l’initiative d’une enseignante, le dispositif est intégré à la convention sur “l’égalité des chances” le 13/3/2011. Concrètement cette année, une classe de troisième du collège Léo Ferré (!) en Mayenne va correspondre toute l’année avec des militaires embarqués sur une frégate. Il s’agit de la sixième classe créée dans l’Académie de Nantes cette année ! “Il s’agit de faire un travail sur les thématiques de défense-sécurité, à raison de deux heures par semaine, pas de les préparer à entrer dans l’armée, cela s’inscrit dans la pédagogie du projet et il s’agit de proposer du neuf !” déclare l’I.A.

Quel avenir pour ces classes dans la réforme du collège ?

Ces classes – CDSG – dans une logique interdisciplinaire, seront portées par des EPI (Enseignements Pratiques Interdisciplinaires) et des heures hors grille, elles sont “des exemples remarquables s’inscrivant dans le parcours citoyen, permettant aux équipes pédagogiques de mener des projets dans le champ de la défense et de la sécurité nationale” précise une note de la Direction Générale de l’Enseignement Scolaire (DGESCO) datée de décembre 2015.

L’armement, une industrie florissante

Tout cela s’inscrit dans un contexte guerrier et militariste particulièrement ignoble, comme le montrent ces quelques éléments, parus dans le quotidien Ouest France (16.1.2016) qui indiquent à qui profitent les guerres en cours !

L’armement sera le premier créateur d’emploi : grâce aux exportations engrangées en 2015, le secteur va créer en France 40 000 emplois d’ici à 2018… faisant de Le Drian le ministre de l’année !

En 2015 16 milliards de vente d’armes, le double qu’en 2014, en 2012, on en était à 4,7 milliards...

48 Rafales vendus à l’Égypte et au Qatar ;frégates, hélicoptères, missiles vendus au Proche et Moyen-Orient...

Dans l’ordre des bénéficiaires : Dassault, MBDA (missiles), DCNS (arsenaux), Airbus.

Ces industriels et fournisseurs sont en train de recruter 40 000 salariéEs, très qualifiéEs ce qui porterait l’industrie de la “défense” à 200 000 emplois en 2018.

Ce n’est pas fini. Le 26 janvier, Hollande se rend en Inde pour vendre 36 Rafales, sans parler des sous-marins ; l’Arabie Saoudite, “petit client” en 2015, pour le compte du Liban (?) est intéressée par des satellites, des patrouilleurs, voire des chars Leclerc, sans oublier l’espoir de vendre des hélicoptères à la Pologne et au Koweit...

Bref, c’est la fête..!

À quand une campagne comme il y en a eu jusque dans les années 80, avec notamment, les excellents dessins de Cabu ?

Il y a urgence !

Emmanuelle Lefèvre

http://www.emancipation.fr/spip.php?article1271
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Re: Ecole Armée

Messagede Pïérô » 09 Avr 2016, 10:17

Education Nationale : une porte ouverte sur l’Armée

Si Jaurès su, Jaurès pas v’nu

Lu sur le site de l’académie de Nice :
"Lutte contre le décrochage : 13 jeunes immergés au sein d’une unité d’intervention de Brignoles
Dans le cadre du plan ministériel "Égalité des chances", la délégation militaire départementale du Var (DMD 83) et l’Education nationale ont développé pour l’année scolaire 2015-2016 une action partenariale innovante qui vise à vaincre le décrochage scolaire et à renforcer le lien Armées-Jeunesse. Ce dispositif qui a débuté le 11 janvier 2016 permet à des jeunes de 15 à 17 ans de vivre 9 journées exceptionnelles au sein de 11 unités de la Défense du Var avec une approche nouvelle de la découverte de l’environnement de la Défense."

« Allez les jeunes, l’armée est une grande famille… Grâce au partenariat entre l’Éducation Nationale et la Défense Nationale, vous allez découvrir des métiers merveilleux au lieu de cultiver votre humanisme dans un bahut qui ne vous retient pas.
On commence par les métiers propres avec la sécurité civile… Engagez-vous, rengagez-vous qu’ils disaient et vous verrez du pays… Ton prof de géo ne t’a pas appris où se situait Haïti, viens donc voir et on te parlera de notre intervention suite au dernier tremblement de terre… Tiens, regarde, c’est un défibrillateur… C’est pas d’la gégène, ça, mon gars !
Toujours pas envie d’aller te réfugier dans ton bahut de planqués alors il y a encore ce rendez-vous dès 6h45 au Pôle Écoles Méditerranée de Saint-Mandrier pour le lever des couleurs, on finira par les informations nécessaires à un éventuel engagement puis, si l’action te branche, vient donc faire un tour au Groupement des Fusiliers Marins de Toulon pour essayer casque lourd et treillis avant d’aller t’éclater à donf dans le centre d’aguerrissement… et on a encore plein de belles surprises pour toi, jeune veinard-e.
Elle est pas belle la vie ? »
L’objectif de ce rapprochement Armées-Jeunesse est de remobiliser 15 jeunes décrocheurs en leur montrant le chemin de l’estime de soi et de la réussite, dans un cadre renouvelé et une approche originale de l’environnement de la Défense. Et éventuellement les pousser à s’engager…

... http://monde-libertaire.net/?article=Ed ... sur_lArmee
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Re: Ecole Armée

Messagede bipbip » 18 Oct 2016, 00:49

Education nationale - défense nationale : les liaisons dangereuses

La "symbiose" armée - école, vieux rêve d’un ancien ministre socialiste de la Défense (Charles Hernu, 1982) n’en finit pas de se renforcer. En imposant au système éducatif une mission d’endoctrinement politique, illégitime dans son principe, le dernier protocole signé entre les deux ministères va encore beaucoup plus loin que les précédents. Et ceci, dans l’indifférence générale.

L’éducation à la défense « vise à faire comprendre [aux élèves] que les militaires servent la Nation […]. Pour remplir pleinement ces missions, les militaires ont besoin du soutien de l’ensemble de la Nation. » Le dernier protocole signé entre les deux ministères de l’Education nationale et de la Défense (20/05/2016), concerne cette fois-ci explicitement les enfants de l’école primaire, soumis à leur tour, après leurs aînés de collège et lycée, à cette forme très particulière d’endoctrinement politique entrée dans les mœurs scolaires depuis 34 ans, au milieu d’une indifférence très générale qui, de la part de la mouvance éducative, vaut consentement.

Au point de départ : un ministre socialiste, terroriste

Au point de départ, la volonté d’un ministre de la Défense - socialiste, évidemment - Charles Hernu, qui s’était mis en tête de faire de l’école l’antichambre de la caserne, quand le service militaire, alors obligatoire, suscitait une vive opposition de la part des jeunes : « Il faut arriver à l’armée préparés, et préparés par l’école, le lycée et l’université. Il faut une symbiose avec l’Éducation nationale » (déclaration au Monde, 11 juillet 1982). Depuis cette date, « l’esprit de défense », matérialisé par des protocoles conclus par les ministères de l’Education nationale et de la Défense (1982, 1989, 1995, 2007, 2016), de droite comme de gauche, est devenu l’objectif, dans un premier temps de la seule éducation civique, avant d’élargir son domaine d’intervention jusqu’à nos jours à l’ensemble de la scolarité des élèves. Pour les plus jeunes, qui n’ont pas connu cette époque, il faut rappeler que, parmi ses titres de gloire, Hernu fut le commanditaire de l’attentat contre le Rainbow Warrior, un navire de Greenpeace, coulé dans le port d’Auckland le 10 juillet 1985 par des agents des services secrets français, alors qu’il participait à une campagne de protestation contre les essais nucléaires français dans l’océan Pacifique. Cet attentat fit un mort, le photographe Fernando Pereira, qui se trouvait à bord quand le navire fut envoyé par le fond. C’est donc à un ministre terroriste que revient l’initiative de l’éducation à la défense, organisée, trente ans plus tard, dans toutes les écoles de France.

Un protocole qui ratisse large

Le présent protocole, celui de mai 2016, reprend le principe d’origine mais en l’élargissant de manière à en renforcer l’application :

- Comme déjà noté ci-dessus, l’école primaire est dorénavant concernée : dans le but de « soutenir » l’action des armées, il est recommandé de faire participer activement les enfants aux concours organisés par le ministère de la Défense ainsi qu’aux manifestations patriotiques. Sur le modèle de ce qui se fait déjà dans l’enseignement secondaire, des « classes de défense », avec immersion des enfants directement en milieu militaire, pourront être organisées. Le protocole ne précise pas, pour l’instant, s’ils seront envoyés sur le front…

- L’enseignement secondaire, comme avec les précédents protocoles, est particulièrement ciblé : outre la promotion d’une « culture de défense », notamment dans le cadre de l’enseignement d’histoire-géographie et EMC, collégiens et lycéens sont particulièrement sollicités par les métiers de la défense. Il s’agit de « renforcer le potentiel d’accueil au sein de la défense de jeunes souhaitant découvrir la vie professionnelle ou s’y préparer. » Dit plus abruptement, les sergents recruteurs sont les bienvenus dans les établissements scolaires.

- Les enseignants et futurs enseignants ne sont pas oubliés, l’objectif étant d’établir des « relations pérennes » entre enseignants et militaires ; les futurs professeurs « doivent pouvoir disposer d’une formation adéquate dès leur passage dans les Espé » et les plus jeunes sont encouragés à s’engager dans la réserve militaire. Les militaires désireux de se reconvertir (tiens, ça existe ?) non seulement sont dispensés de cette formation mais seront accueillis à bras ouverts « pour combler les emplois vacants d’enseignants ou de non-enseignants et […] résoudre les difficultés de recrutement dans certaines zones géographiques ou pour certaines disciplines ». Les petits sauvageons du 93 sont prévenus.

- A la grande satisfaction et pour le plus grand profit de l’industrie de l’armement, l’enseignement supérieur doit avoir quant à lui pour mission de « répondre aux besoins de la défense, notamment en matière de développement et de promotion de la pensée stratégique française ». Car elle existe…

- De son côté, l’enseignement de l’histoire, objet habituel de toutes les surenchères politiques, se voit sévèrement encadré par un « accompagnement des actions de mémoire », dont les modalités s’affichent sans fard : « la construction d’une mémoire collective […] suppose de distinguer la mémoire, individuelle et collective, et l’histoire proprement dite, dont la finalité est la recherche de la vérité. » On ne saurait mieux dire : par ce subtil distinguo, il apparaît que si l’histoire a bien pour objet la recherche de la vérité, l’éducation à la défense de son côté se cantonnerait plus volontiers dans le mensonge et la manipulation. Une considération qui ne laissera pas d’inquiéter devant le travail de recensement des « entrées défense » actuellement en cours à l’EN visant à multiplier les possibilités offertes à la défense de faire valoir son point de vue dans les programmes scolaires, comme dans les sujets d’examen, ces derniers faisant l’objet d’une attention toute particulière de la directrice générale de l’enseignement scolaire, Florence Robine : si cette dernière déplore de ne pouvoir « contrôler systématiquement l’acquisition des connaissances », c’est aussitôt pour ajouter « même si nous pouvons faire en sorte que des sujets liés à la défense soient régulièrement posés aux examens. »

Autour d’un tabou : un véritable endoctrinement

Contrôle systématique ? Peut-être pas mais il faut convenir que ce protocole – qui, en outre, concerne dorénavant le ministère de l’agriculture – ratisse large, très large et que le domaine d’intervention qu’il concède à l’armée au sein de l’institution scolaire a dépassé les limites : avec l’éducation à la défense, il ne s’agit plus d’information, d’éducation civique mais d’un processus pleinement assumé d’endoctrinement politique, de bourrage de crâne. Il est d’ailleurs remarquable de constater que, contrairement à la méthode choisie pour la rédaction des derniers programmes scolaires, les prescriptions relatives à l’éducation à la défense ne font l’objet d’aucune concertation avec les instances habituelles. Elaborées dans le plus grand secret, elles sont même en totale opposition avec les principes du socle commun en vigueur depuis la dernière rentrée : le socle – est-il précisé - « ouvre à la connaissance, forme le jugement et l’esprit critique […] ; il fournit une éducation générale ouverte et commune à tous et fondée sur des valeurs qui permettent de vivre dans une société tolérante, de liberté. »

De fait, on peinerait à trouver la trace de la tolérance et de l’esprit critique dans l’enseignement d’un objet – l’armée, la guerre – qui, prend la forme de l’injonction, du dogme, quand ce n’est pas de la pure propagande gouvernementale. Le protocole ne s’embarrasse d’ailleurs pas de scrupules éthiques ni de précautions oratoires lorsqu’il explique que son objectif est de « permettre aux élèves de percevoir concrètement les intérêts vitaux ou nécessités stratégiques de la nation, à travers la présence ou les interventions militaires qu’ils justifient. » On a bien lu : l’école a pour mission d’apprendre aux élèves que toutes les décisions prises par le gouvernement en matière militaire sont « justifiées », y compris lorsqu’il s’agit de travailler aux profits, sonnants et trébuchants, des industriels de l’armement ou de magouiller à la promotion de sa propre carrière en envahissant la Libye. Les élèves ne doivent retenir qu’une chose : « les militaires servent la nation. »

A l’école, on ne s’interrogera donc jamais sur la paix, sur la guerre, sur la légitimité de la violence dans la résolution des conflits, sur le commerce des armes, sur les délirantes dépenses militaires (plus de 1600 milliards de dollars dans le monde en 2015), sur la bombe atomique, expression d’un terrorisme d’état : l’éducation à la défense en fait des sujets tabous, des questions qu’on s’interdit de poser, sans doute par crainte que les réponses des élèves ne soient pas celles attendues. S’ils savaient… Mais en fin de compte, un tabou, une ignorance qu’on retrouve à l’identique dans l’ensemble de la société qui préfère en la matière s’en remettre aux décisions « régaliennes » d’un seul homme, jamais contestées. La publication de ce nouveau protocole armée-école, l’autoritarisme avec lequel il s’impose au monde éducatif ne viennent pas non plus du hasard : ils sont les symptômes d’une militarisation des questions de société bien antérieure aux attentats terroristes, utilisés ici comme prétexte et dont le principe consiste à faire passer la force avant la raison et le droit : après tout, aujourd’hui, Montebourg et son projet de rétablissement du service militaire est dans la lignée des Hernu et Chevènement et du virage militariste d’une bonne partie de la gauche dans les années 80.

Reste cette question : pourquoi, depuis 34 ans que l’éducation à la défense gangrène l’éducation civique, que cet enseignement relève d’un absolu manque de respect pour la liberté de conscience et les valeurs légitimes de chacun, pourquoi, donc, les enseignants, les parents, leurs organisations représentatives, les mouvements éducatifs n’ont-ils jamais contesté cette dérive ?

Education à la défense à l’école primaire de Flastroff (Moselle) (http://www.republicain-lorrain.fr/editi ... -a-l-ecole)

Lire aussi : "L’éducation morale et civique, ça sert aussi à faire la guerre" https://blogs.mediapart.fr/b-girard/blo ... -la-guerre

http://www.questionsdeclasses.org/?Educ ... angereuses
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Re: Ecole Armée

Messagede bipbip » 04 Jan 2017, 08:38

Classes de défense globale : quand l’armée fait son entrée dans les écoles et les collèges

Des enfants coachés par l’armée dès l’école élémentaire ? C’est le cas en France, depuis quelques années, grâce à des partenariats établis entre l’armée et l’Éducation nationale. Il existe plus de 80 « classes de défense globale » visant souvent des « publics en difficulté », avec l’objectif notamment de « réduire d’éventuels problèmes d’incivilités ». Les enseignants des établissements concernés n’échappent pas à une formation obligatoire à la défense nationale. La revue Silence s’est intéressée à ces classes qui visent à opérer un rapprochement entre les élèves et l’armée.

... http://www.bastamag.net/Classes-de-defe ... les-et-les
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Re: Ecole Armée

Messagede bipbip » 23 Sep 2017, 17:47

École et guerre : le cas Freinet. Entretien avec Emmanuel Saint-Fuscien

Entretien avec Emmanuel Saint-Fuscien pour son livre Célestin Freinet, un pédagogue en guerres : 1914-1945.

Emmanuel Saint-Fuscien est Maître de conférences en Histoire à l’EHESS et a été enseignant au collège et au lycée. Il travaille sur l’armée, l’école et la guerre au XXe siècle et est l’auteur de À vos ordres ? La relation d’autorité dans l’armée française de la Grande Guerre (1). Il mène actuellement une recherche sur la manière dont les attentats de janvier et novembre 2015 ont été vécus dans les enceintes scolaires.

Pour Faire suite à l’entretien, nous vous proposons en « bonnes feuilles », en accord avec l’éditeur que nous remercions, le chapitre 6 : L’autorité du maître et l’obéissance de l’élève : quel commandement dans la classe ? pour un autre éclairage sur Freinet.

... http://www.questionsdeclasses.org/?Ecol ... nt-Fuscien
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Re: Ecole Armée

Messagede Pïérô » 19 Jan 2018, 15:42

Formation des enseignants : l'armée s'implique...

Les enseignants des académies d’Aix-Marseille et de Nice sont invités à participer, le 6 février prochain, à un colloque - "Tous acteurs de la défense" - dont l'organisation et le contenu ont été confiés à l'armée. Un curieux mélange des genres.

Les enseignants des académies d’Aix-Marseille et de Nice sont invités à participer au colloque organisé le 6 février prochain par leur hiérarchie, le ministère de la Défense et l’IHEDN (Institut des hautes études de la Défense nationale), colloque intitulé « Tous acteurs de la défense ».

A l’exception d’un professeur d’histoire-géographie appelé à la rescousse pour faire diversion, les intervenants ne se signalent pas a priori par leurs titres ou leurs compétences en matière éducative : après l’accueil café et l’allocution des recteurs et du général de division « commandant la zone de défense et de sécurité sud » (c’est son titre), les participants pourront tirer profit de martiaux exposés délivrés par un capitaine de vaisseau « officier de cohérence opérationnelle du domaine Cyber », un « général adjoint engagements, ZDS Sud », le préfet de police des Bouches-du-Rhône, le général de corps d’armée commandant la région de gendarmerie. Un civil, quand même, ou presque, en la personne de Tristan Lecoq, inspecteur général de l’EN, « chargé des relations avec le ministère des armées, de l’enseignement de la défense et de la sécurité nationale et de l’enseignement de la mer », capitaine de vaisseau de réserve à ses moments perdus. Ce même IGEN a été élu, il y a peu, à l’académie de Marine au fauteuil de l’amiral Lanxade, un ancien chef d’état-major des armées, qui, en 2008, lors d’un sommet de l’OTAN, s’était signalé en préconisant l’emploi « préventif » de la bombe atomique. Histoire, sans doute, de tester la réaction des populations carbonisées, vitrifiées, atomisées… Un grand humaniste, donc, dont la pensée et les idéaux ne manqueront pas d’inspirer ce colloque destiné aux enseignants et aux éducateurs. Car il s’agit bien d’une formation organisée par l’Education nationale…

... https://blogs.mediapart.fr/b-girard/blo ... tor=CS3-67
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Re: Ecole Armée

Messagede Pïérô » 21 Jan 2018, 22:03

« Trophée civisme et défense » ou comment l’armée entre dans l’Ecole

Le Ministère de l’Éducation nationale informe régulièrement les enseignants de la possibilité d’inscrire leurs classes à divers concours nationaux, en vue de valoriser les grands concepts mis en avant selon les époques. Dernier reçu dans les boites mail des enseignants : le trophée « Civisme et défense ».

... https://larotative.info/trophee-civisme ... -2556.html
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Re: Ecole Armée

Messagede bipbip » 31 Mar 2018, 19:05

Educ 93 : Pour une éducation émancipée des entreprises et de l’armée

Après une semaine de grève en Seine-Saint-Denis, communiqué de l’Assemblée Générale de l’Education 93 suite à leur action à la Sorbonne de vendredi 23 mars au matin.

Pour une éducation émancipée des entreprises et de l’armée, contre l’intrusion des réactionnaires et des militaires dans l’éducation

Cela fait une semaine que nous sommes en grève en Seine-Saint-Denis, mobilisé.e.s contre les inégalités que subissent nos élèves. Les moyens financiers et humains dans notre département sont en contradiction avec les discours sur l’égalité du président et de son ministre de l’éducation nationale Jean Michel Blanquer. Nous le savons mais chaque jour apporte sa nouvelle preuve.

L’État dépense 1,5 fois plus d’argent pour un.e élève parisien.ne que pour un.e élève de Seine-Saint-Denis et nos établissements ne sont pas en mesure d’accueillir tou.te.s leurs élèves.

Le rectorat de l’académie de Paris a accueilli vendredi 23 Mars un colloque intitulé « Société civile et communauté militaire : Défendre ensemble les valeurs de la France », dans le très cossu grand amphithéâtre de la Sorbonne. Le ministre de l’éducation y a été invité pour une allocution.

Une allocution qui aura bien lieu, mais à distance : curieusement, alors que son agenda est toujours très précis et régulièrement mis à jour sur son site, en cette semaine de mobilisation, plus rien n’y figure depuis mercredi. Il paraîtrait que le ministre serait à Lisbonne au Portugal. Et c’est de là qu’il aurait enregistré son discours, diffusé ce jour devant des uniformes de tous les grades.

La mention de certaines des personnes et organismes invités suffit à éclairer la conception que le gouvernement actuel a de l’éducation :
• Après l’allocution du ministre, le chef d’état-major des armées doit ouvrir le bal, suivi de différents gradés militaires dont le DRH de l’armée de terre.
L’armée lorgne sur la chair à canon.
• Le vice-président du MEDEF, qui est le co-fondateur de Showroomprivé, encore une startup dont on se demande sur l’exploitation de qui elle réalise ses bénéfices.
Les entreprises guettent la chair à patron.
• Eric Mestrallet, président de la fondation Espérance banlieue, organisation qui promeut une école privée, autoritaire, révisionniste – Il fut l’un des leaders de la non-regrettée « Manif pour tous ».
Cette fondation attend patiemment que l’État ait fini de dépecer l’école publique pour diffuser ses « valeurs » réactionnaires.

Les tables rondes proposées sont aussi révélatrices des ambitions que ces personnes ont pour l’école : la patrie, l’éthique (selon les militaires et l’entreprise), la pérennité des valeurs.

Sont-ce là les meilleures questions à se poser pour la société de demain ?

L’école n’est pas et ne doit pas devenir une institution au service des DRH de l’armée.

Jean-Michel Blanquer n’a t-il pas mieux à faire, notamment dans le 93, que d’intervenir dans des colloques de ce type ?
A moins que les ambitions des organisateurs de ce colloque ne soient partagées par ce ministre...

La lutte continue.


https://paris-luttes.info/pour-une-educ ... e-des-9804
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