Marchandisation du social

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Messagede Pïérô » 22 Déc 2016, 22:32

Marchandisation. Des fonds privés à l’assaut du social

Banques et investisseurs sont désormais sollicités par l’État pour financer l’action sociale. Les collectifs et les salariés du secteur s’inquiètent du tournant libéral ainsi enclenché sous la tutelle de Bercy.

En signant le 24 novembre les deux premiers contrats à impact social (CIS), l’État a-t-il fait entrer le loup dans la bergerie ? Les partenariats public-privé (PPP) vont-ils se généraliser dans l’action sociale et transformer le secteur en une poule aux œufs d’or pour les groupes financiers ? Les travailleurs sociaux sont inquiets. Aujourd’hui, les organisations patronales se regroupent pour n’en former plus qu’une et ont déjà signalé être prêtes à renégocier la convention collective couvrant plus de 300 000 salariés. Les diplômes ont été remis en question, les formations orientées, et maintenant cette ouverture du champ social à des montages financiers privés… Des éléments qui font craindre l’émergence d’une nouvelle gouvernance aux dépens des missions de service public.

« à qui le travailleur social va-t-il rendre des comptes ? »

Les nouveaux CIS ont été inspirés par le Royaume-Uni. Outre-Manche, les Social Impact Bonds sont apparus en 2010. Et permettent aux fonds privés de financer des actions pour les collectivités, en se rémunérant à bon taux si les objectifs fixés par les autorités publiques sont atteints. En cas d’échec, les dépenses sont assumées par les financeurs. Plus précisément, les autorités s’adressent à un organisme intermédiaire, qui lui-même va chercher des fonds auprès de banques ou de fondations en quête d’investissement rentable. L’organisme financier intermédiaire sélectionne ensuite l’association opératrice. En France, le CIS a été adapté à la suite des réactions des acteurs du secteur. Les associations doivent être à l’initiative d’un projet « innovant ». Ainsi, l’Association pour le droit à l’initiative économique (Adie), spécialisée dans le microcrédit, vient de bénéficier du premier CIS. Elle s’est engagée à réinsérer professionnellement d’ici six ans 320 personnes isolées en zone rurale. Parmi les investisseurs, on retrouve BNP Paribas, Renault Mobiliz Invest, l’assureur AG2R La Mondiale…

« C’est l’ouverture du champ social au marché, appréhende Gabrielle Garrigue, membre d’Avenir Éducs. On s’attaque aux principes républicains d’égalité et de solidarité, cela détourne le travail social de son sens initial. Dans un premier temps, on évoque une solution pragmatique quand les finances ne sont plus disponibles, mais cela change l’orientation du travail social. Dans la pratique, à qui le travailleur social va-t-il rendre des comptes ? Quand on répond à l’État ou aux collectivités territoriales, ce n’est pas la même chose qu’à un financeur qui fonctionne avec un registre d’efficacité à court terme. Les indicateurs ne sont pas les mêmes. Qu’en sera-t-il du secret professionnel ? Quel élément divulguer tout en préservant l’intimité des personnes qu’on accompagne ? On ne va plus répondre à une problématique venue du terrain mais cela va orienter l’action proposée. »

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