Les accidents du travail explosent dans l’aide aux soins et à la personne
Un secteur aux marges du droit du travail
Comme le pointe le rapport de la caisse d’assurance maladie (CNAM), les accidents du travail augmentent à nouveau en France après quelques années de baisse. 621 111 personnes ont été victimes d’un accident du travail (dont 530 en sont morts) en 2014, + 0,5% par rapport à 2013. Ça représente 600 accidents du travail reconnus par heure. Nouveauté, l’augmentation des accidents du travail touche moins des secteurs réputés difficiles comme le BTP que les services. Parmi eux, l’aide aux soins et à la personne connait une explosion (+6%) des accidents du travail.
Nous avions publié il y a trois ans un long entretien avec un inspecteur du travail spécialisé sur ces professions (aides-à-domicile, femmes de ménage, assistantes maternelles, etc.). Il présentait la dureté des conditions de travail mais aussi le fait que les professionnelles – ce sont surtout des femmes – de ce secteur sont très peu protégées. Toujours d’actualité, nous le republions.
Du fait de la féminisation de l’emploi et du vieillissement de la population les « services à la personne » constituent aujourd’hui un secteur d’activité en plein essor. En France, il concerne plus d’1,2 millions de salariés. Femmes de ménage, aide à domicile, assistantes maternelles, garde d’enfants, auxiliaire de vie, ces salariées sont pour l’essentiel des femmes. Qu’elles soient employées par des particuliers, par des associations ou des entreprises à but lucratif ces femmes font face aux mêmes difficultés : faible reconnaissance de leurs compétences professionnelles, négation fréquente des risques professionnels auxquels elles sont quotidiennement exposées, recours quasi-systématique des employeurs au temps-partiel.
Elles expérimentent à ce titre une précarité multidimensionnelle. Dans un secteur où le temps partiel concerne 7 salariées sur 10, cette précarité est d’abord financière, la plupart ne gagnant pas plus de 800 euros net par mois. A la faiblesse des salaires perçus se rajoute les écarts entre « le temps de travail réel » et « le temps de travail rémunéré » et l’irrégularité des emplois du temps qui les empêchent le plus souvent de compléter leur temps partiel par un autre emploi. Enfin, il est aussi souvent difficile pour ces salariées de bénéficier des outils habituellement prévus par le droit du travail pour être représentées et protégées.
Sophie O’LLOG, enseignante-chercheuse en sociologie, a longuement interrogé Alain SPAYKETHER, inspecteur du travail, afin de dresser un tableau précis des conditions de travail aujourd’hui expérimentées par les femmes qui travaillent dans ce secteur d’activité. La première partie de cet entretien revient sur les abus qui sont aujourd’hui constatés par l’inspection du travail et les mécanismes qui les rendent possibles. La seconde indique la manière dont la situation de ces femmes pourrait être améliorée.
« Une double peine pour les salariées de ce secteur »
... http://terrainsdeluttes.ouvaton.org/?p=6067