L'université en lutte

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Messagede bipbip » 20 Mar 2014, 09:47

Frais d’inscription dans l’enseignement supérieur : l’offensive est lancée

L’idée d’augmenter massivement les frais d’inscription dans l’enseignement supérieur public fait son chemin. Alors qu’un décret du gouvernement a déjà permis à Télécom Paris Tech de doubler ces frais à la rentrée prochaine, le directeur de l’école se « fixe une ambition à 5 000 euros ».

... http://www.sauvonsluniversite.com/spip.php?article6648
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Re: L'université en lutte

Messagede bipbip » 07 Avr 2014, 11:28

Paris 1 en Lutte ! AG le 10 Avril 2014

AG le Jeudi 10 Avril 2014, Amphi Turgot, Sorbonne de 11h à 13h. (RER B Luxembourg)

Dans un contexte global de réduction du budget de l’enseignement supérieur, l’université Paris 1 est en déficit depuis trois ans à cause une dotation insuffisante du ministère et enchaîne les mesures de restriction budgétaire. Cette situation a des conséquences néfastes sur la façon dont les missions de l’université sont remplies : réduction de l’offre de formation dans l’ensemble des UFR, fermeture de TD, dégradation des conditions d’étude avec des TD surchargés, et des conditions matérielles d’enseignement dégradées pour tout le monde.
Du côté des emplois, cela se traduit par le rééchelonnement de postes d’enseignants- chercheurs et le non renouvellement de certains postes administratifs. S’y ajoutent le recours à des emplois précaires pour pallier les manques (vacations, CDD) ainsi que l’externalisation vers des entreprises de sous-traitance (à l’instar de celle chargée du ménage qui bafoue les droits de ses salariés).
Ces restrictions se conjuguent à une réorganisation de certains services, menée parfois sans le temps de concertation indispensable, et à l’introduction de techniques managériales néfastes (pressions multiples, développement des primes à la performance). Les enseignants-chercheurs, les doctorants et les personnels perdent une bonne partie de leur temps à la recherche de financements pour compenser l’absence de budget pérenne à la hauteur des besoins de formation et de recherche, au détriment du temps à consacrer aux étudiants et à la recherche.
Cette austérité ne peut que s’aggraver en raison les effets délétères des réformes récentes de l’enseignement supérieur sur la représentation des personnels et étudiant-e-s au sein de l’université.
Depuis la loi Fioraso de 2013, la « Communauté d’universités ou d’établissements », COMUE HéSam, remplace le PRES HéSam. La montée en puissance de cette COMUE qui regroupe une quinzaine d’établissements accroît l’opacité de la prise de décisions qui engagent pourtant l’orientation de l’université pour les dix ans à venir. Elle entame le transfert de la décision des conseils centraux de Paris 1 vers les instances de la ComUE (dont les statuts doivent être votés avant juillet 2014), au sein desquelles les étudiants, personnels et enseignants-chercheurs sont peu représentés. Elle s’engage dans une mutualisation de moyens, de certains services et ainsi que dans une « redistribution de l’offre de formation », en particulier en Master. Ces projets sont d’autant plus préoccupants qu’ils interviennent à marche forcée et dans une grande opacité, laissant la plupart des étudiants, doctorants, personnels, enseignants-chercheurs, dans l’ignorance des changements programmés.
Dans ce contexte de pénurie budgétaire et de transformation de la gouvernance universitaire, il est essentiel que les organisations syndicales puissent agir en toute liberté au sein de l’université.
Face à une « autonomie » qui se réduit à la gestion de la pénurie budgétaire, pour une vraie démocratie et collégialité universitaires et contre l’opacité dans laquelle la COMUE prétend décider du sort de Paris 1 pour les dix ans à venir,
nous, étudiant-e-s, doctorant-e-s, personnels BIATSS, d’enseignement et de recherche de Paris 1-Panthéon-Sorbonne, réuni-e-s en intersyndicale, appelons à une assemblée générale


Signataires : FERC-CGT SNASUB-FSU SNESUP-FSU SOLIDAIRES-ETUDIANT-E-S SUD-EDUCATION SUPAUTONOME-FO SUP-RECHERCHE-UNSA UNEF

http://paris-luttes.info/paris-1-en-lut ... e-10-avril
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Messagede bipbip » 15 Avr 2014, 00:48

Le mouvement continue à l’université Paris 8
http://paris-luttes.info/le-mouvement-c ... la-faculte
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Messagede bipbip » 18 Avr 2014, 10:52

Réoccupons nos universités

La loi dite Fioraso imposera en juillet 2014 à toutes les universités de se regrouper. Cette loi se veut irréversible dès que les regroupements auront été mis en place. Elle n’est que la finalisation de la marchandisation du service public universitaire.

Mais la loi sur les modalités de regroupement des établissements universitaires est interprétable de différentes manières. Fioraso en a une interprétation restrictive qui est même contestée par des députés : http://www.sauvonsluniversite.com/spip.php?article6656


Réoccupons nos universités, tract SUD éducation :
http://www.sudeducation.org/docrestrein ... rsites.pdf

Document explicatif pour comprendre les enjeux de la Loi Fioraso et regroupement d’Etablissements :
http://www.sudeducation.org/docrestrein ... ements.pdf
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Messagede Pïérô » 25 Avr 2014, 00:45

Mobilisation des enseignants précaires à l’Université de Tours

Les politiques d’austérité et les restrictions budgétaires touchent tous les services publics, y compris l’Université. A Tours, les enseignants contractuels du département de sociologie se mobilisent contre de nouvelles modalités de recrutement imaginées par la Présidence de l’Université.

... http://tours.mediaslibres.org/mobilisat ... nants.html
Image------------ Demain Le Grand Soir --------- --------- C’est dans la rue qu'çà s'passe --------
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Messagede bipbip » 30 Avr 2014, 01:55

Mobilisation de précaires à Sciences Po, Tours, Toulouse, Bordeaux, Caen...
http://www.sauvonsluniversite.com/spip.php?article6704
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Messagede bipbip » 04 Mai 2014, 16:10

Dernières injonctions de Simone B. à Paris 8 & Paris 10 - 30 avril 2014

Dans une charmante "lettre d’attention"[sic] (voir PJ), la DEGESIP donne un mois à l’université Paris 8 pour élaborer le contrat de site d’une COMUE encore inexistante !

Depuis la première mobilisation contre le PRES, l’opposition alertait l’ensemble de l’université et sa direction sur les dangers qui pesaient sur l’université. Voilà. Aujourd’hui tout est finalement écrit noir sur blanc !! La fin des "tout va très bien Madame la marquise" a sonné !!

... http://www.sauvonsluniversite.com/spip.php?article6716
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Messagede bipbip » 08 Mai 2014, 14:22

Article tiré d’ On a faim n°7, le bulletin syndical de l’Union locale CNT Chelles et Marne la Vallée (77).

La guerre des universités

A Champs-sur-Marne, l’université Paris-Est de Marne-la-Vallée (UPEM) s’agite. D’un côté, les personnels courent tête baissée : manque d’effectif, problèmes de gestion interne, changements permanents des formations, course aux financements privés. De l’autre côté, la direction lève la tête et rêve en grand : l’UPEM et l’université de Créteil ne feraient plus qu’une grosse Université qui serait le centre de la future Communauté « Université Paris-Est ». L’Etat ne financera que les Communautés et chacune distribuera les sous à ses membres donc il vaut mieux être parmi les plus gros pour avoir sa part. C’est la guerre des universités.

L’Université gonfle, gonfle... et dedans, les êtres humains explosent

Les travailleurs et étudiant-es de l’UPEM voient qu’ils-elles ne courent pas dans le même sens que leurs chefs. Ils-elles se posent une question simple : à quoi ça sert d’être plus gros ? A part gagner une quadruple bureaucratie : celle de Marne, celle de l’Université Marne-Créteil, celle de la Communauté Paris-Est et celle de l’Etat. A part coûter des millions chaque année (une fusion sert à conquérir le monde mais pas à faire des économies : la guerre c’est pas économique). A part dégrader les conditions de travail et d’étude (on ne mutualise pas les imprimantes, on mutualise les personnels et les étudiant-es, et en période d’austérité, de sous-effectifs et de déficit, ça va faire du dégât).

Pourtant, il y a des alternatives sans même parler de désobéir à la loi : la fusion n’est pas obligatoire et la Communauté peut être remplacée par une Association sans chef de file ni bureaucratie. Lentement mais sûrement, les personnels administratifs, les enseignant-es et les étudiant-es commencent à dire que ça suffit et à le dire fort.

Les gouvernements changent, la privatisation de l’université continue

Attention, si les résistances sont locales, le problème vient du gouvernement avant d’être relayé par les chefs locaux. On s’aperçoit que le nom du parti au pouvoir ne change rien. Les problèmes et les projets de l’UPEM sont les mêmes avec Sarkozy ou Hollande car ces deux-là font la même politique.

L’UPEM avait applaudi la loi Pécresse et le pouvoir qu’elle donnait à son président : « On va choisir l’autonomie budgétaire (mais sans gérer l’immobilier, on est raisonnable) et on évitera la bureaucratie de l’Etat. » Résultat : plusieurs millions d’euros de déficit. Aïe. Mais c’était Sarkozy : mettre en concurrence les universités (alors qu’elles devraient coopérer) puis les privatiser en diminuant les subventions. Sarkozy se félicitait alors de n’embaucher qu’un fonctionnaire quand deux partaient en retraite. Ca change ? Non, ça continue, en pire. Hollande n’embauche presque plus de fonctionnaire à l’université. Il dit regretter cette « nécessaire » austérité mais après avoir trouvé des milliards pour les banques, il trouve des milliards pour les entreprises, surtout pour les grosses. Pendant ce temps, la direction de l’UPEM se réjouit du pouvoir qu’elle aura dans la Communauté des bureaucraties où les personnels et étudiant-es laissent leur place déjà modeste au profit des futurs financeurs de l’université, entreprises et collectivités locales. Il faut attraper les gros sous.

L’UPEM avait déjà rajouté Paris-Est à son nom pour montrer au monde qu’elle formait l’Université Paris-Est (avec d’autres, certes). C’était la « politique de l’excellence » de Sarkozy : quelques grosses universités sont hyper subventionnées et les autres se débrouillent ou disparaissent. Ca change ? Non, ça continue : « On va former une grosse université dans une très grosse Communauté (mais sans compétences, on est raisonnable) sinon on va disparaître de la carte. » La grenouille qui se voulait aussi grosse que le bœuf, à la fin de la fable, elle explose. En attendant, ce sont les êtres humains de l’université qui explosent.

La cité Descartes : la guerre économique en marche

Enfin, on ne peut pas parler de l’UPEM sans dénoncer la destruction répétée, absurde et inhumaine, des maisons de fortune de la cité Descartes, « pour le bien » des familles qui y vivaient. Là aussi, ça continue, en pire : Valls incite à la haine des Rroms et les expulse deux fois plus que Sarkozy. Entre la privatisation de l’université et le racisme d’Etat, la cité Descartes révèle la cohérence des gouvernements successifs : mobilisation générale pour la guerre économique c’est-à-dire construire des machines (de guerre) bureaucratiques toujours plus grosses, en donner le commandement aux grosses entreprises, envoyer au combat les travailleur-ses à force d’austérité, de bureaucratie et de concurrence, éliminer celles et ceux qui ne peuvent pas ou ne veulent pas servir cette armée.

Armée qui se veut avant tout efficace et n’a plus besoin d’autre objectif que la victoire économique. Le bien-être, la dignité, les droits humains, l’égalité - liberté - fraternité, la justice, l’autonomie, la démocratie, l’écologie ? Plus besoin de principes moraux pour nous guider : tout découlera de notre victoire. Galeano l’Uruguayen nous prévient : dans une guerre, la seule chose immorale, c’est l’inefficacité. « Tu ne veux pas de ce boulot sous-payé ? Tu devrais avoir honte ! Tu refuses ces ordres débiles, ce rôle de petit chef, cette course folle, ces injustices, ces miettes indécentes, cette haine de l’autre ? Comment oses-tu !? » Il est temps d’oser dire non à la guerre économique. Il est temps de refuser d’être les petits soldats qu’on sacrifie « pour leur bien ». Il est temps de défendre d’autres principes. Découvrons-nous résistants, organisons la mutinerie et luttons ensemble.

http://paris-luttes.info/la-guerre-des-universites
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Re: L'université en lutte

Messagede bipbip » 09 Mai 2014, 11:18

Dans Infos et Analyses Libertaires N°99 publication de la CGA

On reprendrait bien un peu de loi Fioraso !

Après l'entrée bien écœurante « loi Fioraso et continuité de la casse sociale à la fac » dans le précédent numéro d'IAL, passons au plat suivant « loi Fioraso et menace dans le travail social ». Car cette loi produit aussi des effets sur la formation des travailleur·se·s sociaux·ale·s.
L'apprentissage des métiers du social (entre autres moniteur·trice éducateur·trice, éducateur·trice spécialisé·e, assistant·e de service social) s'effectue en alternance (cours + stages) pendant une durée de deux ou trois ans. Les stages sont plus ou moins longs selon la filière et le stade de la formation. Pour rassasier ces affamé·e·s d'étudiant·e·s, certains stages sont rémunérés. Mais là, tout le monde n'est pas logé à la même enseigne ni servi à la même table. En effet, seul·e·s les employeur·se·s du secteur privé (entreprises, associations) et des organismes publics de l’État sont actuellement tenu·e·s légalement de gratifier les stages d'une durée supérieure à deux mois1.
A propos du secteur public, la fameuse loi Fioraso2 soumet tous les terrains de stage à l'obligation de gratification. Mais la ministre a mis de l'eau dans son vin face à la mobilisation entre autres des étudiant·e·s. Elle a annoncé en octobre dernier une concertation visant à prendre en compte la situation budgétaire des organismes publics. Ainsi les collectivités locales et les établissements publics sont libres, pour cette année 2013-2014, de régaler les étudiant·e·s ou de les laisser à la diète.

De quoi se plaint-on ?

La gratification c'est bien car ça donne une meilleure saveur à une formation suivie par des étudiant·e·s qui ne sont pas les moins précaires. Le problème c'est que ça coûte de l'argent - toujours l'argent... Or en ces temps de disette budgétaire (la crise est une réalité mais aussi un bon prétexte) les établissements et services y regardent à deux fois avant d'accueillir un·e stagiaire. Certains préfèrent même les étudiant·e·s indemnisé·e·s par Pôle emploi car dans ce cas pas besoin de gratification. Ce qui pose la question de l'égalité devant les stages.

Les étudiant·e·s ont les crocs

Pour en revenir aux organismes publics, nous avons vu que la gratification n'est pas obligatoire cette année. Mais qu'en sera-t-il l'année prochaine ? Si elle devient obligatoire, les étudiant·e·s seront content·e·s car ils et elles pourront remplir un peu plus leur gamelle. Mais si les organismes publics ne reçoivent pas les moyens qui leur permettraient de mettre en œuvre cette gratification, il y a fort à parier que certains feront les fines bouches et refuseront, eux aussi, d'accueillir des stagiaires. Par conséquent les terrains de stage vont être encore moins nombreux, ce qui va immanquablement impacter la formation des étudiant·e·s : recherche de terrains de stage situés de plus en plus loin de l'établissement de formation, allongement de la durée de formation en cas de stage non réalisé dans les temps...

Gratification or not gratification ?

Puisque la gratification pose problème, pourquoi ne pas la supprimer purement et simplement ? Parce que tou·te·s les étudiant·e·s n'ont pas les moyens de payer et suivre leur formation tout en gérant le reste (bouffe, logement...) ; donc toute aide est la bienvenue. D'autant plus qu'en l'occurrence la gratification n'est ni un salaire ni une somme s'ajoutant à une rémunération régulière. En effet, comme il n'y a pas de rémunération, la gratification est une simple et maigre somme d'argent.
Parce que les stagiaires travaillent, ce qui ouvre droit à une contrepartie financière. Déjà que le salariat est une exploitation à combattre et que les salaires sont faméliques, si en plus le travail fourni n'est pas rémunéré l'exploitation capitaliste atteint alors un stade extrême.
Rester ferme quant aux revendications et sceptique face aux annonces
Fin février, l’État affirme qu'un « fonds de transition » sera créé pour « aider les organismes nouvellement soumis à gratification ». De plus des terrains de stage supplémentaires seront proposés dans les services de l’État. Mais attendons de voir ce que cela va donner. Ce fonds sera-t-il pérenne ? Les terrains de stage vont-ils vraiment augmenter comme ça ? Par contre, en tant qu'anarchistes, soutenons les étudiant·e·s dans leurs revendications, notamment financières !


Groupe de la Haute-Savoie

1. Pour un historique, voir une loi du 31/03/06, un décret du 31/01/08, un autre du 21/07/09, une loi du 24/11/09, une autre du 28/07/11.

2. Loi « Fioraso » du 22/07/2013 relative à l'enseignement supérieur et à la recherche.

http://www.c-g-a.org/motion/reprendrait ... oi-fioraso
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Re: L'université en lutte

Messagede bipbip » 13 Mai 2014, 11:39

Université Paris-Est Marne-la-Vallée : non à la fusion ! Alerte à la ComUE !

Les personnels de l’Université Paris-Est Marne-la-Vallée se mobilisent contre la fusion UPEC-UPEM et sonnent l’alarme face à la ComUE Université Paris-Est.

Le 26 juin prochain se décidera l’avenir de l’Université Paris-Est Marne-la-Vallée (UPEM) par un double vote de son conseil d’administration. Ses dirigeants ont prévu de soumettre l’UPEM à l’autorité d’une « ComUE » et d’engager sa fusion avec l’université de Créteil (UPEC).

Leurs présidents reconnaissent ces transformations comme radicales, coûteuses et risquées, et pourtant, ils imaginaient les mener à bien sans prendre en compte l’avis des personnes concernées, à savoir les personnels et étudiant-es. Les négociateurs sont même priés de ne pas diffuser les futurs statuts !

Malheureusement pour eux, les personnels des deux universités se sont emparés du sujet. Ils se mobilisent aujourd’hui pour une autre vision de l’université à l’Est de Paris.

Les présidents imaginent créer une assez grosse entité pour diluer les déficits, arracher les subventions d’exception et attirer investisseurs, élèves et professeurs d’élite. Autrement dit, ce projet a pour but de renforcer la bureaucratie dans une visée comptable et marchande. A l’UPEM, l’assemblée générale des personnels, l’intersyndicale et diverses composantes de l’université expriment une autre ambition : renforcer les innovations impulsées par son personnel, y compris dans leurs collaborations avec l’UPEC et les grandes écoles de l’Est francilien, avec comme objectif de promouvoir un service public de l’enseignement supérieur et de la Recherche, démocratique, de qualité, pour toutes et tous.

Les présidents affirment qu’il n’y a pas d’alternative légale à la fusion et à la ComUE. Les personnels savent qu’il y a des alternatives, dans une « association » dynamique d’établissements autonomes. L’association permet d’éviter les écueils de la fusion et de la ComUE. En partant des besoins et des projets concrets, elle permet d’accompagner les deux établissements vers un service public ambitieux, démocratique et non concurrentiel. D’autres universités ont déjà fait ce choix plein de bon sens. Le moment viendra ensuite peut-être dans le respect des deux établissements, de leurs personnels et de leurs étudiant-es de faire évoluer l’UPEM et l’UPEC vers un nouveau modèle. A l’inverse de l’actuel passage en force qui ne produira que désorganisation, souffrance, mépris et défiance généralisée.

Nous n’avons pas les moyens de communication dont dispose l’administration, mais nous sommes nombreux-ses, convaincu-es et déterminé-es. La majorité du personnel se mobilise, par dizaines dans les AG et rassemblements, par centaines comme pétitionnaires. Nous mobiliserons les étudiant-es, qui ignorent souvent l’existence même de ces projets. Nous nous allierons à Paris 8, Paris 1 et aux autres universités en lutte contre les fusions et les ComUE. En particulier, nous lutterons au côté des personnels de l’UPEC, qui défendent la même idée d’un service public coopératif, loin des logiques comptables et de privatisation rampante.

Deux AG réunies par l’Intersyndicale (CGT, CNT, FSU, Solidaires) les 25 mars et 25 avril ont permis de comprendre les conséquences de la loi Fioraso et de questionner le projet de la Présidence. Nous étions dubitatif-ves et critiques d’un passage en force avec une consultation sans choix possible. Nous sommes maintenant collectivement convaincu-es que leur projet est contre-productif et anti-démocratique. C’est sans surprise que cette dernière AG s’est prononcée à l’unanimité moins une voix contre la fusion, à l’unanimité moins une voix pour obtenir des éclaircissements sur la ComUE, à l’unanimité pour continuer à lutter pour obtenir un vrai processus démocratique et à une large majorité pour mener des actions d’opposition au projet de la Présidence et de notre ministère de tutelle. Depuis, l’Intersyndicale a récupéré les statuts de la ComUE, qui confirment les craintes de l’AG : il y a alerte à la ComUE !

→ Un rassemblement aura lieu le 15 mai (12h30, face à la présidence au bâtiment Bois de l’Etang) lors la journée nationale de défense de la Fonction publique, sacrifiée par la politique libérale du gouvernement (manif à 14h à Denfert).

Une autre AG à laquelle les élu-es au CA sont invité-es à débattre est prévue le 22 mai (12h30 au bâtiment Copernic dans la grande salle 1B075) entre une réunion officielle d’information et un CA de l’UPEM.

Nous sommes déterminé-es à sauver le service public de l’enseignement supérieur et de la recherche contre une fusion et une ComUE qui bureaucratisent pour mieux privatiser.

La fusion : un pur gâchis

La fusion n’est simplement pas envisageable, ni pour l’UPEM, ni pour l’UPEC. La fusion des services, des composantes, des formations, des statuts, des réglements, des contrats, des partenariats, des infrastructures matérielles et informatiques est une incroyable débauche d’énergie, de temps et d’argent. Elle génère beaucoup de souffrance au travail et dégrade le service rendu c’est-à-dire au final l’enseignement et la recherche.

De plus, contrairement à ce que suggère l’idée de mutualisations, une fusion ne permet pas d’économies mais impose des surcoûts bureaucratiques, 10 millions d’euros par an ou davantage, d’après une étude pour le ministère. Un tel effort ne peut être consenti dans le seul espoir de subventions très hypothétiques. Les défauts structurels que va engendrer ce processus se voient déjà dans les bureaucraties inefficaces et cyniques qui sévissent à Marseille, Bordeaux ou Metz.

La ComUE : anti-démocratique

La ComUE ne semble pas aussi brutale et insensée que la fusion mais elle s’avère encore plus dangereuse. Cette organisation verticale se superpose à la hiérarchie de chaque université et crée une vaste usine à gaz déconnectée des réalités quotidiennes. Elle permet tout simplement de destituer les acteurs universitaires de leur rôle et de soumettre les équipes d’UFR, les instituts de formation, les laboratoires, les écoles doctorales, les services fonctionnels, les étudiant-es et les établissements eux-mêmes aux choix de la ComUE qui sera maîtresse du financement public et privé.
Or ces choix seront faits dans des conseils opaques et sans contrôle démocratique.

Parmi les 3 conseils de la ComUE, le Conseil académique n’a pas de pouvoir. Le Conseil des membres met à égalité les universités et les établissements publics et privés. Les présidents élus d’universités auraient 2 voix (ou 1 voix avec la folle fusion UPEC-UPEM) face à 5 (bientôt 10 voire 20) directeurs nommés : pas même la minorité de blocage au changement des statuts avec transfert de compétences. Enfin, le Conseil d’Administration est contrôlé par les dirigeants des établissements membres et leurs partenaires extérieurs.

Nous venons de découvrir les statuts préparés pour nous et négociés sans nous : le CA compterait 38 membres dont seulement la moitié serait élue. 10 représentant-es pour les enseignant-es-chercheur-es, 5 pour les « usagers » (étudiant-es et thésard-es), quand les personnels se contenteraient de 4 élu-es sur 38. Au moins, les personnels ne freineront pas ces restructurations où elles et ils ont tout à perdre et rien à gagner ! L’autre moitié du CA est nommée : les autres sièges sont distribués à 7 représentant-es des directions des établissements membres de la ComUE, à 6 personnalités nommées par ces 7 premiers représentants, à 3 représentant-es du milieu économique et 3 pour les collectivités territoriales.

L’intérêt de l’Université se voit dilué dans des négociations opaques entre groupes de pression, établissements privés, partenaires extra-universitaires, investisseurs et divers ministères. Dans la future ComUE Université Paris-Est, les acteurs de la recherche mis en minorité dans ces conseils n’auraient plus le contrôle des orientations stratégiques, de l’école doctorale ni des importants financements d’excellence (Labex, Idex, Equipex). Par contre, les partenaires extérieurs seraient associés aux groupes de coordination stratégique de l’enseignement et de la recherche. Dès que la ComUE décidera d’élargir ses compétences, le contenu même des formations serait mis à l’épreuve sans que les enseignant-es aient leur mot à dire, et les étudiant-es seraient impuissant-es face à l’augmentation de leurs frais d’inscription.

En effet, une ComUE peut s’approprier les compétences de ses membres, par simple vote majoritaire du CA après approbation des deux-tiers du Conseil des Membres. Au fur et à mesure, la ComUE peut donc se transformer elle-même en une véritable université, mais une université anti-démocratique. A l’inverse, l’association laisse aux universités le contrôle de la formation et de la recherche.

L’association : l’alternative légale

L’association permet d’éviter les écueils de la fusion et de la ComUE. Si la collaboration a ses vertus, le regroupement institutionnel d’universités et d’établissements n’est pas a priori une bonne solution. Son imposition généralisée par les lois Pécresse puis Fioraso est donc nuisible. Le regroupement par association n’est pas désirable en soi mais il neutralise la nocivité de ces lois.
D’une part, l’association évite l’harmonisation si coûteuse et la mutualisation si violente. Elle préserverait l’UPEM et ses associés d’une incroyable déperdition d’énergie qu’ils pourraient investir en fonction des besoins concrets et projets communs pour évoluer ensemble vers un service public de qualité pour tou-te-s. Ce fut la raison du choix des universités de Lille.

D’autre part, l’association laisse tout son pouvoir à chaque établissement, y compris celui de sortir de l’association ou de la renforcer. Des compétences peuvent être partagées mais elles sont transférées à l’unanimité des membres associés. L’établissement coordinateur n’a pas de pouvoir supplémentaire et la coordination de l’association peut être réalisée à tour de rôle.
L’association laisserait donc à l’UPEM le contrôle de son avenir. Le moment viendra peut-être pour les personnels et étudiant-es de faire évoluer l’UPEM et l’UPEC vers un modèle plus intégré. Démarche collaborative à l’opposé de l’insensé passage en force des présidences.

Pétition de l’UPEM http://www.petitionduweb.com/Petition_n ... 02285.html (à signer en ligne par toi qui nous soutiens) et pétition de l’UPEC http://universites.ouvaton.org/fusion-upec-upem/ .
Plein d’infos sur leurs lois, leurs dégâts et toutes nos luttes sur le site de Sauvons L’Université http://sauvonsluniversite.com/.


P.-S.
Texte du communiqué du 9 mai 2014 de l’intersyndicale au nom de l’AG des personnels de l’UPEM
Lieu du rassemblement du 15 mai : UPEM, Bât. Bois de l’Etang, rue Galilée, gare Noisy-Champs RER A.
Contact : intersyndicale-upem (à) lists.riseup.net

http://paris-luttes.info/universite-paris-est-marne-la
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Re: L'université en lutte

Messagede bipbip » 15 Mai 2014, 14:01

L’émission de radio des syndicats CNT éducation Région parisienne du 13 mai est à télécharger.

Au sommaire :

- Les étudiants de Nanterre en lutte contre la fusion avec l’Université de Paris 8 parlent de leur situation et ils nous racontent quelles autres luttes on mène dans les université françaises,
...

http://www.questionsdeclasses.org/?Nouv ... CNT-region
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Re: L'université en lutte

Messagede Pïérô » 23 Mai 2014, 00:32

Mobilisation des enseignants précaires à l’Université de Tours, suite

Contre la précarisation des personnels de l’Université

Le rouleau-compresseur libéral continue son travail de sape au sein des universités françaises. Dernier opus d’une série de lois qui érige la précarisation des personnels en mode gestion : la loi Sauvadet. Partout en France, les contractuels d’enseignement, de recherche et de l’administration tirent le signal d’alarme et se mobilisent. Le collectif des précaires de l’Université de Tours, qui organise une nouvelle Assemblée Générale le 27 mai, fait le point sur la situation.

L’application de la Loi relative aux libertés et responsabilités des universités (« LRU » ou « Loi Pécresse [1] ») a eu pour conséquence de « révéler le prix réel de l’enseignement supérieur [2] » et a fragilisé bon nombre d’universités. Cette loi est la traduction française de la stratégie de Lisbonne adoptée en 2000 par l’Union Européenne. L’objectif étant alors de développer « l’économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde ». En France, la LRU donne aux universités la possibilité de gérer leur masse salariale et leur patrimoine [3]. En 2014, 19 universités sur 76 sont en déficit, certaines pour la 2ème année consécutive. La LRU conduit à la systématisation d’un certain nombre de pratiques managériales bien connues, visant l’abaissement des coûts liés aux missions fondamentales de l’Université par l’externalisation des tâches et le recours massifs à des emplois précaires et sous-payés (en 2012, 35 % des agents travaillant à l’université de Tours est sous statut contractuel, contre 23 % 5 années plus tôt !) [4]. Il en est ainsi de la fermeture des départements les moins rentables, de la réduction des volumes horaires d’enseignement, de la gestion contractuelle et court-termiste de la recherche. Cette gestion libérale conduit à une précarisation généralisée des personnels administratifs, d’enseignements et de recherche. Et partout ces recettes conduisent aux mêmes effets : une baisse de l’offre et de la qualité des services proposés et une détérioration considérable de la qualité des emplois, et en cascade, une dégradation des rapports professionnels, de l’ambiance au sein des équipes éducatives et scientifiques, de la confiance envers les directions, etc. Ces évolutions se font sur le renoncement aux idées de service public et d’intérêt général, renoncement travesti sous les vocables de responsabilités et d’impératifs comptables.

Les difficultés que rencontrent nombre d’universités françaises interrogent. Les déficits, voire faillites, rencontrés ne sont-ils vraiment qu’un effet non voulu de la mise en application de la LRU ? Ne s’agit-il pas plutôt d’une conséquence recherchée, fruit de l’application au champ universitaire des principes « universels » du marché et de la concurrence ? La mise en concurrence des universités, dans l’objectif d’en faire émerger certaines capables de rivaliser sur le marché mondial de l’enseignement supérieur, conduiraient alors inévitablement à l’élimination des plus « faibles ».

La loi Sauvadet : poursuite de la logique managériale et de précarisation

La loi Sauvadet, qui entre progressivement en vigueur, prend aujourd’hui le relais de la LRU, en matière de ressources humaines, dans une continuité totale des politiques. Cette loi dont l’objet est « l’accès à l’emploi titulaire et à l’amélioration des conditions d’emplois d’agents contractuels dans la fonction publique » conduit dans les faits à l’exact opposé : un durcissement considérable des conditions de travail du personnel vacataire et contractuel, une réduction drastique des possibilités de pérennisation des emplois temporaires et la systématisation d’une précarité jusqu’alors gérée de façon opaque et artisanale. Il s’agit d’organiser et de rationaliser l’exploitation optimale du personnel précaire, en planifiant à mots couverts une véritable « chasse aux précaires » pour s’assurer d’un bon turn-over en matière de main d’œuvre jetable.

Par exemple, afin d’éviter toutes situations où elle serait contrainte d’engager des salariés temporaires de manière pérenne (via l’obligation de proposer un Contrat à Durée Indéterminée à tous les salariés ayant 6 années de Contrat à Durée Déterminée), l’Université de Tours (comme d’autres Universités et grands organismes de recherche avant elle [5]) préconise dans un projet de « Charte de bonnes pratiques pour l’accompagnement des personnels contractuels » de limiter la durée des contrats de travail à 3 ans. Les conséquences de la mise en application de la loi Sauvadet, qui revendique sur le papier une amélioration pour les agents contractuels, sont dans les faits une précarisation accrue des contractuels.

Cette dynamique de précarisation touche l’ensemble des universités françaises, mais se traduit par des réalités très diverses, qui tendent à individualiser les situations. Cet isolement fragilise les salariés et rend difficile une mobilisation collective. Nous souhaitons par cette lettre montrer l’imbrication des problématiques que l’administration voudrait nous faire considérer comme différentes, unifier les dynamiques qui émergent, et mettre en lien des individus et des groupes dans le but de nous opposer efficacement à la casse systématique de l’emploi dans la fonction publique.

Une même logique mais des réalités diverses

A Tours, la mise en application de ces politiques à partir de la rentrée 2014 se manifeste de la manière suivante.

En ce qui concerne le personnel enseignant :

• Pour les doctorants : le recours systématique au contrat de vacation (statut d’« agent temporaire vacataire » : charges de cours pour un semestre payées à l’heure, parfois sans contrat, payées 40,91 € brut par heure, semestrialisées) ; le statut principal d’étudiant exonérant l’université d’un certain nombre de cotisations sociales, comme les cotisations retraite et chômage ;
• Pour les docteurs : l’impossibilité de recourir aux vacations (statut de « chargé d’enseignement vacataire ») sans justifier d’une activité professionnelle principale d’au moins 900h (situation inexistante chez les docteurs, à moins de produire de faux certificats de travail ou de s’installer en tant qu’auto-entrepreneur), le statut principal de salarié exonérant à nouveau l’université du paiement de certaines cotisations sociales ; l’accès à un contrat d’enseignement de 300h minimum sur 10 mois (les 10 mois permettant à l’Université de contourner la « prime précarité »), renouvelable 2 fois maximum, et payé 1 300 € net par mois (selon l’indice brut 379 qui correspond notamment au statut d’un enseignant débutant du 2nd degré agrégé et ayant un master).
• Pour tous : la fin des contrats d’ATER [6] mi-temps (96h/an) et la généralisation des contrats à temps plein (192h), peu compatibles avec l’exercice de la recherche (notamment pour les doctorants en fin de thèse).

A titre de comparaison, actuellement : la charge d’enseignement d’un maître de conférences titulaire est de 192h/an, payée (en début de carrière) / 1725 € ; avec une possibilité de décharge à 144h pour les 2 premières années.

En ce qui concerne le personnel de recherche :

• Le projet de « charte des bonnes pratiques pour l’accompagnement des personnels contractuels » (voir document joint ci-dessous) limite à trois ans la possibilité d’exercer en qualité de contractuel, avec deux années supplémentaires de dérogation possibles à titre exceptionnel. Cette charte officialise une situation qui est en fait déjà en place dans les laboratoires, conséquence d’une politique de recherche financée exclusivement par la multiplication des projets de court terme qui ne laisse aucune place à la création de postes pérennes. De nombreux ingénieurs d’études [7] et de recherche [8] multiplient ainsi sans interruption les contrats de courte durée (2, 3, 4 mois) pendant quatre ou cinq ans avant d’être priés de prendre la porte (en 2012, 74,8 % de la la recherche - ingénieur d’étude & ingénieur de recherche en équivalent temps plein - à l’Université de Tours est réalisée par du personnel contractuel).

Il va sans dire que la disparition des postes pérennes nuit à la continuité et à la qualité de la recherche. Sur le terrain, une part toujours grandissante de la recherche est effectuée par du personnel temporaire. Et des solutions relevant du bricolage sont improvisée : on assiste ainsi au recrutement de chercheurs en tant qu’autoentrepreneurs en qualité de « prestataires de service », pratique de salariat déguisé pourtant explicitement condamnée par la loi. Déjà à l’œuvre dans certains laboratoires, cette méthode de gestion privatise les activités de recherche. L’Université n’a plus, dès lors, la possibilité de contrôler la qualité de sa production scientifique, tandis que les chercheurs, dépourvus d’attache institutionnelle, se trouvent dépossédés de leurs travaux et de leur autonomie scientifique garantie par un poste titulaire.

Des conséquences diverses touchent aussi les personnels administratifs qui se retrouvent fragilisés lorsque l’université rechigne à les employer en CDI.

Contre la précarité comme outil de gestion : mobilisons-nous !

La précarité constitue désormais, à l’Université, un outil de gestion incontournable des ressources humaines. L’institution n’hésite pas à suspendre les contrats lors des périodes de vacances ou à imposer une succession de contrats courts au lieu de recruter les salariés sur des moyennes ou longues durées. Ces pratiques sont mêmes désormais généralisées en tant que « bonnes pratiques ». Cette gestion se traduit par la hausse constante du nombre de personnels administratifs (bien souvent contractuels), qui n’en finissent pourtant pas de crouler sous la tâche, tant le recours aux contractuels est généralisé.

Ces pratiques managériales brutales sont assises sur un discours décomplexé qui vise à leur conférer une légitimité. L’université n’hésite pas à désigner comme de « bonnes pratiques » cette gestion des ressources humaines dysfonctionnelle, cruelle et dispendieuse. La question du véritable coût administratif des employés précaires n’est pas posée. Celle des conséquences scientifiques, pédagogiques, professionnelles et humaines est esquivée, l’Université continuant à se revendiquer comme un modèle d’excellence en matière de recherche et d’enseignement.

Le mouvement qui émerge à Tours s’inscrit dans une dynamique nationale : les universités de Caen, Toulouse, Lyon, Nice, Bordeaux, Paris, ont également lancé des grèves, Assemblées Générales, pétitions, et blocage des notes pour faire entendre leur voix.

Actuellement, ce mouvement est impulsé à Tours par des contractuels d’enseignement et de recherche, et soutenu par les syndicats Sud, SnesUp et F.O.

Il est temps de mettre fin à cette situation inacceptable, qui est loin de concerner uniquement les contractuels : elle aura des conséquences pour l’ensemble des salariés du supérieur.

Le cynisme (ou l’hypocrisie ? notamment du reste de la communauté universitaire) et le manque de considération ont raison des meilleures volontés : la confiance que nous éprouvions à l’égard de notre employeur est désormais rompue. Pour nous opposer à ces politiques de précarisation, il est nécessaire d’établir un rapport de force ; celui-ci ne sera en notre faveur que si nous nous rassemblons largement, titulaires comme contractuels, quels que soient nos disciplines et nos champs professionnels.

Nous vous invitons à diffuser cette lettre largement, et à nous rejoindre
le mardi 27 mai, à 17h, Amphi C aux Tanneurs !

Le collectif des précaires de l’Université de Tours
Avec le soutien de Sud Education, du SnesUp et de Force Ouvrière


Contact : collectifprecairesuniv37[chez]gmail[point]com



Documents joints : https://tours.mediaslibres.org/chroot/m ... 3-2014.pdf

Notes

[1] Loi n° 2007-1199 du 10 août 2007 relative aux libertés et responsabilités des universités http://www.legifrance.gouv.fr/affichTex ... 0000824315 (1)

[2] Voir l’article du monde sur ce sujet http://www.lemonde.fr/enseignement-supe ... 73692.html.

[3] Un article de l’Express sur le sujet http://www.lexpress.fr/education/versai ... 24rTlHs.99.

[4] De 2007 à 2012, le nombre d’agents contractuels à l’Université de Tours est passé de 502 à 877, alors que celui des agents titulaires baissait. Pour certaines catégories de personnel, les ratios sont édifiants : ainsi 81 % des ingénieurs de recherche (en équivalent temps plein) de l’université sont contractuels ! Source : Bilan social 2012 de l’université de Tours.

[5] Cf. par exemple l’article de Sylvestre Huet dans Libération « Cherchez, trouvez... Vous êtes virés » http://www.liberation.fr/sciences/2012/ ... res_850915.

[6] Un Attaché Temporaire d’Enseignement et de Recherche (ATER) est un enseignant-chercheur employé en CDD de droit public. Cette catégorie d’agents non-titulaires de l’État a été créée en 1988. On peut distinguer quatre types d’attachés temporaires : les attachés recrutés pour un an terminant une thèse de doctorat après trois années comme chercheurs-doctorants, les attachés recrutés pour un an parmi les docteurs, les attachés recrutés pour trois ans parmi les fonctionnaires de catégorie A, en très grande majorité enseignants du second degré, pour préparer une thèse de doctorat et les attachés recrutés pour trois ans parmi les enseignants ou chercheurs venant de l’étranger.

[7] Un ingénieur d’étude est un fonctionnaire de catégorie A généralement titulaire d’un diplôme de master (Bac+5). Sa rémunération brute mensuelle est de 1 713,20 € en début de carrière. Source : portail de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche http://www.enseignementsup-recherche.go ... tudes.html.

[8] Un ingénieur de recherche est un fonctionnaire de catégorie A généralement titulaire d’un diplôme de doctorat (Bac+8). La rémunération brute mensuelle d’un ingénieur de recherche en début de carrière est de 1907,68 €. Source : portail de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche http://www.enseignementsup-recherche.go ... erche.html

https://tours.mediaslibres.org/contre-l ... n-des.html


Appel à AG le mardi 27 mai

AG de mobilisation des salariés précaires de l’Université de Tours

Bordeaux, Tours, Caen Toulouse, Lyon, Nice, Paris… la colère grogne du côté des précaires de l’Université française. Enseignants contractuels — qu’ils soient doctorants non financés ou jeunes docteurs sans poste — ingénieurs d’études et de recherche contractuels, contractuels administratifs… tous subissent de plein fouet la « nouvelle » dynamique de précarisation qui touche actuellement l’ensemble des universités françaises.

Dans la continuité de l’application de la LRU [1], les politiques qui seront mises en œuvre à Tours à partir de la rentrée 2014 ne feront qu’aggraver la précarisation déjà vécue par l’ensemble du personnel contractuel de l’université.

La précarité de l’emploi à l’Université, bien que largement invisibilisée et naturalisée, est devenue massive (un tiers des agents de l’Université de Tours est contractuel, ainsi que 75 % de l’emploi lié à la recherche – chiffres 2012). Elle demeure vécue individuellement de façons très diverses. Cet isolement fragilise les salariés et rend difficile une mobilisation collective. Nous croyons qu’il est urgent d’ouvrir un large débat au sein de l’ensemble du personnel de l’Université sur cette question, en soulignant l’imbrication des problématiques (d’enseignements, de recherches, administratives) que la direction entend traiter de façon séparée. Nous souhaitons unifier les différentes dynamiques qui émergent et mettre en lien les individus et les groupes afin de nous opposer efficacement à la casse systématique de l’emploi dans la fonction publique.

Pour nous opposer à ces politiques de précarisation, il est nécessaire d’établir un rapport de force ; celui-ci ne sera en notre faveur que si nous nous rassemblons largement, titulaires comme contractuels, quels que soient nos disciplines et nos champs professionnels. La précarisation n’est pas une fatalité, venez débattre avec nous !

Prochaine AG : mardi 27 mai, 17h, amphithéâtre C du site Tanneurs.

Le collectif des précaires de l’Université de Tours
Avec le soutien de Sud Education, du SnesUp et de Force Ouvrière



[1] Loi relative aux libertés et responsabilités des universités, dite aussi « Loi Pécresse »

https://tours.mediaslibres.org/nouvelle ... aires.html
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Re: L'université en lutte

Messagede bipbip » 27 Mai 2014, 11:06

Des motions anti-COMUE comme s’il en pleuvait (CA, UFR, départements, associations, sociétés savantes…) - Dossier mis à jour le 25 mai 2014
http://www.sauvonsluniversite.com/spip.php?article6813
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Re: L'université en lutte

Messagede bipbip » 29 Mai 2014, 14:01

Les statuts de plusieurs COMUEs de l’Ile de France et d’ailleurs qui seront proposés aux conseils des établissements concernés
à consulter : http://www.sauvonsluniversite.com/spip.php?article6825
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Re: L'université en lutte

Messagede bipbip » 04 Juin 2014, 12:22

Lutte des précaires
Tract de la fédération SUD éducation
ESR : Soutenons la lutte des précaires

Dans différentes universités, une mobilisation de précaires se développe : Sciences Po, Tours, Toulouse, Bordeaux, Caen, Clermont-Ferrand...

Les collègues précaires en lutte ont raison de se battre pour leurs emplois et statuts. Titulaires ou contractuels de l’université, nous devons tou.te.s nous solidariser de cette lutte car elle est la nôtre quel que soit notre statut.

La précarité dans l’enseignement supérieur et la recherche

Les universités et laboratoires emploient 80 000 précaires qui forment parfois plus de 30% des effectifs d’une université.

Depuis le passage à « l’autonomie » des universités (LRU) et depuis les réformes de financement des projets de recherche (ANR entre autres), la précarité est devenue le mode de fonctionnement usuel de toutes les universités et laboratoires.

- Dans les services centraux des universités, pour pallier les besoins de fonctionnement sans engager d’emplois pérennes, des CDD sont embauchés puis jetés comme des kleenex , servant de variable d’ajustement, au gré des besoins et des disponibilités financières.

- Dans les laboratoires de recherche, les emplois précaires sont devenus le mode de fonctionnement généralisé. L’espoir d’avoir un jour un poste de titulaire rend ces jeunes (et moins jeunes) chercheurs et chercheuses corvéables à merci.

- Le gel de postes statutaires pour réduire la masse salariale pousse les universités à avoir de plus en plus recours à des ATER ou doctorants contractuels non plus dans l’objectif de leur permettre de se former, mais dans l’objectif de s’en servir de la façon la plus rentable (réduction des ATER à mi-temps et généralisation des ATER à plein par exemple). De même, le recours à de plus en plus d‘enseignants vacataires sous-payé.e.s permet d’économiser de la masse salariale pour assurer les enseignements.

Pourquoi cette explosion de la précarité ?

Le capitalisme considère « l’économie de la connaissance » comme un domaine concurrentiel source de profits (comme stipulé dans les protocoles de Bologne et Lisbonne ratifiés par « l’Europe »). Les différentes lois modifiant les universités (LMD, LRU, et maintenant le passage aux « regroupements d’universités ») ont pour objectif de faire passer les universités françaises d’un fonctionnement « service public » à un fonctionnement identique à celui des entreprises privées. L’objectif devient la rentabilité :

- Face à la diminution des crédits récurrents, l’ANR et les contrats ponctuels deviennent les seuls moyens de financement de l’activité de recherche. Ce mode de fonctionnement occasionne une asphyxie bureaucratique due à la rédaction et l’évaluation de projets, ainsi qu’une création massive de CDD liés à ces contrats.

- La réduction des dotations budgétaires gouvernementales conduisent les universités à une faillite assurée. Celles-ci doivent modifier leur gestion de la masse salariale, et adopter les méthodes des entreprises privées : pression individuelle, surcharge de travail, atomisation des salarié.e.s via des primes individuelles ou évaluations individuelles, …

La concurrence entre Universités, entre laboratoires, entre équipes, et la concurrence de tous contre tous s’installe. La précarité n’est au final que la conséquence la plus visible de cette évolution.

L’hypocrisie gouvernementale

Le gouvernement est censé appliquer la loi de résorption de la précarité dans la Fonction Publique (loi Sauvadet entre autres). La loi oblige la fonction publique à requalifier en CDI les personnes en CDD depuis 6 ans ou plus sous réserve de critères limitatifs précis. Elle ouvre aux directions la possibilité d’organiser des concours réservés pour les contractuels depuis 4 ans ou plus sur les mêmes critères. Mais cette loi est hypocrite et inique :

- La loi Sauvadet exclut la catégorie des personnels précaires dites A+ (ingénieurs de recherche, chercheurs, enseignants-chercheurs ou agrégés) ;

- Aucune création de poste pour l’application de cette loi n’a été prévue. Concrètement, des postes de titulaires vacants sont utilisés pour créer des CDI ou titulariser les précaires qui doivent l’être, entrainant une diminution de postes de titulaires lors de la création de CDI ;

- Les labos et les universités « dégraissent » en virant les CDD par non-renouvellement des contrats pour éviter de devoir les CDIser… N’étant plus « embauchables », ces personnels n’ont plus aucune chance de trouver un emploi dans le public !

Comment résorber la précarité

La différence de statut et de situation entre les collègues titulaires et précaires sert aux universités pour diviser les collègues et éviter une lutte collective. Pourtant, si la précarité fragilise la vie des précaires, elle fragilise aussi les conditions de travail des collègues titulaires : la pression « managériale » se répercute sur tout le monde ; l’aberration de voir des collègues compétent.e.s être viré.e.s en fin de contrat se répercute sur tout le monde ; les bas salaires des précaires participent à la pression pour une continuer la baisse généralisée des salaires des titulaires.

Le gouvernement actuel utilise les finances pu-bliques pour financer les grandes entreprises pri-vées, entrainant un plan d’économie de 50 mil-liards. Cette politique va accentuer la déliques-cence des services publics, et la précarisation croissante : depuis 2010, les pertes d’emplois se chiffrent par milliers (2300 au CNRS et au moins 1500 dans l’enseignement supérieur).

En conséquence nous exigeons :
- La titularisation immédiate de tou.te.s les précaires, toutes catégories confondues, lorsque leurs missions correspondent à des besoins permanents ;
- L’arrêt de la politique de recrutement de vacataires et contractuels ;
- Le recrutement à hauteur des besoins de nouveaux personnels titulaires.

http://www.sudeducation.org/ESR-Souteno ... e-des.html

Tract PDF : http://www.sudeducation.org/docrestrein ... ersite.pdf
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