Recrudescence de violences policières envers les jeunes exilés de Ouistreham
Le 29 janvier dernier, Reporterre publiait un reportage à Ouistreham, en Normandie. Ce port est, après Calais, le deuxième point de départ de la France vers l’Angleterre. Des dizaines d’exilés tentent chaque jour de traverser la Manche et vivent dans de rudes conditions, le maire de la commune refusant d’ouvrir une structure pour les accueillir. Afin de pallier à l’inaction de leur édile, un collectif d’habitants a vu le jour pour venir en aide aux exilés : le Collectif d’aide aux migrants de Ouistreham (CAMO).
Les membres du collectif ont observé, ces derniers jours, une recrudescence de violences policières envers les jeunes exilés de Ouistreham. Ils ont adressé, ce jeudi 7 février, un texte à la préfecture du Calvados :
Madame la sous-préfète,
Témoins, ces derniers jours, de faits qui nous semblent dépasser le cadre légal de maintien de l’ordre, nous souhaitons les porter à votre connaissance et les dénonçons vivement.
La semaine dernière (jeudi 31 janvier), 8 heures du matin au rond-point à l’entrée de la ville, les gardes mobiles font éteindre le maigre feu permettant aux jeunes migrants en transit sur Ouistreham de se réchauffer, il fait alors - 3° Celsius !
Aux bénévoles présents qui sollicitent de l’indulgence au regard des conditions climatiques particulièrement dures, il est répondu « ce sont les ordres ! ».
Hier, fin d’après-midi, interdiction pour les garçons de rester sur le parking du port. La tension monte,…, gazages et matraquages. Au moins un blessé à la main pris en charge par des bénévoles du CAMO.
Hier soir, toujours six à huit voitures de gendarmerie stationnées sur le port et aucun garçon. Ceux-ci nous ont remonté que le parking leur était interdit par les « blacks police ».
Hier soir (21h50), dans le cadre d’une maraude, des bénévoles sont allés à la rencontre des jeunes migrants qui se protégeaient de la pluie sous le bâtiment du centre socioculturel. A leur arrivée, sept « gendarmes en noirs » hurlaient sur les garçons, leur intimant de partir, matraques et bombes bien en vue et menaçants ...
La présence des bénévoles n’a pas modifié le comportement des gendarmes. Il a été nécessaire de s’interposer pour éviter une montée de la violence. Les gendarmes hurlant aux garçons " je parle pas anglais, je ne fais pas d’efforts, le boulot était pas fait avant, on va le faire ..."
Malgré les tentatives de discussion afin de comprendre les attitudes violentes des forces de l’ordre ces derniers jours, aucun échange n’est envisageable.
Seule négociation possible : 30 minutes de répit pour essayer de trouver une solution pour mettre à l’abri les neuf garçons présents.
Cette situation de violence et de harcèlement nous interpelle et nous souhaitons la dénoncer afin que la dignité humaine à laquelle peuvent prétendre les jeunes garçons en transit soit respectée.
Nous vous prions d’agréer, Madame la sous-préfète, l’expression de nos sentiments distingués.
L’ensemble des bénévoles
Du Collectif d’Aide aux Migrants de Ouistreham
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