Meurtre de Clément Méric, et suite en mobilisation antifa

...Sans Papiers, antifascisme...

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Messagede Nico37 » 10 Juil 2013, 15:41

Serge Batskin Ayoub : Troisième Voie ou mauvaise foi ? 10/07

Suite à l’assassinat de Clément Méric le mercredi 5 juin 2013 par Esteban Morillo, militant à Troisième Voie, Serge « Batskin » Ayoub a décidé de prendre de vitesse le gouvernement en prononçant l’autodissolution des JNR et de Troisième Voie. Une occasion pour revenir sur le parcours politique du monsieur, objets de nombreuses rumeurs qui parasitent largement toute tentative d’analyse et d’information sur son compte, et son futur politique.

Batskin, la politique et les années 1980

Retracer le parcours de chef de bande et de militant politique de Serge Ayoub a un double intérêt. Il n’est pas question ici d’aborder toutes les légendes urbaines qui circulent sur son compte [1], mais plutôt de mettre à jour un parcours politique qui ne cadre pas avec le discours d’un homme qui aujourd’hui prétend n’avoir jamais été d’extrême droite et se plaît à brouiller les cartes en déclarant régulièrement être un véritable homme de gauche, qui n’aurait pas trahi la classe ouvrière et serait depuis sa jeunesse resté fidèle à ses idéaux. Originaire de Bagnolet, Serge Ayoub, né en 1964, prétend ainsi à 16 ans avoir été membre du Parti Socialiste et l’avoir quitté en 1980, dégoûté par les magouilles et le système Mitterrand (Soit un an avant la victoire de la gauche aux présidentielles de 1981, quelle intuition !). Par dépit et provocation, il se serait alors tourné vers le nationalisme.

Petit déjà il traînait dans les rues …

Présent au tout début du mouvement skin en France [2], il a fait la découverte du phénomène lors d’un voyage en Angleterre à Oxford et adopte le look en rentrant en France [3]. C’est sans doute à cette occasion qu’il fait la connaissance de Bruce Thompson, un skin anglais qui le suivra tout au long de ses « aventures » dans les années 1980 et 1990.

Dès 1982 il traîne avec la bande de skins de Gambetta (dans laquelle on trouve, outre Batskin, Sniff, Porky, Piaf, Grand Eric, Jean Luc, Bruno de Meaux, Jovany et Ptit Willy) l’une des quatre bandes principales de l’époque sur Paris avec Tolbiac [4], Bonsergent [5] et les Halles [6]. On pouvait croiser régulièrement la bande de Gambetta dès cette époque dans le quartier du Luxembourg, au lycée privée à Saint-Sulpice, situé près de la fac d’Assas, où plusieurs skins des différentes bandes parisiennes étaient scolarisés. Le groupe va s’étoffer et quitter la place Gambetta pour traîner dans le quartier de Saint-Michel, le plus souvent autour de la boutique de disques New Rose, où se constitue ce qui va donner naissance à la bande du Luxembourg et au groupe de rock d’extrême droite Evil Skin [7].

En parallèle, Ayoub s’engage dans la campagne électorale de Jean-Marie Le Pen dans le XXème arrondissement de Paris pour les municipales de 1983. C’est une époque où le Front national de la Jeunesse, dirigée par Carl Lang [8], est en charge du SO pour le FN [9] : le parti est alors encore un rassemblement hétéroclite de nombreuses tendances et les jeunes néofascistes et néonazis sont tolérés dans le mouvement, malgré leurs nombreux dérapages et provocations, puisqu’ils étaient bien souvent les seuls à accepter de coller ou de faire le SO pour le Front.

La bande de skins de Bat se fait rapidement remarquer par sa violence dans le quartier de Saint-Michel et elle est priée de quitter les lieux. Les skins s’exécutent pour s’installer quelques centaines de mètres plus haut au Luxembourg. Ils sont alors rejoints entre autres par Bruno [10] et Tyran de la bande de Tolbiac, Jabba, Tintin, Pascal de Juvisy, Brochet et des skins du Havre dont Régis Kérhuel, Yvon, Eric, et Cornette. À l’occasion de la réforme Savary en 1984 des Universités, les syndicats de droite comme l’UNI, mais aussi le GUD se mobilisent et organisent des manifestations pour protester contre le projet de loi. Ces manifestations donnent lieu à de nombreux affrontements. Sur les photos d’époque des différentes manifestations, on reconnaît en première ligne la bande du Luxembourg en compagnie du GUD.

Le groupe est alors approché par Alexandre Chabanis [11], chef de la toute petite formation Révolution Occident. Mais la greffe ne prend pas, en particulier parce que Chabanis tente de monter la bande contre Ayoub qui à cette époque, travaille pour gagner sa vie dans des boutiques de disques, mais également comme colleur d’affiches pour le RPR ou comme membre de service d’ordre, comme lors d’un concert de Sos-Racisme en 1985 au Bourget !

Le Klan

En 1985, Batskin fonde officiellement le Klan (parfois appelé Nazi Klan) à partir de la bande du Luxembourg et des skins gravitant autour du groupe Evil Skin, la Zyklon Army, en faisant le ménage parmi ses membres. Après avoir distribué à toute la clique une carte officielle de membre de ce parti, sans que les gens aient donné leur avis, il demande de porter le logo du Klan, une rune d’Odal rouge sur les bombers.

(...)
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Re: Meurtre de Clément Méric, et suite en mobilisation antif

Messagede Nico37 » 11 Juil 2013, 23:51

La dissolution de trois structures d'extrême droite entérinée AFP 10/07

Néanmoins, le leader de « Troisième voie » , Serge Ayoub, a fait savoir qu'il allait déposer un recours devant le Conseil d'Etat.

Un mois après la rixe tragique en plein Paris qui a coûté la vie à un jeune militant d’extrême gauche, le Conseil des ministres a ordonné mercredi la dissolution du groupe d’extrême droite Troisième voie et de son service d’ordre, les JNR, une première étape avant d’autres possibles dissolutions de mouvements extrémistes.

Ces dissolutions par décret, qui concernent aussi l’association «Envie de rêver», gestionnaire du «Local», le lieu de ralliement de Troisième voie et des Jeunesses nationalistes révolutionnaires (JNR) à Paris, sont la première réponse de l’exécutif à l’émotion suscitée par la mort de Clément Méric, à 18 ans, le 5 juin. Cet étudiant de Sciences-Po, militant à l’Action antifasciste Paris-Banlieue, était décédé lors d’une bagarre dans le quartier Saint-Lazare avec des skinheads d’extrême droite croisés lors d’une vente privée de vêtements. Les cinq mis en examen dans ce dossier, quatre hommes et une femme âgés de 19 à 32 ans, sont sympathisants ou membres de Troisième voie, à l’instar du premier mis en cause, Esteban Morillo, 20 ans.

Troisième voie, dirigé par l’ancien chef des skinheads parisiens Serge Ayoub, alias «Batskin», «est un groupe ouvertement xénophobe, cela a été établi, dont l’idéologie s’appuyait sur une rhétorique haineuse guerrière» et «trouvait son prolongement dans des actes de violence commis par ses membres», a déclaré la porte-parole du gouvernement Najat Vallaud-Belkacem pour justifier la dissolution. Ce mouvement, fondé en 2010, compterait quelques centaines de sympathisants dans toute la France.

Quant aux JNR, le service d’ordre de Troisième voie, constitué de quelques dizaines de gros bras, il s’agissait selon elle d’une « garde prétorienne » , une « organisation qui par sa structuration et son mode de fonctionnement est de fait une milice privée » . Le fait de présenter le caractère d’une milice privée ou d’un groupe de combat et la provocation à la haine font partie des critères prévus par l’article L212-1 du code de la sécurité intérieure permettant la dissolution de groupes ou associations.

Des dizaines de groupes déjà dissous

Contacté par l’AFP, Serge Ayoub a affirmé qu’un recours serait déposé devant le Conseil d’Etat pour faire annuler ces dissolutions. Pour lui, contrairement à ce qu’affirme le gouvernement, « aucun des écrits de Troisième voie n’incite à la haine raciale » et « les JNR ne sont pas une milice privée, c’est un service d’ordre » .

« Cette décision est politique. On est dans le fait du prince » , a-t-il dénoncé. Serge Ayoub affirme depuis le début de l’affaire que Clément Méric et ses amis ont été les premiers agresseurs durant la bagarre du 5 juin. « Il a joué, il a perdu » , avait-il affirmé lors d’un entretien à l’AFP quelques jours après le drame. Ayoub avait lui-même annoncé le 25 juin l’auto-dissolution de Troisième voie et des JNR, mais « l’activité de ces regroupements perdurait » , selon Najat Vallaud-Belkacem.

Des procédures de dissolution ont également été engagées contre l’Œuvre Française, le plus ancien groupuscule d’extrême droite, fondé en 1968 et longtemps dirigé par Pierre Sidos, et les Jeunesses nationalistes, un groupe activiste proche de l’Oeuvre Française. Ces deux mouvements antisémites affichent leur nostalgie du pétainisme et les Jeunesses nationalistes (JN) ont multiplié ces derniers mois les actions coup de poing, notamment en marge des manifestations contre le mariage homosexuel.

Des dizaines d’organisations ou de groupes politiques ont été dissous ces dernières décennies, à l’extrême droite comme à l’extrême gauche. Si la loi punit les reconstitutions ultérieures, il n’est pas rare que des groupes dissous puissent se reformer sous un nom et une structure différentes par la suite.

« Dissoudre un groupe ne signifie pas dissoudre les individus qui en font partie (...) De fait, si ces individus ont une propension personnelle à la violence, ils l’exerceront dans le cadre d’un autre mouvement. Il y en a pléthore dans l’extrême droite française, qui ne demandent qu’un afflux d’adhérents » , prévenait en juin un spécialiste de l’extrême droite, Jean-Yves Camus, dans une interview au Monde.
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Re: Meurtre de Clément Méric, et suite en mobilisation antif

Messagede Nico37 » 14 Juil 2013, 04:26

Mort de Clément Méric CLAUDE CHEVIN 08/07

Il y a un mois, nous apprenions la triste nouvelle: Clément Meric, jeune homme en première année de Sciences Po, succombait aux coups portés pas Estéban, un nervis d'extrême droite, membre de l'organisation "troisieme voie" dirigée par Serge Ayoub.

Comme toujours, Serge Ayoub prétendait n'avoir aucun lien avec le meurttrier, qu'il n'appartenait pas à son groupe, pour finalement reconnaitre qu'il était bien un de ses comparses.Les photos qui sortaient, ne laissaient aucun doute.

Les fachos ne sont pas courageux: Marine Le Pen affirmait aussi ne pas connaitre Ayoub.

Cette affaire a mis en lumière la connivence Droite et extrême -droite...

On le savais deja.Depuis 7 ans , Sarkozy, ministre de l'Intérieur ,et Pdt de la République n'a eu de cesse d'abolir la distance entre la droite classique et son extrême.Les guêpes ne font pas de miel.

Sarkozy a fait du karaoké sue le répertoire des Le Pen.Son coach était Patrick Buisson, venu de "Minute" et du F-Haine.

Sue les forums on a pû voir les posteurs se déchirer entre pour ou contre Méric.

Le Comité de Soutien à Estéban était particulièrement actif.

Les plus hypocrites se prétendaient neutres.

Renvoyer dos à dos un raciste et un anti raciste, un assassin et une victime, c'est prendre position pour le raciste et l'assassin.

Entre temps, les fachos à Lyon et ailleurs ont montré leurs conceptions des rapport humains

A Lyon : " Tu es français, tu sors avec une asiatique ? Tu déshonores la France ! ".

A Agen: " mais qu'est que tu fais avec un arabe ?
Julien a "béneficié" de 3 jours d'ITT.( Incapacité Totale de Travail)
Hakim, lui, de 30 jours.

Je ne lis pas "Minute" pour ne pas avoir les mains sales et la nausée.
Pourtant en lisant les posts sur les forums, j'avais souvent la nausée.
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Messagede Nico37 » 15 Juil 2013, 02:06

Clément Méric, mort pour ses idées dans un monde sans idées Serge Quadruppani et Odile Henry

En une récente tribune publiée dans Siné Mensuel, le cinéaste Pierre Carles avance l’idée qu’il faudrait aussi analyser le récent meurtre de Clément Méric par des nervis d’extrême-droite à l’aune de l’opposition de classes. C’est cette grille de lecture très simplifiée que réfutent ici Serge Quadruppani et Odile Henry.

Le texte de Serge Quadruppani et Odile Henry mis en ligne ci-dessous se veut une réponse à une tribune de Pierre Carles sur la mort de Clément Méric, récemment publiée dans Siné Mensuel. Ladite tribune avait été proposée à Article11 en même temps qu’à Siné Mensuel. Nous avions décidé de ne pas la publier, Siné Mensuel l’a fait.
En mettant en ligne cette réponse argumentée et nécessaire de Serge et Odile, nous ne souhaitons pas susciter une énième polémique (d’autant que nous admirons le travail de ce cinéaste - d’ailleurs interviewé par Article11 en décembre 2009). Mais simplement ouvrir un débat nécessaire sur les réponses à apporter au renouveau de l’extrême droite la plus rance. Punto.

*

La volonté, fort utile, d’aller à contre-courant des discours tenus par les médias dominants peut aussi conduire à des raccourcis et des amalgames dignes des éditocrates qui y sévissent. Pierre Carles en offre une illustration dans une récente tribune publiée par Siné Mensuel1. Convoquant dès les premières lignes Karl Marx et Pierre Bourdieu, le cinéaste soutient que « la lutte de classes » est une « dimension fondamentale » de la bagarre qui s’est terminée par la mort de Clément Méric. Pour en arriver à cette énormité, il commence par un coup de force intellectuel : par le détour d’une interrogation purement rhétorique, il soutient que Clément et ses amis ont été « victimes d’un certain complexe de supériorité intellectuelle ». Avec les informations accessibles au public (et si Carles en possède d’autres, qu’il les communique), il faut être soi-même doté d’une confiance peu banale dans ses propres capacités intellectuelles pour prétendre connaître la psychologie des acteurs de ce drame. En matière de « capital culturel », pour utiliser le même terme bourdieusien que Carles, ce qu’on sait de Clément Méric donne à penser qu’en effet, il était mieux pourvu qu’Esteban Morillo, le skin qui l’a tué. Mais pour tous les autres participants à la rixe, des deux côtés, on ne sait rien. C’est un peu insuffisant pour transformer de jeunes antifascistes en petits bourges prenant de haut des prolos.

Quand, ensuite, Carles affirme que « la plupart des responsables de l’information ont intuitivement perçu cette agression comme étant dirigée contre eux », il se livre à une extrapolation que les amis de Clément Méric seront fondés à trouver ignoble. La plupart des rédac-chefs ont surtout vu dans ce drame une affaire à sensation riche en possibles rebondissements, polémiques et mouvements d’émotions, donc une occasion d’attirer du temps de cerveau disponible. Induire d’une éventuelle proximité de capital culturel une complicité de classe est une opération dont la grossièreté laisse pantois2. Marx et Bourdieu n’ont-ils pas eu, chacun en leur temps, un capital culturel équivalent à ceux des maîtres de leur époque ? Cela fait-il automatiquement de ces deux théoriciens des complices de la bourgeoisie ?

Bien sûr, les mécanismes du spectacle doivent être critiqués. La simplification et le sensationnalisme qui leur sont inhérents ne sont pas pour rien dans l’insistance des médias sur les brillantes études de Clément Méric. Mais s’il est vrai que dans un premier temps, une partie de la presse avait tendance à le transformer en icône, elle a ensuite, suivant une tendance qu’on a vu à l’œuvre tant de fois, cherché à brûler ce qu’elle avait adoré. Ce qu’on a reproché alors à Clément Méric, c’est précisément ce pour quoi sa mort nous touche particulièrement : d’avoir voulu se battre, par tous les moyens disponibles, contre la présence dans les rues de nos villes, d’individus dont le modèle revendiqué, ce sont les S.A3. (Voir notamment cette interview de Serge Ayub dans Libération).

C’est ici que nous devons assumer tout le poids de nos responsabilités. Nous tolérons chaque jour d’obéir à un État qui a fait de la chasse aux Roms un des arguments de sa légitimité, nous tolérons d’entendre des députés, pas tous niçois, et des causeurs professionnels, pas tous zemmouriens, proclamer leur racisme, leur islamophobie, leur misogynie, leur homophobie. Nous tolérons que les amis de Morillo tuent un arabe en marge d’un cortège du FN, saccagent des bars homos, cassent du pédé, chassent la bougnoule rebaptisée pour les besoins de leur cause « femme voilée ». Nous tolérons une politique dÉtat vieille de plusieurs décennies qui, avec ses programmes dits « d’accession à la propriété individuelle », a délibérément séparé les plus pauvres des moins pauvres4 et créé ainsi des ghettos. Qui, à travers son aménagement du territoire et son discours sur la « métropolisation », a créé ces zones périurbaines où prospère le front national. Nous tolérons que la banalisation du discours frontiste se retrouve dans tout l’arc parlementaire, nous tolérons la création d’un terreau culturel et spatial propice aux ligues fascistes.

Et si, dans nos fors intérieurs ou sur Facebook, tout cela, nous ne le tolérons pas, que faisons-nous concrètement, pour nous y opposer ? Clément et ses amis, eux, s’y essayent. On peut critiquer leur tactique et leur stratégie. Ce serait encore mieux d’en proposer d’autres. Mais là, nous touchons du doigt la faiblesse de l’époque, cette incapacité à repenser la lutte en dehors des cadres de la vieille politique. Les idées qu’on agite encore ici et là sont pour la plupart si fatiguées, creusées de l’intérieur, qu’elles méritent tout au plus d’être appelées « non-idées ». En tout cas, tous ceux qui se reconnaissent dans le projet d’une société plus juste et moins mortifère ne peuvent que reconnaître la légitimité du combat de Clément et des siens. Après cela, les considérations sociologiques fumeuses comme celles de Pierre Carles, qu’on a connu mieux inspiré, ne font que rajouter au bruit médiatique ambiant.

Cette malencontreuse tribune est en résonance avec une vision pour le moins sommaire du monde social, qui voudrait faire de la lutte antiraciste et antifasciste un hobby de bobo, tandis que les prolétaires seraient, par la faute de la trahison de la gauche, naturellement portés vers le camp contraire. Ce qui est démenti aussi bien par la recherche que par les constats empiriques : les tenants de ce discours devraient aller faire un tour, par exemple, à Riace, petit bourg calabrais où les gens du peuple local ont retapé des appartements pour accueillir des migrants débarqués sur leur plage - ce qui a, au passage, joliment revitalisé les lieux. On peut aussi penser à la solidarité magnifique du peuple tunisien envers les Libyens qui franchissaient la frontière, aux beaux temps de la révolution arabe, ou à l’attitude de bien des habitants de Lampedusa, allant à l’inverse des postures de leur maire. Les pauvres ne sont pas plus prédisposés au racisme que les riches : pour s’ancrer dans la haine de l’autre, il faut chaque fois la rencontre singulière de discours, de dispositions, et de situations matérielles. Et aussi d’une volonté : ce n’est pas seulement parce qu’il était pauvre qu’Esteban Morillo était fasciné non par un joueur de foot ou un rappeur mais par un nervi malfaisant comme Batskin. Il y a là une forme de « choix », à l’inverse de ceux qu’on fait tant d’ouvriers du XIXe et du XXe siècle en décidant de s’exprimer autrement que par les poings et en acquérant d’eux-mêmes le capital culturel les aidant à remettre en cause leur condition5. À l’inverse aussi de tant de précaires d’aujourd’hui : s’il avait envie de joindre l’action à la réflexion, Esteban Morillo aurait pu se retrouver à la Coordination des Intermittents et Précaires ou à Notre-Dame des Landes.

Derrière les discours comme celui de Pierre Carles, on perçoit la vulgate anti-bobos et anti-classes moyennes qui a tant brouillé la compréhension des mouvements sociaux au niveau mondial6. Il y a cette absence d’idée selon laquelle plus on est dominé, et plus on a ontologiquement raison. En réalité, les dominés ont raison – et ont quelque chance de faire partager leurs raisons à beaucoup de monde - quand ils se révoltent contre la domination. Mais quand ils persécutent d’autres dominés, et participent ainsi au maintien de la domination, ce sont des ennemis qui doivent être traités comme tels.


1 « L’affaire Clément Méric », n° 22, Juillet-août 2013, p.5.
2 Surtout de la part de quelqu’un qu’on considère comme de notre camp, et avec qui on a eu des rapports personnels sympathiques.
3 Sturmabteilung (bataillon d’assaut), première organisation militaire nazie qui, dans un premier temps, comptait une tendance « de gauche » et recrutait dans le prolétariat.
4 Voir cet article de Métro Politiques, ainsi que : « L’économie de la maison », Actes de la recherche en sciences sociales, Vol. 81-82, mars 1990.
5 Voir par exemple : Jacques Rancière, La Parole ouvrière, (rééd.) La Fabrique, 2007. Et sur le rôle d’une élite ouvrière instruite (et qui a voulu rester ouvrière) dans les débuts du PCF, lire l’ouvrage de Bernard Pudal, Prendre parti. Pour une sociologie historique du PCF, Paris, Presses de la fondation nationale des sciences politiques, 1989.
6 Se reporter ici à ce billet publié sur Les Contrées magnifiques, ainsi qu’à cette tribune de Sylvie Tissot.
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Re: Meurtre de Clément Méric, et suite en mobilisation antif

Messagede Nico37 » 15 Juil 2013, 22:34

Clément Méric et ses combats

Clément Méric était un militant exemplaire, dans ses positionnements politiques comme dans ses pratiques concrètes et quotidiennes. L’un de ses camarades de Solidaires-Étudiant-e-s dresse le portrait de ses engagements.

Le 5 juin dernier, notre camarade Clément Méric est mort, frappé en plein visage par des militants d’extrême droite. Sa mort nous affecte toutes et tous, et il nous faudra encore du temps pour dire tant de colère et d’affliction. Clément Méric était un camarade, avec toute la densité politique et affective que recouvre ce terme. Sa mort a résonné aux quatre coins du monde, où son nom a fleuri sur les murs à côté de la mention « Ni oubli, ni pardon ». Il partageait avec les militantes et les militants d’Alternative libertaire nombre de ses combats, que ce soit au sein de Solidaires ou de l’Action antifasciste Paris-Banlieue. C’est aussi pour cela que nous avons accepté d’écrire quelques mots dans ce journal.

Il ne transigeait pas

Il arrivait de « Brest la Rouge » où il avait fait ses premières armes dans les mouvements lycéens. Dans le milieu militant aseptisé de Sciences po Paris, qui ne brille ni par son ouverture sur l’extérieur ni par sa radicalité, Clément s’était tourné vers Solidaires Étudiant-e-s. Celui qui s’était présenté comme un militant CNT avait le syndicalisme révolutionnaire chevillé au corps. Il était convaincu, non seulement de la nécessité de la lutte, mais de la nécessité de l’auto-organisation à la base, et son discours tranchait avec la rhétorique préfabriquée des militants en carton et des apprentis bureaucrates qui arpentent les couloirs de cet établissement.

Clément avait une éthique libertaire, il tenait en horreur tous les corporatismes et tous les opportunismes. Il n’était pas là pour occuper le devant de la scène ou pour manipuler en coulisse. Clément était antifasciste. Veilleur infatigable, il ne transigeait pas. Ni avec l’extrême droite, ni avec ses idées, dans une école où l’entre-soi conduit parfois la gauche « propre sur elle » à tutoyer la droite la plus réactionnaire, avec complaisance et au nom du débat d’idées. Clément était, aussi, antispéciste : et c’est avec pédagogie qu’il défendait son point de vue sur l’antiproductivisme ou sur la cause animale, même lorsque nous nous montrions sceptiques, ironiques et pour tout dire, ignorants. Au-delà de sa personnalité attachante, nous aimions Clément Méric car il n’était ni dogmatique, ni sectaire.

Ni dogmatique ni sectaire

Il admettait ses contradictions sans épargner celles des autres. Passionné par la musique jamaïcaine, et par la culture qui imprègne le militantisme antifasciste, il avait fait le tri entre la musique, les sapes et les combats politiques, se montrant toujours critique envers certaines postures virilistes ou inutilement agressives. C’était avec plaisir qu’il conviait ses ami-e-s dans son univers, lorsqu’il déballait ses vinyles de rocksteady ou de early soul pour les habitué-e-s du Saint-Sauveur à Ménilmontant.

Par ces quelques mots, nous souhaitions aussi remercier toutes les militantes et tous les militants qui ont témoigné leur solidarité en descendant dans la rue en la mémoire de Clément et contre l’extrême droite. Antifascisme, anticapitalisme, antispécisme, antiracisme, antisexisme… Clément n’était pour nous pas seulement un être abstrait sur lequel on applique ces mots. Il était un camarade et un ami dont la pratique militante se voulait concrète, permanente et toujours conséquente. La manière dont il militait, sa manière d’être avec ses camarades et ami-e-s se doivent d’être rappelées autant que ce pour quoi il militait.
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Re: Meurtre de Clément Méric, et suite en mobilisation antif

Messagede Nico37 » 17 Juil 2013, 12:39

Procès des skins impliqués dans l’agression raciste du festival de la Prairie La Horde et des antifas agenais 12/07

Vendredi 12 juillet avait lieu le deuxième procès des skinheads impliqués dans l’agression raciste en marge du festival de la Prairie à Agen, le samedi 22 juin dernier. Les deux derniers inculpés (sur les cinq) avaient choisi de faire profil bas pour se rendre à leur procès au tribunal. Malgré les 35° ambiants, les fachos accusés avaient choisi de camoufler leurs tatouages sous des manches longues… Une précaution qu’une de leur copine présente à l’audience n’avait pas choisi de prendre, arborant à son mollet une rune d’odale (symbole SS). L’affaire a été vite expédiée puisque les juges ont décidé sans surprise de reporter l’audience étant donnée la faiblesse des éléments apportés par une enquête vite pliée. Fréderic Garrigues (alias « fredo JNR » sur Facebook) et son acolyte sont ressortis libres sans contrôle judiciaire. Etonnante clémence des juges, vu le profil des différents accusés dont un des cinq a été impliqué dans un braquage à main armée. Du coté antifa, une trentaine de personnes étaient venues pour soutenir le jeune homme agressé, toujours en ITT à ce jour. Après le procès, une réunion a eu lieu et a donné naissance à un collectif antifa sur le Lot et Garonne. Dès Septembre 2013, des initiatives sont prévues dont l’organisation du soutien financier pour couvrir les frais d’avocat et les frais médicaux coûteux qui ne sont pas pris en charge. Affaire à suivre…
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Re: Meurtre de Clément Méric, et suite en mobilisation antif

Messagede Nico37 » 18 Juil 2013, 15:59

Quand Pierre Carles salit la mémoire de Clément 15/07

Le réalisateur Pierre Carles s’est cru malin en publiant dans le numéro d’été de Siné Hebdo une « analyse » aussi faussement impertinente qu’erronée à propos du meurtre de Clément Méric : celui-ci serait le résultat de la lutte des classes, avec Clément dans le rôle de l’affreux bourgeois cultivé, et Morillo dans celui de la pauvre victime prolétaire. Bien qu’il ne fasse en réalité que reprendre le discours misérabiliste que l’extrême droite relaie depuis des semaines, accordons lui la possibilité d’une lecture « marxiste » de l’événement, mais pour lui rappeler que Morillo, c’est le Lumpenproletariat, un supplétif de la bourgeoisie, le bras armé de sa domination… Mais la question n’est pas là, car Carles se fout bien et de l’extrême droite, et de l’antifascisme : en titrant «Pierre Carles décortique l’affaire Clément Méric», en une de son numéro d’été, Siné Hebdo rejoint la meute des charognards qui vendent du papier sur le dos de Clément, et Carles celle des plumitifs en mal de publicité : Siné Hebdo et RTL, même combat, quant à Pierre Carles, il est bien possible qu’on le retrouve sous peu, sinon comme Robert Ménard roulant pour le FN, du moins parmi ces «gens de gauche» qui, avec l’air de ne pas y toucher, grenouillent à l’extrême droite, comme son copain Marc-Édouard Nabe, présent à l’inauguration du Local de Serge Ayoub en 2007 ou, plus récemment au théâtre de la Main d’Or pour faire dédicacer son livre L’Enculé en présence de Dieudonné…
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Re: Meurtre de Clément Méric, et suite en mobilisation antif

Messagede Nico37 » 19 Juil 2013, 22:07

Les multiples visages de la Troisième Voie 28/06

"Rien de ce qui est en puissance ne passe en acte autrement que par quelque chose qui est déjà en acte." Aristote.

Après le meurtre de Clément Méric, l'étendue des liaisons de Serge Ayoub, qui fréquentaient son Local et venaient y donner des conférences a commencé à être évoquée, d'abord dans les médias antifascistes, puis un peu dans les médias capitalistes.

A cette occasion, Julien Landfried, candidat du PS aux législatives a du s'expliquer sur une conférence donnée au QG des collègues d'Esteban Morillo. Le candidat a expliqué qu'il était venu sans savoir où il allait, invité par une « organisation tout à fait respectable », le Cercle Aristote .
Les choses en sont restées là. Manifestement, personne n'a été intéressé par la nature exacte de ce fameux « Cercle Aristote », qui a effectivement tenu ses conférences pendant plusieurs années chez Serge Ayoub.

Pourtant les informations de première main sur ce Cercle Aristote pouvaient être obtenues assez facilement par la gauche et l'extrême-gauche : il suffisait de demander à Jacques Nikonoff, fondateur d'ATTAC président du M'PEP, signataire de l'appel à la manifestation antifasciste unitaire du dimanche 23 juin, qui y a donné une conférence le 5 juillet 2011, sur la « sortie de l'euro », tout comme Aurélien Bernier, autre membre du MPEP, en 2012. Conférence annoncée sur de nombreux sites d'extrême-droite, naturellement, vu le sujet.

Le MPEP appelle à la manifestation antifasciste et relaie une organisation amie de 3ème Voie

« Et alors ? , la conférence du Cercle Aristote en question ne se tenait pas chez Serge Ayoub », nous dira immédiatement le lecteur craignant l'amalgame.

A vrai dire, nous sommes férus d'amalgames. Nous pensons effectivement que personne n'organise de réunions chez Serge Ayoub par hasard, et qu'à partir de là le Cercle Aristote ne peut pas être une « organisation respectable ». Nous pensons aussi que personne ne peut aller au Cercle Aristote sans savoir de quoi il s'agit et avoir des intérêts politiques communs avec ses membres. Nous pensons donc que la simple présence du président du M'PEP à une de ces conférences aurait du amener son exclusion immédiate de l'appel unitaire antifasciste.

C'est sectaire et scandaleux ? Peut-être, mais en réfléchissant de la sorte, en tout cas, les autres signataires de l'appel unitaire auraient pu éviter l'ignominie que vient de leur infliger le M'PEP : quelques jours après avoir signé cet appel en hommage à Clément Méric, le M'PEP publie un article du Cercle des Volontaires, organisation d'extrême-droite qui diffuse la propagande des assassins du jeune antifasciste , le groupe 3ème Voie de Serge Ayoub.

Rien d'étonnant là dedans, rien d'imprévisible : en effet le M'PEP n'a pas « dérivé » brusquement, le M'PEP fait partie d'une mouvance qui regroupe des gens venus de droite et d'extrême-droite, et des gens de la gauche et de l'extrême-gauche. Le Cercle Aristote, auquel plusieurs membres du MPEP ont donné des conférences est une des émanations de cette mouvance. Or ce type de regroupement est la définition même d'un mouvement fasciste. Et au cœur de cette mouvance, l'on va retrouver Jacques Nikonoff et Bernard Cassen, deux fondateurs d'ATTAC, l'association altermondialiste, qui dans les années 2000, a été le pivot du nouveau protectionnisme de gauche.

Le Cercle Aristote, un espace « transcourants » fondé par le Président des Amis d'Eric Zemmour

Le président du Cercle Aristote,Pierre Yves Rougeyron interrogé par Riposte Laïque dans un entretien de 2010, expliquait que son objectif est de « refaire un peu de lien social et d’unir des gens en dehors des anathèmes, des flics de la pensée et des tenanciers de fiche de police. ».

Au Cercle Aristote, se croisent en effet des invités venus d'univers militants très différents : aux côtés des hommes de gauche évoqués ci-dessus, des négationnistes du génocide rwandais, par exemple l'ancien ambassadeur Ndajigimana, Jacques Cheminade de la secte antisémite « Solidarité et Progrès », Jean Claude Martinez, ancien vice-président du FN, Michel Drac, fondateur d'Egalité et Réconciliation, et co-auteur d'un livre avec Serge Ayoub., Pierre Sidos de l'oeuvre Française.

Le président du Cercle Aristote Pierre Yves de Rougeyron vient de la droite : ancien jeune UMPIste, il a ensuite fréquenté Paul-Marie Couteaux, le souverainiste qui a rallié Marine Le Pen officiellement l'année dernière. Il est également président de l'Association des Amis d'Eric Zemmour. Le secrétaire général du Cercle Aristote, Romain Bessonnet, se présente, lui, comme venu du PCF et membre du MRC de Chevènement.

Une mouvance structurée autour d'une association pour la sortie de l'euro, revendication historique du FN

C'est d'ailleurs en s'intéressant aux activités de Romain Bessonet, que l'on réalise très vite que les liens entre le M'PEP, Jacques Nikonoff ,d'autres membres de la gauche souverainiste et nationaliste et le Cercle Aristote vont bien plus loin qu'une simple conférence. En fait ils se sont concrétisés dans une organisation commune, ouvertement « transcourants », partisane du nationalisme le plus échevelé : L'Association manifeste pour un débat sur le Libre Echange et la Sortie de l'Euro.

Romain Bessonnet y est notamment remercié par la rédaction du site de cette association pour une étude comparative sur les droits de douane chinois et européens ( et dans la liste des liens amis, l'on trouve le Cercle Aristote.)

L'association a été notamment fondée du côté gauche par Bernard Cassen ancien directeur du Monde Diplomatique et fondateur d'ATTAC, mais aussi par certains conférenciers du Cercle Aristote comme Julien Landried, le membre du PS qui était allé au Local d'Ayoub, et Aurélien Bernier du MPEP. Parmi les fondateurs , on retrouve aussi deux intellectuels appréciés à la fois par les sites d'extrême-droite et de gauche nationaliste, Emmanuel Todd et Jacques Sapir.Mais également Aquilino Morelle, ancien membre de l'équipe de campagne d'Arnaud Montebourg et actuel conseiller de François Hollande.

Du côté droit, Hervé Juvin , dénonciateur du « changement de population » et du métissage, ( voir ici un entretien au site d'extrême-droite Enquête et Débat), également conférencier du Cercle Aristote. Mais aussi Jean Luc Gréau , ancien expert du Medef, Hakim El Karaoui, ancien conseiller de Jean-Pierre Raffarin, Gerard Schaffhauser, qui pourfend le mariage pour tous dans les colonnes d'Atlantico, ou Gerard Lafay économiste qui participe à des tablesrondes sur les retraites avec Marine Le Pen ( voir la liste intégrale des fondateurs sur la capture d'écran ci-dessus ou directement sur le site ici.).

Le fond du discours de cette association reflète sa composition . Tout est bon dans le front, à condition qu'il soit national : protectionnisme , souverainisme, dénonciation du capitalisme financier et défense des petits patrons , conspirationnisme anti-européen et anti-mondialisation mais indulgence et même louanges envers divers chefs d'Etat réactionnaires et autoritaires. Quant à la « sortie de l'euro », c'est évidemment LE débat propice à l'extrême-droite, interclassiste et nationaliste, ne menaçant en rien les intérêts des patrons, mais permettant de faire passer la vulgate la plus chauvine pour une rébellion anticapitaliste

On trouvera donc sur le site de l'association aussi bien des textes du M'PEP que de l'UPR, groupe d'extrême-droite fondé par l'ancien directeur de cabinet de Pasqua, aussi bien des prises de position d'Attac que celles d'Aymeric Chauprade, acteur de l'extrême-droite identitaire, auteur récent d'une ode à Dominique Venner, avec qui il collaborait autour de La Nouvelle Revue d'Histoire.

Cassen ( Bernard) , les néo-nazis et les victoires contre BHL

On se souviendra à ce propos des récents cris de victoire de Bernard Cassen dans les colonnes du Monde Diplo, suite à son procès remporté contre BHL, qui l'avait confondu avec son homonyme Pierre Cassen de Riposte Laïque, et avait parlé de « fricotage » entre crânes rasés identitaires et l'ex-directeur du Monde Diplomatique.

Certes Bernard Henry Lévy , avec son habituelle absence de travail sérieux et de rigueur , caractéristique commune à la plupart des « plumes de presse », a confondu deux Cassen. Mais enfin, il se trouve que les deux viennent de la gauche, et que les deux fricotent effectivement avec des gens de la mouvance identitaire et néo-fasciste, même si Aymeric Chauprade, publié par l'association dont Cassen (Bernard) est fondateur n'a pas le crâne rasé.

D'ailleurs, en ce qui concerne le Bloc Identitaire, attaqué dans la tribune pour laquelle Cassen ( Bernard ) a porté plainte, on ne peut pas dire que Cassen ( Bernard ) lui voue une haine quelconque. La preuve, il n'a pas jugé utile de se démarquer dans son communiqué de victoire , de celle obtenue le même jour par le Bloc contre ce même BHL , pour la même tribune, et ce alors que certains articles de presse liaient évidemment les deux condamnations . N'importe quel militant de gauche sincère , et ce , quels que soient ses griefs contre Bernard Henri Levy serait pourtant gêné de la confusion , et de l'impression de front commun qu'elle donne ...Mais évidemment, comme ce front commun extrême-droite/extrême-gauche est clairement assumé par Bernard Cassen au sein de l'Association pour un Débat sur le libre-échange et la sortie de l'euro, il n'a aucune raison d'être gêné.

Troisième Voie et chemins de traverse vers le fascisme

Il y a donc bien une seule et même mouvance politique structurée autour de thèmes communs et à laquelle appartiennent à la fois des groupes et des personnalités de la gauche nationaliste, notamment le M'PEP, et une partie de la rédaction du Monde Diplomatique, également des groupes comme le comité Valmy et le PRCF et des groupes et intellectuels de l'ultra-droite et de l'extrême-droite, comme le Cercle Aristote, l'UPR, Nicolas Dupont-Aignant ou Serge Ayoub. Une mouvance politique se définit bien par des mots d'ordre communs, et des sphères politiques reliées entre elle par des militants communs.

Personne ne peut parler de liens fortuits ou de rencontres occasionnelles, quand ces groupes et personnalités se croisent au sein de structures fondées en commun où les publications de personnalités liées aux néo-nazis voisinent avec celles des rédacteurs du Monde Diplo , où des conférences comme celles du Cercle Aristote accueillent les uns et les autres , quand les uns font la publicité des sites des autres, et inversement, quand Nikonoff appelle à voter Dupont Aignant, ou qu'Egalité et Réconciliation publie du Nikonoff, ou que le MPEP publie Le Cercle des Volontaires, en lien avec le groupe d'Ayoub.

Le pot commun des uns et des autres, c'est bien la 3ème Voie, ni, droite, ni gauche, Nation. Le pot commun des uns et des autres, c'est bien le conspirationnisme anti-mondialiste ( Pierre Hillard est publié aussi bien par 3ème Voie que par le site de l'association manifeste pour un débat sur le libre échange et également invité par le Cercle Aristote ), la rhétorique chauvine, souverainiste et ultra-nationaliste, la dénonciation de la tyrannie des minorités et celle, bien évidemment de l'antifascisme.

Cette mouvance politique se présente comme "anti-système", et ses membres venus de la gauche ont en général un argument récurrent quand on pointe leurs collusions avec l'extrême-droite.Celle-ci ne serait qu'un "épouvantail" et les antifascistes des "idiots utiles du système" qui se gardent bien de dénoncer les "vrais" détenteurs du pouvoir politique et économique : mais comme on l'a vu, en réalité, dans cette mouvance où l'ultra nationalisme est le trait d'union, les membres de la social-démocratie au pouvoir, comme des représentants du patronat cotoient les soit-disant "rebelles" d'extrême-droite et de la gauche altermondialiste.

Certes, au sein de ce conglomérat, la partie venue de la gauche et notamment ses personnalités qui ont le plus à perdre en respectabilité se garderont bien d'aller directement parader avec Serge Ayoub dans la rue. C'est la raison pour laquelle existent des structures passerelle aux noms moins connotés que « 3ème Voie », Cercle Aristote ou "Association manifeste pour un débat sur le bire échange et la sortie de l'euro", c'est tout de même plus vague. De même côtoyer Hervé Juvin, ardent pourfendeur du métissage, peut toujours se justifier avec l'argument du brillant économiste, qui certes ne marche pas pour Serge Ayoub.

Mais les idées, les positionnements politiques sont bien les mêmes, déclinées selon le public auquel on s'adresse, avec des nuances de radicalité diverses et avec des pratiques variées C'est ce qui caractérise une mouvance. Dont aucun membre ne devrait en tout cas figurer sur un appel antifasciste.
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Re: Meurtre de Clément Méric, et suite en mobilisation antif

Messagede Nico37 » 20 Juil 2013, 14:54

Qui sont les skinheads, les redskins, les sharps, et les boneheads ? 20/07
 
Le récent assassinat de Clément Méric a fait ressugir ce mot, " skinhead " à travers les médias, et suscité de vives contestations terminologiques.
 
Gildas Lescop, sociologue spécialisé dans les cultures underground & british, vient développer en musique sa thèse sur le mouvement Skinhead. Cette étude, qui s'inscrit dans la veine des cultural studies, nous éclaire sur ce mouvement souvent méconnu: son rapport à la classe ouvrière, ses origines musicales, son dresscode, et les évolutions qu'il a connues, qu'elles soient musicales ou politiques.
Voici le découpage en trois époques / émissions, avec les références musicales afférentes :

En introduction symbolique : Judge Dread / Skinhead 
- 1ere époque (1964 - 1971): Derrick Morgan / Forward March Prince Buster / One Step Beyond Symarip / Skinhead Moostomp Joe The Boss / Skinhead Revolt The Prophets / Revenge of Eastwood
- 2eme époque (à partir de 1977): Sham 69 / Cockney Kids Are Innocent Cockney Rejects / Oï Oï Oï Criminal Class / Fighting The System The Special Aka / Gangster The Special Aka / Racist Friend
- 3eme époque (les années 1980): Angelic Upstarts / England Angelic Upstarts / I Understand The Red Skins / It Can Be Done The Opressed / Fuck Facism Templars / Skinheads Rule O.K. The Toasters / East Side Beat Warzone / Skinhead Youth
en conclusion : Verona with Bad Manners / Skinhead Boy

http://www.lafrap.fr/audio/download/573 ... artie1.mp3
http://www.lafrap.fr/audio/download/574 ... artie2.mp3
http://www.lafrap.fr/audio/download/574 ... artie3.mp3
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Re: Meurtre de Clément Méric, et suite en mobilisation antif

Messagede Nico37 » 22 Juil 2013, 19:52

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Re: Meurtre de Clément Méric, et suite en mobilisation antif

Messagede Nico37 » 23 Juil 2013, 20:27

Un groupe d'extrême droite conteste sa dissolution avec AFP 18/07

L'association d'extrême droite Envie de rêver a déposé, jeudi 18 juillet, un recours devant le Conseil d'Etat contestant le décret de dissolution pris à son égard mi-juillet par le gouvernement, après la mort de Clément Méric, militant d'extrême gauche frappé par un skinhead lors d'une bagarre à Paris.
L'association et son président Kévin Couette ont déposé "un référé liberté" (procédure d'urgence) pour obtenir une suspension du décret dans les quarante-huit heures et "un recours en excès de pouvoir" contestant la décision au fond.

TROIS STRUCTURES DISSOUTES

Le conseil des ministres avait pris le 10 juillet, sur proposition du ministre de l'intérieur Manuel Valls, un décret prononçant la dissolution de trois structures d'extrême droite : Envie de rêver, Troisième Voie et Jeunesses nationalistes révolutionnaires (JNR).

Parmi les arguments invoqués, le décret arguait que les trois entités, "étroitement imbriquées [présentaient] le caractère d'une milice privée" et propageaient "une idéologie incitant à la haine et à la discrimination" envers les étrangers, en s'appuyant sur "une rhétorique haineuse et guerrière" qui trouvait son prolongement "dans de nombreux actes de violence".

Esteban Morillo, principal mis en cause dans la mort du militant d'extrême gauche Clément Méric, était un sympathisant de Troisième Voie et des JNR.

UN FUTUR RECOURS POUR LES JNR ET TROISIÈME VOIE

Mais pour les responsables des trois structures, l'arrêt de dissolution pris par les pouvoirs publics relève de "l'abus de pouvoir". Serge Ayoub, président de Troisième Voie et des JNR, son service d'ordre, doit lui aussi déposer la semaine prochaine un recours en excès de pouvoir réclamant l'annulation du décret.

Dans les motivations du référé liberté d'Envie de rêver, son avocat Me Nicolas Gardères fait notamment valoir que l'association, qui gère un local muni d'une buvette, sa seule ressource, se trouve aujourd'hui dans l'impossibilité de payer son loyer. Sur le fond, elle conteste les motivations de la dissolution évoquées dans le décret qui parlent de "haine et de discrimination".

Pour Serge Ayoub, qui a avait anticipé la décision du gouvernement et procédé de lui-même à la dissolution de Troisième Voie et des JNR en juin, l'enjeu n'est pas de relancer ces deux structures. "Il souhaite rétablir la vérité puisque le décret parle de saluts nazis qui ne correspondent pas aux faits, mais aussi se donner la possibilité de créer dans l'avenir d'autres associations, sans courir le risque d'être poursuivi pour reconstitution ou maintien d'un groupement dissous, ce qui pourrait être le cas si le décret n'était pas annulé", a précisé Me Gardères.
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Re: Meurtre de Clément Méric, et suite en mobilisation antif

Messagede Nico37 » 24 Juil 2013, 15:44

Deux nouveaux groupes d'extrême droite dissous Gérard Bon et Elizabeth Pineau, édité par Yves Clarisse 24/07

Le gouvernement a annoncé mercredi la dissolution de deux nouvelles organisations d'extrême droite, l'Oeuvre française et les Jeunesses nationalistes, quinze jours après celle de trois structures d'un même groupuscule.
Le processus de dissolution avait été lancé après la mort début juin à Paris d'un jeune militant antifasciste, Clément Méric, lors d'une rixe avec des sympathisants des Jeunesses nationalistes révolutionnaires (JNR).
Le 10 juillet, le Conseil des ministres avait déjà prononcé la dissolution de Troisième Voie, organisation fondée par Serge Ayoub, de son association Envie de rêver et de son mouvement de jeunesse, les JNR.
Au lendemain de la mort de Clément Méric, de nombreux dirigeants et partis de gauche avaient appelé le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, à prendre des mesures énergiques contre les groupes les plus extrémistes.
Les cinq structures visées présentent les caractéristiques de milices privées incitant à la haine, a expliqué le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls.
"Il n'y a pas de place dans notre pays pour la haine, la xénophobie, l'antisémitisme, les actes anti-musulmans. Ce sont, après les dissolutions déjà intervenues, des moments très importants", a-t-il dit à l'issue du conseil des ministres.
Manuel Valls a souligné que l'Oeuvre française, très liée aux Jeunesses nationalistes, était organisée en "milice privée" avec "des camps de formation paramilitaires" et que certains de ses membres faisaient le salut hitlérien.


Valls annonce la dissolution de deux groupuscules AFP 24/07

Manuel Valls a annoncé mercredi, à l'issue du Conseil des ministres, la dissolution sur décret présidentiel de deux groupuscules d'extrême droite, "l'Oeuvre française" et les "Jeunesses nationalistes".

Le ministre de l'Intérieur, qui a fait cette annonce dans la cour de l'Elysée, a souligné que l'Oeuvre française était une "association qui propage une idéologie xénophobe et antisémite, des thèses racistes et négationnistes, qui exalte la collaboration et le régime de Vichy, et qui rend des hommages réguliers au maréchal Pétain, à Brasillach ou à Maurras".

Créée en 1968 par Pierre Sidos, fils de François Sidos, fusillé à la Libération pour collaboration, l'Oeuvre française "est organisée comme une milice privée avec des camps de formation de type paramilitaire", a-t-il souligné.

"Dans le même sens, par décret toujours, le président de la République va dissoudre les Jeunesses nationalistes, qui propage elle aussi la haine et la violence, qui exalte la collaboration, qui rend hommage à des miliciens ou à des Waffen SS, avec pour certains de ses membres aussi des saluts hitlériens", a-t-il poursuivi.

Les JN sont en quelque sorte la branche activiste de l'Oeuvre française. Elles ont été fondées en octobre 2011 par Alexandre Gabriac, un jeune élu FN exclu du parti après la diffusion d'une photo le montrant faisant un salut nazi.

"Croire que dissoudre avec un bout de papier nos assos stoppera notre détermination et notre avancée relève du fantasme. L'avenir est à nous", a écrit sur son compte twitter M. Gabriac, sitôt la dissolution annoncée.

Le ministre de l'Intérieur a souhaité "rappeler la volonté du président de la République d'apaiser, de faire en sorte que la loi soit respectée par tous", ajoutant qu'"il n'y a pas de place dans notre pays pour la haine, la xénophobie, l'antisémitisme ou des actes antimusulmans".

Pour M. Valls, "ce sont, après les dissolutions déjà intervenues (celles de Troisième Voie et des Jeunesses nationalistes révolutionnaires le 10 juillet, ndlr) , des moments très importants".
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Re: Meurtre de Clément Méric, et suite en mobilisation antif

Messagede Nico37 » 28 Juil 2013, 20:32

Communiqué du Collectif 69 de Vigilance contre l’extrême-droite

Un peu moins d’un mois après le meurtre de Clément Méric à Paris, l’émotion semble retombée, bien aidée par certains médias calomnieux. Beaucoup semblent penser que le climat s’est amélioré, que les dissolutions annoncées, symbole politique, vont régler à elles-seules le problème de l’extrême-droite en France et à Lyon…

Et donc à Lyon, tout va bien ? La semaine suivant le drame parisien, deux agressions ont eu lieu sur le plateau de la Croix-Rousse à un jour d’intervalle[1] ; et ce malgré la récente condamnation de deux fascistes lyonnais[2].
Le GUD a d’ailleurs pu tranquillement organiser un concert de soutien aux deux condamnés dans la périphérie lyonnaise et ce, en programmant notamment un groupe lyonnais (Match Retour[3]) habitué des concerts néo-nazis, sans être inquiété le moins du monde…
Égalité et Réconciliation et ses différents alliés continuent d’organiser des conférences complotistes prônant l’union nationale (le 25 juin sur Lyon et le 30 juin sur Chassieu)…
Les identitaires, quant à eux, à part participer au soutien aux condamnés lyonnais cités plus haut en se rendant personnellement à leur procès[4] vont organiser le 6 et 7 juillet sur la région lyonnaise le 1er Forum Européen de la Génération Identitaire…
Donc à Lyon, on peut avoir dans ses rangs des militants locaux condamnés pour agressions[5], avoir un local ouvert au public, et donc organiser un Forum Européen en toute tranquillité…
Par ailleurs, le CV 69 demande... l'arrêt des poursuites contre les antifascistes arrêtéEs le 9 mai à Lyon (pour avoir tenté de s'opposer à une manifestation illégale des Jeunesses Nationalistes) et les assure de son soutien.
________________________________________
[1] http://www.rue89lyon.fr/2013/06/21/a-ly ... me-droite/
[2] http://www.rue89lyon.fr/2013/06/20/rato ... son-ferme/
[3] Ce groupe, c’est tout simplement la branche néo nazie de Lyon, le chanteur du groupe Renaud MANNHEIM n’est autre que le président de l’association Rock’n'gones qui louait le local Néo nazi « le bunker korps lyon » fermé administrativement.
[4] Présence d’un des agresseurs de Villeurbanne maintenant identitaire et d’un cadre du mouvement lyonnais
[5] http://collectifvigilance69.over-blog.c ... 09934.html et là : http://www.rue89lyon.fr/2013/05/31/anti ... ournaliste
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Re: Meurtre de Clément Méric, et suite en mobilisation antif

Messagede Nico37 » 31 Juil 2013, 17:46

Dieudonné interviewe Serge Ayoub : faut-il continuer à faire comme s'il n'existait pas ? Bruno Roger-Petit Édité par Sébastien Billard Auteur parrainé par Benoît Raphaël 31/07

Dans une vidéo mise en ligne le 30 juillet sur internet, Dieudonné dialogue sur l'affaire Clément Méric avec Serge Ayoub, fondateur du groupe d'extrême-droite Troisième voie. Peut-on encore combattre par le silence les ravages de l'idéologie Dieudonné ?

Dieudonné a fait alliance avec Serge Ayoub. Dieudonné est le nouveau compagnon de route du leader des dissoutes Jeunesses nationalistes révolutionnaires (JNR), un groupuscule d'extrême-droite ultra dangereux, dont la dissolution a été décidée, pour cette raison, par le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls.
 
Dieudonné est maintenant l'ami de l'ex-Batskin, celui qui passe son temps, désormais, à tenter de salir la mémoire de Clément Méric.
 
Un procédé odieux
 
La scène a été filmée. Trente minutes de conversation au cours de laquelle Dieudonné fait ami-ami avec celui qui se proclame descendant des SA Nazis et s'en fait gloire. Trente minutes pour s'en prendre au souvenir de Clément Méric et en conclure que, finalement, "nous avons le même ennemi", ce "même ennemi" n'étant ni mentionné, ni identifié, on se demande bien pourquoi.
 
Trente minutes où apparaît la vérité Dieudonné, ce qu'elle propage et ce qu'elle dégage (on s'interdit ici de mentionner le lien renvoyant vers cette vidéo pour une évidente raison : ce billet a pour but de pointer un problème politique, pas d'aider à la diffusion d'une idéologie anti-républicaine).
 
Le dialogue entre les deux hommes est d'abord consacré à l'affaire Clément Méric. En fait, Dieudonné se fait le complice d'Ayoub qui n'a d'autre but que de discréditer la mémoire du jeune disparu. Le procédé est odieux.
 
Que faut-il à tous les aveugles qui continuent de se rendre par milliers aux spectacles de Dieudonné, dans toutes les villes de France où l'on n'ose pas encore l'interdire, alors que son dernier one-man-show, Foxtrot, regorge d'allusions sur les juifs et les gays à la signification sans équivoque pour qui veut bien se donner la peine de les décrypter pour ce qu'elles sont, intrinsèquement ? (certains des sketchs de Foxtrot sont visibles sur internet, et il faut bien le dire, ils glacent le sang)
 
En vérité, c'est la seule question qui vaille aujourd'hui s'agissant de ce phénomène qui se propage tel un virus dangereux pour la République.
 
Dieudonné tire profit du boycott médiatique dont il est frappé
 
Comment se fait-il que la contre-culture du Dieudonnisme, ses codes, ses références, ses signes de reconnaissance, tous aussi odieux les uns que les autres finissent par être adoptés par toute une génération de vingtenaires et trentenaires qui, tantôt savent très bien ce qu'ils propagent, ce qui est grave, ou pire encore, ignorent ce à quoi ils participent, ce qui est encore plus grave ?
 
Peut-on chanter "Shoahnanas", le grand tube de Dieudonné, sans réaliser le tort que l'on cause à des millions de victimes et à leurs descendants ?
 
Car c'est bien cela qui est redoutable avec Dieudonné. Il tire profit du boycott médiatique dont il est frappé. La victimisation jouant en sa faveur, ceux qui le soutiennent en allant voir des spectacles dégradants sont persuadés qu'ils font œuvre de résistance à la dictature de la pensée unique érigée en dogme par les maîtres du système.
 
En silence, le "Dieudonnisme" prospère, parce que beaucoup de ceux qui devraient le combattre de manière franche et directe redoutent de participer à sa propagation en lui offrant l'exposition recherchée. Ce à quoi nous assistons tendrait plutôt à prouver que c'est l'inverse qui se produit. Le silence médiatique sert Dieudonné plus qu'il ne l'entrave.
 
Voir Yannick Noah poser aux côtés du comique en adoptant avec lui l'un des ces signes codés qui visent la communauté juive, c'est l'un des révélateurs de la viralité du Dieudonnisme. S'il était répété plus souvent ce que Dieudonné incarne, nul doute que Noah y aurait réfléchi à deux fois avant de prendre cette pose insoutenable pour tout républicain qui se respecte.
 
Un ennemi invisible
 
Cette constatation ne pouvait que nous conduire à pointer aujourd'hui la dernière provocation de Dieudonné, à savoir faire allégeance à Serge Ayoub tout en s'en prenant à la mémoire de Clément Méric. En espérant que les aveuglés de la secte des Dieudonnistes puissent retrouver la vue, et la raison qui va avec. Le dialogue ultime entre les deux nouveaux frères de sang politique est, de ce point de vue, éclairant :
 
- Dieudonné : "Nos adversaires, ce sont ceux qui ont le pouvoir aujourd'hui... Et c'est contre eux qu'il faut que nous nous battions...
 
- Ayoub : "C'est l'upperclass... Aux États-Unis, en France et ailleurs, ce sont eux qui prennent le pouvoir avec l'argent... C'est ce qui nous broie.."
 
"Ils", "eux", "nos adversaires".... Pas une fois, ceux auxquels Dieudonné et Ayoub prétendent s'opposer ne sont nommés, désignés, autrement que sous des vocables génériques qu'ils semblent parfaitement comprendre l'un et l'autre.
 
Et le pot-pourri final :
 
- Dieudonné : "Si on une opposition, c'est face à cet État, face à ceux qui ont le pouvoir... quand même ! On va pas se battre entre couches populaires et défavorisées..."
 
- Ayoub : "En 14, que ce soit le Poilu ou l'ami Fritz en face... Bien sur qu'ils se combattus l'un et l'autre... Mais pour qui ? pour Krups et de Wendel... Donc y en a marre de mourir les intérêts des autres... Y en a marre..."
 
- Dieudonné : "Bon, ben écoute, ce qui me paraît évident c'est que nous on tombera pas dans le piège... On représente bien la France d'en bas, cette France qui a différentes origines, différentes histoires, mais qui finalement... on a le même ennemi quoi..."
 
- Ayoub : "On a le même ennemi, c'est une évidence..."
 
La scène se termine par une poignée de mains fraternelle et complice.
 
Et le spectateur de ne pas se demander quel est ce "même ennemi" visé par Dieudonné et Ayoub, car il sait décoder aussi ce langage, ces allusions, ces codes, ces circonvolutions qui ne sont là que pour éviter de tomber sous le coup de la loi pénale... Et le spectateur de songer aux cohortes de jeunes qui s'en vont voir les spectacles de Dieudonné, victime autoproclamée de "eux" et "ils", le nouvel allié de Serge Ayoub, en pensant que c'est de l'humour, rien que de l'humour.
 
Faut-il vraiment continuer à faire comme si Dieudonné n'existait pas ?
Nico37
 
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